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L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
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LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
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LACADEMIE ROYALE
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DES
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
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QUARANTE BT UNIÈME ANNÉE. — 2we SÉR., T. XXXII.
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G
Mo. Bot. Garden,
1895.
BRUXELLES,
F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE.
| | 1872
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1872. — Ne 1.
ee
CLASSE DES SCIENCES.
rene
Séance du 6 janvier 1872.
M. J.-B. p'Omauius D'HazLoy, vice-directeur, occupe le
fauteuil.
M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden,
Edm. de Selys Longchamps, le vicomte B. Du Bus,
H. Nyst, Glnge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, G. De-
walque, E. Quetelet, M. Gloesener, A. Spring, E. Candèze,
Ch. Montigny, Steichen, Brialmont, E. Dupont, Éd. Morren,
membres; Th. Schwaun, E. Catalan, Ph. Gilbert, A. Bel-
Iynek, associés; C. Malaise, Éd. Mailly, Al. Briart, J. De
Tilly, F. Plateau, correspondants.
gme SÉRIE, TOME XXXII. 4
(2)
CORRESPONDANCE.
Sa Majesté , par arrêté royal du 2 janvier, a approuvé
l'élection de M. Éd. Morren en qualité de membre titulaire
de la classe.
— MM. Éd. Morren, F. Plateau et en remer-
eient pour leur élection.
— M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédi-
tion de l'arrêté royal nommant les membres chargés de
juger la cinquième période du concours quinquennal des
sciences naturelles.
— Diverses sociétés savantes remercient pour le der- :
nier envoi de publications académiques.
— La classe reçoit communication des observations des
phénomènes périodiques faites à Bruxelles, par M. Ad.
Quetelet, en 1871; des observations météorologiques
faites à Ostende, en 1871, par M. Cavalier; à Liége, par
MM. D. Leclercq et Pérard ; à Chimay, par M. Christ; des
observations zoologiques faites à Melle, en 1871, par
M. Bernardin ; et du résumé météorologique pour Ostende,
en décembre dernier, par M. Cavalier.
— Des remerciments sont votés à M. Spring pour lhom-
mage d'un exemplaire du 2 fascicule du, tome II de sa
Symptomatologie, et à M. L. Henry pour un exemplaire
1 e
du 4% volume de la 2° édition de ses Leçons de chimie,
et sa notice intitulée : Ueber die Isomerie der Glycerin-
derivate.
— M. Ad. Quetelet présente l'Annuaire de l'Académie
pour 1872, dont l'impression vient d'être terminée. Ce
recueil renferme, en .ce qui concerne la classe des sciences,
les notices sur MM. Eug. Coemans, Th. Lacordaire et
J.-F.-W.-Herschel.
Il offre ensuite un exemplaire de l Annuaire de l’Obser-
vatoire pour la même année. — Remerciments.
— Une note de MM. L.-L. de Koninck et Paul Mar-
quart, intitulée : De l’action du perchlorure de phosphore
sur la nitronaphtaline, est renvoyée à examen de MM.
Melsens et Donny.
ÉLECTION.
La classe a procédé à l'élection de son directeur pour
1875. Les suffrages ont appelé M. Gluge à remplir ces
fonctions.
M. d’Omalius a saisi cette occasion pour exprimer à
M. Stas, retenu loin du pays par son état de santé, les
remerciments de la classe comme directeur sortant; il a
prié ensuite M. Gluge de venir prendre place au bureau.
M. Gluge, à son tour, a remercié ses confrères de la
marque destime et de sympathie dont il venait d'être
objet.
(4)
_ RAPPORTS.
Recherches sur quelques produits indéfinis, par M. Catalan.
Rapport de M. Liagre.
« Le mémoire de M. Catalan a pour objet l'étude de cer-
tains produits indéfinis, déjà considérés par Euler, Jacobi,
Legendre, etc., et désignés par quelques auteurs sous le
nom de produites continues. En combinant de diverses
manières, soit ces produits, soit leurs développements en
série, notre confrère arrive à un grand nombre de théo-
rèmes très-intéressants, relatifs à la théorie des nombres
ou à leur partition. Quelques-uns de ces théorèmes, outre
l'intérêt de curiosité qu’ils présentent par eux-mêmes, me
paraissent susceptibles de conséquences théoriques assez
importantes.
Un chapitre du mémoire est consacré à la sommation,
au moyen d'intégrales définies, d'un certain nombre de
séries à termes fractionnaires, qui ont pour type la série
de Lambert, et qui se rencontrent fréquemment dans la
théorie des fonctions elliptiques. Quelques-unes des som-.
mations obtenues par l’auteur établissent des relations
simples et nouvelles entre les intégrales elliptiques et d'au-
tres intégrales définies.
Le travail de M. Catalan se distingue à la fois par la
finesse de l'analyse et par la clarté de l'exposition. L'auteur
a fait un choix judicieux de questions dans un fonds iné-
puisable; on voit qu'il se trouve sur uu terrain qu'il a
exploré depuis longtemps dans tous ses détails, et qui lui
N hae
(5)
est devenu familier. Je n'hésite pas à proposer à la classe
d'adresser des remerciments à l'auteur, et d'insérer son
mémoire dans notre recueil in-4. Les longues et nom-
breuses formules qu'il renferme me paraissent rendre ce
format indispensable. »
Conformément à ces conclusions, auxquelles a souscrit
M. Gilbert, second commissaire, la classe a voté l'impres-
sion du travail de M. Catalan ss le recueil in-4° des mé-
moires.
Rectification à la notice sur la Bryonicine, par MM. Lucien-
L. de Koninck et Paul Marquart.
Rapporti de M, Melsens.
La classe m'avait chargé, conjointement avec M. Donny,
d’examiner le travail de MM. Lucien de Koninck et Paul
Marquart, intitulé : Rectification à la notice sur la Bryo-
nicine.
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau une série de
documents concernant cette rectification et qui en font
_ l'historique d’une manière complète.
Comme ces pièces ne me paraissent pas de nature
à être publiées, je me bornerai à signaler à la classe que
les Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft zu
Berlin, IV™ année, n° 17,11 novembre 1871, ont fait pa-
raître la rectification de MM. de Koninck et P. Marquart,
dont l’Académie a été saisie; la Société chimique de Paris
compte l’imprimer aussi. Eu égard à ces publications, je
5
(6)
crois done inutile de demander linsertion de la note
dans le Bulletin de la séance.
Je dois cependant faire remarquer ontinesstulend à PAca-
démie que la bonne foi des auteurs ne peut être mise
en doute, car ils reconnaissent que le principe qu’ils ont
étudié n’existe pas dans la bryone. Le produit sur lequel
ils ont opéré n’a pas été préparé par eux, mais obtenu en
fabrique dans le traitement de la bryone et introduit, par
erreur sans doute, dans l'extrait de cette plante.
Mais je dois cependant constater que l'identité de la
bryonicine et de la nitronaphtaline a été reconnue d’abord
par. un anonyme malveillant ou malintentionné. »
+ apport de M, Donny.
« Je partage complétement la manière de voir de
M. Melsens au sujet de la rectification présentée par
MM. L.-L. de Koninck et Paul Marquart. »
La classe adopte les conclusions des rapports précédents.
Notice sur la position stratigraphique des lits coquilliers
` dans le terrain pags du Hainaut, par MM. Briart
et Cornet.
Rapport de M, ©., Dewalque.
« La notice de MM. Briart et Cornet a pour but d'étu-
dier, dans le bassin houiller de Mons, la question qui a
fait l’objet de la notice de M. Malherbe, insérée dans le
Bulletin de la dernière séance, pour le bassin de Liége.
(7)
Les auteurs ont compris dans leurs recherches tous les fos-
siles animaux connus dans le système houiller de cette
partie du pays.
Après une introduction intéressante, consacrée à la des-
cription stratigraphique des couches dont il s’agit, les
auteurs y font connaître l'existence de sept niveaux fossi- -
lifères; ils indiquent pour chacun les diverses espèces,
peu nombreuses d’ailleurs, qu’ils y ont rencontrées, et un
très-petit nombre d’autres qui ont été indiquées par les
auteurs. Ils font connaître en même temps l'épaisseur des
couches comprises entre ces différents rans
Par une singulière coïncid „le nombre de ces niveaux
est justement celui des lits analogues signalés par M. Mal-
herbe dans le bassin de Liége. On peut espérer que des
recherches ultérieures établiront l'identité de quelques-uns
d’entre eux. La paléontologie aura alors fait faire un pro-
grès marqué à nos connaissances sur le parallélisme des
couches de houille de nos deux grands bassins houillers,
point sur lequel nous sommes encore dans une ignorance
complète.
Je possède un certain nombre de fossiles du bassin
houiller de Mons. Presque tous proviennent de la collec-
tion d'A. Toilliez, et les auteurs ont bien voulu m'indiquer
leur niveau. Je puis donc ajouter quelques renseignements
à ceux qu’ils nous font connaître.
ge niveau. — Orthis (Streptorhynchus) crenistria,
Phill. sp., de Blaton, du bois d'Hasnon et d'Harmignies.
Posidonomya vetusta: 2 Sow., du bois d’Hasnon.
Je signalerai aussi des Goniatites, Pecten et Terebratula
de la montagne Sainte-Barbe , près Namur : je erois pas
voir ee rapporter au même horizon.
(8)
5° niveau. — Gros bivalves de la couche Gargai du
puits Sainte-Barbe, à la Louvière.
6° niveau. — Cardinia colliculus, de Ryck., C. unci-
nata, de Ryck., et Avicula sp., de la couche Sélizée (voi-
sine de Sorcière) du puits Saint-Félix du charbonnage de
la Boule, aujourd’hui réuni à celui de Rieu-du-Cœur, sous
Quaregnon.
Enfin, je trouve dans la collection de Dumont, déposée
à l’université de Liége, Orthis Michelini, et divers autres
fossiles, peu susceptibles de détermination, dans un cal-
caire impur du bois de Mons, du bois de Boussu et d’un
point situé entre Gembloux et Soye.
J'ai donc l'honneur de proposer à la classe d'adresser des
remerciments aux auteurs et d'insérer leur communication
dans le Bulletin des séances. » npor Sikes
M. J. d'Omalius, second commissaire, ayant adopté les
conclusions du rapport de M. Dewalque, la classe a voté
impression du travail de MM. Briart et Cornet dans les
Bulletins.
Note sur les dérivés par addition de l'acide ilaconique et
de ses isomères, par M. Th. Swarts.
Rapport de M. de Koninck.
« De l'aveu même de l'auteur, ce travail est encore in-
complet. Il ne le communique à l’Académie qu’afin de ne
pas se laisser devancer par d’autres chimistes qui ont le
„projet d'entreprendre des recherches. analogues à celles
dont il a déjà, à plusieurs reprises, entretenu notre Com-
pagnie. |
(9)
La note de M. Swarts est relative :
1° à Faction du chlore sur l'acide citraconique;
2° à celle de ce même élément sur l'acide itaconique ;
5° à celle de la chaleur sur l'acide itapyrotartrique
bibromé.
On pouvait prévoir que cette première action serait ana-
logue à celle du brome sur l'acide citraconique, si bien
étudiée par M. Kekulé.
M. Swarts ne s’est fait aucune illusion à cet éd
mais s'il s’est livré à ces recherches, c'est dans l'espoir
d'arriver à connaître la structure des acides pyrocitriques.
De même que M. Kekulé a obtenu de l'acide monobromo-
crotonique à l'aide de l’acide citrapyrotartrique bibromé,
de même aussi M. Swarts a pu se procurer de l'acide mo-
nochlorocrotonique à l’aide du composé bichloré. H restait -
à savoir si l'acide butyrique, préparé par M. Kekulé en
traitant l'acide bromocrotonique, obtenu par l'acide citra-
conique, au moyen de l'amalgame du sodium, était l'acide
normal ou l'acide isobutyrique. Par les earactères du sel
de caleium, l’auteur conclut en faveur du dernier acide et
arrive logiquement à admettre que les acides dérivés de
l'acide citraconique sont des acides isoerotoniques bromés
et chlorés.
Par l’action du chlore sur acide itaconique, l'auteur a
obtenu de l'acide itamalique monochloré en superbes cris-
taux d'un éclat adamantin et ayant la forme de Faugite. Il
n'est pas parvenu à préparer Facide bichloré.
La troisième partie de la notice de M. Swarts est la plus
importante. L'auteur fait observer d'abord que l'acide ita-
pyrotartrique bibromé se dédouble sous l'influence de la
chaleur en acide a er et en un mélange d’acide
jue m d'acide aconique, et non pas oe
(10)
isomère de celui-ci, comme il l'avait avancé d’abord. Il dé-
crit ensuite une méthode par laquelle on obtient bien plus
facilement l'acide aconique que par celle qui a été suivie
par M. Kekulé et qui consiste simplement à faire bouillir
de l'acide itaconique monobromé dans de lea u, en présence
de oxyde de plomb, en ayant soin de n’employer de cet _—
oxyde que la quantité nécessaire à la saturation de l’acide
bromhydrique produit. On élimine ensuite le plomb par
l'acide sulfhydrique et on évapore jusqu’à cristallisation.
Tous les résultats indiqués par M. Swarts sont appuyés
d’analyses dont les chiffres trouvés sont généralement très- _
rapprochés de ceux que fournit le caleul, et qui paraissent
avoir été faites avec beaucoup de soin.
M. Swarts termine son travail par l'exposé de quelques
faits difficiles à analyser et dont il ressort qu'il considère
certains acides comme étant véritablement les éthers d'eux- _—
mêmes.
C'est parmi ces acides qu'il range l'acide aconique.
Selon lui, cet acide est à un acide malique dérivé de l'acide
itaconique, c’est-à-dire à double soudure, mais non encore
connu, comme l'acide paraconique est à l’aeide itamalique,
ce qu'il exprime p les formules suivantes :
CO’H ; $
z COH
C3H4 C*H5—OH CH5— 0 -
NCOH \
CO°H GOH
Acide itaconique. ~- Acide inconnu. Acide aconique.
Cette idée de M. Swarts est très-ingénieuse; il est à
désirer qu’il continue ses recherches dans le sens indiqué
dans son travail et qui lui a déjà fourni un premier résultat
satisfaisant.
. Je demande que l’Académie aceueille favorablement la 1 |
idini
en
\
(11)
note dont je viens de faire l’analyse et qu’elle en ordonne
l'impression dans le Bulletin de ses séances. »
Rapport de WW. Donny.
« Le travail de M. Swarts est la suite de recherches que
_ l’auteur a déjà publiées sur les acides pyrocitriques et sur
lesquelles notre savant confrère Kekulé a présenté à la
classe plusieurs rapports élogieux.
Dans l’idée de l’auteur, le but de ces recherches n’est
pas d'amener de nouvelles preuves à l'appui des phéno-
mènes d'addition directe, mais bien d’arriver, par des faits
de plus en plus nombreux, à établir la constitution encore
peu connue de ces acides. Il résulte des travaux consignés
dans la note soumise à la classe :
4° Que le chlore se comporte avec se med citraconique
exactement comme le brome.
2 Que l'acide butyrique obtenu par M. Kekulé à Paide
des acides ainsi préparés , est de l’acide isobutyrique et
que, par conséquent, l’acide bromocrotonique doit être
envisagé comme un acide isoerotonique bromé.
3° Que l’action du chlore sur l'acide itaconique diffère
de celle du brome sur le même acide : elle fournit un
terme qui manquait dans la série, et qu’on avait observé
dans la série correspondante de l'acide bibromosuccinique :
je veux dire acide itamalique monochloré, analogue à
l'acide malique bromé de M. Kekulé. On sait en effet par
les recherches antérieures de M. Swarts, que l'acide ita-
malique doit être considéré comme le véritable homo-
logue de l'acide malique.
(12)
4 Que Faction de la chaleur sur l'acide itapyrotar- |
trique bibromé fournit le terme dérivé de celui-ci, et cor- «
respondant à l'acide monobromo malique, à savoir l'acide _
itaconique monobromé. M. Kekulé avait déjà signalé cette :
lacune, qu’il n’avait pas réussi à combler,
5° Que l’acide aconique est désormais une substance de
préparation facile et dont l'étude paraît devoir être fruc-
tueuse. M. Swarts démontre que cet acide n’est pas, comme «
le pensait M. Kekulé, et comme semble l'indiquer sa for-
mule, un acide à quatre lacunes, mais qu'il rentre dans la _
catégorie des corps dont l'acide paraconique de l’auteur est
le premier représentant.
Tels sont les traits fondamentaux de la note deM. Swarts.
Je n’entrerai pas dans l’examen des nombreuses sub-
stances qu’il décrit à cette occasion et dont il rapporte les
analyses.
Je me bornerai à dire que l'ensemble offre les carac-
tères d’un travail sérieux et qui mérite l'attention de la -
classe. Je signalerai toutefois un appareil très-ingénieux
pour la préparation de grandes quantités de chlore que
l’auteur a- employé dans ses recherches. J'ai vu fonc-
tionner cet appareil, et je puis affirmer que dans les labo- -
ratoires il est appelé à rendre de grands services.
En résumé, je me rallie aux conclusions de M. de Koninck
et je demande que l’Académie veuille bien ordonner l'im-
pression du travail de M. Swarts dans le Bulletin de la
séance. »
hikken : Lou senti GE bé SRE
.
ho" h Se dus R hin ain hes Geri en =d
(45)
; Rapport de M. Melsens.
« Les rapports de mes savants confrères me paraissent
rendre inutile toute considération nouvelle sur la note
intéressante de M. Swarts.
Je me rallie à leurs conclusions et j'engage vivement
l’auteur à poursuivre ses recherches; elles sont conçues
dans un esprit qui mérite toute Fattention des chimistes
el toute la haute bienveillance de l’Académie, ainsi que
son approbation complète. »
Conformément aux conclusions favorables du rapport
de M. de Koninck , ainsi qu'aux rapports de MM. Donny
et Melsens, la classe décide l'impression du travail de
M. Swarts dans les Bulletins.
e
Å
PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1875.
_ Les questions suivantes ont été adoptées pour former
le programme de cette année :
PREMIÈRE QUESTION.
Résumer et simplifier la théorie de l'intégration des équa=
tions aux dérivées partielles des deux premiers ordres.
DEUXIÈME QUESTION.
Examiner et discuter, en s'appuyant sur de nouvelles
expériences, les causes perturbatrices qui influent sur la
détermination de la force électro-motrice et de la résistance
+
+
(14)
intérieure d’un élément de pile électrique; faire connaître
en nombre ces deux quantités pour quelques-unes det piles *
principales.
voorste QUESTION.
On demande un exposé des « connaissances acquises sur
les relations de la chaleur avec le développement des végé-
taux phanérogames , particulièrement au point de vue des
Phénomènes périodiques de la végétation et, à ce propos,
discuter la valeur de l'influence dynamique de la chaleur —
solaire sur l’évolution des plantes.
QUATRIÈME QUESTION.
Exposer le mode de reproduction des anguilles.
CINQUIÈME QUESTION.
On demande de nouvelles recherches pour établir ld
composition et les rapports mutuels des substances albu-
minoïdes. ; ‘
SIXIÈME QUESTION.
On demande la description du système houiller du bassin
de Liége.
-La valeur de la médaille d'or attribuée comme prix sera
de mille francs pour la 4"°, la 5° et la 6° question; elle:
restera de six cents francs pour les 2, 3° et 4° questions.
Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de
l’Académie ont droit à cent exemplaires de leur travail.
ils ont, en outre, la faculté d'en faire tirer un plus grand
nombre, en payant à l'imprimeur une indemnité de te
centimes par feuille.
k
(ADE)
Les manuscrits devront être écrits lisiblement, rédigés
en latin, en français ou en flamand, et adressés, francs
de port, à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel, avant
le 4% juin 1875.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les
citations ; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indi-
quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n ’ad-
mettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage,
mais seulement une devise, qu'ils répéteront dans un
billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Les
mémoires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les
auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce
soit, seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils
sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa
propriété. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre
des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au
secrétaire perpétuel.
— La classe accepte, dès à présent, pour le concours
de 1874, la question suivante :
On demande de nouvelles expériences sur l'acide urique
et ses dérivés, principalement au point'de vue de leur
. structure chimique et de leur synthèse.
(46).
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur l'existence du Gypaëte dans nos contrées, d'après des
ossements découverts par Schmerling dans les cavernes
_ des environs de Liége; note de M. P.-J. Van Beneden,
membre de l’Académie.
La faune terrestre des mammifères a subi de notables _
changements depuis l'apparition du mammouth; le cha- |
mois nous a quittés, mais vit encore au sud, comme le.
renne et l'élan qui se maintiennent au nord; quelques es-
pèces même, mais en petit nombre, ont disparu. En est-il _
-de même des oiseaux?
Y a-t-il des espèces de cette seconde classe d'animaux, |
à température constante, qui ont abandonné notre sol et se
sont conservées au nord et au sud, et d’autres qui ont
complétement disparu ?
Nous en connaissons qui se sont conservées au nord
comme l’Auerhan (Tetrao urogallus) et une autre espèce —
moins grande du même genre (Tetrao lagopus). M. A. Milne —
Edwards a signalé en France le Harfang (Strix nyctea),
qui n’habite plus que les régions polaires, se montrant _
tout au plus pendant les hivers très-rigoureux sur les
bords de la Baltique, et une Grue de grande taille (1).
Nous ne connaissons aucun oiseau de cette époque qui #
ait disparu complétement, mais nous venons d'en recon-
(1) M. AI. Milne Edwards a même signalé récemment la présence d'un à
Pelican dans les tourbières en Angleterre.
>
E à
(er ,
naître un qui vit encore dans les Alpes et dans les Pyré-
nées et qui peut compter aussi bien parmi les oiseaux
africains que parmi les espèces européennes : c'est le
_Gypaëte. Ce n’est done pas l'élévation de température qui
a chassé celui-ci, mais plutôt la proie qui a diminué par
la présence de l'homme.
Schmerling a figuré pl. XXXVI, fig. 10 de ses Recher-
ches, à côté de divers débris d'oiseaux, une phalange
onguéale, qu'il rapporte, avec raison, à un oiseau rapace
de la grandeur d’un aigle. I en avait recueilli trois, deux
de Chokier et une de Goffontaine.
Depuis que notre illustre paléontologiste a écrit ses
Recherches, les objets figurés sur cette planche XXXViEne
semblent guère avoir attiré l'attention ni des paléontolo-
gistes ni des ornithologistes; elle est cependant fort inté-
ressante, et chaque figure montre que Schmerling a dû
mettre une grande précipitation dans l'explication de cette
planche. Nous ne parlerons que de l’humérus figuré sous le
n° 54. C'est un humérus d'oiseau, dit Schmerling (p. 172),
qui, pour la forme comme pour la grandeur, est analogue
à celui de Foie ordinaire. C’est évidemment l'effet d’une
distraction de la part de l’auteur, et l'on comprend à
peine comment il a pu songer à une oie. Cet humérus
a le double de la longueur de l'humérus de la plus forte
oie connue et ne présente aucun des caractères d'un
oiseau palmipède.
À propos de nos recherches sur les oiseaux du rupe-
lien et du crag d'Anvers, nous avons voulu savoir de quel
oiseau ce grand os pouvait provenir. Nous sommes heu-
reusementen possession à Louvain des élé
pour cette étude. Il ne nousa pas été difficile de reconnaî-
tre en cet os un humérus d'un oiseau de proie. Mais quel
gme SÉRIE, TOME XXXII. 2:
Lu
Pad
(18 )
oiseau de proie ? Nous n'avons aujourd’hui dans notre pays,
en fait de grands Rapaces, que l'aigle pêcheur, le py-
gargue, qui abandonne quelquefois les côtes, le grand- 4
duc, le faucon pèlerin, ou Pautour. Cet humérus n’est
évidemment d'aucun de ces oiseaux; il ne provient ni
d’un Falconidé ni d’un Stricidé! C’est done d’un Vultu- .
ridé. Un seul oiseau de cette famille habite l’Europe, c’est :
le Gypaëte ou le Lemmer-Geyer des Allemands. Les vau- —
tours ne s’observent qu’accidentellement même dans le —
midi de l’Europe (1).
Nous avons soigneusement comparé l'humérus de Gy-
paête et de vautour à l'humérus en question, et comme
Fos figuré par Schmerling est presque droit et non courbé
comme celui des vautours, que la grosseur et les surfaces —
articulaires correspondent aussi bien que l’on peut en juger |
par un dessin grossièrement fait avec le grand Rapace —
des Alpes, il ne nous reste pas de doute qne cet os ne Ed
soit d'un vrai Gypaëte.
La seule différence que nous trouvions, c’est que cet
humérus est un peu plus long que celui du Gypaëte que
nous avons sous les yeux, ce qui peut dépendre du sexe +
et peut-être du dessinateur. Il est aussi de quelques mil- d
limètres plus long que l’humérus du vautour fauve (2).
Quand nous avons eu déterminé lhumérus, nous avons —
voulu savoir. si la phalange figurée par Schmerling ne se |
(1) Schlegel fait remarquer avec raison qu'il n’y a pas lieu d'inscrire
le vautour fauve parmi les oiseaux de la Néerlande, quoique Se
ré- |
‘un exemplaire a été pris dans la bruyère à Amersfort. Sepp dit __
tende
lui-même ailleurs que le vautour ne ‘se trouve pas en Néerlande.
(2) Nous avons du reste remarquê déjà chez plusieurs oiseaux des
différences de longueur assez notables dans l’humérus d’une seule et
mème espèce.
TR
si
RTE ENEAN
:
1
3
Ë
(19)
rapportait pas au même oiseau, et nous n'avons pas tardé
à nous convaincre, après une minutieuse comparaison ,
qu’en effet la phalange est également de Gypaëte.
L'humérus figuré par Schmerling est perdu , mais deux
des trois phalanges sont heureusement conservées au
musée de l’Université de Liége, et, grâce à l’obligeance
de notre savant confrère M. Dewalque, nous avons pu
les comparer aux os de même nom provenant de l'Aigle,
du Pygargue, du Gypaëte et du Vautour. Un de ces os
porte pour étiquette, écrite, je suppose, de la main de
Schmerling : phalange onguéale d’un oiseau de proie.
Il résulte de la comparaison de la phalange figurée par
Schmerling, avec celles provenant de ces quatre oiseaux
dont elle se rapproche le plus par les dimensions comme
par la forme, que la phalange de l'Aigle est plus grande
et son talon comparativement plus fort, en même temps
que sa surface articulaire est plus large ; que la phalange
du Pygargue est plus forte à la base, mais avec un talon
moins volumineux; que la phalange du Vautour est plus
courte, moins courbée et le talon beaucoup moins déve-
loppé. Enfin, que la phalange de Gypaëte seule ne pré-
sente pas de différence : la courbure est la même, ainsi
que l'épaisseur de l'os, la longueur du talon et la largeur
de la surface articulaire.
Nous avons done à inscrire le Gypaëte parmi les oiseaux
quaternaires de Belgique, à côté de l’Auerhan, du Lago-
pède, de lours des cavernes et du renne.
Le Gypaëte barbu est le vautour d'Europe (Gypaetus
barbatus, Cuv.), le Lemmer-Geyer des Allemands qui passe
à tort pour enlever des agneaux et même des enfants. Au
lieu de vivre en troupe comme les vautours et de débar-
rasser le sol des cadavres, il vit isolément par paire, et se
nourrit plutôt de proie vivante que de charogne.
( 20 )
Cette détermination nous a rappelé une communication
de M. Spring. Il y a quelques années, notre savant con-
frère fit part à l’Académie (1) de la présence de divers
ossements dans des crevasses de montagnes près de Na-
mur, et il ne trouvait d'autre explication de cette pré-
sence d'ossements dans ces conditions, qu'en supposant,
avec le docteur Ronvaux, que des oiseaux de proie
comme des vautours, avaient enlevé des cadavres des val-
lées pour les porter sur ces hauteurs. Je fis observer à
M. Spring que nous n'avions pas de vautours ici, que tous
nos oiseaux de proie vivent de chair fraiche et que nos
faucons et encore moins nos hibous ou chouettes ne pou-
vaient rapporter ces quartiers de cadavres dans ces régions.
Aujourd'hui on pourrait mettre la présence de ces os sur
le compte des Gypaëtes sans perdre de vue cependant que
ces oiseaux se rapprochent, par le régime, plutôt des
aigles que des vautours.
Il est assez curieux de faire remarquer que le Gypaëte
s’est conservé au sud dans les Pyrénées et dans les Alpes,
à côté du chamois, ou, comme. on l'appelle dans les Pyré-
nées, l’Isard, comme l'Élan s’est conservé au nord avec
le Glouton.
Le Gypaëte s'étend aujourd'hui à l'est des montagnes
du Tyrol jusqu'en Hongrie et au sud jusqu’en Afrique.
Temminck le dit commun en Égypte.
à
»
(1) Bull. de l Acad. roy. de Belgique, 1865 , 2° sér., t. XX, p. 417.
NA QE
CA)
Notice sur la position stratigraphique des lits coquilliers
dans le terrain houiller du Hainaut, par MM. Briart,
correspondant de l’Académie, et Cornet, ingénieur à
Cuesmes.
Relativement à son énorme puissance, qui est de plus
de 2,000 mètres, le terrain houiller du Hainaut est très-
pauvre en coquilles fossiles. Quinze années de recherches
ne nous ont fait découvrir dans cet important dépôt, que
quelques «niveaux fossilifères séparés par des épaisseurs
considérables de strates dans lesquelles nous n’avons ren-
contré aucune coquille.
Avant d'indiquer la position de ces lits coquilliers, nous *.
croyons devoir dire quelques mots relatifs à l'allure géné-
rale du terrain houiller dans la province de Hainaut.
On sait que les dépôts houillers de Belgique appartien-
nent à cette bande carbonifère immense qui s'étend, avec
peu ou point d’interruptions importantes, de la Westphalie
au Pas-de-Calais, et dont le bassin du Somersethire, dans
le sud-ouest de Ta Grande-Bretagne, n’est peut-être que le
prolongement. Sur toute la longueur explorée de cette
bande, les strates houillères remplissent une vallée formée
par une dépression des terrains primaires sous-jacents,
vallée dont les profondeurs absolue et relative à la surface
semblent varier beaucoup.
Si l'on ne considère que ce qui existe entre Namur et la
frontière française, les exploitations ont démontré que
l'épaisseur du terrain houiller s’accroît de l'est à l'ouest.
En effet, la partie de la formation située vers la limite des
provinces de Namur et de Hainaut ne renferme que les _
(22)
couches inférieures fournissant la qualité de charbon dite
maigre à courte flamme. Des couches plus grasses se
montrent aux environs de Charleroi, et l’on ne rencontre
_ que près de Mons la houille à longue flamme, connue sous
le nom de Charbon Flénu,et qui occupe la partie supé-
rieure du terrain houiller. En s’enfonçant dans la formation
en dessous du groupe du Flénu, on traverse une succession
de couches analogues à celles que l'on rencontre en mar-
chant de Mons vers Namur.
Tandis que l'épaisseur du terrain houiller s’accroit
de lest à l'ouest, sa partie supérieure s'incline dans le
même sens. Si nous ne considérons que la surface du sol
au-dessus de la ligne médiane de la vallée, nous trouvons
une différence de niveau d'environ 170.00 entre les envi-
rons de Namur ( + 200 mètres) et Boussu (+ 30",00 ).
Mais entre Namur et le méridien de Fontaine- Évêque, le
terrain houiller affleure partout ou n’est recouvert que
par des couches peu épaisses, quaternaires ou modernes,
tandis qu’à l'ouest de ce méridien, il se trauve presque
toujours enseveli sous des dépôts tertiaires et crétacés,
dont les épaisseurs, croissant du levant au couchant,
atteignent 300 à 400 mètres entre la ville de Mons et la
frontière française. .
I doit résulter évidemment de rot générale
vers louest de la partie supérieure du terrain houiller et
du fond de Ja vallée qu’il remplit dans le Hainaut, que ce
fond doit s’enfoncer de plus en plus au-dessous du niveau
de la mer, à mesure qu’on s'avance de Namur vers la fron-
tière, du moins jusqu’à Boussu (1), où l’on estime à
(1) On ne possède que peu de renseignements sur le terrain houiller
entre Boussu et la frontière de France.
( 25 )
2,400 mètres la profondeur à laquelle on rencontrerait
par un puits vertical les assises inférieures du terrain
houiller. L’altitude de la localité étant de + 30 mètres, le
fond de la vallée houillère se trouve donc en ce point à
2,570 mètres au-dessous du niveau de la mer. Sous la ville
de Mons, la profondeur absolue de la vallée est d'environ
2,270 mètres, dont 300 mètres au moins de terrains cré-
tacés el tertiaires.
Une coupe transversale du bassin houiller du Hainaut
ne peut donc présenter la série complète des éouches que
si elle est prise à l’ouest de Mons. Cette coupe montre que
dans cette localité le bassin présente deux versants : l’un,
dit le Comble du Nord, comprend la partie du terrain
houiller incliné vers le sud, entre l’afileurement septentrio-
nal et la ligne à laquelle les mineurs ont donné le nom de -
Naye. Au sud de cette ligne, les couches s’inclinent au nord
et constituent le Comble du Midi qui, à une distance va-
riable de la Naye, se retire brusquement pour former une
succession de plateures et de dressants enchevêtrés de
telle manière que toutes les couches viennent présenter
leurs tranches à la base des morts-terrains, ou à la surface _
du sol si le terrain houiller affleure , ce qui est le cas en
quelques points.
Le Comble du Nord n’est exploité, à l'ouest de Mons,
que par les puits de la Société de Blaton à Bernissart.
Des tentatives d'exploitation , aujourd’hui abandonnées,
ont eu lieu à Wiers, Sirault, Baudour, Ghlin, Masnuy, ete.,
mais plus à l'est de vastes travaux y sont pratiqués par
les charbonnages qui s'étendent de Bracquegnies à Cour-
celles et au delà. Quant au Comble du Midi, son explo-
ration et son exploitation ont donné lieu, dans le Bori-
nage, à l'exécution de travaux si nombreux que l'on peut
(24)
dire aujourd’hui qu'il wy a probablement plus une seule
couche de houille complétement vierge, ni un seul massif
de roche encaissante qui mait été traversé par des puits
ou des galeries. A cause de la disposition enchevêtrée du
gisement dans la partie méridionale du bassin, on est
parvenu à explorer une épaisseur de strates d'environ
2,000 mètres, quoique peu de puits aient atteint la profon-
deur de 600 mètres.
Les circonstances sont dan des plus favorables, aux
environs de Mons, pour la découverte de niveaux fossili-
fères dans le-terrain houiller. Cependant nous ne sommes
parvenus à découvrir que sept de ces niveaux, en compre-
nant dans ce nombre certains banes de schistes avec
coquilles qui existent à la partie supérieure de l'assise à
phtanites qui fait le passage du Calcaire carbonifère au
terrain houiller proprement dit, assise qui a été rapportée
par Dumont à son système houiller sans houille.
Les calcaires gris de la Saisiune, au nord de Casteau-
Thieusies, dans lesquels on trouve assez abondamment le
Chonetes papillonacea et plus rarement le Productus cora,
sont recouverts par des bancs de calcaire noir, renfermant
quelquefois des lits continus ou interrompus de phtanite,
et que l’on peut observer à Péruwelz, Blaton, Basècles,
Casteau-Thieusies, Viesville, etc. Plus haut les lits de
pbtanite deviennent de plus en plus nombreux et épais et
ils finissent par constituer une assise sans bancs de cal-
caire, comme on le voit près de Viesville et dans la tran-
chée du chemin de fer de Mons à Bruxelles, au sud d'Er-
bisœul. :
A ce niveau la roche qui constitue les bancs de phianile,
| dont l'épaisseur varie de 0",02 à 0",20, est noire, à cas-
(25 )
sure conchoïde et ressemble parfois beaucoup au silex
noir de la craie. Quelques lits ont une tendance remar-
quable à se diviser en prismes droits à bases rhomboïdales.
Les bancs de phtanites passent, vers le haut, à des
schistes noirs, très-siliceux, se délitant facilement en
feuillets très-minces et prenant un aspect gris. quand ils
sont exposés quelque temps à l'air. Ces schistes affleurent.
au nord de Baudour, au sud d'Erbisceul, au nord-est de
Maisières, dans le ruisseau du-camp de Casteau, entre
Casteau-Thieusies et Saint-Denis, à Gottignies, etc. Ils
forment le substratum du terrain houiller proprement dit
et ils ont, avec les bancs de phtanite, une puissance qui a
été trouvée de 68 mètres, au puits creusé de Bellecourt par.
la Compagnie houillère de Manage.
Premier niveau fossilifère. — C'est dans ces schistes,
qui forment le passage des bancs de phtanite au terrain
houiller proprement dit et à 20 mètres environ de la base
de celui-ci, que l'on trouve notre premier nivean. fossili-
fère, qui ne nous a fourni que deux espèces : un Productus
probablement inédit, dont nous n'avons rencontré qu'un
spécimen, et des empreintes très-nombreuses d'une co-
quille que nous croyons être un Posidonomya. C'est prin-
cipalement dans le lit-du ruisseau du camp de Casteau
que Fon rencontre ce dernier fossile, mais nous en avons
aussi constaté la présence au nord de Baudour el à Got-
tignies.
Second niveau fossilifère. — Au-dessus des schistes dont
nous venons de parler, on trouve le terrain houiller pro-
prement dit, dont les premiers bancs , formés de schistes et
de psammites, intercalent de minces couches de houille. Des
exploitations, aujourd’hui abandonnées, ont été faites dans
ces couches par les charbonnages de Wiers, Sirault, ete..
*
kamas
(26) i
Dans cette dernière localité on a rencontré à 50 mètres
environ au-dessus de l’assise des phtanites, un banc de
schiste gris pétri de fossiles parmi lesquels abonde prin- _—
cipalement le Productus carbonarius , de Koninck. Avec —
cette espèce nous avons recueilli le Chonetes Laguessiana, —
de Kon., un Cardinia, un Avicula, des articulations de
crinoïdes et des spécimens d’une grande coquille apparte- | |
nant au genre Leptena ou Chonetes (1). Dans les banes
voisins on a trouvé quelques minces lits non continus d’ un
grès calcareux pétri de crinoïdes.
Troisième niveau fossilifère. — Les couches exploitées
par les charbonnages dits du Centre forment, avec les
roches intercalées, un faisceau de strates dont la base se _
trouve à 200 mètres environ au-dessus de l'assise des —
phtanites et la partie supérieure à 520 mètres du même …
horizon (2).
A 80 mètres de hauteur dans ce faisceau, c'est-à-dire à |
280 mètres au-dessus de l'assise des phtanites, une couche —
de houille exploitée sous les noms de veine Sehu, à Sars- _
Longchamps, Petite veine à la Louvière, Escaillère à Bois-
du-Luc et Joligai à Bracquegnies, a ordinairement sous
en
(1) Nous avons rencontré la même benden avec le Chonetes Lagues-
siana et d'autres fossiles au puits ne 1 de la Société du Levant de Mons, |
à RSR CNE Ge puits ve placé sur le prolongement du Comble
du Midi, mais la p
sur les couches shpér ieure
Le toit de la couche RATE. exploitée à la houillère Hansa, près de
Dortmund (Westphalie), renferme aussi le grand Chonetes ou Leptena de
Sirault, qui y est associé à de nombreux spécimens de Goniatites. La
Catharina se trouve aux deux tiers de la ne du bassin _
houiller de la Rhür, que l’on évalue à environ 2,100 mèt Á
(2) Toutes les épaisseurs sont mesurées dean + la stratit- | bd
cation,
NN ce RE I NU EE a a id ded hd ke rn en ad ni ed TT
HA At 1 ET > TE ABE el pee
(27)
toit un banc de schist i compacte, onctueux, renfermant
en certains points une grande abondance de coquilles gé-
néralement assez bien conservées. Elles sont le plus sou-
vent isolées dans la roche, mais quelquefois elles occupent
le centre de rognons de fer carbonaté. La même substance
en remplit ordinairement l’intérieur, mais nous possédons
des spécimens qui montrent, sous un toit de carbonate de
fer, un remplissage de calcaire déposé en zones concen-
triques.
Nous nous sommes procuré, dans le toit de la couche
Sehu, huit à dix espèces du genre Cardinia, parmi les-.
quelles nous croyons reconnaître les C. tellinaria, Goldf.
sp. et C. robusta, Sow. sp. Avec ces fossiles nous possé-
dons des Mytilus (?), des empreintes de Posidonomya (?)
et d'autres coquilles de genres qui nous sont inconnus.
Contrairement à ce que l’on voit ordinairement pour
le toit des couches, le banc coquillier dont nous parlons
est très-pauvre en empreintes végétales. Nous n'y avons
rencontré que de loin en loin un Calamites ou un Lepido-
dendron.
Quatrième niveau fossilifère. — Il se trouve à 440 mè-
tres environ au-dessus de l’assise des phtanites dans un
schiste noir, charbonneux, susceptible de prendre un beau
poli et formant en certains points le toit d'une couche ex-
ploitée sous les noms de Huit paumes, dans les charbon-
nages de l’ouest du Centre et de Grande veine du parc,
dans les charbonnages de l’est.
Nous n'avons rencontré à ce niveau qu’une seule espèce
de Cardinia, des empreintes de Posidonomya et de nom-
breux petits fossiles que nous croyons être des ento-
mostracés. Les empreintes végétales sont très-rares,
excepté à l’est, aux charbonnages de Mariemont et de
a
( 28 )
Bascoup, où elles sont, au contraire, très-nombreuses el
bien conservées. |
C’est probablement de ce niveau que proviennent deux
écailles de poissons que nous avons recueillies dans ui
dépôt de schistes du charbonnage de Baseoup. L'une de ces _
écailles appartient au Ptychodus lancifer et l'autre à une |
espèce probablement nouvelle. -
Dans le toit de la couche Pré, qui se trouve à rt |
mètres au-dessus de la veine Huit paumes, aux charbon-
nages de Sars-Longchamps, nous avons rencontré, fixées
aux folioles d’un Sphenopteris, les coquilles de Palæorbis
dont la découverte a motivé une communication faite à là
classe des sciences par MM. P.-J. Van Beneden et feu
E. Coemans (1). C'est du toit de la même couche que p
vient l'aile d’un insecte auquel ces savants ont donné les
nom d'Omalia macroptera.
Cinquième niveau fossilifère. — n se trouve à enviro
530 mètres au-dessus de l'assise des phtanites, dans
schiste friable, noir, très-bituminifère, de puissance irré-
gulière variant de 0™,45 à 0™,43 et recouvrant la couchè
connue sous le nom de Veine d'argent, à Mariemont et à
4
plus résistant, compacte, noir et onctueux, dans le
nous avons aussi rencontré quelques coquilles.
Ge niveau fossilifère offre done cette particularité r
marquable de contenir les- fossiles dans une couc
schisteuse d'une tout autre nature que celle des autr
niveaux. Quant aux empreintes ra elles ys sont ex
conpinement rares.
(1) Bulletinsde l Académie royale de Belgique, 2 série, t. XXIII, p. 384.
\
F
(29 )
Le cinquième niveau nous a fourni de nombreux rd
mens de deux espèces de Cardinia.
Sixième niveau fossilifère. — I] à été din par les
travaux du puits Sainte-Julie du charbonnage du Rieu-du-
Cœur, à Quaregnon, dans un schiste noir, compacte, onc-
tueux, sans empreintes végétales, qui forme le toit d'une
couche de houille dont nous ne connaissons pas exacte-
ment la position stratigraphique. Nous savons seulement
qu'elle est voisine de la veine Sorcière qui gil à une
hauteur d'environ 1,150 mètres au-dessus de ła base du
terrain houiller.
Les schistes fossilifères du puits nine nous ont
fourni les espèces suivantes :
Cardinia phaseola, Sow. sp.
Toillieziana, de Ryckholdt.
— colliculus, ==
— uncinata , —
Nylies Wesmaelianus, —
proepes , z
; ‘Posidonomya.
Septième niveau férilifiss — La couche Jouguelleresse
exploitée par les charbonnages du Levant du Flénu, à
Cuesmes, est recouverte par un bane de schiste noir, onc-
tueux, renfermant des empreintes assez nombreuses de
Posidonomya et des coquilles très-petites que nous rap-
portons à des entomostracés. On ne rencontre dans le
même banc que très-peu d'empreintes végétales autres
que celles que feu E. Caan aad devoir: tred
d'algues.
Au-dessus de ce niveau, qui se trouvé à 1,700 mates
environ de l’assise des phtanites, nous n’avons, jusqu’à ce
jour, rencontré aucune coquille dans le terrain houiller.
( 30 )
Sept niveaux fossilifères sont donc connus dans le ter-
rain houiller du Hainaut. Ils sont situés relativement entre.
eux et à l’assise des phtanites :
7me niveau. — À 1,700® au-dessus des phtanites.
Séparés par 550 mèt, _
ow — — 4,150m ee ;
| | — 60 —
Bme a ee 550m us
| el Da
qme — — 440m — 4
— 10-24
gme — — 280 — ; a
| — 130 —
me ne 50m a
| — 70 —
dre — — 20% dans l'assise des annie |
On voit combien sont considérables les épaisseurs de _
terrain houiller dans lesquelles on n'a pas, jusqu'à ce jour, ”
rencontré de coquilles fossiles. On ne peut cependant en |
conclure que les eaux qui ont déposé les bancs de schistes,
de psammites et de grès qui séparent deux de nos niveaux _
fossilifères ne nourrissaient pas de mollusques testacés.
Nous pensons que l'absence de coquilles dans la plupart
des houillères doit. être attribuée à des circonstances défa- —
‚la présence í
d'acides végétaux qui devaient exister à cette époque, |
comme ils- existent actuellement dans les dépôts où des _
bles à! ‚comme, l
malières organiques végétales sont en décomposition.
Nous n’avons jamais rencontré, en dehors de l'exception _ |
que nous avons signalée pour le cinquième niveau, de
coquilles que dans des banes de schiste noir, compacte,
nie *
Ne à WE sn ti EA:
(51)
onctueux , formés de sédiments d’une extrême ténuité qui
semblent s'être déposés dans des eaux très-tranquilles :
Or, ces bancs de schiste noir sont très-rares dans le terrain
houiller, et nous pouvons dire que nous n’en avons pas
encore rencontré d’autres que ceux qui renferment nos
lits fossilifères.
Note sur les dérivés par addition de l'acide itaconique et de
ses isomèéres; par M. Th. Swarts, professeur à l'Univer-
sité de Gand. :
Le numéro du 25 octobre des Berichten der deutschen
- chemischen Gesellschaft (1) nous apprend que M. Lieber-
mann a annoncé au congrès des naturalistes allemands,
réuni à Rostock, son intention de soumettre l'acide aco-
nique de M. Kekulé à une étude approfondie, et qu’il est
parvenu à préparer cet acide à l’état de béaux cristaux
parfaitement définis. D'un autre côté, le numéro Qoc- :
tobre des Annales de Liebig (2) nous apporte un mé-
moire de M. Gottlieb sur la formation et les propriétés de
l'acide citramalique monochloré. Ces deux travaux se rat-
tachent étroitement aux recherches que j'ai entreprises
depuis longtemps sur les produits d’addition dérivés des
acides pyrocitriques, et dont j'ai déjà publié plusieurs ré-
sultats (3). Je suis loin d’avoir abandonné cet intéressant
(1) Berichte, 1871, 805.
(2) Ann. Chem. Pharm. cux, 101.
(5) j o POR F TS dn 1 A 3 . y r
LAXE m G; L SISIN, n° 7:
de Belgique, 2me série, t. XII, n° 11;
=
(32)
sujet : et si depuis quelque temps je n'ai plus soumis à
l’Académie les résultats de mes investigations, c’est que
souvent des travaux d’un autre ordre, et notamment des
recherches toxicologiques, ont absorbé mes loisirs. D'autre —
part, j'avais l'intention de ne livrer mes études à la
publicité que lorsqu'elles seraient convenablement arron-
dies et complétées. Mais le fait que d’autres chimistes
s'occupent de travaux se rattachant au même sujet me
force de rompre mon trop long silence, et de soumettre
à Fappréciation de l'Académie le travail encore incom-
plet que j'ai l'honneur de lui présenter. Selon les usages —
reçus dans le mondé savant pour le cas où deux chirnistes `
arrivent simultanément aux mêmes résultats, j'aurais dû,
immédiatement après la réception des journaux, faire con-
naitre le fruit de mes recherches; mais une violente atta-
que de fièvre intermittente, qui m'a alité pendant quinze
jours, m'a empêché d'envoyer mon mémoire à la séance —
du mois, de novembre dernier.
Aetion du chlore sur l'acide citraconique.
_ L'action directe du chlore sùr l'acide citraconique est
en tous points comparable à celle du brome sur le même
acide (1); mais elle en diffère considérablement par la len-
teur avec laquelle se fait la réaction, ce qui tient à la nature
gazeuse du chlore. L'opération se fait avantageusement
dans une série de tubes de Liebig, ce que M. Gottlieb a
également indiqué, ou bien dans de petits flacons de
- Woulf, où le chlore pénètre par des tubes effilés. La réac-
*
(1) Kekulé, Ann. Chem. Pharm. Suppl. u, 94.
mn.
X "w
(35 )
tion est lente; une grande quantité de chlore passe inab-
.sorbée : on facilite considérablement la préparation en
opérant par un jour d'été, et en plein soleil. Dans mes ex-
périences, j'opérais sur de l'acide citraconique dissous dans
son poids d'eau; l'absorption du gaz se fait avec un léger
dégagement de chaleur, et on reconnait que l'opération est
terminée quand la solution a pris la couleur du chlore, ou
bien lorsque l'agitation ne détermine plus la formation
d'un vide ‘dans l'appareil, quand on le tient fermé aux
deux bouts. En pesant Je tube à boules avant et après
l'opération, on constate une augmentation en poids cor-
respondant à la fixation d'une moléeule de chlore sur une
molécule d'acide citraconique.
La liqueur contient alors un acide, qui est l'analogue de
l'acide citrabibromopyrotartrique de M. Kekulé, mais que
je ne sûis pas parvenu à isoler. Toutefois l’ensemble des
réactions produites par cette solution est tellement en rap-
port avec les résultats correspondants obtenus. par mon
illustre maître à l’aide de son acide bromé, qu’il est im-
possible, à moins de nier toutes les analogies, de contester
l'existence, dans cette liqueur, d’un acide citrapyrotar-
trique bichloré. Je ne puis done admettre, avec M. Gott-
lieb, que l'acide citramalique monochloré, obtenu par ce
chimiste, soit le produit immédiat de Faction du chlore :
il est éminemment probable, au contraire, que ce dernier
acide ne résulte que d’une substitution secondaire de l'hy-
droxyle au chlore dans lacide bichloré primitivement
formé, et analogue à celle que j'ai fait connaître pour
l'acide itapyrotartrique monochloré. Et en effet, cet acide
ne se forme que pour autant que de chauffe ee savon
primitive. J'ai obtenu l'acide ci é avec
Ime SÉRIE, TOME XXXIII. 3
#
(54)
toutes les propriétés décrites par M. Gottlieb : je puis donc
pleinement confirmer les indications de ce chimiste en ce
qui concerne cette substance, et son sel de baryum avec
quatre molécules d’eau. Je n’ai pas examiné d’autres sels.
Quand on soumet à la distillation la solution d'acide
citraconique traitée par le chlore, il se dégage d'abord de
Peau : en même temps le thermomètre s'élève rapide-
ment, des torrents d’acide chlorhydrique se dégagent, et
il passe des gouttelettes huileuses qui ne tardent pas à se
figer en une masse cristalline et à obstruer le tube réfri-
gérant qu’il faut s’empresser d'enlever. Cette substance, _—
que M. Gottlieb a entrevue, et qu'il considère comme
l'acide citraconique monochloré, n’est pas cet acide, mais
bien l’anhydride citraconique monochloré. On remarquera
encore ici l'analogie entre l’acide bichloré que j'ai men-
tionné plus haut et l’acide bibromé obtenu par M. Kekulé,
et qui se décompose également avec la plus grande facilité
en eau, anhydride citraconique vang et acide brom-
hydrique.
L'anhydride citraconique monochloré ressemble, sous
tous les rapports, à son analogue bromé. Comme lui, il con-
stitue des paillettes cristallines, grasses au toucher, d'une _
odeur à la fois vineuse et butyreuse. Il est peu soluble
dans l’eau : sa solution, évaporée au bain-marie, et conte-
nant Vacide correspondant, se décompose en eau et en +
anhydride qui se sépare sous forme huileuse, et se con-
crète par le refroidissement. Il fond à 98° et bout sans
altération vers 212. Il est très-soluble dans le sulfure de |
carbone et le chloroforme, et s’en dépose par le refroi-
dissement, à l'état de belles paillettes d’un éclat gras et +
PR ee
(38)
Voici les résultats fournis à l'analyse :
0,5255 gr. de substance donnèrent 0,5180 gr. Ag Cl.
0,5559 gr. donnèrent 0,7899 gr. GO, et 0,1033 gr. H, 0
CALCULE. TROUVÉ.
C; 60 40,9 >o 40,4
H; S 2,0 — 22
Gl 55,46 24,2 24,1
0. 48 292 ns ee
Bien que je ne sois pas parvenu à préparer l'acide citra-
conique chloré lui-même, j'ai cependant essayé de faire
quelques sels de cet acide, qui est représenté par la solu-
tion aqueuse de son anhydride. Le sel de calcium s'obtient
en saturant celte solution d'abord par la craie, puis par
l'eau de chaux. On l'obtient plus facilement en saturant la
solution par Pammoniaque concentrée de l'acide, et en
ajoutant ensuite du chlorure de calcium. Si les liqueurs
sont concentrées, le sel se dépose rapidement par le re-
froidissement à l'état d'une poudre cristalline formée de
petits mamelons microscopiques, qu'on n’a qu'à laver à
l'alcool pour les avoir purs. Si les liqueurs sont étendues,
ou les précipite par l'alcool. On obtient ainsi un précipité
très-volumineux , formé de très-petits cristaux microsco-
piques, et qu'on ne dessèche que fort difficilement.
0,5875 gr. de substance, desséchée à 100, donnèrent 0,3985 Ca SO,.
CALCULÉ. | TROUVÉ.
E Tr a 19,7.
Le sel d'argent s'obtient: très-facilement en précipitant
REE der
(56)
la solution du sel d’ammoniaque ou de calcium par le ni-
trate d'argent. Il se dépose à l’état d’un précipité caséeux,
qui se transforme rapidement en petites aiguilles micros-
copiques. Il est soluble dans l’eau bouillante, et s'en dé-
pose par le refroidissement.
0,4205 gr. de substance donnèrent 0,5255 gr. Ag CL.
CALCULÉ. TROUVÉ.
Ag MNT 57,9.
Comme on le voit, ces deux sels sont tout à fait ne
gues à ceux de l’acide bromé.
J'ai essayé de préparer anhydride citraconique mono-
chloré par l’action directe du chlore sur [anhydride citra-
conique. La réaction est très-lente et fort incomplète. Le
brome ne se combine à l’anhydride citraconique que sous
pression et à une haute température : addition du chlore
se fait tout aussi difficilement. Quand on fait passer pen-
dant longtemps un courant de chlore dans la substance
tenue en ébullition dans un appareil à reflux, et qu’on con-
tinue l'opération jusqu’à ce qu’elle ait pris une. teinte
brun-foncé, on voit, pendant toute la durée de l'expé-
Re
rience , se dégager lentement de l'acide chlorhydrique. Si
Pon soubet ensuite la liqueur à la distillation, il passe
beaucoup d’anhydride citraconique inaltéré, il se condense 4
quelques cristaux d'anhydride monochloré, et il se produit
également un peu de chlorure de citraconyle, à en juger
du moins par l’odeur caractéristique de ce dernier. Il reste
dans la cornue un résidu poisseux assez abondant.
Quand on abandonne à elle-même pendant quelques se-
maines une solution très-concéntrée d'acide citrapyrotar-
+
(37)
trique bichloré, il s’y forme un dépôt d’aiguilles enche-
vêtrées, dures, peu solubles dans l’eau froide. Cette
substance contient une quantité de chlore qui varie de
{à 2 °/, et qui constitue probablement une impureté
amenée par. le milieu où elle s’est formée. Je ne suis pas
parvenu jusqu'ici à des résultats analytiques concordants.
Ce corps fond à 198°, en se sublimant en partie. Je me
propose d'en reprendre l’examen par la suite.
Je n'ai pas entrepris cette étude de l’action du chlore
sur Vacide citraconique, pour me donner la tâche facile
d'arriver à des résultats que l’on pouvait aisément prévoir,
et qui devaient être analogues, comme l'expérience l'a
démontré, à ceux que M. Kekulé a obtenus dans l’étude
des dérivés bromés. Une autre idée m'a guidé dans ce tra-
vail. On sait que par l'action des bases et sous l'influence
de la chaleur, l'acide citrapyrotartrique bibromé se dé-
double en C02, H Br et acide crotonique monobromé.
Or, l'acide crotonique a été, dans ces dernières années,
l’objet de travaux fort remarquables. On est parvenu éga-
lement à préparer des produits de substitution chlorés de
ce même acide; et il est permis d’espérer que, connais-
sant la structure de lacide crotonique, nous pourrons
arriver à connaître celle des acides pyrocitriques, aux-
quels il se rattache directement. Il n’était pas sans in-
térêt de savoir si l'acide crotonique monochloré, que l’on
pouvait s'attendre à obtenir au moyen de l'acide citrabi-
chloropyrotartrique, était identique ou différent de l'acide
obtenu par d’autres moyens et dont la structure est à peu
près connue.
J'ai donc préparé une solution d'acide citrapyrotartrique
a
( 58 )
bichloré; je l'ai saturée par le carbonate de sodium, et
porté la liqueur à Pébullition. Il s’est dégagé de l’anhydride
carbonique en abondance; la liqueur est redevenue acide;
en un mot, j'ai observé tous les phénomènes que M. Kekulé
a décrits pour la décomposition de l'acide bibromé corres- ,
pondant. En opérant de la même manière, je suis parvenu
à isoler un acide huileux, qui s’est concrété par le refroi-
dissement en cristaux semblables à ceux de lacide ben-
zoïque, fusibles sous l’eau chaude, et répandant une odeur
désagréable rappelant celle de l'acide butyrique. La for-
mation de cet acide et ses propriétés en font l’analogue de
l'acide monobromocrotonique obtenu par M. Kekulé. Un
dosage de chlore a donné 29. 2 °/, de chlore; la formule
Ca Hs el. O2 en exige 29. 4. Je mai pas encore terminé
l'étude de cette substance, mais je crois pouvoir annoncer
dès à présent qu'elle est différente des acides obtenus par
M. Geuther.
La synthèse de l'acide crotonique au moyen de l’aldé-
hyde nous force à lui assigner la formule CH;-CH =
CH-CO,H. La formation au moyen du eyanure d’allyle
conduit à la formule CH,-CH-CH,-CO,H. Quelle que
soit la manière de voir adoptée, il est clair que l'une et
l'autre expliquent aisément la transformation de l'acide
erotonique en acide butyrique normal, par l'hydrogène
naissant. Il n’était pas sans intérêt de rechercher si l'acide
butyrique, obtenu par M. Kekulé en traitant l'acide bro-
mocrotonique, dérivé de l'acide citraconique, au moyen
de l’'amalgame de sodium était l'acide normal ou l'acide
isobutyrique. L'expérience faite, j'ai transformé l'acide ob-
tenu en sel de calcium, qui s'est déposé à l’état de petites
aiguilles eristallines, plus solubles à chaud qu’à froid, sef-
“ailes
-
( 59 )
fleurissant à lair sec, et possédant en un mot tous les
caractères de l’isobutyrate décrit par M. Morkownikoff. Le
même résultat a été fourni par l’acide chloré.
0,7802 gr. zi substance neen à l’aide de l'acide
bromé perdiren . 0.2540 gr. H,0.
0,540 gr. de Bl GHparte à l'aide de l'acide
chloré perdirent... . . ai 6906 HO.
CALCULÉ. TROUVÉ.
BHO — 29,6 29,9 29,8
Les acides dérivés de l'acide citraconique sont donc les“
acides isocrotoniques chloré et bromé. Ce fait est d'autant
plus curieux, que M. Körner a obtenu ce même acide
bromé par l’action du brome sur l'acide erotonique dérivé
du cyanure d’allyle.
Action du chlore sur l'acide itaconique.
Quand on fait passer du chlore jusqu’à refus dans une
solution saturée et froide d'acide itaconique, et qu’on fa-
cilite la réaction, qui est extrêmement lente, par l’action
du soleil, la température s'élève légèrement, et l'on ob-
serve une augmentation en poids correspondant à la fixa-
tion d’une molécule de chlore sur une molécule d'acide
itaconique. En évaporant ensuite sur l'acide sulfurique et
la chaux, j'ai obtenu une fois des cristaux très-bien dé-
finis d’un acide dont la teneur en chlore correspondait à
celle de l'acide pyrotartrique bichloré. Mais je ne suis plus
jamais parvenu à reproduire cette substance : dans toutes
mes autres expériences, la liqueur a laissé dégager «
l'acide chlorhydrique, et il s'est déposé de superbes cris-
p
(40)
taux, d'un éclat adamantin et ayant la forme de l'augite.
Cette substance est l'acide itamalique monochloré. J'en ai
fait plusieurs analyses, toujours dans l'espoir d'y retrou-
ver l'acide bichloré mentionné plus haut.
0,9245 gr. de substance donnèrent 0,7278 gr. Ag Cl.
0,2790 id id. 0,2195
7 js C2
0,4798 id. id, 0,5683.
0,2500 id. id, 0,1985.
0,5895 id. „id. 0,4665 GO, et 0,1475 H,0.
0,4485 id. id, 0,5299 CO, et 0,1585 H,0.
CALCULÉ, TROUVÉ.
d TE rm ~
C 69 32,8 — Te T — 32,6 320
H, 7 3,8 — =: — + 42 5,9
Cl 55,46 19,4 49,4 195 15,0 19,6 = —
0 80 f — — -— — ou
Il fond à 150°, et se volatilise déjà à 100. Il est très-
soluble dans l’eau.
Les acides que je viens de décrire exigent pour leur pré-
paration de grandes quantités de chlore, ear une bonne
partie de ce gaz passe inabsorbée. Il ne sera pas sans in-
térêt de décrire ici l'appareil dont je me sers pour pro-
duire le chlore : il se recommande à tous les laboratoires
où il est impossible d'établir un appareil en grès comme
ceux dont se sert l’industrie.
` L'appareil se compose d’une grande bouteille de si
ayant 25 centimètres de diamètre et 50 de haut. Elle
contient un double fond percé, sur lequel on dépose le
manganèse. Au-dessous de ce double fond débouche un
tube vertical à entonnoir et servant de tube de sûreté.
Le col de cette bouteille a 15 centimètres de haut : il est _
he
ps
CE)
formé par deux cylindres concentriques, espacés d'en-
viron 15 millimètres. Dans la gouttière ainsi formée,
on verse de l'acide sulfurique, et on place ensuite un
cylindre de plomb portant le tube à dégagement. De
cette manière l'appareil présente une fermeture hydrauli-
que pouvant faire équilibre à une pression
équivalente à environ 15 centimètres d’a-
eide sulfurique. La figure ci-contre rend
parfaitement compréhensible la disposi-
tion de cet appareil, qui fonctionne de-
puis deux ans dans mon laboratoire de la
manière la plus parfaite. Toutes les sou-
dures doivent être autogènes. L’acide
chlorhydrique se verse par le tube latéral,
qu'on recourbe pour vider l'appareil. Enfin le chauffage se
fait au bain-marie, constitué ici par une grande marmite
de fonte. On peut introduire à la fois plusieurs kilogrammes
de bioxyde de manganèse, cassé en morceaux de la gros-
seur d'une noix. L'acide chlorhydrique se verse au fur et à
mesure des besoins, et par quantités qui n’excèdent pas
un litre à la fois, pour éviter un nn re de gaz trop
tumultueux.
Action de la chaleur sur l'acide itapyrotartrique
ibromé.
J'ai annoncé dans la Zeitschrift fur Chemie (1), à la
suite de la traduction allemande d’un de mes travaux pu-
blié par l'Académie (2), que l'acide itabibromopyrotartri-
(1) Zeitschrift, 1867,
à Bulletins de ue de Belgique, 2° série, t. FAN p: 25.
.
un peu mieux lorsqu'on opère dans une atmosphère
ments, j'ai trouvé que la seule manière pratique est d'opé-
(42)
` que, soumis à l’action de la chaleur, se dédouble en. HBr i
eten un mélange d'acide itaconique monobromé et d'un «
acide bibasique isomère de l'acide aconique. Ce dernier fait —
n'est pas rigoureusement exact : des recherches ultérieu- |
res m'ont appris que la substance en question n'est pas —
l'isomère de l'acide aconique, mais lui est absolument
identique. 3 1 |
Il me sera donc permis de publier ici les résultats de `
travaux commencés depuis longtemps sur ces substances, —
bien que M. Liebermann ait manifesté l'intention de tra- —
vailler sur l’acide aconique.
Quand on soumet l'acide itapyrotartrique bibromé à
l'action de la chaleur en le chauffant au bain d'huile dans —
une petite cornue, on remarque, quand la température à
s'élève vers 160°, qu'il distille de l'eau, en même temps «
qu'il se dégage de l'acide bromhydrique. A 190° Ja sub-
slance est en décomposition complète; elle noircit ;
mousse abondamment, et l’on voit se condenser dans le À
col des croûtes cristallines. Il se dégage en même temps
des substances possédant l’odeur des composés allyliques,
et irritant vivement les veux. L'opération est fort difficile
à conduire, à cause du boursouflement de la masse :
à chaque instant on est obligé de modérer le feu, et
Fon ne recueille que peu de produit. L'expérience marche
d'hydrogène : on peut chauffer alors jusqu’à 210°, et le
rendement est plus considérable. Après divers tâtonne-
rer dans le vide, ce qui est très-facile actuellement, quand
on possède un aspirateur de Bunsen. En opérant à une pres-
sion de — 60 centimètres de mercure, P opération marche
didaten on obtient un rendement Ro nne
(45 )
la masse ne mousse plus, et il ne reste dans la cornue
qu’un léger résidu goudronneux. I est à remarquer toute-
fois que la substance cristalline qui distille est très-peu
volatile, et se condense facilement sur le dôme et les pa-
rois de la cornue. Pour éviter eet inconvénient, je chauffe
celle-ci dans un bain d'air formé de deux capsules en tôle:
superposées. La capsule supérieure porte une échancrure `
latérale pour le passage du col, et deux trous dans lesquels
on fixe les thermomètres. Le fond de la cornue repose sur
un triangle ou une toile métallique placée dans la capsule
inférieure. Au moyen de ce bain d'air, d’une construction
très-simple, on distille aisément les substances peu vola-
tiles.
Acide itaconique monobromé. — La substance dn je
viens d'indiquer la préparation, et qui se trouve dissoute
en grande partie dans l'eau condensée dans le récipient,
est incolore quand on a opéré dans le vide et de la manière
que je viens de décrire, et souillée seulement d’un peu
d'acide bromhydrique et de traces de matières étran-
gères irritant les yeux. Il suffit de la reprendre par leau
chaude pour obtenir, par le refroidissement, d’abondants
mamelons cristallins d'un aspect terne, et semblables, à
première vue, à l'acide itapyrotartrique monochloré. Quand
on opère sur de grandes masses, et que la cristallisation
s'effectue lentement, on obtient parfois des cristaux sem-
blables à ceux de l'acide itaconique, au brillant près, et
clivables comme ceux dans le plan des petites diagonales.
Il faut, dans ces cristallisations , éviter de chauffer long-
temps la solution et sartout de la faire bouillir, car la sub-
stance se décompose alors avec la plus grande facilité en
acide bromhydrique et aconique. FL i
(4)
Voici les résultats analytiques, qui établissent la come. 1
position de ce corps.
0:5435 gr. donnèrent 0,3098 Ag B i
0,2850 id. 0,2943 CO, € et 0 ‚0675 H,0. |
0,4220 id. 0,4425 CO, et 0,1122 H,0.
CALCULÉ. TROUVÉ.
RS a
re at + . 284: 265
RER 23 — : À 1188
Br 60 382 FIRE zi
0, 64 308 dik a Ee
20,9 100,0 |
L’acide itaconique monobromé est très-peu soluble dans _
l’eau froide, ce qui me l’avait fait considérer d'abord
comme un dérivé de l'acide mésaconique. L'eau bouillante
le décompose en acide aconique et bromhydrique. Voici
une analyse de l’acide ainsi obtenu :
0,4547 gr. de substance donnèrent 0,7755 gr. CO, et 0,1550 gr. H,0.
CALCULÉ. TROUVÉ.
à 60 46,8 46,5
H; 4 3,1 5,1
0, 64 50,1 LE
Chauffé avec les bases carbonatées, il subit une décom-
position du même genre. L'ayant saturé par le carbonate
de sodium à chaud, j'ai obtenu par le refroidissement de
petits rhombes en tout vi à l’aconate de sodium
de M. Kekulé.
0,8520 gr. de substance perdirent à 110° 0,2270 gr. H,0.
Ce qui correspond à 27,7 d'eau de cristallisation. La
formule C; H; Na O, +5 H,0 en exige 26,4.
hed
B ien
he naan ide à id ee rn ER LEIE mene |, die
( 45 )
Comme ce résultat n’est pas très-rigoureux, ce qui tient
à la difficulté de dessécher ce sel sans l’effleurir, jai fait
encore un dosage de sodium.
0,4200 gr. de substance, séchée à 110°, donnèrent 0,2001 Na, SO,
Ce qui correspond à 15, 4 p. %/) Na. La formule C; Hs
NaO, exige 15,5.
L'acide itaconique monobromé fond à 164° en se dé-
composant. On voit en effet des bulles de gaz se dégager
de la masse fondue; et quand on opère sur quelques
grammes de matière, on observe un dégagement d'acide
bromhydrique, et la production d’une substance irritant
fortement les yeux. Il est à remarquer que le point de
fusion de l'acide aconique est également situé à 164°; il
est donc probable que l'acide fond en se décomposant.
Une partie toutefois est volatile dans l’atmosphère d’acide
bromhydrique, et se sublime quand on élève davantage la
température. Il est probable que, dans ces conditions,
l'acide itaconique monobromé se décompose en eau et en
son anhydride; j'ai toujours observé, en effet, dans la
préparation, qu'il se condensait dans le récipient un
corps huileux, insoluble dans l’eau , et se concrétant à la
longue au contact de celle-ci; mais il m'a été impossible
de l’isoler.
-Quant à la décomposition que cet acide subit sous l'in-
fluence de la chaleur , il est fort difficile de T'établir d'une
manière absolue. J'ai bien obtenu de l'acide aconique de
cette manière ; mais comme l’eau produit déjà cette trans-
formation , il est impossible d'établir si c'est ce liquide,
ou l'influence de la chaleur qui a IE complétement
l’acide bromhydrique.
L'acide itaconique monobromé, soumis à l’action simul-
(46 ) ]
tanée de l’eau et du zine ou de l’étain, subit la substitu- *
tion inverse. La liqueur filtrée, agitée avec l'éther, après —
addition d'acide sulfurique, abandonna à ce dissolvant un 1
acide qui se déposa par l’évaporation à l'état de croûtes —
cristallines. Celles-ci, recristallisées de l'eau, déposèrent —
des cristaux de la forme caractéristique de l'acide itaco- =
nique, clivables dans le plan des petites diagonales de à
l’octaèdre et fusibles à 162°. En voici pa se : i
bios
0,122) gr. de substance donnèrent 0,2065 gr. 60, et 0,0515 gr. H,0.
CALCULÉ. TROUVÉ. ni
'
46,2 ; 46,1
4,6: 4,1
Je mentionnerai ici que l'acide itamalique monobromé
se forme également en chauffant l'acide aconique avee
l'acide bromhydrique dissout.
9, Sosi gr. de substance ainsi préparée zere 6,5617 gr. Ag Br.
CALCULÉ. TROUVÉ.
Br. 58.2 - 38,4.
Acide itaconique monochloré. — Cet acide s'obtient par |
une réaction en tout semblable à celle qui vient d'être
__déerite. On chauffe l'acide aconique avec de l'acide chlorhy-
drique concentré, dans un tube scellé, au bain-marie. LE
se dépose par le refroidissement de la liqueur en eroûtes
cristallines , co mamelonnées semblables à celles de
á
CF)
l'acide bromé. Il importe dans cette expérience, comme
dans la précédente, de ne pas chauffer trop longtemps ou
trop fort, car l'acide chlorhydrique ou bromhydrique con-
centré charbonne assez facilement l'acide aconique.
Je me suis contenté, pour établir la nature de ce corps,
d’un dosage de chlore. |
0,4500 gr. de substance donnèrent 0,5769 Ag Ci.
Ce qui correspond à 21 6 Ci. La formule C; H; CIO,
exige 21, 5 0/0.
Il est peu soluble dans l'eau froide. L'eau bouillante le
retransforme en acide aconique.
Acide aconique. — Cet acide, qui a été découvert par
M. Kekulé, ne s'obtient que fort difficilement en partant
du sel de sodium. Ce sel, en effet, est d’une préparation
délicate : sa formation est accompagnée de production de
plusieurs substances étrangères, d'odeur allylique et irri-
tant vivement les yeux; et bien souvent les produits secon-
daires engloutissent la substance principale, et laconate
ne cristallise pas. De plus, comme l'acide aconique n’est
pas très-soluble dans l’éther, il est difficile de l’extraire,
par ce moyen, de son sel de sodium additionné d'un
acide.
On obtient ce corps bien plus facilement par la ses
position de l’acide itaconique monobromé au sein de lea
bouillante. Il se dégage de l'acide bromhydrique , et a
liqueur dépose par refroidissement, et, au besoin, par
évaporation, de splendides cristaux , doués de P éclat ada-
mantin, et paraissant appartenir au système rhomboé-
drique. J'ai rapporté plus haut l’analyse d’un acide ainsi
préparé. Voici l'analyse d'un sel de sodium, qui en établit
l'identité. Ce sel ressemblait d’ailleurs entièrement, par
(48 )
ses propriétés physiques, au sel préparé par M. Kekülé: !
0,8750 gr. perdirent à 110. . . . . 0,2505 H,0. 4
0,5555 gr. de substance sèche donnèrent 0,2700 Na SO,.
Ce qui correspond respectivement à 26,0 H20 et à 16,2 .
Na. Le calcul exige 26,4 et 15,5. :
On peut facilement obtenir l'acide aconique d'après
le principe appliqué par M. Kekulé, mais en modifiant la’
méthode. Il suffit pour cela de remplacer le carbonate de
sodium par oxyde de plomb. Il se forme dans ce cas de .
l’aconate de plomb soluble, et du bromure de plomb qui |
se précipite par le refroidissement. On élimine ensuite le .
plomb par l'hydrogène sulfuré, et l’on évapore jusqu’à cris- M
tallisation. L'expérience m'a démontré qu’il est avantageux |
de n'employer que la quantité d’oxyde de plomb néces- «
saire pour saturer l'acide bromhydrique de l'acide itapyro- _
tartrique bibromé ; car l'acide aconique s'altère assez
facilement , et il est aisé de reconnaître toujours dans sa _
préparation l'odeur des composés allyliques, et même de
l'acide crotonique. On emploie avantageusement parties
égales d'acide bibromé et d'oxyde de plomb porphyrisé.
Voici les résultats obtenus à l analyse d'un aeide préparé
de cette manière :
0,4503 gr. donnèrent 0,7699 gr. CO, et 0,1360 gr. H,0. +
CALCULÉ. TROUVÉ,
G 46,8 46,6 ;
H 71 3,3.
Pa
L’acide aconique west pas très-soluble dans l'eau : à 15°
une partie se dissout dans 5,61 parties d’eau.
11,2860 gr. de solution saturée, abandonnèrent 0,5910 gr. de
j
;
:
3
A
4
F
Í
(49 )
Il fond à 164° et bout vers 225 en se détruisant presque
complétement.
Je ne m'arrêterai pas ici à décrire quelques expériences
que j'ai faites sur cet acide. Puisque M. Liebermann s’en
est réservé l'étude, je l'abandonne volontiers à cet habile
chimiste. Mais je crois pouvoir signaler ici un fait extré-
mement intéressant, qui m'appartient en entier, et dont
je veux m'assurer la priorité. Quand j'ai annoncé autrefois
que l'acide obtenu par moi dans la décomposition de l'acide
pyrotartrique bibromé était bibasique et simplement iso-
mère de l'acide aconique, je n'étais pas sous le coup d'une
erreur d'analyse. Je venais de découvrir un acide de la
. formule C; H; O,, dont j'avais établi la composition. Je
savais que M. Kekulé avait eu beaucoup de peine à obtenir
des rudiments de cristaux d'acide aconique et je me trou-
vais en présence d'un corps aisément cristallisable, L'idée
d'une isomérie se présentait naturellement à mon esprit.
Je fus confirmé dans cette manière de voir par le fait sui-
vant. Ayant saturé mon nouvel acide par l'eau de baryte,
j'obtenais un magma caséeux, insoluble dans l’eau, et
donnant à l'analyse 50 %/o de baryum. Or, M. Kekulé décrit
l’aconate de baryum comme un sel très-soluble et déli-
quescent, contenant 55 %/, Ba. La formule C; H; Ba''O;
exige 47 Po de baryum; la formule C; Ha BaO, 55 Vo.
J'étais donc en droit de considérer mon acide comme
bibasique. Plus tard, ayant saturé mon acide par le
carbonate de sodium, j'ai obtenu, à ma grande surprise,
l'aconate de sodium de M. Kekulé. J'ai eu, depuis, la
clef de ces résultats en apparence contradictoires. L'acide
aconique est monobasique, quoique sa formule doive
le faire considérer comme bibasique. Il appartient au
groupe de ces acides sur lesquels j'ai attiré l'attention
9me SÉRIE, TOME XXXIII. 4
Mo. Bot. Garden,
1896. |
€
(50)
des chimistes à l’occasion de mes travaux sur l’acide para-
conique. Ces acides sont véritablement les. éthers d’eux- :
mêmes. L’acide paraconique, par exemple, se rattache —
étroitement, comme je lai démontré, à l'acide itamalique. i
Le côté alcoolique de ce dernier s'est éthérifié avec lun
des carboxyles, avec élimination d'eau, et l'acide est de-
venu monobasique. C’est ce que montrent les formules
suivantes :
—C0,H — C0
—C0,H
CH, z CHE 0H Gis LL 0!
—C0,H
| „H 00,
Acide pyrotartrique. Acide Balian. Acide paraconique.
#
Ce qui démontre qu’il en est bien ainsi, c’est que sous
l'influence des bases, ou même de l’eau chaude, l'acide |
paraconique se saponifie, c'est-à-dire, redevient acide
itamalique. Il en est de même de l'acide aconique. Cet
acide est à un acide malique dérivé de l'acide itaconique,
c’est-à-dire, à double soudure, comme l'acide paraconique
est à l’acide De Aussi les formules sont-elles com-
parables.
—C0, H —C0
—C0, H | a |
C‚ H, | = C0 H CGH, < OR CH, — 0
z — CO, H —C 2 H
Acide ilaconique. Acide inconnu. Acide aconique. i
On comprend ainsi pourquoi l'acide aconique est mono-
basique et pourquoi, saturé par les bases caustiques, il
engendre des sels qui dérivent d'un acide bibasique.
Jai fait un grand nombre d'expériences dans cette
direction : toutes donnent des résultats identiques. J'ai
même trouvé que, quand on décompose l'acide itapyrotar-
trique bibromé, non is le carbonate. de mise comme
Ra
bd
(51)
Pa fait M. Kekulé, mais par la baryte caustique, on ob-
Gent dès la première affsion de base, le précipité caséeux
dont je viens de parler. Il se redissout tant que la liqueur
est acide; mais il se dépose abondamment quand on ap-
proche de la neutralisation. Une solution d’aconate de
baryam ou de sodium produit les mêmes phénomènes
avec l'eau de baryte. Les nombreuses analyses que j'ai
faites de ce sel se rapprochent toutes plus ou moins de la
formule C; H, BaO; ; mais jusqu’ici je n’en ai pas obtenu
de véritablement satisfaisante; ce qui tient à la difficulté
qu’il y a de purifier ce précipité volumineux et peu cohé-
rent, des substances au sein desquelles il s'est formé.
Je me réserve la continuation de mes recherches dans
le sens indiqué dans le présent travail.
(32)
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 8 janvier 1871. 4
M: J.-J. Haus, directeur. |
M. An. Querecer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez,
Gachard, Ad. Borgnet, P. De Decker, F.-A. Snellaert,
M.-N.-J. Leclereq, M.-L. Polain, le baron Kervyn de Let-
tenhove, R. Chalon, J.-J. Thonissen, Th. Juste, G. Guil-
laume, Félix Nève, Alph. Wanters, H. Conscience,
‚NJ. Laforet, membres ; J. Nolet de Brauwere van Stee- —
_ land, Aug. Scheler, associés ; E. de Borchgrave, correspon-
dant. |
M. Ch. Montigny, membre de la classe des sciences,
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
r
La classe apprend officiellement la mort de l'un de ses
membres titulaires, M, Eugène Defacqz, décédé à Bruxelles
le 51 décembre dernier.
Conformément aux dernières volontés du défunt, com-
( 55.)
muniquées à l’Académie par son exécuteur testamentaire,
la classe s'est abstenue de faire prononcer, aux funérailles,
le discours d'adieu. Mais les membres, afin de témoigner
les sentiments d’estime et de regrets de la Compagnie, ont
pris individuellement part à la cérémonie funèbre.
M. le secrétaire perpétuel a exprimé à la famille de
M. Defacqz les condoléances de l’Académie et les profonds
regrets causés par la perte, d’un homme aussi éminent.
— M. le Ministre de l’intérieur adresse à l’Académie
uu exemplaire de l'Inventaire des chartes du chapitre de
Saint-Martin de Liége (1 vol. in-4°) et un exemplaire du
9° Rapport triennal sur la situation de l'instruction pri-
maire en Belgique (1 vol. in-folio). — Remerciments.
— M. Ch. Faider envoie, à titre d’hommage, un exem-
plaire de ses deux notices intitulées : 4° La Constitu-
tion belge et. la magistrature; X l'Égalité devant la loi.
— In-8. .
M. le baron Kervyn de Lettenhove présente ensuite
un exemplaire du tome III des Poésies de Froissart, édi-
tées par M. Aug. Scheler, et un exemplaire du tome XIV
des Chroniques du même auteur, publiées, dans la collec-
tion académique des œuvres des grands écrivains du pays.
Il est fait également hommage de l'Annuaire de luni-
versité de Louvain pour 1872, présenté par Mgr Laforet,
ainsi que du tome I°” des Lettres assyriologiques sur l'his-
toire et les antiquités de l'Asie hp par M. Fr. Lenor-
mant, associé.
Des remerciments ont été votés aux auteurs de ces dif-
férents dons.
In
(54)
— M. le chanoine De Smet communique un travail sur
Jean de Hainaut, sire de Beaumont. — MM. le baron Ker-
vyn de Lettenhove, Chalon et Wauters sont désignés pour
en faire l'examen.
M. Fr. Lenormant soumet à la classe un premier mémoire
de mythologie comparée portant pour titre : La légende
de Sémiramis. — Ce travail est renvoyé à l'examen de
MM. Roulez, Thonissen et Félix Nève.
— Le ministère de la guerre et la direction du Journal
des Savants, à Paris, la Société archéologique de Berlin,
PUniversité de Halle, la Bibliothèque royale de Dresde
et la Bibliothèque oeriake de Vienne remercient pour le
dernier envoi de publications académiques.
CONCOURS DE 1871.
La classe prend acte de la réception d’un mémoire en
langue flamande, sans titre et sans devise, mais avec bil-
let cacheté, parvenu le 29 décembre dernier. Ce travail a
pour objet de répondre à la quatrième question du con-
cours de cette année, concernant la théorie économique des
rapports du capital et du travail. Les commissaires chargés
de faire l'examen de ce manuscrit seront nommés dès
l'expiration du terme fatal du concours, lixé au 4°" février ;
prochain.
( 55 )
ÉLECTION.
La classe a procédé ensuite à l'élection du directeur pour
1875 : les suffrages ont désigné M. Thonissen pour rem-
plir ce mandat. .
M. Haus, directeur sortant, a remercié ses confrères du
concours sympathique et bienveillant qui lui a été donné
pendant l'exercice de ses fonctions et a installé M. De
Decker, directeur pour l’année courante.
M. De Decker a remercié ses confrères de la marque
d'estime qu’ils lui avaient témoignée en l'appelant à diriger
les travaux de la classe et il a proposé des remerciments à
M. Haus. — Applaudissements.
M. Thonissen, à son tour, en venant prendre place au
bureau, a remercié la classe.
s
(56)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Jeanne la Folle et Charles-Quint, par M. Gachard,
membre de l’Académie.
DEUXIËME PARTIE (1).
V.
Charles, ayant pris congé de sa mère et de sa sœur,
quitta Tordesillas le 12 novembre. L'Espagne et lui ve-
naient de faire une perte immense : le cardinal Ximenes
n’était plus. Souffrant déjà de la fièvre, lillustre prélat
s'était, au mois d'août, transporté de Madrid à Aranda de
Duero, afin de se rapprocher du lieu où le roi devait
descendre à terre. Il avait séjourné quelque temps au
monastère de la Aguilera. Son état ne s'étant point amé-
lioré, les médecins lui avaient donné le conseil de passer
au bourg de Roa, situé sur une éminence et réputé Pun
des lieux de la Castille où lair était le plus salubre. Ce
fut là que, le 8 novembre, dans la quatre-vingt-unième
année de son âge, il trouva la fin de sa glorieuse car-
rière (2).
(1) Voir, pour ki première partie, le t. XXIX des Bulletins, p 710.
(2) FLécmier, Histoire du cardinal Ximenes, t. I, p. 755.
Dans la Historia de Carlos V, de SANDOVAL, t. I, p. 84, la mort. de
Ximenes est indiquée au 8 décembre ; mais c'est là vraisemblablement une
faute d'impression. Cette erreur a été reproduite par Argensola, p. 455
ee
lie à de dti tas run | ns ini ad dn an,
( 57 )
De Tordesillas Charles se dirigea vers Mojados, où l'in-
fant Ferdinand l'attendait.
Nous avons dit l'affection qu’en Espagne on portait à ce _
jeune prince. Ceux qui étaient autour de sa personne, et
particulièrement don Pedro Nuñez de Guzman , grand com-
mandeur de Calatrava, son gouverneur, fray Alvaro Osorio
de Moscoso, évêque d'Astorga, son maître, et Goncalo de
Guzman, son chambellan , S'appliquaient, avec plus de zèle
que de prudence, à faire naîtré , à entretenir en lui le désir
de profiter de ce sentiment dela nation; ils avaient même,
sous main, excité des grands et des villes de Castille à le
proclamer gouverneur du royaume, au nom de la reine
Jeanne. Charles le sut; il fut informé aussi que, dans la
maison de l'infant, on tenait des propos peu respectueux
pour lui et pour son autorité. Le jour où il montait sur le
navire qui allait amener en Espagne, il expédia un cour-
rier aucardinal Ximenes, avec l’ordre d'enjoindre sur-le-
champ à don-Pedro Nuñez de Guzman de se retirer dans
sa commanderie, à l'évêque d’Astorga d'aller résider dans
son diocèse, et à Gonçalo de Guzman de sortir de la
` cour (1).
Ximenes exécuta cet ordre avec ponctualité. L'infant
en ressentit une grande peine, quoique Charles lui eùt
écrit pour le pénétrer de la nécessité impérieuse où il était
de séparer de lui des personnes qui cherchaient à l'en-
traîner dans de fausses démarches (2), et quoique le car-
dinal eût, dans l’accomplissement des volontés du roi,
observé tous les ménagements, tous les égards dus au
(1) ages sé du cardinal de Granvelle, L 1, p. 89.
(2) Ibid.
( 58)
frère de son souverain. Mais Ferdinand comprit sa position,
ses devoirs envers le roi; il se résigna.
Lorsque Charles approchait de Mojados, il vit venir au- |
devant de lui infant, qu'accompagnaient des personnages —
considérables du clergé et de la noblesse. Ferdinand mit
pied à terre, pour faire la révérence au roi, puis il alla
saluer et baiser madame Eléonore. A Mojados les deux
frères logèrent dans la même maison et soupèrent en-
semble; Charles plaça l'infant à sa droite. Ferdinand, de «
son côté, se montra plein de déférence pour le chef de sa
maison : « Quand on donnait à laver au roy, dit Laurent
» Vital, toujours estoit à teste descouverte, tenant la ser- |
» viette pour luy baillier à essuyer. »
Charles alla passer quelques jours au monastère royal 4
de l’Abrojo, près de Valladolid, pendant qu’on s'occupait —
des préparatifs de sa réception en cette ville. Ce fut là qu’il
revêtit son frère des insignes de la Toison d’or, qui avait
été conférée à Ferdinand par le chapitre de l’ordre assemblé â |
à Bruxelles l'année précédente (1).
Son entrée à Valladolid eut lieu le 18 novembre, au
milieu d’un immense concours de noblesse et de peuple.
Le cortége royal était magnifique. Cinq cents hommes de
pied et un escadron de cavalerie ouvraient la marche.
Après eux venaient les écuyers, les pages et tous les offi-
ciers de la maison du roi, les chevaliers de la Toison d’or,
les grands, entre lesquels on remarquait le connétable de
Castille, les ducs d’Albe, g’ Arcos, de Segorbe, le marquis
de Villena, le comte de Benavente (2). L'infant Ferdinand
(1) De REIFFENBERG, Histoire de la Toison zegene
(2) SanvovaL, t. I, p. 84
er
( 59 )
paraissait ensuite (1); à sa droite étaient l’évêque de Tor-
tosa, Adrien d'Utrecht, que Léon X venait d'élever au car-
dinalat, et à sa gauche l’archevèque de Saragosse et de
Valence, don Alonso d'Aragon. Les hérauts Castille et
Brabant, les sergents d'armes, les massiers, les huissiers
précédaient le roi, qui marchait sous un dais de drap d’or,
ayant devant lui le comte d’Oropesa, l'épée nue à: la
main, à sa droite un peu en arrière ambassadeur du pape,
à sa gauche les ambassadeurs de l'empereur et du roi
d'Angleterre, et ses hallebardiers allemands et espagnols
rangés autour de lui. La princesse Éléonore suivait avec
M. de Chièvres et les dames et demoiselles de sa cour;
puis venaient le grand chancelier le Sauvage et le conseil.
La marche était fermée par la compagnie des archers de
corps. Toute la population fut enchantée de la bonne mine
de son jeune souverain. Charles portait, par-dessus une
armure légère en acier, un sayon de drap d’or et d'argent
doublé de satin cramoisi et tout étincelant de pierreries;
il était coiffé d’un bonnet de velours noir garni d’une
plume blanche d'autruche et d'un gros rubis balais, au
bout duquel pendait une perle orientale d’une valeur ines-
timable. Il montait un cheval fringant qu'il conduisait
avec une merveilleuse adresse. Avant de descendre au
logis qui lui était destiné, il alla à la cathédrale, où il fit
ses dévotions et baisa les Évangiles (2).
Dans les jours qui suivirent son entrée à Valladolid,
l’'amirante, les ducs de Bejar et de Nájera, les marquis
d’Astorga et d’Aguilar et d'autres grands seigneurs de Cas-
(1) Sandoval le fait venir à la suite du roi, mais Laurent Vital dit posi-
tivement le contraire, et il doit être cru, puisqu'il était présent,
(2) Relation de Laurent Vital. :
a
( 60 )
tille y vinrent pour lui présenter leurs hommages (1). H y
vint aussi des ambassadeurs de plusieurs princes, chargés
par leurs maîtres de féliciter le nouveau souverain sur
son arrivée dans ses royaumes d'Espagne (2).
Le 26 novembre se fit, en l’église de San Pablo, avec |
beaucoup de solennité, la remise du chapeau au cardinal
de Tortosa; Charles voulut honorer cette cérémonie de sa
présence, en témoignage de son estime pour son ancien
précepteur (3). Le lendemain il se porta, avec son frère et
les principaux personnages de sa cour, au-devant de la
reine Germaine de Foix, qu’il conduisit jusqu’au logis qu'on
avait préparé pour elle et qui était en face de son palais :
afin qu'ils pussent communiquer entre eux plus facilement,
on construisit un pont de bois qui allait d’un côté de la rue
à l'autre (4). Charles, dans ces premiers temps, marquait
un grand respect à Germaine de Foix, se souvenant qu ‘elle:
avait été la femme du roi son aïeul et qu’il la lui avait re-
commandée à son lit de mort; il Fhonorait comme si elle
eùt été sa mère et lui en donnait le nom; lorsqu'elle en-
trait où il était assis, il se levait de son siége et se décou-
. vrait; il mettait le genou en terre en lui parlant. Tant de
déférence , de courtoisie, n’eut pas une longue durée; peu
à peu les relations se refroidirent entre le roi régnant et _ ;
lex-reine. La conduite de Germaine de Foix en fut en
partie cause : la veuve de Ferdinand le Catholique aimait
(1) Relation de Laurent Vital.
(2) Sanpovac, t, I, p.
(5) Ibid. — ns de anas Vital.
(4) Relation de Lanrent Vital. — « Ce pont - es - dit notre narrateur — _
» estoit faict à manière d'une galerie bien faicte, pendant
» en Pair, sans qu'il y eult nuls qe dessonbs : et plus 3 y avoit charge et
» faix dessus, et plus estoit-on à
is RÉ
RE
En
(61)
les plaisirs, les fêtes, les festins, et bien que sa chasteté
fût à Fabri de tout soupçon, elle oubliait quelquefois la di-
gnité que lui commandaient son nom et son rang (1).
L'affluence de princes, de grands seigneurs, de diplo-
mates, de courtisans, de gens de tous états, qu'il y avait
en ce moment à Valladolid, et la difficulté de loger tant de
monde, donnèrent lieu à des incidents qui nous paraissent
mériter d’être rapportés. L'officier de la maison du roi
chargé de faire le logement des seigneurs et des person-
nages officiels, visita les maisons de la ville : les meilleures
étaient occupées par des gens d'église ; il pria ceux-ci, pour
l'amour de leur souverain, de recevoir chez eux des hôtes,
tels qu'ils voudraient, espagnols ou belges , ecclésiastiques
ou séculiers. Quelques-uns condescendirent à sa demande;
mais la plupart s’y refusèrent absolument, alléguant leurs
priviléges et menaçant d'excommunication ceux qui ose-
raient y porter atteinte. Le- maréchal des logis, à qui ces
maisons étaient indispensables, les fit ouvrir de force par
l’alcade et les alguazils qu'on Jui avait donnés pour l'as-
sister. Les prêtres, furieux, réalisèrent leurs menaces, et
Pexcommunication fut fulminée contre lui. Ils ne se con-
tentèrent pas de cela, mais ils voulurent faire ressentir à
tous ceux de sa nation les effets de leur colère : quand des
Belges entraient dans des églises, on y cessait à l'instant le
service divin; on affichait aux portes des temples des écrits
où ils étaient vilipendés; s'ils allaient entendre la messe
(1) « …. No duré esta cortesía mucho, porque el rey luego cobró au-
thoridad, y ella miró poco por la suya , gustando mas de sus plazeres, co- |
midas, huertas y otras cosas agenas de quien era (aunque no en lo que -
toca à la mea de su persona), rs de mirar por el respêlo que sus
tocas pedian…. » (SaxpovaL, t.I, p. 95.
(62) 1
dans quelque endroit secret converti en chapelle et qu’on
les y découvrit, on les obligeait d'en sortir. L'interdit fut -
même jeté, à plusieurs reprises, sur toutes les églises et _—
les monastères de la ville. Des Belges s'étant plaints de
` ces procédés à des personnes du pays, ils eurent, pour
toute réponse, qu'il était dangereux en Castille d’exciter
le courroux des prêtres, car leurs priviléges étaient
grands (1). Ce n’était pas que l'autorité civile n’eût pu
réprimer labus qu’ils en faisaient: mais Charles ne voulut —
point inaugurer son règne par des actes de rigueur, si légi-
times qu’ils fussent (2). 4
Quelques jours après son entrée à Valladolid, ce prince
s'était transporté à la chancellerie : là, ayant à ses côtés |
l'infant Ferdinand, madame Éléonore, monsieur de Chiè- .
vres, le grand chancelier le Sauvage, il avait présidé à une
audience de cette cour souveraine. Le 12 décembre il con-
voqua les cortès (3).
de
S
VL
La présence à la cour de la fleur de la noblesse des Pays-
Bas et d’Espagne ne pouvait manquer d’être l’occasion de |
plaisirs, de divertissements, mais surtout de faits d’armes 3
et de chevalerie. Aux fêtes de Noël, quatre gentilshommes -
sie le comte de Porcéan, les seigneurs de Beaurain, de 8
(1) Relation de Laurent Vital.
(2) « …. Là cognus-je mieulx que jamais la bonté et TE du roy, .
el aaide leur malice : car là où il avoit matière de soy mescontenter de —
ce nonobstant, à sa joyeuse venue,.ne volloit nulluy ss et prin-
valent gens d'église, desquels mé voeult légièrement prendre ven-
ien qu'il avoit bien matière de le faire et de leur faire perdre
leur temporel... » (LAURENT VITAL.)
(5) Sanpovar, t. L, pp. 84 et 85.
R
( 65 )
Fiennes et de Senzeille , après en avoir obtenu l'agrément
du roi, firent publier un tournoi qui eut lieu sur la grande
place de Valladolid avec un éclat, un succès dont retentit
toute la Péninsule. Chacun des quatre entrepreneurs y
commandait une compagnie de quatorze hommes d'armes,
tous gentilshommes comme lui, et pour la plupart des
Pays-Bas et du comté de Bourgogne (1) : ce qui faisait le
nombre de soixante combattants. Ces hommes d'armes
étaient habillés richement à l'instar de leurs chefs, et de
couleurs différentes selon la compagnie à laquelle ils ap-
partenaient : les mêmes couleurs se faisaient remarquer
sur les harnais de leurs chevaux. Le tournoi commença
par une course de lances à fer émoulu, de trois contre
trois, suivie d'un combat à l'épée : dans cette première
lutte, deux hommes d'armes furent renversés par terre
avec leurs chevaux. Lorsque les soixante gentilshommes
y eurent pris part, les compagnies du comte de Porcéan
et du seigneur de Senzeille se mirent en bataille, la lance
en arrêt, à l’un des bouts de la lice, et au bout opposé
celles des seigneurs de Fiennes et de Beaurain. Au signal
donné elles s’élancèrent bride abattue l’une contre l’autre
avec impétuosité. Le choc fut terrible : les lances volaient
en éclats; cinq chevaux furent tués sur le coup; plusieurs |
autres furent blessés mortellement. « La chose fut aussi
» rudement démenée » — dit Laurent Vital — « comme
» si ce fust esté une bataille mortelle, où n’y avoit autre
» différence, que les coraiges des combattans n’estoient _
» point délibérez d’ochir Pung l’autre. » Le tournoi ne finit
pourtant point là; mais, après qu’on eut relevé les cava-
(1) Laurent Vital donne les noms de tous ces gentilshommes.
(64) |
liers jetés par terre et remplacé les chevaux morts ou
blessés, le combat reprit à l'épée et avec une nouvelle ar-
deur : il fallut même que, le programme accompli, on em- «
ployàt la force pour séparer les combattants, qui ne vou-
laient pas faire retraite. Charles, Ferdinand, madame _
Éléonore, tous les seigneurs qui se trouvaient à Valla-
dolid et toute la cour assistaient à cette fête, qui, au rap-
port de Vital, n'avait pas attiré moins de quatre-vingt mille
spectateurs.
Cependant le jour -approchait où les cortès devaient se a
réunir. Les grands qui ne se trouvaient pas encore à Val-
ladolid , les seigneurs, les procuradores des villes, y arri-
vaient de tous les points du royaume. Deux questions oc-
cupaient les esprits avant que la représentation nationale
fût appelée à les discuter : on se demandait si, la reine
doña Juana étant en vie, les cortès pouvaient reconnaître
Charles pour roi de Castille, et, au cas qu’elles le recon-
nussent, si elles lui prêteraient serment avant qu'il eût
lui-même juré d'observer ce que Ferdinand le Catholique A
avait promis à l'assemblée de Burgos en 1511 (1).
Le 12 janvier 1518, une réunion préparatoire des procu-
radores eut lieu au monastère de San Pablo pour la véri-
fication des pouvoirs. Le chancelier le Sauvage, auquel
Charles avait conféré la charge de grand chancelier de Cas-
tille, devenue vacante par la mort de Ximenes, s'y présenta
pour présider au nom da roi, assisté d'un’autre ministre
belge dont les historiens ne font pas connaître le nom , de
don Garcia de Padilla et de don Pedro Ruiz de la Mota,
-évêque de Badajoz. La surprise et le mécontentement des
EK
(1) SanpovaL, LE, p. 85. — Larvexrte, Historia general de España,
Ip 82 s
bist nde D A
;
Ì
( 65 )
proeuradores en voyant des étrangers intervenir aux cortès
furent extrêmes. Le docteur Juan Zumel, l’un des deux
députés de Burgos, homme plein de patriotisme et d'éner-
gie, s'en plaignit en leur nom à don Garcia et à l'évêque.
N'ayant pas obtenu d'eux la satisfaction qu'il prétendait, il
protesta solennellement, au nom de tous ses collègues,
dans la séance suivante, et demanda au secrétaire des
cortès acte de sa protestation (1).
La conduite du docteur Zumel indigna fort la cour; lir-
ration contre lui s’accrut quand on sut qu'il excitait ses
collègues à ne pas prêter serment au roi avant que Charles
eùt juré de garder les libertés, priviléges, lois et coutumes
_de la Castille, et spécialement les pragmatiques, faites aux
cortès de 1511, qui interdisaient de donner à des étran-
gers des dignités, charges, bénéfices, ou des lettres de
naturalisation pour «qu’ils pussent les impétrer. Mandé
devant le chancelier et les deux ministres espagnols, il se
vit menacé par eux d'être privé de sa liberté et traduit
devant les tribunaux comme ennemi du prince : il leur
répondit, sans se troubler, qu’il ne craignait rien: si l'on
procédait envers lui selon les règles de la justice; il ajouta
qu’ils pouvaient tenir pour certain que les cortès ne prê-
teraient serment au roi qu'après que lui-même il le leur
aurait prêté dans les termes énoncés plus haut, leur disant
encore que le royaume n'était pas disposé à souffrir que
M. de Chièvres emportât l'argent du pays. Les autres procu-
radores, lorsqu'ils eurent eu connaissance de ce qui venait
de se passer, prirent fait et cause pour leur collègue; il y
eut à ce sujet beaucoup de débats entre eux et les minis-
tres. Ils voulurent présenter au roi une requête où ils
(1) SanpovaL, l. c. : ,
me SÉRIE, TOME XXXHI. 5
( 66 ) d
exposaient leurs doléances et leurs demandes; le Sauvage, —
Padilla et Mota, qui s'étaient concertés avec M. de Chièvres, —
leur firent observer que de semblables pétitions, alors que
le souverain n’avait pas encore adressé la parole aux
‚cortès, étaient contraires aux convenances autant qu’à
usage, mais qu’ils rendraient compte au roi de l’objet de
leurs remontrances. Zumel répliqua qu'il était préférable,
pour prévenir des discussions fâcheuses, que le roi connût
d'avance les sentiments de la nation. Les conférences des
ministres avec les procuradores continuèrent pendant plu-
sieurs jours. il y en eut un où, le grand chancelier ayant
mandé Zumel seul, on crut que c'était pour le faire arrê-
ter ; les députés de Cordoue et de Grenade voulurent s’en
assurer; ils allèrent à la demeure du chancelier et atten-
dirent à la porte jusqu’à ce que. Zumel en sortit. Tout
s'était réduit, entre le représentant de Burgos et le pre-
mier ministre de Charles, à un dialogué animé où celui-ci
avait usé de paroles rudes et menacantes, et Zumel avait
répondu avec une fermeté inébranlable (1). _
Au milieu de ces discussions, Charles ne négligeait pas
ses devoirs envers sa mère. Le 16 janvier il partit pour
Tordesillas; il pan Miti jours avec la.: reine (2). Laurent .
Vital ne ppret larité de ce voyage (5).
E
=
ee
(1) SanpovaL, p. 86. — LAFUENTE, t. XI,
(2) Compte 12e de Pierre Boisot du ter juillet 1517 au 50 juin 1518.
(5) « …. Dieu scèt comment il fast bien venu et voluntiers veu à Toro-
decillas. Des devises d’entre la mère et le filz ne vous scauroye racompter,
sinon ainsi que l’on poeult conjecturer qu'il y peult avoir entre la mère et _—
l'enfant. … » i
C’est là tout ce que Vital dit de ce voyage. Il se trompe d’ailleurs (si
toutefois ce n’est pas une faute de copiste), en indiquant au 16 février;
Je compte de Bofsot est précis à cet égard.
ee NEE DD a aan
(67 )
Enfin, le 5 février, eut lieu l'ouverture des cortès.
Charles y assista, ayant à sa droite l’infant Ferdinand, le
connétable de Castille, l'archevêque de Grenade, don An-
tonio de Rojas, président du éonseil royal, et d'autres
personnes de distinction; à sa gauche le grand chancelier,
Pamirante de Castille, le comte de Benavente, le marquis
d’Aguilar, les ducs d’Arcos, d'Albuquerque, de Nájera , le
comte d'Ureña, etc. M. de Chièvres était assis derrière lui.
L'évêque de Badajoz prononça un long-discours où il re-
traca tout ce que le roi avait fait depuis son émancipation,
et qu'il termina en requérant les procuradores de prêter
serment à leur souverain. Organe de l'assemblée, comme
député de Burgos, le docteur Zumel, après avoir remercié
le roi de sa venue en Castille et des communications faites
en son nom aux cortès, dit qu'elles étaient prêtes à lui
prêter serment, à condition qu’il jurât d'observer leurs lois
et priviléges. La plupart des procuradores s'approchèrent
alors du trône et firent le serment dusage. Charles, à son
tour, jura de garder les priviléges et bonnes coutumes des
villes ainsi que les lois du royaume. Comme il ne spécifiait
pas celle qui excluait les étrangers des charges et bénéfices,
Zumel insista pour qu’il la rappelât en termes explicites :
à quoi il répondit en espagnol : « Cela je le jure (1). »
Phrase qui parut ambiguë à plus d’une des personnes pré-
sentes, en ce qu'elle mien vern se rapporter à ce qu’il venait
de jurer (2).
La prestation solennelle de foi et hommage des is
de l'État fut fixée au dimanche 7 février. Charles se rendit,
à cheval, de son palais à l’église de San Pablo, où elle
(1) « Esto juro. »
(2) SANDOVAL , l. c. — LAFDENTE, l. c.
(68) |
devait avoir lieu; il était accompagné du nonce, des am-
. bassadeurs de l'empereur, des rois de France, d'Angleterre, —
}
rent marcher à pied, et la tête découverte, à ses côtés, | Li
quoiqu'il neigeât et que les rues fussent pleines de boue(f). |
Le prince Ferdinand et madame Éléonore l'avaient précédé .
à San Pablo. Après que la messe eut été célébrée par le |
cardinal de Tortosa, Charles s’assit dans un fauteuil placé
devant le grand autel, ayant derrière lui le cardinal, qui M
tenait le livre des Évangiles ouvert et la croix. Don Garcia —
de Padilla donna lecture d’un écrit par lequel l'infant
l’Infante, les prélats, les grands, la noblesse et les procu-
radores des villes des royaumes de Castille, de Léon et de
Grenade recevaient Charles pour leur vrai roi, légitime
successeur et seigneur naturel et propriétaire de ces.
royaumes, conjointement avec la reine, sa mère, et s'en-
gageaient, sous la foi du serment, à lui être bons et or ‘
sujets.
Ro re
PAT
(1) « … Autour du roy estoient tous les grands maistres, tous à pied
et à teste découverte : les ungs tenant son cheval par la bride, les aultres
par le poictrail ou par l’estrivière et par où ilz pouvoient advenir,
au bout de sa robbe. Et combien que le roy leur priast que ilz ERE
à cheval, et que il se contentoit bien d’eulx et de leur bon vouloir
nonobstant le a compaignèrent en Pestatsque dessus jusques à su ki
` Saint-Pol..... Et nonobstant que il plouvoit, naigeoit et faisoit fort laid, car
le T estoit fangeulx et plain de bedaire (7), par-dessus la chaucie,
de une palme de hault, si ne laissèrent ces princes d'aller à pied, là où
leurs pantoufles et chausses d’escarlatte furent gastées par ladicte fange;
et ne contregardoient leurs riches habits de ladicte pluye non plus que se
ilz fussent été de canevache (canevas) : en allant par lequel chemin, sou-
vent entroient en la fange jusques aux chevilles du pied... » (LAURENT
VITAL.) .
‘hi
(69)
Padilla ayant fini, Ferdinand monta les degrés de
l'autel, s'avança vers le cardinal Adrien et, touchant le
livre des Évangiles, dit : Je le jure; il se mit ensuite à
genoux devant le roi, pour baiser sa main que Charles
retira. Madame Eléonore, conduite par l'infant, remplit la
même formalité; elle voulut aussi baiser la main du roi,
mais il ne le souffrit point, et il baisa sa sœur à la joue.
A leur tour, et successivement, l'infant de Grenade, les .
archevêques, les évêques, le connétable , l’amirante, les
seigneurs titrés, les procuradores, firent le serment; chacun
d’eux, après avoir juré, fut admis à "honneur du baisemain.
Il existait en Espagne une autre forme de serment :
c'était celui, connu sous le nom de pleito homenaje,
que le vassal faisait à son suzerain et qu’il ne pouvait en-
freindre sans commettre le crime de trahison. Don Garcia
de Padilla invita l'infant et les membres des trois-ordres
du royaume à le prêter, pour donner plus de force encore
à ce qu'ils venaient de promettre. Ferdinand, répondant
à cet appel, se présenta tête nue devant M. de Chièvres,
lequel était debout auprès du fauteuil du roi, et, les genoux
fléchis, plaça ses deux mains jointes entre les siennes : ce
qui était la solennité propre au pleito homenaje. Puis M. de
Chièvres se retira, et ce fut l'infant qui reçut les serments
des prélats, des ducs, des marquis, des comtes, des cheva-
liers et des procuradores des villes. Cela fait, Charles se
leva; mettant la main sur les Évangiles, il renouvela ce
qu’il avait promis et juré aux cortès deux j Fe auparavant.
Un Te Deum termina la cérémonie (4).
(1) LAURENT VITAL. = SANDOVAL, t. I, pp. 88,
Après avoir rapporté le serment du roi, mi ajoute: « Et l’on
» mit que, si dans quelque temps Dieu donnait la santé à la reine P
é
(70)
Charles s'empressa d'annoncer au roi de France lévé-
nement qui venait de s'accomplir : « Monseigneur, — écri-
» Vit-il à François 1° — pour continuation de la fervente
» amour que je vous porte, vous ay bien voulu, comme —
» bon fils à bon père, advertir de la prospéreuse succes-
» sion de mes affaires de par deçà; et sont telz que, en
» rendant grâces à nostre Créateur, qui le tout dirige, le
» jour d'hyer, au temple de nostredict Créateur, après la _
» messe solennellement célébrée, notablement accompa-
» gnié de plusieurs ambassadeurs, et mesmes du vostre,
», magnifiquement et solennellement suis esté receu et juré
» pour roy et seigneur en ces mes royaumes de Castille,
» Léon, Grenade et leurs deppendences, par les prélatz,
» grands et nobles et les gens représentans les estatz desdis
» royaumes, unanimement, avec une si très-grande révé-
» rence, bonne veulle et allégresse, et davantage tous si
» bien disposez et incline; à me faire service, que mieulx
» west possible... (1). »
» Juana, dame propriétaire de ces royaumes, il cesserait de les gouverner
» etle gouvernement en serait exercé par la reine sa mère; qu'en toutes
» les lettres et dépêches royales qui s ’expédieraient du vivant de la reine,
» le nom de Ía reine figurerait avant le sien, et qu'on ne l'appellerait plus à
» que prince d'Espagne. » Quelle que soit l'autorité de cet historien, ce
qu'il avance ici nous paraît hors de toute vraisemblance : le serment que —
Charles avait à prêter le 7 février ne pouvait être autre que celui qu'il
avait prêté le 5.11 y a d’ailleurs, dans la phrase de Sandoval que nous
venons de citer, une confusion qui saute aux yeux : le membre, qu'on ne
genen plus que prince d Espagne, s ’appliquait en dans
de l’auteur, au cas où la reine aurait recouvré
a Vital se borne à dire que ek fit le serment dn vas rois ses
prédécesseurs avaient aëcoutumé de
(1) Lettre originale, à la etek nationale, à Paris: MS. franc.
2960.
ENE
EA et Re se
(7 )
Le lecteur a pu voir qu'il n’y avait pas eu, au sein A
cortès, cette unanimité dont Charles se félicitait dans sa
lettre au roi de France, et un fait autorise à croire que
l'allégresse n’était pas générale dans le-publie : on trouva,
attachés aux portes des églises de Valladolid, des placards
où des reproches sanglants étaient adressés à la Castille
sur ce qu'elle souffrait que des étrangers qui ne l'aimaient
point la gouvernassent, et qu’ils songeassent à éloigner
du royaume le prince Ferdinand, qui non-seulement y
avait reçu le jour, mais y avait été nourri et élevé. Les
auteurs de ces écrits séditieux ne craignaient pas d’y ex-
primer l'espoir que les Aragonais vengeraient les i injures
faites aux Castillans (1).
Des joutes eurent lieu pour fêter les derniers jours du
carnaval. Charles entra lui-même dans la lice (2), et com-
battit contre le seigneur de Senzeille, son grand écuyer ;
il courut quatre fois et rompit trois lances, aux applaudis-
sements de la foule qui encombrait la Grand'Place. Le soir
il y eut bal au palais : les dames s'étant réunies aux juges
pour décider à qui serait donné le prix de la joute, la ma-
jorité se prononça pour le roi. Le prix lui fut présenté par
madame Éléonore (3).
La session des cortès fut close au commencement de
mars. Cette, assemblée accorda à Charles un subside de
deux cents cuentos de maravédis (4), payable en trois an-
nées : c'était le plus considérable qu'aucun souverain de la
(1) LAURENT VITAL.
(2) Le 16 février, qui était le mardi gras.
(5) LAURENT VITAL.
(4) Un cuento correspondait à un million, et le maravédis à un cen-
time et demi environ de notre monnaie.
e AE
(72)
Castille eût obtenu jusqu'alors (1). Avant de se séparer,
elle présenta au roi un cahier contenant quatre-vingt-huit
pétitions, Elle demandait, dans la première, que la: reine
doña Juana eût une maison et une résidence telles qu’elles
étaient dues à la reine dame des royaumes de Castille (2).
Parmi les suivantes, les plus notables étaient que le roi se
mariàt aussitôt que possible, et que jusque-là Finfant Fer-
dinand ne quittàt point l'Espagne; qu’il confirmât les lois,
pragmatiques, libertés et franchises des cités et des villes;
que des étrangers ne fussent pourvus d'offices, de béné-
fices, de dignités ni de gouvernements; qu’il ne leur fût
pas non plus accordé de lettres de naturalisation, et que
celles qu’ils auraient pu recevoir fussent révoquées; que
les ambassades et les charges de la maison royale ne fus-
sent données qu'à des Espagnols; que le roi voulût bien
s'habituer à parler castillan , parce qu’ainsi il saurait plus
tôt la langue et pourrait mieux comprendre ses vassaux et
se faire comprendre d’eux; qu’il ne permit pas l'extraction
du royaume de l'or et de Fargent; qu’il prit des mesures
pour que, en Voffice de l’inquisition, il se fit justice en gar-
dant les sacrés canons et le droit commun; que ses sujets
fussent admis à son audience au moins deux jours par
semaine; que des biens immeubles ne pussent être donnés
à aucune église, monastère, hôpital ou confrérie; qu'il
maintint la couronne de Castille en la possession du
royaume de Navarre, etc.
Charles mit pour apostille à la première pétition qu'il
(4) Larverte, t. XI, p. 86.
(2)-« Que la reina aoda Juana, madre del rey, estuviesse con la. casa
y assiento que à Su Real Magestad se devia, como à reyna seùora destos
‘
8 _reynos. »
a
Fr Te
OO UOTE PPT OS LOUE G E N
(75 )
en remerciait les procuradores; qu'il n’y avait rien qui fût
pour lui l’objet de plus de sollicitude que la satisfaction de
la reine sa mère, comme ils auraient lieu de s’en con-
vaincre (1); et il le prouva en effet en nommant gouver-
neur de la maison de la reine don Bernardo de Sandoval y
Rojas, marquis de Denia, l’un des seigneurs les plus consi-
dérables de Castille : personnage qui devait être d'autant
plus agréable à dona Juana qu'il avait servi, durant de lon--
gues années, le roi catholique, dont il avait eu toute la
confiance (2). Sur les autres pétitions Charles répondit en
termes gracieux et qui salisfirent généralement l'opinion
publique : en ce qui concernait l'usage de la langue espa-
gnole, il dit qu'il s'efforcerait de complaire aux cortès, rap-
pelant, à ce propos, que déjà il avait commencé de la
parler avec des membres de leur assemblée et d'antres
personnes (5).
i VIL
A la veille de s'éloigner de Valladolid, Charles voulut
exécuter un dessein qui le préoccupait depuis sa première
visite au palais de Tordesillas. Il avait été vivement
affecté de la situation de l’infante dona Catalina. La jeune
princesse, dans ses entretiens avec lui et avec madame
Éléonore, ne leur avait pas caché le peu de satisfaction
qu’elle avait de l'existence qui lui était faite et son désir
d'être ede et traitée ainsi que létaient ses sœurs;
(1) « A lo qual respondió el rey que se lo agradecia, y que no tenia otro
cuydado per ni mas principal que de lo que tocava á esto, como verian
por obra
(2) ab: LI, p.94.
(5) Ibid., t. 1, pp. à et suiv. — LaFvENTE, t. XI, pp.86 et suiv.
(74) 9
Charles lui avait promis de réaliser un vœu qui s’accor- »
dait avec ses propres sentiments.
Mais comment la tirer de Tordesillas ? La reine n’aurait
certainement pas consenti à se séparer de sa fille. Em-
mener l’infante sans qu'elle s'en apercût était difficile,
car elle ne la perdait pas de vue, et la princesse, pour
sortir du palais, devait passer par son appartement. Si
Fon y parvenait même, n’était-il pas à craindre qu’elle ne
s'en courroucàt et n’en éprouvàt un chagrin mortel? A la
vérité, le roi catholique, à son retour en Castille dans
l'année 1507, avait pris à sa cour l'infant Ferdinand qu’elle
prétendait retenir auprès d'elle, et, au bout de quelques
jours, elle n’y avait plus pensé; mais le cas était bien diffé-
rent: infant avait été élevé loin de la reine; doña Cata-
Jina ne l'avait pas quittée depuis sa naissance. ' i
Chärles résolut toutefois de tenter l’entreprise.
Parmi les serviteurs de la reine , il y en avait un auquel
elle se fiait entièrement, qui allait et venait dans son ap-
partement et celui de l’infante quand il le trouvait bon et
sans que, pour ainsi dire, on prit garde à lui : il s'appelait
Bertrand Plomont et était de Wavre-Sainte- Marie dans
le Brabant wallon. Charles lui fit demander g'il voulait
seconder ses intentions et s'il croyait pouvoir les réaliser
à l'insu de la reine; Plomont répondit qu'il était prêt à
faire tout ce qui lui serait ordonné; il dit comment il s'y
prendrait. Son plan fut approuvé par le roi.
La chambre où dormait doña Catalina était contiguë à
l'extrémité d’une galerie dont elle n’était séparée que par
un mur ou une cloison en terre. Une tapisserie régnait le
long du mur à l’intérieur ; du côté de la galerie il était
étoupé pour amortir le bruit qu’auraient fait les pages ou
d’autres personnes en la traversant. Le soir, à "heure où
jé maa
(75) |
l'on ne passait plus en cet endroit, Plomont s'occupa à
pratiquer, dans le mur de la chambre de la princesse, une
ouverture par laquelle il y pût pénétrer; il accomplit cet
ouvrage avec tant de précaution et d'adresse qu'aucune des
femmes de l’infante n’en eut le moindre soupçon.
Quand ses préparatifs furent achevés, il le fit savoir au
roi, qui fixa, pour l’enlèvement de doña Catalina, la nuit
du 12 au 15 mars. Le seigneur de Trazegnies, chevalier
d'honneur de madame Éléonore, eut ordre de se rendre à
Tordesillas avec plusieurs des dames de la princesse et une
escorte de deux cents gentilshommes à cheval. II était une
heure du matin quand il y arriva. D’après les instructions
qui lui avaient été données, il ne devait pas entrer dans la
ville ni s'approcher du palais, mais attendre, au pont du
. Duero, que l’infante lui fût amenée. Averti de son arrivée,
Plomont s'introduisit sans bruit dans la chambre de doña
Catalina, prit la lumière qui y brûlait toutes les nuits, et
alla doucement éveiller celle des femmes de l’infante qui
était plus particulièrement commise à la garde de sa per-
sonne. Cette femme, voyant un homme en un tel lieu et à
une telle heure, fut d’abord fort troublée; mais elle se
rassura en reconnaissant Plomont, qu’elle savait être des
plus anciens et des plus familiers serviteurs de la reine-
Celui-ci, lui ayant déclaré la commission qu'il avait du
, invita à éveiller l’infante. Lorsqu'elle l'eut fait, il se
présenta devant la princesse et lui dit que le roi, voulant,
comme il le lui avait promis, la délivrer de la captivité où
elle était tenue, l'envoyait chercher par le seigneur de
Trazegnies, lequel était à l'entrée du pont avec beaucoup
de dames, de demoiselles et de gentilshommes pant: lui
servir de compagnie.
Doña Catalina n'était pas douée seulement d'un excel-
(76)
lent naturel; elle avait encore un bon sens au-dessus de
son âge; elle répondit à Plomont : « Bertrand, je vous ai _
» bien entendu. Mais que dira la reine ma mère quand
» elle saura que je ne suis plus ici? Certes je suis prête à
» faire ce que le roi me mande par vous : il me semble
» toutefois qu'il vaudrait mieux que, pendant trois ou
» quatre jours, je restasse secrètement à Tordesillas en
» quelque maison de la ville, afin de voir comment la reine
» prendrait la chose. Si elle s’en accommodait, j'irais
» trouver mon frère; si elle était trop mécontente, on lui
» donnerait à entendre qu'ayant été indisposée, les méde-
» cins avaient prescrit que je changeasse d’air, et l'on
» viendrait me chercher pour retourner auprès d’elle. »
Plomont lui représenta que les ordres du roi étaient précis.
Alors elle permit qu’on lhabillât, mais non sans verser :
des pleurs, car l'idée de ne pouvoir prendre congé de sa
mère la chagrinait. Plomont la fit passer , avec les femmes
qui étaient dans sa chambre, par l'ouverture qu'il avait
faite à la muraille, et alla la remettre entre les mains du
seigneur de Trazegnies; elle monta en une litière amenée
pour elle et où elle trouva les dames et les demoiselles
de madame Éléonore. Trazegnies reprit incontinent le
chemin de Valladolid; il y arriva le 45 de bonne heure.
Dona Catalina fut conduite au palais de sa sceur, qui était
situé près de celui du roi.
Quand on connut à la cour la présence de la jeune prin-
cesse, la satisfaction y fut générale : empressement pour
' la voir était extrême; c'était à qui la fêterait, à qui lui
‘donnerait des marques de respect et de sympathie. Sur
l’ordre de madame Éléonore, on avait remplacé par une
mise conforme à son rang les vêtements mesquins qu’elle
_ portait à Tordesillas; ses nouveaux atours faisaient res-
CHE)
sortir sa beauté et sa grâce naturelles : « Je la veis — écrit
» Laurent Vital — entrer et aller en la chambre de ma-
» dame sa seur par une galerie, et la tenoit par la main le
» seigneur de Traseignies et madame de Chièvres par
» l’autre main, et luy portoit la queue de sa robe la sei-
» gnore donne Anne de Beaumont (1)... Elle avoit lors
» vestue une robbe de satin brochet d'or, de couleur violet,
» et par la teste estoit coyffée à la mode du pays de Cas-
» tille, qui moult bien luy séoit…. »
Le lendemain de son arrivée, des joutes qui devaient _
durer plusieurs jours eurent lieu devant le palais du roi ;
elle y prenait grand plaisir. Après les joutes venaient les
danses et d’autres divertissements. La cour entière ne res-
pirait que la joie. Cette joie fut de courte durée.
La reine Jeanne, le 15, avait fait appeler sa fille par
une de ses femmes de chambre. Celle-ci, ne trouvant ni
l'infante ni aucune des femmes attachées à son service, en
fut si stupéfiée qu’elle mosa pas revenir auprès de la reine.
Jeanne, impatiente, alla elle-même dans l'appartement de
la princesse, et son inquiétude égala sa surprise, quand
elle se fut assurée que doña Catalina n’y était pas. Elle se
mit à visiter tous les coins et recoins de la chambre ; ayant
soulevé la tapisserie qui cachait le mur contigu à la ga-
lerie, elle découvrit l'ouverture par laquelle était sortie
Pinfante; alors elle poussa des cris et des gémissements
lamentables, déclarant qu’elle était résolue à ne boire ni
manger ni dormir tant que sa fille ne lui serait pas rendue.
La pauvre reine ne soupconnait pas la vérité; elle s’ima-
ginait que l'infante avait été ravie par des malfaiteurs.
(4) Doùa Ana de Beamonte.
(78)
Bertrand Plomont observait tous ses mouvements. Quand
il vit qu’elle prenait la chose si vivement à cœur, il chercha
à la calmer : il lui dit que la princesse ne pouvait pas être
perdue, qu’elle en aurait bientôt de bonnes nouvelles; qu'il
irait rendre compte au roi de ce qui s'était passé, et que
des recherches seraient faites de tous côtés dont le résultat
. ne pouvait être douteux; qu'il la suppliait done de se tran-
‘quilliser et de manger et boire comme d'habitude. Mais
Jeanne fut peu touchée de ces raisons : « Ne me parlez
» pas, Bertrand, lui répondit-elle, de boire et de manger;
» je ne saurois le faire jusqu'à ce que jaye recouvré ma
» fille. » 4
Deux jours s'étaient passés ainsi, et la détermination
de la reine paraissait inébranlable. Plomont, qui n'avait
pas d’abord averti le roi, jugea qu’il ne pouvait, plus dif-
férer de le faire sans manquer à ses devoirs; il courut à
Valladolid. Charles fut affligé en apprenant le désespoir de
sa mère : il lui en coûtait beaucoup de renoncer aux pro-
jets qu'il avait formés pour l'éducation de sa jeune sœur;
il n’hésita pas néanmoins, et ayant fait appeler doña Cata-
lina, il lui annonça qu'il lui fallait retourner auprès de la
reine. L'aimable enfant, quoique la vie nouvelle qu’elle
menait la rendit bien heureuse, répondit au roi, sans
pleurer ni montrer de l’hümeur , qu’elle était prête à faire
ce qu’il lui commanderait.
Charles reconduisit lui-même doña Catalina à Torde-
sillas. Il avoua à sa mère que c'était par ses ordres que
Pinfante avait été amenée à Valladolid. Il lui dit qu'il
n'avait pu se dispenser d’avoir égard aux remontrances
des grands du royaume, mécontents de ce que la princesse
était confinée dans sa chambre, ne voyait personne et
n'avait aucune espèce de récréation. Il ajouta qu’afin de
(79)
leur ôter tout sujet de murmurer, il avait résolu, si la
reine le trouvait bon, d'organiser sa maison de manière
que de jeunes filles de condition et de jeunes gentilshom-
mes en fissent partie, lesquels tiendraient compagnie à
Pinfante et joueraient avec elle. Il lui demanda enfin de
permettre désormais que sa sœur pût sortir du palais et
respirer lair des champs, quand le temps serait favorable.
Jeanne , consolée par le retour de sa fille, donna volon-
tiers son assentiment à ce que le roi se proposait de faire ,
et lui promit de laisser dorénavant plus de liberté à l'in-
fante. Doùa Catalina se vit ainsi réduite à passer toute sa
jeunesse dans le triste palais de Tordesillas; elle n’en sortit
qu’en 1524, pour épouser le roi de Portugal Jean II (1).
(1) C'est la relation de Laurent Vital qui nous a fourni cet intéressant
épisode. Voici tout ce qu'en dit Sandoval (p. 95): « El rey embió por la
» infanta dona Catalina su hermana, y quizo que viniesse sin que la reyna
» dona Juana su madre lo entendiesse. Y como la reyra la echó menos,
» sintió tanto su ausencia que estuvo tres dias sin comer bocado. Y avi- -
» sando al rey, mandó luego bolver la hermana , y fué tras ella à se dis-
» culpar y visitar à la reyna. »
( 80)
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 4 janvier 1872.
M. L. GaLLair, directeur de la classe, président de
l'Académie. |
M. Ap. QUETELET, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, G. Geefs,
Madou, A. Van Hasselt, H. Vieuxtemps, J. Geefs, C.-A.
Fraikin, Ed. Fétis, Edm. De Busscher, J. Portaels, Alph.
Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck,
G. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, E. Slingeneyer,
Robert , membres; Ed. De Biefve, correspondant.
CORRESPONDANCE.
M. le secrétaire perpétuel présente l'Annuaire de l’ Aca-
démie pour 1872, dont l'impression vient d’être terminée.
Ce travail renferme, en ce qui concerne la classe, les
notices sur Leys, par M. Éd. Fétis, sur Ch.-L. Hanssens,
par M. le chevalier de Burbure, sur Étienne Soubre, par
M. H. Vieuxtemps, et sur Bock, par M. de Reumont.
Il offre ensuite l'Annuaire de l'Observatoire pour la
même année, — Remerciments.
RME EEE Neenee te Saunas Sue à ien T
(41 )
. — Le Département de l’intérieur transmet , de la part
de l’Académie des beaux-arts de Saint-Férdigand : à Ma-
drid, le 2 cahier du recueil intitulé : Cuadros selectos ,
in-folio: avec planches gravées.
Il est également fait hommage, de la part de M. le ba-
ron B. de Koehne, associé de l'Académie, des 1° et
5° volumes de son Catalogue de la galerie des tableaux de
l'Ermitage impérial, à Saint-Pétersbourg (2° édition). —
Remercîments.
— La Société des arts et des antiquités à Ulm remercie
pour l'envoi des derniers travaux académiques.
— M. Gallait annonce qu'il s’est fait l'organe et l'inter-
prète des trois classes, en sa qualité de président de
l’Académie, pour offrir à la Famille royale les compli-
ments du jour de Van. I a saisi cette occasion pour inviter
le Roi au prochain jubilé.
Sa Majesté a répondu qu'elle assisterait à cette solen-
nité et a fait espérer que la fête serait également honorée
de la présence de la Reine, si la santé de Sa Majesté le
permettait.
Le Roi a témoigné le vif intérêt qu’il porte aux tra-
vaux de l'Académie. Ces pacifiques travaux des sciences,
des lettres et des beaux-arts sont pour le pays une fórce
défensive, ce qui n'empêche pas, a ajouté Sa Majesté,
qu’on ne doive s'appuyer en même temps sur une autre
force.
Le Roi a bien voulu féliciter la classe des beaux-arts au `
sujet des études auxquelles elle s’est livrée pour élaborer le
plan d'un local destiné aux expositions triennales, et dis-
posé de manière que les Er Dr
me SÉRIE, TOME XXXII. 6
(82)
sous le meilleur aspect. C’est un projet dont la réalisation
mérite d'être favorisée, a dit Sa Majesté, aussi bien que
celui qui tend à établir, dans un autre emplacement, de
vastes locaux pour des expositions générales et pour des
musées qui manquent à la capitale, notamment pour un
musée de modèles semblable à celui de South-Kensington,
si précieux pour le progrès des industries qui relèvent des
beaux-arts. Il faut que la foule, lorsqu’elle cherche au
dehors des distractions , puisse se diriger vers de tels éta-
blissements, où elle trouve à la fois le plaisir et l'instruc-
tion.
Sa Majesté a terminé en assurant de nouveau l'Académie
de l'intérêt qu’elle porte à ses travaux, dans le triple
domaine des sciences, des lettres et des beaux-arts.
ÉLECTIONS.
La classe avait à procéder à l'élection de trois membres
titulaires dans la section de musique, en remplacement
de MM. F.-J. Fétis, Ch.-L. Hanssens et Ét. Soubre, ainsi
- qu'à l'élection de deux associés, également dans la section
précitée, pour remplacer MM. Daniel Auber et Saverio
Mercadante.
Pour les trois places de membre titulaire, les suffrages
ont désigné MM. Aueusre Gevaert, maître de chapelle de
S. M. le Roi des Belges et directeur du Conservatoire royal
- de Bruxelles; Cnarres BosseLer, déjà correspondant de la
classe; et le baron ARMAND-Marie LIMNANDER, compositeur.
Ces élections seront soumises à l'approbation de Sa
is 5
(85)
Majesté, conformément à l’article 7 des Statuts organiques
de l’Académie. à
Les suffrages se sont portés, pour les deux places
d'associé, sur MM. Cuarres Gounor, compositeur à Paris,
et Basevi, compositeur à Florence.
— La classe avait aussi à élire son directeur pour 1873.
Les suffrages ont désigné M. Louis Alvin.
M. Gallait, directeur sortant, a remercié la classe du sym-
pathique concours qui lui avait été donné pendant la durée
de son mandat et a assuré ses confrères de ses plus affec-
tueux sentiments. Il a installé M. Ed. Fétis, directeur pour
l’année actuelle, lequel a proposé de voter des remerci-
ments à son honorable prédécesseur pour la marche si
active qu'il avait imprimée aux travaux de la classe et aussi
pour la manière pleine de tact et de discernement avec
laquelle il s’est acquitté de ses délicates fonctions. — De
vifs applaudissements ont accueilli ces paroles.
M. Alvin a ensuite pris place au bureau, en remerciant
ses confrères pour le sympathique témoignage d'estime
dont ils venaient de l’honorer.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Éd. Fétis a donné lecture de l4 première partie de
son rapport sur les travaux de la classe depuis sa création,
- en 1845, rapport destiné au Livre séculaire qui sera pu-
blié lors du jubilé. — Cette lecture sera continuée.
|
(84)
CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES.
M. Alvin annonce, en sa qualité de trésorier de la caisse,
qu'il vient de recevoir, pour cette institution, par linter-
médiaire de M. De Busscher, une somme de mille francs
prélevée sur le prix de vente des œuvres d'art de la der-
nière exposition artistique qui a eu lieu à Gand. — Des
remerciments sont votés à la commission gantoise.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Commission royale d'histoire à Bruxelles.— Compte rendu
des séances, 5° série, tome XIII, 1 Bulletin. Bruxelles,
1871; in-8°.
Commission académique de publication yaa Gnuf des
grands écrivains du pays.
publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove. Tome XIV:
— Poésies, publiées par M. Aug. Scheler. Tome III. Bruxelles,
1872; 2 vol. in-8°.
Commission académique de publication des anciens monu- —
ments de la littérature flamande. — Ouddietsche fragmenten
van den Parthonopeus van Bloys, door J.-H. Bormans.
Bruxelles, 1871; in-8°
. Quetelet (A). — Annuaire de l'Observatoire royal de Bru-
xelles pour Pannée 1872. Bruxelles: in-12.
Faider (Ch.). — La Constitution belge et la magistrature.
Bruxelles, 1871 ; in-8°.
LEE Le a ri ndr cn Ent pr
( 85 )
raider (Ch.). — L'égalité devant la loi. Bruxelles, 1871; in-8°.
Spring (A.). — Symptomatologie ou traité des accidents
morbides, 2"° fascicule du tome HI. Liége, 1871; in-8°.
Juste (Théodore). — Notes historiques et biographiques
d’après des documents inédits. Bruxelles, 1871 ; in-8°
Henry (Louis). — Précis de chimie générale élémentaire,
gme édition, tome I. Louvain, 4872; in-8°.
Henry (Louis). — Vermischte Notizen : Ueber die Isomerie
der Glycerinderivate. Berlin ; in-8°. :
Willems-Fonds te Gent. sara voor 4872. Gand; in-12.
Pinchart (Alexandre). — Recherches sur les cartes à jouer
et leur fabrication en Belgique, depuis l'année 1579 jusqu'à
la fin du XVII: siècle. Bruxelles, 1871; in-8°.
Schoonbroodt (J.-G.). — Inventaire analytique et chrono-
logique des chartes du chapitre de Saint-Martin, à Liége.
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tomo III’, n° 5; tomo IV°, n° 5. — Atti, vol. XIII, fasce. I-H;
vol. XIV, fase. 4 e 2. Milan, 1874; 2 cah. in-4° et 5 cah.
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Royal Society of London. — Philosophical Transactions,
vol. 160, part. IL; vol. 464, part. 4. Londres, 2 cah. in-4°; —
Proceedings, vol. XIX, n°° 124-129. Londres; 6 cah. in-12; —
Catalogue of scientific papers, vol. V. Londres, 4871; in-4°.
> Royal astronomical Society of London. — Memoirs,
vol. XXXIX, part. 4. Londres, 1871 ; in-4°; — Observations
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chinese Annals; by John Williams. Londres, 1874; in-4°; —
Tables of Iris, by Francis Brünnow. Dublin, 1869; in-4°; —
A general index to the first thirty-eight volumes of the me-
moirs. Londres, 4871 ; in-8°; — Monthly notices, vol. XXXI.
Londres, 1871; in-8°.
Geological Society of London. — The quarterly Journal,
vol. XXVII, part. 4. — List, november 1*, 1871. Londres;
2 cah. in-8°.
Royal asiatic Society of London. — Journal, new series,
vol. V. Londres, 1870; in-8°.
Chemical Society of London. — Journal, serie 2, vol. IX
(n° 94, 95, 96). Londres, 1871; 5 cah. in-8°.
s
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES a
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1872. — Ne 2.
mee
CLASSE DES SCIENCES.
ee
Séance du 3 février 1872.
M. J.-B. »'Omauius D'HALLOY, directeur, président de
l’Académie.
M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel.
Sont presents : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden ,
Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens ,
J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque, Ernest Quetelet,
H. Maus, M. Gloesener , E. Candèze , F. Donny, Ch. Mon-
tigny, Steichen, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren,
membres; Th. Schwann, E. Catalan, Ph. Gilbert, A. Bel- -
lynck, associés; Alph. Briart, Éd. Mailly, J. De Tilly,
_F. Plateau, correspondants.
me SÉRIE, TOME XXXII. To
(90)
CORRESPONDANCE.
La classe prend officiellement connaissance, avec les
plus profonds sentiments d'afflietion, de la perte irrépa-
rable qu’elle a faite en la personne de M. Antoine-Joseph
Spring, membre titulaire de la section des sciences natu-
relles, décédé à Liége, le 17 janvier dernier, à l’âge de 57
ans, après une Courte maladie.
Afin de témoigner les regrets de l'Académie aux funé-
railles d’un savant aussi estimable et aussi distingué, M. le
président, de concert avec M. le secrétaire perpétuel, a
prié M. Dewalque de vouloir bien être, en cette doulou-
reuse circonstance, l'organe et l'interprète des sentiments
de condoléance de tous les membres de la classe, et de.
rappeler en même temps les éminents services rendus par
M. Spring tant à la science qu’à l’Académie.
M. le secrétaire perpétuel s'était empressé de témoigner
à la famille du défunt l'expression des regrets que soule-
vait cette perte si prématurée.
_M. Dewalque a donné lecture des paroles qu'il a pro-
noncées devant le corps du défunt, et par lesquelles il a
cherché à payer le juste tribut d'estime que la Compagnie
devait à un de ses membres aussi distingué; il a rappelé
combien M. Spring méritait, tant par ses travaux que par
son assiduité aux séances, d’appartenir au premier corps
. savant du pays.
_M. de Selys Longchamps a cru devoir lire ensuite la
dernière communication que M. Spring lui avait adressée,
(91)
au moment où les premiers symptômes de la terrible ma-
ladie qui l’a enlevé s'étaient déjà déclarés. Ces lignes prou-
vent, une fois de plus, l'élévation des pensées de celui qui
n’est plus, ainsi que sa constante sollicitude pour les in-
térêts de la science.
M. le secrétaire perpétuel a ajouté que, l’avant-veille du
jour où il a appris la maladie de son regretté confrère, il
venait de recevoir le texte d’une question de botanique,
que M. Spring proposait pour un prochain concours. -
La classe décide que le discours de M. Dewalque ainsi
que la communication de M. de Selys Longchamps pren-
dront place au Bulletin, comme un témoignage des senti-
ments qu’elle professait pour le regretté défunt.
Elle a décidé également que la question qu'il avait
communiquée figurera au programme de 1874. L'énoncé
de cette question sera inséré plus loin, dans la partie de la
séance consacrée au concours.
— Il est donné lecture des dépêches ministérielles sui-
vantes : 7
1° Transmettant une expédition d'un arrêté royal du
2 janvier dernier, nommant M. d'Omalius président de
l’Académie pour 1872; cette communication a été accueil-
_ Jie par les applaudissements de la classe;
2 Adressant une expédition d’un arrêté royal en date
du 2 du même mois, approuvant l'élection de M. Édouard
Morren en qualité de membre titulaire de la classe;
3° Informant que la liquidation d’un subside de 3,000
francs, destiné à majorer les prix de concours de 1871,
aura lieu prochainement;
Et enfin 4° annonçant que M. Putzeys a été nommé,
par arrêté ministériel, membre du jury du concours quin-
Ms
(227
quennal des sciences naturelles en remplacement de
M. Spring.
— M. Élias Fries, d'Upsal, élu associé de la da
remercie , par écrit, pour la distinction dont il a été l'objet.
— La Société hollandaise des sciences à Harlem, la
Société des arts et des sciences à Utrecht, la Société d’his-
toire naturelle à Colmar, la Société silésienne à Breslau,
l'institut égyptien d'Alexandrie et l'institut des sciences
de Venise remercient pour le dernier envoi de publications
académiques.
Plusieurs de ces sociétés adressent, en même temps,
leurs récents travaux.
— M. Éd. Morren fait hommage d’un exemplaire du
recueil intitulé : La Belgique horticole. Année 1871. —
M. Melsens offre une note imprimée concernant la conser-
vation du vaccin. — Remerciments.
— Une 3° note manuscrite de MM. Lucien de Koninck
et Paul Davreux, Sur les minéraux belges, est renvoyée
à examen de MM. Melsens et Donny, qui ont examiné les
deux premières.
— Une note préliminaire présentée par M. G. Van der
Mensbrugge, Sur un fait remarquable qu’on observe au
contact de certains liquides de tensions superficielles très-
différentes, est soumise à l'examen de MM. Joseph Plateau
et Duprez.
— M. Catalan dépose, au nom de l'auteur, M. L. Saltel,
(95) |
une nouvelle rédaction des Études sur certains systèmes
de courbes géométriques , qui ont déjà fait l’objet d’un rap-
port de MM. Gilbert et Catalan (1). Ce mémoire sera ren-
voyé aux mêmes commissaires, afin qu’ils examinent si
l'auteur a satisfait aux observations critiques auxquelles la
première rédaction de ce travail avait donné lieu.
M. Dewalque donne lecture du discours suivant qu'il a,
prononcé, au nom de l’Académie, lors des funérailles de
M. Spring.
Messieurs,
Il appartenait à une voix plus autorisée que la mienne
de parler, dans cette douloureuse solennité, au nom de
l’Académie royale de Belgique, et de rendre un dernier
hommage au confrère éminent dont nous pleurons la perte
prématurée. Retenu loin de nous, notre vénérable prési-
dent, M. d'Omalius d’Halloy, m'a chargé de ce soin pieux.
Je réclame votre indulgence; car, bien que prévenu tardi-
vement, le temps ma manqué moins que la force. Quand
mon esprit s'attache à analyser des travaux qui ont illustré _
une carrière si bien remplie, ma mémoire me rappelle
opiniâtrément la figure aimée de ce maître dévoué, que
j'ai eu le bonheur de rencontrer au seuil de ma carrière
et dont l'affection précieuse m’a constamment suivi depuis.
Dans ce deuil public, ma mission peut sé borner à vous
exposer rapidement la vie académique de notre confrère,
(1) Voir Bulletins de l'Académie’ 2e série, tome XXXII, page 555.
(94)
el les titres qu'il a acquis parmi nous à la reconnaissance
de notre Compagnie et du monde savant.
Nommé professeur ordinaire à l’université de Liége en
1859, A. Spring, âgé seulement de vingt-cinq ans, arrivait
dans ce pays, dont il devait faire sa patrie d'adoption, avec
une réputation scientifique établie. Aussi vit-il bientôt s'ou-
vrir pour lui les portes de l’Académie, dans laquelle il entra
deux ans plus tard en qualité d’associé étranger. La loi qui
lui conféra la grande naturalisation ayant fait disparaître
Pobstacle qui l’'empêchait d’être membre titulaire de ce
corps savant, l’Académie s'empressa de lui conférer cette
qualité en 1864; deux ans plus tard, il était nommé direc- :
teur de la classe des sciences pour 1868.
Durant trente ans, Spring s’est distingué par son assiduité
aux séances et ses nombreuses contributions à nos recueils.
Ardent au travail, avare de son temps, il a su trouver,
malgré les devoirs de l'enseignement, et, plus tard, les exi-
gences de la pratique médicale, le moyen de suivre les
progrès de sciences variées, comme d’y concourir par des
recherches originales. A l’Académie, il s'occupa non-
seulement de biologie et de botanique, mais encore de
paléontologie et de géologie. De nombreux rapports at-
testent à la fois son amour de la science, ses vastes con-
naissances et sa grande bienveillance pour les travaux
d'autrui. En les lisant, on ne sait ce qu’on doit admirer le
plus, la lucidité d'une exposition méthodique, la richesse
d’une érudition variée, la sagacité du jugement ou la hau-
teur des vues.
L'étude des plantes, qui l'avait passionné dans sa jeu-
nesse, resta toujours pour Spring un sujet de prédilection.
De 1835 à 1837, il avait été attaché, en qualité d’aide-
naturaliste, au musée et au jardin botanique de Munich,
(95)
sous la direction d'un savant illustre, M. de Martius, que
nous avons compté parmi nos associés et dont il nous a
retracé la brillante carrière dans une notice savante, élé-
gante et émue, insérée dans l'Annuaire de l’Académie
pour 4871. Il y commença l'étude des lycopodiacées que
son chef avait rapportées de ses longs voyages dans PAmé-
rique méridionale. Les recherches qu'il entreprit à cette
occasion lui permirent de donner en 1858 un exposé de
vues générales sur cette famille de plantes, aussi intéres-
sante par la beauté de ses formes que par les particula-
rités de son organisation; il y établit le genre Selaginella,
type bien caractérisé par ses oophoridies, et que l'on tend
aujourd’hui à ériger en famille. Deux ans plus tard, il don-
nait la description détaillée des genres et des espèces amé-
ricaines dans le premier volume de Flora brasiliensis,
publié par Endlicher et de Martius.
Arrivé chez nous, il entreprit la révision complète des
genres et des espèces de cette famille. La haute estime
que ses travaux antérieurs lui avaient acquise dans le
monde savant, lui valut la libre disposition des matériaux
les plus complets. Un travail étendu, inséré dans les tomes
XV et XXIV des Mémoires de l’Académie, fit connaître au
publie la monographie des lycopodiacées, œuvre magis-
`_ trale, dans en la err h synonymie, la
da ras
morphologie et la distrib de ces plantes
sont traitées avec une sagacité et une précision ‘admirables.
Quelques années plus tard, examinant des œufs qui
avaient été soumis à l'imeubation artificielle pour la dé-
monstration du développement du poulet à son cours de
physiologie, il en rencontra nn qui renfermait des moi-
sissures et dont le développement avait été promptement _ 5
enrayé. Or, on sait een attribue le belen. de
( 96 )
certaines maladies à l'infection déterminée par des orga-
nismes inférieurs parasitaires. La science possédait de nom-
breuses observations de végétaux développés sur l'homme
ou les animaux vivants; Spring lui-même en avait décrit
un cas observé dans un pluvier. Mais on se demandait si
le végétal parasite est la cause ou l’effet de la maladie; si
le germe peut se développer sur l'organisme animal en
_santé et le rendre malade, ou s’il ne se développe que sur
des tissus déjà altérés par la maladie. Spring apercut du
premier coup d’œil le parti à tirer du fait accidentel qu'il
venait d'observer, et entreprit une série d'expériences, à
la suite desquelles il constata que ces petits champignons
pouvaient être inoculés à l'œuf fécondé, vivant, dont ils
arrêtent le développement.
Ces essais d’inoculation l’'amenèrent à constater d’autres
faits relatifs à l'histoire naturelle des champignons, et
dont la nouveauté comme l'importance méritent une men-
- tion toute spéciale.
Cette classe de végétaux renferme, comme on sait, de
nombreux organismes assez variés , depuis les gros cham-
pignons que chacun a vus dans nos bois, jusqu’à d'im-
perceptibles moisissures. Les botanistes y avaient donc
constaté un nombre considérable de formes ou espèces,
qu'ils répartissaient en genres, réunis eux-mêmes en quatre
familles ou vrdres. Chacune de ces espèces était considérée
comme un type distinct, n’ayant pas plus de rapport de
filiation avec un autre qu’un ail avec un poireau, un lys
ou un narcisse. Aujourd'hui, toute cette doctrine semble
_ devoir être abandonnée pour une autre, suivant laquelle
un même type peut se développer sous des formes très-
diverses, suivant les circonstances où il est placé.
Avec la réserve qui west imposée dans une question
|
nie
SARA Ne Rae
RES enden D PAT SRE ET
(97)
étrangère à mes études habituelles, je crois pouvoir reven-
diquer pour mon maître l'honneur d’avoir ouvert la voie
que d’autres ont ensuite parcourue avec un succès que nul
n’était mieux à même d'obtenir, si la direction de ses tra-
vaux ne l'avait empêché de se livrer aux longues recherches
que ce sujet nécessite. En effet, ses observations lont
amené à conclure que la mutabilité de ces formes est telle
qu’elles peuvent varier, non-seulement dans les limites du
genre, mais encore dans celles de la famille el même de
l’ordre.
En 1860, il nous présenta son Mémoire sur les mou-
vements du cœur, spécialement sur le mécanisme des val-
vules auriculo-ventriculaires. Malgré son importance pour
l'étude des maladies du cœur, ce sujet reste ençore obscur
sur bien des points : Spring s'efforça de l’éclairer par de
nouvelles expériences et par une discussion où brille son
érudition. Il insiste sur une dilatation active des ventri-
cules, présystole, accompagnée de la contraction des oreil-
lettes, d’un retrait rapide de la pointe du cœur, et d’un ton
présystolique, qui, se continuant dans le ton systolique,
qu’accompagnent la contraction des ventricules et le choc
de la pointe du cœur, constitue ce qu'on appelle le pre-
mier bruit.
En 1838, Spring avait publié une dissertation remar-
quable sur la signification à attacher aux mols genre,
espèce et variété et sur la cause qui produit les variétés.
Appelé en 1868 à présider la classe des sciences de l'Aca-
démie, il choisit, pour sujet du discours que F usage impose
au directeur lors de la séance publique, l'étude de la
périodicité physiologique. Les variations périodiques qui
s'observent dans l'activité des diverses fonctions de lor-
ganisme, se prêtent naturellement à une exposition dé-
(98)
taillée et intéressante; mais ne croyez pas que Spring
envisage ce sujet comme une froide statistique du mouve-
ment organique : quand il touche à une question, c’est
toujours de haut qu’il l'envisage. Si, dès les premiers mots,
il nous montre le champ de la science tellement agrandi
que la spécialité nous est imposée comme condition du
progrès , c'est pour faire ressortir aussitôt la merveilleuse
unité de la science et l'utilité des corps savants, foyers où
toutes les spécialités se réunissent, se contrôlent et se
fortifient, signalent les analogies et établissent les iden-
tités. L'exposition de son sujet ne se bornera done point
à nous offrir le tableau animé des variations de l’activité
du sang, des nerfs, ou de nos autres tissus : elle doit ser-
vir à nous faire monter plus haut.
Les forces physico-chimiques qui régissent le monde
inanimé suffisent-elles à l'explication des phénomènes de
la vie? L'ancienne science avait répondu négativement.
Les progrès immenses que la physique et la chimie ont
faits dans ce siècle, ont permis d’asseoir la physiologie
sur la base solide de l’expérience et de lobservation, et
aujourd’hui la science moderne est généralement entraînée
à résoudre autrement la question que je viens de poser.
Un savant éminent, le président actuel de l'Académie, a
suscité naguère , au sein de cette compagnie, une discus-
sion sur ce sujet, discussion à laquelle les journaux scien-
tifiques ont donné un grand retentissement. Spring s’est
abstenu d’intervenir dans le débat, jugeant peut-être qu'il
ne pouvait aboutir; mais on connaîtra facilement son opi-
nion en consultant le discours où il nous montre l’indé-
pendance et la spontanéité des fonctions, caractérisées
surtout par une périodicité spéciale qui échappe à toute.
explication PR Pour Spring, l'espèce orga-
(99)
nique est une idée réalisée dans l’espace et dans le temps;
en physiologie, elle est caractérisée par la forme et le
“rhythme, comme en pathologie elle se manifeste par la
force médicatrice de l'organisme.
Je passe à regret sur diverses notices biologiques bien
dignes d'attention, pour arriver à un autre ordre de
aits.
Parmi les questions que leur importance place en ce
moment au premier rang dans les préoccupations du monde
savant, il faut citer particulièrement celle de l’ancienneté
de l’homme. L'Académie et l’Université s’honorent d’avoir
compté dans leur sein un savant dont les recherches sont
aujourd’hui justement appréciées ; néanmoins la méfiance,
pour ne pas dire plus, qui avait accueilli les idées de
Schmerling, n’avait fait que croître après sa mort, et cette
question était bien discréditée lorsque Spring, qui avait
su apprécier l’importance du problème et la valeur des
travaux de ses devanciers, commença ses recherches sur
la caverne de Chauvaux , entre Namur et Dinant. Lorsqu'il
se décida, en 1855, à la suite de nouvelles explorations,
à publier sa note sur les ossements humains qu'il avait
trouvés dans cette caverne, Boucher de Perthes essayait
en vain de rappeler sur ce sujet attention du monde sa-
vant. La note sur Chauvaux eut plus de succès; mais aussi
elle présente une importance toute particulière, car elle
s'occupe, pour la première fois, de l’homme, non antédilu-
vien, mais anté-historique, et elle accorde à l’action de
l bitami une large part dans l'accumulation des ossements
qu’on rencontre dans ces souterrains, et dont la présence
n’avait encore été attribuée qu’à des animaux carnassiers
ou à l’action des eaux diluviennes. Cette exploration a
été le précurseur de découvertes analogues sur différents
$:
(100 )
points de l’Europe, et l'autorité qu’elle en a reçue assigne
à son auteur une place distinguée parmi les savants qui se
sont occupés de cette question.
Onze ans plus tard, dans son discours sur les hommes
d'Engis et les hommes de Chauvaux, il apporte de nou-
velles preuves à l'appui de son opinion; il discute, avec
une sagacité remarquable et une érudition consommée,
les caractères de ces races anciennes, et leurs rapports
avec les races actuelles; puis il cherche à établir une chro-
nologie dans ce qu’on a appelé l'âge de la pierre. La pre-
mière période, pré-glaciaire, se rapporterait à à l'homme
tertiaire, qui aurait été réellement le contemporain de l Ele-
phas meridionalis; la 2, post-glaciaire, comprend, entre
autres, l’homme d'Engis, contemporain du mammouth;
la 5°, diluviale, de l'homme de Chauvaux , possède surtout
le renne et quelques espèces en voie de se retirer vers le
Nord ou dans les hautes montagnes; enfin la 4°, mixte ou
celto-germanique, nous offre les armes et les ustensiles de
pierre mêlés à des armes et à des ustensiles de bronze et
de fer.
J'ai tâché d’esquisser rapidement la tendance scienti-
fique et de vous signaler la haute valeur des principaux
travaux dont notre éminent confrère a enrichi les recueils
de l’Académie; mais là ne se borne pas le mérite de
Pacadémicten. J'aurais maintenant à vous montrer cette
puissante intelligence intervenant dans nos débats scienti-
fiques ou s'occupant de notre organisation; à rappeler cette
modération constante, ce tact exquis, cette prudence con-
sommée, celte bienveillance pour tous, surtout pour les _
jeunes gens, cette affabilité et eette loyauté qui l'ont dis-
tingué à un si haut degré. Messieurs, appliquez à l’acadé-
micien l'éloge que vous venez d'entendre des qualités, de
>
x CRT
l'esprit et du cœur du professeur (4) ; laissez-moi seulement
ajouter que l’Académie lui a marqué sa haute estime en le
nommant de toutes ses commissions spéciales, et en le
proposant chaque fois parmi les premiers candidats qu’elle
présente au Gouvernement, pour la formation du jury
chargé de décerner le prix quinquennal des sciences natu-
relles. Quinze jours à peine nous séparent de la séance où
il prenait une part si active aux travaux de la commission
chargée de préparer notre centième anniversaire.
Pourquoi done cette forte organisation a-t-elle été
brisée ayant l'heure? Spring avait consacré sa vie à la
recherche du vrai, à la pratique du bien. Adorons sans
murmure les impénétrables décrets de la Providence, et
espérons qu’elle ne l’a repris de ce monde que pour lui
donner dans l’autre la récompense qu'il a si bien méritée
ici-bas par tout le bien qu'il a fait, en nous pit r exem- .
ple de ses vertus.
Adieu, Spring ! adieu au nom de tous tes confères! Mon
cher maître, au revoir !
Je demande la permission, a ajouté M. de Selys Long-
champs , après la lecture de ces paroles , de mentionner ici
des circonstances qui constatent jusqu’à quel point notre
regretté confrère , le docteur Spring, n’a cessé, jusqu’au
dernier moment, de porter le plus vif intérêt aux diverses
branches de la science; car la diversité de ses connais-
sances était un des traits distinctifs de son intelligence.
Le 9 janvier au soir, comptant se rendre le lendemain .
(1) Ce discours suivait celui de M. le recteur de l'Université de Liége. Be
( 402 )
mercredi à Bruxelles, pour la première séance du comité
d'organisation du Conn d'archéologie préhistorique, il
m'écrivait :
« Le D" Spring, dans la séance du comité d’archéolo-
» gie, tâchera de suivre les indications reçues. Comme
» son très-honoré confrère, il pense que l'honneur du
» pays est engagé dans le succès du Congrès. »
Le lendemain matin, je recevais une seconde lettre que
je transcris entièrement ici, parce que c’est peut-être la
dernière qu’il ait écrite. Il était déjà atteint par la maladie
qui nous l’enleva huit jours après, le mercredi 17; et
comme on le voit, sa dernière préoccupation scientifique
était encore pour le congrès préhistorique;
sn « Liége, le 10 janvier 1872.
D CHER BARON DE SELYS,
» Je croyais sûrement me rendre aujourd’hui à Bruxelles;
» mais j'ai passé la nuit dans la fièvre , et ce matin, en me
» levant, j'étais sur le point de m'affaisser. Il y a donc
» force majeure.
» J'ai télégraphié à M. Dupont.
» J'espère que mon absence maura rien compromis.
» Demain ou après-demain , si Dieu le veut, je reprendrai
» mes occupations.
» Agréez, très-cher confrère, une nouvelle assurance
» de ma haute considération.
» D" SPRING. »
|
?
( 405 )
QUESTION POUR LE PROGRAMME DE CONCOURS DE 1874.
—
Afin de donner un témoignage d’estime à la mémoire
de l’un des membres les plus regrettés que la classe vient
de perdre, la question suivante formera l’un des sujets
du contours de 1874 :
« Le polymorphisme des champignons attire de plus en
plus l'attention des botanistes et des physiologistes. H- .
semble même devoir fournir des éléments nouveaux à la
solution du problème de la vie en général.
. On demande : 1° Un résumé critique succinct des obser-
vations connues relativement au polymorphisme des mu-
cédinées ;
X La détermination exacte — ne s’appliquerait-elle
qu’à une seule espèce — de la part qui revient, d’abord,
à la propre nature du végétal (à son énergie spécifique),
ensuite aux conditions extérieures de son développement;
3° La preuve positive, ou la négation suffisante, du
fait que des champignons de ferment (micrococcus, zoo-
_ glϾa, palmella, leptothrix, arthrococeus, mycoderma, etc.),
dans des circonstances quelconques, peuvent se nr
en hangars supérieurs. »
(404)
RAPPORTS.
- M. Donny, appelé avec MM. de Koninck et Melsens à
faire un rapport sur une notice de M. Tommasi concernant
l'action de l’iodure plombique sur quelques acétates métal-
liques, annonce que ce travail vient de paraître dans une
Revue scientifique.
Conformément aux dispositions réglementaires, prescri-
vant qu’il ne peut être fait de rapport sur les travaux déjà
livrés à la publicité, la classe a décidé le dépôt aux archives
de la notice de M. Tommasi, ainsi que des prea qui ia
concernent.
De l’action du perchlorure de phosphore sur la nitronaph-
taline, par L.-L. de Koninck et P. Marquart.
Rapport de M. Melsens.
« La note renferme le résultat de l'action du perchlo-
rure de phosphore sur la nitronaphtaline; elle fait partie
du travail que les auteurs ont entrepris sur cè corps.
Les faits qui s’y trouvent consignés et les analyses à
l’appui me paraissent mériter d’être publiés dans le Bul-
letin de la séance. »
Conformément à ces conclusions, auxquelles s’est rallié
M. Donny, cette notice figurera au Bulletin.
PE; See AAE NA Fee
rs i
Re R E EE, A
a a me oo ee
(405 )
1
Sur les équations différentielles réciproques; par M. Orloff,
professeur à l’École polytechnique de Moseou.
Rapport de m. Gilbert.
« Une équation différentielle du premier ordre
dy
Re nie rav)
représente une courbe plane : celle-ci peut être envisagée
comme l’enveloppe de ses tangentes. L’équation d'une
droite mobile renfermant deux paramètres variables p et w,
il est clair que si l’on connaissait la relation qui doit exister
entre ces paramètres pour que la droite enveloppe la
courbe qui est le lieu de l'équation (1), la méthode or-
dinaire des enveloppes conduirait à l'équation de cette
courbe , et par suite à l’intégrale de l'équation (1).
M. Orloff montre comment l’équation (1) se transforme
en une équation du premier ordre
do
OR mea)?
entre les paramètres de la droite, en sorte que Sue
de l'équation (1) se ramène à celle de l'équation (2); |
équations (1) et (2) sont dites réciproques.
De même, si l'on considère une équation aux dérivées
partielles du premier ordre
, f(x, y, z, p.q) =0
2me SÉRIE, TOME XXXIII.
( 106 )
. comme étant celle d’une surface, on substituera à cette
équation une équation aux dérivées partielles du premier
ordre entre les trois paramètres d’un plan mobile envelop-
pant la surface; et si l’on sait intégrer cette nouvelle
équation, on aura, par la méthode des surfaces enveloppes,
l'intégrale de l'équation aux dérivées partielles proposée.
M. Orloff montre que sa méthode des équations récipro-
ques s'étend aux équations différentielles ou aux dérivées
partielles d'ordres supérieurs au premier, mais il ne paraît
point que cette extension puisse conduire à des résultats
bien avantageux. On sent que, par son principe même,
cette méthode de transformation est surtout applicable aux
équations du premier ordre.
L'auteur a fait l'application de sa méthode à diverses
classes d'équations. Bien que les résultats qu'il a ainsi
obtenus n'offrent rien d’essentiellement nouveau, nous
pensons cependant que son petit mémoire renferme des
idées ingénieuses, et qu’il intéressera les géomètres. Nous
proposons en conséquence à la classe de remercier M. Or-
loff de sa communication , et de donner une place à celle-ci
dans nos Bulletins. »
Conformément aux conclusions de ce rapport, approu-
vées par M. Catalan, la classe a décidé l'impression de la
notice de M. Orloff dus les Bulletins.
st Gekend
( 407 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Théorème de géométrie; par M. E. Catalan, associé
de l’Académie.
« Soient ab, a'b’, a”b”, … les sections faites, dans une sur-
face S, par des plans P, P', P”,.. ayant une enveloppe E.
Soient AB, A'B', A”B”,... ce que deviennent ces lignes
lorsque les plans mobiles, ayant roulé sur E, viennent se
confondre avec un même plan 1, tangent à E. Soient en-
fin CD, C'D’, C”D”, … les trajectoires orthogonales de AB,
AB, AR.. Si le Plan n s’enroule autour de E, de ma-
nière à prendre les positions P, P', P”,.:., les SURFACES
D'ENROULEMENT >, =, 2”, …, engendrées par CD, CD’,
CD", coupent S suivant des lignes cd, c'd’, €”d”…, tra-
fetes orthogonales de ab, à'b', a’ Ee
> Ce théorème général, presque bdd: n’avait cepen-
dant peut-être pas été remarqué. Il a de nombreuses con-
séquences , sur lesquelles j'espère pouvoir revenir.
J'en ai indiqué quelques-unes dans le billet cacheté que
je dépose aujourd'hui. `
( 108 )
a Sur l’emploi des imaginaires dans la recherche des diffé-
rentielles d'ordre quelconque; par M. Ph. Gilbert, associé
de l’Académie.
i
|
oe
Í
|
» |
E
H
|
1. Parmi les procédés qui conduisent à expression de
la différentielle totale d'ordre n d’une fonction de deux
variables, le suivant, qui nous paraît très-commode, n’a
guère été mis en usage. Si l’on possède l'expression géné- |
rale de la dérivée n°** d’une fonction simple de x, et si
cetle expression subsiste lorsqu’à la variable x on sub-
stitue une variable imaginaire z = x + y V — 1, il suffira
de décomposer l'équation imaginaire à laquelle on parvient
de cette manière, en deux équations réelles, pour obtenir,
sous une forme parfois assêz remarquable, la différentielle ?
totale de l’ordre n de deux fonctions réelles de x et dy. …
Quelque simple que soit le principe de cette méthode,
la facilité avec laquelle elle conduit à divers résultats cu-
rieux, nous engage à en présenter ici quelques applica- `
tions. Soit, par exemple, la formule bien connue |
an à i.: 2. 5. el Sd
i “ii
dz” —
dans laquelle /. désigne le logarithme népérien. Cette for-
mule subsistant, comme on le voit sans peine,lorsquez p
. est imaginaire, nous aurons
i. 2..(n —1 or
=) (dx + dyV A) al
K del. erk An it Gs =;
i
+ (4
| -~ Ona d’ailleurs ` ' 5
L (æ + yV—1) VEE Vel (areig” + dk),
d'où |
d'1. (x +y V Z1) =d LV P+ V/— 1 d” are tg L.
| Posons, en outre, |
| D à Pin dx — p eos », dy = p sin ẹ;
il viendra
| Late | sé (Een o [eos n (9 —u) + V/—1 sin » Fee
teur e
L’équation (1) se décomposera done dans les deux sui-
vantes : 3
Í del. PA ee 4) (E) coon).
ie
|
d. arc tg à Yee po 1 aen) sin (p — u): o
Remplaçant ọ etr par leurs valeurs, et observant que
À + wetge ae Ee
tg (p —u)=
sous la forme
lt
|
| : on aura définiti t les différentielles totales de l'ordre n +.
|
(ea. Fajac e (Et se
(9
| 7 3 er BE
e
ab. Ge ooo eol
( 410
On peut, dans ces braila remplacer Pune des va-
riables par une constante et sa différentielle par zéro : on
retrouve ainsi immédiatement certaines relations connues. J
2. Les différentielles n°” de 1. Vx? + y? et de arctig”: `
peuvent être mises sous la forme ordinaire d’un polynôme
ordonné suivant les puissances de dx et de dy. Reprenons
l'équation (1), et écrivons-la comme il suit :
: 4.2.. (n—1 Ce: à
d'l. (x + yV —1)—(— pt?) ys Gray A $
pr
ou, en développant le dernier facteur,
se cad cin
dl ay) Hype ser ET ye” B
5 1 z,- ra
: aus a ep of RES dy"e * a ea
galant séparément les parties ERTES et les coefficients
de V — 1 dans les deux membres de l’ équation, puis rem-
plaçant r par sa valeur, nous trouverons
Pr no 4.2. (n1 |
z j (x° + y} 2 ;
5 en $ nr Za
F = ! ré (nu 5) dæ” dy Fent oefe) | 8 |
E.
VE
1.9.(n —A)
(a+ y
ne z au Tjd "dy? +. ets) el
- d'arc ge j” | sin nuda” + nsin (ou — z] dx" "dy
CMS
Hest bien entendu quejdx et dy sont supposés constants,
et que u désigne toujours arc tg - En comparant ces for-
mules avec l'expression générale de la différentielle n°"
d’une fonction de deux variables, on obtient quelques ré-
sultats remarquables par leur simplicité. Ainsi, l'on a
’
f
A CE RE 12: iia z
=} Va + =A (p+q—1) cos | (p+-g)aretg yo PL
derd! ae] + 14
OP : a {+97 | 2
NO Se 1.2..(p+q—1) . y A
| derd’ meege 1 ; ene -Sin [mrpr L15)
Ces diverses expressions se prêtent au développement
en série par la formule de Taylor, mais les résultats aux-
quels on parviendrait ai si seraient, évidemment, compris
dans ceux que l’on déduit du développement de la fonction
imaginaire primitive. |
3. Il n’y aurait aucun intérêt à multiplier ces exemples.
Considérons encore, cependant, le suivant, qui donne lieu
à des conséquences assez curieuses. Si dans la formule
connue
dn (a + 2)"
de
= mi(m—1)...(m—n+1)(0+ aen,
on remplace a par a+ Ê Vas par x + VEL, on -
trouve En
d" [le + x) + V—1(6+ |" — m (mm — 1). (m —n +1)
x [Ce + x) + (6 + VIT (dx + dy enr
On es j |
x + x—rtosu, B+y—=rsinu,
T 412 )
et l’on trouvera, en procédant comme dans | cas traité
ci-dessus,
A
n, [e + x) + (B+ pT cos m sm (are ug É tg en in
m(in—1À). omel)
[e+ aay]
: dis Frs)
[a+ x} + (B + y) PARU
y
= (d
(dx =+ dy) en,
&
m(m—1). re
[(a+x)+(8+ DE
dy
/ A2
Si, dans ces ER on pose comme cas particulier
a=0, 6—0, x > yr,
on aura dx = 0, ee = dt, et sl viendra
|
d”. (1 + er cos (m arc tg x)
d.
a kaden je | (n—n) arctg z+ 5}
nm 5 5
(6) | (1 + 2°
d”. (1 + x°)? sin (m arctg x)
dx”
m (m— 1). {a — n+ 1)
(1 + PE
sin [a n)arctg x + =]
Si, dans ces mêmes formules (5), on fait es
Y = — x, el m= n, on tombe sur ces résultats curieux
par la simplicité :
d” , 1— x nr
ES 1 + x°} cos t e) .2..n cos —.
à ( be : arc 8: E 22 e
d" ed 4 — œ\ nr
Fo (I+ a in n (are ett. sin es
pra $i E n sin :
+ | 1
ee os nas ,
—(dx +-dy sin] (m— n)arc ig ZI nare sl
dee dx
(443) |
Enfin, posons dans les formules (5), m—n; a—f5=—1,
y = — x, et observons que l'on a
t i — x T a T 8 t t A
arc = — — arc ig r, — — 4 arc == are ;
ir 4 5 4 ee 5 7.
nous trouverons, réductions faites,
d” 1 een n
Tola) cosn (arctg z ) — In(2n—1)..(n+1)({+x) cosn (are tg x),
` X „ 5
d” i 1
js (1+x°)” sin n (are tg
—r? K
` = ——In(2n—1)..(n+1)(1+3x°) sin n(arctgx).
te, ne +
4. Il n’y aurait aucune difficulté à mettre les différen-
tielles totales, dont les équations (5) donnent l'expression,
sous la forme ordinaire, ft à en déduire, pour les dérivées
partielles des fonctions
7 Ees à
y)? ne sa 5
| (x to + (6 + y} | cos m (overs On
x
Le + x} + (B + yf} sin m (ares fs),
des expressions analogues à celles que nous avons données
dans les formules (4).
Sur les équations différentielles réciproques ; par M. Orloff,
professeur à PÉcole polytechnique de Moscou.
Il y a une classe considérable d'équations différentielles
1 qu’on peut intégrer par la méthode suivante, fondée sur la
théorie des enveloppes.
L'intégrale de havana différentielle
, d
f (zi, =) =0.
( 114 3
représente, en général, une courbe plane qui peut être
considérée comme l'enveloppe d’une droite. L'équation de
cette droite
Y = pr — 0. ETE MNT (2)
contient deux paramètres variables, dont Pun œ est une
fonction de lautre, p, fonction qu’il s’agit de déterminer
d’après l'équation donnée (1). Pour cela, nous remarquons-
que la droite reste constamment tangente à la courbe, par :
conséquent
gr dre ME a mr ee (5)
da <
Pre B da
et enfin ;
= 6)
| En = Poe dp we PEN | . > : . -~ t
Substituant ces valeurs de x, y et à dans l’équation (1),
on trouve j
f p da ) 0 (6)
Tee Po ús =U, ë “its .
p y
équation qui détermine la fonction cherchée w.
Les équations (4) et (6) sont réciproques, c’est-à-dire
que l'une d'elles, au moyen des transformations (4), (5) et
(5), se réduit à antre; leurs intégrales sont liées par
équation (2) de telle manière que, si on connaît l'intégrale
` de l'une des équations différentielles, on a en même ep
= l'intégrale de l’autre.
Sn En effet, supposant œ déterminé en fonction de p, Fin-
~ tégrale de l'équation donnée, ou l'équation de Ja courbe
(485 )
enveloppe, sera le résultat de l'élimination du paramètre
variable p entre l'équation (2) et sa dérivée par rapport
à p (4). On obtient évidemment le même résultat, si on
élimine p immédiatement à l’aide de l'équation donnée :
z f(x, y, p) = 0.
Prenons pour exemple Féquation différentielle :
d dr
y= z (©) e retia den dh)
Son équation réciproque est e
„3 do ;
pe ele)
équation différentielle linéaire, dont l'intégrale est, comme
on sait,
oef cons fe Ee at
D — p (p
par conséquent l'intégrale de léquation proposée sera
représentée, d'après (2), par .
di
Jo = pa — e f7 const + fe. Sep sip) LP
p=)
pourvu qu’on élimine p à l’aide de Féquation donnée : ee.
y= te lp) + o(p)
L'équation différentielle homogène
Hot he moe
( 116 )
peut être ramenée à la forme des équations (A); en effet,
il suffit de supposer l'équation résolue par rapport à À:
3);
oo (2 $
alors on a pour l'intégrale, comme précédemment,
A
y = px — cera
En substituant la valeur de ge Fe), on aura, pour l'in-
tégrale de l'équation homogène, quelle que soit la fonction :
f: UE)
4 =xf (2) -él 0-0.
X
Quand on a wo (9) — a l'équation (A) prend la forme
=le)
dx dx
L'équation réciproque :
edt en TRE (p);
détermine immédiatement- la fonction cherchée w, donc
d’après (2)
j ype + ep);
mais comme cette équation est identique avec l'équation
donnée, la valeur p reste indéterminée, et l’on a pour
intégrale
y = Cr TS (C),
C étant une constante arbitraire. L’élimination de p, au
moyen de la dérivée relative à D; conduit en ce cas aux
solutions singulières.
(A7)
Enfin, si l'équation était
rije
la valeur p serait constante et @ une constante arbitraire;
par conséquent -
ou, en éliminant p,
Ces exemples suffisent pour montrer l'application de la
méthode aux équations différentielles du premier ordre ;
nous allons indiquer comment elle peut être étendue aux
équations d’un ordre supérieur.
Il faut exprimer pour cela les dérivées $ dr ae ete,
en fonction des nouvelles variables p et w; mais si l'on
différentie l'expression
dw
LET à
dp f
en considérant p comme fonction de x, on a
w
| de — dp * dp.
d'où l'on tire
a ee
EE Eene
De même,
dy do (55): 3
ds dy \dp*
et ainsi de suite. De cette manière l'équation différentielle
d’un ordre quelconque
dy dy
jera a )=e,
(418)
peut être transformée en
rl de de ) à
P:®, dp’ dp "| = U.
Ces deux équations étant réciproques, si ľintégrale de l’une
elles est connue, l'intégrale de l'autre le sera également.
Passons aux équations différentielles partielles.
L'intégrale de l'équation différentielle partielle à auy
variables indépendantes
{ dz dz
£ zt). a ... (I
f (> ds dx 5 P (9
‘représente, en général, une surface, qu’on peut regarder
comme l'enveloppe d'un plan qui se meut dans l'espace,
d’après une loi déterminée. L’équation de ce plan
Zele on LH)
contient trois paramètres variables, dont Pun œ est une
fonction des autres, pet q. Pour déterminer cette fonction,
on observe que le plan reste constamment tangent à la
surface, donnée par l'équation (Í); done
pr eg CR (un
puis, en Hiiireptiang l'équation (HI) par rapport à p et à q,
on à
do do `- IV)
B ef en
dp Y dq a
de do +
z=p Ae dus a (N)
Pdp Tag
La substitution des valeurs de x, y, z, de q dans l'équa-
a
PR llen ri ERP € EN en de
(119)
tion (1), donne
. [do do do do .
i ot p ta —,p.4) 0: VI
Les équations (i) et (VI) sont réciproques, et leurs inté-
grales sont liées par l’équation (H) de telle manière que,
si l’on connait l'intégrale de l’une, on a aussi l'intégrale de
l’autre. Supposons en effet que w soit déterminée, en fonc-
tion de p et q, par l'équation réciproque; alors l'intégrale
de l'équation donnée sera le résultat de l'élimination des
paramètres p, q, entre l'équation (Il) et ses dérivées par-
tielles par rapport à ces paramètres (IV). Cette élimination
* peut s’opérer aussi au moyen de l’une des dérivées et de
l’équation donnée :
f (a, Y,Z, p, q) =0.
Par cette bald l'intégration de l'équation différen-
tielle partielle
en =) < a `
z= t || + y | —: —
; + x dy AT dy
se réduit à l'intégration de l’équation linéaire :
(= dz
2 T) (A)
lo do
[p — s{p, ol, [g — alg =v + x(p,4)
Par pir l'équation
dz dz
“dx dy
ze
a pour réciproque
de de +0
> + 0 — = w ; š
( 420 )
dont l'intégrale , comme on le trouve facilement , est
` [P
w = apq + qe (E).
q
où 0 représente une fonction arbitraire; par conséquent
l'intégrale de l'équation proposée sera, d'après (II),
hm nt R à Et (£).
pourvu qu'on élimine p et q entre l’une des dérivées par-
tielles de cette équation par rapport à p et q :
x— ap — 6° (E) =.
g
y — aq a (2) = 5
: , ai
et l'équation donnée :
zZ = apq.
` Dans un cas particulier, si équation (A) prend la forme
7% dz (5 dz S)
Ez
Ve. liy dd
son équation réciproque
EE (p ’ q)
détermine immédiatement la fonction œ : nous avons,
d’après (II),
PE + q} + x(p,q)
Cette équation étant identique avec l'équation donnée, les
valeurs de p et de q restent indéterminées, par conséquent
l'intégrale est
z = Cx + Cy + y (C, C’).
L'éibinitioe de p et q à l’aide de dérivées partielles con-
duirait, dans ce cas, aux solutions singulières.
(124 )
Enfin, si équation était
dz dz\
ftes + D,
dx dy
la fonction œ serait indéterminée ; par conséquent
z = px + qy + 0 (p, q)
On peut éliminer l’une des quantités p, q, au moyen de
l'équation donnée et nde l’autre comme une constante
arbitraire.
Ajoutons que la méthode précédente peut être étendue
aux équations différentielles partielles d’un ordre supérieur.
Pour cela, différentions les expressions
en considérant p et q comme fonctions de x et y; nous
‘aurons
- de do dc do
kat da ed
in dp? r dpdq RUE a dpdq E dg d
d'où def
d ms d’z ie dpà dpdq
de FT dady 17 Bo do Fa)
üp dg- \dpdg
d?o do
€ —— di
d dz d dz d dp? Ad _dpda
1 dedy Sag Ee Li
dp: dj \dpdg
En égalant les coefficients de dx et dy, on trouve
dz d'a dz Ai
dax? Tale dxdy m
à
2% SÉRIE, TOME XXXII.
(122)
A=
Po de pe dc |
dp? df dpdq
Nous retrouvons ainsi les transformations par lesquelles
Legendre a ramené l'équation du second ordre :
De el dz 2 dz dz i (5) dz 0.
dx} |dy “dx dy dxdy PrE dy d
à sa forme réciproque :
+) HE ai TEE + 0.
dy? a dq?
La méthode exposée s'applique, sans aucune difficulté,
aux équations différentielles partielles à un nombre quel-
conque de variables, quoique, dans cette application, elle
perde naturellement sa signification géométrique. L'ana-
logie des procédés est si évidente , que nous croyons inutile
d'entrer dans de nouveaux développements.
De l'action du perchlorure de phosphore sur la nitronaph-
taline, par MM. L.-L. de Koninck et Paul Marquart,
docteurs en sciences.
En 1869, M. A. Oppenheim a communiqué à la Société
chimique de Berlin une note sur quelques essais faits en
vue d'étudier Faction des chlorures et de l’oxychlorure
de phosphore sur les dérivés nitrés en général (1). Ses
essais ont porté, d’une part, sur la nitrobenzine et le per-
(1) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. IT, p. 54.
( 1425 )
chlorure de phosphore, d'autre part, sur la binitrobenzine,
la nitronaphtaline et la binitronaphtaline mélangées à du
trichlorure et à de l'oxychlorure de phosphore. Dans aucun
cas, les composés mis en présence n’eurent d'action l’un
sur l’autre, même à la température de 180 degrés.
Nous avons constaté que, par une exception assez remar,
quable, le perchlorure de phosphore agit d’une manière
très-nette et avec facilité sur la nitronaphtaline : on obtient
de la chloronaphtaline et de’ l'oxychlorure de phosphore,
sans doute suivant l’équation :
GHO HTNO? + PCI = Ct? H? CI + PO CE + NO CI;
on constate en effet la présence de l’oxychlorure dans le
produit de la réaction et la formation d’un gaz qui, mélangé
à Pair, donne lieu à la production de vapeurs rutilantes.
La réaction entre la nitronaphtaline et le perchlorure
de phosphore ne se manifeste qu'à une température supé-
rieure à 100 degrés, mais, dès qu’elle se produit, elle
devient assez vive, et si l’on opère sur de fortes quantités
à la fois, ou si l’on n’a pas soin de chauffer lentement,
une forte proportion de perchlorure distille avant davon
eu le temps d'agir. En opérant avec précaution et en em-
ployant un faible excès du réactif,on obtient un rendement |
très-satisfaisant.
Les détails de l'opération sont ienie: on introduit
dans un appareil distillatoire des quantités de nitronaph-
taline et de perchlorure de phosphore proportionnelles
aux poids moléculaires de ces composés et on élève pro-
gressivement la température. Lorsque les premières parties
de liquide passent à la distillation, le thermomètre marque _
environ 100°; il monte peu à peu dude edad (ou 150° a
si le borchahie est en excès) in arrêt.
JTE
Le produit liquide, fortement coloré, wi reste si
( 124 )
ballon, est de la chloronaphtaline impure; on la purifie
par une distillation suivie de lavages à l’eau légèrement
alcaline , destinés à enlever les dernières traces de chlorure
de phosphore, d’une dessiccation par le chlorure de cal-
cium et d’une rectification.
La chloronaphtaline obtenue de cette manière est légère-
ment colorée en jaune par une trace de nitronaphtaline,
que nous ne sommes pas parvenus à lui enlever, même
par rectification sur du chlorure de phosphore; à cela près,
elle offre tous les caractères indiqués pour la monochloro-
naphtaline par MM. Faust et Saame (1) dans leur travail sur
les dérivés chlorés de la naphtaline publié récemment ; elle
bout à 251° — 253° C. (2) (250° — 25% C., F. et S.) et
_ possède une odeur de naphtaline très-prononcée : l'analyse
nous a fourni les résultats suivants :
I. 0,2558 de substance ont donné 0,6343 d’anhy-
dride carbonique et 0:,0904 d'eau.
H. 07,2785 » ont donné 0:",2490 de chlo-
rure d'argent et 0,0045 d'argent.
MI. 0°,3104 > ont donné 05",2755 de chlo-
rure d'argent.
CALCULÉ. . TROUVÉ.
ms I u. 1.
Cte 120 75.84 1838 — —
H 7 451 a o e o
Ci 35.3 21.85 — 2204 21.96
1625 _ 100.00
La densité de la chloronaphtaline à 15° C., rapportée à
(1) Annalen der Chem. und Pharm., t. CLX, p. 68.
(3 Le thermomètre employé a été contrôlé dans la vapeur de naphta-
line (212 C).
#
t
( 125 )
l'eau à la même température comme unité, a été trouvée
égale à 1,2095.
Le perchlorure de phosphore est sans action sur la dini-
tronaphtaline, du moins sur la variété qui cristallise en
lames et rhombes (1), et la nitrobenzine mélangée au per-
chlorure et soumise pendant une heure à l’ébullition dans
un appareil à reflux n’a pas fourni de chlorobenzine.
Cette différence dans la manière de se comporter de la
nitrobenzine et de la nitronaphtaline avec le perchlorure
de phosphore se retrouve dans l’action d’autres réactifs
sur ces composés; ainsi, avec l’acide bromhydrique, la-
première se réduit en donnant lieu à la formation d’anilines
bromées (2) ; la seconde échange son radical azoté contre
du brome (3) ; chauffée avec du pentasulfure de phosphore,
la nitronaphtaline donne lieu à une réaction violente; la
nitrobenzine, au contraire, peut être portée à l’ébullition
en présence de ce réactif sans subir d’altération apparente.
Pendant l’exécution de ce travail, nous avons eu occa-
sion de constater que la nitronaphtaline, soumise à l’action
de la chaleur, distille à la température de 304° C. Ce degré
est compris dans les limites de température indiquées par
M. Dusart pour le point d’ébullition du nitrophtalène (4),
dont l'existence a déjà été mise en doute (5) et qui parait
n'être que de la nitronaphtaline impure.
(1) Wichelhaüs, Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. 1,
p. 274.
(2) Baumhauer, Ibid., t. H, p. 122.
se Baumhauer, Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. IV,
p.9
es Aida nales de Chimie et de Physique, 5™° série, t. XLV, p. 555.
à Alexejeff, Zeitschrift für en, 1870, p. 644.
mn RE
: de — La séance a été terminée par Texamen de diverses —
_ questions concernant la classe, et relatives à Ja célébra- —
tion du jubilé centenaire.
(127)
CLASSE DES LETTRES.
Séance du à février 1872.
M. P. De Decker, directeur. -
M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Ch. Steur, Grandgagnage, J. Roulez,
Gachard, Ad. Borgnet, F.-A. Snellaert, J.-J. Haus, M.-N.-J.
Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon,
Th. Jaste, Félix Nève, Alph. Wauters, H. Conscience,
membres; J. Nolet de Brauwere Van Steeland, Aug. Scheler,
associés ; Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, A. Wagener,
J. Heremans, correspondants.
M. L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts ,
M. Ch. Montigny, membre de la classe des sciences, el
M. Éd. Mailly, correspondant de la même classe, assistent
à la séance.
EI
=
CORRESPONDANCE.
La classe apprend avec un douloureux sentiment de
regret la perte cruelle qu’elle vient de faire en la personne
de Pun de ses membres titulaires, M‘ Nicolas-Joseph
Laforet, né à Graide le 25 février 1825, décédé à Louvain —
le 26 janvier dernier. a —
( 128 )
M. J.-J. Thonissen a bien voulu se charger de la pénible
mission de prononcer, lors des [a TAES le discours
académique.
M. le secrétaire perpétuel s'est empressé, dès l'annonce
officielle de cette triste nouvelle, d'exprimer à madame
Laforet, mère du défunt, l'expression des sentiments de
condoléance de l’Académie.
— M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition
de l’arrêté royal du 2 janvier dernier nommant M. d'Oma-
lius, directeur de la classe des sciences, président de l'Aca-
démie pour l’année actuelle.
— M. le secrétaire perpétuel informe que M. le statuaire
Van Eename a fait parvenir, conformément à une décision
ministérielle, le buste en marbre de feu le baron Jules de
Saint-Genois, commandé pour le grand vestibule des Aca-
démies , au Musée.
— La Société de littérature néerlandaise à Leyde,
Bibliothèque royale de Munich et l’Université de Saint-
Louis (États-Unis) remercient pour le dernier envoi de
publications académiques.
— M. Gachard transmet, au nom de la Commission
royale d’histoire, une série d'ouvrages imprimés qui ont
été offerts en don à cette Commission. Ces ouvrages seront
placés dans la bibliothèque de la Compagnie après avoir
été inscrits parmi les Ouvrages présentés.
— M. Alph. Wauters fait hommage d’un exemplaire du
tome HHI de la Table des chartes et diplômes imprimés
relatifs à Fhistoire de. Belgique, publiée dans la coilection
~ des travaux in-4 de la Commission royale d'histoire. —
~ Remerciments.
( 429 )
— Une notice de M. E. Varenbergh, intitulée : Épisodes
des relations extérieures de la Flandre au mo yen åge, est
renvoyée à l'examen de MM. De Smet, le baron Kervyn
de Lettenhove et de Borchgrave.
CONCOURS DE 1872.
La classe prend connaissance des résultats suivants du
concours pour l’année actuelle.
Cinq questions avaient été inscrites au programme.
Pour la première question, demandant un Essai sur la
vie et le règne de Septime Sevère, il a été reçu quatre
mémoires en français, portant pour devises : le premier,
Leptis-Eboracum; le deuxième, Laboremus; le troisième
« Íl. avait de grandes qualilés, mais la douceur, cette
Première vertu des princes, lui manquait » (MONTESQUIEU) ;
el le quatrième, « Peu d'empereurs ont montré une indi-
vidualité plus forte et laissé dans l’histoire de Rome une
trace plus profonde. » (Amédée THIERRY, Tableau de PEm-
pire-romain.)
MM. Roulez, ‚ Wagener et Félix Nève examineront ces
travaux.
Pour la troisième question, demandant d’apprécier le
règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas, il a été reçu deux
mémoires. Le premier, écrit en français, porte pour devise :
«S'il m'était permis d'exprimer un vœu, je demanderais
` Qu'un concours fút ouvert pour la composition d’un tableau
historique des progrès qui, sous le règne de Marie-Thérèse, —
se réalisèrent au sein de notre patrie aussi bien dans lor-
*
( 150 )
dre matériel que dans l’ordre moral » (Gacuarp, séance
publique de l’Académie, 11 mai 1864); le second , écrit
en flamand, porte pour devise: « Maria Theresia gehört
zu jenem Personlikheiten, welche bei einen eindringenden `
studentium nur gewinnen» (Beer, Auf Reign. über Maria
Theresia, IT). |
Les commissaires nommés pour l'examen de ces manus-
crits sont : MM. le baron Kervyn de Lettenhove, De Smet
et Wauters.
Pour la quatrième question, demandant d'Exposer la
théorie économique des rapports du capital et du travail,
il a été reçu quatre mémoires en français et deux en fla-
mand. Ils portent pour devises : le premier, « Honneur au
travail, respect au capital; » le deuxième, « Faites la
lumière dans votre esprit et vous connaîtrez mieux vos
intérêts véritables; » le troisième, « Je n'impose rien, je
ne propose même rien, j'expose » (Cn. Dunoyer, De la
liberté du travail, Introduction); le quatrième, « In neces-
sariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus carilas; »
le cinquième , « De Akademie vraagt dat het werk eenvou-
dig geschreven zy, int bereik van al de klassen der maal-
schappij. » Le sixième mémoire n’a pas de devise.
MM. Ch. Faider, Thonissen et de Laveleye ont été nom-
més commissaires.
ÉLECTIONS.
La classe a procédé à l'élection du comité de trois mem-
bres qui, de concert avec les trois membres du bureau, est
chargé du choix des candidatures aux places vacantes. —
La liste de ces candidatures devra être arrêtée lors de la
prochaine séance.
Í
Í
;
af
(451 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Ad. Quetelet a fait une communication verbale au
sujet de l'aurore boréale qui s’est manifestée dans la soirée
de dimanche 4 février. Il annonce que ce phénomène fera
l’objet d’une note spéciale pour les Bulletins, note qui sera
déposée en séance de la classe des sciences du mois de mars
Voyage de Paul I" en Belgique en 1782; notice par
M. Gachard, membre de l’Académie.
Trois souverains du puissant empire de Russie ont visité
la Belgique : Pierre le Grand en 1717; Paul I", alors qu'il
n'était encore que grand - duc, en 1782; Alexandre I‘ en
1815. Je me propose, lorsque j'aurai plus de loisirs, de
raconter en détail le voyage de Pierre le Grand; j'ai ras-
semblé dans ce dessein de nombreux matériaux. Si je fais
aujourd’hui précéder cette relation de celle du voyage de
Paul I, c’est qu'à ce dernier se rattache un événement
qui marque dans les fastes de l'Académie, et qu'il m'a
paru opportun de le rappeler au moment où nous nous
préparons à célébrer le centième anniversaire de la fonda-
tion de la Compagnie.
Le 50 septembre 1781, le grand-duc czarowitz, fils
unique de Pierre HE et de Catherine IE, et la grande-
duchesse son cpou, reke en née Line de —
Wurtemberg, q ial |
Sco-
( 132 )
Zelo pour entreprendre de visiter incognito, et sous le
nom de comte ét comtesse du Nord, une partie de l'Eu-
rope. Ils se rendirent d’abord à Vienne , où ils firent un
assez long séjour (1). Le 4 janvier 1782 ils partirent de
cette capitale, se dirigeant vers l'Italie. Ils séjournèrent
successivement à Venise, à Naples, à Rome, à Florence,
à Milan, à Turin. Le 18 mai ils arrivèrent à Paris; ils y
passèrent un mois. Le grand-duc désirait connaître Brest,
le principal arsenal maritime de la France : lorsqu'il l'eut
visité, il prit le chemin des Pays-Bas.
Dans tous les pays où ils s'étaient arrêtés, le comte et
la comtesse du Nord avaient recueilli des hommages ren-
dus non-seulement à leur rang élevé, mais encore aux
qualités qui étaient réunies en leurs personnes. Paul avait,
avec beaucoup d’esprit, le talent de saisir juste les idées
et les choses, et d’en envisager avec promptitude toutes
les faces et les circonstances (2). La princesse était jolie;
elle possédait des connaissances variées ; elle cultivait avec
succès la peinture et la musique : à Vienne, dans une
visite à la manufacture impériale de porcelaine, elle avait
dessiné sur une tasse, y appliquant ensuite les couleurs,
de manière à exciter admiration de toutes les personnes
qui étaient présentes (5). A ces talents divers Marie
(1) Entre les particularités de ce séjour, il en est une que, pour sa sin-
gularité, nous croyons sh a ici. Le conseiller de Kempelen,
hongrois de nation n automate qui jouait aux échecs; le 7
décembre, la grañde-duchesse Sn jouer une partie avec cet automate.
n ne dit pas si elle la gagna. (L'Esprit des Gazettes, t. IV, p. 205.)
(2) Ge sont les propres termes dont se sert, en parlant de lui, le grand-
duc Léopold, dans une lettre du 5 juin 1782 écrite à son frère Joseph H.
(Joseph II und Leopold von Toscana: ihr en von 1781 bis
1790, par M. le chevalier d'Arneth, Vienne, 1872, t. I, p. 1
(3) Esprit des Gazettes, t. IV, P- 191.
rarr ee
(133 )
Fedorowna joignait un caractère aimable et une douceur
pleine de charme ; mais ce qui lui attirait surtout le res-
pect et la sympathie générale, c'était l'attachement qu’elle
témoignait à son époux (1). Tous deux avaient une grande
volonté de voir, de s'instruire, et en même temps de
réussir et de plaire (2).
« Le voyage du grand-duc et de la grande-duchesse —
écrivait Joseph II à son frère Léopold — est une époque
certainement très-intéressante , el il n’est aucunement in-
différent au bien-être de l'État et à quiconque pense en
citoyen pour la patrie, à qui il doit son bien-être, que
L. AA. IL. soient satisfaites de toutes les démonstrations
d'amitié qu’elles éprouveront dans les différents endroits
où la famille se trouve établie et où il y a des rejetons de
la maison d'Autriche, afin que l'union commune de toute
la famille relativement aux principes et à la façon de pen-
ser à leur égard et à celui de toute la Russie ne leur laisse
aucun doute sur la solidité et constance pour le présent
et pour l'avenir de nos sentiments (3) ».
En conformité de cette manière de voir, Joseph, pen-
dant le séjour à Vienne du comte et de la comtesse du
Nord, n’avait rien négligé pour leur être agréable. A
exemple de l’empereur, la reine Caroline à Naples, le
grand-duc Léopold à Florence, l'archiduc Ferdinand à
Milan, Marie-Antoinette à Versailles, s'étaient efforcés de
(1) Dans sa lettre ci-dessus citée, Léopold rend hommage aux belles
qualités de la princesse. Le duc Albert de Saxe-Teschen, après l'avoir vue
à Bruxelles, ne la jugeait pas moins favorablement. (Marie Christine,
Erzhersogin von Oesterreich, par Adam Wolf, t.
(2) Mémoire de Joseph H envoyé au grand-duc Léopold le 12 janvier
#782. (Joseph II und Leopold, etc, t. 1, p. 555.)
(3) Joseph II und Leopold von Toscana, etc., t. 1, k 352.
x
(434 )
leur complaire. Les illustres voyageurs devaient s'attendre
à être l’objet des mêmes attentions, des mêmes préve-
nances dans les Pays-Bas, que gouvernait l’archiduchesse
Marie-Christine, sœur des reines de France et de Naples,
conjointement avec le duc Albert de Saxe-Teschen, son
époux.
C'était par Dunkerque et Furnes que le comte et la
comtesse du Nord devaient arriver dans ces provinces.
Dès que l’archiduchesse et le duc Albert furent informés
qu’ils approchaient de la frontière, ils se transportèrent
: à Ostende avec le prince de Starhemberg, ministre pléni-
potenliaire de l’empereur, pour les recevoir. Ostende,
quoiqu’elle eût beaucoup gagné par la guerre d'Amérique,
était bien loin d'offrir les ressources qu’elle présente
aujourd’hui; il n’y avait guère que deux hôtelleries passa-
bles, la Conciergerie de la maison de ville et la Cour
impériale; l'une et l’autre furent retenues pour les princes
russes et leur suite; les gouverneurs généraux se logèrent
chez le commandant de la place, le comte de Rindsmaul.
La ville manquait d’eau potable; on en fit apporter de
Winnendale. Déjà des mesures avaient été prises afin que
le voyage des grands-dues ne souffrit point de difficulté
ni de retard : comme les relais de poste, depuis Furnes
jusqu’à Bruxelles, n’étaient pas pourvus d’un nombre de -
chevaux suffisant (1), les administrations de la châtellenie
de Furnes, du Franc de Bruges, des châtellenies du Vieux-
Bourg de Gand et des deux villes et pays d’Alost avaient
été chargées de fournir ceux qui y manqueraient. Le
MEN EU UA
(1) Hen fallait cent cinq pour les grands-dues et leur train. — Le jour
je leur ivée à Pari ‚le 18 mai 1 j le Ì t it été suspendu
pour tous les autres voyageurs.
Bi
Rite p s a Fe SRE
ARENO OT RES E. AA
TE
( 435 )
collége de la châtellenie de Furnes avait fait réparer les
Chemins par lesquels devait passer le train impérial dans
l'étendue de sa juridiction (1).
Le 8 juillet 1782 le comte et la comtesse du Nord fran-
chirent la frontière des Pays-Bas; ils trouvèrent à Furnes
le prince de Starhemberg , qui les complimenta au nom
des gouverneurs généraux. Ils arrivèrent le soir à Ostende,
où ils descendirent à l'hôtel de la Conciergerie de la ville.
__Dès qu’ils furent entrés dans leurs appartements, Parchi-
duchesse Marie-Christine et le duc Albert vinrent leur
rendre visite. :
La suite de ces princes se composait d’une soixantaine
de personnes, parmi lesquelles on distinguait le prince
Kourakin, neveu du comte Panin, qui les accompagnait
par attachement personnel et jouissait de toute leur con-
fiance ; le général de Soltikoff, adjudant général de limpé-
ratrice ; le prince Joussoupoff, grand amateur d’antiquités,
d'arts et de tableaux , et le colonel de Benkendorff.
Le 9 le comte et la comtesse du Nord rendirent à l'ar-
chiduchesse et au duc Albert la visite qu’ils en avaient
reçue. Ils allèrent ensemble voir la plate-forme d'où l'on
découvrait la pleine mer; le port, le fanal et les ouvrages
en cours d'exécution pour l'agrandissement du bassin. Ils
>am bh $ t RR À J 1 : i
Lalnnmnoc ani
aux écluses de Slyckens. Là étaient préparées des barques
pour les transporter à Gand. A leur arrivée dans la capitale
de la Flandre, ils se rendirent au théâtre. Le jour suivant
ils visitèrent la cathédrale et les bâtiments de la maison
de correction.
Après avoir diné, ils partirent pour Bruxelles. Des
RE Re ee ed rene
(4) Archives du royaume.
( 156 )
appartements leur avaient été destinés à la cour; mais
ils n’acceptaient de logement d'aucun des princes dont ils
traversaient les États, et ce fut à l'hôtel de Belle-Vue
qu’ils descendirent. Aussitôt après qu’ils y furent instaliés,
les gouverneurs généraux, qui étaient retournés de Gand
en même temps qu'eux, vinrent les prendre pour les
mener au théâtre (1) : le bruit, répandu dans le public,
qu’ils honoreraient le spectacle de leur présence, y avait _
attiré une affluence considérable ; elle les accueillit, à leur
entrée dans la loge royale, par des acclamations réitérées.
Le 44 Marie-Christine et le duc Albert, accompagnés
du prince de Starhemberg, conduisirent les grands-ducs
à Sainte-Gudule, au Béguinage et dans une des principales
fabriques de dentelles; à Sainte-Gudule ils trouvèrent le
cardinal de Franckenberg, archevêque de Malines, qui
les recut à la tête du chapitre. Le même jour ils allèrent
voir l'hôtel de la Monnaie. Lorsque, après s'être fait
expliquer les différentes opérations du monnayage et avoir
vu frapper plusieurs pièces d'or et d'argent, ils furent
parvenus au balancier des médailles, le graveur général
Théodore Van Berckel frappa devant eux et leur présenta
une médaille qu’il avait gravée en leur honneur (2). Au
(1) Dans le mémoire que nous avons cité déjà, Joseph H disait à son
frère : « Le grand-duc ne danse point ; Mme la grande-duchesse danse sans
» s'en soucier; des bals par conséquent ne sont bons pour eux qu'en au-
» tant qu’ils rassemblent toute la noblesse... De la bonne musique paraît
» faire plaisir à LL. AA. II., et un bon spectacle, surtout s’il n’est pas
» trop long ni trop tard
® Voici la dien de rs médaille :
ers: Bustes, conjugés à droite ‚du prince et de la princesse. Légende :
PL PETROW. K MAR. rate ee MAGNI RUTHEN. DUCES. —
Sous les bustes : T. V. B. (Théodore Van Berckel).
Revers : Instruments des sciences et des arts; attributs du commerce,
(187)
sortir de la Monnaie, les grands-ducs et les gouverneurs
généraux se rendirent au cours : c'était alors l’Allée-Verte,
Si délaissée aujourd'hui, qui était la promenade favorite
des Bruxellois. Ce jour-là elle offrait un brillant coup d'œil
par le grand nombre et la richesse des équipages qu’on y
voyait réunis. Le soir il y eut appartement, bal et souper au
palais.
La connaissance des hommes distingués par leur savoir
dans les différents pays qu’ils parcouraient faisait l'objet
principal de la curiosité du comte et de la comtesse du
Nord (1); ils témoignèrent le désir d’assister à une séance
de l’Académie impériale et royale des sciences et des belles-
lettres qui, créée depuis dix années à peine, s'était acquis
déjà par ses travaux l'estime de l’Europe savante. L'Aca-
démie était en vacances; elle fut convoquée extraordinai-
rement. Nos devanciers siégeaient, à cette époque, dans un
bâtiment situé rue d’Isabelle qui a été démoli au-commen-
cement de ce siècle, pour faire place à l'escalier condui-
Sant au passage où se voit la statue du général Belliard :
là avait été installée la Bibliothèque royale rendue publique
par Marie-Thérèse dans le même temps qu’elle fondait
Académie; la salle qui renfermait les livres était celle qui
servait aux séances des académiciens. Le 12 juillet l'archi-
duchesse Marie-Christine et le duc Albert y conduisirent
le comte et la comtesse du Nord que reçurent, à leur des-
cente de voiture, le prince de Starhemberg, protecteur de
de l'art mir d'abondance, etc. Exergue : BRUXELLIS. MENSE
en - NDCCLXXXIT (en kiayi naso
diamàt
pe Ménéire cité de Joseph H. du Il and Lsogolt von denderen A
ul, p. 555.) j
2™° SÉRIE, TOME XXXII. 10
( 138 )
l’Académie, et son président, M. de Crumpipen , chancelier
de Brabant, à la tête de toute la Compagnie. Lorsque les
grands-ducs eurent pris place dans la salle des délibéra-
tions, le secrétaire perpétuel (1) leur adressa la parole dans
les termes suivants :
« Quand les plus fameuses contrées de l’Europe témoi-
guoient la joie extrême que leur donnoit la présence de
deux voyageurs qui cachoient, sous un nom modeste, un
nom auguste et, sous un dehors simple, des qualités admi-
rables, les Pays-Bas sentoient un vif désir de partager la
satisfaction générale. Enfin tous les vœux sont remplis,
et Bruxelles peut joindre ses acclamations à celles de
Vienne, de Rome et de Paris.
» Pour nous, qui travaillons, sous la protection d’un
souverain éclairé et sous les ordres de ses gouverneurs, à
propager les lettres et les sciences, lorsque nous vimes,
Ô princes chéris, que vous les honoriez de vos regards,
que vous y consacriez les moments de votre précieux loisir,
que vous formiez dans vos palais ces nombreuses biblio-
thèques, ces riches collections où la nature et les arts éta-
lent leurs merveilles, nos cœurs se sont ouverts à la joie,
et nous avons félicité le siècle où nous vivons : aujourd’hui
que nous vous voyons déposer l’éclat qui environne vos
têtes augustes, pour vous rendre à nos assemblées, il n’est
pas un de nous qui ne sente exciter, par votre présence,
ce courage et cette ardeur que vous seuls savez inspirer.
» Un puissant monarque et, qui plus est, un grand
homme, dont la renommée vivra dans les plaines belgi-
ques aussi longtemps que dans l’enceinte de son vaste em-
(1) Jean Des Roches, qui avait été appelé à ces fonctions en 1776, en
re érard. i
( 139 )
pire, créa le premier un genre d’émulation que les souve-
rains n’avoient pas connu. Il vint s'asseoir avec les gens de
lettres, s’instruisit avec eux, partagea leurs travaux, et les
instruisit à son tour : une célèbre académie conserve les
productions de son génie. La nôtre n'existoit pas ; mais en
voyant assis en ce lieu ces illustres amis des sciences, ces
personnages si grands, si chers à tant de nations, elle n’a
rien à regretter. Elle sent tout le prix d’une pareille visite,
et pénétrée d'admiration et de reconnaissance, elle consi-
gnera dans ses fastes l'honneur qu'elle reçoit en ce jour. »
Le président fit hommage aux illustres voyageurs des
trois volumes de Mémoires que l’Académie avait publiés
jusque-là. Le trésorier leur présenta le jeton ordinaire de
présence qui se distribuait aux académiciens; ils l’accep-
tèrent gracieusement, ainsi que les gouverneurs généraux,
auxquels il fut également offert.
Trois nouveaux mémoires étaient déposés sur le bureau:
le premier, de Des Roches, intitulé : Dissertation sur létat
militaire dans les Pays-Bas sous le gouvernement des ducs
et des comtes , depuis l’année 1100 jusqu’au règne de la
maison d'Autriche, vers la fin du quinzième siècle; le
deuxième, de l'abbé Mann, portant pour titre : Vue géné-
rale des derniers progrès des sciences académiques et de ce
qui reste à faire pour les amener de plus en plus vers leur
perfection; le troisième, du marquis du Chasteler, conte-
nant des Réflexions sur les troubles des Pays-Bas sous le
gouvernement de Marguerite de Parme. Sur la désignation
de la comtesse du Nord (1), M. de Crumpipen donna lec-
(9) Fes ce que dit JR Ge en Faye Ras eg te janin Sa Dpt
le
D
PA LS MP ME ait AtA ot +
ture du mémoi p ur
à
(440)
ture du second. La séance ayant été levée ensuite, le grand-
duc et la grande-duchesse examinèrent les manuscrits les
_ plus précieux de la Bibliothèque (1). Le reste de la journée
fut employé à visiter les ateliers du fameux fabricant de
voitures Simons. Il y eut, comme la veille, grand diner au
palais, à la suite duquel les gouverneurs généraux condui-
sirent leurs hôtes au théâtre. La soirée se termina par une
promenade au Wauxhall dont les massifs avaient été illu-
minés.
Le comte et la comtesse du Nord quittèrent Bruxelles le
43 juillet. L’archiduchesse et le duc son époux les accom-
pagnèrent à Anvers, où ils leur firent voir les principales
églises, l'académie de peinture, les cabinets de plusieurs
particuliers, le port et les édifices les plus remarquables.
Le 14 Marie-Christine et Albert firent leurs adieux aux
grands-dues, qui partaient pour la Hollande. A propos du
séjour de Paul 4°" à Bruxelles, l'historien de Marie-Chris-
tine, M. Adam Wolf, nous révèle une particularité singu-
` lière; il cite une lettre du prince Albért où Pon lit que le
grand-duc était obsédé de l’idée qu’on l’empoisonnerait un
jour (
En Hollande le comte et la comtesse du Nord ne man-
quèrent pas de visiter Saardam. où Pierre le Grand, en
1697, était venu apprendre la construction des vaisseaux.
Ils voulurent voir les deux chantiers où avait travaillé,
> Royales, » c'est-à-dire par les gouverneurs généraux. Ces deux versions
ne sont pas aussi discordantes qu’elles le paraissent au premier abord :
convenances n'exigeaient-elles pas que les gouverneurs généraux consul-
tassent le désir de leurs illustres hôtes ?
(1) Mémoires de l'Académie, t. IV, Journal des séances, p. xti.
(2 hat immer die Jdee, dass er einmal vergiftet wird..
(Marie Christin, Re von ARUDA tip 200. )
(AM )
vêtu en simple ouvrier, le fondateur de la puissance de la
Rüssie, et la maison qu’il avait habitée : cette maison était
occupée par le petit-fils de celui qui l'avait louée au czar;
ils l’examinèrent en détail, et ne la quittèrent pas sans faire
ressentir au modeste villageois qui la tenait en héritage
de ses pères les effets de leur munificence. Au moment où
ils y entraient, le docteur Lefébure, d'Amsterdam , leur
présenta l’Éloge historique de Pierre le Grand, qu'il venait
de composer, et dont ils acceptèrent la dédicace.
Des Provinces-Unies les grands-ducs se rendirent, par
Maestricht, à Spa, où l'archiduchesse Marie-Christine et le
duc Albert les rejoignirent. Là aussi on conservait des sou-
venirs de Pierre 1° : en 1717, ce monarque avait pris les
eaux de la Géronstère, qui lui avaient fait le plus grand
bien; une inscription avec les armes du czar rappelait cet
événement; les grands-dues la considérèrent avec un vif
intérêt. Une foule de princes, de princesses, de hauts per-
sonnages se trouvaient en ce moment réunis à Spa ; aussi
les fêtes qui y furent données en l'honneur des princes
russes eurent-elles beaucoup d'éclat.
Après deux jours passés dans cette charmante ville de
bains (1), le comte et la comtesse du Nord prirent la route
de l'Allemagne. De Francfort ils se dirigèrent, par Stras-
bourg, vers Montbéliard, où les attendait la famille ducale
de Wurtemberg, qu'ils retrouvèrent à Stuttgart au mois de
septembre. Ils s'arrêtèrent encore quelque temps dans la
capitale de l'Autriche. Le 4° décembre ils étaient de retour
à Saint-Pétersbourg ; leur voyage avait duré quatorze mois.
(1) Le 22 et le 25 juillet.
(14)
Une lettre de Simyer au duc d'Anjou, par M. le baron
Kervyn de Lettenhove, membre de l'Académie.
Dès 1571, le duc d'Anjou recherchait la main de la
reine d'Angleterre. Mal vu des catholiques (1), dont quel-
ques-uns à peine attendaient de lui la délivrance de Marie
Stuart, il n’inspirait pas plus de confiance aux protes-
tants. Élisabeth elle-même hésitait, rompant ou reprenant
les négociations selon les besoins de sa politique, quand
tout à coup, au mois d'août 1572, la Saint-Barthélemy
vint élever contre toute alliance entre les maisons royales
de France et d'Angleterre un obstacle qui semblait insur-
montable (2).
Cependant le due d'Anjou ne se découragea point. Il
affecta de déclarer que, loin d’avoir pris la moindre part à
ce qui venait de se passer (5), il en plaignait les victimes;
et un mois à peine s'était écoulé depuis l'extermination des
protestants réunis à Paris, lorsqu'il écrivait à la reine
d'Angleterre pour lui recommander un gentilhomme hu-
(1) Au mois d'avril 1571, Charles IX s'opposait aux projets que son
frère avait formés en Ang er
(2) Lord Burleigh écrivait de sa main sur une relation de la Saiat-Bar-
thélemy : What perill may come to Engela >
(5) Dans une lettre datée de Paris, 20 mai, sans indication d'année, le
duc d'Anjou réclamait l'appui de Ia reine d’Angleterre « pour le tirer des .
» mains de ceux qui ne cherchent qu'à lui faire perdre la vie ou le rendre
» à la merci de ses ennemis par une captivité perpétuelle. »
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( 145 )
guenot de sa chambre « contraint à demeurer par delà à
» cause de sa religion (1). »
Quel était ce gentilhomme , agent secret du duc d'Anjou,
aussi habile que dévoué, aussi insinuant qu’éloquent ? Il
s'appelait Simyer, et il trouvait dans ee nom qui rappelait
un mot latin, matière à de bizarres rapprochements et à
d'étranges plaisanteries.
« Vostre Majesté, disait Simyer dans une lettre adressée
» à Elisabeth, pourra entandre lindisposition de vostre
» singe. Je prandré l'ardyesse de baisser l'ombre de vos
» piés. A jamais vostre singe très-fidelle. »
Le duc d'Anjou ne le désignait pas autrement. Il écri-
vait de Douvres à la reine d'Angleterre : « Madame, je
» vous envoyré vostre singe tout ausi tost que je seré en
» barqué, » et il ajoutait, quelques instants après, en
mettant le pied sur son navire : « Je vous renvoie vostre
» singe, car aussi bien ne pourroit-il me faire rire. Je suis
» trop triste, voyant que leure s'approche que je vais
» m'éloigner de vous. » Il disait dans une autre lettre :
« Desjà vous avés peu entendre de nostre singe mon de-
» partement de la cour. » Il écrivait à Symier lui-même :
« Singe, je ay entendu se qui vous et aryvé. »
C’est ce titre que Simyer s’attribue dans toutes ses lettres
à Élisabeth, etil lui assurait un accès assez facile près d'elle,
puisque, dans un billet au due d'Alençon, il se vante de
(1) Lettre du duc d'Anjou, du 28 septembre 1572. Cette lettre n'est
pas éerite par lui, et il se borne à la terminer par ces lignes : Madame, je
vous supli m'excuser si sete letre n'est toute escripte de ma min, et croiés
que n’ay peu faire autrement. Vostre humble et plus afectionné à vous
faire servise,
FRANCOYS.
(14 )
s'être emparé, dans sa chambre, de sa coiffe de nuit (4).
Il fant néanmoins le reconnaître, ce frivole et humble
courtisan était capable des plus vastes desseins, et en
voyant le duc d’Anjou suspect à sa mère et à son frère,
rejeté par la reine d’Angleterre, méprisé et abandonné de
tous, il concut le projet d'en faire le chef de la ligue pro-
testante en Europe. Si, comptant pour lieutenants Henri
de Navarre et le prince de Condé, il ralliait sous ses dra-
peaux les huguenots de la France, de l'Allemagne, des
Pays-Bas et de la Suisse; si, ayant sous ses ordres des
rois et des princes, il se proclamait leur empereur, com-
ment Élisabeth pourrait-elle lui refuser sa main? La puis-
sance du duc d'Anjou ne deviendrait-elle pas formidable,
et l’Angleterre ne se verrait-elle pas réduite à solliciter
son concours et son appui ? :
Il faut citer, sans en omettre une ligne, la lettre que
Simyer écrivait au duc d'Anjou le 5 décembre 1572.
Il est aisé de rétablir les noms simulés qui s’y rencon-
trent. Lucidor est le duc d'Anjou; Madame de l'Ile, Élisa-
beth; Mademoiselle de la Serpente, Marie Stuart. Ce qui
ajoute à l'importance de ce document, c’est que la dernière
partie semble avoir été écrite de concert avec l’un des mi-
nistres de la reine d'Angleterre, lord Burleigh.
. Seigneur Lucidor, voicy la dernière de toutes mes lettres, par
laquelle vous serez adverty qu’après avoir sogneusement exa-
miné toutes choses avecq le discours de la raison et rapporté
(1) Lesieur de Simyé me fait entand sa bonne fortune l'a conduict
à se trouver un min. en vostre hae à où à il vous a desrobé une coyfe
de nuict qu'il m’a envoyé, laquele je garderé sognieusement avec le mo-
choer. (Lettre du duc d'Anjou, du 17 mai 1580.
PEARES N A EN ME a
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( 145 )
ce qui s’est passé à mon arrivée, à ce que j'ay peu voir et ap-
prendre depuis, je treuve que le mieux que vous puissiez faire,
sera de suivre vostre première résolution et vous en venir
par deçà, m’ozant quasy faire fort que, vous y estant, les choses
prendront telle yssue que vous la sçauriez désirer. Car il faut
en premier lieu que vous scachiez qu le reffus que madame
de Lisle me feit du point principal, n’estoit fondé que sur la dé-
fiance qu’on luy avoit imprymée de moy, laquelle luy estoit
augmentée de jour à aultre, en sorte qu'elle n’eust pas esté
bien conseillée de prometre si légèrement une chose de tel
poids sur la simple créance d’une lettre signée de vostre main;
pour l’autre, selon ce que je puis discourir, la maison de leurs
voisins nouvellement bruslée les doit tenir suspendus en quel-
que appréhension, d’autant qu'il semble que ce massacre der-
nier menace l’Europe d’un remuement universel, qui ne peut
arriver sans qu'il eslève une infinité de séditions au dedans de
chasque royaulme et ung monde de guerres ouvertes au de-
hors, au moyen de quoy ceulx-cy qui sont de la mesme livrée
que les offensés, faits plus saiges par l’exemple et dommage
d’aultrui, désirent d’aultant plus aussy se fortifier par tous
moyens-que pourront pour se garder de tomber en pareil in-
convénient et courre mesme fortune qu’eulx. Et comme ils ne
sont pas sy maladvisés qu'ils ne congnoissent bien que ce leur
sera tousjours ung fort beau et fort seur moyen de pourvoir à
leurs affères et de se conserver, que celuy quy leur est pré-
senté de vostre part, attendu que, soubs l'ombre de vostre re-
traite par decà, ils se pourront dire avoir ung chef de tel lieu,
que le reste de ceulx qui ont envie de remuer ménage et se
deffendre contre les efforts des ennemis de l'Évangile par rai-
son, seront contraints de se venir retirer près de luy et mar-
cher sous son auctorité, je vous laisse à considérer s'ils ont
occasion de souhaitter le seigneur Lucidor per deçà; je croy,
quand à moy, qu'ils le vouldroient désjà tenir à tous leurs pé
rils et fortunes.
( 146 )
Oultre et pardessus tout cela, je vous puis assurer (quy est
Pour revenir à mon premier point) que tant de ce que j’ay pu
congnoistre par le langaige que madame de l'Isle ma tenu, que
de ce que j’ay appris depuis quelque temps, il n’y a prince au
monde qu’elle désire tant que vous au cas qu’elle se vueille
maryer, comme je scay que c'est sa délibération, suyvant ce
que je vous ay escrit par mes précédentes lettres; car, lorsque
elle parloit à moy de vous secourir, c’estoit avec une véhé-
mence et affection si grande, qu’elle me dist jusques là qu’elle
n'y épargneroit rien de ce quy estoit en sa puissance , comme
si par ce propos, elle eust voulu faire entendre qu’elle estoit
disposée de tenter plustost toute fortune que de permettre ou
endurer que l’on entreprist de faire tort à la personne de ce
monde qui luy doibt ung jour appartenir de plus près. Elle
ne me voulut pas trancher la parolle que vous désirez, mais il
me sembla que son cœur me disoit par ses yeux : « Dites-luy
» qu'il vienne et qu’il ne désespère de rien. S'il y a prince au
> monde que jespouse, ce sera celuy-là. » Et de faict, suivant
ce propos, elle escrivit incontinent après à monsieur de Che-
vrian à ce que vous assurast de la part d’elle que vous ne man-
queriez jamais de tout le secours qu’elle vous pourroit donner,
comme je croy qu'il n’aura pas failly à vous le dire.
Ainsy doneques mes prémises lettres (car j’estois encor nou-
veau venus en ce temps-là et ne pouvois voir sy clair comme
je fais de présent aux affaires de decà) ne vous doibvent point
. oster, ny tant soit peu reffroidir l’envye de suivre vostre réso-
lution première ; car indubitablement les choses que j'apprens
“tous les jours, me font juger que madame de l'Isle ne se feust
pas conduite en habile femme, si pour lors elle m’eust faict
aultre response que celle que je vous ay escript qu’elle m’avoit
faict. Cela vous soit doncques comme pour ung point raclé que,
sy elle veult et désire un mary, comme je sçay qu’elle en a
grand désir, ce ne peult estre que le seigneur Lucidor, et pour
ung aultre article résolu qu’elle ne traitera jamais rien tou-
(A47 )
chant ce faict par le moyen d’une entreveue d'elle et de Mad°"°
de la Serpente, car c'est chose qu’elle ma bien fort asseuré
pour des raisons que vous-mesmes vous pouvez bien ymaginer.
De penser aussy pratiquer cest affère par les moyens ordi-
naires, c'est abus. Croyez que je n’y vois point d'ordre, car tout
ee qui vient du eosté de delà, s’est tellement rendu suspect à
celuy de decà par le massacre dernyer que combien qu’en ce
faict-iey les nostres eussent par aventure quelque bonne in-
tention (ce quy est malaisé à croire), ceulx-ey ne la pourront
jamais interpréter que tout au contraire, et penseront tous-
jours qu’une telle négociation ne tende qu’à leur dresser ung
las pour les prendre au piége et les faire assoir quand et les
morts à la table du festin qui fust faict à Paris le xx1v* jour
d'aoust.
Ainsy donques il ne vous reste moyen aucun pour vous
tyrer d’entre ceulx qui ne vous aiment guère, et venir prendre
possession du bien qui vous est quasi comme asseuré par decà,
si ce n’est celui de vostre première résolution. Mais, pour ne
vous mentir point et vous parler librement comme j'y suis
tenu, puisqu'il vous a pleu vous reposer sur moy de tout ce
faict, ay bien oppinion que d’autant que cecy ne se traictera
plus avec l'autorité de vostre frère aisné, madame de Flsle
désireroit, avant que passer plus outre, quand ce ne seroit que
pour satisfaire à la pluspart du monde qui ne se paist que de
l'apparence et ne juge pas plus avant que ce qu’il voit, qu'eus-
siez acquis quelque aultre grade que celuy qu’avez apporté du
ventre de la mère, lequel, n’estant plus soustenu de l'aucto-
rité de vos plus proches (car ceey ne se peust faire, si vous ne
vous séparez d'avecq eulx), viendra comme à déchoir et ne
sera pas estimé d’abbordée comme si vous estiez tousjours
auprès d'eulx et comme si ce faict continuoit à se manier par
leurs mains. Ainsi donques elle vouldroit, à mon advis, et dé-
sirerois + sur és ca quetant pae la raison prier us
in OS + tpo
pour D uu quelque ber : :
( 148 )
fidélité, l’on vous eust esleu pour chef en quelque armée, ce
que je croy qu’elle-meismes vous moyennera, affin qu’un jour
aussy on ne luy pust remettre devant les yeux qu’elle vous
eust épousé comme fugitif et sans-estre honoré d’aucun titre
que de votre naturel.
Or est-il bien certain que telle chose ne pourra jamais estre
jusques à ce que l’on vous voie séparé de la compagnie et du
conseil de vos supérieurs; car, pendant que l'on vous verra
comme joint avecq eulx, il ne faut pas faire estat que homme
vivant soit sy hardi de vous faire ces ouvertures. Et aura-t’on
tousjours oppinion, quelque payne que vous mettiez de faire
le contraire, que vous et eulx ne soyez qu’un , et par ainsy,
quand bien on auroit la plus grande envie du monde de se
communiquer à vous par choses semblables, la crainte d'estre
descouvert la fera perdre. Mais quand l’on verra que vous
aurez pris le frein aux dents et que vous vous serez sequestré
de la trouppe et conversation des tyrans (c’est le nom qu’on
leur donne parmi les estrangers), qu’il y aura moyen de se
servir de la proudhomie du courage que Dieu a mis en vous
et de la grandeur dans laquelle il vous a fait naistre, ce sera
lors que l’on commencera à prendre assurance de vous, ce
sera lors que l’on vous envoyra de toutes pars ambassadeurs
exprès pour vous prier d’estre chef de la cause de l'Evangile ,
lors que l’Angleterre sera bien ayse de vous secourir et ayder
de toute sa puissance , et que tant de braves cavaliers françois
malcontens, qui ont esté oultragés en la mort de leurs frères,
parents et amis et injustement dépossédés de leurs maisons,
se viendront rendre à vos piés pour y hasarder leurs biens et
leur vie.
Or ne pouvez-vous, comme je vous ay dit, donner commen-
cement, ny fin à ces choses, que premièrement vous ne vous
soyez résolu de quitter la compagnie de vos plus proches; cela
faict, de ne pridie. tre nee Fe celuy de depa, oultre
1
Ur e que Ee ar ynn F g
era Ze
(149 )
Cecy vous y doit induire et convier d’advantage que les Alle-
mans pour chose seure se liguent avecq ceste nation. Par
ainsy vous frapperez deux coups d’une seule pierre, authori-
sant vostre arryvée de l’espérance d'une charge si grande et
magnifique et donnant par cest acte plus de moyen à madame
de l'Isle et à vous de traiter, suivant le désir qu’elle en a , les
choses commencées avecq les solennités requises à la charge
de l'ung et de Paultre. Et me semble qu'en parlant à elle jay
si avant penétré dans ses discours qu'il m'a esté aysé de
congnoistre que la fin et but de son intention estoit celle-là.
ar, posez le cas que la bonne volonté qu’elle a manifestement
faict paroistre en vostre endroict josques au jour du massacre,
voire celle de ses plus fidelles amys, eust été altérée et bien
fort refroidie par ung acte si desloyal, et que pour ceste occa-
sion pas ung de son conseil ne fust d'advis qu’elle ne pensast
plus à vous.
Cependant si l’on vient à congnoistre (suivant l’asseurance
que je leur ai donnée de votre innocence en tout ce qui s'est
passé et du danger que vous-mesme y avez couru et courez
tous les jours) que vous soyez sur le point d’estre recherché
de tous costés pour vous rendre et vous constituer chef, et,
par manière de dire, empereur commandant à tant de grands
princes et seigneurs , à vostre advis , sy alors elle n'aura pas
forte occasion de remettre enfin les premiers propos de ce
mariage et faire une ample déclaration de l’honneste affection
et voulonté qu'elle vous a tousjours portée jusques à présent,
et si par conséquent les amis dont elle fait le plus d'estat, ne
se tiendront pas très-heureux de vous avoir pour seigneur, et,
au lieu que par le passé il a peu estre que les eussiez recher-
chés et priés, ne seront pas eux-mesmes contraints à l'advenir
de vous rechercher et prier?
Ne faites point de doute, mon maistre, que ce que madame
de l'Isle vous a envoyé offrir tout secours avecq une prompti-
tude et affection si grande, go esté en intention de vous
( 150 )
attirer en ses quartiers le plus tost que faire se pourroit,
s’asseurant bien qu'incontinent après vostre arrivée l'on com-
mencera à jetter les fondemens d’une brave et gaillarde réso-
lution, par s'opposer aux efforts et tyrannie des infracteurs
de paix et perturbateurs du repos publieq, qui vouldroient à
Padvenir entreprendre de se bander contre ceulx qui font
profession de l'Evangile, et qu'avant que de rien faire ou en-
treprendre pour le fait de la guerre, vous voyant ici tout
porté sy à propos, on s’essayera (aflin de rendre les choses
plus asseurées de tout point) de faire sortir effect à ce mariage,
comme si par l'union et accord indissoluble de l'ung, on voul-
loit establir une perpetuelle allyance et confédération de
Paultre. Sans faulte, c’est la seule raison qui la mut de m'offrir
‘si voulontiers le secours et de ne m’accorder si librement le
point principal; et tant plus je me suis mys à la ruminer, el
plus je lai trouvée véritable, car si elle n’avoit point envye de
vous espouser, il n’y auroit point d'apparence, estant les choses
disposées comme elles sont, de vous offrir si libéralement le
reste, veu la conséquence qu'il emporte l'offre si ouverte du
premier argue au consentement segret du dernier, lequel elle
fait fort sagement de taire jusques à ce qu’elle-mesmes vous le
puisse dyre de bouche. Ils est done très-nécessaire, pour
donner une fin aux choses commencées, que vous venez, et
n’est pas nécessaire que vous demeuriez plus là. Car, quant à
moy vous en parler de tel serviteur que je vous suis, je tiens
les choses quasi comme si elles estoient faictes , d'aultant qu'il
fault tousjours revenir à ceste maxime que manet de FIsle
vous veut et vous doibt vouloir.
Venez seulement : mettez vostre personne en sûreté, el
laissez faire à Dieu du reste. H ne fault point laisser refroidir
eeste entreprise, car elle a besoing d’estre chauldement exé-
eutée. Si vos conseils sont longs et vos effects sont lents, re-
gardez quelle en sera la fin. J'aprens tous les jours que l'Ale-
:maigne s'arme , et scay qui se meinent de grandes et merveil-
( 451 )
leuses pratiques pour ce faict. J'ay aussy esté adverti qu’il n'y
a pas encore huict jours que quelques-ungs des principaux
de decà ont demandé congé à madame de l'Isle pour en faire
de mesme et lever les armes, monstrans en toutes leurs actions
et propos une très-ardente envie de combattre et s'opposer
aux pernicieux desseins de ceulx qui en leurs conceptions
démesurées se promettent que les mers et les montaignes ne
leur pourront résister après le beau coup d’essay qu’ils ont
fait.
Or je n'ignore point aussy que, si vous estiez hors de là et
en lieu où l’on pust parler à vous librement et vous remonstrer
que le Dieu vivant vous appelle à chose si haute et glorieuse ,
vous vous layrriez aisément persuader à la raison et n'esti-
meriez rien tant que l’occasion qui vous est offerte de vous
faire avecq une juste querelle en main le plus grand et le plus -
redoubté prince de la chrestienté. Considérez, je vous prie,
qu’une infinité de seigneurs et galants hommes qui vous sont
esclaves dans le cœur, pour savoir que n’avez point assisté à
ce massacre, aussy pour l'assurance qu'ils ont de vostre valeur
et intégrité, ont la veue dressée sur vous. Mettez-vous devant
les yeux qu’ung monde de pauvres âmes aflligées souspirent
et gémissent après vous.
D'ailleurs, loccasion qui ne se présente jamais deux fois,
vous convie avec les yeux rians et vous semond à vous haster,
et y a danger que si vous négligez les ouvertures qu'elle vous
faict, et qu’à ceste semonce vous ne vous esvertuez et mettiez
peine de voler de vos aisles jusques iey pour venir prendre
possession de la faveur que vostre présence y pourra acquérir
plus que ne pourront tous les ambassades que vous y pour
envoyer, elle ne la résigne entre les mains d'ung aultre qu'elle
mesme présentera de sa main, à quoy puis après vous aurez
occasion d’avoir regret toute vostre vie. C'est moy vostre ser-
viteur qui parle à vous mon maistre et qui vous dis pour
conclusion que pendant que l’on vous verra enveloppé aux —
(152)
délices de la court sous laisse et authorité de eeulx qui ont si
injustement répandu le sang de tant de gens de bien, il ne
faut pas que vous faciez estat que l’on se veuille jamais fyer
en vous de chose d'importance, quelque assurance que l'on
puisse donner, voire quelques protestations que l’on puisse
faire de vostre part, car encore que l’on vous tienne pour
prince droit et conscientieux, l’on a tousjours oppinion que
l'ombre des mauvais est contagieuse.
Or je sçay bien que, s’il y a raison qui vous puisse divertir
de. venir, ce sera pour la crainte que vous aurez de demeurer
entre deux selles le cul à terre, s’il advenoit que madame de
l'Isle ne voulust point vous espouser, quand vous serez par
deçà, comme il vous semble qu’il y ait apparence puisqu'elle
a'a pas voullu donner sa parole; mais souvenez-vous , seigneur
Lucidor, que vous estes d’une maison de laquelle sont yssus
tant d'empereurs, de princes et de roys, qu’il n’y a pays,
contrée ou coin en tout lunivers là où vous ne soyez tousjours
le très-bien venu, estant ce que vous estes, et là où vous ne
trouviez tousjours ung roy, ung prince ou ung grand seigneur
qui ayt cest honneur de vous appartenir et qui par conséquent
ne se mette en debvoir de vous secourir d'une partie de sa
puissance, quand bien l’Angleterre vous vouldroit abandonner
de tout point après vostre arrivée, ce que je m'assure qu'elle
ne fera pas, car vous avez affaire à une trop brave et trop
généreuse princesse. Et comme je lui ai respondu sur ma teste
de vous, je vous responds d'elle sur ma teste aussy; car,
encore qu’elle ne vous espousast point, sy debvez vous estre
asseuré qu’elle a le cœur assis en si bon lieu qu’elle ne per-
mettroit jamais qu'eussiez faulte de chose qui feust en sa puis-
sance. Mais quand ainsy seroit, dites-moy, je vous, pry, si
vous penseriez pour cela demeurer sans moyen ? Si ung petit
prince d’Aurange, un comte Ludovieq, privés de la grasce de
leur maitre pour une bonne cause, ont bien eu le pouvoir de
mettre tant de mille hommes ensemble et bien arrester sur
( 153 )
cul les plus grosses armées et donner. assez que penser aux
plus braves cappitaines de l’Europe, à vostre advis que fera
ung fils et frère de roy, un duc d’Alançon forusci de son pays
pour n’avoir voulu assister au plus desloyal massacre, à Pacte
le plus indigne, à la plus infâme tyrannie et la plus brutale et
monstrueuse inhumanité qui ayt esté cominise despuis la eréa-
tion du monde? Certes, il ne fault point faire de doubte, sei-
gneur Lucidor , qu'en vue d’une telle occasion vous ne tirissiez
après vous toute l'Alemaigne, tous les Suisses et la meilleure
et la plus seyne part de toute la France. Somme il ne seroit
pas fils de bonne mère, qui ne vous ayderoit, secourust et
servist de tout son pouvoir. Ne craignez donques point , sei-
gneur Lucidor, que terre vous manque ou que moyen vous
défaille, je dis quand mesmes il adviendroit que l'Angleterre
vous faillist; car Dieu, qui est père des justes et protecteur
des innocens, ne vous abbandonnera jamais.
Or si vostre résolution est de venir, comme je m'assure
qu’elle sera après avoir veu ceste lettre, je vous prye vous
Souvenyr, quand vous approcherez du jour de vostre parte-
ment, de monstrer en toutes vos actions et propos, soit en pu-
blieq, soit retyré, ung extresme désir de vous donner du bon
temps par delà tout cest hyver, soit à la chasse, à la paulme,
parmy les dames, et mesmes faire des parties et commander
diverses sortes d’acoustremens pour aller en masque, comme
Sy vous vouliez fayre congnoistre à tout le monde que vos pen-
semens ne montent point plus haut que cela, mais qu’au con-
traire vous avés délibéré d'ensepvelir en toutes sortes de passe-
temps toutes les occasions qu’on a cues de se fâcher depuis
trois mois. Surtout commencez dès maintenant, si desjà ne
l'avez fait, à rechercher la royne vostre mère et monsieur
vostre frère plus que de coustume et avecq ung visaige plus
ouvert en sorte qu'on y puisse lire que vous avez toutes les
envies du monde de rentrer en leurs bonnes grâces plus avant
que jamais et d'approuver d'iey là avant tout ce qu’ils trouve —
27° SÉRIE, TOME XXXHI.
(154)
ront bon, jusques à vous despouiller de vos propres voulontés
pour suivre et vous accommoder entièrement au leur, et de
cela en faire par occasion, comme en passant, ung petit dis-
cours à part,à ceulx que vous penserez ne le debvoir céler à la
royne vostre mère. Les beaux samblants et longues dissimula-
tions dont ils ont uzé en vostre endroict pour l'exécution d’une
sy malheureuse entreprise, nous seront une bonne escole pour
les apprendre d’iceulx affin de nous en servyr en choses meil-
leures.
(1) Or n'est-ce pas tout ce que j'ai à vous dire; car, si pour faire
ung traict d’extrémement galant homme et duquel il seroit à
jamais parlé, vous pouviez amener quant et vous vostre beau-
frère et son cousin germain, il ne fust jamais telles nopces. À
. quoi je ne voy moyen plus propre qu’une entreprise de masque
arrestée de longue main, quy seroit de monter en coche ung
beau soir et faisant semblant d'aller roder par la ville, comme
Fon a accoustumé tous les hyvers jusques à trois et quaitre
heures après minuit, et, et dès l'heure que vous seriez hors des
portes du chasteau vous en aller chasquung avecq vos servi-
teurs plus fidelles en ung logys destiné, monter à cheval des-
guisés et avecq bons guides une gee toute a nuict, qui
deçà, qui delà, par divers chemins l vien
droient tous rendre à ung certain rendez- vous le plus près
de la mer que l’on pourroit, où vous auriez donné ordre pour
chevaux de relais, en sorte qu'avant que l’on pust avoir cer-
taines nouvelles de vous, vous seriez desjà à la rade, où nous
vous attendrions. La chose me semble d’aultant plus aysée à
conduire de ceste facon que l’on a coustume de tenir une en-
treprise de masque segrète jusques à l’heure mesmes qu'elle
se doibt exécuter , et que par ce moyen l’on ne donne pas le
(1) Note d'une autre écriture en marge : J'ay monstré au mylord Burley
ce qui s'ensuyt dès le tems mesme que ceste lettre fut despeschée à Lu-
eidor.
( 155 )
loysir de penser que sous une entreprise de masquarade il y
en ait une aultre cachée. Vous pourrez adjouster à ceste inven-
tion ce qui vous semblera plus à propos sur les lieux selon
qu'on faict la guerre à l'œil. Surtout il faudroit bien estre as-
suré de la fidélité de ceulx que chasquung prendra quant et
soy, car vous sçavez de quoy il y va. Voilà mon petit advys;
mais, quoy qu'il en soit, sy vous congnoissiez qu'il ne se fust
pas bon descouvryr à eulx, je vous supply très-humblement
vous tenyr à vostre première résolution et ne laisser pour cela
de venir accompagné seulement de six ou sept bons hommes
de vostre trouppe, desquels vous vous teniez assuré, comme de
la Molle et de moy. Surtout donnez-vous garde de vous des-
couvrir à ceulx qui ont beaucoup à perdre pour le: amener
de vostre trouppe, si de fortune ce n'estoit à monsieur de Mon-
morancy ou quelqu’ung de ses frères. Car, quand aux aultres ,
tenez pour chose assurée, ou que pour ne vouloir tant espérer
de leur fortune avecq vous, comme ils en ont desjà d'acquis par
delà, ou pour se maintenir et conserver sous prétexte de faire
des bons valets, ils seront gens pour vous trahir par moyens
si subtils qu’il ne semblera pas advis qu'il y aient touché, et
cependant ce sera à vous à courir.
Ung aultre point que devez avoir recommandé, c'est de ne
dire à créature vivante le chemin qu'avez l’envye de tenir, hors
mis à la guide, Encore faut-il que ce soit au partir de chaque
logis seulement, comme sy vous-mesmes estiez encores incer-
tain du lieu où vous debvez tyrer.
Je scay, seigneur Lucidor, qu'il y aura plus de difficulté pour
vous à l'exécution de cecy, qu'il n’y a de peine pour moy à le
vous escrire, mais nen; -vous que les grandes choses ne se
peuvent acquérir t Souvenez-vous que moy-mesmes
vous ay tracé le chemin le rer et suis eschappé des mains
de mes ennemys quasi de ceste façon, seulement pour faire
service à vous qui estes mon maistre et garder une conscience
impollue à mon Dieu. Vous qui debvez rechercher toutes les
(156 )
occasions de faire service à la plus accomplie maistresse quy se
puisse voyr eten vous séparant des tyrans garder que vostre
réputation ne se tache si vous conversez dadvantage avecq
eulx, pourrez-vous rien trouver en ce fait, quy vous doibve
sembler trop difficile ? Venez donc, je vous supply, sans plus tar-
der avecq asseurance que ne feustes jamais mieux venu en lieu
où vous ayez esté. Je supply le Créateur de toute mon âme,
seigneur Lucidor, qu’il vous en fasse la grâce et me continue
en la vostre.
Ce 5° décembre 1572.
Au dos : Double d’une lettre escrite à dom Lucidor du m”* dé-
cembre 1572.
Le duc d'Anjou ne répondit point à cet appel : il lui
en coûtait trop de sortir du cercle étroit de ténébreuses et
honteuses intrigues.
En analysant, dans une autre notice, la correspondance
du duc d’Anjou avec Élisabeth, nous retrouverons bien des
traces de l'intervention active et persévérante de Simyer.
Cependant il y eut un moment où une lettre arrivée des
Pays-Bas compromit toute l'influence acquise par ses ser-
vices.
Le 12 septembre 1580, Thomas Cotton mandait d’An-
vers à lord Burleigh :
« Nous avons, par lettres interceptées, descouvert tous
» les noms et surnoms des pensionnaires du roy d’Es-
» paigne en France et l'augmentation des pensions pour
» empescher que le roy ne se joigne au duc d'Anjou, son
» frère, pour nous. Entre autres pensionnaires il s’y est
» trouvé des principaux le sieur de Cymier qui estoit
» ambassadeur en vostre pays d'Angleterre pour le dit
(457).
» duc. Je vous laisse penser quel bon succès son maistre
» en devoit espérer, ni la royne mesme. »
Élisabeth écrivit aussitôt à ce sujêt au duc d'Anjou qui
reçut sa lettre à Bourgueil le 29 septembre. Simyer ré-
digea un mémoire pour se justifier. Il exposait qu'il avait
toujours montré beaucoup de zèle vis-à-vis de son maître
« pour subvenir à ses affaires qui se traitent avec les
» Flamans. » Il ajoutait que, bien qu’il n'eût pas été in-
demnisé des frais de ses voyages en Angleterre, il avait,
douze jours avant sa disgrâce , prêté quatre-vingt-dix mille
écus au duc d'Anjou « sans en prendre autre recognois-
» sance que sa parolle. »
On voit, par une autre lettre de Simyer du 18 octobre,
qu'il n’avait pas tardé à recevoir de la reine d'Angleterre
le témoignage d’un souvenir plus bienveillant. Qui sait s’il
n'avait point donné la preuve (elle n’était pas indigne de
son habileté) que s’il acceptait l'argent du roi d'Espagne,
c'était pour l'employer à le combattre? Nous ignorons
néanmoins s’il continua à rester à la fois le pensionnaire
de Philippe II, le conseiller du duc d'Anjou et le singe
d’Élisabeth.
C158 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 1° février 1872.
M. Ép. Fétis, directeur.
M. Ap. QUETELET , secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, G. Geefs,
A. Van Hasselt, H. Vieuxtemps, Jos. Geefs, Ferdinand
De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Edm. De Busscher, Alph.
Balat, Aug. Payen, le chev. L. de Burbure, J. Franck,
Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq , Ernest Slingeneyer,
A. Robert, A. Gevaert, Ch. Bosselet, membres.
M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assiste à la séance.
ne
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition de
l'arrêté royal du 2 janvier dernier nommant M. d’Omalius,
directeur de la classe des sciences, président de l'Aca-
démie pour 1872.
— Le même haut fonctionnaire adresse une expédition
de l'arrêté royal du 18 du même mois approuvant l'élection
de MM. Gevaert, Bosselet et Limnander en qualité de
membres titulaires de la section de musique de la classe.
Ml est donné lecture, à ce sujet, des lettres de remer-
D
(159 )
ciments de MM. Gevaert et Bosselet, ainsi que dé celles
de MM. Ch. Gounod et A. Basevi , élus associés.
La lettre de M. Basevi accompagnait les ouvrages sui-
vants, dont l’auteur fait hommage à la classe :
1° Studj sull armonia, in-8°;
2 Introduction à un nouveau système d'harmonie,
in-8° ;
5° Studio sulle opere di Giuseppe Verdi, in-8°;
4 Sul principio universale della divinazione, saggio
filosofico , in-8°.
Des remerciments ont été votés à M. Basevi.
— M. le Ministre de l'intérieur adresse , pour la biblio-
thèque de la Compagnie, un exemplaire de l’opuseule
de M. A. Pinchart Concernant les Cartes à jouer et leur
fabrication en Belgique. — Remerciments. .
— Le même haut fonctionnaire demande, par écrit, à la
classe de faire connaître les raisons motivées qui, eroit-il,
ont mis obstacle jusqu'à présent à l’approbation , par les
Commissaires de l’Académie, du modèle du buste de feu
M. le commandeur de Nieuport.
— La classe reçoit communication de la circulaire du
collége échevinal de la ville de Dinant, annonçant le projet
d'élever un monument dans cette ville à la mémoire du
peintre Wiertz.
— Le Cercle artistique des expositions rhénanes donne
Connaissance, par circulaire, de ses expositions mensuelles
pour l’année courante. Ces expositions auront lieu succes-
sivement , à partir du 1° avril, dans les villes suivantes:
Mayence, Mannheim, Darmstadt, Heidelberg, Bade, Fri-
bourg et Carlsruhe.
: ( 160 )
— Des remerciments sont votés à M. Ad. Siret pour
l'hommage d'un exemplaire de l’Album du Journal des
Beaux-Arts pour 1871, renfermant dix eaux-fortes iné-
dites, in-folio. .
est donné connaissance , à cette occasion , que M. Siret
a fait don, à la caisse centrale des artistes, patronnée par
la classe, d’une somme de 100 francs, prélevée sur le prix
de vente de cet album. M. le directeur exprime à M. Siret
la gratitude de la classe pour ce généreux don.
CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES.
M. le directeur de la elasse annonce que le comité-direc-
teur de la caisse a été appelé, dans sa‘réunion tenue avant
celle de la classe, à prendre connaissance de l’état général
suivant des dépenses et des recettes de la caisse pour 1871,
dressé pr M. Alvin, trésorier.
État général des recettes et des dépenses de l’année 1871.
J. — RECETTES.
1. Encaisse au 51 décembre. 1870 a 527 40
2. Cotisations des associés (1). 1,757 >»
Expositions des beaux-arts (2) 1,642 »
ns des particuliers (5) 5 50 »
5. Intérêts des fonds placés + 2,112 50
11,048 90
1) Dans ce chiffre est compri de 264 francs provenant de
_ l'arriéré.
(2) L'exposition des beaux-arts d'Anvers (1870) a produit 642 francs,
versés en 1871; l'exposition de Gand CEI a produit 1,000 francs.
(5) La Société des Aquarellistes a fait don d'une somme de 59 francs.
M. Ad. Siret, au nom du Journal des Beaux-Arts, a donné 400 francs.
`
s
(161 ) :
H. — DÉPENSES.
1. Frais d'administration . . . . . .fr. 334 »
2. Pensions annuelles. o © . .:, . 41,330 »
3. Secours vanden eee een 500 »
4. Achat de rente be ge HSE 32
5. Encaisse au aj Monte 1871 a). 120458
be VEN 11,048 90
JII. — RÉSUMÉ.
Avoir, y compris l’encaisse, au 31 décembre 1871, fr. 165,954 58
LS =
. .
Fonds placés, à la même date. RS S sic 104,700 s
5. Intérêts des fonds placés cen 7,411 50
4. Progression en principal sur l'année ihotia S 8,527 18
5. BE ee ie 342 »
Diverses mesures prises par le comité directeur ont
ensuite été approuvées par la classe.
- M. L. Gallait a été élu membre du ET directeur.
La classe a été appelée à se prononcer sur une proposi-
tion émanant de M. Gallait et patronnée par le comité de la
caisse, tendante à faire, au profit de celle-ci, une exposition
d'œuvres d'artistes de la classe, lors du jubilé centenaire
de l'Académie,
La classe a accueilli avec ji l'annonce de cette
exposition, dont les frais incomberont au comité directeur.
Celui-ci, après une discussion sur lés divers points à exa-
miner pour arriver à la réalisation de cette idée, a été au-
lorisé à s’en occuper au plus tôt.
(1) La recette afférente à l'année 1871, défalcation faite.des recouvre-
ments arriérés et de Fencaisse a au 51 décembre 1870, s'élève seulement
à 9,815 fr: 50 c. ;
( 162 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
La séance a été terminée par la continuation de la lecture
du rapport de M. Ed. Fétis sur les travaux de la classe
depuis la création de celle-ci, en 1845, rapport destiné au
livre commémoratif du prochain jubilé.
ie
OUVRAGES PRESENTES.
me |
Melsens. — Sur la conservation du vaccin. Bruxelles, 1872;
in-8°.
Université de Liége. — Discours prononcé le 20 janvier
1872 par les autorités académiques aux funérailles de M. J.-A.
Spring. Liége, 1872; in-8°.
Morren (Édouard). — La Belgique horticole, année 1871.
Liége; in-8°.
_ Loomans (Ch.). — De la liberté humaine considérée dans la
vie intellectuelle et dans ses rapports avec le matérialisme.
Liége, 1871 ; in-8°.
De Potter (Erans). — Hoe en waar overleed Philip van Ar-
tevelde ? Bruxelles, 1872 ; in-8°.
De Potter (Frans). — Geslachtboom der Artevelden van de
XIV eeuw. Bruxelles, 1872; in-8°.
L' Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun,
17° année, 10° à 12° livr. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8”.
Loise (Ferdinand). — De l'étude comparative des langues
et des littératures modernes. Gand, 1871 ; in-8°.
-Perceval le Gallois ou le comte du Graal, publié par Ch. Pot-
vin, V° volume. Mons, 1870; in-8°.
!
|
nr sde daniel
( 163 )
D'Otreppe de Bouvette (Alb). — Causeries d’un octogé-
naire, 4° livr., 1872. Liége; in-12.
Commissions royales d'art et d'archéologie. — Bulletin,
X° année, n°° 9 et 10. Bruxelles, 1871; in-8°.
Recueil consulaire, tome XVII, 1871. Bruxelles; in-8°.
Recueil des rapports des secrétäires de légation de Belgique,
tome Ier, 8° livr. Bruxelles, 1872; in-8°
Messager des sciences historiques, 1871, 4° liv. Gand;
in-8°
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin,
1871,5° série, tome V, n°’ 9 à 11. Bruxelles , 1871 ; 5 cah. in-8°.
Société malacologique de Belgique. — ns tome VII,
1872, n° 1. Bruxelles, in-8°,
than du Journal des Beaux-Arts , année 1871, 10 eaux-
fortes; 1 cah. in-fol.
L'Écho vétérinaire, 4"° année, n° 11 et 12. Liége, 1872;
in-8°,
Société hollandaise des sciences, à Harlem. — Archives,
tome VI, 4° et 5° livr. La Haye, 1871 ; 2 cah. in-8°.
Nederlandsche entomologische vereeniging °S Gravenhage.
— Tijdschrift, 2% serie, VI?! deel, 2-6 aflev. La Haye, 1871;
5 cah. in-8°. z
Maatschappij der Nederlandsche letterkunde, te Leiden. —
Handelingen over het jaar 1871; — Levensberichten, 1871;
— Lijst der leden. Leyde; 5 cah. in-8°.
Annales academici, 1866-1867. Leyde, 1871 ; in-4°.
Provinciaal Utrechtsch genootschap van kunsten en weten-
schappen. — Sectieverslag, 1870; — Jaarverslag, 1871; —
Bergman (J.-Th.), Memoria Ludovici Caspari Valckenarii; —
Baudet (P.-H.-J.), Leven en werken van Willem Jansz. Blaeu.
Utrecht; 4 eah. in-8°.
Annuaire de Paris, 1“ année, 1872. Paris; in-8°.
Société philotechnique de Paris. — Annuaire, années 1870-
1871, tome 52°. Paris; in-8°.
Société météorologique de France. — Annuaire, tome XVII",
( 164 )
1869, Bulletin des séances, feuilles 8-12. Paris, 1871; gr.
in-8°,
Société d’anthropologie de Paris. — Bulletins; Ie série,
tome V. Paris, 1870; 5 cah. in-8°.
Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de
l’homme, 8° année, 2: série, tome 3, janv. 1872. Tou-
louse; in-8°.
Société géologique de France , à Paris. — Bulletin, EN série,
t. XXVIII, n° 5. Paris; in-8.
Revue et magasin de zoologie, par MFE. Guérin-Mene- `
ville, 1870, n° 10 à 12. Paris; 5 cah. in-8°.
Société. de géographie de Paris. — Bulletin, décembre 1871.
Paris; in-8°.
Société d'agriculture, m de D Douai. — Mémoires, 2° série,
tome X, 1867-1869; — Bulletin agricole, 1866-1869, 1870-
1871, n° 1. Douai; 5 vol. in-8°.
Société d'histoire naturelle de Colmar. — Bulletin, 11° an- ;
née, 4870. Colmar, 1870; in-8°.
Société francaise d'archéologie pour la conservation des
monuments. — Congrès archéologique de France, XXXVII
session. Caen, 1871 ; in-8°.
Société d’études diverses au Havre. — Recueil des publica-
tions, 36° année , 1869 ; in-8°; — Procès-verbaux, séance du
25 février, 41 et 25 mars 1870; in-8°.
Société littéraire, nr à et artistique d’Apt. — Statuts
et règlement. Apt, 1871;
Bulletin scientifique Ji: diporiduicak du Nord, à Lille,
4° année, n° 1 et 2. Lille, 1872; 2 cah. in-8°.
Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. —
Mémoires, tome VIII, 2° cahier. Paris , 1872; in-S°.
De Vries (M.) en Verwijs (E.). — Woordenboek der Neder-
landsche taal, 2 reeks, 4 aflev. ( Omschitteren - Omtrek).
La Haye, 1871; in-4°.
Geologische Commission der Schweiz. naturforsch. Gesell-
schaft zu Bern. — Beiträge zur geologischen Karte der
g
( 165 )
Schweiz : neunte Lieferung : Das on estliche rs von
H. Gerlach. Berne, 1872; in-4°.
Studer (B.). — otre der Petrographie und Stratigraphie
der Schweiz und ihrer Umgebungen. Bern, 1872; in-8°.
K. preuss. Akadémie der Wissenschaften zu Berlin. — Mo-
natsbericht, september -october und november 1871. Berlin;
2 cah. in-8°.
_ Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, neue
Folge, 48714 , Band IHI. Berlin; in-8°.
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte;
V. Jahrg., n° 1. Berlin, 1872; 1 cah. in-8°.
Deutsche geologische Gesellschaft zu Berlin. — Zeitschrift,
XXII. Band, 5. Heft. Berlin, 1871 ; in-8°.
Physicalisch-medicinische Societät zu Erlangen. — Sit-
zungsberichte, 5 Heft. Erlangen, 1871 ; in-8°.
Oberlausitzische Gesellschaft der Wissenschaften zu Gör-
litz. — Neues Lausitzisches Magazin, XLVII“ Bd., 2° Heft.
Görlitz, 1871 ; in-8°.
. _ Heidelberger Jahrbücher der Literatur, XLIV. Jahrg., 10.
Heft. Heidelberg, 1871 ; in-8°.
Becker (Fr.). — Impfen oder Nichtimpfen! beitrag zur Lö-
sung der grossen Re über dem Impfzwang. Berlin,
1872; in-8°.
datie Perthes’ geographische Anstalt zu Gotha. — Mit-
_ theilungen, 18. Band, 1872, I und H. Gotha; 2 cah. in-4°.
Lipschitz (R.). — Untersuchung eines Problems der Varia-
tionsrechnung, in welchen das Problems der Mechanik enthal-
ten ist. Berlin, 1872; in-4°.
Grunert (J.-A.). — Archiv der Mathematik und Physik,
LiVe. Theil, 4. Heft. Greifswald, 1872; in-8°.
Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs-
schrift, VI. Jahrgang, 4. Heft. Leipzig, 1871 ; in-8°.
K. phys.-okonom. Gesellschaft zu Königsberg. — Schriften,
XI Jahrg., 1870, 1-2. Abth. Konigsberg, 1870; 2 cah. in-4°.
Institut national d'Ossolinski, à Leopol ns — Bible
( 166 )
de la reine Sophie, 4871 ; in-4°. — Codex Tinecensis, 1871;
in-4°; — Catalogue des publications de la Société; in-8° (en
polonais).
Universität zu Marburg. — Schriften, Ann. acad. 1870-
1871. Marbourg; 26 broch. in-4° et in-8°.
Entomologischer Verein zu Stettin. — Zeitung, 52. Jahrg.,
n° 10-19, 53: Jahrg , n° 1-5. Stettin, 1871-1872; 2 cah.
in-8°. `;
Anthropologische Gesellschaft zu Wien. — Mittheilungen,
IL Bd, n° 1. Vienne, 4872; in-8°.
K. K. geologische Reichsanstalt zu Wien. — Jahrbuch,
XXI. Bd, n° 4; — Verhandlungen, 1874, n° 14-16 mit Register.
Vienne, 1871 ; 2 cah. gr. in-8°.
Société impériale des naturalistes, à Moscou. — Bulletin,
1871, n° 4 et 2. Moscou; in-8°.
Société impériale d'agriculture, à Moscou. — Journal, 1871,-
n° 4 et 5. Moscou; 2 cah. in-8° (en russe).
Academie impériale des sciences à Saint-Pétersbourg. —
Mémoires, VII série, tome XVI, n° 9 à 14 (dernier), tome
XVII, n° 4 à 10. Saint-Pétersbourg, 1871; 46 cah. in-4°; —
Bulletin, tome XVI, n° 2 à 6 (dernier). Saint-Pétersbourg,
1874 ; 5 cah. in-4°.
Carrara (F.). — Programme del corso di diritto criminale,
parte speciale, vol. VII, seconda edizione. Lueques, 1871;
in-8°.
__Basevi (Abramo). — Sul principio universale della divina-
zione. Florence, 1871 ; 1 vol. in-8°.
Basevi (Abramo). — Studio sulle opere di Giuseppe Verdi.
Florence, 1859; 4 vol. in-8°; — Studj sull’ armonia. Florence,
1865; in-8°; — Introduction à un nouveau système d'harmo-
nie. Florence, 1865; in-8°. *
Ragona (Domenico). — Sul principali fenomeni delle varia-
zioni diurne del calore atmosferico. Modène, 1871 ; in-8°.
R. Istituto veneto di scienze , lettere ed arti. — Memorie;
vol. XIV, par. 3, vol. XV, par. 4, 2. Venise, 1870-1871; 5 cah-
( 167 )
gr. in-4°; — Atti, serie 5°, tomi XV, XVI, serie 4°. tomo t,
disp? 1°, Venise, 1870-1871 ; 21 cah. in-8°.
Academia real das sciencias de Lisboa. — Jornal de sciencias
mathematicas, num. XII, 4874. Lisbonne, in-8°.
Statistical Society of London. — Journal, september and
december 1871. Londres; 2 cah. in-8°.
Bashforth (F.). — Chronograph. Londres, 1871; in-8°.
Numismatic Society of London. — Chronicle, 1871, part IH,
Londres; in-8°.
Entomological Society of London. — Transactions for 1870 ,
part. 1-5. Londres, 1871 ; in-8°.
Observatory of Trinity College, Dublin. — Astronomical
observations, 1 part. Dublin, 1870; in-4°.
Asiatic Society of Bengal at Calcutta. — Procacdings.
n° VIII, august, 1871. Calcutta; in-8°.
Agassiz (Louis). — A letter eoncerning Decp-Sea Dredgings.
Cambridge (M**), 1871 ; in-8°.
The american Journal of se and Art, third series,
vol. II, n° 44. New-Haven, 1871; in-8
Wast Department, Surgeon Ha s Office, Washington.
— Circular n° 5. Report of surgical cases in the army. Was-
hington , 1871 ; in-8°.
Museo publico de Buenos Aires. — Anales, Entrega 9",
3° del tomo 2%. Buenos-Ayres, 1871; in-4°.
Liste d'ouvrages offerts en don à la COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE ef
déposés dans la Bibliothèque de L'ACADÉMIE.
Ministère de l’intérieur. — Statistique de la Belgique. —
Agriculture. — Recensement général (51 décembre 1866).
Bruxelles, 1871 ; in-folio. — Annuaire statistique de la Bel-
gique, deuxième année, 1871. Bruxelles , 1871 ; in-8°.
Société des sciences, arts et lettres du Hainaut, à Mons
Mémoires et publications, année 1870-1871. Mons, 1871; ;
in-8°,
COR
Cercle archéologique de Mons. — Annales, t. X. Mons, 1871;
in-8°.
Devillers (L.). — Documents sur les conquêtes de don Juan
et sur ses partisans dans le Hainaut en 1578. (Extrait des
Annales du cercle archéologique de Mons, t. X, 1871). In-&.
Société paléontologique et archéologique de l’arrondisse-
ment judiciaire de Charleroi, à Charleroi. — Documents et
rapports, tome IV. Mons, 1871 ; in-8°.
Societé scientifique et littéraire du Limbourg, à Tongres. —
Bulletin, t. XI. Tongres, 1870 ; in-8°.
Cercle archéologique du pays de Waes, à Saint-Nicolas. —
Buitengewone, n° 8. — Inhulding van het standbeeld van
Geeraard Mercator, 14 mey 1871. Sint-Nicolaas, 4871; in-8°.
Rey (G.). — Étude sur les monuments de l'architecture
militaire des croisés en Syrie et dans Pile de Chypre ( Collec-
tion de documents inédits sur l’histoire de France). Paris,
4871; in-4°.
Recueil des monuments inédits de l’histoire du tiers état. —
Région du Nord, tome V (même collection que le ddie
Paris, 1870; in-4°.
Lavoisier. — OEuvres, tome IV. Paris, 1868 ; in-4°.
Fresnel (Aug.). — OEuvres complètes, tome HI. Paris,
1870; in-4°.
Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin , tome V,
n° 8et9. Lille, 1870; 2 cah. in-8°.
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BULLETIN
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L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1872. — Ne 5
CLASSE DES SCIENCES.
ee eee
Séance du 2 mars 1872.
M. J.-B. p'Omarius D'Hazoy, directeur, président de
l’Académie.
M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden,
Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens,
J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet, H. Maus,
M. Gloesener , F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, É. Du--
pont, Éd. Morren, membres; Th. Schwann, E. Catalan,
Ph. Gilbert, associés; Éd. Mailly, Alph. Briart, ne |
J. De Tilly, Éd. Van Beneden, correspondants.
29° SÉRIE, TOME XXXII. 12
(470 )
CORRESPONDANCE.
L'université de Bonn fait part à l'Académie de la célé-
bration, le 4° avril prochain, du 50° anniversaire de
doctorat de M. le professeur Argelander, associé de la
Compagnie. — M. le secrétaire perpétuel a répondu que la
classe s'associerait d'esprit et de cœur à ce jubilé.
— M. Loomans, recteur de l’université de Liége , a fait
parvenir 90 exemplaires d’une brochure contenant les
discours prononcés par les autorités académiques aux
funérailles de M. Spring. — Ces exemplaires ont été dis- `
tribués aux membres.
— L'Observatoire de Leipzig et la Société philosophique
de Glasgow remercient pour le dernier envoi de publica-
tions académiques.
— MM. les curateurs de l’université de Leyde, la Com-
mission géologique fédérale suisse, la Société physico-
médicale d’Erlangen et l'Office du chirurgien général des
États-Unis envoient leurs derniers travaux.
— La Société d'Anthropologie de Paris adresse égale-
ment ses dernières publications, à titre d'échange avec
celles de la Compagnie.
— Il est fait hommage des ouvrages suivants :
1° Cours d'analyse infinitésimale, partie élémentaire,
par M. Ph. Gilbert; vol. in-8°;
2 Notice sur Eugène Coemans, par M. Malaise; in-12;
3° On longevity, by professor Owen ; in-8°.
Des remerciments sont votés aux auteurs de ces dons.
3
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f
( 174 )
— La classe a reçu, pour le recueil des phénomènes
périodiques, les observations sur la floraison faites à An-
vers, en 1871 , par M. Acar; celles sur le règne végétal et
le règne animal faites à Ostende, également en 1871, par
M. Lanszweert; et le résumé météorologique pour la même
année, à Anvers, par M. De Boë.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
4° Les chauves-souris de Belgique et leurs parasites,
avec sept planches, par M. P.-J. Van Beneden. (Commis-
saires : MM. de Selys Longchamps et Gluge );
2 Sur le calcul de la densité moyenne de la terre,
d'après les observations d’Airy, par M. F. Folie. ( Com-
missaires : MM. Liagre et Gilbert );.
5° Tableau de l'astronomie dans l'hémisphère austral
el dans l'Inde, par M. Éd. Mailly. (Commissaires : MM. Ern.
Quetelet, Liagre et Montigny );
4° Sur l'existence de la dérivée dans les fonctions con-
tinues, par M. Ph. Gilbert. (Commissaires : MM. Catalan
et Steichen ) ;
5° Sur les moyens de rendre la vieillesse plus saine,
par M. Éd. Robin. (Commissaire : M. Gluge.)
— La classe accepte d'examiner, au point de vue mathé-
matique, la note de M. Meerens Sur la notation musicale
simplifiée et le diapason, déposée aux archives conformé-
ment à la résolution de la classe des beaux-arts du 12 oc-
tobre 1871. — MM. Liagre et De Tilly feront cet examen.
(12)
RAPPORTS.
Note préliminaire sur un fait remarquable qu’on observe
au contact de certains liquides de tensions superficielles
très-différentes, par M. G. Van der Mensbrugghe.
Rapport de M, J, Plateau.
« Dans un travail précédent, M. Van der Mensbrugghe,
partant du principe, aujourd’hui bien établi, de la tension
superficielle des surfaces liquidés, avait réuni sous un
même point de vue une série de phénomènes en appa-
rence indépendants les uns des autres et qui avaient donné
lieu à des explications très-divergentes. Il vient mainte-
nant ajouter d’autres phénomènes encore à cette série. La
Communication actuelle est une note préliminaire , destinée
à prendre date; l’auteur imite, en cela, les savants alle-
mands, qui emploient ce procédé de préférence à celui
des paquets cachetés. Si les expériences ultérieures de
M. Van der Mensbrugghe confirment ses prévisions, il aura _
trouvé l'explication de faits considérés jusqu'ici comme
mystérieux, tels que les mouvements browniens et les
figures de cohésion de M. Tomlinson.
Je pense conséquemment que la note de M. Van der
Mensbrugghe mérite d’être insérée dans nos Bulletins. »
Conformément à ces conclusions, auxquelles a adhéré
M. F. Duprez, second commissaire, la classe a voté lim-
pression de la note de M. G. Van der Mensbrugghe dans les
Bulletins.
Mémoire sur l'absorption des sels métalliques par la laine
mordancée, par M. P. Havrez.
Rapport de MM. Donny, Welsens et Dewalque.
« On sait que, pour fixer la plupart des matières colo-
rantes sur les tissus , il faut au préalable fâire passer ces
derniers par un bain salin, ordinairement à base d’alun,
qui porte le nom de mordant. L'action du mordant ne se
borne pas à rendre le principe colorant insoluble et comme
Combiné à la matière textile : elle agit aussi sur la cou-
leur, qu’elle modifie sous le triple rapport de sa nuance ,
de sa pureté ou bruniture et de son intensité.
Un illustre chimiste, M. Chevreul, a consacré de lon-
gues recherches, dont les résultats sont exposés dans les
tomes XXIV et XXXIV des Mémoires de l’Académie des
sciences de Paris, à déterminer l'influence du mordançage
à Falun , seul ou associé à la crême de tartre, sur la teinture
de la laine, de la soie et du coton. Mais l’éminent directeur
des Gobelins avait laissé de côté l'étude de l'influence des
doses du mordant; et les résultats obtenus présentaient des
divergences notables qui restaient sans explication. :
L'auteur du mémoire renvoyé à notre examen. M. P.
Havrez , professeur de chimie et directeur de l’École pro-
fessionnelle de Verviers, a cherché à éclairer ces points
restés obscurs, en bornant ses recherches à la laine. Il est
arrivé à constater des faits inattendus, dont il a recher-
ché la cause; et l'explication qu’il en donne nous permet _
enfin de nous rendre compte du mordancage lui-même, _—
comme de l'influence de diverses circonstances dont le
(174 )
rôle était resté inconnu, ce qui avait retenu cette partie
de l’art de teindre dans des voies purement empiriques.
L'auteur a d'abord mordancé de la laine : 4° dans des
bains tièdes; 2 dans des bains bouillants, à l'aide de
doses d'alun , au nombre de onze, qui s'élèvent graduelle-
ment de + 5 Pour 100 de laine, à 100 pour 100.
Après avoir teint ces laines par diverses matières colo-
rantes (cochenille, garance, gaude, quercitron, bois
jaune, bois rouge et campêche), il a évalué, à l’aide des
échelles chromatiques de M. Chevreul, les trois modi-
fications, nuance, bruniture, intensité, des teintes pro-
duites par ces accroissements successifs des doses de
mordants. De ces expériences il ressort qu’un bain faible-
ment aluné agit comme bain alcalin, et un bain chargé
d'alun comme bain acide. L'auteur avait cherché l'expli-
cation de ce double fait dans les traces de soude que re-
tient la laine dégraissée, dans le calcaire en dissolution
dans l’eau du bain, et enfin dans l’ammoniaque résultant
de altération du principe gélatineux de la laine, lorsque
notre savant confrère, M. Stas, lui signala comme cause
normale la dissociation de Palun. C’est cette explication
que l’auteur a mise hors de doute par de nombreuses
expériences.
Après avoir rappelé divers exemples de décom positions
signalées par les auteurs et explicables par la dissociation,
Pauteur a étudié à ce point de vue la différence d'action
des sulfates de fer et de cuivre, suivant qu’on les emploie
à faible dose ou à forte dose. Les résultats obtenus, en
confirmant les précédents, trouvent de même leur expli-
cation dans la dissociation des solutions étendues de ces
sels. Ils n’intéressent donc pas seulement les praticiens ,
mais ils jettent un jour nouveau sur une partie de la
science qui est appelée à diriger la pratique.
(175 )
Dans le deuxième chapitre, l'auteur cherche ensuite à
déterminer la part d'influence qu’il faut attribuer aux
circonstances qu'il avait d'abord considérées comme la
cause essentielle de l’action alcaline d’un bain d’alun très-
étendu. Il examine successivement :
a) L'influence du calcaire en dissolution dans l’eau.
Des expériences entreprises sur trois eaux marquant res-
pectivement 2, 7 et 27 degrés hydrotimétriques lui per-
mettent de constater que le caleaire produit sur la teinture
le même effet qu'une diminution de mordant.
b) L'influence de l’état acide ou neutre de la laine et de
l'eau employées. A cette fin, après avoir préalablement
lavé la laine à l’eau distillée, il la fait tremper dans de
l’eau acidulée par l'acide azotique, puis il la mordance
avec !} et avec 1 pour cent d’alun, puis finit par la teindre
au campêche, au bois rouge, et à la cochenille. L'action
comparée de ces deux mordancages s'explique encore La
la dissociation de Palun.
Une autre série de recherches a eu pour but de con-
trôler ces résultats, en examinant jusqu’à quel point la
présence d’une petite quantité d’acide libre s'opposerait à
la dissociation du mordant par l’eau. Des résultats obtenus,
l’auteur conclut que la présence d'un acide libre en léger
excès empêche pas la dissociation, mais diminüe la dose
d'alumine absorbée par la laine.
c) L'influence de la température du bain de mordan-
cage, et de sa durée. Diverses séries d'expériences ont
montré que l’alunage le plus dilué, le plus chaud et le
plus prolongé produit la dissociation la plus étendue et fixe
le plus d’alumine.
L'auteur recherche ensuite l'influence de la proportion
de la laine et celle de ses panii sur la quantité daomp -
(47)
dissociée et fixée. Il constate que la quantité relative de
la laine, par rapport à celle de l’alun, exerce une influence
plus considérable que celle. de leau; et que les apprêts
acides, par exemple, le soufrage sans rinçage , diminuent
la dose d’alumine fixée; ce qui était à prévoir d’après les
résultats d’une addition d'acide au bain.
Dans un troisième chapitre, l’auteur revient en détail |
sur les expériences entreprises dans le but de rechercher |
l'inflaence des doses fortes ou faibles d'alun sur la tein-
ture à l’aide des diverses matières colorantes que nous
avons énumérées plus haut. Les résultats sont résumés
sous forme de tableaux, comme Ja plupart des précédents,
à l’aide des notations de M. Chevreul. La lecture de ces
tableaux, trop compactes d’ailleurs sur le manuscrit, est
très-difficile pour celui qui n’est pas familiarisé avee ces
symboles; mais nous avons cru voir là un inconvénient
inhérent au sujet. |
Le quatrième chapitre présente le résumé de ces lon-
gues recherches, opérées sur des centaines d'échantillons
de laine, qui sont conservés dans les collections de l'École
professiennelle de Verviers. L'auteur y revient sur les
résultats obtenus et les explique à l’aide de la dissocia-
tion du mordant , suivie de Pabsorption graduelle et très-
inégale de ses éléments par la laine; c'est une sorte de
dialyse où la laine joue le rôle de corps poreux. Il finit par
résumer les diverses circonstances de dose, de tempéra-
ture et de durée qui conviennent aux diverses teintures
que nous avons énumérées.
Ce résumé succinct des longues recherches de M. Ha-
+ vrez était nécessaire pour permettre à la classe d'apprécier
la portée de son travail et nos conclusions. L'auteur a fait
-> faire un progrès incontestable à Ja théorie de l'art de
Es
teindre ; aussi nous n’hésiterions pas à proposer l'insertion
de son mémoire dans nos recueils, si, par sa nature et
par le grand nombre de données pratiques qu’il expose,
il ne nous paraissait appelé à une autre publicité, plus
avantageuse pour l’auteur et pour le public. L’approba-
tion de l’Académie sera pour l'auteur une première récom-
pense, et l'insertion de ce rapport dans nos Bulletins
suffira, croyons-nous, pour faire connaître aux chimistes
la nature et la portée de ses recherches. D'autre part,
l'impression du mémoire dans un recueil technique, tel
que le Bulletin du Musée de l'Industrie, le ferait con-
naître à une foule d’industriels à qui nos recueils sont
inconnus ou inaccessibles.
Nous avons done l'honneur de proposer à la classe de
donner son approbation au mémoire de M. Havrez, et
d'engager l’auteur, en le remerciant de sa communication
à le présenter à un recueil technique, où il trouvera un
excellent aceneil. »
La classe a adopté ces conclusions.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur l'aurore boréale du 4 février 1872; note de M. Ernest
Quetelet, membre de l’Académie.
Une aurore boréale d’une grande beauté a été vue à
Bruxelles dans la soirée du 4 février. Les barreaux ai-
mantés, jusqu’à midi, n’avaient rien offert d'anormal dans _
leurs indications. Aussi Fon était loin de s'attendre au
$
‘(178 )
magnifique phénomène qui s’est manifesté au coucher du
soleil. M. Marchal paraît être le premier qui l'ait aperçu
à 5 h. 20-m. L'aurore a ensuite rapidement augmenté
d'éclat et à 6 !/4 heures, elle était dans toute sa beauté.
Son aspect” variait assez rapidement. Après 8 heures elle
a diminué, et vers 8 3/4 heures elle paraissait à peu près
éteinte; le ciel s'était voilé en grande partie, Après 10
heures le ciel est redevenu beau et le phénomène a eu une
seconde phase éclatante qui a duré jusque dans la nuit.
Les barreaux aimantés ont été profondément traublés
pendant la durée du phénomène ; la déclinaison a été très-
forte. Ainsi, tandis que le 3 et le 5 février à 9 heures du
soir, elle était de 17°46',5 et 17°42’,4, le 4 à 6 1/4 heures,
elle s'élevait à 18°25',8 et à 6 3/4 heures, moment de l'écart
maximum , la déclinaison atteignit 18°46',6, en perturba-
tion d’un degré environ.
La composante horizontale de la force magnétique
était très-grande; la composante verticale, faible jusque
vers 71/2 heures, est devenue ensuite supérieure à sa valeur
moyenne. L'inclinaison magnétique avait considérable-
ment diminué, ce qui s'accorde avec les observations faites
dans le ciel.
_A 61/4: heures, au moment où l'on a commencé à ob-
server le phénomène à l'Observatoire, un immense arc
lumineux s'étendait de POSO. à PENE. en passant au sud
du zénith. Cet are s’est ensuite séparé en deux parties qui
s’appuyaient de part et d'autre sur l'horizon. La partie
dirigée vers l'O. était surtout admirable; elle offrait l'aspect
d’une immense parabole colorée des plus riches teintes et
rappelant la forme de la queue d’une belle comète. Plus
tard, l'aspect a changé; quatre petits nuages roussâtres .
brillants étaient dispos t autour du centre
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(17 )
d'émanation. Ensuite la couronne s'est formée, projetant
des rayons colorés dans toutes les directions.
Du côté du S., le bord de Fellipse était peu visible,
mais au nord il était très-nettement marqué, d’une couleur
rosée; il passait par les Pléiades. Le centre d'émanation se
trouvait ainsi un peu au sud des Pléiades, et peut être
estimé , vers 6 1/2 heures, à une hauteur au-dessus de l'ho-
rizon de 61° à 62°, tandis que la déclinaison magnétique est
actuellement de 67°8', ce qui montre que le centre d’éma-
nation s'était abaissé en même temps que l'inclinaison de
l'aiguille aimantée diminuait considérablement.
h. 45 m., rayons blancs dans l’E.; beaux rayons
rouges dans le SO. et le N.
A 8 heures, rayons rouges dans l'O. et le N.; dans le
SE. nuage rouge; E. et SO. blancs. Vers le zénith, rayon
blanc dirigé du S. au N. et un autre vers l'OSO.
Vers 10 !/2 heures, beau nuage rouge de sang dans le NE.
Le ciel est assez beau. Une immense arche s'étend bientôt
du NE. au SO.; elle est d'un beau rouge contrastant avec
la teinte un peu bleuâtre des étoiles.
Il convient de mentionner ici comme ayant probable-
ment quelque rapport avec le beau phénomène mentionné
ci-dessus , que le 3, après midi, le ciel avait une teinte
orangée peu ordinaire, qui a été remarquée par plusieurs
Personnes. Le soleil voilé par des vapeurs élevées donnait
des rayons franchement orangés. Le brouillard est des-
cendu ensuite; à 4 heures et demie, il est devenu extré-
mement dense, puis il s’est dissipé après 10 heures.
— D'après M. Marchal, qui observait près de Observa-
toire, dès 5 h. 20 m., deux paques violacées ont annoncé
1
le commencement de l'aurore; elles se une,
( 480 )
au-dessus de l'horizon NE., et l’autre à l'horizon 0.; la
première avait une teinte plus foncée et toutes deux se
reflétaient au travers de stratus, marchant vers l'O. et qui
s’accusaient à près de 150° de l'horizon.
Peu à peu ces plaques ont passé au rouge brique, puis
au rouge vif. Vers 6 heures, deux larges segments d'arc
ont commencé à se montrer, et à 6 ‘/2 heures, ils étaient
dans tout leur éclat. Ils avaient pour point de départ la
constellation des Pléiades. Des traces d’une couronne lumi-
neuse à fond opaque se sont ensuite prononcées et à un
certain moment la couronne entière est apparue, mais pen-
dant un seul instant. Cette couronne n'avait pas un contour
nettement déterminé comme celui formé par les halos ou
les parhélies; les points saillants qui se montraient se res-
serraient jusqu’à former une moitié de cercle, comme si des
effluves émergeaient de ce point, et même arrivaient à ne
former qu'une houppe.
Des traits fugitifs, tels qu'en présentent certaines nébu-
leuses, se prononcaient pour s'affaiblir ensuite. Il sem-
blait que ce point central était un foyer d’où s'échappaient
des jets de vapeurs formant un noyau d'émanation élec-
trique.
Pendant ce temps les deux branches de la parabole,
l’une s'appuyant sur l'horizon ENE. et l’autre sur F'hori-
zon SO., avaient pris la superbe contexture du rideau
auroral que les navigateurs au pôle ont si bien décrit; ces
rideaux à courbure régulière, à surface supérieure nette-
ment décrite, mais à franges indéterminées, étaient formés
de larges plis rougeâtres dont les reliefs étaient accentués
par des raies d’un blane jaunâtre, qui prenaient par mo-
ments un éclat très-vif. Les étoiles étaient parfaitement
visibles et celles seulement voilées par le phénomène ne
scintillaient pas.
5 E:
s aana
ERN nee don er Eu
( 181 )
L'horizon magnétique nord s'est ensuite obscurci de
telle manière que les étoiles de cette région ont été com-
plétement voilées.
Vers 7 */2 heures , le phénomène avait pris une gouselle
phase tout aussi splendide que la première.
De la couronne qui, de temps en temps, se rétrécissait
pour ne plus former qu’un point d'émanation d'où surgis-
saient comme des fusées de rayons électriques dont quel-
ques-uns s’étendirent assez fortement , irradièrent, vers six
à huit points de tout l'horizon, des colonnes courbes; deux
de ces larges traces rougeâtres traversées dans le sens de
leur longueur par des traits lumineux, étaient très-carac-
téristiques; elles coïncidaient avec les deux branches de la
parabole ou plutôt c'était la parabole elle-même qui con-
courait avec les autres traces lumineuses à former ce beau
spectacle. :
Le phénomène a continué ses manifestations avec des
caractères alternatifs d'intensité et de calme jusque vers
10 1/2 heures, moment où l'horizon NE. et horizon SO.
ont repris seuls une forte teinte rouge; ces teintes ont
persisté jusque vers 41 ‘2 heures, moment où elles sont
allées en s’'affaiblissant.
Une ou deux traces de rayons lumineux ont parcouru
le méridien magnétique en se perdant sous l'horizon nord.
L'aspect général des parties non illuminées était opalin.
Vers l'horizon , le ciel avait une teinte verdâtre.
— M. L. Estourgies, aide à l'Observatoire, a noté que
vers 10 heures le centre d'émanation des rayons lumi-
` neux se trouvait près du méridien, non loin du zénith et
un peu à l'ouest des Gémeaux, formant en ce point
une couronne d'où s'étendaient deux énormes rayons très- To
(182)
lumineux, l’un vers l’est, l’autre vers l'ouest. Cette cou-
ronne était le centre d'un système de rayons moins lumi-
neux , divergeant tous dans la partie nord du ciel. L'intensité
lumineuse de ces rayons n’était pas constante; tantôt ils
apparaissaient très-brillants , tantôt ils semblaient s’assom-
brir, puis s'évanouir pour reparaître quelques instants
après, émanant toujours du même centre qui, se déplaçant
vers l’est par rapport au mouvement des étoiles, occupait
toujours dans le ciel la même position par rapport au pomt
zénithal.
Vers 10 h. 45 m., de l'horizon ouest et nord-ouest, une
gerbe lumineuse d'une clarté très-intense et d’un blanc
rougeâtre s'éleva en larges rayons, de derrière un bane
sombre de nuages sur lequel la gerbe semblait se reposer.
Les rayons traversaient le ciel principalement dans la
direction du centre d'émanation, coupant en plusieurs
points et presque à angles droits les larges rayons E. et 0.
de la couronne lumineuse, laquelle perdit graduellement
son éclat.
A minuit le nord et le nord-ouest étaient illuminés d’une
clarté uniforme et rougeâtre, ne laissant plus apercevoir
de rayonnement distinct.
- M. L. Estourgies a fait connaître comme suite à sa note
sur l'aurore que, par des lettres qu’il a reçues de l'île
Maurice, située dans l'Océan Indien par 20°10’ latitude
australe et 57°50’ longitude orientale de Greenwich, le
même phénomène y a été vu, mais sous la forme d’aurore
australe. D’après la description succincte qui en a été
faite, il paraît que le 4 février, vers 8 heures du soir
(4h. 28 m. soir, temps de Bruxelles), le ciel était illu-
miné, dans la partie sud, d'une teinte de feu s'élevant à
environ 25° au-dessus de l'horizon; cette teinte persista
jusqu'à une heure très-avancée de la nuit.
( 185 )
- Prise d’abord pour l'effet d’un vaste incendie, elle fut
reconnue comme étant le phénomène extrêmement rare
dans ces parages, d’une aurore australe.
Cette aurore coïncidant parfaitement avec celle que nous
avons observée en Europe, M. Estourgies a jugé intéressant
d'en signaler la présence dans l'hémisphère austral.
— D’après une communication faite au nom de M. Vin-
chent , inspecteur général des télégraphes, par M. Banneux,
les effets de l'aurore sur les lignes télégraphiques belges
ont été les suivants :
Des courants électriques se sont manifestés le 4 février
- dernier sur toutes les lignes télégraphiques de quelque
étendue et dans toutes les directions. A 3 heures du soir,
on put déjà constater l'influence de l'aurore sur un fil de
Bruxelles-Londres et sur un autre de Bruxelles-Rotterdam ;
mais, en général, ce ne fut que vers 4 h. 15 m. que les
courants présentèrent assez d'intensité pour empêcher la
transmission des dépêches. L'armature des appareils Morse
collait sur les pôles des électro-aimants, ou bien les sonne-
ries vibratoires étaient mises en mouvement. Par instants,
Parmature elle-même vibrait et donnait sur la bande une
série de points. A 5 h. 25 m., le bureau de Verviers releva
au galvanomètre (de la construction Lippens), une dévia-
tion de 14° sur un fil de Cologne. L'intensité tombait,
du reste ; très-rapidement , ainsi qu’on pouvait en juger
par le mouvement des marteaux des sonneries , lesquels,
au bout de quelques minutes, ne pouvaient plus atteindre
les timbres. Nulle part on n’a remarqué la production
d’étincelles ni la désaimantation des pièces aimantées.
La durée des manifestations était extrêmement variable ;
elle était beaucoup plus grande sur les longues lignes que
( 184 )-
sur celles de peu d'étendue. Le courant se produisait
d'une façon continue pendant 2 à 10 minutes, puis ces-
sait graduellement pour reparaître une minute après. Ces
effets ont surtout été remarquables sur les fils de Bruxelles
à Londres (par Gand et Ostende). On peut dire que, à
partir de 4 h. 20 m., moment où tous les fils d’un dia-
mètre de 0",004 ont été sur contact, jusqu’à 10 h. 15 m.
du soir, la communication télégraphique a été compléte-
ment impossible entre les deux capitales. Sur les autres
fils aboutissant à Bruxelles, les courants ont surtout été
intenses jusqu’à 6 h. 50 m. du soir. Il est à noter que
vers 8 heures, alors que la communication était bonne
avec Ostende par un fil, il y avait courant continu sur un
autre fil de Londres; ces deux conducteurs sont pourtant
voisins sur la même ligne de poteaux entre Bruxelles
et Ostende. On a également remarqué qu’à 11 h. 46 m. un
de ces fils était encore sur contact, tandis que sur tous les
autres de même parcours toute perturbation semblait
avoir cessé depuis une demi-heure.
Des interruptions se sont également produites sur les
lignes de Bruxelles à Courtrai, Tournai, Mons, Paris,
Charleroi, Namur et Arlon, Bruxelles-Verviers, Bruxelles-
Cologne et Berlin. Les courants se montraient d'autant
plus constants et se reproduisaient à des intervalles d'au-
tant plus rapprochés que les lignes étaient plus longues.
Le bureau de Verviers a constaté des variations bien
marquées dans la direction des courants.
Sur les courtes lignes, les effets de l'aurore polaire
ont été peu sensibles ou même ne l'ont pas été du tout.
Les lignes souterraines de Bruxelles (Nord) au bureau
télégraphique de la rue de l'Orangerie et à celui de la
_ place Royale (Ministère) , ainsi que la ligne souterraine de
!
|
$
( 185 )
Bruxelles (Nord) à Bruxelles (Midi) n’ont nullement été
affectées. Les relations entre Bruxelles-Louvain (24 kilo-
mètres) et Bruxelles-Denderleeuw-Alost (24 et 51 kilo-
mètres), Anvers et les bureaux intermédiaires jusqu’à
Bruxelles, n'ont pas noñ plus été influencées d'une ma-
nière appréciable. Au contraire, sur un fil de 3 millimè-
tres, d'Anvers (Bourse) à Saint-Nicolas, par Boom et
Tamise (50 kilomètres), on a constaté, dès 5 heures, un
Courant continu qui s'est prolongé jusqu’à 3 h. 17 m. Une
ligne droite, tirée de Saint-Nicolas à Anvers, aurail une
longueur de 24 kilomètres environ et une direction se
rapprochant du sud-ouest au nord-est. D'autres lignes de
peu d'étendue et suivant à peu près cette direction, telles
que la ligne de Braine-le-Comte à Bruxelles (50 kilomè-
tres), de Mons à La Louvière (25 kilomètres), de Thuin à
Mons (16 kilomètres), de Courtrai aux bureaux intermé-
diaires jusqu'à Gand, ont subi, par intermittences, des
interruptions allant de 5 à 25 minutes. Nous ne possédons
Cependant pas d'éléments assez nombreux ni assez cir-
Constanciés pour nous permettre de conclure que les
lignes, courtes et longues, courant sud-ouest et nord-est,
ont été affectées d'une manière plus remarquable que les
lignes suivant d'autres directions. :
— À Gembloux, d'après M. Malaise, qui a commencé à
observer vers 6 heures du soir, les lueurs aurorales pour-
prées formaient une large bande passant au zénith et se
dirigeant à peu près de l’est à l'ouest magnétique. Ces
lueurs ont persisté avec la même intensité jusque vers
8 heures du soir. Elles ont encore apparu à diverses re-
prises, mais en vacillant et en variant d'intensité. A minuit
27° SÉRIE, TOME XXXIH. 15
( 486 )
on apercevail vers louest des lueurs qui rappelaient un
lever de soleil.
*
— M. F. Folie, correspondant de l’Académie , habitant
Liége, a adressé également un résumé des observations
qu’il a faites sur l'aurore boréale du 4 février; il a cru pou-
voir conclure, de ces observations, que le phénomène de
la coloration ne s’est présenté que dans les zones du ciel
qui étaient occupées par des nuages plus ou moins légers,
comme des cirrhus, ou plus ou moins épais, comme les
stratus qui voilaient tout l'horizon.
Voici l'indication des diverses phases par lesquelles à
passé le phénomène : 6 heures, commencement de l'aurore:
teinte rouge dans de légers cirrhus vers lorient ; 6 1/ heures,
large bande de cirrhus assez forts, fortement colorés en
rouge s'étendant de l’est à l’ouest jusqu’à l'horizon, com-
mençant à l’est un peu au-dessous de Jupiter et passant par
les Pléiades.
6 1/, heures. La coloration a présenté aspect de a
divergeant tous d’un point central situé vers les Pléiades;
celles-ci étaient dans une zone sans nuage et compléte-
ment obscure.
65/4 heures. Affaiblissement sensible de la coloration
de la bande.
7 heures. Fin de la coloration.
Pendant toute la durée du phénomène, l'horizon était
voilé par une forte bande de stratus d’un gris noir uni-
forme, qui n’a été un peu éclairée que vers l'ouest par le
prolongement des cirrhns fortement colorés. Ceux-ci étaient
chassés du côté de l’ouest par un vent assez frais dans la
direction de tax xe de la bande cons et le phénomène lu-
mineux semh pag hus dans leu marche.
( 187 )
9 heures. Quoique + nouveaux cirrhus eussent rem-
placé les précédents dans la même région du ciel, ils
w'élaient pas colorés. D’autres nuages, par contre, situés
vers le nord-ouest, aux environs de Ê Andromedae , ont
été très-vivement colorés.
J'ajouterai enfin que je mai vu aucune trace de colo-
ration dans les régions du ciel où je ne distinguais aucun
nuage, et souvent, au contraire, j'ai vu des couleurs très-
vives dans des nuages assez épais pour masquer des étoiles
de deuxième grandeur.
— M. F. Terby, docteur en sciences à Louvain, a com-
muniqué également ses observations sur l'aurore. Comme
elles ont paru dans le n° du 42 février 1872 des Comptes
rendus de l'Académie des sciences de Paris, il a semblé
inutile de les reproduire de nouveau ici, où elles forme-
raient double emploi.
— Selon M. Remi Desrumeaux, qui observait à Kain
près de Tournai, des teintes rougeâtres caractéristiques se
montrèrent au sa ouest, à la chute du jour; vers 6‘
heures, l'aurore commença à étaler ses rayons; à 6 '/a
heures, une auréole apparut au sud-ouest; de cette espèce
de gloire rayonnaient, de tous côtés, des lames lumineuses
richement teintées de rouge, de rose, de blanc, de bleu -
et de vert. Après une durée d'environ 10 minutes, cette
phase de l'aurore se dissipa et le phénomène parut fini.
A 7 h., le SO. et le NE. s’illuminèrent de nouveau, des
rayons s’élancèrent de part et d'autre; à de certains mo-
ments, ils traversaient tout le ciel et persistaient pendant
plusièurs minutes. A 8 heures, il se forma vers le zénith
un cercle d’où sortaient des jets rouges, jaunes, bleuâtres
.
( 188 )
et blancs. A partir de 7 heures, le ciel a été constamment
diapré ; des banderoles multicolores étaient visibles çà et là.
J'ai cessé mes observations à 10 heures. La soirée
n’était pas plus obscure que s’il y avait eu un beau clair
de lune. La particularité qui a surtout appelé mon atten-
tion, c'est l'aspect des nombreux centres radiants qui se
sont successivement montrés en divers points. Ils ressem-
blaient généralement à un ciel-de-lit cireulaire auquel
seraient appendus des fuseaux colorés.
— D'après M. G. Bernaerts, qui observait à Malines, un
arc lumineux et blanchâtre part de VE. à 6 h. 55 m., passe
sous Procyon et s'élance vers la ceinture d'Orion. Inter-
rompu en cet endroit, il reparaît sous Aldébaran. Là ses
formes sont irrégulières, il est replié comme une draperie
_et son aspect est nébuleux. Bientôt cette forme se modifie,
et des rayons blanchâtres, cirrheux et recourbés partent
des Pléiades , dans la direction du S. et du SE. Un PET
s'élance aussi de l'O. au zénith.
A 6h. 45 m., Farc lumineux est complétement formé,
mais en même temps il s'est abaissé vers le SE. Il at-
teint presque Sirius et passe sous x et @ d'Orion. Toutes
les étoiles disparaissent dans le segment obscur; Sirius Ț
seul conserve son éclat.
Un rayon plus faible s'élance alors de l'E. vers le zénith.
Jl a la forme d’un fuseau et passe par les constellations des
Gémeaux et du Cocher. Pendant ce temps le SE. se couvre
rapidement de légers stratus qui se dirigent vers le NE
en se détachant parfaitement sur le segment obscur. Le
SO. est coloré d’une vive lumière légèrement rougeâtre.
A Th. 5 m., l'arc lumineux s’est un peu modifié : le SE.
semblé couvert pes des stratus assez denses ; au-dessus, le
À
y
À
t
(189)
ciel est brillamment M La lumière est AERES
très-vive et très-accentuée.
A ce moment le NE. lance quelques rayons rougeâtres
vers le zénith. [ls forment un are de grand cercle qui
passe au nord de « et 6 des Gémeaux et continue jusque
dans le SO. Cette partie de Parc est blanchâtre. Au N. se
manifestent quelques clartés vagues et brumeuses.
A 7h. 15 m., de nombreux jets blancs se dirigent de
POSO. vers le zénith. Les rayons rougeâtres du NE. sont
fortement prononcés et conservent à peu près la même
place qu'auparavant. Le SE. reste brillamment illuminé.
A 7 h. 20 m., la gerbe du NE. est formée de plusieurs
stratifications poijes traversant les Gémeaux à la place
occupée par la planète Jupiter.
__De tout l'horizon compris entre l'O. et le N., s'élancent
un grand nombre de rayons blancs dirigés vers le zénith.
Des vapeurs brumeuses voilent tout l'horizon NO. et font
ene complétement disparaître +. du Cy gne.
7 h. 30 m., tout le ciel semble se couvrir de vapeurs -
brumeuses, les unes blanchâtres, les autres un peu rou-
geàtres. Elles voilent presque toutes les étoiles sauf celles
de première grandeur. Le rayon rouge du NE. n’en est
pas affaibli.
Quelques moments après, un rayon sous forme de cir-
rhus, aboutissant au zénith, passe par 7 des Gémeaux et
Proeyon. On le voit se diriger lentement vers a Orion,
c'est-à-dire du NE. au SO.
A7h.55 m., une multitude de rayons lumineux partent
de toutes les parties de l'horizon vers le zénith et trañs-
forment le ciel en une brillante coupole.
Le rayon le plus large est dirigé vers l’espace qui s'étend _
entre « du petit Chien et Orion. L'arc lumineux du SE. a
beaucoup diminué d'intensité. `
| ( 190 )
À 7 h. 40 m., l’état précédent subsiste. Le centre de
radiation se trouve près de y et de: du Cocher, à une
distance égale de ces deux étoiles, et un peu vers Aldé-
baran, donc un peu au SE. du zénith. Cet état disparait
ensuite rapidement.
h. 50 m., de beaux rayons ronges se manifestent
dans la constellation de Cassiopée, mais ils sont peu éten-
dus. En même temps, de faibles rayons blancs apparaissent
dans le SO.
A 7 h. 55 m., l'arc lumineux est fortement accentué et
très-large dans le SE. Ses vapeurs brumeuses et blanchà-
tres partent du NE., traversent Orion et aboutissent au
SO. Le NE. est fortement éclairé, |
A 8 heures, le SE. reste couvert des mêmes vapeurs
blanchâtres. Dans le NO., au-dessus de o du Cygne, se
manifestent de brillants rayons rouges.
. 10 m., tout le N. estéclairé par de magnifiques
gerbes rougeâtres; le S. et le SO. par une vive lumière
. blanche un peu bleuâtre. Un brillant rayon rouge passe au
NNE. entre la grande et la petite Ourse.
Dans la constellation du Cocher se manifestent sans
cesse des vapeurs blanches , analogues aux cirrhus. Ces
vapeurs se meuvent, apparaissent, disparaissent et se
modifient constamment.
A 8 h. 15 m., une gerbe blanche et cirrheuse part de
VE. vers le zénith en passant par Jupiter et les Gémeaux.
A ce moment j'ai interrompu mes observations.
A 11 heures, l'arc lumineux du SE. persistait encore. I
passait sous la conStellation du Lion , mais son intensité
élait plus faible qu'auparavant. -
Le point culminant de cet arc lumineux se trouvait
dans le SE., pendant toute la durée de l'aurore.
NA
3
Í
{
i
į
%
( 1997
— Voici, comme suite aux observations de M. Bernaerts,
quelques remarques complémentaires faites par M. Édouard
Van Segvelt, également de Malines :
Vers 6 h. 25 m., les Pléiades semblaient être le centre
d'où irradiaient des lueurs rougeâtres très-vives, qui p'at-
teignaient pas tout à fait la constellation d’Orion et qui
semblaient s'évanouir vers le Bélier. Je ne puis mieux
* comparer ces lueurs qu'à d'immenses draperies tendues
dans le ciel. Mais le phénomène ne tarda pas à présenter
un tout autre aspect. Un mouvement assez intense vers
la gauche se dessina et un cercle assez prononcé ne tarda
pas à s'établir entre les. Pléiades à droite, les Hyades et
Aldébaran au sud et les étoiles y et : du Cocher à gauche;
vers le nord il y avait solution de continuité dans le cercle.
Les lueurs devinrent fort vives et ne tardèrent pas à
envelopper successivement Orion et les Gémeaux , d'un
côté; de l'autre, elles gagnèrent vers Andromède de façon
à couvrir la moitié du ciel. D'éclatants rayons blancs,
d'autres d’un vert pâle mélangés de rayons obscurs se
‘partageaient le ciel, qui continuait toutefois à conserver
comme fond principal une couleur rouge assez vive et
transparente, mais présentant l'aspect de certaines cou-
leurs préparées avec un mélange de blanc, c’est-à-dire
une apparence mate. La constellation de Cassiopée , qui
jusqu'ici, n'avait pas été immergée, le fut alors; les rayons
descendirent un peu plus bas que cet amas d'étoiles et
n’atteignirént pas l'horizon de ce côté, mais simulèrent un
véritable rideau lumineux. Il pouvait être environ 7 h.
in. A ce moment l'aurore se modifia. Le cercle décrit
précédemment disparut et à sa place j'apereus deux grandes
traînées lumineuses courbes, très-irrégulières dans leur con-
rbi LA i ETE E T R AET RTE à
RIRE U © Zi t
€ 192 )
fondre leurs teintes, pour reparaitre bientôt assez distinctes
lune de l’autre. Pendant ce temps, les grands rayons, qui
avaient envahi tout le ciel, changeaient continuellement de
position et d'aspect. Il ma même semblé, à certains mo-
ments, que ces rayons subissaient vers leurs bases des
déviations du côté de l’ouest. Pendant la durée du phéno-
mène, j'aperçus une lueur blanchâtre (là où antérieure-
ment existaient les traînées lumineuses d’un aspect vrai-
ment fantastique). J'observais encore par intervalles le
phénomène ; vers 10 heures et 10 h. 50 m., il était toujours
très-prononcé et s’accentuait surtout vers le nord. Les
rayons rouges étaient très-apparents, très-vifs. La marche
générale de l'aurore a été de la direction des Pléiades et
des Hyades vers le nord, en suivant la ligne de ces constel-
lations dans le ciel. Je cessai d'observer vers minuit; des
lueurs vagues blanches et rouges parsemaient encore le
ciel à ce moment:
A plusieurs reprises Ms de vagues lueurs de
teintes différentes et présentant la forme de cirrhus , ainsi
que des bandes lumineuses, peu visibles d’ailleurs, allant
de l'ouest à l’est.
— M. D. Leclercq, directeur honoraire de l'École indus-
trielle de Liége, a er le résultat suivant de ses
observalions :
Vers 5 1/2 heures, une belle trainée lumineuse, sillonnée
par des couleurs jaune feu , avançait lentement de l'ESE.
A 6 !/2 heures, le spectacle était superbe; les amas
colorés les plus éloignés de la ligne E.-0. s'étaient éteints
ou rapprochés; ils formaient deux nappes d’un beau rouge
jaunâtre affectant la forme hyperbolique; l'axe réel était .
très-petit, l'axe imaginaire très-allongé. La convexité de
( 195 )
ces nappes était marquée par une ligne d'un beau jaune,
qui accusait la direction des branches de l’hyperbole; pour
l’une de ces courbes, elles plongeaient respectivement vers
l'ESE. et l'OSE.; et pour l'autre, vers PENE. et l'ONO.
Entre ces deux nappes, le ciel était d’un bleu grisâtre
clair; les étoiles s’y montraient dans leur éclat. Le phéno-
mène occupait un tiers environ du ciel; de VE. à l'O. par S.
l'horizon était d’un bleu indigo foncé; de l'E. à l'O. par N.
d'un bleu gris assez sombre.
Dans chaque nappe on distinguait des bandes d'un
jaune rougeâtre, convergeant pour se réunir le long de la
convexité; parfois elles étaient sillonnées de lueurs d'un
beau jaune ayant la forme des veines du marbre; il s’en
montrait même dans l'intervalle des deux nappes, et le long
de leur bord; du côté du nord et vers le midi, ces appa-
rences colorées se terminaient irrégulièrement en forme
de draperies.
Le centre et les courbes s'avançaient intetiele: vers
l'ouest, l'axe imaginaire restait parallèle à lui-même; sa
direction d’entre E.- ENE. à 0.-0SO. faisait un angle très-
aigu avec la ligne E.-0. La nappe boréale était devenue
plus brillante que l'autre; vers 6 5/4 heures, toutes deux
commencèrent à faiblir du côté de l’est; en même temps,
et vers l’ouest, l’inflammation se prononçait à la suite des
nappes, et surtout le long de la branche qui se dirigeait
vers l'ONO. ; elle se faisait d'autant plus rapidement que
l'aurore diminuait plus vite; quand cette dernière fut
éteinte, la coloration alla se perdre dans ce point de Pho-
rizon. Quant à la nappe australe, les nouvelles teintes
rouges avaient un développement plus lent et plus persis-
tant; elles finirent par disparaître avant d’avoir parcouru
la branche qui se dirige vers "ESE. c'est alors que j'ai pu
*
( 194 )
constater que Vinflammation était d'autant plus vive et
plus étendue que les colonnes de cirrhus se trouvaient plus
nombreuses et plus convergentes.
Si l'aurore avait perdu tout son éclat, son extinction
n'était pas complète; les bandes convergentes continuaient
à former des nappes d'un gris roussàtre très-prononcé;
„les plis innombrables dont elles se: composaient s'accu-
saient plus fortement qu'auparavant; des lueurs grisâtres
les parcouraient en tout sens. Vers 7 !/s heures, les nappes
. reparurent plus éloignées l’une de l'autre; laustrale s'était
portée vers le midi, la boréale avait un peu avancé vers le
nord; leurs dimensions avaient diminué, celles de la pre-
mière plus que celles de la seconde; plus de trait jaune
à leur convexité; leur teinte n'était plus si vive, mais d'un
rouge obscur qui allait en s’éteignant. Vers 8 1/4 heures,
la convexité de la nappe boréale fut enveloppée d'une
écharpe blanche légèrement bleuâtre; elle semblait avoir
beaucoup de fixité. Ce n’est que vers 9 1/4 heures qu'elle
commença à éprouver des fluctuations; elle disparaissait,
puis reparaissait ; le long de son contour extérieur, des ful-
gurations d'un gris foncé se succédaient assez rapidement,
semblables à des veines de marbre; elles se déformaient
continuellement. Pendant toutes ces alternatives, la nappe
australe m'avait cessé de s'obseureir et de se strier; la bo-
réale avait passé an gris roussàtre en se moutonnant. On
croyait voir la fin du phénomène, quand cette dernière
nappe redevint plus vive et son écharpe plus éclatante; les
fluctuations dont je viens de parler recommencèrent ; les
teintes rougeâtres s’affaiblirent, puis disparurent. Il était
alors 41 1/4 heures.
Le fond du ciel sur lequel se projetait le phénomène
avait conservé une teinte bleu ne seulement il était
devenu un peu : sombre,
D ends
( 195 )
Quant aux autres parties de l'horizon, elles avaient tou-
jours Faspect que nous avons fait connaître.
Le 5 février, à 5 heures du matin, des lueurs rouges
apparurent à l'extrémité du ciel, du NO: au NE, en passant
par plusieurs alternatives; à 7 heures du matin, ces teintes
devinrent d'un gris roussâtre très-prononcé, puis elles dis-
parurent avec le soleil levant.
Pendant la journée, le ciel ne cessa d'être parsemé de
bandes de cirrhus analogues à celles du 4. On s'attendait
à une seconde aurore, mais le soir deux à trois coups de
tonnerre lointain mirent fin au mouvement atmosphérique.
— M. Pierre Vertriest, de Somergem, près de Gand,
m'a fait connaître de la manière suivante ses observations
sur le phénomène :
Peu après le coucher du soleil, un grand foyer lumineux
se montra à l'horizon ENE. Il en sortit bientôt une large
colonne d’un rouge éclatant, qui passa devant Jupiter.
A 6 1/2 heures, temps local, un autre immense foyer, d'où
sortait également une colonne de feu, se montra au SO.
Ces deux colonnes vinrent se concentrer à l'endroit du ciel
où se trouvent les Pléiades et formèrent une majestueuse
couronne d’où s’élançaient des rayons dans toutes les direc-
lions. Des plaques d'un rouge très-foncé se montraient au
nord et à l’ouest. Peu à peu ces colonnes, celle qui venait
du SO. et l'autre de ENE., ainsi que la couronne, descen-
dirent un peu vers le sud; la couronne disparut alors
presque complétement. L’ouest était aussi illuminé, mais
lorient le dépassait de beaucoup en clarté. A 95/4 heures,
une nouvelle couronne, mais non aussi belle que la prê-
mière , se forma un peu au-dessus de Jupiter, eutre Jupiter z
et les Pléiades. A 44 heures, tout le ciel, surtout depuis
( 196 )
l'OSO. jusqu’au NE., ne présentait vel une immense nuée
d'un rouge cerise.
— D’après M. Cavalier, d'Ostende, on remarquait vers
6 1/2 heures du soir, dans cette ville, une clarté jaunâtre
inaccoutumée; à 8 heures, cette clarté brillait comme le clair
de la pleine lune, et l’on distinguait très-facilement les con-
tours et les formes des nuages dont le ciel était parsemé.
On voyait au NE. un foyer de lueur rougeâtre et un autre
au NO., d’où partaient des rayons éclatants, de diverses
couleurs. Ces foyers se transportaient vers Vest et l’ouest
respeclivement, laissant la partie nord du ciel sombre et
obscure.
Un peu après 9 1/2 heures, deux brillants rayons d’une
couleur rouge écarlate s’élançaient, l'un de POSO. et l’autre
de PENE.; ces rayons montaient rapidement dans le ciel.
A 10 heures, ils firent leur jonction, en formant un arc qui
avait son point culminant à l'endroit même où se trouvait
la planète Jupiter. A ce moment on observait äu nord
d'autres rayons convergents, d'une nuance verdâtre, qui
se dirigeaient au zénith ; une couronne boréale se forma
ensuite.
L'arc, brisé parfois, resta encore visible j jusqu’à 11 heures.
À partir de cette heure, le phénomène s’affaiblit très-sensi-
blement, mais à minuit et demi, le ciel était encore forte-
ment illuminé.
(497)
Du calcul rapide des phases lunaires, à l'usage des personnes
qui s'occupent d'études historiques, par M. J.-C. Houzeau,
membre de l’Académie.
Il y a souvent un certain intérêt, dans les recherches
historiques, à déterminer quel était létat de la lune à
une date donnée, soit pour contrôler les relations qui
parlent de la présence ou de l'absence de cet astre, soit
pour se rendre compte des circonstances dans lesquelles
les événements se sont passés. La clarté de la nuit, après
une grande bataille, a une influence sur les poursuites que
le vainqueur fait de l’armée battue. Quand Colomb aper-
çoit, dans la soirée du 44 août 1492, les lumières qui lui
indiquent l'existence d’une terre, et qu'il hésite à s'appro-
cher de nuit, on se demande s'il y avait ou non de la
lune. Il en est de même pour la nuit de la Saint-Barthé-
lemy , pour la fameuse noche triste durant laquelle Cortéz
se retira de Mexico, et dans un grand nombre de circon-
stances analogues. Non-seulement la connaissance du cours
de la lune ajoute à l'exactitude des descriptions, mais
elle est quelquefois indispensable pour bien se rendre
compte des actions qui se sont passées de nuit. :
Les personnes qui s'occupent d'études historiques en
étaient réduites jusqu'ici, pour assigner les phases, à Pem-
ploi peu commode des épactes, qui né fournit d’ailleurs
que des résultats assez incertains. Prendre la peine de
calculer l'épacte (calcul qui est laborieux}, ou même de
la chercher dans les tables-de l'Art de vérifier les dates,
( 198 )
. pour n'obtenir la phase qu'avec une incertitude de deux
jours, n'avait rien d'enconrageant. Les épactes ont été
préparées par Clavius, à l’époque de la réforme grégo-
rienne du calendrier, dans un but qui n’était pas exelusi-
vement astronomique : les mouvements de la lune étaient
bien le régulateur principal, mais il s'agissait aussi d'em-
pêcher la pâque catholique de tomber au même jour que
celles des quarto-décimans et des Juifs. Les épactes don-.
nent si peu exactement les phases vraies , que la pâque de
l'Église romaine ne tombe pas toujours aux dates où les
mouvements réels de la lune l’amèneraient d’après sa
définition. Ainsi en 1798, les épactes l'ont avancée au
1% avril, ag lieu du 8 qu'indiquait le cours véritable de la
lane; en 1818 elles l'ont reportée au 29 mars au lieu du
22, et en 1845 au 50 mars au lieu du 93.
On comprend que des tables qui peuvent s'écarter ainsi
des mouvements vrais soient peu consultées. Cependant
l'historien n’a pas autre chose aujourd’hui à sa disposition.
Largeteau à publié, il y a plusieurs années, dans le re-
cueil de la Connaissance des temps, des tables des syzy-
gies, mais celles-ci ont surtout pour objet la vérification
des éclipses. Or, le calcul des éclipses est plus difficile
que la simple détermination des phases, et l’on reconnait,
en effet, en examinant ces tables, que leur emploi exige
une certaine connaissance des caleuls astronomiques. Je
vais donner, au contraire, des tables très-courtes ct très-
simples , qui fournissent à une heure près toutes les phases
lunaires (les quadratures aussi bien que les syzygies). Ces
tables seraient suffisantes pour la confection des alma-
nachs. j
Les personnes qui ont eu l'occasion de chercher l'instant
(499 )
des phases, même à la simple précision de l'heure, et
sans entrer dans le détail des minutes ni des secondes,
dans les grandes tables de Burckhardt ou de Hansen,
seront probablement étonnées qu’on puisse arriver au ré-
sultat par l'addition de trois termes (un pour le siècle, un
pour l'année, un pour la date) et d’une seule correction.
Nous y sommes parvenus à l’aide des deux remarques
suivantes. D'abord, dans les limites de précision posées,
on peut renfermer dans la table dépendant de la date an-
nuelle, l'effet du mouvement elliptique de la terre, ce qui
dispense d'une table particulière pour cet objet. Ensuite
251 lunaisons (251 X 29i, 550 588—7 419, 177 6) font
à peu près exactement 269 périodes anomalistiques ou
retours au périgée (269 x 27), 554 599—7 419, 187 1).
La différence n’est que la centième partie d'un jour, et
comme il s’agit d’une période de plus de quarante ans,
linexactitude croît lentement. Elle ne porte pas d’ailleurs
sur la phase même, mais sur l'instant du périgée. Au bout
de mille ans, les erreurs , en s’accumulant, ne feraient pas
encore 6 heures sur le périgée, et l’on peut s'assurer aisé-
ment que pareille inexactitude n'aurait, dans les cas les
plus défavorables, qu’une influence de !/2 heure sur la
correction de la phase (une heure en deux mille ans).
Cette période suffit done parfaitement pour notre objet. Il
est étonnant qu'on n a. ait pas eu recours auparavant. -
Comme cette période de 251 lunaisons , ou 1004 phases,
eût entrainé une table d'une certaine étendue, nous
l'avons subdivisée en sous-périodes de 28 phases chacune: -
_28 phases ou 7 lunaisons font 206, 714, qui ne diffèrent
presque pas de 7 !/2 périodes anomalistiques ou 206,659.
Or on sait qu'après chaque demi-période anomalistique,
Fi
he
pe gen
DAME
( 200 )
les corrections dues au mouvement de la lune reviennent
dans le même ordre, ayant seulement changé de signe.
Notre table IV aurait pu ainsi se réduire à 28 lignes;
mais comme la dernière période de 28 phases dont nous
venons de parler n’est pas très-exacte, nous avons subdi-
visé la table en deux parties, et porté son étendue à
56 lignes, afin de ne rien sacrifier de la précision. La cor-
rection qui s’y trouve présentée renferme les effets com-
binés de l'équation da centre et de l’éveetion, d'après une
formule ingénieuse de Burckhardt.
Les nombres intitulés N fournissent le nom de la phase.
Lorsque N est un multiple exact de 4, il indique une con-
jonction ou nouvelle lune, d'où l'on conclut les noms des
trois phases qui suivent. kss multiples de 4 sont désignés
dans notre table IV par un trait placé au-dessous de chacun
d'eux.
Voici un he de calcul. Soit demandé l'état de la
lune le 14 octobre 1492; c'est dans la soirée de cette date `
que Colomb aperçut les lumières mobiles sur le rivage de
Guanahani (Cat Island).
TEMPS. N
La Table I donne, XVe siècle, vieux style ... ..... 3i 44h 447
— I, année 92, marquée bissextile... ..... 3 19 486
— M, Far des bissextiles, ey immédiate-
' t antérieure à celle don FU a
a dure à i o a a 13 45 6710.0
Correction (Table IV ) pour N = 61. . ..:...... — 6
7 Temps de la phase vraie . .... .. 43::9
Le nombre 671 étant, dans la table IV, immédiatement
E
PAPE SENS
( 201 )
avant un nombre marqué d’un trait, désigne la phase qui
précède une nouvelle lune , ou le dernier quartier. La lune
était donc à la seconde quadrature le 13 octobre 1492
(v. st.), à 9 heures du matin, temps moyen de Paris, ou
à 4 heures du matin, temps du lieu, en retranchant la
différence des longitudes. Ainsi la nuit de la découverte
de l'Amérique, cet astre, arrivé presque à la dernière
quadrature, n’a pu se lever pour Colomb qu’à une heure
avancée de la soirée (11 heures du soir).
Voiei quelques autres exemples sur lesquels on pourra
s'exercer.
On trouve qu’une pleine lune est arrivée le 56 juin
1520, v. st., à 10 heures du soir, temps moyen de Paris,
ou en tenant compte de la différence des longitudes, à
5 heures du soir à Mexico. Ainsi durant la célèbre noche
triste de Cortéz, les Espagnols avaient de la lune toute la
nuit. -
La lune éclaira aussi la nuit de la Saint-Barthélemy
(24 août 1572, v. st.) dans toute sa durée, puisque lop-
position ou pleine lune était arrivée le 25, à 1 heure de
l'après-midi.
La lune était sur l'horizon, dès le coule du soleil,
le jour de la bataille de Waterloo, et dut éclairer les suites
de la défaite; on trouve en effet une pleine lune le 21 juin
1815, à 7 heures du soir, et l'astre a dû se lever, le 18,
vers 5 heures du soir, dans nos latitudes.
Il y aura nouvelle lune le 14 novembre 1898, à 1 heure
du matin. L’averse d'étoiles filantes qu’on attend vers
cette époque, pourra donc être observée dans des circon-
stances favorables d’obscurité.
L'usage des tables suivantes rend aussi ze qos
2° SÉRIE, TOME XXXII.
| (202 )
possible la solution des problèmes de ce genre, qui, par
les tables rigoureuses, prendrait un temps énorme, et se- |
rait inabordable aux historiens. |
TABLE I.
LE SIÈCLE.
ref dt
La première année du XVIIe siècle est 4701, et la dernière 4800; la première
année du XIXe siècle est 1804, et la dernière 1900 ; et ainsi des autres.
SIÈCLE, SIÈCLE, À SIÈCLE,
vieux Temps. N. vieux Temps. N.: nouveau Temps. N.
style. style, style.
D... 45 476) 459 [IX ...| 6: 28) 583 || XVI a Dj B
Utd 27 TAR. el m0 ÉxNII" 1 0 01 €
B... JS Of 4 XL...10 U | 437 xvm”. | 5 8 | 98
W. {C OTH. ls Sims 3 Ti |
V....|4 siegi ul.. 2 4 902 || XX 1 6 | 786 |
VL 4 7 | 800 || XIV 6 42 | 220| XX1 . | 5 44 | T44 f
VIE... {8 45| TB] XV...) 3 44 | 447| XXi". | 8 43 | 6H
MIH... | 2 44} 655 || XVI .. | o 40 | 74 xx”. | 4 42 | 568 |
3
f
$
4$
t
* La dernière année de ce siècle n’est pas bissextile.
( 205 )
TABLE IT.
L'ANNÉE.
Les bissextiles sont désignées par un B.
|
Ans. | Temps. N. Ans. | Temps. N. Ans. | Temps. N. Ans. Temps. N.
|
Ot ai 3a) 0 | 26 | 5342| 233 || 51 | 65490! 466 || 768| 0:148" | 698
| 02 | 02% 49197 | 2 6 | 282 || 52%! 3 43 | 515
03 | 5 0 | 99 || Wel 6 9 | 332 11.) 3 90 | 748
048! 4 49 | 448 53 | 6 47 | 565 || 78 | 0 44 | 797
99 | 2 3 | 381 || 54 | 3 44 | 644 || 79 | 4 47 | 847
05 | 422 | 498 || 30 | 6 6 | 431 1 55 | © 4 808! À 12 | 896
06 | 4 46 | 247 || 31 | 3 4 | 480 || 568! 4 8 | 743
07 | 5 49 | 297 || 328| 7 3 | 530 81 | 4 45 | 946
088] 2 43 | 346 57 | 0 2 | 762 || 82 | 1 995
33 | 2 2% | 579 || 58 | 4 5 | 819 || 83 | 5 18 | 41
09 | 5 46 | 396 || 34 | 7 629 || 59 | 0 23 sis 2 6 | 90
10 | 2 44 | 435 || 35 | 3 48 | 678 || 608! 5 9H
41 | 6 44 | 495 || 368! 0 12 | 727 85 | 5 8 ! 140
1213 8 | 544: 61 | 0 A | 960 || 86 | 2 3 | 189
37 |3183 |777 || 62| 423| 68716 6 | 239
13 | 6 44 | 594 || 38 63 | 447 | 55 || 888, 3 0 | 288
1413 5 | 643 || 39 | 4 42 | 876 || 64e! 5 20 | 105
18 |7 8 | 693 || 408! 4 6 89 | 6 3 | 338
168! 4 2 | 742 65 | 4 14 | 154 || 90 | 2 22 | 387 ||
M | 4 9 | 975 || 66 | 3 47 | 204 || 91 | 7 2 | 437
41 |7 6 t792 || 49 | 4 3 | 20 || 67 | 2 41 | 253 || 92) 3 49 | 486
| 18 |4 o!su| 4315 7 | 70 || 68! 6 45 | 308
19 | 0 48 | 890 || #8 2 4 | 119 93 | 6 22 | 536
| 2%08| 4 21 | 940 || 69 352 || 94 | 3 46 | 585 ||
45 | 5 4 | 469 402 || 95 | 0 41 | 634
21 | 0 45 | 989 || 46 | 4 23 | 218 431 || 968 684 |
22 | 448 | 35 |! 47 |6 A 300
23 | 142 | 82 || 488) 2 49 | 317
Hal 5 15 |4
49 | 5 22 | 367
2% | 4 9 | 483 || 50 | 2 46 | 416
ATE.
Le jour commence à minuit. Les heures sont comptées de 0 à 24. Le méridien
est celui de Paris.
Si la s d
(204)
TABLE III.
mbres N donne 100% ou plus , retranchez 4004.
TEMPS. TEMPS.
ANNÉE N. ANNÉE N.
4, commune. | bissextile. commune. | bissextile.
Janvier.. | Gi 0b} o Ov] O Juillet. ..| 3i 43r] 95 43b] 25
TAG Tet 10 2 | 9 2 |%
44 19 | 44 49 | 2 TNO REE
M Si 8-3 25 45 | 24 15 | 28
29 45 | 29 45 | 4 ;
kat le 014 01
Février... | 6 O0! 6 0! 5 : 9 9| 8 9} 30
43 10 | 143 40 | 6 16 48 | 45 48 | 51
-20 20 | 20 20 | 7 2% 31923 3| 2
B 5i 5] 8 34 44 |30 UIB
Mars. T 44 44 | 9 || Septembre. | 7 20| 6 |I
45 0 |1%. O0 | 140 is su 518
+ Olu oi 29 44 | 21 44 | 36
29 48 | 28 18 | 12 30 012 0137
Avril... | 6 4} 3 a[i | Octobre... | 7 9| 6 9|3%
43 13 | 42 43 | 14 14 48 | 13 18 | Sif
20 22 | 49 2 | 15 22 3|2 3|%
B Far Tie 29 143 | 28 13 | 411
Mai 5 46 | 4 46 | 47 || Novembre. | 5 2% | 4 2 |41
43 0!142 0!18 13 8142 BIS
49 9 [418 9 | 49 20 47 | 19 17
27 48 | 26 18 | 20 a 319. 5
Juin 4 3 3| 24 || Décembre .| 5 43| 4 13 | 46
A1 4 |140 | 2 : 12 mu 2|#
| 48 20 | 47 20 | 3 2 8l19 81%
% 513% 5|% ar 418| 2% 18 | #
( 205 j
TABLE IV.
CORRECTION
— N de 0 à 249 et de 502
Affectez cette dake du signe qui est du côté de r te
Les conjonctions ou nouvelles lunes sont suivies d'un trait.
ARGUMENT N. Correction. ARGUMENT N.
1} el12168 |224 s3086 642698 + 8h— | 28| 84|140|196|502/588/644|670| 726
1 43| 69! 25} 31| 87| 431609| + 6 — | 29| 8| 41| 97 59! 45| 74| 97]
2 | 88| 44| 70| 26| 32| 88| 441700| — 9 + 30| 86| 42} 98| 04| 60| 46| 72| 28
3 | sol asl ral arl ssl gol lol — 3 + | 34| 87| 43199) 05| 61] 47| 73] 29
4 | 60! 46| 72| 28| 34| 90| 46| o2| + 10 — | 32| 88|_44/200| 06! 62} 48| 74| 30
5 | 61| 147| 73| 2| 35| 9| 47| 03 0 33| 89| 45| 01! 07! 63| 49| 75| 31
6 | 62| 48! 74| 30| 36| 92| 48| o4| — 40 + | 34| 90| 46| 02| 08| 64| 20| 76| 32
7 |63| 40! 75| 31| 37| 93| aol 05! + 3 — | 3| 91| 47| 03| 09) 6| 21) 77| 33
8 | 64] 20| 76| 32| 38| 94| 50! 06| + 9 — |36| 92] 48| 04 10| 66| 22| 78| 34
9 | 6| al 77| 33| 39| 95| sa| orl — 7 + |37| 93| 49| 08| 44| 67| 23| 79| 35
10 | 66| 22| 78| 34| 40! 96| se} os| — 8 + |38| 94| 50! 06| 42| 68| 24| 80| 36
U | 67| 23| mo! 35| 41| o7! 53 o9 + -9 — | 39| 9| 54| 07| 43| 69| 28| 81| 37
12 | e8) 24| 80! 38| 42| 98| sa} 40] + 7 — | 40) 96] 52) os| 14| 70! 2| 82| 38
13 | 69| os! 81| 37| 421500! 551 41) — 12 + | 41| 97| 883| 09! 45| T4| 97) 83| 39
14 | 70| 2| 82| 38| 441600! se| a2) — 5 + | 42) 98| 34| 10| 46| 72] 28) 84| 40
413 | T| 27| 83| 39 ol 57| 43l- + 43 — | 43| 99| 55| 44] 47| 73| 29| 88| A
18 | zal 28 84| 40| 46| oaf se| 14| + 3 + | 44j100]| 56! 42] 18) 74| 30) 86 42
17 | 73| 29) 85| | 47| 03! so! sl — 44 + | 48| 041| 87| 43| 49| 18| 31| 87| 43
18 | 74| 30| s6] zal 48! o4! eol 16! — 1 + | 46| 02] 38 14| 20| 76| 32/ 88| H
19 | 75| 31| er} 43| zo| os| 64| 17| + 48 — | 41] 08| 89) 45/ 21) T7 33) 89) B
aal eel 44l 50! 06! af 18| — 1 + | 48] 04) 60, 46) 22) 78) 34) 90! 46 ij
33| 89| 45| sil 07! 63l 19 — 44 + | 49| 03| 61! 47| 28| 79| 35| 9| 47]
34| 90| 46| sal 08! 64| 20| + 4— | 50! 06| 62 18] 24, 80) 36) 92) 481]
- ss! 91| 47! 53| 00! 65| 21! + 13 — 541| 07| 63, 49| 285| 84| 37) 93] jk
36| o! 48] sa| 10! 66! zo| — 5 + | 52] 08) 64! 20) 2| 82) Bj 94) 50
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( 207 )
— M. P.-J. Van Beneden , en communiquant son mé-
moire sur les chauves-souris de la Belgique et leurs para-
sites (1), a donné, à ce sujet, lecture de la notice suivante :
L'étude des chauves-souris présente un très-haut intérêt,
Ces animaux sont soustraits complétement à l'influence
de l'homme; ils se perpétuent sous l'empire absolu de la
sélection naturelle; le même régime insectivore s'observe
chez tous et la loi de la concurrence vitale exerce d’autant
mieux son empire, que l'abondance plus ou moins grande
de pâture dépend des variations de température. Aucun
autre mammifère n’est, sous ce rapport , aussi dépendant,
et l’on peut se demander aujourd'hui comment ces mam-
mifères insectivores, vivant à côté des Mammouths, des
Ours et des Rennes, ont pu traverser, sans disparaître
complétement, les époques glaciaires. Pourraient-ils aujour-
d'hui passer impunément plus d’un hiver dans leur sommeil
léthargique? En existerait-il encore si la température d'un
seul été faisait défaut?
Quel est l'effet que la sélection naturelle et la concur-
rence vitale ont exercé depuis l’époque où le Mammouth et
le Rhinocéros tichorinus foulaient notre sol, sur la forme,
la force, la taille, le genre de vie des chauves-souris ? Quel
changement voit-on dans les espèces depuis le commen-
cement de l’époque quaternaire ? Nous n'en apercevons pas
et si, depuis cette époque, aucune variation n’est survenue
ni dans le nombre, ni dans la forme des espèces, peut-on
scientifiquement attribuer à la sélection et à la concurrence
la formation des espèces, soit à notre époque, soit aux
époques antérieures ?
(1) Voir Correspondance de la séance, page 174.
=
( 208 )
Les espèces sont restées exactement les mêmes au mi-
lieu de toutes ces luttes , et il nous semble plus que hasardé
de chercher l'explication de la diversité des formes dans
des phénomènes qui n’exercent aucune influence dans les
temps actuels.
Ces considérations ont fait le sujet d'une communica-
tion que j'ai présentée, au mois d'août dernier, à l'Asso-
ciation britannique d'Édimbourg. Dans le travail que j'ai
l'honneur de communiquer aujourd’hui, j'envisage les
chauves-souris au point de vue des parasites qui les han-
tent. — Il y a encore plusieurs lacunes à combler. — Ces
mammifères hébergent-ils des parasites comme les autres
ordres de cette classe? — Les parasites des Chéiroptêres
ont-ils des caractères particuliers? Ceux qu’ils hébergent
sont-ils à leur destination (Nostosites) et en hébergent-ils
également qui soient chez eux de passage ou de transit
(Xénosites)? En d'autres termes, y a-t-il des animaux qui
font des chauves-souris leur pâture habituelle ?
D'où leur viennent les vers qui les hantent et par quels
moyens s'introduisent-ils? Les trouve-t-on pendant les
diverses saisons, en été quand ils sont éveillés, en hiver
quand ils sont engourdis, et restent-ils en vie pendant toute
la durée de l'hiver?
Ce sont autant de questions auxquelles nous avons
tâché de répondre, par des’ recherches directes sur les
chauves-souris du pays que nous avons pu nous procurer.
Il reste encore une grande lacune et que nous n’espé-
rons pas pouvoir combler, c’est celle de leur pâture. — Nous
aurions voulu connaître le nom des espèces d'insectes que
chaque chauve-souris pourchasse principalement, mais il
ne nous a pas été possible de le savoir. — Il faudrait cap-
turer ces animaux en assez grand nombre, immédiatement
H RET RRN ii
( 209 )
après leur chasse, avant que la digestion soit faite et par
conséquent surtout au crépuscule du soir! — D'après ce
que les parasites nous ont appris, nous savons seulement
que les diverses chauves-souris du pays poursuivent les
mêmes insectes, chaque espèce ayant toutefois ses préfé-
rences; il n’y a que le grand fer à cheval qui chasse un
insecte particulier, puisque cet intéressant Rhinolophe
nourrit un Strongle qu’on nè trouve jamais ailleurs et qui
lui est apporté naturellement par une espèce qu'il serait
important de découvrir. \
Il résulte de ces recherches :
1° Que les Chéiroptères nourrissent également des para-
sites comme les autres mammifères ;
2° Que ces parasites appartiennent à une catégorie à
part;
5° Que Fon connaîtrait l’ordre des Chéiroptères au con-
tenu de l'intestin ; :
4 Que les Ascarides, si communs dans tous les mam-
mifères, manquent chez les chauves-souris;
5° Que tous leurs parajites connus jusqu’à présent sont
Nostosites ;
6° Que les Xénosites sont des individus égarés ;
T° Qu'ils nourrissent les mêmes parasites pendant toute
l'année ;
8° Que le daarnet hibernal fait sentir ses effets sur leurs
vers comme sur leurs nombreux Acarides.
-
(240 )
Note sur la structure des Grégarines, par M. Édouard
Van Beneden, correspondant de l'Académie.
- Dans un travail publié dans le Bulletin de l'Académie
royale de Belgique (tome XXXI, n° 5, 1871), j'ai fait
connaître les phases successives de l'évolution d’une nou-
velle Grégarine, trouvée dans l'intestin du Homard et
décrite dans une notice antérieure, sous le nom de Gre-
garina gigantea (BULL. pr L'Acap. ROYALE DE BELG.,
t. XXIX, n° 11, 1869). J'avais établi par mes recherches
que les psorospermies donnent naissance à de petits globes
protoplasmiques, qui diffèrent des Amibes en ce qu'ils
sont dépourvus de tout noyau cellulaire et qu’ils ne mon-
trent jamais aucune trace de vacuole: Hs représentent,
au point de vue morphologique, les Monères de Hæckel,
et les Grégarines passent dans le cours de leur évolution
ontogénique par la phase monérienne. Elles sont à ce
moment de simples gymnoeytodes et ne deviendront des
cellules, que quand un noyau se sera développé à leur inté-
rieur. À la surface de chaque cytode se développent deux
prolongements protoplasmiques. Simples bourgeons, à leur
début, ces prolongements s'allongent gn absorbant le corps
du cytode, et quand ils sont devenus libres, ils se meuvent
dans l'intestin du Homard à la manière de petits vers
nématodes. De là le nom de Pseudofilaires que je leur ai,
donné. Bientôt après ils se raccourcissent et en même
temps leurs mouvements deviennent moins actifs; ils ces-
seront même de se produire; un nucléole volumineux appa-
raîtra à l’intérieur du corps et autour de lui se déposera
aussitôt une couche nucléaire.
PP ekeren
SEANA NESEN RA
seinde
( EF )
Dès lors le cytode est devenu une cellule; la séparation
des éléments chimiques du nucléole et du noyau d’avec
les éléments constitutifs du corps de la cellule a amené
la différenciation de la matière primitive, que j'ai appelée
plasson, en trois couches distinctes : le nucléole, le noyau
et le protoplasme (1). La cellule n’a plus qu’à grandir pour
devenir la belle Grégarine de 16 millimètres de longueur à
laquelle le Homard offre complaisamment le gîte et la nour-
riture. Mais en même temps qu’elle grandit, la cellule subit
dans son corps protoplasmique de nouveaux phénomènes
de différenciation , et la complication qui apparaît dans la
composition du corps cellulaire permet d'affirmer que cer-
lains organismes monocellulaires peuvent présenter une
véritable organisation, et qu'ils se composent de parties
qu'il faut distinguer tant au point de vue morphologique
qu’au point de vue physiologique. Avant de décrire cette
complication de structure et en particulier ces éléments qui
constituent dans l'intérieur d'un être monocellulaire un
véritable système musculaire, j'ai cru nécessaire de rap-
peler en quelques mots les résultats de mes recherches
Sur l’évolution de la Grégarine, parce qu'elles démontrent
que la Grégarine est une seule et unique cellule, qu’elle
i
- (1) Les belles observations qu'Eimer a récemment publiées sur les pso-
rospernties des animaux supérieurs viennent confirmer en tous points
mes recherches sur l'évolution de la Grégarine du Homard. Les phases de
Psorospermies (fig. 53, 54, 56 et suivantes de son travail) de corps sémilu-
naires à une extrémité renflée (fig. 54), de corps falciformes (fig. 56 et
mr de aas amceboïdes (fig. 47) et de Grégarines nucléées cor-
respondent aux phases que j'ai désignées sous les noms de phase moné-
rienne , de eytode générateur, de pseudofilaire, de jeune Grégarine et de _
Grégarine complète.
LA
( 212 )
nous représente incontestablement une individualité mono-
cellulaire.
Le corps de la Grégarine géante a une forme cylin-
droïde. Son diamètre varie fort peu : C'est tout au plus si
Fon observe un léger rétrécissement progressif dans sa
portion terminale et une faible dilatation, dont le déve-
loppement est du reste variable, près de son extrémité
antérieure. Une membrane cellulaire que j'appelle cuti-
cule, par analogie avec la cuticule des Infusoires, délimite
extérieurement le corps, et la Grégarine n’est en réalité
qu’un long boyau cylindrique fermé à ses deux extrémités.
Cette membrane ne laisse apercevoir ancune trace d'orifice
buccal et on n’y distingue pas de pores en canalicules; elle
paraît parfaitement homogène et les liquides nutritifs ne
peuvent pénétrer que par voie d'endosmose. La membrane
présente partout la même épaisseur. Chez les individus ar-
rivés à leur complet développement elle est très-nettement
délimitée du côté interne aussi bien que du côté externe,
et elle présente un double contour bien marqué. Mais il
n'en est pas ainsi chez les jeunes individus : chez eux, la
cuticule est très-difficile à démontrer, ce qui dépend de ce
qu'elle n’est pas complétement isolée de la matière proto-
plasmique sous-jacente : il y a passage insensible entre le
contenu de la cellule et la couche externe du protoplasme,
qui se transforme progressivement en substance cuticulaire.
Le contenu de la cellule, formant le parenchyme du
corps, se laisse diviser, tout comme chez les Infusoires,
en une colonne centrale ou parenchyme médullaire, une
couche périphérique ou parenchyme cortical et une très-
mince couche sous-cuticulaire , qui constitue la couche mus-
culaire.
Le parenchyme médullaire apparaît dans la plus grande
r
( 25 )
partie de la longueur du corps, sous l'apparence d'une
bande foncée occupant l'axe du corps. H est formé d’une
substance très-granuleuse et beaucoup plus fluide que
la substance corticale. Les granules qu’il contient sont
assez volumineux et très-réfringents; on les voit se dé-
placer et se mouvoir, sous l'influence des contractions de
la Grégarine. Le parenchyme central constitue en réalité
une colonne massive qui remplit complétement le cylindre
creux circonstruit par le parenchyme cortical. Le noyau
-de la cellule, dont la forme est ordinairement ellipsoï-
dale, occupe toute la largeur de ce cylindre. Si l'on coupe
transversalement le corps d'une Grégarine encore en vie,
soit en deçà, soit au delà du noyau, on voit la matière
fluide centrale s'écouler en formant colonne, sans entrai-
ner le noyau avec elle; et comme la substance corticale
reste aussi en place, il se développe à l'intérieur du corps
une cavité cylindroïde circonscrite en dehors par le paren-
chyme cortical, en haut par le noyau, en bas par la
colonne médullaire en retraite (fig. 6). Quand la matière
médullàire s’est répandue, elle se délaye aussitôt; les gra-
nules s’écartent les uns des autres et vont en divergeant,
animés chacun de mouvements browniens très-intenses,
osciller chacun de leur côté.
La couche corticale (couche musculaire de Leidy) est
formée d’une matière protoplasinique visqueuse, beaucoup
moins fluide, beaucoup moins granuleuse et partant plus
claire que la substance médullaire. Les granules du paren-
chyme cortical sont non-seulement moins nombreux, mais
aussi notablement plus tenus et moins réfringents que
ceux de la colonne centrale. Pas plus que chez les Infu-
soires, il n'existe du reste de ligne de démarcation bien —
( 214 )
tranchée entre les deux couches; il y a passage insensible
de l’une à l’autre. Près de l'extrémité postérieure du corps,
il est difficile de distinguer ces deux substances.
La surface de contact entre le parenchyme médullaire
et le parenchyme cortical n’est pas toujours une surface
cylindroïde simple : par moments la couche médullaire
présente à sa surface externe des cannelures plus ou moins
rapprochées l’une de l'autre, dans lesquelles se moule la
substance corticale. Les sillons de la colonne médullaire
et les côtes correspondantes de la substance corticale sont
plus ou moins nombreux et plus ou moins rapprochés lun
de l’autre. Comme ils sont toujours parallèles à l'axe du
corps cylindrique de la Grégarine, ils lui communiquent
une striation longitudinale, les côtes de la colonne corticale
produisant l'effet d'autant de stries longitudinales plus
claires. Les cannelures et les stries longitudinales qui en
sont la conséquence apparaissent et disparaissent, et il
m'est impossible de dire quelle est la signification de cette
disposition. |
Plusieurs naturalistes ont signalé la striation longitu-
dinale du corps de certaines Grégarines; Lieberkühn (1)
reconnut cette striation à l'extrémité postérieure du corps
des Grégarines , que l’on trouve dans les testicules du Lom-
bric (Monocystis et Zygocystis de Stein). Mais pas plus que
Claparède (2), qui observa un double système de stries è
la surface du corps d’une Grégarine, d'une Phyllodoce,
Lieberkühn ne s'est enquis de la cause ni de la significa-
tion de ces stries. Leidy (5) décrivit le premier une couche
- {1) Lieberkühn. Évolution des Grégarines, p. 24, pl. I, fig.
(2) Claparède. Recherches anatomiques dans les Hébr. ie p- Sis, pl. V-
(5) Leidy. Transactions Amer. Phil. Soc. at Philadelphia, 1835,
vol. 10.
( 245 )
distincte caractérisée par sa striation longitudinale et lui
donna le nom de couche musculaire; (elle correspond à
notre couche corticale). Leuckart (1) confirma l’observation
de Leidy; mais il émit opinion que la striation longitndi-
nale dépend d’un plissement momentané de la membrane
corticale sous-cuticulaire. Cette interprétation , parfaite-
ment exacte du reste, a été récemment adoptée par Ray Lan-
kester (2); pour lui aussi, les stries longitudinales ne sont
que le résultat d’un état momentané de contraction de la
prétendue couche musculaire de Leidy. Lorsque j'ai publié
mon premier travail sur la Grégarine du Homard j'avais
reconnu aussi la vraie valeur des stries longitudinales, les
attribuant non pas à une disposition organique ` perma-
nente; mais à un état passager de la couche corticale de
Leidy (3). Rien ne prouve la nature musculaire de cette
couche; les stries longitudinales ne sont pas des fibrilles
musculaires longitudinales, mais le résultat d’un épaissis-
sement, suivant une direction longitudinale, de la couche
corticale. Celle-ci est probablement susceptible de con-
traclions locales; c’est vraisemblablement elle qui permet
à la Grégarine de se couder brusquement et qui détermine
les mouvements de translation des granules de la couche
médullaire fluide’; mais elle n’est que du papani; non
transformé en substance musculaire.
Une troisième couche, fort mince, qui a complètement
(1) Leuckart. Bericht über die Fitina in der Sn der
niederen Thiere während der Jahre renee
(2) Ray Lankester. Transactions micr. Soc., t. VI, pp. 25-28, tab
(5) Édouard Van Beneden. Sur une ae Sr de pav dé-
signée sous le nom de Gregarina Gigantea. Bull. Ac. roy. de Belg.,
2 série,t. XXVIII, p. 447.
( 246 )
échappé aux naturalistes qui ont observé les Grégarines, se
trouve située entre la cuticule et le parenchyme cortical.
Son épaisseur est à peu près égale à celle de la cuticule;
elle augmente légèrement près de l'extrémité antérieure
du corps, et c'est elle qui s'infléchit en dedans pour
constituer la cloison transversale qui sépare la chambre
antérieure de la chambre postérieure. Cette couche se
trouve développée sur toute la surface de la chambre
postérieure; mais elle s'arrête un peu en avant de la cloi-
son de séparation entre les deux chambres, de sorte que
la chambre céphalique est tapissée seulement à sa face
postérieure ét sur une très-petite partie de ses faces laté-
rales par la couche dont nous nous occupons.
Elle est constituée d'une substance incolore , homogène
et transparente, et de fibrilles transversales, formées d’une
substance très-réfringente; celles-ci présentent tous les
caractères des fibrilles musculaires des Infusoires. Ces
fibrilles forment soit des anneaux circulaires, soit une
spirale continue développée sur toute la surface de la
Grégarine; mais elles manquent dans la cloison transver-
sale, qui est exclusivement formée de substance incolore
et transparente.
Si l’on examine la surface du corps de la Grégarine à un
fort grossissement (obj. 9 ou 10 à immersion de Hart-
nack), dans le liquide intestinal du Homard ou dans le
serum du sang, on distingue une striation transversale
très-manifeste, qui a son siége dans la couche sous-
cuticulaire (fig. 4). Ces stries foncées sont très -rap-
prochées l’une de l’autre; elles sont disposées avec une
régularité parfaite, toujours équidistantes, et elles sont
presqu’aussi évidentes que la striation transversale des
fibres mysculaires d’un Arthropode ou d’un vertébré. Elles
( 217 )
deviennent plus distinetes encore, sous l'influence de
l'acide acétique, de l'acide chlorhydrique ou de l'acide
osmique en solutions faibles.
Ces stries ne sont pas le résultat d’un plissement momen-
lané de la membrane sous-cuticulaire; elles dépendent de
vérilables organes préformés, de fibrilles transversales
situées dans la couche sous-cuticulaire; car si, au lieu de
disposer le microscope de façon à observer la surface de
la Grégarine, on l'installe de manière à voir sa coupe opti-
que, on distingue très-nettement sur les bords, immé-
diatement sousla euticule, des corpuscules réfringents, de
forme circulaire, situés à égale distance l’un de l'autre et
dont le diamètre est exactement égal à celui de la couche
transparente dans laquelle ils se trouvent situés (fig. 2 et
suiv.). En changeant progressivement le foyer du micros-
cope, on reconnait que ces corpuscules ne sont, en réalité,
que les sections optiques des bandelettes transversales
que Fon distingue à la surface, et que, par conséquent, ces
slries sont produites par de véritables fibrilles transver-
sales ou circulaires. Ces fibrilles , formées d’une substance
très-réfringente, alternent avec des stries claires, formées
par la substance fondamentale .de la couche musculaire.
La substance claire doit être considérée comme formant la
base de cette couche musculaire, puisque là où elle s'épais-
sit, près de l’extrémité antérieure du corps, au niveau de
la cloison transversale, les fibrilles n’occupent plus toute
l'épaisseur de la couche : là les fibrilles transversales sont
réellement tenues en suspension dans la substance trans-
parente, qui constitue à elle seule toute la cloison. Les
librilles ne se trouvent pas toujours, à ce niveau, près de
la cuticule (fig. 2 et 3); les premières fibrilles enveloppent =.
Fe: =
2m: SÈRIE, TOME XXXII.
-
(A8)
quelquefois, comme autant d’anneaux, la partie posté-
rieure de la chambre antérieure (fig. 1).
Si, après avoir déchiré la cuticule en quelques points,
on comprime légèrement le corps de la Grégarine, le con- —
tenu s'écoule, entraînant çà et là la couche musculaire
avec les fibrilles qu’elle contient. Celles-ci apparaissent
alors isolées, et l’on reconnaît manifestement que ces
fibrilles sont formées de petits corpuscules réfringents,
allongés dans le sens transversal et très-rapprochés lun
de l’autre (fig. 5). Après avoir reconnu par ce procédé la _
structure des fibrilles, j'ai pu voir les corpuscules consti-
tutifs de ces éléments dans la Grégarine encore en vie.
il suffit pour cela-de la comprimer légèrement et d'exa-
miner les fibrilles à un fort grossissement, au niveau du
noyau de la cellule. En ce point la matière grannleuse de
la colonne médullaire est remplacée par un noyau homo-
gène et transparent, et il est bien plus facile, à la faveur
de cette plus grande transparence, de distinguer les détails
de la surface.
S'il était possible d'admettre encore aujourd'hui les
idées de Bowman sur la structure des fibres musculaires
striées des animaux supérieurs (1), je croirais pouvoir com-
parer la Grégarine avec sa couche musculaire à une fibre
musculaire en voie de développement, alors qu'elle pré-
sente encore dans sa partie centrale du protoplasme non
modifié et que la partie périphérique seule s’est transfor-
mée en substance musculaire. Car à ce moment les disques
transversaux formés par la juxtaposition d'éléments sar-
ceux sont encore de simples anneaux, que l’on pourrait
Mi di No ME
(1) Bowman. On the minute structure and movements of voluntary
Muscles. London , 1840,
meting aanne
wer demen
(29 )
comparer à une fibrille circulaire de la Grégarine. La
Substance fondamentale claire et peu réfringente de la
couche musculaire de la Grégarine, pourrait être comparée
à la couche de substance claire et monoréfringenté, sépa-
rant dans une fibre musculaire striée, les disques composés
de « sarcous elements. »
On concevrait, en effet, que dans une cellule unique la
couche périphérique du protoplasme puisse se transformer
en Substance musculaire, tout aussi bien que dans une
masse protoplasmique à noyaux formée virtuellement de la
usion d’un certain nombre de cellules. Mais les derniers
travaux de Krause (1), Hensen (2), Flögel (3) et Merkel (4)
Sur la structure des fibres musculaires striées ont tellement
modifié les idées sur l’organisation de ces éléments, ils ont
démontré dans les fibrilles une structure si complexe que
tout rapprochement entre les fibres musculaires des Ar-
thropodes et des Vertébrés, et appareil musculaire des
Grégarines me paraît aujourd’hui impossible. Ce n’est qu'en
comparant- les fibrilles musculaires des Grégarines aux
libres des Infusoires , que la signification que j'ai donnée
à ces éléments me paraît justifiable.
Pour terminer la description de la Grégarine il est néces-
saire de dire encore un mot relativement au contenu de la
Chambre antérieure ou céphalique. Ce contenu est toujours
très-granuleux et fort opaque, au moins dans la partie cen-
trale de la chambre. Les granules réfringents que renferme
mms
sé Krause, Zeitschrift für rationnelle Medizin, Ille Reihe, 55. Bd.,
ns heen. Arbeiten des Kieler physiol. Institut, 1868, p. 1.
(5) Flögel. Archiv für microsk. Bd. 8. 1° Lief.
(4) Merkel. Archiv fur microsk. Anat, Bd. 8, 23 Lief; S- 244.
( 220 ).
cette partie du corps se font remarquer par leur dimension
assez considérable et par la facilité avec laquelle , sous l'in-
fluence d’une pression croissante, ils se fondent les uns
dansles autres, de façon à former des amas irréguliers d'une
substance très-réfringente.
La Grégarine arrivée à son complet développement,
malgré sa nature monocellulaire, nous apparaît donc
comme un être à structure assez complexe. De même que
chez les organismes pluricellulaires, la division du travail
physiologique amène la différenciation des cellules et la
complication progressive de l’organisation, de même aussi
ce principe de la division du travail amène dans certains
êtres monocellulaires une différenciation locale du proto-
plasme et donne lieu à la formation d'organes distincts.
‚Tels sont dans la Grégarine : la cuticule, la lame muscu-
laire, la couche corticale, la colonne médallaire, la cloison
transversale et la chambre céphalique. Car toutes ces par-
ties ne sont que le résultat de la transformation lente du
corps protoplasmique de la jeune Grégarine : c’est pro-
gressivement que l’on voit les différentes couches se des-
siner dans le cours de l’évolution ontogénique; c'est aussi
à une époque relativement avancée du développement,
qu’une cloison transparente apparaît entre l'extrémité
antérieure du corps, caractérisée, dès le début, par l'aceu-
mülation des globules réfringents, et la chambre posté-
rieure. Toutes ces modifications se produisent dans la
cellule par transformation du protoplasme en substance
|
cuticulaire, musculaire, corticale et médullaire.
Une question importante dont je veux dire un mot en
terminant, c’est la question des rapports entre les Gréga-
rines et les Infusoires, ou ce qui rend mieux ma pensée
(22 )
entre les Infusoires et la cellule. L'opinion d’après laquelle
les Infusoires seraient des êtres monocellulaires a été géné-
ralement abandonnée, le jour où l’on a connu la struc-
ture complexe de ces organismes. Cette complication parais-
sait en contradiction avec la nature monocellulaire ; car la
cellule paraissait être la dernière expression de la simpli-
cité organique. Et cependänt il a été impossible jusqu’au-
jourd’hui, qu’on se soit basé sur l'étude anatomique de
ces organismes, ou qu'on ait pris en considération ce que
l'on connaît de leur développement, de démontrer leur
. Pluricellularité.
Les observations que nous venons de faire connaître sur
la structure de la Grégarine, montrent 1° que, contraire-
ment à l'opinion, généralement reçue, un organisme mono-
cellulaire peut atteindre un haut degré de complication ;
2° qu'il existe une grande analogie entre les couches dont
se compose notre Grégarine et celles que l’on connaît chez
les Infusoires. Il n’y a donc pas lieu, à raison de leur orga-
nisation assez élevée, de soutenir à priori que les Infusoires
sont des êtres pluricellulaires; et l’on peut se demander si
la couche musculaire, le parenchyme cortical et la sub-
stance médullaire des Infusoires ne sont pas homologues
de ces mêmes éléments de la Grégarine; de la solution
dans un sens affirmatif de cette question ressortirait la
démonstration de l’unicellularité des Infusoires: Sans vou-
loir soutenir- que ces organismes sont de nature mono-
cellulaire, je crois qu'il y a lieu de se poser la question; car
dans l'état actuel de nos connaissances sur les Infusoires la
question n eat pas résolue. La connaissance exacte +
da ros nroan ISMES
uv ULUS Vis
décider la question ‘de l'homologie de leurs couches avec _—_—
celles de la Grégarine, et nous éclairer sur les rapports
(22)
généalogiques qui relient les Infusoires aux Mens
monocellulaires les plus simples.
Fig. 1
|
19
|
i
me
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
: ai antérieure du corps d’une Grégarine adulte, vue à la
urface, et montrant les stries transversales, les différentes
ché et la chambre antérieure avec la cloison de séparation
entre les deux chambres. (Ohj. 9 à immersion avec oc. 3 de
Hartnack.)
. Partie Eik du corps d'un autre de telle qu’elle se
e à la coupe optique. (Obj. 8, oc. 3 de Hartnack.) On
tise que les sections optiques ie date au niveau de
ia cloison de séparation entre les deux chambres, sont ici très-
nombreuses,
. Mêmes parties du corps d'un autre individu, remarquable par un
plus grand développement de la chambre antérieure, une épais-
seur plus considérable de la cloison et une disposition différente
des fibrilles transversales dans le voisinage de la cloison. On
. Voit aussi ici la striation longitudinale apparaissant à la surface
de la colonne médullaire. Elle dépend d'un état particulier de
contraction de la couche corticale. Les fibrilles choper ont
été représentées par leurs sections T (On: immer-
sion et oculaire-1 de Hartna
- Coupe optique du corps pour montrer les différentes couches et
les caractères distinctifs des granules de chacune-d'elles. Sous
la cuticule, on voit la couche musculaire formée d'une substance
fondamentale homogène et transparente’ et de fibrilles trans-
versales vues dans cette figure en sections optiques. (Obj. 10 à
immersion et ocul. 3 de Hartnack.)
: ur Arnie repen isolées On reconnaît qu elles sont
ccolés l’un à l’autre. (Obj. 10
à immersion de Hartnack.)
Partie du corps qui avoisine le noyau. Le corps ayant été déchiré,
la colonne médullaire s'est en partie écoulée et une cavité Cy lin-
éapocrpocweurege
Tome XXXII
e,
y 2
1ns 2e se
et
droïde s’est développée entre le noyau et la colonne médullaire
en retraite. La substance corticale, au contraire, est restée en
; place.
Fig. 7. Partie postérieure du corps d'une Grégarine qui s'était enroulée
en boule et s'était entourée d’un kyste de tissu conjonctif dans
les parois du rectum. Elle avait conservé encore sa forme et tous
ses caractères de structure. (Faible grossissement.)
— 8et9. Ces figures représentent, vues à un très-fort grossissement ,
la partie du corps d’une jeune Grégarine avoisinant le noyau. La
figure 8 montre la coupe optique, la figure 9 la surface du corps.
— 10. Phase monérienne de la Grégarine.
— 11. Phase de pseudofilaire.
— 12 et 15. Le noyau a apparu; le corps a changé de forme et s'est
élargi considérablement. Tout mouvement vermiculaire a cessé
à ce moment de l’évolut
— 14, Phase ultérieure du pr ea
Note préliminaire sur un fait remarquable qu’on observe
au contact de certains liquides de tensions superficielles
très-différentes , par M. G. Van der Mensbrugghe, répéu-
teur à l’Université de Gand.
Chaque fois qu'un liquide à forte tension superficielle
el contenant des gaz en dissolution est mis en contact avec
un liquide à faible tension, il y a un dégagement plus ou
moins prononcé des gaz dissous dans le premier liquide.
Ce principe que je publie aujourd’hui pour prendre date,
. mais que je me propose de vérifier en détail dans un mé-
moire spécial, peut se démontrer par un très-grand nombre
d'expériences. Provisoirement je n’en citerai que quel-
ques-unes.
I. Il suffit d'introduire ne 5,
dans de l'eau distillée remplissant à à moitié un petit flacon
4
tralatta dal 1 Atak
( 224 )
de trois à quatre centimètres de diamètre , et d’agiter le
liquide, pour constater une vive effervescence après l'agi-
tation; cette expérience a été décrite depuis longtemps
par M. Duprez (1), mais sans explication. Il est impossible `
d'attribuer l'effervescence observée à de l'air introduit par
l'agitation, puisque l'alcool ou l’éther seul et l’eau seule
ne donnent à cet égard aucun résultat marqué.
L'expérience réussit de même avec la benzine, le sul-
fure de carbone , la créosote, l'essence dé térébenthine,
les huiles d'olive , de lavande, de lin, de colza, de pétrole,
d'amande douce , ete. On n’a même qu'à agiter l'eau dis- `
tillée après y avoir plongé une baguette de verre portant
des traces d’un corps gras quelconque, pour voir se pro-
duire nettement un dégagement de petites bulles de gaz.
Si le flacon contenant l’eau distillée n’est pas parfaite-
ment débarrassé de toute matière grasse ou éthérée, il se
forme bientôt de nombreuses bulles gazeuses aux points
de la paroi intérieure où cette matière est attachée.
I. Une goutte d'huile qui s'étale à la surface de l'eau
distillée produit un dégagement de petites bulles gazeuses
qu'on observe aisément au microscope : ce dégagement
est, selon moi, la vraie cause de la formation des figures
de cohésion , comme les appelle M. Tomlinson c'est-à-dire
de la séparation de la lame étalée en une infinité de par-
ties constituant d’abord une sorte de réseau, et se décom-
posant peu à peu en lentilles de moins en moins larges,
jusqu’à ce que, le dégagement gazeux venant à cesser, les
petites lentilles demeurent indéfiniment. J'ai pu suivre au
microscope toutes les phases du phénomène, dues évi-
DR NEDO de
(1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1838, 1e série, t. Vo
p. 402.
nt de Er bottes tement de (Gites D tte tte né lé
j
4
À
|
|
F
( 225)
demment aux innombrables petites bulles gazeuses qui se
dégagent au-dessous des lamelles.
L'expérience peut se faire avec toutes les huiles fixes ou
volatiles, le sulfure de carbone, la créosote, pas de
bois, ete.
Quand une huile quelconque est maintenue en contact
prolongé avec l’eau, on sait que la surface de séparation
des deux liquides perd bientôt sa transparence. Ce fait si
connu s'explique par le dégagement de très-petites bulles
de gaz qui résinifient plus ou moins l'huile et qui la ren-
dent impropre à se laisser traverser par la lumière.
lil. On a observé depuis longtemps que l'eau entre
d'autant plus difficilement en ébullition qu’elle est mieux
débarrassée des gaz qu'elle tient en dissolution. Ce qui
précède fait prévoir que si l’on mêle l’eau distillée avec
de alcool, par exemple, on peut chasser une grande
quantité des gaz dissous. C’est en effet ce que confirme
une expérience récente de M. Kremers : ayant ajouté une
partie d’esprit-de-vin à trois parties d’eau et chauflé forte-
ment, cet observateur a vu le point d'ébullition s'élever
aisément à 109° et même beaucoup au delà, à mesure que
le liquide volatil s'était évaporé en plus forte proportion.
Je regarde cette expérience comme une vérification bien
curieuse de mon principe. |
Les liquides à faible tension favorisent aussi bien le
dégagement des bulles de vapeur que celui des bulles de
gaz : c'est ce que démontrent des expériences frappantes
de M. Tomlinson; ce physicien a observé que des corps
gras empêchent les soubresauts, tandis que des corps
solides parfaitement débarrassés de toute matière grasse
ne produisent pas du tout le même effet. S
TV. On sait que les mouvements browniens ou molécu- à
(226)
laires se produisent avec le plus d'énergie dans un mélange
d'eau distillée et d’un liquide volatil quelconque; dans ce
cas, ces mouvements me paraissent être une conséquence
très-simple de ma proposition générale. Quant à leur exis-
tence dans un liquide homogène, il s'agirait de savoir si
les parcelles microscopiques dont on a vu les faibles trépi-
dations , n'étaient pas plus ou moins grasses ; dès lors ces
parcelles devaient nécessairement donner lieu à un déga-
sement gazeux, et conséquemment changer de temps en
temps de position. Si les corpuscules sont absolument
purs , ils ne peuvent manifester les petits mouvements en
question; aussi plusieurs observateurs ne sont jamais par-
venus à constater les déplacements browniens dans un
liquide homogène.
— La classe s’est occupée, en dernier lieu, de différents
objets relatifs au jubilé. — Elle a reçu les rapports de
MM. De Tilly, Mailly, de Koninck, Duprez, P.-J. Van
Beneden et Morren sur les travaux des différentes bran-
ches dont elle s'occupe, rapports qui seront insérés dans
le Livre commémoratif. M. Ad. Quetelet a présenté égale-
ment son rapport historique.
( 227 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 4 mars 1872.
M. P. De Decker, directeur.
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. Ch. Steur, Grandgagnage, Gachard,
F.-A. Snellaert, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclereq, M.-L. Po-
lain, le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, Thonissen,
Th. Juste, G. Guillaume, Félix Nève, Alph. Wauters,
H. Conscience, membres; J. Nolet de Brauwere Van Stee-
land, Aug. Scheler , associés ; Ém. de Borchgrave, corres-
pondant.
M. L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts,
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’intérieur communique un extrait du
Procès-verbal de la dernière séance du jury chargé de
juger le concours quinquennal des sciences morales et poli-
liques. Il résulte de ce document que le jury n’a pas cru
devoir décerner le prix.
— Le même haut vens ee divers ouvrages
| Pour la bibliothèque. — Remerc
(228 )
— ll est fait hommage d’un exemplaire d'une notice
sur feu M. Philippe Blommaert, correspondant de la classe,
par M. A. Van Lokeren.
— M. Thonissen remet le discours qu'il a prononcé, au
nom de l’Académie, lors des funérailles de Mer Laforet. —
Ce discours paraîtra dans les Bulletins.
— La Société d'Emulation du Doubs, à Besancon, la
ville de Boulogne-sur-Mer, la bibliothèque de l’Arsenal à
Paris et la Société des antiquaires à Bonn remercient pour
le dernier envoi de publications académiques.
— Les manuscrits suivants seront soumis à l’apprécia-
tion de commissaires :
1° De Rederijkerkamer « Maria ter eere » te Gent,
door Frans De Potter. (Commissaires : MM. Snellaert et
Conscience. ) .
2° Rectification, par M. De Potter, à son travail por-
tant pour titre : Hoe en waar overleed Philip Van Arte-
velde? imprimé dans le tome XXII des Mémoires in-8°.
MM. De Smet, Snellaert et Conscience, qui avaient été
nommés commissaires pour l'examen de ce travail , exa-
mineront également la rectification ; non
5° Un voyage au treizième siècle, note par M. Émile
Varenbergh. (Commissaires : MM. Steur et de Borchgrave.)
( 229 )
Discours prononcé par M. Thonissen, aux fonérailles
de Mer Nicolas-Joseph Laforet (né à Graide le 25 février
1825, décédé à Louvain le 26 janvier 1872).
Messieurs,
- Je viens, à côté de ce cercueil, exprimer les doulou-
reux regrets qu’inspire à l’Académie royale de Belgique le
décès imprévu de l'homme éminent et vénéré dont nous
allons célébrer les funérailles. .
La mort ne se lasse pas de frapper dans nos rangs, et
c'est parmi les professeurs de l’Université catholique qu’elle
semble de préférence choisir ses victimes. En moins de
. Sept années, la classe des lettres a perdu à Louvain cinq
de ses membres les plus distingués. Arendt, Baguet,- David,
de Ram, ont disparu avant d’avoir atteint le terme ordi-
naire de la vie, et j'exerce aujourd'hui le triste privilége
de représenter l’Académie en présence des dépouilles mor-
telles de M” Nicolas-Joseph Laforet.
Le savant recteur de l'Université de Louvain wa fait,
pour ainsi dire, que passer au milieu de nous. Élu corres-
pondant le 10 mai 1869, membre effectif le 8 mai de
l'année suivante, il meurt le 26 janvier 1872! Mais cette
Courte carrière académique a suffi pour le faire estimer et
aimer de tous ses confrères; elle a suffi pour nous faire
amèrement regretter sa mort prématurée.
Vingt années de travaux brillants et de succès non’
interrompus avaient désigné son nom aux suffrages du
Premier corps savant du pays. Sa haute raison, son éru-
dition profonde, sa critique vigoureuse et sagace, son
remarquable talent d'écrivain, lui avaient valu le rare hon-
neur d'une célébrité européenne. Nous comptions sur lui
Le
La
( 230 )
pour multiplier dans nos recueils ces belles et puissantes
investigations philosophiques, qui scrutent la raison même,
et, s'élevant par degrés à des sphères toujours plus bril-
lantes et plus pures, finissent par chercher dans l'essence
divine les conditions fondamentales de l'âme et de l’intelli-
gence de l’homme.
Nous comptions sur lui, et nos espérances semblaient
devoir pleinement se réaliser !
Explorant le vaste domaine de l'histoire des doctrines
philosophiques., M= Laforêt découvrit une savante théo-
dicée, du quatrième siècle, dans les œuvres de Tite de
Bostra, l’un de ces courageux évêques d'Orient, contem-
porains de Julien l’apostat, qui réfutèrent, avec autant
de science que de talent, la théorie manichéenne des -
deux principes contraires , que Bayle essaya de réhabiliter
dans les temps modernes. Il nous fit part de cette décou-
verte et nous raconta les principaux épisodes de l'attaque
vigoureuse que Tite de Bostra dirigea contre le mani-
chéisme , sur le terrain de la métaphysique et sur le ter-
rain de la morale. Il nous prouva que ce Père arabe, dont
les derniers historiens de la philosophie n’ont pas même
cité le nom, était digne du siècle dont les Athanase, les
Ambroise, les Augustin et tant d'autres esprits supérieurs
ont fait l’âge d’or de la littérature chrétienne.
C'était un début heureux que nous nous attendions,
hélas! à voir suivre de toute une série de travaux acadé-
miques , aussi remarquables par le mérite du fond que pa:
l'éclat de la forme: Le 8 janvier, ME Laforet assistait
encore à la séance ordinaire de la classe des lettres, et,
comme toujours, sa conversation vive et enjouée , sa N
simplicité, sa douce tolérance, lui valurent l'approbation
unanime de ses confrères. Dix-huit jours plus tard, la
a
( 251 )
mort, par un de ces mystérieux décrets de Dieu que nous
voudrions en vain sonder , brisait une existence que nous
croyions appelée à rendre de nombreux et glorieux ser-
vices aux lettres nationales, et nos patriotiques illusions
se dissipèrent au bord d’une tombe!
Vous n’attendez pas de moi, Messieurs, que j’énumère
ici tous les titres qui recommandent l'illustre défunt à la
reconnaissance de ses contemporains et à l'estime de la
postérité. Au sein de l’Académie royale, comme dans le
corps professoral de l’Université catholique, cette grande
et noble vie trouvera des biographes dignes d'elle. Il suffit,
en cette triste circonstance, que je vous aie rapidement
indiqué les doux et fraternels liens qui attachaient M” La-
forêt à la classe des lettres.
Cher et vénéré confrère! Nous ne vous disons pas un
éternel adieu , parce que nous savons que ce froid cercueil
ne renferme pas tout ce qui reste de vous, tout ce qui
reste de tant de piété , de vertu, de science, de bonté, de
dévouement et d'honneur. Du bord du sépulcre, notre
pensée vous suit dans ces régions sereines où Dieu récom-
pense ceux qui l’ont fidèlement servi, où brille cette lumière
éternelle dont la science humaine, quels que soient son
rayonnement et sa zr, n’est jamais qu’un pâle et
faible reflet!
Au revoir, au revoir dans un monde meilleur! En atten-
dant que nous ayons le bonheur de vous y rejoindre, nous
-Conserverons religieusement votre souvenir. Aussi long-
temps que la mort n'aura pas glacé le cœur du dernier de
vos confrères de la classe des lettres, vous compterez un
ami, un admirateur sur la terre!
( 232 )
CONCOURS DE 1872.
Il est parvenu une brochure autographiée, signée Au-
guste Craco, gradué en lettres à Ixelles, accompagnée
d'une lettre de l’auteur, datée du A février dernier et
portant sur l'enveloppe le timbre de la poste du lende-
‘main. Cet envoi a pour objet de répondre à la question du
‚concours actuel concernant la Théorie économique des rap-
ports du capital et du travail. Cette pièce, s'étant écartée
des formalités prescrites par le programme du concours,
sera déposée aux archives.
RAPPORTS.
MM. le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon et Wau-
ters donnent lecture de leurs rapports sur le mémoire de
M. JJ. De Smet, concernant Jean de Hainaut, sire de
Beaumont.
Conformément aux conclusions de ces rapports, la
classe vote l'impression du travail de M. De Smet dans le
recueil de ses mémoires in-4°,
Elle décide en même temps que les rapports ne seront
_ pas publiés, ainsi que le prescrit l’article 20 du règlement
général. !
es |
RSR AUS Re St ih B GS dé de ue di - ARE ÈR
ew ei tn degene e ee
(255 )
La légende de Sémiramis, premier mémoire de mytho-
logie comparée; par M. Francois Lenormant, associé de
l’Académie, i
Rapport de M. Roulez.
« L'histoire ancienne de l’Orient attribue généralement
aux fondateurs des monarchies et des cités une origine
divine faisant ainsi considérer la fondation de celles-ci
comme l'œuvre des dieux. Sémiramis, la fille de Dercéto,
qui se trouve avec Ninus à la tête de la liste des rois
d'Assyrie, est l’une des plus considérables de ces figures
mythiques. La légende qui la concerne a été racontée et
acceptée comme véritable par les Anciens, et les Modernes
à leur tour ont longtemps cru que sous le voile de la fable
‘elle ne cachait pas moins un fond historique. Jusqu’à nos
jours les historiens avaient conservé la possession exclu-
sive de cette légende, et aucun mythologue n’avait songé
à s'en emparer. L'illustre auteur de la Symbolique, Creuzer,
est le premier, que je sache, qui l’introduisit dans le do-
maine de la mythologie (1819-21). Son exemple fut suivi
par Movers (1841), dans ses remarquables recherches sur
la religion et les divinités des Phéniciens , mises en rapport
avec celles des Babyloniens et des Assyriens, et ensuite
Par Conrad Schwenck (1849) dans sa mythologie des
Sémites, où un paragraphe particulier est consacré à Sémi-
ramis. A la même époque (1845), Hitzig, l'historien des
Philistins, refusa de voir dans la reine de Ninive et dans
Ninus, son époux, autre chose que des personnages fabu-
leux. Ces résultats étaient dus seulement aux progrès de
la eritique, mais le merveilleux déchiffrement des textes
2" SÉRIE, TOME XXXIII. 46
( 234 )
cunéiformes vint bientôt leur donner une éclatante et
complète confirmation. Désormais les noms de Ninus et
de Sémiramis seront relégués dans le domaine de la my-
thologie, et les historiens ne les mentionneront plus que
pour mémoire.
Mais, quoique traitée déjà, au point de vue exclusive-
ment mythique, la légende de Sémiramis était susceptible
encore de recevoir des développements et des éclaircisse-
ments nouveaux, à l’aide des renseignements fournis par
les textes cunéiformes et d’une comparaison plus étendue
avec d’autres religions antiques: C’est la tâche qu'a entre-
prise notre savant associé dans le mémoire que nous avons
été chargé d'examiner. -
Ce travail se compose de huit parties. La première
contient exposé de lá légende de Ninus et de Sémiramis,
principalement d’après le récit de Diodore de Sicile, qui
lui-même lavait emprunté à Ctésias, et d’après les don-
nées divergentes ou complémentaires fournies par d’autres
écrivains. Cette première partie se termine par un aperçu
critique de la chronologie fabuleuse, qui se rattache à ces
récits.
Dans la seconde partie l’auteur établit que cette légende
est formée de deux éléments, l’un épique-et Pautre reli-
. gieux, et essaye de démontrer que le premier surtout avait
pris un grand développement sous les Perses, dont les
rois avaient exploité au profit de leur politique. Ninus est
le héros éponyme de la ville de Ninive; on a réuni autour
- de son nom les exploits et les conquêtes des rois des diffé-
rentes dynasties assyriennes, de même que l’on a attribué
à la reine Sémiramis tous les grands travaux exécutés par
des monarques de l'Asie aux époques les plus diverses.
Les Assyriens avaient sans doute des héros éponymes 8
+
( 235 )
l'origine de leurs cités et des légendes épiques sur les
premiers temps de leur nation, mais ils connaissaient par-
faitement leur histoire à partir du moment où elle prenait
un caractère positif et ils possédaient une chronologie
régulière. Ce n’est donc qu’à une époque postérieure, après
la chute de leur nation, que lon à pu attribuer à leur
empire une étendue et une durée fabuleuse.
M. Lenormant aborde dans la troisième partie l'étude
de l'élément religieux dans la légende de Sémiramis. La
reine de Ninive n’est pas une figure historique, c'est une
divinité : des textes et des monuments anciens lui attri-
buent cette qualité. Elle est fille de la déesse syrienne
Dercéto , qui est représentée avec un buste de femme sur
un corps de poisson. Sa mère exposa aussitôt après sa
naissance sur un rocher élevé, où elle fut réchauffée et
nourrie par des colombes. À la fin de son règne, Sémiramis
disparut changée en cet oiseau, et les Assyriens, en l'ado-
rant comme une déesse, rendirent, à cause d'elle, des
honneurs divins à la colombe. La rencontre du poisson ct
_de la colombe dans le récit de la naissance et de la dispa-
rilion de Sémiramis engage l’auteur à passer en revue les
textes anciens et les monuments figurés qui montrent le
rôle joué par l’un et-par l’autre de ces animaux symboli-
ques dans les religions de l'Asie ainsi que dans les religions
occidentales.
Dans la quatrième partie l’auteur cherche à déterminer
la signification du concours du poisson et de la colombe
dans une même production. Le premier de ces animaux
représente le principe humide ou passif, le second le prin-
cipe igné ou actif. Des exemples tirés de diverses religions
de PAsie et de la Grèce prouvent que, conformément à ce
qui se remarque dans le mythe de Sémiramis, la
( 256 )
appartient toujours à des divinités féminines, tandis que
le symbole du poisson se rapporte le plus souvent à des
divinités mâles ; ils prouvent aussi que dans l’œuvre de la
génération universelle le rôle du mâle est rempli par le |
poisson et celui de la femelle par la colombe. L'auteur fait |
remarquer que c’est cependant l'inverse qui a. lieu dans les
cosmogonies asiatiques et notamment dans celle des Baby- |
loniens. Il explique cette contradiction premièrement par |
la considération que dans les systèmes religieux, qui attri- |
buent exclusivement le caractère mâle au feu ou à l'eau,
on parvient cependant à reconnaître la trace du système |
opposé, et en second lieu par l'échange des symboles entre |
les deux personnages du couple divin. Si le symbole du
f
poisson n'appartient à Sémiramis dans aucune cifconslance
du mythe, on le retrouve, dit M. Lenormant, dans la con-
ception du dieu son époux dont les différents aspects ont
été décomposés par la légende en plusieurs personnages
successifs (Onnes ou Oannes, Ninus, dont le nom se Te-
produit dans celui de son fils Ninyas). Le principe humide
se personnifie en outre dans le cheval, qu’une singulière
version donne pour amant à la reine de Ninive.
La cinquième partie est consacrée à caractériser la
Sémiramis de la légende religieuse. M. Lenormant la re-
garde comme une forme héroïque de l'Istar de Ninive,
dans laquelle Pausanias reconnaît le prototype de | Astarté
phénicienne (la même que l’ Aphrodite Uranie des Grecs),
déesse à la fois guerrière et voluptueuse. La légende nous
montre en effet dans Sémiramis une reine conquérante et
dissolue , partageant, sa vie entre les combats et l'amour.
Au reste, cette réunion de qualités et d’attributions si
contraires se reproduit d'une manière plus ou moin
accentuée chez prenie toutes les divinités féminines de
( 257 ) |
l'Asie. L'attribution du caractère viril et guerrier à une
déesse est considérée par l'auteur comme une espèce par-
ticulière d'androgynisme. Les exemples d’androgynes di-
vins étant nombreux dans les religions de l'antiquité, il
en signale les principaux et montre le rôle que remplit le
symbole du cône.
Nous trouvons dans la sixième partie l'examen de la
question de savoir si J'époux de Sémiramis ne serait pas
lui-même un androgyne en sens-inverse, c'est-à-dire un
Personnage dont l’androgynisme s’aflirmerait par un carac-
tère efféminé. L'auteur parvient , au moyen de combinai-
Sons savantes et de déductions subtiles, à la résoudre .
affirmativement, malgré que Ninus soit représenté dans
la légende comme un monarque guerrier et conquérant.
Rapprochant le couple de Ninus et Sémiramis de celui
d'Adar-Samdan et Istar, M. Lenormant admet l'identité
du héros éponyme de Ninive et du dieu Adar-Samdan.
Or ce dernier était pour les Assyriens le dieu-Taureau par
excellence, présidant au signe zodiacal de ce nom. Mais,
malgré sa qualité de divinité solaire et de représentant
du principe igné, il ne se trouvait pas moins en rapport
avec l'élément humide, dont le taureau est un symbole
essentiel. Ce dieu, dont Ninus, comme il vient d'être dit,
n'est qu’une autre forme, apparait dans plusieurs mythes
avec un caractère bien accentué d'androgynisme, prenant
les vêtements et les habitudes de la femme. Nous retrou-
vons d’ailleurs ce Samdan en Lydie sous le nom de Sandon,
lequel s'identifie avec Hercule. Or le mythe grec, repro-
duit sur plusieurs monuments figurés, nous fait voir le
Vainqueur de tant de monstres, devenu l'esclave d'Om-
phale, filant au milieu des femmes de la reine de Lydie,
après avoir échangé sa massue contre une quenouille et sa
x
( 258 )
peau de lion contre. la robe de courtisane. D'autre part,
à côté de Ninus, au caractère viril et guerrier. se rencontre
l’efféminé Ninyas, son fils, qui vit au fond de son palais,
au milieu de ses femmes , vêtu comme elles et partageant
leurs occupations. Le père et le fils s’identifient l'un à
l’autre; ils ne sont donc qu’un même dieu dédoublé-et se
présentant à nous sous deux faces différentes. C'est par
ces rapprochements et ces raisonnements que l'auteur
arrive à obtenir le personnage efféminé faisant le pendant
de la virile Sémiramis.
La septième partie donne l'explication de lamour inces-
tueux, dont Sémiramis, d’après le récit de Justin, brüla
pour son fils Ninyas. « La conception de l'inceste divin,
dit M. Lenormant, peut être considérée comme un
des dogmes fondamentaux de toutes les religions. C'est
enfantée par l'identification du dieu père et du dieu
fils, ou de la déesse mère et de la déesse fille et résul-
tant d'une tentative d'exprimer sous une forme sensible
la notion du dieu qui s’engendre lui-même. » Cet in-
ceste peut se présenter sous deux formes, qui se rencon-
trent dans la légende de Sémiramis, car si, d’après une
tradition, elle fut éprise de son propre fils, suivant une
autre version, elle aurait été la fille de Ninus et aurait
épousé son propre père. |
Enfin, dans la huitième et dernière partie, l’auteur re-
cherche l’origine du nom de Sémiramis et discute les
_ diverses étymologies mises en avant jusqu'ici. I propose
de le faire dériver de l'expression assyrienne sumu-rim ou
sammu-rim, signifiant nomen ercelsum et justifie cette
dérivation par diverses considérations.
Tel est le résumé très-succinct, ou si l’on aime mieux,
SNS VV w vu
une monstrueuse aberration de l'esprit de symbolisme,
.
( 259 )
le canevas dépouillé de ses broderies de l’écrit plein d'éru-
dition de M. Francois Lenormant. Les rapprochements
_ ingénieux entre les divinités de la légende dont il s’oc-
cupe et celles d’autres cultes y abondent. Dans ce nombre
il en est quelques-uns qui ont déjà été faits par ses devan-
ciers. et quelques autres qui peuvent paraitre un peu
hasardés. N'étant pas initié aux études assyriologiques, je
me suis trouvé incompétent pour l'appréciation de certains
détails de cet écrit, mais comme ils réunissent toutes les
conditions d'un travail scientifique, je les accepte de con-
fiance. J'ai l'honneur de proposer en conséquence à la
classe de voter des remerciments à notre jeune et savant
associé et d'ordonner l'impression de son travail dans le
recueil de nos mémoires. »
Rapport de M. Thonissen.
« Je mai rien à ajouter à l'analyse exacte et lucide du
mémoire de M. Lenormant , faite par mon savant confrère,
M. Roulez. ;
M. Lenormant ne s’est pas borné à mettre en lumière le
vrai caractère d’une légende que, depuis plus d’un demi-
siècle, la science allemande a reléguée parmi les fables.
Il produit un nombre considérable de faits nouveaux. T
tire largement profit des monuments originaux de lAs-
syrie, dont on n’est parvenu que depuis bien peu d'années
à pénétrer le sens. Il dégage le mythe des additions et des
ornements dont il a été revêtu en pénétrant dans l'histoire;
il s'efforce de l'expliquer à la fois par les renseignements
que l’on peut, dès à présent, tirer des textes cunéiformes
et par la comparaison des autres religions antiques. re
Malgré mon incompétence à peu près absolue dans _
(240)
la sphère des études assyriologiques, je pense, comme
M. Roulez, que le mémoire de M. Lenormant , portant
tous les caractères d’une critique saine et d’une érudition
de bon aloi, figurera avec honneur dans nos recueils aca-
démiques. » a
` )
Rapport de M. Félix Mère.
_« Je me rallie bien volontiers à l'opinion de mes deux
honorables confrères , qui vous proposent d'ouvrir la col-
lection de nos mémoires à l'écrit de notre savant associé,
M. François Lenormant.
La portée de ses précédentes recherches sur l’histoire
des anciens empires de l'Orient nous garantit l'autorité
particulière qu’il peut revendiquer dans les questions de
mythologie ‘asiatique. Il a depuis longtemps à son service
une solide érudition classique, et avec cela une rare habi-
leté dans la lecture des inscriptions assyriennes en carac-
_têres cunéiformes. C’est ainsi qu’il poursuit résoläment les
découvertes qu’il a consignées dans son Manuel d'histoire
ancienne de l'Orient, et des résultats neufs du genre de
ceux qu’il a communiqués dans ses Lettres assyriologiques.
Il a commenté récemment, avec les mêmes secours, les `
fragments cosmogoniques de Bérose, et il a mis à profit
cette dissertation encore inédite dans le premier mémoire
de mythologie comparative qu'il vient d'adresser à notre
Compagnie. »
Conformément aux conclusions de ces ra pports, la classe
a voté l'impression du travail de M. Lenormant dans le :
recueil des mémoires des membres.
n
ee
REP
(24)
Épisode des relations extérieures de la Flandre du
moyen áge, notice par M. Varenbergh.
Rapport de M. J.-J. De Smet,
« En continuant ses belles études sur les matériaux nom-
breux que lui ont fournis les rapports de notre Flandre avec
l'Angleterre, M. Émile Varenbergh a rencontré un épisode,
qui, malgré une importance majeure , a peu attiré latten-
tion de nos écrivains. Le célèbre prince noir étant mort
dans la fleur de l’âge et avant le décès d'Édouard IH , son
valeureux père, Richard de Bordeaux, son fils aîné, lui
succéda sous le nom de Richard IF, mais sa faiblesse et
son inexpérience le laissaient à la merci de l'ambition de
ses oncles, surtout de Henri, duc de Lancastre, qui lui
` préparait sous les débris de son trône une couche ensan-
glantée. D'abord, cependant, tous comprirent à Londres la
nécessité de conserver au royaume cette alliance que le
feu roi avait heureusement conclue avec la Flandre, et l'on
vit paraître une déclaration solennelle où Richard, comme
suzerain , en qualité de roi de France, renouvelait les an-
ciens traités avec le comté, promettait aide et secours aux
lamands et nommait Jean Bourchier, Ruwaert du pays.
Aussi la mort de Louis de Male ne sourit pas les braves
lieutenants de Philippe d’Artevelde, Jacques de Schote-
laere, Pierre Vanden Bossche et Francois Ackerman , aux
prétentions de Philippe le Hardi, soutenues par la France.
Avec le secours d’un corps d'armée amené par l’évêque
Henri de Norwich, ils firent essuyer plus d’une défaite au
parti bourguignon , mais quand ils se virent abandonnés
par les Brugeois et faiblement secourus par l'Angleterre,
agités par la révolte de Wat Thyler et les intrigues du duc
( 242 )
de Lancastre, ils crurent devoir accepter la paix que leur
offrait encore Philippe le Hardi, chef de la nouvelle maison
de Bourgogne et mari de Marguerite de Male.
Ainsi tomba, pour ne plus se relever, le système établi
par Édouard Het le premier des Artevelde.
C’est là l'épisode plein d'intérêt dont M. Varenbergh nous
expose les vicissitudes d’après les sources anglaises , qu'on
peut ainsi confronter avec Froissart (t. I, pp. 217 et suiv.
Edit. Kervyn) et avec la chronique publiée dans le IV° vo-
lume du Corpus chronicorum Flandriae, t. HE, p. 265 (1). »
n i
Rapport de FE, le baron Kervyn de Lettenhore.
« Je me rallie aux observations de mon honoré con-
frère M. le chanoine De Smet; je pense comme lui que la
classe peut ordonner l'insertion de la notice de M. Varen-
bergh dans le Bulletin de l’Académie. »
x
Rapport de M. de Borchgrave,
« Je ne puis qu'adhérer aux conclusions des deux -
premiers commissaires chargés d'examiner la notice de
M. Émile Varenbergh. Je pense avec mes honorables con-
frères M. le chanoine De Smet et M. le baron Kervyn
de Lettenhove que ce travail figurera utilement dans les
Bulletins de la Re >
Conformément à ces conclusions ‚le travail de M. Varen-
bergh paraîtra dans les Bulletins.
ne
(1) Voy. aussi Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre. Liv. XHI, aU
commencement, : ; .
( 245 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
ÉPISODES DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA FLANDRE AU
MOYEN AGE : Rapports diplomatiques avec l'Angleterre
sous Philippe le Hardi (1584-1404) (1), par M. Émile
Varenbergh.
La défaite de Roosebeke fut pour la Flandre le point
de départ d’un nouvel état de choses; les libertés commu-
nales y reçurent le coup mortel.
On voit, il est vrai, la commune se débattre encore
pendant quelque temps pour échapper aux étreintes du
Pouvoir absolu, mais ces efforts ne sont plus que les
convulsions d’un agonisant.
Les troubles de Gand sont, pour la Flandre du moyen
àge, le dernier épisode de l'épopée communale qui se
termine par la renonciation des Flamands à l’alliance
anglaise.
Cette renonciation forcée fut pour le comté un adieu à
l'indépendance. En repoussant un appui qui n’était plus
que moral, la Flandre abandonna le principe sur leque!
étaient basés les priviléges de-son commerce et de son
industrie , sur lequel reposait cette liberté de transactions
nr DI ED
(1) Ce petit travail se compose de quelques feuillets détachés en diffé-
rends endroits de mon ouvrage : Histoire des relations te in du
Comté de Flandre avec os dont la en sera termi
dans une couple d’an
( 244 )
qui avait fait la richesse du pays, et avait été le fondement
de la puissance des bonnes villes.
Ou’importait au due de Bourgogne la prospérité des
cités de la Flandre? Pourvu qu il fût le maître, qu'il n'y
eût dans ses États qu’une seule tête pensante, la sienne ,
qu'un bras agissant, le sien, cela lui suffisait. Lui seul
prétendait agir, et mettre seul en mouvement les rouages
de la politique.
Les villes, dont l'industrie n’était pas protégée, à l’action
_ industrielle desquelles on mettait un grand nombre d'en-
traves, de peur que cette action ne fût un ombrage pour le
pouvoir, virent leur prestige s'évanouir peu à peu, en même
temps que leur richesse,
Pour écraser les communes, Louis de Male avait com-
mencé -par les proscriptions, et les Bourguignons avec
d'autres principes arrivèrent au but qu'il s'était vainement
efforcé d'atteindre. Tout pouvoir fut confisqué à leur
profit. |
Les Anglais profitèrent de toutes ces prohibitions pour
monopoliser chez eux une autre espèce de pouvoir, celui
du commerce et de l'industrie, dont nos dépouilles formè-
rent le plus bel appoint.
Dès les premières annnées de l’époque bourguignonne,
la Flandre n’est plus à elle-même, ses destinées se con-
fondent avec celles des autres possessions de la puissante
maison de Bourgogne, dent l'éclat ee cache si bien la
décadence de la nation.
Plus tard , l’histoire de notre riche comté se confondra
dans celle de l'Europe, quand viendra le règne de ce
Souverain sur les terres duquel le soleil ne se couchait
jamais.
Après la mort de Louis de Male, la guerre continua _
( 245 )
entre son successeur et ceux de Gand; un rapprochement
entre les partis était difhcile; leurs intérêts étaient trop
opposés : l'intérêt politique guidait le prince, l'intérêt ma-
tériel était le mobile de la commune.
La prise d'Audenarde, en violation de la trêve de Lelin-
ghem par un des officiers du duc, n’aida pas peu à main-
tenir l'effervescence dans les esprits.
L'Angleterre qui voyait d’un mauvais ceil les uns
du duc pour ramener la Flandre sous l’obéissance de la
France, et craignait de voir trop tôt ses anciens alliés
lui échapper, profita de ces dispositions, et envoya, au
mois de mai 1584, vers les bonnes villes, le due de Lan-
caster et le comte de Buckingam pour traiter avec
elles « de toute espèce de paix et alliance qu'elles vou-
draient faire ou renouveler avec la couronne d’Angle-
terre (1). »,
Les Gantois, comptant sur l'assistance de l’ancienne
alliée de la Flandre, dans leurs démêlés avec leur sou-
verain, se livrèrent à une manifestation aussi violente
qu'intempestive. Le 18 juillet ils arborent publiquement
l'étendard de l'Angleterre sur la place du marché : les
leliaerts prennent aussitôt les armes ‘et veulent le ren-
verser, mais les principaux d’entre eux sont arrêtés et mis
en prison; le sire d’Herzele entre autres, est condamné
par les magistrats et décapité.
L’Angleterre accueillit avec joie la nouvelle de cette
démonstration. Afin de témoigner par une déclaration for-
melle et publique que le gouvernement de Richard H ne
reconnaissait pas le nouveau seigneur de la Flandre, et
à
el ed 0 gn
(1) Rymer, édit, boll., t. III , part. HI, p- 166.
+
( 246 )
considérait son avénement comme une usurpation, les
conseillers du jeune roi nommèrent le 18 novembre, re-
waert du comté de Flandre, un chevalier anglais du nom
de Jean Bourchier (1). |
« Attendu, est-il dit dans le diplôme qui contient cette
nomination , que notre pays de Flandre, qui est soumis à
notre suzeraineté et ressortit des droits de notre couronne
et royaume de France, si célèbre autrefois par le ngmbre
des bonnes villes et par sa population noble ou autre, par
le décès de notre cher cousin Louis de Namur (?), comte
de Flandre, se trouve dépourvu de tout gouvernement
régulier. -
» Attendu qu'il nous paraît évident qu'après ce décès,
l'héritier du comte ne s'est pas présenté pour nous prêter
hommage du chef de son héritage, comme à son droitu-
rier suzerain et seigneur. “ts
» Considérant les désordres, guerres et destructions
journalières auxquelles le comté est en proie, et spéciale-
ment la guerre et destruction à laquelle est en butte notre
chère ville de Gand, voulant porter remède à tous ces
maux, avons nommé Jean Bourchier, rewaert de notre
pays de Flandre et spécialement de ladite ville de Gand,
en vertu de notre autorité suzeraine de prince et seigneur;
l’autorisant à recevoir foi et hommage féodal, et à exercer
tout pouvoir en notre nom, jusqu’à ce que l'héritier du
comté nous ait prêté l'hommage légal comme à son sei-
gneur suzerain. » ;
Un autre diplòme de la même date enjoignait à tout
fonctionnaire du royaume d'Angleterre, à tous les sujets —
à À
(1) Rymer , édit. holl , t. HIT, part. IL, p. 174.
( 247 )
anglais et à tous les amis de prêter aide, secours et assis-
tance au rewaert comme au roi lui-même (1).
Comme corollaire à la déclaration par laquelle l'Angle-
terre ne reconnaissait pas la souveraineté du duc de Bour-
gogne sur la Flandre, le conseil du roi publia le 16 dé-
cembre un édit, enjoignant au rewaert de défendre le
cours des monnaies frappées par Philippe le Hardi, qui se
disait comte de Flandre (2).
Le rewaert anglais n’arriva qu’au commencement de
janvier 1585 (n. s. ); il était accompagné de mille archers
anglais et d’une petite troupe d'hommes d'armes, et établit
son quartier géneral à Gand, dont les sympathies pour
l’Angleterre étaient le mieux connues.
Par une convention conclue à Boulogne-sur-Mer le
14 septembre précédent (3) la trève de Lelinghen avait été
prorogée jusqu’au 1° mai: aussitôt que ce terme fut écoulé,
le duc se prépara avec l’aide des forces de la France à
faire une descente en Angleterre. Malheureusement pour
lui, il avait compté sans les Gantois commandés par Ac-
kerman, auxquels s'était joint Jean Bourchier le re-
waert , avec ses hommes d’armes et ses archers anglais.
Ils s'étaient emparés de Damme où l’armée des Francais
et des Bourguignons alla les assiéger. Ackerman et les
siens espéraient tenir bon jusqu'à l'arrivée des troupes
que l'Angleterre avait promises : le parlement de West-
minster avait même voté une somme de dix mille marcs (4)
Pour venir en aide aux communes flamandes, mais un
(1) Ryuer, édit. holl., t. IH, part. IH, p. 174.
(2) nt idem, p. 176. - 5
(5) Idem , idem, p. 170.
(4) ien marc valait environ 55 francs de notre monnaie.
( 248 )
ministre anglais, Michel de la Pole, qui trahissait secrète-
ment le parti de son maître , détourna cette somme à son
profit, et expédia vers une autre destination les hommes
armes destinés à secourir la Flandre.
Après avoir, avec quinze cents hommes, soutenu un
siége de vingt jours, contre cent mille ennemis, AC-
kerman, se voyant à bout de ressources, opéra pendant
la nuit sa retraite vers Gand, à travers les lignes fran-
çaises.
Cela se passait dans la nuit du 22 aoùt : un mois plus
tard, le 20 septembre, les Anglais capturèrent en mer
deux amiraux français qui se rendaient à l'Écluse avec de
nouveaux renforts pour l’armée de Charles VI. Walsin-
gham raconte qu’un des navires dont ils se rendirent
maîtres était tellement grand qu'il pouvait porter cinq
mille personnes : ses dimensions ne permirent pas de le
faire entrer dans le port de Calais, et il fallut l'envoyer à
Sandwich.
Si la lutte héroïque des Gantois ne put empêcher la
Flandre d’être dévastée par l’armée française, du moins
elle sauva l'Angleterre, d'une invasion, qui, dans les cir-
constances où se trouvait ce pays, aurait pu avoir des
suites désastreuses pour la monarchie de Richard I.
Cet événement même ne suffit pas pour rappeler au
gouvernement anglais ses promesses de secours. Dans ces
conjonctures, abandonnés par leur allié le plus puissant,
les Gantois se virent obligés, au mois d'octobre, de faire _
des ouvertures de paix au due de Bourgogne. Après d'assez
longs pourparlers, elles furent favorablement accueillies.
Jean Bourchier en informa immédiatement le conseil du
roi, qui alors seulement prit l'alarme à l’idée que la Flandre
allait lui échapper. Il fut immédiatement ordonné à Guil-
|
bp
|
L 3
_ (49)
laume Drayton et à Hugues Spencer, de rassembler une
troupe considérable d'hommes d'armes et de se diriger
vers Gand avec des navires préparés en hâte dans les ports
de Douvres et de Sandwich (1).
Mais la coupable négligence du gouvernement anglais
avait porté ses fruits ; cette tardive réparalion n’arriva pas
à temps. Les ordres donnés n’avaient pas encore recu leur
exécution, lorsque la nouvelle arriva que la paix était faite
entre le prince et ses sujets : l'alliance était désormais
rompue entre la Flandre et l'Angleterre.
Le 18 décembre le traité avait été conclu à Tournai ‚ et
trois jours après publié dans tout le comté.
Le 20, les troupes qui devaient se porter au secours des
Gantois, devenues inutiles de ce côté, reçurent une autre
destination, « parce qué, par certaine cause, est-il dit
dans l'acte, le voyage qu’elles devaient faire à Gand n’a
Pas lieu. » L’Angleterre avait honte d’avouer sa négli-
Sence, et de s’imputer la faute de cet échec fait à sa”
politique. - |
Il ne lui manquait plus que de joindre l'insulte à l'in-
curie : elle, dont les intérêts étaient les mêmes que ceux
de la Flandre dans cette question , elle qui avait méconnu
l'attachement et le dévouement de son alliée, qui perdait
Par sa faute son plus ferme appui politique sur le conti-
nent, et le meilleur débouché pour ses produits , elle laissa
un de ses historiens les plus recommandables, écrire,
Sans qu'aucune voix s’élevàt pour le contredire. « Que les
Flamands, selon la coutume de -leur nation, s'étaient
montrés fort légers, et avaient prouvé qu’il leur était im-
Ee
(1) Ryxen, édit. holl., t. HE, part. HE, p. 189.
° SÉRIE, TOME XXXIII, EE,
( 250 )
possible d’être longtemps fidèles à leurs engagements (1). »
Tels furent les adieux de l'Angleterre à la Flandre.
En vertu du traité, les Gantois et toutes les villes et
communes de Flandre qui avaient suivi leur parti virent
leurs priviléges maintenus et confirmés : les Gantois pri-
sonniers furent mis en liberté, les sentences de confisca-
tion furent rappelées et la liberté de circulation accordée
au commerce. A ces conditions, les bourgeois de Gand
renoncèrent à toutes alliances, serments, obligations et
hommages qweux ou aucuns d'eux avaient faits au ro!
d'Angleterre, jurant d'obéir désormais au roi de France,
_au duc et à la duchesse de Bourgogne comme à leurs drol-
turiers, seigneurs et dame (2).
- Jean Bourchier dont la mission n’avait dès lors plus de
raison d’être, reprit avec sa troupe le chemin de son
- pays : les magistrats de Gand lui témoignèrent leur rè-
connaissance pour le secours qu'il leur avait prêté et le
zèle dont il avait fait preuve. Il alla s'embarquer à Calais,
et l’un des capitaines des Gantois, les plus opposés au duc
de Bourgogne et les plus fidèles à l'Angleterre, Pierre
Vanden Bossche partit avec lui. Ce hardi patriote qu!
n'avait pas foi dans les promesses de pardon du nouveau
souverain de Flandre fut accueilli avec empressement par
Richard IL et le duc de Lancastre; il obtint dans sa patrie
d'adoption une pension de cent mares sur létape des
laines de Londres (3). =
Après avoir rétabli la paix en Flandre, le duc reprit de
S R EE BAA a
(4) Warsinenau, p. 330. ji
(2) Archives de la ville de Gand; Wittenboek , fol. 137. — Archives
la ville de Bruges ; Gheeluwenboek, fol. 5.
hed
(5) Kervin, Hist. de Flandre, t. IV, p: 48. — Froissart, t. I1, P- 20. >
-
( 251 )
nouveau, en 1586, son projet d'expédition contre l'An-
gleterre : le roi de France fit un appel à tous ses vassaux;
on arma des navires sur toute la côte de l'Océan, depuis
Cadix jusqu’en Prusse. Les marins de Zierikzee s'oppo-
sèrent vainement à ce qu’on employât des vaissaux hol-
landais. Dans le courant de l'été, toute l’armée se rendit
à l'Ecluse pour s’y embarquer; jamais sans doute, arme-
ment plus formidable ne menaca le trône de Guillaume le
Conquérant. :
La Grande-Bretagne fut en émoi; mais les lenteurs
caleulées du duc de Berry sans lequel le roi Charles VI
ne voulait pas partir, lui permirent de se remettre de sa
première frayeur; les vaisseaux anglais vinrent bientôt
croiser dans la mer du nord, arrêtant et capturant le plus
possible de bâtiments français. La mauvaise saison qui
s'approchait et la prise d’une grande partie de sa flotte
découragèrent Charles VI qui retourna dans son royaume
Sans que son immense expédition eût servi à autre chose
qu'à piller le pays par où ses troupes avaient passé.
e mécontentement des Flamands, était tel, que s’il faut
en croire un écrivain anglais (1), les députés des com-
munes se rendirent à Calais, offrant de conclure une
nouvelle alliance avee l'Angleterre afin d’expulser tous
les Français. |
Mais si les anciennes sympathies tentaient encore de se
faire jour dans l'esprit des bonnes gens de Flandre, le
duc n’en persistait pas moins dans ses rancunes; le 15 jan-
vier 1587 (n. st.), il publia un mandement daté de Paris,
dans lequel tout en accordant le libre commerce et l'entrée
- (t) Knxenrox , cité par Kervin, t. IV, p. 60.
( 252 )
_des ports de Flandre aux marchands de toutes les nations,
il défend expressément d’y laisser pénétrer les Anglais ou
de leur acheter n'importe quelle marchandise (1).
La retraite de Charles VI, qui ressemblait plutôt à une
fuite fut célébrée en Angleterre par de grandes réjouis-
sances à légal d'une victoire. Le roi décida qu'il fallait
profiter des circonstances pour harceler les Français; une
flotte fut promptement réunie et mise sous les ordres des
comtes d’Arundel, de Nothingham , de Devonshire, et de
Henri Spencer évêque de Norwich; elle croisait depuis
deux mois environ sur les côtes de Cornouailles et de
Normandie, quand vers la fin de mars elle rencontra la
flotte bourguignonne qui escortait un convoi de bateaux
| chargés de douze à treize mille tonneaux de vins de Sain-
tonge. Empruntons le récit du combat qui eut lieu alors, _
à l'historien qui a le mieux raconté les destinées dep notre
patrie (2) :
« Jean Buyck, qui commandait la flotte du due avait
longtemps combattu les Anglais sur mer; il était sage o:
courageux, et comprit aussitôt que les vaisseaux anglais :
cherchaient à prendre le vent pour l'attaquer avant la
nuit. Quoique décidé à éviter le combat, il arma ses arba-
létriers et il ordonna en même temps au pilote de hâter
la marche de la flotte afin qu’elle repoussàt les Anglais en
se dérobant à leur poursuite. Déjà il était en vue de Dun-
kerque et il espérait pouvoir gagner l'Écluse en côtoyant
les rivages de la Flandre. >
» Ce système réussit d’abord : quelques galères plemes
_
(1) Archives de la ville ah Bruges, orig. parch.
(2) Kervrs, t. IV, p.
( 253 )
d'archers anglais s'étaient avancées ‚ mais leurs traits n'at-
teignaient point leurs ennemis, qui ne se montraient pas
et continuaient leur route. Enfin le comte d’Arundel
_S'élanca au milieu d'eux avec ses gros vaisseaux : dès ce
moment, la lutte fat sanglante et opiniâtre. Trois fois la
marée se retirant obligea les combattants à se séparer et à
jeter Pancre, trois fois ils s’assaillirent de nouveau. Ce- <
pendant la flotte bourguignonne s’approchait des ports de
la Flandre, Jean Buyck était parvenu à dépasser Blan-
kenberg et était près de toucher au hâvre du Zwyn ; mais
sa résistance s’affaiblissait d'heure en heure. Parmi les
vaisseaux anglais, il en était un surtout qui attaquait
avec une héroïque persévérance les hommes d'armes du
duc de Bourgogne; le capitaine qui en dirigeait les ma-
œuvres se nommait Pierre Vanden Bossche; il vengeait
Barthélémy Coolman dont Jean Buyck avait été le suc-
césseur, En vain les bourguignons espéraient-ils qu’une
flotte sortirait de l’Écluse pour les soutenir. Le port qui
avait armé tant de vaisseaux pour décider les victoires
d'Édouard TII n'en avait plus pour protéger la retraite de
Philippe le Hardi. à
» Jean Buyck fut pris par les Anglais et avec lui cent
vingt-six navires. Pendant toute cette année, tandis que
les vins de Saintonge se vendaient à vil prix en Angle-
terre, ils manquèrent complétement én Flandre, ce qui
augmenta les murmures du peuple.
» Pierre Vanden Bossche voulait entrer dans le port
même de PÉcluse et y effacer par le fer et la flamme
jusqu'aux derniers vestiges de l'expédition préparée pour
la conquête de l'Angleterre... on ne voulut point l'écouter,
les Anglais se bornèrent à piller le village de Coxide et
les environs d’Ardenbourg. » .
( 254 ) .
Après ce grave échec, le duc de Bourgogne abandonna
ses projets de conquête en Angleterre; il paraît même
qu'il ne cacha pas son désir d'en venir à un accommode-
ment que les communes réclamaient à grands cris. Il se
relâcha même de sa rigueur à l'égard des relations entre
ses sujets et l’Angleterre. Ces dispositions devaient être
connues des principaux bourgeois des bonnes villes, ainsi
qu'il semble ressortir d’un fait dont nous avons trouvé
le récit dans une pièce des archives départementales de
Lille. :
Lubrecht Seutelaer, bourgeois de Bruges, se trouvant
à Calais pour les affaires de son commerce, il lui arriva,
en causant avec Guillaume Clarton, écuyer maréchal de
Calais, et Jehan Ultington , marchand de la même ville,
de parler d’entente cordiale pour le bien du commerce des
deux pays, afin que les marchands pussent aller et venir
librement comme avant la guerre. Sur ce, Clarton et
Ultington voyant où Lubrecht voulait en venir, lui de-
mandèrent s’il avait mission pour parler ainsi et s'il était
chargé de faire des propositions de traité. Le brugeois
répondit que non, mais il ajouta que si on voulait écouter
sa proposition en Flandre, il retournerait vers eux afn
que par leur entremise on pt arriver à s'entendre. Le
capitaine de Calais, Guillaume de Beauchamp, s'entretint
à son tour avec Lubrecht et lui exposa qu’en casde traité,
la place de Gravelines et le château de l'Écluse devraient
avant tout être remis dans l’état où ils étaient avant la
guerre. Lubrecht promit de s'entremettre auprès du roi
de France par l'intermédiaire du duc, afin que ces places
ne fussent pas un empêchement à la bonne entente ni
une cause de « violence ou de molestation. »
Alors il fut convenu entre le capitaine et le flamand
( 255 )
que si les propositions d’accommodement avaient chance de
succès, celui-ci retournerait à Calais vers le 19 octobre avec
trois bourgeois notables. Cette intervention officieuse eut
tout le succès désiré, et il fut fait ainsi que Lubrecht l'avait
promis; il arriva à Calais avec trois autres Flamands : là
furent discutées les différentes questions pendantes, et le
22 octobre on dressa le procès-verbal des préliminaires de
paix, A la suite de cela, la Flandre envoya les députés de
ses bonnes villes et du Franc pour traiter avec les Anglais.
| 4
. Cétaient pour Gand : Sohier Everwein, Jean vander Eek,
Jean Clove et Clays Utenhove; pour Bruges, Lubrecht
Seutelaer , Sohier van Langemersch, Jean de Recke , Jean
Honyn et François vander Cupe; pour Ypres, Michel Boone,
Jean de Marchin et Jean Lehurtre; pour le Franc, Ferrand
de Gessene, chevalier, Damart de Straten, et George Guy-
denne. Les plénipotentiaires anglais étaient Guillaume de
Beauchamp, capitaine de Calais, Edmond de la Pole, frère
du comte de Suffolk, Jean de Say, baron de Wemme, Robert
de Witteneye, Jean Wychmalle, Jean de Bradford, chevalier,
sire Roger Walden, trésorier de Calais, Richard Wedehal,
maire de Calais, lieutenant du maire de l'étape , Guillaume
Clarton, maréchal de Calais, Perrin de Loharenc, écuyer,
et Jehan Ultington.
Ils conclurent ensemble le 28 novembre, sur les an-
Ciennes bases, une trêve marchande, et les députés fla-
mands promirent de faire ce qu'ils pourraient pour que le
due se rendit aux exigences de l'Angleterre touchant la
place de Gravelines et le château de l’Écluse occupés par
les Français (1).
(1) Archives dép. de Lille, fonds de la Chambre des comptes :carton B,
1063. ;
~
( 256 )
Deux mois après, en janvier 1388, le duc donna ses
instructions pour la conclusion d’un traité définitif avec
l'autorisation du roi de France (1); mais les négociations
se bornèrent à une nouvelle trève (2) , renouvelée le 26 no-
vembre suivant (3). Pendant plusieurs années, cette trève
fut successivement renouvelée, d’abord au mois de juin
et au 15 novembre 1389, puis au mois d'avril 1590 (4). En
1592 le roi Charles VI publia un mandement enjoignant
au sire de Ghistelles et au gouverneur de l'Écluse, gar-
diens de la trève, de l’entretenir et de la faire respecter (5).
Les négociations se poursuivaient sans discontinuer,
mais sans aboutir à un résultat définitif : au mois de mars
1592, le duc défendit qu'aucun de ses sujets sortit du
pays pendant qu’elles avaient lieu (6).
Une des grandes craintes de Philippe le Hardi était de
voir recommencer la guerre : il en avait fait une trop triste
` expérience, et tout devait lui faire supposer que si les hos-
tilités recommencaient, la Flandre, mécontente de lui,
saisirait celte occasion pour appeler l'Anglais à son secours
et faire de lui un second Louis de Nevers. Cette perspec-
tive, qui lai souriait peu, fit qu'il prêta loreille aux
accommodements, tout en tàchant de concilier les exi-
gences de la nécessité avec son orgueil. .
En 1597, il accorda des lettres de privilége commercial
————— aa
——
(1) Archives dép. de Lille, carton B, is 1071, 1075.
A2 RrueR, „édit. melk, t. IH, part. IV, p. 25
(3) Idem, i
(4) lim, in Aa 50 et 49.
(5) Invent
Joseph de St-Génois.
a den dép. de Lille, Es de la Chambre des comptes : Carton B,
( 257 )
aux habitants de Neweastle-sur-Tyne (1), et le 22 février
1599 il autorisa la tenue à l'Écluse d’une étape de man-
teaux de draps d'Irlande (2). Peu après,une trêve de vingt-
cinq ans fut conclue entre Ardres et Calais, et Isabelle de
France, âgée de huit ans, remise à Richard I comme gage
- de la paix, au milieu de fêtes et de réjouissances spion-
dides (5).
Mais cette même année 1399 fut témoin d'autres évé-
nements qui furent le revers de ces fêtes. Richard H fut
déposé pendant une expédition qu’il faisait en Irlande, et
l'évêque de Cantorbéry, caché sous l'habit d'un pélerin, se
rendit en France auprès de Henri de Derby pour l’engager
à venir prendre possession de la couronne d'Angleterre.
Cette mission et le départ d'Henri eurent lieu si secrète-
ment que le duc de Bourgogne ignora tout.
Aussitôt qu’il en eût connaissance, tant par le récit des
marchands flamands que par celui d’une dame française
qui avait accompagné Isabelle de France, il ne déguisa
Pas son intention de reprendre la guerre. Mais les Anglais
avaient pris les devants; une flotte envoyée par eux pilla
l'île de Cadsand , tandis qu’une autre attaquait un convoi
-de navires espagnols chargés de vins en destination de
l'Écluse (4).
Plus d'une année se passa ainsi; les Flamands, que cet
ne ONE EA
(1) Archives de la ville i r rape: Oude Wittemhoek, fol. 32.
(2) Idem, Rudenboeck 5. Les marchands d'Irlande avaient reçu un
sauf-conduit en ne “reine de la ville de Bruges, orig. pE
et Oude Wittenboek
5) Rymer , édit. Fe t part. IV, pp. 111 à 118.
(4) En 1400 un sein du nom de Simon Braem, qui avait été député
Pr ses concito oyens en Angleterre, obtint une pension du
roi. (Rrwen, édit. x „t. II, part. IV, p. 180.)
( 258 )
état d'hostilité permanente ne satisfaisait nullement, et
qui n’épousaient pas les querelles de leur seigneur, dont
toutes les actions étaient contraires à leurs intérêts,
s’adressèrent, par l'organe des magistrats de leurs bonnes
villes, aux seigneurs anglais qui avaient fait partie de la
députation réunie-à Lelinghem, pour obtenir la restitution
d'un grand nombre de navires flamands capturés pendant
la guerre (1). Au commencement de l'année suivante,
plusieurs marchands adressèrent une requête à Philippe.
le Hardi pour obtenir main levée de plusieurs vaisseaux
arrêtés en Angleterre (2). Des commissaires furent alors
nommés de part et d'autre pour examiner les griefs tant
des Anglais que des Flamands; c'étaient, pour la Flandre,
Simon de Formelles, docteur en droit, et Nicolas Skorkin,
chanoine de Saint-Donat, qui se rendirent à Londres et
s'entendirent sur plusieurs points avec les commissaires
anglais, mais en somme ils convinrent de remettre la déci-
sion de toutes les questions une assemblée de plénipo-
tentiaires réunie à Calais (3).
Le roi Henri IV fit proclamer que tous ceux de ses:
sujets qui avaient à se plaindre des Flamands pouvaient
faire valoir leurs réclamations devant l'assemblée (4), et
au mois de juin suivant, les quatre membres de Flandre
nommèrent, pour s'entendre avec les députés anglais,
Guillaume de Rishelon et Jean Urban, les dix person:
nages suivants : Guillaume de Raveschoot, Jacques Foul-
FL rien
(1) Man maik. holl., t. IV, part. I, B,
Di Archives 2 de Lille, fonds de ie as des comptes : Carton
er ) Jdem., idem. x
(4) Rymer, édit. holl., t. IV, part. I, p.38.
CE) |
cart et Jacques Fucevoet pour Gand, maître Nicolas
Skorkin , Nicolas Zoutre et Jean Bieze pour Bruges , Nico-
las Bourgeois et Jean Paelding pour Ypres, Colard de
Moerkerke, seigneur de Merckem, et Nicolas Van den
Eecke pour la France (4).
Ces députés se rénirent bien des fois avant de parvenir
à une entente complète, ainsi que le prouvent les pièces
diplomatiques (2); enfin, le dix novembre, ils rédigèrent
un acte dans lequel ils réunirent les différents points sur
lesquels ils étaient tombés d'accord.
Au mois de mars 1405, il avait été convenu que les
Flamands ne pourraient faire passer comme leurs les mar-
chandises appartenant à des Français, et que les Anglais
voyageant en Flandre ne pourraient être arrêtés jusqu'au
- Mois de juillet suivant. ”
Il avait été décidé, le 29 août, que les biens des An-
glais arrêtés à l’Écluse, seraient gardés soigneusement et
conservés dans le même état jusqu’au dix novembre, sauf
qu'ils pourraient être délivrés à leur propriétaire moyen-
nant caution donnée à Bruges. Les deux parties s'enga-
geaient à envoyer leurs lettres patentes à Calais pour faire
Publier ces conditions.
Il était arrêté en outre, que les quatre membres de
Flandre ainsi que le duc enverraient leurs commissaires
à Calais pour traiter de la restitution des prises : le même
29 août il avait été décidé que les prisonniers seraient, de
Chaque côté, mis en liberté sans rançon, que les navires
(1) Archives dép. de Lille, fonds de la Chambre des comptes : Carton B,
1555. E
(2) Rymer, édit. holl., t. IV, part. 1; p. 54.
.
( 260 )
. de Flandre et ceux d'Angleterre jouiraient de toute liberté
pour aller et venir, et comme signe de reconnaissance,
ceux de Flandre porteraient à la proue les armes de
Flandre et celles de leur ville, et seraient munis d’un lais-
ser-passer délivré par les autorités (1).
Le 20 décembre, le roi d'Angleterre déclara d'avance
donner son consentement à toutes les conditions que pose-
raient ses plénipotentiaires, d'accord avec ceux de la
Flandre, dans l'intérêt de la paix et des relations entre
les deux pays (2).
Philippe le Hardi ne vit pas la fin de ces négociations,
_ il mourut le 27 avril 1404.
— M. le secrétaire perpétuel soumet à la classe son
rapport pour le Livre commémoratif qui sera publié à
l’occasion du jubilé centenaire. -
— M. Polain a fait parvenir le rapport qu’il a été chargé
de faire sur les travaux de la commission de publication
des œuvres des grands écrivains du pays. M. Snellaert
annonce qu'il a terminé son rapport sur les travaux de la
commission de littérature flamande.
— La classe s’est occupée de différentes mesures rela-
tives au jubilé, mesures qui avaient fait l’objet des délibé-
ee
(1) Archives dép. de Lille, fonds de la Chambre des comptes : Carton B,
1356
(2) Rymer, édit. holl., t. IV, part. I, p. 8.
( 261 )
rations de la commission chargée par les trois classes des
préparatifs de cette fête.
ÉLECTIONS.
M. le directeur communique à la classe la liste des can-
didatures aux places vacantes.
Cette liste sera imprimée et distribuée aux membres.
|
|
|
(262)
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 7 mars 1872.
hd
M. L. ALvin, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. N. De Keyser, L. Gallait, A. Van
Hasselt, Jos. Geefs, Ferdinand De Braekeleer, C.-A. Frai-
kin, Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le che-
. valier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret,
Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, A. Robert, F.-A. Ge-
vaert, Ch. Bosselet, membres ; Ed. De Biefve, correspondant.
M. Éd. Mailly, Ra de la classe des sciences,
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
M, le baron Limnander remercie, par écrit, pour son
élection de membre titulaire.
Le même académicien, ainsi que M. Basevi, élu associé,
accusent réception de leur diplôme.
— La classe se rallie à la décision prise par les classes
des sciences et des lettres de ne pas tenir, cette année,
( 263 )
d'assemblée générale, à cause des fêtes qui auront lieu
l’occasion du jubilé.
— Elle s’est ensuite occupée, en ce qui la concerne,
des préparatifs du jubilé séculaire.
—
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Quelques mots touchant application du droit de conquête
aux monuments de l’art, par M. L. Alvin, membre de
l’Académie. ;
I.
A la fin du siècle dernier, la France délivrée de la Ter-
ri a ei ;
„reur et de l'invasion, commençait à respirer; l'ennemi
avait repassé les frontières, et les armées républicaines
marchaient en avant sur les territoires de l'étranger. Les
désastres de la veille étaient oubliés; on se préparait à
faire le tour de l’Europe, à porter à toutes les nations les
lumières et la liberté; on ne se souvenait plus de la façon
dont on avait soi-même usé des lumières de la raison et
pratiqué la liberté; on escomptait d'avance les victoires:
on disposait des dépouilles des vaincus — les œuvres d'art
devaient être la portion opime de ces dépouilles — leur
place était marquée dans les musées de la capitale du
peuple initiateur. | T
A ce même moment, deux hommes de conditions bien
différentes, mais unis par la conformité de leurs priiipes
( 264 )
politiques, un savant archéologue français et un militaire
américain, Quatremère de Quiney et le général Miranda,
échangeaient, dans une correspondance amicale, les pen-
sées qui préoccupaient leur esprit.
Le savant venait de s'éloigner de Paris, où sa vie n’était
plus en sûreté : impliqué dans l’insurrection du 13 et du
14 vendémiaire an III (les 5 et 6 octobre 1795), il avait été
condamné à mort par contumace. Caché au fond d’une re-
traite sûre, il se trouvait dans la meilleure situation pour
se livrer à l’étude des questions philosophiques.
L'autre, l’ex-lieutenant de Dumouriez dans la campagne
de Belgique, le futur émancipateur.de P Amérique espa-
gnole, échappé depuis peu à des dangers pareils , était de-
meuré au milieu du tourbillon parisien.
- Avant de se séparer, les deux amis s'étaient dit: « Intéres- *
> sons notre correspondance épistolaire par la discussión
» de quelque sujet philosophique, littéraire et politique. »
ils s'étaient mutuellement indiqué les questions qu'ils
auraient à traiter, Quatremère avait proposé celle-ci à
Miranda : « L'esprit de conquête dans une république est
entièrement subversif de l'esprit de liberté. » Il semble
étrange qu’on choisisse pour développer un pareil thème la
plume d’un soldat. Mais Quatremère devait connaître les
sentiments intimes de son ami. Il savait que Miranda
n'admettait comme légitime que la guerre qui a pour but
de fonder ou de défendre Pindépendance d'un peuple. Le
général avait témoigné de ses sentiments d'une facon non
équivoque : après la mort de Robespierre, le gouverne-
ment lui ayant offert le commandement d’une armée: es
< J'ai combattu de bon cœur pour la liberté, avait - il
» répondu, mais il me répugne de me battre pour faire
» des conquêtes. » _
( 265 )
Le sujet que le militaire avait assigné au savant n'avait
pas moins d’à-propos. Il convenait surtout à la plume de
l'homme de France qui avait le plus profondément étudié
les monuments des arts de l'Italie et de la Grèce, ainsi
que la science de l'esthétique. La question était formulée
en ces termes :
€ Du préjudice qu'occasionneraient aux arts et à la
science le déplacement des monuments de l'art en Italie,
le démembrement de ses écoles et la spoliation de ses collec-
lions , galeries, musées, etc., elc. »
Quatremère de Quiney à écrit sept lettres sur ce sujet :
elles ne sont point datées, rien n’indique non plus le lieu
d'où elles sont parties; ce qui se conçoit facilement, puisque
l'auteur se cachait en ce moment. L'époque de la rédaction
de ces lettres peut s'établir, du moins porine m
čest la fin de 1795 ou le commencement de
La première édition qui en a été faite sad la date de
1796. L'auteur n° y est désigné que sous les initiales A. Q.
En 1815, l'illustre Canova, un autre ami de Quatremère,
chargé par le pape Pie VII de ramener en Italie les objets
dart enlevés à sa patrie par les armées françaises, trouva
Piquant de justifier sa mission au moyen des lettres de
l'écrivain français ; il en fit faire à Rome une nouvelle
édition, sur grand et beau papier (2), et l'accompagna d’un
See —
(1) « M. Quatremère fut un des chefs de l'i tion des 13 et 14 ven-
démiaire (1795), lorsque les sections s'armèrent contre a Convention.
r parti ayant succombé, il fut condamné à mo , douze
jours kin a ais ENE, cette n les RATES ne furent pas sérieu
il vint a Il reparut en 1796. » (Biog. a,
des con emporains, tome IV, p. 1035)
(2) Ee à ee de plus amples détails sur les différentes édi-
tions de cet éc
2. en TOME XXXIII. - 18
è
( 266 )
document signé de cinquante noms connus dans le monde
des arts, des sciences et des lettres, appartenant à la
même nation. Je veux parler d’une pétition adressée. au
Directoire exécutif, à l'effet de protester contre le projet
de transférer à Paris les objets que les généraux de la
République avaient ordre d'extraire des musées des pays
-conquis (1).
La mission que Canova avait acceptée, et qui n’avait rien
que d'honorable, valut au grand artiste force injures, et
les biographes parisiens ne se sont pas fait faute de lui
reprocher sa participation à cet acte réparateur. Il leur
semblait que celui qui avait eu l'honneur de faire le buste
de leur empereur ne pouvait se charger de la besogne de
spolier la France, comme dirait M. Jules Simon. Ignoraient-
ils done que, dans les séances qu'il obtint pour les por-
traits de l'Empereur et de l'Impératrice, Canova ne dissi-
mula à ces Majestés aucune des vérités qu’il lui appdrtenait
de faire entendre, qu’il protesta, entre autres, contre la spo-
liation de l'Italie et le déplacement de ses chefs-d'œuvre?
M. de Latouche, dans la notice qu'il a placée en tête de
l'œuvre de l'éminent sculpteur, se complaît même à rap-
porter un mauvais jeu de mots; il devait-cependant savoir
qu'un jeu de mots n’est pas un argument (2).
Lorsque, il ya quelques mois, M. Jules Simon, dans son
_ discours de réception à l Académie française, prononça la
i henri
(1) On een) à l'appendice le texte de cette pétition, ainsi que les noms
des signal
(2) Ser Da « Embarrassé de soutenir un jour ses prétentions
devant un de nos ministres, célèbre par son ésprit et plus encore par la |
flexibilité de son caractère politique, Canova murmura : Sono ambascia-
_ rea Papa. — Emballatore, vous voule% dire, reprit l'excellence. »
e-
(267) |
Phrase malencontreuse si vertement relevée par la presse
anglaise et par Ja presse belge, les lettres de Quatremère
de Quiney me revinrent en mémoire (1). Le contraste me
parut frappant entre Popinion du grand-maître de luni-
versité de France, de l’éminent membre de l'Institut, en
1871, et celle de son savant compatriote, qui fit également
partie de illustre Compagnie.
La question n’a plus aujourd’hui Pà-propos qu’elle pou-
vait avoir l’année dernière; elle n’a point perdu pour cela
Son intérêt, Il me paraît qu'il est toujours opportun de
rappeler les principes d’éternelle justice, protecteurs des `
‘ Monuments des arts et des sciences, non-seulement contre
le vandalisme, mais encore contre les convoitises des con-
quérants, quels qu’ils soient, empereurs ou directeurs de -
républiques. Or, ces principes ne me paraissant nulle part
Plus complétement ex posés que dans les lettres de M. Qua-
tremère de Quincy, j'ai pensé que vous entendriez sans
trop d'ennui l'analyse de ce généreux écrit.
#
H.
Homme de science, l'auteur se préoccupe avant tout de
l'intérêt scientifique; c’est comme instrument de civilisa-
tion et de progrès qu’il envisage les monuments que l'art
à créés ; ce qu’il recherche, c'est le plus grand avantage de
l'instruction publique, et c'est dans cet ordre d'idées qu'il
Puise ses principaux moyens de persuasion. Et comme, au
à im À
(1) J'ai déjà eu l'occasion d'en citer un passage, ici même, en novembre
. 1857, dans le rapport sur une proposition de M. J. Portaels, ayant pour _
objet le séjour des lauréats des grands concours à Rome. Bull. de l'Acad.,
2 série, tome HI, n° 12. ie ur
( 268)
. moment où il écrit, le péril le plus imminent menace les
musées d'Italie et de Rome, c’est à des circonstances par-
ticulières à cette contrée et à la ville éternelle qu'il em-
prunte les principaux arguments dont il étaye sa thèse.
Mais, dans la spoliation des musées, il y a encore autre
chose que le dommage apporté à l'instruction, que len-
trave mise au progrès; il y a la violation d'un droit; d'un
principe, qui est la base de toute société, le droit de pro-
… priété. L'auteur ne néglige point de rendre hommage à ce
principe de tout temps reconnu et, malgré cela, trop sou-
vent transgressé.
« La discussion que je vous promets, écrit-il dans sa
première lettre, se rattache aux principes généraux de la
_ morale universelle ; mais pensez-vous qu'il y ait aujour-
dhui un seul homme qui les ignore? N'y a-t-il pas de cer-
taines vérités dont l'impression s’affaiblit parce qu’on les
prouve et parce que l'on a l'air d’avoir besoin de preuves?»
« Dans les circonstances menacantes où se trouvent
les arts, dit-il plus loin, il est plus utile de passer à l'appli-
cation et de citer des exemples : rappeler que Charles VIH,
Francois I“ et Charles-Quint, successivement maîtres de
l'Italie et de Rome, n’en ont pas enlevé un seul morceau;
citer Fréderic le Grand, qui, deux fois maitre de Dresde
et de sa magnifique galerie, se contenta d'en admirer les
tableaux; et aussi la revanche de générosité qu'il reçut,
peu de temps après, des Russes et des Autrichiens, à leur
tour maitres de Berlin; faire voir enfin que, dans l'Europe
civilisée, tout ce qui appartient à la culture des arts et des
sciences est hors des droits de la guerre et de la victoire:
que tout ce qui sert à l'instruction locale ou générale des
peuples doit être sacré, comme le vaisseau qui, en temps `
de guerre, portait Fabel Cook. »
( 269 )
Abordant sa thèse du point de vue philosophique qu'il
s'est choisi, il donne à son raisonnement cette base d’une
solide logique.
« Les arts et les sciences forment, depuis longtemps,
en Europe, une république dont les membres, liés entre
eux par l'amour et la recherche du beau et du vrai, qui
sont teur pacte social, tendent beaucoup moins à s’isoler
de leurs patries respectives qu’à en rapprocher les intérêts,
sous le point de vue si précieux de la fraternité univer-
selle. Cet heureux sentiment, vous le savez encore, ne
peut être étouffé, même par les discordes sanglantes qui
poussent les nations à s'entre-déchirer.....
» La propagation des lumières a rendu ce grand service
à l'Europe, qu’il n’y a plus de nation qui puisse recevoir
d'une autre l'humiliation du nom de barbare : on observe
entre toutes ses contrées une communauté d'instruction et
de connaissances, une égalité de goût, de savoir et d'in-
dustrie. Il est vrai de dire qu’il se trouve entre elles beau-
coup moins de différences qu'on n’en rencontre quelquefois
entre les provinces d’un seul empire; c'est que, par une
heureuse révolution, les arts et les sciences appartiennent
à toute l'Europe, et ne sont plus la propriété exclusive
d’une nation. C’est à maintenir, à favoriser et à augmenter
cette communauté que doivent tendre toutes les pensées
de la saine politique et de la philosophie.
» Ce sera done comme membre de cette république géné-
rale des arts et des sciences, et non comme habitant de
telle ou telle nation, que je discuterai cet intérêt que toutes
les parties ont à la conservation du tout.
» Quel est cet intérêt?
>» C’est celui de la civilisation : tout ce qui peut con-
courir à cette fin appartient à tous les peuples : nul n’a le
Z
-
(270 )
droit de se l'approprier et d'en disposer arbitrairement.
» Celui qui voudrait s'attribuer sur l'instruction une
sorte de droit et de privilége exclusif, serait bientôt puni
de cette violation de la propriété commune, par la barbarie
et l'ignorance : il y a dans l'ignorance un principe de con-
tagion très-actif. Toutes les nations sont tellement en
contact l’une avec l’autre, qu’il ne peut s’opérer dans l’une,
„aucun effet qui ne réagisse promptement sur toutes les
autres. ,
» Si donc un dérangement funeste aux moyens d'in-
struction; si le démembrement des écoles de l’art et du
goût, des modèles du beau, et des instruments de science;
si le dépareillement des objets qui servent de leçons à
l'Europe; si l'enlèvement à leur pays natal des modèles
de l'antiquité, et la privation qui s’en suivrait de tous les _
parallèles qui les expliquent et les font valoir; si la disper-
sion des points d'étude et le défleurement des collections,
en éparpillant et isolant tous les moyens d'apprendre, n'of-
fraient plus à l'Europe que des ressources imparfaites
d'une instruction incomplète et démembrée, cette calamité
pour la science et pour l’art tomberait aussi sur ceux qui
en auraient été les imprudents auteurs. » _
M.
#
Mais — répondaient les partisans de la translation en
France de tous les chefs-d'œuvre ramassés à l'étranger —
notre Capitale va remplacer Rome, nous allons yaccumuler
tout ce que les arts et les sciences ont produit de plus
„magnifique. Paris deviendra ce centre de civilisation que
vous défendez avec raison contre la barbarie. N'est-ce pas
Le
verse eee vw gy
(NE)
de la sorte Rome elle-même s’estenrichie des dépouilles
dé la Grèc
nus n’est pas embarrassé pour répliquer.
€ Quand la vraie théorie des droits sacrés de 1 akai
et des rapports politiques des nations, n’eussent pas, depuis
longtemps, banni du code publie de l’Europe jusqu'aux
traces de ce prétendu droit de conquête, l’expérience et
l'exemple même des Romains, et le mémorable châtiment
que lunivers fit = da à ce tyran des À et aa
je pense, pour d désabuser quiconque p drait dè réta-
blir d'aussi odieuses maximes.
» Ne croyez pas, ajoute-t-il, que ces maximes aient été
sanctionnées alors par un préjugé universel. Écoutez ce
que dMait Polybe, le contemporain, Fami du grand Scipion,
aux Romains de son temps au sc de cette spoliation des
peuples conquis :
« De savoir si les Romains ont eu raison, et s’il était
de leur intérêt de transporter dans leur patrie les
richesses et les ornements des villes conquises, ce serait
le sujet d’une longue discussion. I! y x plus de raison de
croire qu'ils ont eu et qu'ils ont encore tort de le faire
aujourd’hui... Si les Romains dans leur système de la
Conquête des nations, ne leur eussent enlevé que de l'or
et de l'argent, ils ne seraient pas blämables; car pour
S'approprier ces peuples, il fallait leur ôter les moyens
de résistance. Mais pour toutes les autres choses, il leur
serait bien plus glorieux de les laisser où elles sont,
avec l'envie qu’elles attirent, et de mettre la gloire de
leur patrie, non dans Vabondance et la beauté des
tableaux et des statues, mais dans la gravité des mœurs
et la noblesse des sentiments. Au reste, je souhaite que
les conquérants à venir appiraient de ces réflexions .
( 272 )
» à ne pas dépouiller les villes qu’ils se soumettent, et à
» ne pas faire des calamités d'autrui l'ornement de leur
» patrie, » (1).
« En dépouillant Rome au profit de Paris, ajoute l’auteur
des lettres, vous appauvrissez certainement la première
sans enrichir l’autre autant que vous le supposez. Vous ne
pouvez tout emporter; il vous faudra faire un choix, pren-
dre le meilleur et laisser ce qui vous paraîtra le moins
beau. De cette façon vous détruisez l'ensemble et vous
apportez un dommage irréparable à la sctence. La décom-
position du muséum de Rome serait la mort de toutes les
connaissances dont son unité est le principe. »
« Qu'est-ce que l'antique, à Rome, sinon un grand livre
dont le temps a détruit et dispersé les pages et dent les
_ recherches modernes remplissent chaque jour les vides et
réparent les lacunes? Que ferait la puissance qui choisi-
rait pour les exporter et se les approprier, quelques-uns
de ces monuments les plus curieux? Précisément ce que
ferait un ignorant qui arracherait d’un livre le feuillet où
il trouverait des vignettes.
» Le muséum de Rome a été placé là par l’ordre même
de la nature, qui veut qu’il ne puisse exister que là : le
pays fait lui-même partie du muséum. On peut transférer,
en entier, toutes les autres espèces des dépôts publics d'in-
struction; celui des antiquités de Rome ne pourrait l'être
qu’en partie; il est inamovible dans sa totalité. C'est un
colosse dont on peut briser quelques membres pour en
emporter les fragments, mais dont la masse, comme celle
du grand sphinx de Memphis, est adhérente au sol. Entre-
(1) Polyb. liv. 1x, ch. HI, pag. 11.
(Ce)
prendre quelque transfèrement partiel en ce genre, ce
west autre chose qu'opérer une mutilation aussi honteuse
qu'inutile à ses auteurs.
» Le véritable muséum de Rome, celui dont je parle,
se Compose, il est vrai, de statues, de colosses, de temples,
d'obélisques, de colonnes triomphales, de thermes, de cir-
ques, d'amphithéâtres, d'ares de triomphe, de tombeaux,
de stucs, de fresques, de bas-reliefs, d'inscriptions, de frag-
ments d'ornements, de matériaux de construction, de meu-
bles, d'ustensiles, etc.; mais il ne se compose pas moins
des lieux, des sites, des montagnes, des carrières, des
routes antiques, des positions respectives des villes rui-
nées, des rapports géographiques, des relations de tous les
objets entre eux; des souvenirs, des traditions locales, des
usages encore existants, des parallèles et des rapproche-
ments qui ne peuvent se faire que dans le pays même. »
Je dois négliger une foule d’autres considérations ainsi
que les développements que leur donne l'auteur; car, pour
citer tout ce qu’il y a d’intéressant dans cet écrit, il fau-
drait transcrire la brochure tout entière.
Il appelle quelquefois la plaisanterie à l’aide de son rai-
Sonnement; cela jette de la variété dans le discours; l'es-
prit d’ailleurs, quand il vient à propos et qu’il est de bon
aloi, ne gåte rien. Vous rappelez-vous, écrit-il à son ami,
le mot de ce stupide amateur qui parcourait l'Italie en car-
rosse? On arrête un jour sa voiture devant un de ces
magnifiques points de vue qui saisissent l'âme et la pénè-
trent d’admiration. « Voyez, lui dit-on, le superbe aspect!
» — Eh bien! cocher, dit-il, qu’on nous y mène. » Ma
foi, le pendant de la naïveté de notre amateur- Midas, le
voilà tout trouvé. « Les écoles d'Italie servent à l'ensei-
> gnement des peintres. Eh bien! qu’on nous les amène. »
( 274 )
» Vous ne douterez donc pas que ces statues antiques
ainsi dépaysées , ainsi arrachées à cet alentour d'objets de
tout genre qui les font valoir, à toutes les comparaisons
qui en rehaussent la beauté, ne perdent, sous des cieux
étrangers, la vertu instructive que les artistes allaient cher-
cher à Rome, et qu'ils ne retrouveront plus dans aucune
autre ville de l’Europe. Re
» Toutes les collections particulières de FEurope, for-
mées aux dépens de l'Italie, n’en ont fait sortir qu’un trop
grand nombre d'ouvrages capitaux. Dans l'isolement où ils
se trouvent, ils procurent bien moins d'avantage au petit
nombre d'hommes qui gn profite faiblement, que leur éloi-
gnement du centre ne fait de tort au grand nombre qui
wen profite plus. » ae
IV. n
Quatremère de Quincy donne à ses compatriotes un ex-
cellent conseil : Au lieu de désorganiser les collections de
Rome,-« pourquoi la France n’exploite-t-elle pas les ruines
de la Provence? Pourquoi , après les découvertes faites le
siècle passé de plusieurs statues à Arles, et entre autres,
cette belle Vénus de la galerie de Versailles, né pas remuer |
de nouveau les débris de Vienne, d’Arles, d'Orange, de 5 |
Nismes, d’Autun et de tant d'autres lieux? Pourquoi ne |
Pas restaurer ce bel amphithéâtre de Nismes, pour en faire
le dépôt de toutes les richesses antiques de cette colonie
romaine? »
. Ces-idées ont fait leur chemin pendant trois quarts de
_ siècle. On ne seocontente plus de l'histoire écrite, peinte
Ou sculptée; elle ne mène pas assez loin, elle s'arrête trop
© tôtsi Fon veut remonter-le cours des: âges; elle-est d'ail-
( 275 )
leurs obscurcie de tant de récits fabuleux, qu’on n’y dé-
couvre la vérité qu’à grand’peine. On cherche aujourd’hui
des témoins à la fois plus sincères et plus anciens : après
avoir fouillé les archives, après avoir remué plus profon-
dément les décombres ou la cendre qui recouvrent le sol
des anciennes cités dont les noms seuls étaient conservés,
on s’est mis à scruter le limon des cavernes et les eaux
des lacs. Chaque pays possède sa part de ces documents
fossiles : que chacun accepte sa tâche „des musées de tout
genre se formeront dans les localités mêmes où la nature à
marqué leur place. La Grèce régénérée groupera sur l'acro-
pole d'Athènes ee que cette terre , jadis si féconde , recèle
encore de chefs-d'œuvre; la France complétera la réunion
de ses antiquités romaines dans les splendides arènes de
Nîmes; la Belgique , non contente de recueillir pieusement
les œuvres de ses artistes, poursuivra la formation de sa
collection paléontologique et préhistorique ; enfin, chacun
exploitera son fonds sans convoiter celui de son voisin; la
science y gagnera autant que la morale.
On n’avait pas encore, à l'époque où les lettres qui nous
occupent ont été écrites, imaginé de rassembler dans un
vaste édifice les reproductions fidèles des monuments les
plus remarquables du monde entier, C’est aux Anglais, à ce
peuple à la fois intelligent et pratique, que revient l'hon-
neur de cette conception; c'est chez eux qu'elle a reçu sa
première et en même temps sa plus complète application,
comme s'ils avaient tenu à effacer le souvenir des rapines
de Lord Elgin. Le musée de South-Kensington a montré
comment, dans le domaine de l’art et de la science, on peut
s'enrichir sans appauvrir son prochain, se procurer la vue
et l'étude de tous les chefs-d'œuvre, en laissant les monu-
ments à la place pour laquelle ils ont été créés. Réunissons
s
` Dr
7
t
(276)
-aussi nos efforts, suivant le vœu exprimé par notre roi
si jaloux des progrès intellectuels de la nation (1), et que
bientôt, grâce au concours de toutes les volontés, un musée
semblable s'ouvre aux portes de Bruxelles, sur l'un de ces
. magnifiques emplacements vers lesquels la population de
la capitale est invitée à-se porter.
Les considérations que Quatremère de Quiney met en
avant ne sont pas seulement applicables à Rome, elles sont
tout aussi vraies à l'égard des autres contrées qui ont brillé
par la culture des arts. La Belgique, pour sa part, a eu
tant à souffrir d’un système spoliateur, trop longtemps
en usage, qu'elle a bien le droit de s'associer aux protes-
tations que soulèvent ces abus. Quels efforts et quelles
dépenses ne lui sont point imposés aujourd’hui afin de
rassembler les pages de son école de peinture dispersées
aux quatre vents du ciel? Que de lacunes encore dans son
musée national! Que de places restées vides dans ses édi-
fices, églises, hôtels de ville, palais! Combien de toiles,
combien de précieux panneaux n’envions-nous point aux
galeries de Vienne, de Madrid, de Dresde et de Munich?
C’est dans ces capitales que le peintre belge est obligé de
se transporter s'il veut connaître toute la valeur de ceux qui
lont précédé dans la carrière.
Y
Quatremère de Quincy et son correspondant n'étaient
point les seuls qui-s'oceupassent , en France, à cette même
époque, du projet de translation à Paris des objets d'art
et
u) Voir la relation de la enr du qer janvier 1872, Bulletin de
PAcademio, 2° sér, t. XXXII,
( 277 )
enlevés aux pays conquis. On le discutait dans la presse;
Soit que les premières lettres eussent déjà reçu une cer-
laine publicité , soit que les succès des armées de la répu-
blique en Italie eussent mis la question à l’ordre du jour.
Ce doit être aussi vers le même moment que fut adressée
au Directoire exécutif la pétition dont il a été fait mention
plus haut. Les uns se prononcaient pour la thèse soutenue
par le savant archéologue, mais parmi les adversaires, le
journal le Rédacteur, l'organe avoué du gouvernement, se
distinguait par une polémique dont les Lettres nous ont
conservé un échantillon. Par V'extrait qui. va suivre, on
Pourra juger de la solidité des arguments au moyen des-
quels on s’efforçait de défendre le système spoliateur :
« Vous m'écrivez, mon ami, que la discussion com-
mence à s'engager dans le public et dans les journaux, sur
l'objet de notre correspondance. J'ai lu dans la feuille du
Rédacteur que vous m'avez envoyée, un article opposé à
l'opinion que je soutiens, opinion que d'autres écrivains
. appuient de leur côté par de nouveaux arguments.
» Que penser de Férudition d'un homme qui, pour
autoriser la spoliation de l'Italie, vous cite, comme mo-
dèle des républicains francais, Scipion, César et Alexan-
dre? Ces deux derniers furent bien, je crois, sans Con-
tredit, les deux plus grands exterminateurs de liberté
que le génie de la tyrannie ait enfantés. Quant au destruc-
teur de Numance et de Carthage, l’auteur de notre article,
S'il avait appris l’histoire ailleurs qu’à la comédie, aurait
su que, au lieu d’user du droit de conquête alors en usage
et d'emporter à Rome les monuments des arts et de la re-
ligion, le grand Seipion répara les injustices de la guerre
envers la Sicile, il y fit rapporter tout ce que le système
voleur des Carthaginois en avait enlevé. Ces marchands,
( 278 )
qui n'avaient vu dans les ouvrages des arts que des meu-
bles de prix et des curiosités mereantiles, avaient dépouillé
les peuples de la Sicile de leurs principaux chefs-d'œuvre. »
Ces républicains français qui, après avoir singé Sparte,
essayaient une Contrefaçon de Rome, se fourvoyaient assu-
rément en plaçant Scipion dans la compagnie d'Alexandre
et de César : c'est Verrès qu'ils auraient dû adjoindre à ces
conquérants ; car c’est surtout l'exemple de ce dernier qu'ils
s'apprêtaient à suivre. Quatremère- de Quincy puise dans
les Verrines de Cicéron des textes qui prouvent la conduite
désintéressée du vainqueur de Carthage; il les résume en
ces quelques lignes qui devraient être l'épigraphe d'un
chapitre à introduire dans tous les traités de Vart de la
„guerre, afin que les généraux, qui auront un jour à con-
duire leur armée sur le A étranger, apprennent à respecter
les monuments de l'art
« Scipion, au milieu de la victoire, se souvint que la Sicile
fut jadis ravagée par les Carthaginois. Il assembla tous les.
Siciliens qui étaient dans son armée, il leur ordonna de
faire des recherches, et il promit de rendre scrupuleuse-
ment à chaque ville ee qui lui avait appartenu. On re-
conduisit à Termini ce qu’on avait enlevé aux habitants
d'Himère (1); Halèse reéouvra ses antiques statues; Agri-
gente revit le fameux taureau de Phalaris; Mercure fut
rendu aux Tyndaritains; la célèbre statue de Diane fut
ramenée en triomphe à Ségeste, et l’on écrivit sur sa base,
en een in
(x Himère avait été détruite par les Carthaginois; mais, après la re-
traite de ceux-ci, les habitants, qui avaient survécu au désastre de leur
noire avaient rebâti leur cité à la limite de leur territoire, en un lieu qui
prit le nom de Thermes (Termini.) Cicero, én Verrem. Actio I}, lib. H,
cap. XXXV. ” » as
A
+
(279 )
en gros Caractères : SCIPION, APRÈS LA PRISE DE CARTHAGE,
A RENDU CETTE STATUE AUX SÉGESTAINS (1). »
Les restitutions de 1815, cet acte de réparation , imité
de la eonduite du grand Scipion, voilà ce qu'un membre
de l'Académie française, en 1871, qualifie de spoliation
des musées français!
S'il y avait eu une académie et des journaux à Carthage,
sans doute Scipion n’eût pas échappé aux reproches dont
le noble duc de Wellington a été poursuivi par les écri-
vains de France.
Que le commun des lecteurs, que le public occupé
d’autres objets et qui n'a pas le temps d'étudier à fond
ces questions, se laisse entrainer par d’injustes préven-
tions, il wy a là rien de surprenant; mais on souffre à
voir des hommes éminents, des savants, des philosophes,
dont la parole devrait guider les peuples, se laisser do-
miner, au contraire, par les préjugés nationaux jusqu'au
point de s’en faire les organes.
La spoliation des musées étrangers, avait rencontré,
en France, en 1796, des approbateurs, même parmi les
artistes. Faut-il s’en étonner ? Ne savons-nous pas à quelles
aberrations nous expose | ‘aveuglement de la passion poli- _
tique? N’avons-nous pas vu, de nos jours, dans ce même
Pays, un artiste d’un certain renom, se faire en quelque
Sorte l'exécuteur des hautes œuvres de la frénésie popu-
(1) Ilo tempore, Segestanis maxima cum cura hæc ipsa Diana, de qua
dicimus, redditur; reportatur Segestam; in suis antiquis sédibus summa
Cum gratulatione civium et lætitia reponitur. Hæc erat posita Segestæ,
us excelsa in basi, in qua grandibus litteris P. AFRICAN: nomen erat in- Ee
isum, eumque PETEN CAPTA RESTITULSSE, praescriptum. {n ge 8 r
en FE, lib. IV, cap. XXXI :
( 280 )
laire et arracher de sa base un des plus glorieux monu-
ments de l’histoire militaire de sa patrie? Les savants et
les artistes qui, à la fin du siècle dernier, se rendaient
complices des desseins spoliateurs de la nation conqué-
rante étaient dans l'erreur et se faisaient illusion sur les
conséquences des projets qu’ils approuvaient; ils n'avaient
point l'intention de détruire, ils croyaient servir les inté-
rêts de la civilisation en concentrant autour d’eux tous
les chefs-d’œuvre de l’art. Quatremère de Quincy, tout en
les combattant, explique leur erreur. Je ferai encore celte
citation, parce qu'elle est aussi applicable aux aveugles
de 1871 qu’à ceux de 1796.
« Comment se fait-il que des artistes coopèrent eux-
mêmes à ce qui peut amener la destruction des arts? Je
vous réponds à cela que tous les artistes sont de mon avis,
les uns le sachant, les autres sans le savoir : voilà toute la
différence. Tous ceux qui ont réfléchi sur l'étude des arts
vous diront les mêmès choses que moi. Tous ceux qui se
sont plus appliqués à la pratique de l’art qu'aux raisonne-
ments étrangers à cette pratique, seront du même avis,
aussitôt qu’on leur aura développé ces principes. Mais ne
Savez-vous pas avec quelle funeste facilité on rend les
hommes eux-mêmes instruments de leur propre destruc-
tion? Je trouverais très-conforme à tout ce qui se passe,
que ce fussent des artistes qui contribuassent à la destruc-
lion des arts. Quand tous les principes de l'harmonie
sociale ont pu être renversés, trouvez-vous bien étonnant
que les principes de l'harmonie métaphysique dont je vous
parle soient méconnus ? »
( 281 )
VL
Je sais bien qu'on a prétendu que certains tableaux
enlevés à l'Italie avaient été achetés , dans ce sens que
leur valeur était venue en déduction des contributions de
guerre. Voilà sans doute une victorieuse justification.
€ Nous avons acheté ces chefs-d’œuvre; ils sont donc bien
* à nous. » C’est ainsi que raisonnait Verrès : les statues qui
décoraient l'oratoire du syracusain Heius, — le fameux
Cupidon de marbre, Hercule de Myron, les Canéphores
de Polyelète, — je les ai achetés, disait le préteur romain.
C'est, convenons-en avec Cicéron , un étrange acheteur que
celui qui se présente armé du commandement, accom- `
Pagné des licteurs, et qui ne laisse au malheureux pos-
sesseur d’un chef-d'œuvre de l’art que l'alternative de
livrer son trésor ou d’être fustigé en place publique! Si,
en 1871, les Allemands avaient proposé à la France de
céder la fleur de'ses musées en déduction de la contribution
de guerre, quelle n’eût pas été l’indignation des ministres
français, M. Jules Simon compris? Mais la justification
qu'on essaye ne tient pas contre les faits. Ouvrons l'his-
toire de la révolution, écrite par l'homme éminent auquel
Sont actuellement confiées les destinées de la France ; nous
y lisons que, en mai 1796, précisément à l’époque où
M. Quatremère de Quincy publiait ses lettres, les Français
qui envahissaient les États du duc de Parme, non contents
d'imposer à ce prince de lourdes contributions en numé-
raire et en vivres, exigaient qu’on leur livrât les plus beaux
tableaux de la célèbre école de cette contrée. Les réflexions
dont l'illustre écrivain accompagne le récit de ce fait et qui
2e SÉRIE, TOME XXXIII. 19
( 282 )
ne sont malheureusement que le reflet de l'opinion presque
générale de ses compatriotes , ne sont pas de nature à ras-
surer le monde sur la conduite que pourrait tenir la France ,
si les mêmes circonstances se reproduisaient. Di talem
avertite casum! ;
Écoutons l’historien : « Le général (Bonaparte) ne se
borna pas là : il aimait et sentait les arts comme un Italien;
il savait tout ce qu'ils ajoutent à la splendeur d’un empire,
et l'effet moral qu'ils produisent sur l'imagination des,
hommes : il exigea vingt tableaux , au choix des commis-
saires français, pour être transportés à Paris. Les envoyés
du due, trop heureux de désarmer, à ce prix, le courroux
du général , consentirent à tout, et se hâtèrent d'exécuter
„les conditions de l'armistice. Cependant ils offrirent un
million pour sauver le tableau de Saint-Jérôme. Bonaparte
dit à l’armée : « Ce million , nous l’aurions bientôt dépensé,
» et nous en trouverons bien d’autres à conquérir. Un chef-
» d'œuvre est éternel ; il parera notre patrie. » Le million
fut refusé (1). »
On ne saurait être plus explicite quant au fait et quant
à l'intention. Il en a d’ailleurs été de même à l'égard des
objets d’art enlevés à Rome.
En juin de la même année, lors de l'armistice de Bo-
logne , Bonaparte exigea du pape non-seulement 21 mil-
lions de numéraire, des blés et des bestiaux , mais encore
cent tableaux et statues (2) et le Souverain pontife fut
contraint d'accepter les dures conditions qui, si elle né
reçurent point d'exécution au moment même, furent | re-
e eaa es
(4) Thiers, Histoire x la révolution française, 1. V , chap. IL, p- 125.
(2) Ibid., chap. IV
( 283 )
produites, en février de l’année suivante , dans le traité de
Tolantino. On lit dans ce traité : « Tous les objets d’art et
Manuscrits cédés à la France par l'armistice de Bologne
devront être sur le champ dirigés sur Paris (1). »
Notez qu’alors les Francais n'avaient pas encore un
soldat dans Rome. Ils ne s'en rendirent maîtres qu’un an
plus tard : le général Berthier s'empara de la Ville éter-
nelle en février 1798.
VI.
Grâce aux progrès des idées et des mœurs, les dernières
guerres qui ont désolé l'Europe (j'en excepte la guerre
civile) sont demeurées pures de ce crime de lèse-civilisa-
lion dont celles de la première république et du premier
Empire n'ont fourni que trop d'exemples.
Malheureusement, tous les dommages n’ont point été
réparés, en 1815, à la suite de la victoire des alliés. L'Italie
n'avait pas été la seule victime, et tout ce qui lui avait été
enlevé n’a pas été restitué. Ce n’est pas seulement pour
enrichir les musées de leur capitale que les généraux fran-
çais dévalisaient les musées et les édifices des pays con-
Quis par leurs armes. Les chefs-lieux des départements
recevaient leur part des dépouilles des nations vaincues.
Ainsi plus d'un précieux tableau des écoles d'Italie et de
Flandre prit-il le chemin d’une grande ville de France ou
des territoires annexés. Les commissaires de la Sainte-
Alliance n’ont pu reprendre, à quelques exceptions près,
que ce qui se trouvait à Paris.
ede en ee å Eire
(1) Thiers, Histoire de larévolution française, t. V,ehap. VAL, p- 347.
( 284 )
Il est un peu tard pour que nous formulions des reven-
dications à charge d'autrui; mais il est toujours temps
de se décider à réparer une injustice à laquelle on a pu
prendre part même involontairement. Il ne suffit point de
proclamer bien haut les principes tutélaires qui doivent
garantir la propriété des faibles contre la convoitise des
forts, il faut, au besoin savoir donner l'exemple d'une
réparation volontaire et spontanée. Au nombre des objets
d'art enlevés à Venise se trouve un compartiment de plafond
du palais des doges. Cette peinture de Paul Véronèse a été
donnée par l'empereur Napoléon I° au musée de la ville
de Bruxelles, alors chef-lieu du département de la Dyle.
La place qu'oceupait cette toile et pour laquelle elle avait
été exécutée est demeurée vide : c'est comme un reproche
permanent adressé aux spoliateurs. Le gouvernement belge
conservera-t-il perpétuellement, dans son musée, ce témoin
des iniquités d’une époque néfaste? S'il arrivait que l’édilité
vénitienne, imitant, mais en sens inverse, l’exemple des
Ségestains, s’'avisàt de remplacer la peinture absente par
quelque inscription indiquant le lieu où ce fragment est
détenu , il n'y a pas un Belge qui ne sentit la rougeur lui
monter au front lorsque, visitant les monuments de Venise,
il entendrait le cicérone signaler et expliquer cette inscrip-
tion (1).
Je sais bien que quelques villes d'Italie ont aussi reçu
de la générosité facile de l'empereur Napoléon I“, des
tableaux de notre propre école; que le musée de Milan
conserve, par exemple, une Cène de Rubens qui lui est
B :
(1) Depuis que la présente notice a été lue à l'Académie, j'ai appris que
la lacune n’existe plus; une copie, exécutée l’année dernière à Bruxelles ;
par un artiste italien, a remplacé l'original.
( 285 )
venue par cette même voie. Il serait juste qu'on nous res-
tituât ce tableau. Mais le mérite de l’action que je voudrais
provoquer serait singulièrement amoindri „si nous y met-
tions des conditions. Faisons d’abord ce qui est juste, ce
que notre conscience nous commande, et advienne que
pourra, Cicéron nous a conservé un trait digne d’être médité
à ce propos: « On rapporte qu’une flotte de Masinissa ayant
abordé aux environs du temple de Junon, dans l'ile de
Malte, l'amiral y prit des dents d'ivoire d’une grandeur
prodigieuse et, de retour en Afrique, les présenta au roi.
Masinissa reçut. d’abord cette offrande avec plaisir; mais
dès qu’il sut d’où venaient ces dents, il les fit à l'instant
reporter, par des hommes de confiance, sur une galère à
Cinq rangs de rameurs. En reconnaissance, on y grava
cette inscription : « Le roi Masinissa a d’abord accepté
ces objets consacrés à la déesse, faute de connaître leur
sainte destination; mieux instruit, il s’est hâté de les res-
tituer (1). »
Qui de nous ne serait fier de lire une inscription sem-
blable sur la bordure du plafond de Venise recomplété
grâce à notre désintéressement? Il serait digne d'un pays
qui, sous le rapport du libéralisme de ses institutions, à
_ donné de si salutaires exemples à l’Europe, il serait digne
de la Belgique de restituer spontanément à la reine de
l’Adriatique ce joyau dont nous n’avons pas le droit de
nous parer.
(1) In Verrem, Actio IL, lib. IV, cap. XLVI.
( 286 )
APPENDICE.
NE
Les différentes éditions des lettres de Quutremère de Quincy.
Ce n’est qu'après de longues recherches que j'ai connu le
correspondant auquel le savant archéologue adressait ses let-
tres. Je n'aurais jamais songé au général américain qui me
paraissait devoir être, à l’époque dont il s'agit, occupé de
tout autre chose que de questions d’art. L'édition que j'avais
entre les mains est celle de 1815 , publiée à Rome. N'y trou-
vant point le nom que je cherchais, je dus avoir recours
d'abord à l'induction et puis après aux bibliographes. Il résulte
clairement du texte de la première et de la quatrième lettres
que, pendant que Quatremère s'occupait de la spoliation pro-
jetée des musées d'Italie, son ami faisait, de son côté, un traité
sur labus des conquêtes et qu'il avait intention de le publier.
« J'ai reçu votre dernière lettre, et qui doit être, dites-vous,
la dernière sur labus des conquêtes dans une république. Je
ne m'étonne plus de la profondeur avec laquelle vous traitez
ce sujet, puisqu'il est vrai que ce que vous me débitez en
forme de lettres n'est autre chose que la coupure d'un traité
que vous comptez publier sur cette matière. Je félicite le pu-
blic du présent que vous lui destinez, et je me félicite de vous
en avoir suggéré l’idée. »
L'histoire littéraire, les bibliographies francaises n'indiquent
aucun ouvrage du général Miranda ayant un titre approchant
de celui qui est rappelé dans les lettres dont je m'occupe.
Mais il existe un livre ayant pour titre: De l'esprit de con-
quête et de l’
usurpation dans leurs rapports avec la civilisa-
( 287 )
tion européenne. L'auteur de cette brochure, qui a paru à
l'étranger (à Hanovre), en 1814, explique, dans sa préface,
Pourquoi son livre, écrit depuis longtemps, n’a pas été publié
plus tôt. Trouvant le volume dans notre fonds Van Hulthem,
je me crus sur la voie, d'autant plus facilement que l'écrit en
question sort de la plume d'un publiciste et d’un homme
d'Etat, qui a commencé de jouer un rôle en France à l’avéne-
ment du Directoire, M. Benjamin de Constant-Rebeque. Je
m'adressai à M. Taschereau, administrateur général, directeur
de la bibliothèque nationale de Paris, certain d'obtenir de la
sorte soit la confirmation, soit la preuve du mal fondé de ma
conjecture. La réponse ne se fit point attendre; mon collègue
de Paris eut l'obligeance de m'envoyer non-seulement le titre
exact de l'édition de 1796, mais encore celui d’une dernière,
publiée en-1856, du vivant de M. Quatremère de Quincy. J`ob-
tins en outre, grâce à la complaisance de M. Olivier Barbier,
Communication de la rédaction, encore inédite, de l’ancien
n° 10408 du Dictionnaire des anonymes. Je la transcris ici:
« Lettres sur le préjudice qu’occasionneroient aux arts el à
la science le déplacement des monuments de l’art de l'Italie, le
démembrement de ses écoles et la spoliation de ses collections,
galeries, musées, etc., par A. Q. (Quatremère). Paris š
senne, Quatremere, an FV (1796), in-8° de 74 pages.
» Une seconde édition parut la même année; elle a un
feuillet de plus, non chiffré, pour un errata qui s'applique à
un passage de Ja p. 41. Sur le titre de cette seconde édition, le
nom du libraire Quatremere est imprimé avec un è.
» Une troisième édition (publiée par les soins de Canova) a
un faux titre, intitulé : Lettres sur le projet d'enlever les mo-
numents de l’Itulie; mais le titre, qui est le même que celui
des éditions de 1796, porte de plus: par M. Quatremère de
Quincy, nouvelle édition faite sur celle de Paris, 1796. À
Rome, 1815; in-8° de 98 pa
» Ces lettres, au nombre de hk. sont adressées au général
( 288 )
Miranda; elles ont encore reparu dans le volume intitulé:
Lettres sur l'enlèvement des ouvrages de l’art antique à
Athènes et à Rome, écrites, les unes au célèbre Canova, les
autres au général Miranda, par M. Quatremere de Quincy.
Paris, Adr. Leclerc, Bourgeoïs-Maze, 1856; in-8° de xvi et
283 pages.
» Page vu de l’avant-propos, l’auteur dit que « ses lettres
» au général Miranda paraissent ici pour la troisième fois. »
C'est quatrième fois qu’il fallait dire; mais l’auteur n’a proba-
blement compté que comme une seule édition les deux im-
pressions de 1796. Ces quatre éditions contiennent le même
texte. »
M. Taschereau me dit aussi que le texte est identique dans
les deux premières éditions. Il ne fait connaître aucune modi-
fication apportée à ce texte dans l'édition de 1856. Je n'ai pas
pu comparer cette dernière avec les précédentes: mais d’après
une communication que je reçus plus tard de M. Paul Lacroix,
bibliothécaire de Arsenal, Quatremère de- Quincy aurait
atténué, sous la monarchie de juillet, ee qui, dans son écrit,
rappelait trop son républicanisme d'autrefois, en y introdui-
sant l'expression de sa haine contre Bonaparte, sentiment qui
n’était guère de mise après les journées de vendémiaire an HI.
Qwest devenu l'écrit de Miranda sur l'abus des conquêtes ?
Aucune bibliographie ne le signale. Les auteurs de la Biogra-
phie universelle des contemporains, qui donnent la liste des
ouvrages du général, ne font nulle mention de celui-là. A-t-il
été imprimé ? Est-il encore en manuscrit? Voilà une question
digne d'être proposée aux Quérards présents et futurs.
( 289 )
À "NTI
Pétition au Directoire exécutif.
Crrovens DIRECTEURS,
L'amour des arts, le désir de conserver leurs chefs-d'œuvre
à l'admiration de tous les peuples, un intérêt commun à cette
grande famille d'artistes répandus sur tous les points du globe,
sont les motifs de notre démarche auprès de vous. Nous crai-
nons que cet enthousiasme qui nous passionne pour les pro-
ductions du génie n’égare, sur leurs véritables intérêts, même
leurs amis les plus ardents, et nous venons vous prier de peser
avec maturité cette importante question de savoir s'il est utile
à la France, s’il est avantageux aux arts et aux artistes en
général de déplacer de Rome les monuments d’antiquité et les
chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture qui composent les
galeries et musées de cette capitale des arts.
Nous ne nous permettrons aucune réflexion à ce sujet, déjà
Soumis à Popinion publique par de savantes discussions: nous
nous bornerons à demander, Citoyens Directeurs, qu'avant de
rien déplacer de Rome, une commission formée par un certain
nombre d’artistes et de gens de lettres, nommés par l'Institut
national, em partie dans son sein et en partie au dehors, soit
chargée de vous faire un rapport général sur cet objet.
C’est d’a près ce rapport , où toutes les considérations seront
discutées et pesées avec cette masse de réflexions et de lumières
indispensables au développement d'un objet si grand et si
digne de vous, que vous prononcerez sur le sort des beaux-
arts dans les générations futures.
Oui, l'arrêté que vous prendrez va fixer à jamais leur
destin, n'en doutez point; et c’est ainsi que, pour former les
couronnes destinées à nos légions triomphantes, vous saurez
unir le laurier d’Apollon aux palmes de la Victoire et aux
rameaux désirés de l’arbre de la paix.
P. Valenciennes, peintre; L. Dufourny, architecte;
Lorta, sculpteur; Lebarbier l’ainé, P.; L.-F. Cassas,
P.; Legrand, A.; Giraud, P,; Quatremère- Quincy;
Fontaine, A; Percier, A.; Perrin, P.; Levasseur, gra-
veur; Tassy, P.; Lethiere, P.; Moreau, jeune; L. Mo-
reau, dessinateur; Bataille, A; Lesueur, S.; Pajou, 5;
David, P.; Suvée, P.; Berruer, S.; Peyron, P.; De Soria,
P.; Colas, A.; Vien, P.; Denon, G. et D.; Lange, 5-5
Fortin, S.; Molinos, A.; Girodet, P. ; Gizors, A.; Du-
mont, S.; Meysnier, P.; Boizot, P.; Michallon, P.;
Bence, P.; Chancourtois, P.; Lempereur, G.; Soufflot,
A.; Masson, S.; Julien, S.; Aubourg, Vincent, P.;
Roland, S.; Lemonnier, P.; Desroches, P.; Esper-
cieux, S.; Dejoux, S.; Clerisseau , P. et A.
N.-B. 1l ne fut fait aucune réponse à cette pétition.
La pièce n’est point datée.
M. allait annonce que la commission de la classe
pour l'édification d’un local destiné aux expositions trien-
nales des beaux-arts s’est réunie plusieurs fois depuis la
dernière communication faite à ce sujet, et qu'elle a arrêté
définitivement son rapport à présenter au gouvernement.
On se rappelle que l'emplacement choisi pour le local en
question est celui de l'ancien ministère de la justice, rUe
de la Régence.
M. Éd. Fétis devait faire, dans la séance de ce jour, une
lecture du rapport précité, afin d'obtenir | ‘approbation de
( 291 )
la classe. Mais, par suite de son absence, cette lecture est
remise à la prochaine réunion.
M. Gallait a cru devoir signaler que le travail de la com-
mission a rencontré de nombreuses sympathies, surtout
en haut lieu, et que des difficultés ont été aplanies sans
qu'on ait eu de démarches à faire.
Sa Majesté également est favorable au projet. Elle a bien
voulu exhorter l'Académie à persévérer dans la réalisation
du but qu'elle s’est proposé.
M. Gallait dit enfin que la classe doit être d'autant plus
- intéressée à voir adopter le projet qu'elle patronne, que, de
toutes parts, surgissent les projets les plus divers, entre
autres celui de l'appropriation du temple des Augustins
au but que poursuit la Compagnie.
La classe a remercié M. Gallait de la communication
qu'il venait de faire et a décidé que le gouvernement serait
saisi du rapport de la commission, aussitôt que l’Académie
en aura pris connaissance.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Commission royale d'histoire, à Bruxelles. — Table chro-
nologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'his-
toire de la Belgique, par M. Alph. Wauters, tome HI. Bruxelles,
1872; in-4e, — Compte rendu des séances, 3° série, tome XIII,
2 bulletin Bruxelles, 4872; in-8°. — Table chronologique
a meel historiques de M. Gachard. nelle: 1871;
hee (Philippe). — Cours d’analyse infinitésimale. Partie
élémentaire. Louvain, 1872; in-8°.
(292)
Malaise (C.). — Notice sur la vie et les travaux d'Eugène-
H.-L.-G. Coemans. Bruxelles, 1872; in-12.
Borgnet (Jules). — Cartulaire de la commune de Namur,
tome 1, 2° livraison. Namur, 1871; in-8°.
Schuermans (H.). — Antiquités belgo-romaines. Mélanges.
Bruxelles; in-8°; — Mélanges archéologiques. Bruxelles ; in-8';
— Épigraphie de la Belgique. Bruxelles; in-8°; — Code de la
presse. Bruxelles, 1861; in-8°.
D'Otreppe de Bouvette (Alb). — Causeries d’un octogénaire,
5° livraison. Liége, 1872; in-12.
Nederduitsch letterkundig jaarboekje voor 1872. Gand;
in-12, |
Decoster (Vital). — Des antécédents du néoplatonisme.
Mémoire couronné au concours universitaire de 1869-1870.
Bruxelles, 1872; in-8°.
Vian] L{okeren] (4.). — Philippe Blommaert. Gand; in-8°.
Willems (P.). — Le droit publie romain depuis l’origine de
Rome jusqu’à Constantin le Grand. Seconde édition. Louvain,
1872; in-8°; — Over de verbuiging der zelfstandig gebruikte
bijvoeglijke naamwoorden en voornaamwoorden ; in-8°.
De Marteau (Louis-Alexandre). — Comédies : Éteocle et
Polynice; — M. Mambourg; — Une famille de savants. Liége,
1872; in-12.
Commissions royales d'art et d'archéologie. — Bulletin,
X° année, n° 14 et 12. Bruxelles, 1871 ; in-8°.
Revue de Belgique, 4° année, 4"° à 5° livraison. Bruxelles,
1872; 5 cah. in-8°,
Chronique de l’industrie, vol. 4, n% 1-8. Bruxelles , 187%
8 feuilles in-4°.
L’ Abeille, 18*année, 1°° à 3° livraison. Bruxelles, 1872;5 eah-
in-8°.
Société entomologique de Belgique. — Compte rendu de
l'assemblée mensuelle du 5 février 1872. Bruxelles ; in-8°.
in-8
Bulletin des archives d'Anvers, tome IV°, 5° livr. Anvers, |
j
en
Rae pit us lié aat us a
( 295 )
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin,
5° série, tome VI, n° 1. Bruxelles, 1872; in-8°.
Société royale des sciences médicales et naturelles de
Bruxelles. — Journal de médecine , 50° année , 54° vol., jan-
vier à mars Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°.
Sociëté royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin,
16° année, n° 1,2, 3. Bruxelles; 5 cah. in-8°.
Echo médical et pharmaceutique belge. — 3° année, n° 1 à
3. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°.
Annales de Vélectricité médicale, 12° année, 40° à 12° fasci-
cule. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°.
Annales de idd vétérinaire, 21° année. 1 à 5 adik
Bruxelles, 1872; 3 cah. in-8°.
La Presse médicale belge, 24° année, n% 1 à 15. Bruxelles,
1874-1879 ; 15 feuilles in-4°.
Annales d’ oculistique, 35° année, 1" et 2° livr. Bruxelles,
1872; in-8°,
Société de médecine d'Anvers. — Annales, XXIII? année,
Janvier à mars. Anver:, 1872; 5 cah. in-8°,
L'Écho vétérinaire, 1™° année, n°10. Liége, 1871 ; cah. in-8°.
Le Scalpel, 24° année, n°° 27 à 39. Liége, 13 feuilles in-4°.
Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 25° année,
_ Janvier. Anvers, 1872; cah. in-8°.
De Vlaamsche School, 1872, bladz. 1, 2, 5. Anvers; 5 feuilles
in-4°,
Société médico-chirurgicale de Liége. — Annales, 11° année,
janvier et février 1872. Liége; 2 cah. in-8°.
Société d’émulation de Bruges. — Annales, 5 série, tome VI’,
n° 4. Bruges, 1871 ; in-&.
evue de Te publique en Belgique, XIX" année,
6 livr, Gand, 1872; in-8°.
L'Illuistrétion Kortieutes tome XVIII, 7° livr. Gand. 1871;
gr. in-8°, |
Journal des Beaux-Arts, XIV* année, n° 1 à 6. Saint-Nicolas,
1872; 6 feuilles in-4°.
( 294 )
Institut royal grand-ducal de Luxembourg.— Publications
de la section historique, année 1870-1871, XXVI (IV). Luxem-
bourg, 1871; in-4°.
Castan (Auguste). — Le champ de Mars de Vesontio. Paris,
1870; in-8°; — Sully et le collége de Bourgogne. Besançon.
1869; in-8°,
Chautard (J.). — Les die modernes. Nancy, 1872;
in-8°; — Vulgarisation de quelques phénomènes de physique
arpirineiiiie. Nancy, 1872; in-8
Tommasi (Donato). — Sur un nouveau dissolvant de l'io-
dure plombique. Paris, 1872; in-8°.
Mayer (Jules- Robert). — Mémoire sur le mouvement orga-
nique dans ses rapports avec la nutrition, traduit de l'allemand
et suivi d’une note sur l'unité des forces et la définition de
l'électricité, par Louis Perard. Paris, 1872; in-12.
Fleury-Flobert. — Congrès scientifique d'Anvers en 1871:
Rapport à l'Académie nationale. Paris, 1872; in-12.
Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus hebdo-
pren séances, tome LXXIV, n°° 4 à 15. Paris, 1872;
15 cah. i
Société p ESS de Paris. — Bulletin, janvier 1872.
Paris; in-8°.
Revue hebdomadaire de chimie, par M. Ch. Mène, 5° année,
n° 14 à 22. Paris, 1871; 9 cah. in-8°.
- Revue scientifique de la France et de l hennes À 2° série,
1° année, n° 27 à 59, Paris, 1872; 15 cah. in-4°.
Revue politique et littéraire, 2 série, 47° année, n° 27 à
Paris, 1871-1872; 13 cah. in-4°.
Journal de l’agriculture, 1872, tome I, n° 145 à 155.
Paris; 15 cah. in-8°,
Revue médicale française, 51° année, décembre 1871;
32° année, 6, 15 et27 janvier, 4, 10 et 24 février 1872. Paris;
7 cah. in-8
on eigen eerie et février 1872. Bruxell „a cah.
in-8°.
5!
A
.
EEN ee D UMR WENS wi | a D El. à LS A Ut REE TE on oa
( 295 )
Archives de médecine navale ; tome XVII, n° 4 à 5. Paris,
1872; 5 cab. in-8°.
K. pr. Akademie der Wissenschaften zu Berlin.— Monats-
bericht, december.1871. Berlin ; in-8°.
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte,
Vier Jahrg., n° 2, 5. Berlin, 1872; 2 cah. in-8°.
Verein von Alterthums Freunden im Rheinlande zu Bonn.
— Jahrbücher, Hefte L und LI. Bonn, 1871 ; gr. in-8°; — Fest
Programm zu Winckelmanns Geburtstage am 9 december
1871 : Vicus Avrelii, von Keller. Bonn, 1871; gr. in-8°.
Justus Perthes’ geographischer Anstalt zu Gotha. — Mit-
theilungen, 18. Band, 5. Heft, 1872. Gotha, 1 cah. in-4°.
Freeden (W. v.). — Jahres-Bericht der Norddeutschen See-
warte für das Jahr 1871. Hambourg; p. in-#°.
Heidelberger Jahrbucher der Literatur, LXV““ Jahrg.,
1. Heft. Heidelberg, 1872; in-8°.
Von Schlagintweit-Sakünlünski (Hermann). — Untersu-
chungen über die Salzseen im westlichen Tibet und in Tur-
kistân, 4. Theil. Munich, 1871; in-4°.
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Sitzung der math.-naturw. Classe, Jahrg. 1872, n“ 4,5,6.
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pendule à réversion et détermination de la pesanteur, à Ge-
nève et au Righi-Kulm. Genève, 1872; in-4°.
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‘après les monuments égyptiens. Christiania, 1871; 2 vol.
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Christiania, 4871; in-8°.
K. Vitterhets Historie och Antiqvitets Akademiens til Stock-
holm. — Mânadsblad, 4872, 1-5, januari-mars. Stockholm;
3 feuilles in-8°.
. (2%)
Ribeiro (Carlos). — Descripcâo de alguns silex e quartzites
lascados encontrados nas camadas dos terrenos terciario e qua-
ternario das bacias do tejo e sado. Lisbonne, 1871 ; in-4°.
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Society of Antiquaries of London. — ea. second
series, vol. V, n° 2, Londres; in-8°.
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part 4. Londres, in-8°.
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The mechanic’'s Magazine, vol. 96, n 2466 à 2478. Londres,
15 cah. in-folio. .
Nature, vol. 5, n° 118 à 122. Londres, 1872; 5 doubles
feuilles in-4°,
Edo n medical Journal, december 1871. Edimbourg,
in-8
haat in mc of Ireland. — Journal, vol. XIII,
-part 1. Dublin
Haughton sr — On the constituent minerais of the
granites of Scotland, as compared with those of Donegal.
Dublin; in-8° ; — On some elementary principles in animal
mechanics, n° IV. Dublin; in-8°.
Asiatic Society of Bengal, at Calcutta. — Proceedings;
n° IX, X and XI, sept. and nov. 1871 ; — Journal, part I, n°2,
part H, n° 5; — Bibliotheca indica new series, n° 252, 255
and 241. Caleutta, 1871 ; 6 cah. in-8°.
` The american Jóa of science and arts, third series,
vol. I, n° 41, vol. III, n° 15. New-Haven, 1871-1872; 2 cah.
in-8°.
BULLETIN
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1872. — Ne 4.
+
CLASSE DES SCIENCES.
een
Séance du 6 avril 1872.
M. J.-B. »'Omauius n'Hazoy, directeur, président de
l’Académie.
M. An. QuereLer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck,
p -J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, Gluge,
Melsens, J, Liagre, F. Duprez, E. Quetelet, H. Maus,
M. Gloesener, Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen,
Éd. Dupont, Éd. Morren , membres; Ph. Gilbert, A. Bel-
lynċk, associés; C. Malaise, Éd. Mailly, F. Folie, J. De
Tilly, F. Plateau, correspondants.
° SÉRIE, TOME XXXIII. 20
( 298 )
CORRESPONDANCE.
Il est donné connaissance de la mort du docteur
A.-B. Granville, associé de la section des sciences natu-
relles de la classe, décédé à Londres, le 3 mars 1872, à
l’âge de 88 ans.
— M. le Ministre de l’intérieur transmet, en copie, un
arrêté royal du 27 février dernier ouvrant un concours
pour la collation du legs de 10,000 francs institué à per-
pétuité par le docteur Guinard , et destiné à être remis,
tous les cinq ans, à l’auteur du meilleur ouvrage ou de la
meilleure invention tendant à améliorer la position maté-
rielle ou intellectuelle de la classe ouvrière en général et
sans distinction.
Conformément à l’article 3 de cet arrêté, confiant le
` jugement du concours à un jury de cinq membres nommés
par le Roi, sur une liste double de candidats proposés
par les classes des sciences et des lettres, la classe
sciences a désigné, en ce qui la concerne, cinq membres
pour le choix à faire par Sa Majesté.
— Le même haut fonctionnaire adresse, de la part de.
l'Observatoire naval de Washington, le volume suivant des
travaux de cet établissement : Report on observations of
the total solar eclipse of december 22, 1870; 1 vol. in-#+
— Une lettre du Palais annonce que Sa Majesté a l'in-
tention d'assister aux fêtes jubilaires qui auront lieu les
28 et 29 mai prochain.
( 299 )
— La classe accepte en dépôt, après avoir été contre-
signé par M. le directeur, un billet cacheté adressé par
M. le major du génie Ch. Cocheteux.
— La Société des sciences naturelles de Dürckheim,
l'Université de Kiel, la Société physico-économique de
Königsberg, la Société royale des sciences de Copenhague
et l'Université de Saint-Louis, aux États-Unis, remercient
Pour les derniers envois.
— La direction de la Chronique de l’industrie, à Bruxel-
les, propose l'échange de son journal avec les Bulletins. _
Ccepté.
— La classe recoit, à titre d'hommage de la part de
l'auteur, un exemplaire du discours prononcé à la Société
d'agriculture de Memphis (Tenn., États-Unis) par M. le
commodore M.-F. Maury, associé. — Remerciments.
— M. le secrétaire perpétuel communique l'état de la
végétation observé à Bruxelles le 21 mars dernier, ainsi
que des documents semblables pour Liége, Gembloux et `
Melle, par MM. de Selys Longchamps, Malaise et Bernar-
in. Il présente aussi le résumé météorologique de mars
1872, pour Ostende, par M. Cavalier.
— La classe décide l'impression au Bulletin de divers
extraits d'une lettre de M. D. Leclereq, de Liége, renfer-
Mant de nouveaux détails sur l'aurore boréale du 4 février
dernier. |
— Les travaux manuscrits suivants feront l'objet d'un
examen :
3 Si S 4, B
1° Matir; PP H I s),
naden mank ief Sct J \
( 300 )
Myriapodes; par M. Félix Plateau. — Commissaires :
MM. Van Beneden, de Selys Longchamps et Candèze;
2 Remarques sur les solutions singulières de l’équa-
tion Ay'? + By + C = 0, par M. P. Mansion. — Com-
missaires : MM. Catalan et Gilbert;
5° Mémoire sur un nouveau réfracteur binoculaire des-
tiné aux observations sidérales, par M. A. Brachet. —
Commissaire : M. Duprez.
RAPPORTS.
MM. de Selys Longchamps et Gluge , commissaires pour
un mémoire de M. P.-J. Van Beneden, intitulé : Les chau-
ves-souris de Belgique et leurs parasites, ont donné suc-
cessivement lecture de leurs rapports sur ce travail.
Conformément aux conclusions favorables de ces rap-
ports, la classe a décidé l'impression du travail de M. Van
Beneden, ainsi que des sept planches qui l'accompagnent,
dans le recueil des Mémoires in-4°.
— MM. d'Omalius, de Koninck et Dewalque, chargés
de donner leur opinion sur la nouvelle rédaction du mé-
moire de M. Malaise couronné par la classe en 1869, et
portant pour titre : Description du terrain silurien du
centre de la Belgique (avec 8 planches), se sont accordés
à reconnaître que ce travail, sous sa forme actuelle, figu-
_ rera avec avantage dans les recueils académiques.
Li
( 304 )
L'auteur sera, toutefois, prié de satisfaire aux observa-
lions suivantes, que présente M. Dewalque :
« M. Malaise termine son travail par un tableau don-
nant le nom des diverses espèces de fossiles qu’il a décrits
et les localités où chacune se rencontre en Belgique. Je
désirerais voir ajouter quelques colonnes pour lindication
s$ étages classiques du silurien de l'Angleterre et de la
Bohème, dans lesquels ces espèces ont été rencontrées. »
Tableau de l'astronomie dans l’hémisphere austral et dans
l'Inde, mémoire de M. Édouard Mailly, correspondant
de l'Académie.
Rapport de M. E. Quetelet,
« Le quinzième siècle sera sans doute toujours cité
comme un de ceux qui honorent le plus l'humanité. Le
Mouvement prodigieux qui se produisit alors dans les es-
Prits , après tant de siècles de ténèbres et qu’il faut surtout
attribuer à l'invention de l'imprimerie et à la connais-
Sance plus complète de notre globe, due aux hardis navi-
Sateurs qui ont illustré cette époque, donna une impulsion
nouvelle à toutes les sciences. Mais c’est particulièrement
l'astronomie qui a recueilli les fruits les plus précieüx de _
ces grandes découvertes. Un ciel nouveau , inconnu jusqu’à
celle époque, venait d’être ajouté au ciel ancien. D'autre
Part, les marins, qui ne reculaient plus devant la traversée
des océans ‚avaient besoin de guides nouveaux pour navi-
guer avec sécurité. Ces guides ne pouvaient être fournis
( 502 )
ý Î
que par une connaissance plus parfaite du ciel et par une
étude approfondie des variations de l'aiguille aimantée.
` C’est ce que comprit un puissant génie qu’on retrouve au
premier rang dans toutes les branches de l'astronomie :
Halley construisit la première carte des déclinaisons ma-
gnétiques à la surface du globe et se transporta lui-même
S'*-Hélène avec des instruments de précision pour mê-
surer les positions des étoiles du ciel austral. D'autres
travaux ont suivi ce premier essai, et maintenant l'Inde,
l'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Australie possèdent de
bons observatoires qui ont déjà porté très-loin la connais-
sance de cette partie du ciel et qui bientôt, sans doute,
amèneront l’astronomie australe au même degré d'avance-
ment qu’a atteint l'astronomie boréale,
Dans le mémoire qui a pour titre Tableau de lastro-
nomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, M. Mailly
-nous présente les progrès successifs accomplis dans la
connaissance du ciel austral depuis l'époque où les pre-
miers navigateurs franchirent la ligne jusqu’au moment
actuel. Le mémoire est divisé en vingt-deux chapitres qui
traitent des différents voyages et des observatoires qui ont
contribué à l'avancement de l'astronomie. Les travaux sont
généralement cités dans leur ordre chronologique. L'auteur
examine toutes les questions qui ont été l’objet de l'étude
des astronomes, telles que la position géographique des ob-
servatoires, les recherches faites pour obtenir de nouvelles
déterminations de la grandeur de la terre, les positions
absolues des étoiles, les observations des planètes et des
comètes, les différents travaux exécutés pour déterminer
la parallaxe du soleil et de la lune, les recherches sur les
mouvements propres et les parallaxes de quelques étoiles,
sur les nébuleuses. L'auteur, en appréciant la précision
.
= (505)
des résultats obtenus par les différents astronomes, fait
connaître les instruments que chacun d’eux a employés, et
il a soin, dans des notes nombreuses, d'indiquer les sources
à consulter. Ces recherches intéressantes seront certaine-
un accueillies avec faveur par les astronomes, et j'ai
l'honneur de proposer à l’Académie de voter des remerci-
ments à l’auteur et d'insérer son travail dans le recueil des
Mémoires. »
Conformément à ces conclusions, auxquelles se sont
ralliës MM. J. Liagre et Montigny, la classe a voté lim-
pression du travail de M. Mailly dans le recueil des Mé-
moires in-8°.
Le diapason et la notation musicale simplifiée, mémoire
de M. Ch. Meerens.
Rapport de M. Liagre.
« Ce mémoire, que l’auteur avait adressé à la classe
des sciences de l’Académie dans le courant du mois d'avril
1871, a été soumis alors à l'examen de la classe des
beaux-arts comme étant du ressort de celle-ci. MM. Soubre,
de Burbure et Bosselet ont été chargés d'en rendre compte,
et conformément aux rapports que ces commissaires ont
lus dans la séance du mois d'octobre suivant, la classe des
beaux-arts a voté des remerciments à M. Meerens, et décidé
que son travail serait déposé aux archives.
Aujourd’hui, Pauteur demande de nouveau que son
mémoire soit examiné par la classe des sciences, et il y
( 504 )
est plus ou moins autorisé par la phrase suivante du rapport
de M. Soubre :
« Quant à la question de savoir si le diapason de
864 vibrations serait préférable à celui de 870, cest là
un point qui est bien plus du ressort de la science acous-
tique que du domaine musical pur. En effet, la diffé-
rence qui existe entre un son représenté par 870, et un
son représenté par 864 vibrations est, pour ainsi dire,
imperceptible à l'oreille. Quelle nécessité alors de l'in-
trdtluire, si ce n’est pour satisfaire aux prétendues
exigences de la théorie?
» Or la vérification mathématique de ce dernier point
n’est pas de notre compétence : elle appartiendrait
plutôt à nos collègues de la classe des sciences, s'il y
avait lieu d'oceuper plus longtemps l’Académie de cette
question. »
La seule question sur laquelle la dea des sciences
puisse être appelée à donner son avis est donc celle-ci :
le diapason donnant un la de 864 vibrations par seconde
est-il conforme aux règles mathématiques de la théorie
acoustique ?
Y v {vv ee
SO v y y
Les expériences faites au sonomètre prouvent qu'en
représentant par 4 la longueur d’une corde donnant le
do, les longueurs qui donnent les autres notes de la
gamme diatonique sont représentées par les fractions sul-
vantes :
EE aoan do. ré mi fa sol land
Longueurs des cordes … 1 8 4 = ? g:
Pour avoir le nombre relatif de vibrations eorrespon-
dant à chaque note, il suffit de renverser les fractions du
( 505 )
tableau précédent, car la vitesse avec laquelle vibre une
corde, sous une tension donnée, est en raison inverse de
sa longueur. En prenant done pour unité le nombre de
vibrations que donne le son fondamental, on forme le
tableau suivant :
NME de rk mik dl le sf 10
Nombres relatifs de vibrations. 1 A CE
5
3 5
Les nombres de ce tableau expriment en même temps-
les hauteurs relatives des sons; c'est-à-dire que, dans la
tierce, par exemple, le rapport des deux sons doit être
i; dans la quinte ©, etc.
Or, on remarquera que, dans la succession précédente
des notes de la gamme, il y a de ré à sol, une véritable
quarte, c'est-à-dire le même rapport qu'entre do et fa,
Puisque 5 : ? vaut exactement À; tandis qu'il n’y a pas une
quinte réelle de ré à la, puisque © : è = $$, et non pas;
que l’on aurait dû trouver. La différence est de 5; -
Si l’on veut obtenir la quinte réelle de ré à la, il faut
prendre pour la hauteur de cette dernière note une frac-
tion telle, qu’en la divisant par è on obtienne pour quo-
tient 3: ce sera done ? x ==. Ce rapport est précisé-
ment celui que M. Meerens préconise, et qu'il a déduit, je
crois , d’autres considérations. pi
Dès que l’on admet ce rapport 2, rien n'est plus simple
que de calculer le nombre de vibrations que doit donner
le la. En effet, lex périence ayant appris que le nombre de
vibrations correspondant au son le plus grave de la basse
est 198 — do,, le nombre de vibrations du do; sera
128 x 4 — 519, et celui du la; deviendra 512 x = = 804.
llen résulte qu'en partant du cas particulier dans le-
quel nous nous sommes placés, le diapason donnant un fa
( 306 )
de 864 vibrations, comme le propose M. Meerens, peut se
justifier par des calculs pensent mathématiques.
Mais de ce que le rapport ;; donne le la exact des instru-
ments à cordes, instruments qui sont accordés par quintes,
il ne s'ensuit pas, comme le prétend l’auteur, que le rap-
port ž admis par les physiciens soit erroné. Les deux sys-
tèmes sont affectés de la même inexactitude, seulement
le désaccord ne tombe pas sur les mêmes notes. Pour le
violon, par exemple, lorsqu'on l'accorde avec le la de
+, les deux premières quintes sol-ré et ré-la sont exactes,
tandis que la troisième la-mi est de £? au lieu de 5. En ac-
cordant l'instrument avec le la de * 5, la première et la
troisième quinte sont exactes, et c'est la seconde qui ne
Pest pas. L'erreur dans les deux cas est de +.
Dans la seconde partie de son inime, M. Mecrens
propose de simplifier la notation musicale usuelle. Cette
partie ne renferme rien qui soit du ressort de la classe des
sciences, et comme elle a déjà fait l'objet d'un rapport
dans le sein de la classe des beaux-arts, je n'ai pas à wen
occuper.
En résumé, je crois que les considérations précédentes
suffisent, si le but que poursuit M. Meerens, en présen-
tant son travail à la classe des sciences, est uniquement
de voir son système soumis à un examen théorique- Quant
à la question de savoir s’il y a lieu de pousser à l’adop-
tion d’un nouveau diapason, en publiant le mémoire de
M. Meerens sous le patronage de l'Académie, je ne puis
à cet égard que me rallier aux conclusions adoptées par la
classe des beaux-arts. »
PP PPT TE I NE ii rn E
( 507 )
Rapport de M, De Tilly.
« M. Meerens, en proposant de ramener le la du dia-
pason à 864 vibrations par seconde (au lieu de 870 ou de
tout autre nombre), se base sur deux arguments princi-
paux. L'un est résumé comme suit par l’auteur lui-même :
« Le son qui proviendrait d'une vibration par seconde,
s'il était perceptible, serait un ut. Il s'ensuit que Poctave
de ce son, qui serait encore un ut, en donnerait le double
ou 2, l’octave suivante 4, la suivante 8, puis 16, 32,
64..... etc. La question serait ainsi résolue, si lut était,
aussi bien que le la, la note nécessaire pour donner le
ton. Tous les sons qui proviendraient d’un nombre, puis-
sance de 2, de vibrations par seconde, seraient des ut.
On arrive ainsi à avoir l'octave comprise entre les deux
ut 519 et 1024. Le la de cette octave forme l’intonation
requise, » |
Il était en effet rationnel de prendre comme point de
départ le son correspondant à une vibration par seconde,
dans l’ancienne théorie des consonnances , d'après laquelle
l'effet agréable ou désagréable produit sur l'oreille par la
perception simultanée de deux sons dépendait, non pas
des nombres absolus de vibrations correspondant aux deux
notes combinées, mais uniquement du rapport entre ces
nombres de vibrations. D’après la théorie des conson-
nances de M. Helmholtz (1), il n'en serait pas ainsi.
Deux sons simultanés donnent lieu, comme on sait, à
di es CU pi à uv Rene.
(1) Le son, par John Tyndall, traduction de M. l'abbé Moigno ; Paris,
Gauthier-Villars, 1869; pages i ;
( 508 )
une série de chocs ou de battements, séparés les uns des
autres par des pauses , et la vitesse avec laquelle les batte-
ments se succèdent est égale à la différence des vitesses de
vibration des deux sons combinés.
Or, M. Helmholtz a Yeconnu que les battements sont
d'autant moins désagréables à Poreille que leur nombre
diffère davantage de 33 par seconde. Lorsque le nombre
des battements atteint cette limite, la dissonance est
complète.
Avec une vitesse supérieure à celle de 33 par seconde,
la dissonance diminue, mais elle ne cesse complétement
qu'à la vitesse de 132 battements. ;
Lorsqu'il y a moins de 33 battements par seconde, ils
sont moins désagréables et peuvent même devenir agrea-
bles, en ce qu'ils imitent ou rappellent les trilles de la
voix humaine.
D'après cela, la différence entre les nombres absolus de
vibrations par seconde, qui correspondent aux deux sons
simultanés, aurait une influence plus grande sur la con-
sonnance ou la dissonance que le rapport de ces deux.
mêmes nombres.
Il faut toutefois considérer, en même temps que les
sons principaux, leurs sons harmoniques, qui coexistent
avec les premiers dans présque tous les instruments, et
qui peuvent devenir des causes de dissonance.
Si Fon applique d’abord cette théorie à une gamme
moyenne, telle que celle qui est comprise entre les deux
ut de M. Meerens , correspondant respectivement à 256 ze
512 vibrations, on arrive à peu près aux mêmes conse-
quences que par la théorie physique ordinaire, mais on
peut constater cependant, par la seule inspection des
courbes de dissonance de M. Helmholtz, que ces consé-
sk fée up at A CE dd he Lg des à ae Cr dre RE NS
|
i
8 +
( 509 )
quences ne sont pas identiques pour deux gammes consé-
cutives,
La différence serait bien plus grande si l'on s’éloignait
considérablement des gammes moyennes. Par exemple,
les deux notes correspondant respectivement à 64 et à
52 vibrations par seconde et qui, d’après M. Meerens, .
seraient deux wz, ne formeraient pas une octave musicale,
d'après la théorie de M. Helmholtz, mais bien une dis-
Sonance, puisque la différence des nombres de vibra-
tions, ou, en d’autres termes, le nombre des battements,
serait alors de 32 par seconde.
Sans prétendre que la théorie nouvelle soit déjà défini-
tivement appelée à remplacer l’ancienne, je pense qu'il
ne serait guère logique d'imposer indirectement cette
dernière aux musiciens, au moment même où quelques-
uns des plus habiles physiciens de notre époque laban-
donnent. |
Le second argument de l’auteur, nécessaire pour arriver
au nombre de 864 vibrations par seconde, qu’il propose
Pour le la du diapason, consiste en ce que le rapport
rationnel du {a au do ou à l'ut devrait être 2 au lieu de £.
En réponse à la seule raison arithmétique qu’il en donne,
je dois lui faire observer avec notre savant confrère, M. le
Colonel Liagre ; premier commissaire, que, tout en recti-
fiant la quinte descendante, il falsifie la quinte montante,
lorsque l’on part du la et que l'on ne change rien aux
nombres proportionnels qui représentent les autres notes.
De même il rectifie la quarte montante, mais falsifie la
quarte descendante et les deux tierces. -
” M. Meerens prétendra-t-il que les intervalles rectifiés par
lui sont les plus importants? J'ai des raisons pour le croire,
et bien que cette objection me paraisse plutôt du domaine
( 310 )
musical que de celui des sciences mathématiques, je ne
voudrais pas écarter radicalement le second argument de
l’auteur, si j'avais pu admettre le premier; mais , séparé
de celui-ci, il me paraît sans valeur.
Les autres parties du mémoire de M. Meerens étant de
la compétence exclusive de la classe des beaux-arts, je
crois pouvoir me borner aux observations qui précèdent,
et j'adhère aux conclusions du rapport présenté par le
premier commissaire. »
Conformément aux conclusions de ses commissaires , la
classe a décidé le dépôt aux archives du travail de M. Mee-
rens.
Recherches sur les minéraux belges, 3° notice; par
MM. L.-L. de Koninck et P. Davreux.
Rapport de M, G. Dewalque.
« MM. de Koninck fils et P. Davreux s'occupent d'abord
de l'étude des grenats qu’ils ont rencontrés dans un phyl-
lade des environs de Vieilsalm et qui ont été mis sous les
~ -yeux de l’Académie dans une de nos précédentes séances.
D'après l'analyse des auteurs, ils se rapportent au type
spessartine de Beudant mieux qu'aucun grenat analysé.
Passant à l'examen de la roche qui renferme ces mine-
raux, les auteurs la rapportent au micaschiste : cela peut
être exact au point de vue chimique, mais les caractères
extérieurs la rapprochent des stéaschistes. Ils ont eu l'obli-
geance de m'en montrer des échantillons , et je whésite pas
.
Ld
(34)
à y reconnaitre le tale indiqué par nos anciens minéralo-
gistes dans cette région. D’après leur analyse, elle se rap-
porte parfaitement à une sorte de mica hydraté que M. De-
lesse a fait connaître sous le nom de damourite.
Cette roche renferme quelques paillettes auxquelles les
auteurs ont trouvé la même composition, et qu’ils préten-
dent avoir tous les caractères des micas. Je désirerais les
voir développer cette assertion , tant par l'indication de la
flexibilité et de l'élasticité de ces lamelles, que par celle
e leurs caractères pyrognostiques.
La découverte de la damourite associée au grenat amène
les auteurs à se demander si hos phyllades ardennais (ou
du moins certains d’entre eux) ne seraient pas essentiel-
lement formés de cette espèce minérale, au lieu d’être
à base de pyrophyllite, comme Dumont l’a énoncé, mais
sans en donner aucune raison. Je ferai remarquer à ce
sujet que les analyses de M. Sauvage ont assigné une autre
Composition à certains phyllades de l’Ardenne francaise.
D'un autre côté, M. R. List a trouvé, dans des phyllades
analogues du Taunus, un minéral voisin de la damourite
et appelé par lui séricite; d'où le nom de Sericitschiefer
donné par certains auteurs allemands aux phyllades en
question. A en juger par les caractères extérieurs, jy
rapporterais volontiers certaines roches des bords de la
euse, notamment quelques-unes de celles que Dumont
considérait comme éruptives, par exemple, son albite phyl-
ladifère de Revin.
roche à grenats se rencontre dans des travaux faits,
il ya quelques années, pour la recherche de mines de
éuivre, Les auteurs y ont trouvé de la chalcosite, de la
malachite, du phosphate et du sous-sulfate de cuivre. La
malachite proviendrait, à leur avis, de l’altération du
La
( 342 )
phosphate, qui prédomine. Dans un filon quartzeux qui
„se retrouve au même endroit, ils ont rencontré, avec la
malachite et la libéthénite, la pseudo-malachite ou hypo-
léime de Beudant, qui n’avait pas encore été signalée dans
notre pays. |
En résumé, la note de MM. L.-L. de Koninck et P. Da-
vreux sera lue avec beaucoup d'intérêt par les minéralo-
gistes ; et je me fais un plaisir d'en proposer l'insertion au
Bulletin de nos séances. »
M. Donny, chargé également d'examiner cette note, s’est
déclaré incompétent à ce sujet et a signalé à la classe que
les conclusions de M. Dewalque étaient suffisantes pour
prendre une décision.
Ces conclusions, en conséquence, ont été adoptées.
— M. Gluge, commissaire pour une note de M. Éd. Ro-
bin sur les moyens de rendre la vieillesse plus saine, pro-
pose le dépôt de cafte pièce aux archives. — Adopté.
me
L2
NRTA
ICATIONS ET LECTURES.
` Note complémentaire sur Paurore boréale du 4 février
1872, communiquée par M. Ad. Quetelet, secrétaire
perpétuel de Académie.
La classe des sciences a.bien voulu voter l'impression,
dans les Bulletins, d’une note de mon fils sur l'aurore +
boréale du 4 février dernier, ainsi que la publication des
| CHS )
Communications qui m'ont été faites à ce sujet de divers
points du pays.
Voici de nouvelles observations sur ce phénomène, que
me transmet M. D. Leclereq, directeur honoraire de l’École
industrielle de Liége. |
« Ce qui m'a le plus frappé, m’éerit M. Leclercq, c'est
la manière différente dont l'aurore s'est manifestée dans
les diverses localités où elle a été signalée.
> À Liége, l'évolution du phénomène s'est faite avec
régularité; deux nappes chacune avec un cortége plus ou
moins nombreux d’amas irréguliers et colorés, ont passé
par deux phases différentes; à Bruxelles une seule nappe
parabolique regardant du côté de l'ouest, puis des mani-
festations très-accidentées; à Paris, le fragment d’une
nappe australe se dirigeant vers le SE., et laissant échap-
per de son segment supérieur des rayonnements vers le
NE., puis, après son extinction, des manifestations telle-
ment saccadées qu’il a été impossible de les faire con-
naître.
» Dans le Luxembourg, d’un côté de la ligne E-0. une
belle nappe , de l'autre des éléments d’une seconde nappe.
.» A Constantinople, c’est à 10 heures du soir que l'au-
rore s'est montrée, c'est-à-dire vers 8 '/2 heures de notre
te
» À Odessa, une belle nappe formée par des faisceaux
lumineux partant d’un point central au delà du zénith et
venant s'arrêter à la convexité d’un are lumineux, qui
S'appuyait à l'horizon en se reposant sur un segment très-
obscur et d'une amplitude de 420° environ.
» A lile Maurice, le phénomène a duré depuis 9 heures
du soir jusqu'à 1 heure du matin, c'est-à-dire depuis 4
heures jusqu’à 8 heures de notre temps en nombres ronds.
2° SÉRIE, TOME XXXII. 21
=
( 344 )
» Ces différences d’aspeet et de temps ne sont-ils pas
des indices, sinon une preuve, que ce nest pas le même
phénomène dont, à exception des pays scandinaves , on
a fait observation dans toute l’Europe centrale, la Russie
d'Asie, et même aux Indes, mais bien les diverses mani-
festations d’un certain état atmosphérique qui s'étendait
sur toutes ces régions ?
» Ces phénomènes de l'aurore ne sont-ils pas accom-
pagnés souvent d'éclairs, de la chute de petits cristaux de
glace très-fusible, parfois d’un certain bruissement comme
dansles pays du Nord? N’agissent-ils pas, comme lesorages,
sur les barreaux aimantés, sur les fils électriques au point
d'interrompre les communications télégraphiques? Si l'on
ne peut nier qu’ils soient de l'ordre électrique, on peut aussi
affirmer qu’ils sont des orages puisqu'ils en présentént les
principaux caractères, mais aussi des orages d’une nature
particulière, et qu'ils doivent se former dans les régions
atmosphériques où les nuages peuvent se produire. Les
plaques dites magnétiques qu'ils font apparaître ont l'as-
pect, comme on l'a observé à Liége, de la glace spon-
gieuse, seulement elle est colorée de violet cendré ou d'une
couleur semblable à celle d’un objet en ignition qui Ya
s'éteindre; et quand elles ne se résolvent pas compléte-
ment, elles se réduisent en plaques très-laiteuses ou d'un
noir très-foncé. ;
» Ces orages à fulgurations lentes et très-colorées doi-
vent avoir,comme les orages ordinaires, des manifestations
secondaires très-saccadées ;et quand ils ont de très-grandes
étendues, ces effets doivent varier d’une localité à l'autre,
parce que l’état atmosphérique ne peut pas être partout le
même , ni ce pos les produit avoir de toutes parts la même
homogénéi
RE nde
PPT PP ON ONE SEINE PER EEE
( 315 )
» Le 29 février, par une pression de 753"®, une tempé-
rature de 7°,8, un ciel parsemé de cirrhus, de cumulus et
de Cumulo-stratus, nous avons eu vers 7 !/4 heures du soir
des amas d’un beau rouge vif, disposés irrégulièrement
de chaque côté de la ligne de E.-0.; une belle plaque d’un
rouge de feu des plus vifs et de forme elliptique se trou-
vait du côté du midi, à une hauteur de 80° environ , sur
la ligne S.-N., plus vers VE. que vers l'O. ; elle avait à l'œil
nu 12 mètres environ de largeur; à 7 h. 45 m. tout avait
cessé, L'irrégularité de la disposition des amas colorés pro-
venaitelle du nombre considérable des nuages qui traver-
saient continuellement le ciel ‚ou des forts vents SO/SSO.
Qui régnaient ce jour, ou des uns et des âutres? La ques-
“lion est difficile à résoudre.
» Le {er mars, des aurores boréales ont été aperçues
en Angleterre, en Suède, et même en Italie; rien n’a été
observé ce jour à Liége, parce que le ciel est resté conli-
nuellement couvert de stratus et de nimbus.
» Le 5, par 764%",63, 10°,9, des cirrhus et des cirrho-
Stratus, nous avons eu à Liége des amas d'un beau rouge
très-vif; le ciel en était tapissé; au NNE., six faisceaux
colorés partant d’un même point de l'horizon, et s'élevant
en divergeant vers le ciel, avaient une couleur miroitante
d’un rouge jaunâtre. Près du zénith, une belle bande d'un
blanc jaunâtre à bord d’un jaune d’or, composée de plu-
sieurs bandes de eirrhus, se tournait vers le N. en affectant
la forme parabolique; le sommet était du côté de l'O. et à
Peu de distance du zénith; ce phénomène a duré une demi-
heure, de 6 à 6 1 |2 heures du soir, puis il a complétement
disparu , en rendant le ciel des plus sereins. ;
» Le matin, vers 6 heures, nous avons eu le même
Énomène , mais avec des manifestations en sens inverse;
( 516 )
l'écharpe blanche était tournée vers le S. et le sommet de
sa parabole du côté de VESE., à peu de distance du zénith;
à 6 '/2 heures tout avait cessé et le ciel se trouvait sans
nuages.
» Le 8, à 9 heures du soir, des éclairs à pleins nuages
et à traits de Jupiter sillonnaient le ciel du côté de l'E; à
11 heures et pendant une demi-heure on a observé des
amas d’un beau rouge; il y en avait de part et d’aatre de
la ligne E.-0., mais disposés irrégulièrement et à une cer-
taine distance du zénith. Le même jour, vers 5 heures du
soir, le ciel prit, du côté du soleil couchant et par suite des
nuages, une teinte d'un beau jaune qui verdissait tous
les objets et surtout la végétation. Le ciel n'avait pas cessé
de contenir des cirrhus avec toutes leurs variétés.
» Le 9, vers 11 heures du soir et pendant une bonne
demi-heure, nous avons eu encore des plaques aurorales
assez près du zénith tant au midi qu’au nord ; elles étaient
d'un rouge très-vif tirant sur le jaune. »
Sur la découverte d’un Homard fossile dans l'argile de
Rupelmonde; par M. P.-J. Van Beneden, membre de
,
l’Académie.
Depuis longtemps on avait signalé dans la mer rupe-
lienne, qui a déposé l'argile dont on fait les briques du Bra-
bant, des mollusques acéphales , parmi lesquels se trouve
toujours en abondance Ja Leda Deshaysiana, des gastero-
podes et des dents de Squales. Dans ces derniers temps,
nous avons fait connaître parmi les animaux qui hantaient
ces eaux, plusieurs débris de Chélonées, un Sirénoïde et
( 317 )
des oiseaux palmipèdes et échassiers; aujourd’hui, nous
faisons part à la classe de la découverte d’un crustacé
décapode, voisin du Homard, mais qui surpasse , en taille,
les plus grandes espèces de décapode de nos côtes.
M. le docteur Percy, un de mes anciens élèves, faisant
naguère ses visites dans les environs de Rupelmonde,
trouva, sur le bord de la grand'route, au milieu d'un tas
de pierres abandonnées, des fragments de Septaria, dans
lesquels il reconnut un corps d’une forme singulière, qui
ne lui paraissait aucunement être un jeu de la nature.
Après un court examen , il ne lui fut pas difficile de dis-
tinguer un animal, et il se mit à l'œuvre pour rassembler
tout ce qui pouvait y être rapporté. I apprit bientôt par
les Ouvriers, que le fragment n’était qu'un morceau d’un
grand Septaria abandonné dans lequel toute la bête s'était
trouvée enfermée. Le reste était dispersé.
Cette pièce fut bientôt généreusement remise entre les
mains de mon ami le docteur Van Raemdonk, qui s'em-
pressa de me la communiquer.
On sait que très-souvent on trouve dans ces Septaria
des débris d'animaux fossiles, dont ceux-ci semblent même,
le plus souvent, former le noyau ; C'est dans un de ces blocs
que notre savant confrère M. de Koninck a découvert, il y
à une trentaine d'années, le premier Nautilus zigzag que
l'on a trouvé depuis si abondamment à Edeghem..
L'animal que nous avons l'honneur de faire connaître
est, croyons-nous, le premier crustacé que l’on signale
dans cette argile rupelienne.
De tout le corps il ne reste que la première paire de
pattes; les quelques fragments qui l'accompagnaient en-
core ne présentent aucun caractère qui permette de les
reconnaitre. :
( 518 )
Cette patte a 40 centimètres de longueur et la grosseur
est parfaitement én rapport avec la longueur. Il reste
encore suffisamment de tégument pour juger des carac-
tères que l'animal offrait à l'extérieur. La surface en est
rugueuse et fort irrégulière, mais on ne trouve pas d'émi-
nences que l’on pourrait comparer à des épines.
Les divers articles qui composent cette première patte
sont en place et s'adaptent parfaitement les unes aux
autres. Ces articles ressemblent tous à ceux qui leur cor- *
respondent dans les Homards qui vivent encore actuelle-
ment; seulement, ils sont tous un peu plus massifs, ceux
de la base particulièrement.
- Le dactylopodite est parfaitement distinct et son arti-
culation avec le propodite ressemble complétement à celle
du Homard actuel. Le test, dans les deux derniers articles,
a 6 millimètres d'épaisseur. Les apodèmes ne sont pas
visibles. k
Le propodite, ou la pièce la plus importante de tout cet
appendice, a la forme ordinaire de cet article; en haut,
il se termine en bec et sa face interne, qui regarde le dac-
tylopodite, est couverte aussi de tubercules solides qüi font
l'effet de dents.
Le carpopodite est presque aussi large que long, ét, con-
trairement à ce qui se voit dans les Astaciens vivants, il est
aussi large à sa base qu’au milieu. La patte, par là , devient
fort massive, et les mouvements doivent être beaucoup
moins libres. L’articulation est, en même temps, beau-
coup moins oblique dans l'espèce fossile que dans l'espéce
vivante. |
Le méropodite est celui de tous les articles qui diffère
le plus; il est un peu plus large que long, et sa surface
articulaire, en haut avec le carpopodite, est oblique de
( 39 )
dedans en dehors et d'arrière en avant, tandis qu’en arrière
avec l’ischiopodite , elle est oblique de dedans en dehors,
mais d'avant en arrière, Dans les Astaciens vivants, celle
pièce est fort étroite à la base et presque toute sa surface
interne se ramollit à l’époque de la mue, pour laisser passer
la masse charnue de la pince. On ne voit rien de semblable
dans le Homard fossile, et il y a lieu de se demander si ce
phénomène s’accomplissait encore de la même manière chez
lui. Les Homards qui ont atteint tout leur développement
ne doivent évidemment plus changer de robe, et la mue
doit être considérée comme un phénomène qui indique le
jeune âge de l'animal.
L'ischiopodite est comparativement fort développé, et,
comme dans les pièces précédentes, ses surfaces articu-
laires sont coupées aussi beaucoup moins obliquement.
Les autres pièces manquent.
On sait que. les Homards ont toujours les deux pattes
antérieures dissemblables, dont lune est toujours plus
massive , l’autre plus effilée et plus délicate; la plus massive
est ordinairement celle de droite. Cette dissemblance dans
les deux pinces est, comme on sait, une anomalie qui se
reproduit dans un grand nombre de crustacés décapodes.
La patte que nous avons sous les yeux est, pensons-
nous, celle de droite, c'est la forte; il est à supposer que
dans ces crustacés fossiles cette différence existait déjà.
. La pince et le corps ensemble n'avaient pas moins de
80 centimètres de longueur; c'est une plus forte dimension
que celle que l'on accorde généralement, aux plus grands
Homards des temps actuels, même les Homards américains
qui atteignent la taille la plus considérable, puisqu'il n'est
pas rare d'en trouver, dit-on, du poids de douze dbi oen
_ livres.
( 320 )
En Europe, on leur fait aujourd’hui une chasse trop
active pour qu’ils puissent atteindre encore tout leur déve-
loppement; car il est à remarquer que ces crustacés, comme
les poissons, en général, croissent plus ou moins pendant
toute la vie, et, contrairement à ce que l’on voit dans les
autres articulés, ils se reproduisent avant qu'ils aient atteint
leur développement complet. On trouve déjà des œufs sur
des Homards et des Langoustes qui n’ont pas la moitié de
leur croissance.
N'ayant ni carapace, ni antenne, ni pièces de la queue,
et moins encore des pièces de la bouche, peut-on déter-
miner la famille et le genre auxquels cet animal appartient?
Nous n’hésitons pas à répondre que oui : la première paire
de pattes suffit pour reconnaître en elle un Brachyure, et
il n’est personne qui ne reconnaisse, dans la pince que nous
faisons figurer, un crustacé décapode voisin du Homard.
Mais cet Astacien, à quel genre faut-il le rapporter ? Ici,
les bonnes raisons manquent pour en faire un genre nou-
veau, comme pour en faire un Palæastacus ou un Hoplo-
paria, et nous placerons notre décapode fossile dans le
genre vivant des Homards sous le nom de
HOMARUS PERCYI.
Comme nous venons de le voir, ce crustacé décapode
provient des couches d'argile de Rupelmonde, que Dumont
a désigné sous le nom de rupelien supérieur, où il se trou-
vait tout entier dans un Septaria.
Les crustacés macroures ont paru avant les brachyures
dans les terrains secondaires et ont continué ainsi à vivre
à travers l’époque miocæne jusque dans les temps actuels,
_ Sans Changer sensiblement de forme.
#
|
|
|
i
|
l
|
en
L/
e l'Acad. 2° serie t. XX)
Homarus perevr.
|
|
|
( 321 )
Ily a plusieurs localités célèbres par les débris de déca-
podes, et, dans le nombre, nous pouvons citer l’île de
Sheppey, où l'argile dite de Londres, que l’on a longtemps
confondue avec l'argile de Boom, renferme cinq crustacés
macroures , trois anomoures et neuf brachyures.
Nous avons fait mention de ce décapode du rupelien
dans un rapport imprimé dans l'Annuaire de l’Université
catholique de Louvain de 1868.
La planche qui accompagne celle notice représente la
Patte de grandeur naturelle.
Sur une nouvelle boussole magnélique ou plulòt électro-
magnétique, son importance dans les observations ma-
gnétiques et surtout dans celles faites sur mer, par
M. Gloesener, membre de l’Académie.
1. Description. — Cette boussole se compose d’une pile
à Courant constant et d’un électro-aimant de 7 à 8 centi-
mètres de longueur, dont le noyau de fer doux a 1 centi-
mètre de diamètre. Cet électro-aimant est muni de plu-
sieurs couches de fil de cuivre d’un millimètre de diamètre
et bien isolé de soie. | E |
Les bouts du fil sont terminés par deux fils de platine
Courts et gros plongeant chacun dans un godet en fer
Profond et contenant du mercure. Les godets sont concen-
wiques, bien isolés l’un de l'autre et supportés par deux
Colonnes en laiton verticales passant l’une par le milieu
creux de l’autre et parfaitement isolée d'elle. Ces colonnes
rattachées à Ja pile ferment le circuit du courant dans
‘éleetro-aimant.
(32)
L'électro-aimant est suspendu à l’aide d’un faisceau de
fil de soie flasque à une colonne verticale au-dessus des
godets dans lesquels plongent les extrémités du fil de
l'électro-aimant sans qu’elles en touchent le fond, de ma-,
nière que l’électro-aimant puisse se mouvoir librement.
Importance. — On sait que la foudre et les aurores
boréales influent souvent sur les boussoles aimantées et
que cette influence a pour effet : 1° de diminuer l'intensité
du magnétisme des aiguilles;"ou 2° de leur faire perdre
même tout leur magnétisme et de rendre quelquefois leur
-réaimantation fort difficile ou impossible, ou enfin 3° d'in-
verser leurs pôles. : :
Or, des observations positives ont prouvé que les per-
turbations éprouvées par les aiguilles et que je viens dë
signaler dans les numéros 1°, 2 et 3°, occasionnent des
accidents et souvent des malheurs d’une gravité extrème.
Si les boussoles ont perdu tout leur magnétisme, elles
restent immobiles dans toutes les positions où elles sont
placées et ne sont d'aucune utilité pour l'observateur ; mais
elles l’induisent en erreur, s’il ignore qu'elles ont perdu
leur vertu magnétique. à
Quand le magnétisme des boùssoles n’est que plus ou.
moins altéré , elles présentent des déviations fausses, ex-
traordinaires par rapport au méridien magnétique et ee
terminent le capitaine d’un navire, par exemple, qui na
aucune indication pour se guider, à suivre une direction
toute différente de celle qu’il veut suivre.
Enfin si les pôles sont renversés et que le commandant
d'un navire les croie dans leur état naturel, il dirigera S0"
bâtiment vers le nord en voulant le faire marcher vers le
midi ou réciproquement.
Or, par suite de fausses indications des boussoles, les
( 325 )
observations des physiciens deviennent inexactes, et les
commandants des navires, croyant suivre une route diamé-
tralement opposée à celle qu’ils doivent suivre, courent
aussi de grands dangers, surtout par un temps couvert ou
brumeux et se perdent même quelquefois sur des écueits
au moment où ils croient s’en éloigner.
L'histoire de la navigation constate que de pareils acci-
dents ne sont pas rares.
Il me semble qu’en observant sur les navires et partout
où il y a lieu, à côté des boussoles magnétiques, une bous-
sole électro-magnétique, on pourrait éviter les aceidents
dont il est question ci-dessus. En effet, le courant continu
animant l’électro-aimant d’une manière permanente, em-
pécherait ou paralyserait l'influence de la foudre ou d'une
aurore boréale, et dans le cas où cette influence pourrait
aimanter le noyau de fer plus énergiquement que le cou-
rant et développer un magnétisme contraire à celui que
produit le courant , immédiatement après que Faction per-
lurbatrice a été produite, le courant, continuant d'agir
Seul, réaimanterait de nouveau l'électro-aimant d'une
manière régulière. De plus, connaissant le pôle positif de
la pile, l'observateur connaîtra la direction du courant dans
la bobine, et en appliquant la règle établie par M. Ampère,
il saura que le pôle de l'éleetro-aimant, qui tourne vers la
gauche de l'observateur, sera le pôle austral marqué par Ja
lettre N. Par conséquent l’observateur aura toujours en
SON pouvoir le moyen de s'orienter, et, par suite, de con-
naître si les indications des boussoles sont bonnes ou mau-
vaises.
( 326 )
composition des grenats du Spessart, qui ont cependant
servi de type à Beudant pour créer la variété, s'éloigne
plus de la formule que celle des greriats de Salm-Château.
La roche qui renferme ces derniers semble, à première
vue, posséder assez de- rapports avec celle dans laquelle
on trouve l’ottrélite en grandes paillettes aux environs de
Lierneux, et que Dumont considérait comme du phyllade
passant à la pyrophyllite; elle paraît néanmoins avoir été
soumise à une action métamorphique plus intense. Sa ene
ture, qui varie un peu d'un point à un autre, est en général
grossièrement feuilletée et rappelle celle de certains mica-
schistes.
La roche est tendre et se laisse facilement rayer par
l'ongle; elle est douce au toucher, d'un gris pâle ou d'un
blanc verdâtre, translucide et d'apparence talqueuse; elle
renferme, outre les grenats, quelques rares paillettes
_'ottrélite. Nous avons voulu en connaître la composition
et, pour les essais auxquels nous l'avons soumise, nous
avons choisi les parties les plus pures, celles qui étaient
complétement translucides. Sa densité est 2.842. Sa com-
position est la suivante : `
H? 0 . 4,69
SiO* . 46,04
AR OS . 34,74
Fe? 05 . oaf
Fe 0. ea 0,7!
eo o o A
Mg0, Mn0, N20. . . Se Maces.
100,25
En traitant par l'acide sulfurique concentré une partie
de roche finement pulvérisée, 35 p. %, de celle-ci ont été
( 327 )
attaqués. En dosant l’alumine et oxyde ferrique dans la
partie dissoute et dans la partie indécomposée, nous les
avons trouvés exactement dans le même rapport.
D'après ces résultats, on peut admettre que la roche est ,
composée d’une seule et même espèce minérale, qui n’est
autre chose que la damourite , c’est-à-dire une variété de
mica hydraté à base de potasse, dont la formule brute est :
K?0, 3APO5, 6Si0?, 2H°0;
en effet, les rapports atomiques déduits de l 'analyse sont :
H? 0O 2,04
SiO 6,00
AROS . 2, i
Fe? 05 . 0,12 | 2,76
0 0,09
K0 0,96 | 105
À l’appui de notre manière de voir, nous ferons observer
que nous avons constaté, dans des parties de la roche voi-
sine de celle dont nous nous oceupons, la présence de
lamelles atteignant un centimètre de côté et offrant les
Caractères généraux des micas, tels que la transparence et
la flexibilité ; jointe à une certaine élasticité. Elles sont fusi-
bles en émail blanc, mais très-difficilement, et seulement
sur les bords. L'analyse de ces lamelles nous a donné :
Wo... 495
sio keere D OAI MER
AIS OS: er ee RR
F0 ae 5,95
K*0 par différ. - - - - 9,89
MeO Se = traces.
100,00
La quantité de ‘ce mica que nous avions à notre dispo-
+
( 528 )
sition était trop faible pour nous permettre d’y. doser la
potasse, dont nous avons cependant pu constater netie-
ment la présence.
La concordance des résultats obtenus avec ceux fournis
par l'analyse de la roche, nous paraît suffisante pour
admettre l'identité des deux substances. i
En présence de l'existence dans. le terrain ardennais
d’une roche composée exclusivement de mica, nous nous
sommes demandé si les phyllades (ou au moins certains
phyllades) que Dumont considérait comme formés de
pyrophyllite, ne renfermeraient pas plutôt, comme élé-
ment principal, une variété de mica hydraté telle que la
damourite, ou toute autre analogue. Cette idée, qui ne
repose sur aucun fait suffisamment établi pour que nous
l'émettions autrement que sous forme dubitative, nous à
été suggérée par cette autre, que notre roche grenatifère
ne serait que du phyllade dont les matières étrangères, et
notamment les oxydes métalliques, auraient été élimin
sous forme de grenat, par voie de cristallisation , sous l'in-
fluence d'actions métamorphiques.
Nous n’avons pu observer la roche grenatifère que dans
une petite tranchée creusée sur le flanc et à mi-côte de la
montagne qui domine Salm-Château , sur la rive droite de
a Salm, de manière que nous ne pouvons rien préciser
quant à son allure; elle forme une zone peu épaisse, qu'
nous a paru dirigée de l’est à l’ouest et dont l’inclinaison,
qui se rapproche de 90°, semble en rapport avee celle des
filons quartzeux qui se trouvent dans son voisinage.
A tranchée dont nous venons de parler fait partie de
travaux de recherches exécutés il y a quelques années et
abandonnés actuellement. Le minerai qui y a donné lieu
consiste en phyllade grossier imprégné de chalcocite, de
( 329 )
_ malachite, de phosphate de cuivre et d’une petite quantité
de sous-sulfate de ce métal, semblable à celui que l’un de
nous à découvert sur la bornite de Vieil-Salm (1), et qui
provient probablement de l'oxydation du sulfure. La
richesse en métal des échantillons de choix peut attein-
dre 45 p. 9. |
L'état de division extrême dans lequel la chalcocite se
trouve dispersèe dans la roche, ne nous a pas permis de
l'isoler ; afin d'en constater l'identité, nous avons dû nous
borner à faire un dosage relatif du cuivre et du soufre dans
3 échantillon exempt de minerais oxydés. Nous avons
Obtenu :
GRAMMES. RAPP. AT.
Che un cie OMS, 108
a spi ir a
La chalcocite se présente en petites lamelles noirâtres
qui se distinguent facilement de Poligiste par leur éclat
beaucoup moins vif ; ces lamelles sont irrégulièrement dis-
Séminées dans la roche, et quelquefois réunies de manière
à former des enduits assez étendus, mais très-minces.
- Les parties de roche imprégnées de minerais oxydés
font légèrement effervescence avec l'acide nitrique, et la
Solution ainsi obtenue renferme une forte proportion
d'acide phosphorique dont la présence est facile à recon-
naître à l’aide des réactifs ordinaires. Le phosphate paraît
One dominer, et la malachite pourrait n'être que le pro-
duit de son altération sous l'influence de l'acide carbo-
nique de l’atmosphère; en effet, dans les échantillons de
EE
(1) Bulletins de l Acad. roy. de Belgique , 2me série, t. XXXII, p. 290.
° SÉRIE, TOME XXXIII. 22
( 330 )
minerai restés longtemps exposés aux intempéries de l'air,
les parties cuprifères deviennent pulvérulentes, tandis que,
dans ceux que nous avons détachés nous-mêmes de la
roche, elles ne se présentent jamais sous cet aspect.
A côté des roches cuprifères et grenatifères, se trouve
un filon de quartz dans les débris duquel nous avons pu
recueillir un assez grand nombre d'échantillons de mala-
chite fibro-radiée, de libethénite facilement reconnaissable
à sa couleur vert-olive et à la forme octaédrique de ses
- cristaux, et enfin d’un second phosphate de cuivre non
encore indiqué en Belgique, la pseudomalachite ou
ypoléime. La quantité de ce dernier étant trop faible pour
en faire l’analyse quantitative, nous avons dû nous Con-
tenter d'y constater la présence de l'acide phosphorique
_et de le comparer, au point de vue de ses propriétés exte-
rieures , à des échantillons de pseudomalachite parfaite-
ment définis , provenant de Libethen et de Nigni-Tagilsk ,
avec lesquels il présente une parfaite identité de forme el
de couleur.
C'est à la pseudomalachite et non à la libethénite, que
nous croyons devoir rapporter le phosphate qui imprégné
le phyllade.
Zin
(351)
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 8 avril 1872.
M. P. De Decker, directeur.
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Ch. Steur, Grandgagnage, J. Roulez,
S. Van de Weyer, Gachard, Paul Devaux, F.-A. Snellaert,
J.-J. Haus, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove,
Chalon, Thonissen, Th. Juste, G. Guillaume, Félix Nève,
Alph. Wauters, H. Conscience, membres; J. Nolet de Brau-
Were Van Steeland, Aug. Scheler, associés ; Ém. de Borch-
grave, Correspondant. >
+ L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts,
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. le directeur remercie M. Van de Weyer du souvenir
qu'il a conservé de ses confrères, en venant prendre place
Parmi eux à la séance de ce jour. Il lui exprime le désir,
au nom de toute la Compagnie, de le voir assister au jubilé. .
« M. Van de Weyer, a ajouté M. De Decker, a réorganisé
l'Académie comme Ministre de l’intérieur; il a droit, par
Conséquent, à une plase d'honneur parmi nous. :
( 352 )
M. Van de Weyer, en remerciant ses confrères, a répondu
qu’il était touché des paroles qu'il venait d'entendre. Si sa
santé le lui permet, il viendra d'Angleterre , où il réside ,
pour avoir le plaisir d'assister à la solennité. Il assure ses-
confrères qu’il a conservé pour eux les plus vifs senti-
ments d'amitié et ajoute que rien de ce qu'ils publient ne
lui échappe.
: g I 4°
De
pp ts ont accueilli les paroles de l’hono-
rable membre.
— La classe apprend, avec un profond sentiment de
regret, la perte qu’elle vient de faire de l’un de ses mem-
bres titulaires, M. Mathieu-Lambert Polain, décédé à
Liége le 4 avril, à l’âge de 64 ans.
_M. le directeur s'était proposé d'aller rendre au défunt,
lors des funérailles, le dernier témoignage de confra ternité,
mais il n’a pu y donner suite en présence de la volonté
formelle de M. Polain de voir célébrer ses” obsèques sans
caractère officiel. Les membres de la classe habitant Liége
ont été priés de prendre part, au nom de l’Académie , aux
funérailles. 8
M. le secrétaire perpétuel s'était empressé, lors de l'an-
nonce de ce douleureux événement, d'adresser à la famille
du défunt les condoléances de la Compagnie: |
— La classe reçoit également connaissance de la mort
de Fun de ses correspondants, M. Constant-Philippe Ser-
rure , décédé à Moortzeele, près de Gand „le 6 avril, à l'age
de 66 ans et 7 mois. Les condoléances de l'Académie ont
été exprimées à la famille du défunt.
- — Une lettre du Palais annonce que Sa Majesté à lin-
miia
.
|
|
( 335 )
tention d'assister aux fêtes jubilaires de l’Académie , qui
auront lieu les 28 et 29 mai prochain.
La classe a reçu avec d'autant plus de plaisir cette an-
nonce, que Sa Majesté est l’ Auguste Protecteur de la Com-
< pagnie.
Il a été donné lecture, en même temps, des réponses
reçues déjà de la part de divers associés et de plusieurs
académies, aux invitations qui leur avaient été adressées
pour ce jubilé.
— M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition
de l'arrêté royal du 27 février 4872, qui ouvre un con-
cours pour la collation du legs de 10,000 francs institué à
perpétuité par le docteur Guinard, et destiné à être remis,
tous les cinq ans, à l’auteur du meilleur ouvrage ou de la
meilleure invention tendant à améliorer la position maté-
rielle ou intellectuelle de la classe ouvrière en général, et
Sans distinction. j
Conformément à Particle 3 de cet arrêté, la classe a
désigné, comme l’a fait la classe des sciences, cing mem-
bres pour être inscrits sur la liste double de candidats à
Proposer au Roi.
— M.G. Nypels adresse, à titre d'hommage , les 4° et
9° livraisons du tome I° de son Commentaire du Code
pénal belge.
M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir, pour la biblio-
thèque, un exemplaire du mémoire de M. Vital Decoster,
Couronné par le jury universitaire de 1870-1871. Ce travail
avait été envoyé en réponse à la question de philosophie.
L'administration communale de Bruges offre un exem-
plaire du 4° volume de l’Inventaire général des-archives
de cette ville. : |
`
( 354 )
La commission impériale archéologique de Saint-Péters-
bourg, en accusant réception du dernier envoi de publi-
cations académiques, a transmis le compte rendu de ses
travaux pour l’année 1869.
Remerciments pour ces différents dons.
— La Société havraise d’études diverses communique
son programme de concours pour 1872.
„a
RAPPORTS.
La classe a entendu la lecture des rapports de MM. De `
Smet, Snellaert et Conscience sur une note rectificative, `
par M. De Potter, à son travail sur le liéu de décès de
Philippe Van Artevelde, travail dont l'impression a été
ordonnée en séance du 6 novembre dernier.
La classe a adopté les conclusions de ces rapports et à
décidé que l’auteur serait prié de refaire son travail, en
ayant égard à quelques inexactitudes qui lui ont été in-
' diquées.
— MM. Steur et de Borchgrave donnent ensuite lecture
de leurs rapports sur le travail de M. Varenbergh, intitulé:
Un voyage au treizième siècle.
Selon les conclusions de ces rapports, dont l'impression
n'aura pas lieu, l’auteur sera remis en possession de son
manuscrit, afin d'y comprendre le texte primitif qui a fait
l'objet de ce travail. Un nouvel examen de la notice aura
ultérieurement lieu. ` |
er
( 335 )
CONCOURS DE 1872.
MM. le baron Kervyn, De Smet et Wauters ont donné
lecture de leurs rapports sur les deux mémoires de con-
cours de cette année en réponse à la question concer-
nant le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas.
Ces rapports seront appréciés dans la prochaine séance,
époque fixée par le règlement pour le jugement du con-
cours.
ÉLECTIONS.
Conformément au règlement, la classe s’est occupée, en
comité secret, des candidatures supplémentaires à la liste
de présentation pour les prochaines élections, dressée lors
de la dernière réunion et communiquée, sous forme de
circulaire, à tous les membres.
Après différentes considérations échangées sur les pré-
sentations déjà faites, deux candidatures supplémentaires
ont été admises.
( 336 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 4 avril 1872.
M. Év. Féris, directeur.
+ M. Ap. Quereer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Gallait, G. Geefs, A. Van Has-
selt, Jos. Geefs, Ferdinand De Braekeleer, C.-A. Fraikin,
Edm. De Busscher, J. Portaels, Alph. Balat, Aug. Payen,
le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man,
Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, A. Robert,
Ch. Bosselet, le baron Limnander, membres ; Éd. De Biefve,
correspondant.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’intérieur annonce que la salle du
Palais-Ducal sera mise à la disposition de l’Académie les
28 et 29 mai prochain, pour la célébration du jubilé.
— La direction de l’Académie royale des beaux-arts de
Berlin envoie des programmes de son exposition qui s'ou-
vrira le 4° septembre de cette année.
— La classe reçoit communication des lettres parve-
nues, jusqu’à ce jour, de quelques-uns de ses associés el
de diverses sociétés savantes, en réponse aux invitations
pour le jubilé.
( 337 )
— M. Éd. Fétis remet la continuation de son rapport
général sur les travaux de la classe, destiné à paraître
dans le Livre commémoratif, et annonce la fin prochaine
de son travail. — Ces feuillets seront immédiatement
donnés à l'imprimeur.
M. le secrétaire perpétuel a saisi cette occasion pour
informer la classe que toutes les dispositions prises, tant
pour l'impression des rapports que pour les préparatifs du
jubilé, marchent avec ensemble. |
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
|
|
|
M. Éd. Fétis annonce que la commission pour l'édifica-
tion d'un local destiné aux expositions triennales des
beaux-arts a l'honneur de déposer les plans qu’elle a arrê-
tés; la commission l'a chargé, en même temps, de donner
lecture du rapport suivant qui doit accompagner ces plans,
et dont communication devra être faite à M. le Ministre
de l’intérieur.
- Des remerciments sont votés à la commission et la classe
décide l'impression du rapport au Bulletin, avec les plans
réduits.
Il est décidé également que la commission restera con-
Stituée, afin d’être à même de fournir à M. le Ministre de
l'intérieur, qui sera mis au plus tôt en possession du rap-
Port, les explications que ce haut fonctionnaire croirait
encore nécessaires.
( 358 )
PROJET DE LOCAL POUR LES EXPOSITIONS TRIENNALES.
Ainsi que l’a fait remarquer M. Gallait, lorsqu'il a saisi
la classe des beaux-arts du projet de construction d'un
local pour les expositions triennales , l'Académie ne doit
pas s'occuper exclusivement des choses du passé. Elle
remplit aussi sa mission; elle la remplit noblement et utile-
ment en témoignant sa sollicitude pour les intérêts de
l’art et des artistes. Son rôle ne consiste pas uniquement
à donner des avis au gouvernement lorsqu’elle est consul-
tée par celui-ci. Elle peut aussi, c’est son droit et son de-
voir, appeler l'attention de l'autorité sur des objets dignes
de sa sollicitude et prendre l'initiative de propositions
utiles. Le gouvernement ne saurait lui savoir mauvais gré
d'exercer ainsi son activité. Ce serait lui faire injure que
de supposer qu’il pense avoir le monopole des bonnes
idées. H considère, sans aucun doute, comme un service le
soin qu’on prend de lui indiquer des mesures dont Fadop-
tion est destinée à recevoir du publie un accueil favorable.
Quand l’Académie conçoit, dans la sphère des choses d'art,
un projet dont la réalisation est désirable, elle doit en-
faire part au gouvernement. Elle ne s'immisce point par
là dans l'administration; elle se borne à voir les idées el à
les exprimer, laissant à qui de droit le privilége de l'exécu-
tion. Qui pourrait vouloir lui interdire cette faculté?
__Un des premiers objets d'intérêt actuel pour les artistes,
dont l'Académie ait eu l’occasion de s'occuper, c'est la con-
struction d'un local propre à servir aux expositions trien-
nales. Il y a longtemps qu'on promet aux peintres et aux
( 339 )
sculpteurs de leur offrir mieux qu’un abri provisoire pour
leurs œuvres. Ce qui a empêché jusqu'ici qu'on ne leur tint
parole, c'est qu’on s’obstinait à poursuivre la réalisation
du rêve appelé le Palais des beaux-arts. Il aurait fallu des
millions pour construire ce fameux édifice qu'il s'agissait
d'approprier à une foule de destinations diverses, où l’on
voulait réunir des choses sans analogie, réclamant des
modes d'installation absolument différents. La grandeur
de l’entreprise, les dépenses qu’elle devait entraîner furent
des obstacles insurmontables à son exécution. Ne pouvant
pas obtenir trop, on se résignait à n'avoir rien.
Le moindre inconvénient, relativement aux expositions
triennales, des projets conçus depuis vingt ans pour le
palais des beaux-arts, c'était la situation de l'édifice , éloi-
gnée du centre de la ville. La nécessité de cette situation.
était déterminée par l'impossibilité de se procurer, dans
les quartiers habités, les terrains nécessaires à la construc-
tion d'immenses bâtiments. Pour bien des établissements
publics, pour certains musées spéciaux, l'éloignement n’est
Pas un obstacle. Il en est un très-grave pour les exposi-
tions de peinture qui n’ont qu’une durée limitée et qui,
Pendant la courte période de leur ouverture, doivent attirer
le plus grand nombre possible de visiteurs, pour que
but qu’on a en vue, en les organisant, soit atteint. L'expo-
sition doit se faire dans un local situé au centre même de -
la circulation: elle doit se trouver sur le chemin de la
foule afin d'arrêter, en quelque sorte, celle-ci au passage.
Ainsi qu'on l’a dit, il ne faut pas qu’on soit obligé d’aller
à l'exposition; il faut qu’on y entre. La proximité du local
est, pour les résultats de tout genre qu'on en attend, la
première condition de succès. Si la course est longue, le
soleil ou la pluie arrêtera souvent les amateurs et surtout,
- ( 340 )
les simples curieux; on remettra au lendemain, puis au
lendemain encore, la visite que l’on comptait y faire, et
pour beaucoup de personnes la fin de l'exposition arrivera
avant que ce projet s'exécute.
De quelque façon qu’on les considère, comme des
moyens de développer dans les masses le sentiment artiste,
ou comme des occasions pour les peintres de fixer sur
leurs œuvres l'attention du public, on fait manquer aux
expositions leur but, si on ne les place pas de façon
qu’elles soient visitées par la foule. |
Le premier emplacement auquel l’Académie songea,
lorsqu’elle commença à s'oceuper du projet de la construc-
_tion d’un local pour les expositions triennales, fut celui du
Jardin Botanique, où avait été organisé le salon de 1869.
L'idée lui en était tout naturellement venue, attendu que
le gouvernement, en faisant Pacquision des vastes terrains
dont les serres du Jardin Botanique n'occupent qu’une
faible partie, avait exprimé l'intention d'y élever des
constructions destinées à différentes institutions dépen-
dantes de l'administration des beaux-arts. De nouvelles
combinaisons ayant fait maintenir la botanique en posses-
sion des terrains occupés par ses maigres plates-handes, il
fallut que les artistes songeassent à se pourvoir ailleurs.
La question restait à l'ordre du jour de la classe des
beaux-arts qui la discutait théoriquement, lorsqu'une heu-
reuse circonstance vint lui permettre d'entrer dans la voie
de l'application.
Dans le discours qu'il prononca, conime directeur de la
classe des beaux-arts, à la séance publique du mois de
Septembre, M. Gallait s’exprimait ainsi :
_* À quoi servira-t-il qu'il y ait de beaux tableaux €!
en
des statues excellentes, si l’on ne prend pas le soin de
| ( 541 )
mettre les populations en contact avec ces objets dont là
vue habituelle exercerait une si grande et si salutaire in-
fluence sur leur développement moral ?
» Il faut bien le dire, toutes les institutions publiques
ayant l'art pour objet sont en souffrance chez nous. Les
artistes n’ont pas même obtenu qu’on leur donnât un local
convenable pour les expositions périodiques de leurs
œuvres. »
En sortant de la séance, qu'il avait honorée de sa pré-
sence et pendant que le bureau de l’Académie le recondui-
sait, suivant l'usage, le Roi invita M. Kervyn de Lettenhove,
ministre de l’intérieur, à s'occuper tout particulièrement
de satisfaire au vœu des artistes relativement à la con-
struction d’une galerie d'exposition.
Après le départ de Sa Majesté, le ministre, s'adres-
sant à M. Gallait, lui dit que s'il voulait lui désigner un
emplacement pour l'édifice en question, il ferait mettre
immédiatement la main à l'œuvre. M. Gallait répondit qu'il
ne Jui appartenait pas de donner seul un avis en cette cir-
Constance, mais que si le ministre voulait consulter l'Aca-
démie, il garantissait qu'elle ne tarderait pas à fournir le
renseignement duquel semblait dépendre, pour le gouver-
nement, la solution du problème. à
Cependant, aucune ouverture ‘officielle n’ayant été faite
à l'Académie, celle-ci crut devoir prendre l'initiative de.
l'examen de la question. Dans la séance du 9 novembre,
M. Gallait annonça qu'il était en mesure de désigner un
terrain sur lequel on pourrait établir, dans des proportions
assez larges pour satisfaire à toutes les exigences et situé
au centre de la ville, un édifice servant aux expositions
triennales et à des solennités publiques de tout genre. Jl
demanda, en même temps, à la classe, l'autorisation de
( 342 )
_s’adjoindre quelques-uns de ses collègues pour l'aider à
formuler un projet qui pût servir de base à la discussion.
Dans la séance du 7 décembre, M. Gallait prend la
parole pour fournir des explications au sujet du plan dont
il s’est activement occupé avec l’aide des collaborateurs
que la classe l’a autorisé à s’adjoindre. Il avait annoncé, à
la réunion du 9 novembre, qu’il avait un emplacement, un :
terrain. Il a mieux que cela aujourd’hui : il a un plan,
c’est-à-dire un projet de plan, que la commission pourra
modifier après examen. L'emplacement est celui de l'an-
cien ministère de la justice, rue de la Régence. Le terrain
appartient au gouvernement qui n'aura, de ce chef, aucune
dépense à faire. Sur ce terrain pourra être élevé, comme
le prouve le plan mis sous les yeux de l’Académie, un édi-
fice approprié à tous les besoins d’une exposition et con-
tenant un nombre d'objets d'art très-supérieur à celui que
renfermaient les salles provisoires de toutes les exhibi-
tions précédentes. Le plan déposé par M. Gallait n'est
qu’un tracé destiné à montrer le parti qu’on peut tirer des
térrains disponibles pour la construction de la galerie pro-
_ jetée. Il devra être soumis à de nouvelles études avant
d'être proposé au gouvernement.
On a cru, poursuit M. Gallait, qu'en demandant pour
l'édifice affecté aux expositions triennales une situation
centrale, l'Académie était opposée à l'exécution du projet
conçu pour élever à la plaine des Manœuvres un ensemble
de constructions destinées à de grandes cérémonies publi-
ques. C'est une erreur. L'Académie serait heureuse, a
contraire, de voir doter la capitale d’un de ces vastes édi-
fices comme il en faut pour les expositions universelles
où se rencontrent les artistes et les industriels de tous
les pays, et pour les fêtes nationales où Pon réunit des -
€
Re D ge TE E
17
( 343 )
milliers d’assistants. Elle a seulement songé aux exposi-
tions triennales qui, dans l'intérêt de l’art et des artistes,
réclament impérieusement une situation centrale. L'édifice
de la rue de la Régence n’est pas un obstacle à celui de la
plaine des Manœuvres. La ville de Bruxelles ne peut que
gagner à ce que ces deux projets se réalisent.
Sur la proposition de M. Slingeneyer, la prise en con-
sidération du projet présenté par M. Gallait fut votée
à l'unanimité. Le soin de préparer le plan définitif fut
confié à la commission qui en avait jeté les bases et qui
était composée de MM. Gallait, Balat, Portaels, Alvin et
Ed. Fétis, avec adjonction de quatre membres nouveaux :
MM. Payen , De Man, G. Geefs et Fraikin.
Les artistes accueillirent avec une vive satisfaction la
nouvelle des démarches de l’Académie pour leur faire ob-
tenir la galerie d'exposition depuis si longtemps l’objet de
leurs désirs; beaucoup d’entre eux se rendirent auprès de
M. Gallait pour le féliciter de l'initiative qu'il avait prise.
La presse se prononçait en faveur du projet dont l'Aca-
démie se trouvait saisie. S. A. R. le comte de Flandre
déclarait généreusement renoncer à l’usage des bâtiments
qui lui avaient été prêtés par l’État pour le service de ses
écuries et qui occupent une partie des terrains sur lesquels
doit s'élever l'édifice destiné aux expositions.
Dans la séance du mois de janvier, M. Gallait put infor-
mer l’Académie de l'appui que les plans qu’elle avait con-
cus trouvaient auprès du Roi. Répondant au discours pro-
noncé par M. Gallait à la réception royale du 1° janvier
1872, Sa Majesté a témoigné le vif intérêt qu'elle porte
aux travaux de l’Académie et félicité la classe des beaux-
arts sur le résultat des études auxquelles elle s'est livrée
Pour élaborer les plans d’une galerie d'exposition. « C'est -
(54) |
un projet dont la réalisation mérite d’être favorisée, a dit
le Roi, aussi bien que celui qui tend à établir, dans un
autre emplacement, de vastes locaux pour des exposi-
tions générales et pour des musées qui manquent à la
Capitale, notamment un musée de modèles semblable à
celui de South-Kensington, si précieux pour le progres
des industries qui relèvent des beaux-arts. Il faut que la
foule, lorsqu'elle cherche au dehors des distractions,
puisse se diriger vers des établissements où elle trouve
à la fois le plaisir et l'instruction. »
Enfin, il y a quelques jours, M. Malou, ministre des
finances, répondant à une interpellation de l’un des mem- -
bres du Sénat, se disait tout disposé à demander à la Légis:
lature les crédits nécessaires pour la construction de
l'édifice destiné aux expositions triennales et aux fêtes
musicales , sur l'emplacement de l’ancien ministère de la
justice. Le projet de l’Académie a donc eu l'heureuse for-
tune de rencontrer un assentiment général. L'idée qui a
surgi chez elle a si bien fait son chemin, qu’elle est deve-
noe l’idée de tout le monde. On ferait difficilement accep-
ler maintenant un autre emplacement que celui de la rue
de la Régence pour l'édifice dont les artistes ont, dès à
présent, le ferme espoir de prendre possession en 1875.
Cependant la commission désignée par l’Académie à
rempli sa tâche. De l'esquisse primitivement déposée par
M. Gallait, elle a fait un projet définitif qu’elle vient sou-
mettre à l'approbation de la classe, en Ja priant, si cette
-approbation jui est acquise, de décider qu'il sera adressé à
M. le ministre de l’intérieur. i
Ainsi qu’on vient de le voir, l'emplacement proposé par
M. Gallait à l'Académie est celui des terrains de l'ancien
ministère de Ja justice, rue de la Régence. Il réunit toutes
( 345 )
les conditions désirables. Situé dans la plus belle partie de
là ville, au centre d’une circulation active, il a encore le
grand avantage d'appartenir à l’État, ce qui diminuera sin-
gulièrement le chiffre de la dépense à faire pour doter la
Capitale de cette galerie d'ex position si longtemps attendue.
‘Académie ne pouvait pas se borner à désigner un terrain
au gouvernement; elle devait également fournir un plan
Pour l'édifice projeté , ne fùt-ce que pour montrer que lem-
placement qu’elle recommandait convenait à la destination
qu'il s'agissait de lui donner. A quoi lui servirait, d'ailleurs,
d'avoir dans son sein des hommes ayant toutes les con-
naissances nécessaires pour préciser les dispositions et les
formes d'un monument, si, comme le premier venu, elle
devait se borner à wex primer que de vagues idées? Le gou-
vernement eut longtemps l'habitude de la consulter sur les -
Mesures intéressant l'art et les artistes. Il n’est pas vrai-
semblable qu’il se fût abstenu de le faire en cette circon-
Stance. On n'aura fait que devancer ses intentions.
| L'édifice dont le plan est proposé par l’Académie serait
done érigé sur l'emplacement de l'ancien ministère de la
Justice, en y ajoutant les terrains provisoirement occupés
Par les écuries de S. A. R. le comte de Flandre. Les con-
Structions qu'il s'agit d'élever n'occuperont que des ter-
rains appartenant à l’État, en respectant les propriétés
voisines, notamment celles qui se trouvent à l'angle de la
Place Royale et le long de la rue du Musée. Le plan géné- -
ral figure un parallélogramme allongé, appuyé par un de
Ses côtés sur la rue de la Régence, où s'élèvera la façade
Principale de l'édifice. Le bâtiment, ainsi disposé avec ses
annexes, sera tout à fait isolé; ses cours de service, pla-
cées à droite et à gauche, auront des issues vers la rue de
la Régence et vers la place du Musée. C’est par ces issues
° SÉRIE, TOME XXXIII. 25
( 546 )
que seront dirigées les caisses renfermant les objets des-
tinés aux expositions et dont le déballage aura lieu dans
des bâtiments couverts, de manière à offrir toutes les
garanties nécessaires pour la conservation des œuvres des
artistes et à éviter l'encombrement aux abords de l'édifice.
- Ces dispositions essentielles ont été trop souvent négligées.
La distribution présente une combinaison très-simple
qui permettra d'employer l'édifice, dans les meilleures con-
ditions, soit aux expositions triennales et autres, soit aux
solennités nationales, distributions de récompenses, el:
soit enfin aux concerts où l’on veut réunir de nombreux
exécutants. Ila paru à l'Académie que cette solution du
problème était de la plus grande importance. Il fallait ge
tout en offrant les meilleures dispositions pour l’'aména-
gement d’une galerie d'exposition, l'édifice se prêtât à rece-
voir d'autres destinations dans l'intervalle qui sépare les
- exhibitions triennales. 4
Dans son ensemble, le palais projeté se distribue comme
il suit : une grande salle centrale, ayant 60 mètres de lon-
gueur sur 19 mètres de largueur, et recevant le jour du
_ haut. Cette salle est encadrée sur ses quatre côtés : 14
l'étage par une large galerie à colonnade également éclai-
rée du haut; 2 au rez-de-chaussée, vers la gauche, par
une galerie éclairée latéralement; vers la droite, par les
nombreux locaux affectés au service de l'exposition, salle
d'assemblée de la commission, secrétariat, bureaux, etc.
5° el 4° en avant et dans le fond par des vestibules OP”
duisant à trois grands escaliers, qui assurent une facile
circulation de la foule et préviennent tout inconvénient
d'encombrement.
La salle centrale, occupant une surface de 1,140 mètres
carrés, recevra la sculpture. La dimension de ce local per”
ee 3 - >
SR S i Ai
( 347 ) :
mettra d'isoler les statues et les groupes en les disposant
d’une manière pittoresque et en laissant de larges allées à
la circulation. En outre, la salle présente dans son pour-
tour une rampe de 164 mètres pour le placement des bas- .
reliefs, des cartons. Jamais la sculpture, souvent sacrifiée,
n'aura eu l'avantage d’ une installation aussi favorable.
La galerie latérale du rez-de-chaussée, consacrée à
l'exposition des dessins, aquarelles, gravures et projets
d architecture, offre un développement de rampe de 164
mètres. Des montres ou pupitres à glaces, disposés au cen-
tre de cette galerie, sur un développement de 40 mètres,
recevront les médailles, les ivoires, les émaux , les minia-
tures, les peintures sur faïence et sur portion ainsi
que les petits bronzes.
La galerie supérieure, destinée à l'exposition des œuvres
de peinture, sera , pour la circonstance, séparée de la salle
Centrale et divisée, au moyen de cloisons préparées ad
hoc,en compartiments disposés pour des tableaux de toutes
les dimensions. Cet ensemble forme une étendue de rampe
de 514 mètres de parcours. Il ya, en outre, un salon carré
ayant 82 mètres de rampe qui serait affecté aux grands
tableaux.
Nous trouvons done, pour le développement total de la
rampe, 942 mètres ainsi répartis :
t Le says (outre les 1,140 mètres carrés de
occupés par les statues et les daag 142
2e en es dubas . - 164
5° Montres . ee a
4° Galerie supériéuié se + ss a
5° Salon carré PNR ee: 2
942
( 348 )
expositions précédentes , les chiffres du métré des rampes :
En 1857 (cour du Musée de l'Industrie ), 406 mètres.
— En 1860 (locaux du Palais-Ducal), 370 mètres. — En
1863 et 1866 (construction de la place du Trône), 415
mètres, non compris la salle des sculptures mesurant 220
mètres de superficie. — En 1869 (Jardin Botanique), 694
mètres courants, non compris trois salles destinées à la
sculpture et mesurant 315 mètres carrés.
L'édifice projeté offre donc un développement de rampes
supérieur d'environ un tiers à celui que remplirent les
œuvres de peinture à l’exposition la plus nombreuse qu'il
y ait eu jusqu’à ce jour à Bruxelles. On peut dire qu'il
suffira à tous les besoins et que jamais l’espace n’y man-
quera aux œuvres ayant la qualité nécessaire pour mériter
de figurer dans une exposition.
On croit avoir tout prévu pour que l'édifice réponde à
à ce qu'exige la bonne organisation d’une exposition :
emménagement des objets d'art de manière qu’ils se pré-
sentent dans les conditions les plus favorables d'aspect;
: absence de confusion dans le classement par genre; faci-
lité de l’accès des salles et de la circulation du publie, au
moyen d'un large vestibule et de trois escaliers; locaux
pour administration, pour l'installation d’un buffet et de
tous les accessoires du service , local pour le déballage et
le dépôt des caisses, ayant une entrée séparée.
Après avoir fait voir comment l'édifice projeté se prète
à recevoir toutes les dispositions que réclament l'organi-
„sation et le service d’une exposition d'œuvres d'art, il reste
à montrer dans quelles conditions il se présente pour ser-
vir aux solennités nationales, aux cérémonies publiques de
tout genre : distributions de récompenses, concerts, ete.
Dans ces circonstances, la salle centrale et les galeries
;
3
3
2
s
3
ÿ $
t
d
(34)
supérieures, au lieu d’être divisées par des cloisons, ne
forment qu'un vaste ensemble. Indépendamment d’une
estrade contenant 500 exécutants, on pourrait placer
1,800 personnes assises au rez-de-chaussée et 1,400 au
balcon de la galerie supérieure, soit 3,200 siéges, indé-
pendamment de 1,200 mètres disponibles au pourtour de
la galerie. Il convient de mentionner encore une grande
galerie de réunion pour le public, au rez-de-chaussée; des
Salons pour les artistes; une vaste salle d'accord pour l'or-
chestre, lors des concerts, et les différents locaux de ser-
vice énumérés ci-dessus.
. Silarrivait qu’on voulût organiser une grande fète artis-
tque, comme celles qui eurent lieu en 1848 et en 1851,
On pourrait admettre jusqu'à 10,000 personnes dans la
Salle disposée à cet effet.
Nous n'avons parlé que des expositions triennales;
mais il en est d’autres, auxquelles Ja salle de la rue de la
Régence pourrait donner asile. Il y a quelques années, le
S0uvernerhent avait conçu l’idée d'organiser une grande
exposition archéologique. Il fut obligé d'y renoncer faute
d'un local propre à contenir les collections qu’il se propo-
sait de réunir. Si l’on voulait ouvrir, comme en Angleterre
‚Eten Hollande, des expositions de tableaux des anciens —
Maîtres, tirés des cabinets d'amateurs, ou comme à Paris,
des expositions de productions des arts industriels, la salle
de la rue de la Régence s’y prêterait parfaitement.
Elle pourrait également servir pour les exhibitions
annuelles de la Société belge des aquarellistes, auxquelles
le gouvernement est dans l'habitude de fournir le local qui
lui manque. Grâce au système de cloisons qui a été indi-
qué plus haut, les expositions, si restreintes comme ‚St
- nombreuses qu’elles fussent, s’y installeraient prompte-
: vrhn
did
( 350 )
ment, facilement et à peu de frais. Bref, le gouvernement
se trouverait en possession d'une salle se prêtant à une
foule de destinations utiles et remplaçant avec avantage le
temple des Augustins, pour les diverses cérémonies publi-
ques qui ont lieu d'habitude aux fêtes de Septembre. Une
condition qui paraît essentielle, lorsqu'il s’agit d’un édifice
public destiné à renfermer des collections précieuses, c'est
un complet isolement, c'est l'absence de tout point de con-
tact avec les constructions voisines.
Indépendamment des considérations de sécurité, les
espaces ménagés autour du bâtiment sont indispensables à
la circulation compliquée à laquelle donne lieu le service
d'une exposition. Ils permettraient encore d'établir, au
besoin, des annexes pour le placement de certains objets
d'une nature spéciale, des verrières peintes, par exemple.
Les éventualités d'un changement de destination de
l'édifice et de son appropriation à différents usages ont él
prévues dans le sujet. Rien de plus facile que d’en faire un
musée permanent. Si, dans un avenir plus ou moins éloigné,
les expositions triennales recevant ailleurs une autre instal-
lation, il devenait nécessaire d'agrandir la Bibliothèque
royale, en absorbant à son profit l'édifice nouveau celui-ci
se prêterait parfaitement à cette transformation. La nef
centrale serait une admirable salle de lecture, autour de
laquelle se grouperaient les collections. Le bâtiment projeté
serait aisément relié avec les locaux actuels de la Biblio-
thèque par le prolongement du vestibule et le grand escalier
du fond. Voilà bien des motifs pour que le gouvernement
accueille favorablement le projet de l'Académie et prête
les mains à son exécution.
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Pull de l'Acad., 2° Serre’ t XXXI pP«390.
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PROJET D'UN ÉDIFICE —
DESTINE AUX EXPOSITIONS DES
BEAUX-ARTS ET AUX CÉRÉMONIES
PUBLIQUES.
Rez-de-Chaussée.
DISTRIBUTION.
A. Vestibule dintree et escaliers Lateraux’
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B. Degagement vers uit JS escalier
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Grande Salle, du centre, montant du
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D. Galerre pour l exposition des desfurs, |
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20 25 30 35 40 Metres.
Th C Sederauns Pres naiss
(351 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
ne
s
s
Dewalque (G.). — Discours prononcé à Liége, le 20 janvier
1872, au nom de l’Académie royale de Belgique, lors des funé-
railles de M. Joseph-Antoine Spring. Bruxelles, 1872; in-8°.
Nypels (J.-S.-G.). — Le code pénal belge interprété, IV* et
Ve livr. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°, >
Commission royale d'histoire. — Compte rendu des séances,
5° série, tome XIII, 5° bulletin. Bruxelles, 1872; in-8°.
Ministère de Vintérieur. — Bulletin du conseil supérieur
d'agriculture, tome XXIV. Bruxelles, 1874 ; in-4°.
Inventaire des archives de la ville de Bruges, section 1",
tome I‘. Bruges, 1872; in-4°.
Dubois (Alph.). — Les lépidoptères de l'Europe, 47° et 48°
livr. Bruxelles, 1871 ; in-8°.
Société royale de numismatique de Bruxelles. — Revue de
la _ belge, 5° série, tome IV, 2° livr. Bruxelles,
1812: i
are archéologique de la province de Luxembourg, à
Arlon. — Annales, tome VI, 2°, 5° et 4° cahiers. Arlon, Aen
1871 ; 2 cah. in-4°.
Insti tut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publications
de la Société des sciences naturelles et mathématiques , tome
XIL Luxembourg, 1872; in-8°.
K. Instituut voor de taal, land en volkenkunde van Neder-
landsch Indië te °S Gravenhage. — Bijdtsgon, vit deel, g
stuk. La Haye, 1872; in-8°.
Delesse. — Les oscine des côtes de France. Paris, dede. ae
in-8°,
D'Avezac. — Allocution à Ñ Société de dee de Paris
( 352 )
à l'ouverture de la sétnce de rentrée après les vacances le ven-
dredi 20 octobre 1871. Paris, 1812; in-8°.
Hamy (E.-T.). — L'âge du renne dans le nord de la France.
Paris, 1867; in-8°.
Société nationale des antiquaires de France à Paris. — Mé-
moires, tome 52°. Paris, 1871 ; in-8°.
Revue et magasin de zoologie pure et appliquée, 1871-1872,
n° 2, Paris; in-8°. ;
Société des antiquaires de Picardie, à Amiens. — Bulletin,
1871, 1°° liv. Amiens; in-8°. :
Matériaux pour l'histoire de l’homme, 9° série, n° 12, de
cembre 1871. Toulouse ; in-$°.
Société vaudoise des sciences naturelles, à Lausanne: —
Bulletin, 2° série, vol. XI, n° 66 et 67. Lausanne, 1872; 2 cah.
in-8°.
K: preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Mo-
natsbericht, Januar 4872. Berlin; cah. in-8°.
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte,
V. Jahrg., n° 5. Berlin; cah. in-8°.
K. Leopold. Carol. -deutsche Akademie der Wissenschaft ten
zu Dresden. — Amtliches pn und Correspondenz-Blatt,
Heft 1, n° 4. Dresde, 1872;
Naturwissenschafilicher zeef der Rheinpfalz zu Dür k-
heim. — XXVII. et XXIX. Jahresbericht der Pollichia. Durek-
heim , 1871 ;vin-8e.
K. Gesellschaft der H'issenéchefion zu Göttingen. — Ab-
handlungen vom Jahre 1871, XVI" Band; — Gelehrte An-
zeigen vom 4871 ; — Nachrichten vom 1871. Göttingue; Î vol.
in-4° et 5 vol. in-12.
Naturw.- Verein in Hambur rg. — Abhandlungen, V. Bd.,
2. Abth. Hambourg, 4871 ; in-4°; — Uebersicht, Jahren 1869-
1870. Hambourg; 2 cah. in-4°.
Heidelberger Jahrbücher der Literatur, LXIV. Jahrg» ”
12. Hefte, november-december. Aeidelberg, 1871 ; 2 cah. in-8"-
EE PN
( 593 )
Ferdinandeum für Tirol und Vorarlberg zu Innsbruck. —
Zeitschrift, 5. Folge, 16. Heft. Innspruck, 1871 ; in-8°. `
K. Sachsische Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig.
— Math.-phys. Classe : Abhandlungen, X. Bd., n° I und IT,
XIV. Bd., n° VI; — Berichte : 1870, IE, IV; 14874, 1, H, HI.
Leipzig, 1870-1871 ; 5 cah. in-4° et 3 cah. in-8°.
Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs-
schrift, VII Jahrg., 1. Heft. Leipzig, 1872; in-8°.
Von Düringsfeld (Ida)und Von Reinberg-Düringsfeld (Otto
freihernn). — Sprichwôrter der Germanischen und Romanis-
chen sprachen vergleichend zusammengestellt. Leipzig, 1872 ;
gr. in-80,
K. b. botanische Gesellschaft in Regensburg. — Flora, 29.
Jahrg.; — Repertorium, VII. Jahrg. Ratisbonne, 1871 ; 1 vol.
et 1 A in-8°.
Zoologisch-mineralogischer Verein in Regensburg. — Cor-
respondenz-Blatt, XXV" Jahrg. Ratisbonne, 1871 ; in-8°.
Verein für Kunst und Alterthum in Ulm und Oberschwaben.
— Verhandlungen, neue Reihe, 4. Heft. Ulm, 1872; in-4°.
K. Akademie der Wissenschaften in Wien. — Sitzung der
math-naturw. Classe, Jahrg. 1872, n° 7, 8, 9. Vienne; 5 feuilles
in-8°
Von Oettingen (Arthur). — Ha Beobachtungen
angestellt in Dorpat im Jahre 1866, nebst fünfjährigen mittel-
werthem (1866 bis 1870),und im Jahre 1870, IVeer-vterJabrgang.
Dorpat; 2 cah. in-8°.
Commission. impériale archéologique à Saint-Pétersbourg.
— Compte rendu pour l’année 1869. Saint-Pétersbourg, 1870;
1 vol. in-4° avec atlas in-folio.
Settimani. — Seconde variante à insérer à la page 36 de la
nouvelle théorie des principaux éléments de la lune et du
soleil. Florence , 1871 ; in-4°.
Crivelli (G. Balsamo) et Maggi (L). — Intorno a Re
2e SÉRIE, TOME XXXII.’ 2
( 354 )
essenziali della riproduzione delle anguille. Milan, 1872; in-4°.
- Môrtillaro (Vincenzo). — Reminiscenze de miei tempi. Pa-
lerme, 1865; gr. in-8°.
Chemical Society of London. — Journal, november 4 871-
january 1872. Londres; 5 cah. in-8°.
Entomological Society of London. — Transactions for the
year 1871. Londres; in-8°.
Numismatic Society of London. — Journal, 1871, part IV.
Londres, 1872; in-8°.
London mathematical Society. — Proceedings, vol. IV,
n° 42, 45. Londres, 1872; in-8°.
Meteorological Society of London. — Quarterly Journal,
1872, january, new series, vol. 1, n° 4. London; in-8°; —
Meteorology of England during the quarter ending decem-
ber 51, 1871. Londres; in-8°.
Geological Survey of India at Calcutta. — Memoirs (Pa-
laeont. Indica), ser. VI et ser. VII. Calcutta, 1871; 2 cah. ink’;
— Records, vol. IV, parts 5-4. Calcutta, 4871 ; 2 cah. in-8°.
Maury (M.-F.).— Address delivered before the fair grounds
of the agricultural and mechanical Society * Memphis, Tenn.
Memphis, 1871 ; in-8°.
Liste d'ouvrages offerts en don à la Commission royale d'histoire el
déposés dans la Bibliothèque de P Académie.
_ Borgnet (Jules). — Documents inédits relatifs à l'histoire de
la province de Nafnur publiés par ordre du conseil provincial.
Cartulaire de la commune de Namur. Période des comtes par-
tieuliers ia à Tome I, 2° livraison. Namur, 1871;
in-8°,
Société archéologique de Namur. — Annales, tome onzième;
5° livraisôn. Namur, 1871 : ; in-8°.
( 555 )
Cercle archéologique du pays de Waas. — Annales, tome 4°,
5° livraison, décembre 1871. S'-Nicolas ; in-8°.
Institut archéologique de la province de Luxembourg, à
Arlon. — Annales, tome VI, 2°, 5° et 4° cahiers. Arlon, 1870-
1871; 2 cah. gr. in-8°.
Inventaire des archives de la ville de Bruges, publié sous
les auspices de l'administration communale. Bruges, 1871;
in-4e,
Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publications
de la section historique, année 1870-1871, XXVI (IV). Luxem-
bourg, 1871; in-4°. .
Tailliar (E.). — Essai sur les origines et les développements
du christianisme dans les Gaules. Caen, 1868: in-8°. — La féo-
dalité en Picardie, fragment d’un cartulaire de Philippe-Au-
suste. Amiens, 1868 ; in-8°. — Le centre et le nord de la Gaule
au siècle d’Auguste et sous les Antonins. Paris, 1869 ; in-8°.
— Fragment d'une étude ‘sur les Gaulois au temps de Jules
César, Douai, 1871 ; in-8°. — Apostolat de Saint-Denis dans
les Gaules en 250. Amiens, 1868; in-8°. — Fêtes religieuses à
Douai au XVII: siècle. Douai, 1865; in-8°. — Essais sur lhis-
toire des institutions ; in-8°, — Les lois de Dieu dans l'histoire
Ou essai sur les lois providentielles qui régissent les nations et
le genre humain. Douai, 1867; in-8°.
Brassart (Félix). — La féodalité dans le nord de la France.
echerches sur la seigneurie de Cantin lez-Douai (1063-1789).
Douai, 1871 ; in-8°.
Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome V :
0° 10, avril, mai et juin 1871 ; n° 11, juillet, août et septembre
1871. Lille-Dunkerque , 1871-1872; 2 cah.in-8&. -
Historischer Verein für Niedersachsen. — Zeitschrift, Jahr-
Sang 1870. Hanovre, 1871 ; in-8°.
Stillfried (Rudolph Freihernn von) und Traugott Maerc-
ker (Dr). — Monumenta Zollerana. Urkundenbuch zur Ge-
( 556 ).
schichte des Hauses Hohenzollern, 3. 4. 5. 6. und 7. Bände,
Urkunden der Fränkischen Linie, 1332-1565. Berlin, 1857-
4861 ; 5 vol. in-4°. à
Stillfried (H.-G.). — Register zu Band I-VII. der Monu-
menta Zollerana. Berlin, 1866; in-4°.
Wirtembergisches urkundenbuch, herausgegeben von dem
Königlichen staatsarchiv in Stuttgart. Dritter Band, Stuttgart,
1871 ; in-4e.
BULLETIN —
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1872. — Ne 5.
——<— t
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 6 mai 1872.
M. J.-B. »'Omauius pHarroy, directeur, président de
l’Académie.
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck,
P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, le vicomte
Du Bus, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Du-
Prez, G. Dewalque, E. Quetelet, H. Maus, M. Gloe-
sener, Candèze, Ch. Montigny, Steichen, Brialmont,
Éd. Dupont, Éd. Morren , membres; Th. Schwann, E. Ca-
talan, Ph. Gilbert, A. Bellynek, associés; Éd. Mailly,
Éd. Van Beneden, J. De Tilly, F. Plateau, correspondants.
MM. G. Geefs, membre de la classe des beaux-arts, et
` Nolet de Brauwere van Steeland, associé de la classe des
lettres, assistent à la séance.
21° SÉRIE, TOME XXXIII. 25
s ( 358 )
CORRESPONDANCE.
Le secrétaire perpétuel rend compte des lettres qu'il
a reçues au sujet du prochain anniversaire séculaire que
l’Académie royale de Belgique se propose de célébrer à la
fin de ce mois. La plupart des corps savants les plus illus-
tres de l’Europe ne se borneront pas à la transmission de
leurs compliments sympathiques; ils s’y feront représenter
par plusieurs de leurs membres les plus distingués.
— L'Association britannique pour l'avancement des
sciences annonce l'ouverture de sa réunion annuelle, à
Brighton, au mois d’août prochain.
— Le comité d'organisation de ia sixième session du
congrès international d'anthropologie et d'archéologie pré-
historiques adresse le programme de cette session, qui
s'ouvrira à Bruxelles, le 22 août prochain.
—M. A. Boset, professeur à l’athénée de Namur, demande
le dépôt d’un billet cacheté. — Accepté, après contre-seing
du directeur.
— L'Institut royal géologique de Hongrie, à Pesth,
adresse ses premiers travaux et demande d'entrer en rela-
tions d'échange avec l'Académie. — Accepté.
-v Les oser scientifiques suivants accusent
réception des derniers envois de ser académiques -
et offrent leurs tra lde on™
ennen heen WR E A
( 359 )
le « Geological survey » de Calcutta, les Sociétés royales
des sciences de Gôttingue, de Hambourg et de Leipzig.
— Les documents suivants sont présentés pour le recueil
des phénomènes périodiques : 1° Observations dé Pi
de la végétation au 21 avril dernier, faites à Bruxe T
à Waremme et à Melle, par MM. Ad. Quetelet, de Se A
Longchamps et Bernardin; 2° Résumé météorologique ~
février-et mars 1872, à Somergem, par M. P. Vertriest, e
5° Résumé météorologique d'avril dernier, à Ostende, par
M. J. Cavalier.
—M. L. Henry, correspondant de la classe, e:
titre d'hommage, le deuxième volume de la -o re:
tion de seg Leçons de chimie, ainsi que deux me es
Pe l'auteur, extraites du Bericht de la Société chim q
de Berlin
ces
Il communique, en même temps, une note sur 5 77 se
d'atrore boréale aperçues à Louvain dans la nui
Au 11 avril dernier. - |
: ou-
Des remerciments sont votés à M. Henry mepe
“rages , et la classe décide que sa note figurera au bu
— Les travanx aidousiits suivants feront l’objet d’un
Examen :
8 p en
1° Note sur la température de l’espace, par gira re
Commissaires : MM. J. Plateau, E. Quetelet e ue
? Étude physico-physiologique. RER de lumière
el expérimentales sur la mesure des Do MU Pi
et de fatigue, par M. Delbœuf. — Commissaires: MM.
leau et Schwann. 4
mm
( 560 )
ÉLECTION.
` La classe a renouvelé, pour l’année actuelle, le mandat
de M. J. S. Stas comme délégué auprès de la commission
administrative.
RAPPORTS.
ee
Sur l'existence de la dérivée dans les fonctions continues;
par M. Gilbert, associé de l’Académie.
Rapport de M. Catalan.
L'objet que notre savant confrère s’est proposé étant
très-clairement indiqué dans l’Introduction de son Mé-
moire, je demande à l’Académie la permission de reproduire
. d’abord quelques passages de cette introduction :
« La question de savoir si l'existence de la dérivée en
général, dans une fonction continue f(x) de la variable x,
est une suite nécessaire de la continuité de la fonction ,
ou si elle implique une nouvelle condition imposée à la
fonction, n’a guère préoccupé les géomètres que dans
ces derniers temps.
» La plupart des auteurs qui écrivent sur le calcul dif-
férentiel ne la soulèvent même pas, et se contentent
d'admettre Vexistence de la dérivée dans les fonctions
qu’ils considèrent, sauf, bien entendu, pour des valeurs
exceptionnelles de la variable : d’autres ne traitent que
Y ve vu
yvy
eeen ë
TED neen tengere teen:
A eee
( 361 )
» quelques points du problème, et reproduisent, à peu de
> chose près, la démonstration, très-insuffisante, qu’ Am-
y Pe a donnée dans le Journal de PÉcole polytech-
D nique. »
« Le seul géomètre, à notre connaissance, qui ait traité
» ce sujet d’une manière approfondie, est M. Lamarle,
» dont le mémoire, publié dans les recueils de notre Aca-
» démie, paraît avoir échappé à l'attention d'un grand
» nombre de géomètres. Dans ce travail remarquable,
» M. Lamarle s’est proposé d'établir que le rapport de
» l'accroissement d’une fonction continue de x à celui
» de la variable tend généralement vers une limite finie,
» déterminée, variable avec x, lorsque l'accroissement
» de x tend vers zéro; et que ce rapport ne peut croître
» indéfiniment, ou osciller sans fin entre deux dimites
» distinctes, que pour des valeurs particulières de x,
» séparées les unes des autres par des intervalles déter-
» Minés. ……… » ©
» daient comme difficile, ou même comme impossible, de
» démontrer l’existence de la dérivée en général, en tant
» que résultant nécessairement de la continuité de la fonc-
» tion, aucun, pensions-nous, n'allait jusqu'à mettre en
> doute la propriété même qui faisait l’objet de cette dé-
» monstration. Un géomètre allemand, M. Hermann Han-
» kel, professeur à l’Université de Tubingue et disciple
» distingué de Riemann, nous a ôté cette illusion. Dans
> un mémoire publié en 1870, non-seulement M. Hankel
» admet parfaitement l'existence de fonctions continues
> qui n’ont point de dérivée, nous il formule un principe
> général, auquel il donne le nom de Condensation des
» singularités, et qui permettrait d'en construire un
( 362 )
». nombre indéfini. IH donne même divers exemples. de
» semblables fonctions...... >
Le mémoire de M. Gilbert se compose de deux parties.
Dans la première, dit-il : « Nous mettons en relief quel-
» ques-unes des principales erreurs commises par M. Han-
» kel, de manière à ne laisser aucun doute sur Vinanité
» de ses conclusions. »
_« La seconde partie est encore, sous un autre point de
» vue, la réfutation des théories de M. Hankel. Repre-
» nant, sans y rien changer d'essentiel, la méthode ex-
» posée par M. Lamarle dans son beau mémoire, nous
» essayons d'établir directement l'existence générale de la
» dérivée dans toute fonction continue. »
Après celte indication sommaire des deux problèmes
traités par M. Gilbert, je passe à l’analyse des parties prin-
cipales de son important mémoire.
L
p (y) représentant une fonction qui, pour toutes les
valeurs de y comprises entre —1 et +1, sauf pour y—0,
ait une valeur unique, déterminée , comprise entre — 1 et
+ 1, et variant d’une manière continue avec y, M. Hankel
considère la série
+ ọ (sin nrz)
1 në 4
dans laquelle la constante s surpasse 3. La somme de cette
série toujours convergente étant désignée par f(x), si l'on
considère -la courbe dont l'équation est z—f(x), cette
courbe, suivant M. Hankel, est tellement imprégnée de la
singularité que & (y) présente exclusivement pour y=0,
ES EE Een ee ETE
SD te ot A PTE ee CS E
$
ts ee to à ue de RU
(365 )
qu'elle en sera affectée en un nombre infini de points
appartenant à un intervalle fini quelconque.
Pour’établir cette proposition paradoxale, M. Hankel
S'appuie sur la continuité de f(x ); mais la manière dont il
prouve cette continuité laissant beaucoup à désirer, pa-
rait-il, notre confrère part de l'équation
feb) f@)=N p [sin ged) —? (sin nza] de u)
dans laquelle p désigne un très-grand nombre entier,
et 6, une fraction proprement dite; puis il démontre,
d’une manière simple et rigoureuse, le lemme employé
par l’auteur allemand. :
H.
M. Hankel rinsi ainsi équation (1) :
fla + e) — ft)
mE
€
np ? si 5 r 9 :
ee > pass .+)] cos neler hajt ——5 (2)
LESI n°"! k E
: CE ARE
après quoi, faisant ‘tendre e vers zéro et p vers l'infini,
simultanément, il pense démontrer que :
1° Pour toute valeur incommensurable de x,
== /
ros LEE oo nv; «
1 à
9 Pour toute valeur commensurable de x, le premier
membre de l'équation (2) ne tend vers aucune limite déier
minée : en chacun des points correspondant a ces valeurs
( 364 )
commensurables de x, la courbe considérée n’a pas de tan-
genle.
M. Gilbert discute, avec beaucoup dë sagacité, les p
logismes commis par M. Hankel. L'un eux , réduit à
plus simple expression, peut être énoncé ainsi : La pek
d'une somme composée d’un nombre indefiniment grand
de parties , est égale à la somme des limites de ces parties;
et Fon sait que ce principe faux conduit aisément à l'équa-
tion 1 —0.
HE.
« Concluons done, » avec notre confrère, « que le prin-
cipe de la condensation des singularités ne repose sur
aucun fondement; et que l'existence de fonctions tou-
jours continues, n’ayant point de dérivée déterminée,
pour une infinité de valeurs de la variable, comprises
dans un intervalle ces a reste encore à démon-
irer. » =-
v o y v vw y
‘+
Ev:
Les diverses propositions énoncées par M. Hankel n'étant
point justifiées, on peut se demander si elles sont fausses.
M. Gilbert aurait rendu son travail encore plus intéres-
sant et plus instructif s’il avait démontré, directement,
l’inexactitude de l'équation (4) et des autres relations d'où
le géomètre allemand tire des conséquences si> paradoxales.
Mais, ainsi que me l’a fait observer notre savant confrère,
à défaut d’une preuve directe, peut-être bien difficile à
trouver (° ), la seconde partie de son mémoire constitue, vé-
rita nt, une démonstration de la fausseté des proposi-
E te
n E
AN ENT
Li 365 )
tions dont il s'agit. En effet, si, pour toutes les valeurs de
x comprises entre deux quantités À, B, aussi voisines qu'on
le veut, le rapport {SEO 7% tend vers une limite finie
et dtemiiée. l'impossibilité des courbes imaginées par
M. Hankel sera une chose certaine.
Vas
Dans cette seconde partie, intitulée : Existence de la
dérivée dans les fonctions continues d'une seule variable,
M. Gilbert reprend et simplifie la méthode employée au-
trefois, par notre éminent confrère M. Lamarle (‘). L'un
des Prineipami théorèmes à établir peut être énoncé en
ces termes
Si, à partir d'une valeur quelconque x de la variable,
comprise dans l'intervalle (A, B), on donne à cette variable
Un accroissement h, l'accroissement correspondant de la
fonction finira, eN GÉNÉRAL, par rester de même signe
lorsque h tendra indéfiniment vers la limite zéro.
Pour démontrer cette proposition, M. Gilbert examine
d'abord si ‚pour une valeur quelconque de x, comprise dans
l'intervalle considéré, l'accroissement f(x+h)—f(x) peut
Changer indéfiniment de signe lorsque h tend vers zéro;
autrement dit : un arc continu, limité à deux points À, B
aussi voisins qu’on le voudra, coupe-t-il nécessairement,
une infinité de fois, toute parallèle à Vaxe des abscisses,
menée par un point quelconque de cet arc? La réponse
est négative; et, en conséquence :
€ 1° Sauf pour certaines valeurs isolées et exception-
C) Étude hrs sur les deux rend … (BULL. DE L'ACAD,-
{re sér T XXI, De part.,
( 566 )
» nelles de la variable x, la différence f(x+h)—f(x)
» finit, lorsque h tend vers zéro, par garden constamment
» un même signe;
» 2 Les fonctions continues qui, pour chaque valeur
» rationnelle de x, effectuent, suivant l'hypothèse de
» M. Hankel, une infinité d’oscillations tp iniment pe-
» tites, sont impossibles. »
VI.
Après avoir élucidé cette première partie de la théorie
des dérivées, ou plutôt a ne existence, M. Gilbert consi-
dère le rapport à {e+ 5 d x étant une valeur quel-
conque, intermédiaire entre A et B; et faisant tendre h
vers zéro, il discute, comme l’a déjà fait M. Lamarle, les
quatre hypothèses suivantes (”) :
1° À tend vers zéro;
2 À croît indéfiniment;
3 À oscille entre deux quantités constantes, sans tendre
vers une limite fixe ;
4 À converge vers une limite déterminée, finie et diffe-
rente de zéro.
Par une série de raisonnements très-serrés et même
très-abstraits, l'honorable auteur prouve que les trois pre- -
mières sont inadmissibles. Reste donc la quatrième; et,
en conséquence :
Si la fonction f(x) est continue depuis x— À jusqu'à
x=B, le rapport À tend généralement vers une limite dé-
terminée, finie et différente de zéro, pour des valeurs quel-
D en Ee E
(*) Évidemment, ce sont les seules possibles.
( 367 )
conques de x comprises dans l'intervalle (A, B); en sorte
que les valeurs de x pour lesquelles cette condition n’est
Point vérifiée seront, nécessairement, des valeurs isolées,
exceptionnelles, séparées les unes des autres par des inter-
valles finis. ;
VI.
La longue analyse dont je viens de donner lecture fera
Comprendre, je Pespère, importance et le mérite du nou-
Veau travail de M. Gilbert. Si, malgré les éclaircissements
qu'il m'a donnés par lettres, quelques-uns des arguments
de notre savant confrère n'ont.pas amené chez moi une
conviction complète, la raison en est due sans doute à la
difficulté dn sujet que nous discutions : on sait qu'il est
presque toujours impossible de prouver ce que l’on est
tenté de regarder comme évident; par exemple, le postu-
latum d’Euclide.
Quoi qu’il en soit, M. Gilbert a montré la fausseté des
démonstrations employées par un géomètre qui pouvait
faire école; il a traité, avec beaucoup de talent, une ques-
tion de principe, sur laquelle la plupart des auteurs ne
S'arrêtaient pas; il a done complété, dans une partie im-
portante, l’enseignement du calcul différentiel.
En conséquence, j'ai l’honneur de proposer l'impression
_ de son mémoire dans un des recueils de l’Académie. ,
NOTE.
_—
La courbe représentée par
EP Teens ae o Ë
donne lieu aux remarques suivantes :
1° L'ordonnée à l’origine est comprise entre + — DE c'est-à-dire
entre + +;
> æ ne surpassant pas l'unité, y est compris entre
1 n+1 5 1
Elan (at
n 2 Ka = 2 Han,
5 Lorsque œ troit indéfiniment, y tend vers une limite égale à 1.
La courbe a donc une asymptote indépendante de n;
i 25 n,
de La dérivée de y devient indéterminée pour x = io =’
Il y a donc, du côté -e ende iben n pure à tangente indéter-
minée : ces poin nts des lonnées et la parallèle à cet
» repr résentée par x =
g Si Ton fait croître n détaiment. le second membre de l'équation (1)
„tend vers une certaine fonction de x, ?(æ), continue, telle que ọ(0) est
comprise enire diete
y= + (2) On
représenté une courbe ayant une infinité de points à tangente indéter-
minée, dont les abscisses sont comprises entre 0 et 1
J'appelle, sur ce point, l'attention de mon savant confrère M. Gilbert.
Pa e r î à 1 de na rapport, auxquelles
a adhéré M. Steichen, second commissaire, la classe a décidé
l'impression du mémoire de M. Gilbert dans le recueil in-8”
. et celle des rapports dans les Bulletins de la séance.
( 369 )
Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, d'après
les observations d’Airy ; par M. F. Folie, correspondant
de l’Académie.
” Rapport de M. Liagre.
« Airy a publié, dans les Transactions philosophiques
de 1856, un mémoire ayant pour objet la détermination
de la densité moyenne de la terre, par la comparaison des
observations du pendule à la surface du sol et au fond d’un
Puits de mine. On s’explique facilement la possibilité de la
Solution d’un pareil problème : l'attraction exercée sur un
Corps situé soit à la surface, soit à l’intérieur d’une sphère
matérielle, est uhe fonction de la densité de cette sphère, -
fonction que les règles de la mécanique permettent de for-
muler algébriquement ; d’un autre côté, la comparaison
des oscillations du pendule observées en ces deux points,
fournit ane expression numérique du rapport des attrac-
tions qui y sont exercées. On a donc tout ce qu'il faut
Pour établir une équation qui renferme la densité de la
Sphère comme seule inconnue.
On voit en même temps que le résultat auquel on par-
vient doit être d'autant plus exact, que les deux nombres
comparés différeront davantage, autrement dit, que le
Puits sera plus profond. |
Le nombre 6,566, auquel Airy est parvenu par ce moyen,
SUrpasse d’une unité au moins celui que l’on avait trouvé
Auparavant pour la densité moyenne de la terre; et cepen-
ant les observations du savant anglais ont été faites avec
un soin et une précision extrêmes, et la méthode qu'il a
suivie est incontestablement la plus sûre entre toutes
celles qui exigent la connaissance préalable de la densité
( 370 )
superficielle du globe, donnée qui malheureusement est
assez hypothétique.
‘rappé de l'écart considérable que je viens de signaler,
notre confrère, M. Folie, s'est demandé s'il ne s'était pas
glissé quelque imperfection dans la manière dont Airy
avait soumis au calcul le résultat de ses observations, et
son attention s’est principalement portée sur la particula-
rité suivante : ;
Airy admet que la totalité de la couche sphérique ayant
pour épaisseur la profondeur du puits, n’exerce aucune
attraction sur un point situé au fond de ce puits, absolu-
ment comme si la couche avait partout la densité uni-
forme 2,5 qu’il a trouvée pour la partie située dans le voi-
sinage de la mine. Or, la densité de cette dernière partie
doit évidemment être supérieure à la densité moyenne du
reste de la couche, dont les trois quarts environ sont
formés par les eaux de la mer. M. Folie réduit celle-ci à
1,4, nombre qui me paraît devoir être beaucoup plus prés
de la vérité, et il arrive ainsi à une densité moyennê 6,439,
inférienre de 0,137 à la valeur obtenue par Airy, et se rap-
prochant un peu plus du résultat fourni par la balance de
torsion. :
Quant à la valeur 2,5, admise par Airy pour la densité
de la calotte de trois milles anglais de rayon située dans le
voisinage du puits de mine, M. Folie a dû la conserver;
mais il fait observer avec raison qu’elle résulte uniquement
d'observations géologiques faites sur la verticale du puits,
et que des recherches étendues plus loin pourraient la m0-
difier d'une manière sensible. j
Dans le problème en question, une légère variation suf
la valeur des données est de nature à exercer une grande
influence sur la valeur du résultat définitif, et c'est là, me
paraît-il, le point faible de la méthode appliquée par Ai
(371)
Bien que les modifications apportées par notre confrère
au travail d'Airy n’apportent qu'un changement très-léger
au résultat obtenu par le savant anglais, je pense que la
publication de la notice de M. Folie pourra attirer utile-
ment l'attention des géologues sur le sujet intéressant qui
y est traité, et j'ai l’honneur d’en proposer l'insertion dans
nos Bulletins. »
Rapport de M, Gilbert.
« Le rapport de mon savant confrère M. Liagre fait
Connaitre l’objet du travail de M. Folie, la méthode qu'il a
suivie, le résultat auquel il est parvenu. Dans l’examen que
Jai fait de ce travail, je me suis borné à en considérer
Spécialement la partie géométrique, celle qui est relative
au calcul de l'attraction d’une couche sphérique décom-
posée en deux parties d’inégale densité. L'hypothèse sur
laquelle s'appuie le calcul de M. Folie, relativement à la
densité de la couche superficielle du globe, me paraît d’ail-
leurs plus rationnelle que celle du géomètre anglais. Je
dois observer toutefois que, si l’on admet la théorie de
Laplace sur la loi de la densité dans l'intérieur de la terre,
a si l’on admet 5,44 pour le nombre qui exprime la den-
sité moyenne du globe, on est conduit à attribuer à la
Couche superficielle cette même densité 2,5 qu’a adoptée
M. Airy. Une densité moyenne de 6,4 conduirait probable-
ment encore à un nombre plus élevé. —
Au reste, il faut bien avouer que toutes nos données Sur
ce point (la densité superficielle moyenne de la terre) ont
Un caractère fort hypothétique; et M. Folie a fait, à mon
avis, une chose utile en déterminant l'influence qu'une
erreur commise dans l'évaluation de cette densité, surtout
.
+
l'impression dans les Bulletins de l'Académie.
(372 ) | -
au voisinage. du puits de mine, exercait sur le résultat
final. Peut-être y aurait-il lieu de soumettre le pres
même de la méthode adoptée par M. Airy à un examen
plus rigoureux qu’on ne l’a fait jusqu'ici.
D'accord avec M. Liagre, j'ai l'honneur de proposer à
la classe l'insertion du travail de M. Folie dans les Bul-
letins. »
Conformément aux conclusions de ces rapports, la classe
a décidé impression du travail de M. Folie dans les Bul-
letins.
Matériaux pour la faune belge, deuxième note, Myria-
podes; par M. Félix Plateau.
Rapport de M, P.-J. Van Beneden.
« En 1870, M. Plateau a communiqué une notice gn
les crustacés Isopodes terrestres, dont nous avons demande,
A la dernière séance, M. Plateau a envoyé une autre no
tice, qui a pour objet les Myriapodes et qui porte pour titre
Matériaux pour la faune belge. :
Cette notice est terminée par une courte addition à la
liste des Isopodes terrestres.
Nous avons toute confiance dans les soins que M. Pla-
teau a mis dans la détermination des espèces et à leur
synonymie; et comme ce travail doit contribuer à mieus
faire connaître une partie de la faune du pays, surtout une
partie dont on s’est peu occupé, j'ai l'honneur d'en de-
mander l'impression dans les Bulletins. »
B. (373)
Rapport de M, de Selys Longchamps.
« J'apprécie comme mon savant confrère M. Van Be-
neden l'utilité des travaux du genre de ceux que nous a
successivement présentés M. Félix Plateau sur les Crustacés
d'eau douce, sur les Isopodes terrestres, et enfin aujour-
dhui sur la classe des Myriapodes. La notice qui nous est
Soumise est un catalogue raisonné, accompagné d’observa-
tons et de descriptions partielles propres à faire recon-
naître les espèces nouvelles ou difficiles à distinguer. Il y
a deux planches au trait, nécessaires à l'intelligence du
texte, et qui semblent dessinées avec un très-grand soin.
Les Myriapodes de Belgique n’ont jamais été étudiés
d’une manière spéciale. En nous présentant sa notice, qui
comprend vingt-quatre espèces, réparties en onze genres,
M. Plateau a comblé une des lacunes encore trop nom-
breuses qui existent dans la connaissance de la faune indi-
gène.
d
i
Je me rallie donc avec empressement aux conclusions
de mon honorable confrère, premier commissaire. »
Mono Mr Sin oek ii à dir a onde cn vos CURE lide
Rapport de M. Candèze.
EE Ar RS te des D ES
t Comme mes savants collègues , MM. Van Beneden et
de Selys Longchamps, je propose d'insérer le Mémoire de
M. F. Plateau dans les Bulletins. »
E es Sa'd
Conformément aux conclusions de ces rapports, le tra-
vail de M. F. Plateau prendra place dans les Bulletins avec
les deux planches qui l'accompagnent.
a rg AGE É
27° SÉRIE, TOME XXXII. - 26
(374)
Sur la nouvelle rédaction du mémoire de M. Saltel concer-
nant les courbes géométriques.
Rapport de M, Gilbert.
« L'Académie avait décidé, sur la proposition de M. Ca-
talan et la mienne, que le second mémoire de M. Saltel
ayant pour titre: Études sur certains systèmes de courbes
géométriques, serait renvoyé à son auteur, avec prière d'en
élaguer des détails sans importance et d'en améliorer la
rédaction. M. Saltel ayant satisfait à ce que l’Académie dé-
sirait de lui, et réduit considérablement l'étendue de son
travail par un choix judicieux des parties à conserver, je ne
vois plus rien qui s ‘oppose à ce que ce second mémoire soit,
comme le premier, imprimé dans les recueils de l’Académie.
Les incorrections qui subsistent çà et là dans la rédaction
sont de nature à être corrigées pendant l'impression.
_ Je crois utile de consigner ici une observation. M. Saltel
avait donné primitivement, à la transformation géomé-
trique qui forme la base de ses recherches, le nom disgra-
cieux de transformation désarguesienne. Sur l'observation
très-juste de notre confrère M. Catalan , que l’on ne disait
pas : la géométrie descartésienne, mais la géométrie carté-
sienne , il s’est décidé à substituer à la dénomination pre-
miète li de transformation arguesienne, qui nous para
préférable de tout point. »
Conformément aux conclusions de ce rapport, auquel à
souscrit M. Catalan, second commissaire, la classe a voté
Pimpression du travail de M. Saltel dans le recueil des
Ea in-8°.
( 375 )
—M. Duprez a donné son avis sur une note de M. Bra-
chet concernant un réfracteur binoculaire.
Ce travail, ayant déjà été communiqué à l'Académie des
sciences de Paris, sera déposé aux archives.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur Paurore boréale du 10 au 11 avril 1872, par M. Ad.
Quetelet, secrétaire perpétuel de l'Académie.
D'après diverses communications insérées dans les
recueils scientifiques, une aurore boréale a été vue à
Liverpool et dans le nord de l'Angleterre pan la
soirée du mercredi 40 avril dernier.
À Bruxelles, ce phénomène s'est manifesté par une per-
turbation magnétique, qui a commencé, d’après les indica-
tions relevées à l'Observatoire royal, vers 3 heures de
l'après-midi, L'observation du ciel jusque vers 10 heures
wa pas montré de traces fumineuses; à 9 heures du soir
le ciel était presque couvert et n’avait que 2 degrés de
Sérénité. Il était parsemé de cumulus et présentait quel-
ques éclaircies.
: D'après une lettre de M. L. Henry, correspondant de
l’Académie, une immense traînée lumineuse a été apercue
Cette même nuit à Louvain, vers 2 */, heures du matin,
Par un temps d’un calme parfait et fort doux, dans la
direction du nord. Cette traînée s'étendait depuis l'hori-
zon jusque vers le Zénith à peu près. A côté, à gauche,
C'est-à-dire vers l'ouest, M. Henry a cru remarquer aussi
Quelques trainées de lumière moins éclatantes, moins éten-
dues et assez diffuses.
+
( 576 )
Notre confrère terminait sa lettre en disant que, sans
doute, il n’a assisté qu’à la fin du phénomène, car quelques
instants plus tard, presque tout s'était évanoui.
Les barreaux aimantés de l'Observatoire royal de
Bruxelles ont encore présenté des traces de perturbation
le 8 avril, vers 10 heures du soir, le 44 avril vers 5 heures
du soir, le 45 avril de 3 heures à 40 heures du soir et le
16 vers 3 heures du soir.
Sur la mesure des sensations physiques, et sur la loi qui
lie Vintensité de ces sensations à l'intensité de la cause
excitante; par M. J. Plateau, membre de l’Académie.
E. H. Weber avait nettement établi, vers 1853, je
pense, un fait remarquable, déjà entrevu par plusieurs
physiciens, savoir que la plus petite différence perceptible
entre les intensités de deux causes excitantes de même
espèce, est une fraction à peu près constante de l'inten-
sité de l’une d'elles. Fechner, dans deux publications (");
l’une de 1859, l’autre de 1860, a déduit de là une relation
entre lintensité de la sensation et celle de la cause; 5!
l’on désigne la première par S et la seconde par E, celte
relation, qui exprimerait la loi suivant laquelle la sensation
croît avec la cause, est :
PARC 2. 7: 0
A et C étant des constantes.
(*) Ueber ein wichtiges payébophysieches Gesetz (Leipzig, name s
LA SOCIÉTÉ SAXONNE DES SCIEN vol. IV,
_P-457). — Elemente der de Leipzig.
,
( 3717 )
L'idée d'évaluer jusqu’à un certain point les sensations
physiques s’était présentée à moi une vingtaine d’années
auparavant, et j'avais commencé sur ce sujet une série d’ex-
périences ; mais, entraîné par d’autres recherches, je ne les
ai pas continuées. La note actuelle n’a point pour but de
réclamer la priorité de l’idée dont il s’agit, puisque mes
Premiers essais n’ont pas été publiés; mais-comme la mé-
thode que j'ai suivie s'appuie sur un principe absolument
différent de celui qui sert de base à la formule de Fechner,
et comme, d’ailleurs, le résultat qu’elle m’a donné révèle
en nous une faculté particulière d'estimation, je ne crois
Pas sans intérêt de la faire connaître.
Lorsque nous éprouvons, soit simultanément, soit suc-
cessivement , deux sensations physiques de même espèce
inégales en intensité, nous jugeons aisément laquelle des
deux est la plus forte, et nous pouvons, en outre, décider
Si leur différence est faible ou considérable; mais il semble
que là doit s’arrêter la comparaison, du moins si nous nous
bornons à une appréciation directe, et qu'il faut nous
considérer comme incapables d'évaluer ainsi le rapport
numérique des intensités de ces deux sensations. Cepen-
dant, en examinant la question de plus près, nous reconnai-
trons bientôt que le jugement que nous portons sur ces
Intensités relatives n’est pas aussi vague qu’il le paraît au
Premier abord. Prenons pour exemple la sensation de la
lumière : quand nous disons qu’un objet est d’un gris clair,
nous entendons évidemment par là que ce gris est plus
rapproché du blanc que du noir, ce qui équivaut à dire que
l'intensité de la sensation qu’il produit en nous est supe-
rieure à la moitié de celle de la sensation que produirait un
objet blanc placé dans les mêmes conditions d'éclairement.
Quand nous disons, au contraire, qu’un objet est d’un gris
A
(378)
sombre, nous entendons par là que ce gris est plus voisin
du noir que du blanc, ou, en d’autres termes, que linten-
sité de la sensation qui lui correspond est inférieure à la
moitié de celle de la sensation correspondante à un objet
blanc exposé à la même lumière. Enfin nous pouvons nous
procurer un gris placé entre les gris clairs et les gris som-
bres, et qui nous paraisse exactement aussi distant du noir
que du blanc; or on comprend que l’appréciation de ce der-
nier gris pourra se faire avec une certaine précision, et, s'il
en est effectivement ainsi, on aura de cette manière un gris
produisant une sensation dont l'intensité différera fort peu
de la moitié de celle de la sensation produite par le blanc.
Je viens de dire que la détermination d’un gris parais-
sant exactement intermédiaire entre le noir et le blanc,
est susceptible d’une assez grande exactitude. En effet, si
lon prend trois carrés de papier d’égales dimensions, le
premier enduit d’une couleur blanche bien pure, le second
d’une couleur grise, et le troisième d’une couleur noire
très-intense, puis qu’on les juxtapose de manière que le carré
gris se trouve entre les deux autres, on pourra juger si le
blanc contraste avec le gris plus ou moins fortement que
ce gris ne contraste avec le noir, et l’on n'aura qu’à modifier
ensuite par tâtonnements la teinte du gris, jusqu’à ce que
les deux contrastes semblent bien égaux.
Toutefois, avant d'adopter en principe qu’un jugement
de cette nature pouvait donner un résultat assez précis,
j'ai voulu m’assurer de la chose par l’expérience, et, dans
ce but, j'ai eu recours au moyen suivant : J'ai prié séparé-
ment plusieurs personnes s'occupant toutes de peinture, et,
par conséquent, accoutumées à l’examen et au maniement
des teintes, de me former chacune, par le procédé indiqué.
ci-dessus, en employant des couleurs à l'huile, eten expo-
( 579 )
sant le système des carrés à la simple lumière du jour, un
échantillon du gris intermédiaire dont il s’agit. Il est évident
que si l'appréciation de légalité des deux contrastes repose
Sur un sentiment vague, les gris fournis par ces personnes,
qui étaient au nombre de huit, devaient présenter entre eux
des différences très-notables, tandis que si ce même senti-
ment à de la netteté, tous ces gris devaient se rapprocher
beaucoup les uns des autres. Or c'est ce dernier cas qui est
arrivé : les huit échantillons de gris se sont trouvés pres-
que identiques. En les juxtaposant par ordre depuis le plus
clair jusqu’au plus sombre, j'ai pu choisir parmi eux celui
qui me paraissait moyen entre tous, et ce dernier devait
Conséquemment être extrêmement voisin du gris qui pro-
duit une sensation exactement intermédiaire entre celles
que déterminent une couleur blanche et une couleur noire
bien pures.
À la vérité, le noir le plus intense qu’on puisse obtenir
par la peinture réfléchit encore une petite quantité de
lumière, de sorte que la sensation correspondante au gris
ci-dessus était nécessairement quelque peu supérieure à la
moitié de celle que fait naître le blanc; mais la différence
était sans doute fort minime, et d’ailleurs il serait facile de
disposer les expériences de façon à substituer au carré
enduit d’une couleur noire, un espace entièrement privé
de lumière et donnant ainsi un noir sensiblement ab-
solu (7). :
On peut, par le même procédé d'estimation, se procurer
un gris exactement intermédiaire entre le précédent et le
(°) Je fais ici abstraction de la faible sensation de lumière rt
queles yeux percoivent même dans l'obscurité la plus complète, et qui
due à des actions physiologiques.
A
( 380 )
noir, et ce second gris excitera, par conséquent, une sen-
sation dont l'intensité sera égale au quart de celle de la
sensation du blanc. On peut ensuite, toujours de la même
- manière, chercher un troisième gris, intermédiaire entre
le blanc et le premier, et ce troisième gris fournira une
sensation dont l'intensité sera égale aux trois quarts de
celle de la sensation du blanc; d'où-l'on voit que les inten-
sités des sensations correspondantes aux cinq teintes, de-
puis le noir jusqu’au blanc, seront entre elles comme les
nombres 0, 1, 2, 5, 4, Enfin on pourra multiplier à volonté
les nuances intermédiaires, et l’on obtiendra de la sorte
une échelle de sensations dont les intensités auront entre
elles des rapports connus.
Ainsi, bien que nous n'ayons pas la faculté d'estimer
d'une manière directe le rapport d'intensité de deux sensa-
tions de lumière, nous possédons une autre faculté, qui
nous permet d'arriver indirectement à la valeur de ce rap-
port : cette faculté consiste en ce que nous apprécions net-
tement légalité entre deux contrastes. Par là nous pou-
vons, on la vu , arriver à construire une échelle de teintes
produisant des sensations qui croissent en progression
arithmétique ; et si nous faisons en sorte que le premier
terme de cette progression soit zéro, les autres termes
seront entre eux comme les nombres 1, 2,3, 4, 5, ete.
- On doit regarder comme probable que la même faculté
de juger de l'égalité de deux contrastes existe aussi, à un
degré plus ou moins prononcé, à l'égard des sensations
autres que celle de la lumière, par exemple à l'égard de ia
sensation du son, de la sensation de la chaleur, etc. Des
expériences convenablement dirigées apprendraient s'il en
est réellement ainsi, et, dans ce cas, on pourrait également
se procurer des sensations de son, de chaleur, etc., dont
(381)
les intensités auraient entre elles des rapports déterminés.
Revenons aux sensations de lumière. Quand on aura
formé l'échelle dont j'ai parlé en rendant les teintes assez
nombreuses pour que la différence de chacune d'elles à la
suivante soit petite, on pourra trouver aisément le rapport
exact ou très-approché entre les sensations correspondantes
à deux gris donnés : il suffira de chercher , sur l'échelle,
quelles sont les deux nuances qui présentent respective-
ment le même degré de foncé que les deux gris dont il
s'agit. Si elles s’y trouvent exactement, elles donneront
directement le rapport des deux sensations; das le cas
contraire, on cherchera, pour chacun des deux gris donnés,
es deux nuances de l’échelle entre lesquelles il est immé-
diatement compris, et le rapport des sensations s’obtiendra
alors approximativement à l’aide d’une interpolation. *
Je n’ai considéré jusqu'ici que des sensations de lumière
incolore ; mais la couleur constitue une qualité absolument
indépendante de l'intensité. On peut concevoir deux sen-
sations très-différentes quant à la couleur, et ayant des in-
lensités exactement égales : on peut, par exemple, peindre
deux carrés l’un en rouge et l’autre en vert, dont les teintes
aient précisément le même degré de foncé, de manière que
leur juxtaposition produise uniquement un contraste de
couleur, et nullement un contraste d'intensité. Il suit de là
que notre échelle de teintes grises servira de même à
trouver le rapport entre les intensités de deux sensations.
de couleurs quelconques. :
Je n’ai point fait entrer comme élément dans l'emploi
de l'échelle , le plus ou moins d'intensité de la lumière qui
éclaire cette échelle ; en d’autres termes, j'ai admis tacite-
ment que les rapports entre les intensilés des sensations
correspondantes aux différentes teintes de l'échelle étaient
( 382 )
sensiblement indépendants du degré de l'éclairement com-
mun de ces teintes. Mais c'est ce qui était permis, semble-
t-il, d’après le résultat de l'expérience; en effet, je m'avais
fait, aux personnes qui m'ont prêté leur concours, d'autre
recommandation à l'égard de l'éclairement des carrés, que
d'opérer à la simple lumière du jour, lumière qui est très-
variable, puisqu’elle dépend de l'heure de la journée, du
plus ou moins de pureté de l'atmosphère, de l'exposition de
la fenêtre par laquelle on la reçoit , ete. ; et comme les per-
sonnes dont il s’agit ont opéré isolément et à des époques
différentes, il est évident que les huit échantillons de
gris doivent avoir été obtenus sous des éclairements très-
inégaux ; or, comme je Pai dit, ces gris n’ont présenté entre
eux que des différences fort légères, et celles-ci pouvaient
légitimement être attribuées à la petite incertitude insépa-
rable des jugements de contraste.
On reconnaîtra d’ailleurs , d'une autre manière, que les
rapports entre les intensités d 4 corresp nies
à différentes teintes varient peu avec l'intensité de l'éclai-
rement commun de ces teintes : chacun sait que l'effet
d’une gravure demeure sensiblement le même, soit qu'on
regarde cette gravure à la lumière du jour, soit qu'on la
considère à la lumière d’une bougie, à celle d'un bec de
gaz, ou même à celle du soleil; ces éclairements si diffé-
rents n’apportent pas de changement bien notable dans les
relations entre les parties claires et les parties ombrées, à
moins toutefois que l'imagination ne supplée aux altéra-
tions de l'effet général (°). 5
ee
(*) La formule de Fechner conduit à cette conséquence que, gen
l'éclairement commun varie, ce sont les différences des sensations qui
-
| ( 385 )
Mais si le rapport des intensités des sensations dues à
deux teintes inégales est indépendant du degré de léclaï-
rement commun de ces teintes, on arrive à une formule
Qui ne coïncide pas avec celle de Fechner. En effet, posons,
d'une manière générale, S—F (E); la fonction F devra
être telle que pour E—=o, l’on ait aussi S—0, et que S
croisse avec E. Cela posé, imaginons que l'on regarde
deux carrés contigus de teintes inégales, lun blanc et
l'autre gris, éclairés par une certaine lumière, telle que
celle du jour. Ces deux carrés enverront respectivement à
l'œil deux lumières dont les intensités auront entre elles
Un rapport déterminé que nous désignerons par r. Si en-
suite nous exposons ces mêmes carrés à une lumière m
lois plus forte, à celle du soleil, par exemple, chacun des
Carrés enverra alors à l'œil une lumière m fois plus intense
que sous le premier éclairement, de sorte que le rappôrt
entre les intensités de ces deux lumières sera encore r.
upposons maintenant que les intensités des sensations
correspondantes aux deux teintes conservent exactement
un même rapport quand on fait varier Péclairement com-
Mun, et donnons successivement à celui-ci des valeurs E’,
EE” Er, ete., telles que le quotient de l’une quelconque
d'entre elles par la précédente soit constant; les valeurs
Correspondantes de S seront aussi telles que le quotient de
l'une quelconque d'entre elles par celle qui la précède sera
Constant. Done, en d’autres termes, si E croît suivant une
Progression géométrique, S croîtra aussi suivant une pro-
sression géométrique.
Lei enne ee a
Meurent constantes; il m'a paru plus rationnel, pour rendre raison du
Maintien de l'effet général de la gravure, d'admettre a priori la constance
des rapports , et non des différences, entre les s i
i
(384)
D'après cela, soit B le premier terme de la progression
suivant laquelle on fait croître E, et soit À le facteur con-
stant de cette progression; on aura, pour représenter le
n° terme, expression
RBA 4 a
désignant de même par C et par y le premier terme et le
facteur constant de la progression suivant laquelle croit S,
on aura, pour le terme de même rang de cette seconde
progression
S C mi,
Maintenant, puisque u et À sont constants, on peut poser
p=}, l’exposant p étant également constant, ce qui
sa (Pt Cet 2 Fil
Éliminant à*—! entre les équations [2] et [3], il vient
S= Er, ou, remplaçant la quantité constante 7 Par une
seule lettre A, a
Se re ue er [4]
équation dans laquelle p peut être moindre que Punité.
Telle est done la relation à laquelle on parvient dans
l'hypothèse de l'indépendance entre le rapport des sensa-
tions de deux teintes inégales et l'éclairement commun de
ces teintes. ,
_ La loi exprimée par notre formule [4] diffère essentiel-
lement, on le voit, de celle de Fechner, exprimée par =
formule [1]. Cette dernière parait n’être applicable qu'à
partir d'une certaine valeur de E; en effet, pour E 5 0,
par exemple, elle donne S — l'infini négatif, ce qui ek
| (388) ;
difficilement interprétable. Fechner, il est vrai, écarte
partiellement la difficulté par la considération qu’il y a une
valeur de E très-petite, mais finie, au-dessous de laquelle
on ne perçoit plus de sensation , et qui correspond consé-
quemment à S = 0; si on la désigne par E', la formule à
laquelle on arrive, est : |
E
S= A log. p >
La formule [4] donne S— o0 pour E—0, mais elle est
fondée sur une hypothèse qui n'est peut-être pas suffisam-
ment justifiée. Du reste, cette même formule.[4], aussi bien
que celle de Fechner, doit cesser d’être applicable au delà
d'une certaine limite supérieure de E, car lorsque l’excita-
lion est trop énergique, elle altère l'organe qui perçoit la
sensation.
Voici actuellement une méthode au moyen de laquelle
on obtiendra, en même temps que l’échelle de teintes dont
j'ai parlé plus haut, les intensités lumineuses relatives de
ces différentes teintes, ce qui permettra de soumettre les
formules [4] et [4] à l'épreuve de l'expérience.
On sait, d’après un principe avancé par Talbot, principe
dont j'ai donné une vérification expérimentale (°), que si
l'on partage un disque de carton en secteurs alternative-
ment blancs et noirs, tous les premiers étant égaux entre
. eux, et tous les seconds étant de même égaux entre eux,
et si Pon fait tourner rapidement ce disque dans son plan
_ autour d’un axe central de manière à produire l'apparence
d’une teinte grise uniforme, l'intensité lumineuse de ce
"à
C) Bull. de l Acad., t. II, 1835, p. 52.
( 586 )
gris est à celle du blane, comme la largeur angulaire d'un
secteur blanc est à la somme des largeurs angulaires d’un
secteur blane et d'un secteur noir.
Cela étant, supposons qu’au lieu de secteurs noirs com-
plets, il n’y ait sur le disque que des portions de secteurs
comprises entre le bord de ce disque et une circonférence
concentrique dont tout l’intérieur soit blanc; supposons,
en outre, quẹ le disque soit placé devant une surface noire.
Alors, quand on le fera tourner, l’ensemble des portions
de secteurs donnera une zone grise comprise entre les-
pace blane central et l’espace noir sur lequel l'appareil se
projette, et l’on pourra comparer le contraste entre le gris
dont il s’agit et le blanc, avec le contraste entre ce même
gris et le noir.
Quand la largeur angulaire des portions noires est égale
à celle des portions blanches qui les séparent, il suit du
principe de Talbot que l'intensité lumineuse de la zone
grise est la moitié de celle du blanc; or l'expérience montre
alors, et le fait est frappant, que le gris obtenu est un gris
clair, beaucoup plus rapproché du blane que du noir. Ainsi,
quand l'intensité de la lumière devient moitié moindre,
l'intensité de la sensation est loin de devenir moitié
moindre ; la sensation varie donc suivant une loi beaucoup
moins rapide que la cause excitante, comme le veut la for-
mule de Fechner. H suit delà, on le voit aisément, que,
dans notre formule [4], exposant p doit être très-inférieur
à unité.
Maintenant, comme on aak an de modifiés à volonté
le degré de foneé du gris de la zone en changeant les lar-
geurs angulaires. relatives des portions noires et blanches,
on pourra arriver, par Ltonnements, à réaliser une teinte
grise qui paraisse exactement aussi différente du noir exté-
( 587 )
rieur que du blanc central. Si l’on prend ensuite un second
disque dans lequel on partage l’espace circulaire central
en secteurs noirs et blancs ayant le rapport de largeurs
qui fournit le gris intermédiaire ci-dessus, on pourra par-
tager la zone restante en portions noires et blanches telles
qu'elle amène un gris intermédiaire entre le gris central et
` le noir extérieur; un troisième disque, qu’on fera tourner
devant une surface blanche, pourra être divisé de façon
que le gris de la zone soit intermédiaire entre le premier .
gris et le blanc, et ainsi de suite. >
On se procurera done, par ce moyen comme par celui
dont j'ai parlé d'abord, une échelle de teintes excitant des
sensations dont on connaîtra les rapports; mais la nouvelle
échelle présentera l'avantage que, pour chaque teinte, on
aura, ainsi que je Pai dit, le rapport de l'intensité lumi-
heuse de cette teinte à l'intensité lumineuse du blanc, de
Sorte que l'échelle servira à contrôler les formules. Dans
tous les cas, on pourra en faire usage pour construire une
courbe qui représente , entre des limites assez étendues , la
loi empirique des sensations, en prenant pour abscisses les
Intensités lumineuses, et pour ordonnées les valeurs cor-
Fespondantes de là sensation.
Une seule expérience suffira, du reste, pour s'assurer si
la formule [4] est légitime ou non : supposons qu’on ait
Préparé, à la simple lumière du jour, le disque qui donne
une zone grise dont la teinte paraît exactement moyenne
entre le blanc et le nor. Si, en exposant l'appareil à la
lumière du soleil, le gris de la zone paraît encore différer
autant du blanc que du noir, on en conclura qu’en réalité
l'intensité de l'éclairement commun n’influe pas notable-
ment sur le rapport des sensations, et que, par suite, la
formule [4] exprime avec une approximation suffisante la
( 588 )
loi véritable; si, au contraire, sous ce fort éclairement, il
faut, pour avoir encore l'égalité entre les deux contrastes,
modifier beaucoup les largeurs relatives des portions biar
ches et noires, c'est qu’on ne peut faire abstraction de l'in-
tensité de l'éclairement commun, et qu’ainsi la formule [4]
doit être abandonnée. ae
J'aurais pu, avant de présenter la note actuelle, faire
exécuter par mon fils et par d’autres personnes toutes les
expériences dont je viens de tracer le plan; mais M. Del-
bœuf, professeur à l’Université de Liége, à qui j'avais com-
muniqué , il y a quelque temps, mes premiers résultats et
Pindication de mes procédés, a bien voulu se charger de
poursuivre l'étude de la question; guidé par des considé-
rations qui lui sont propres, il a trouvé une formule pa
logue, mais non identique, à celle de Fechner, et il Fa
soumise à une suite de vérifications. Quand les résultats
de ce travail seront publiés, on saura laquelle des trois
formules, celle de Fechner, celle de M. Delbœuf ou la
mienne , doit être préférée.
La classe a décidé l'impression du billet cacheté suivant,
ouvert dans la séance par M. Dewalque :
« Arrivé au Mont-Cénis en 1864, avec la Société géolo-
gique de France, les travaux de Carlini sur la densité de la
terre me revinrent à l'esprit; et ce souvenir me fit naître
l’idée de chercher la détermination de cette densité par des
observations dans le tunnel entre Modane et Bardonnêche,
ce qui m'amena à chercher des conditions analogues dans
notre pays. C'est ainsi que, depuis cette époque, j'ai projeté
un système d’observations dans une de nos houillères, qui
( 389 )
me permettrait de porter le pendule à une profondeur d’un
kilomètre et de vérifier ainsi le chiffre obtenu par M. Airy.
A cette profondeur, et avec les perfectionnements récents
des appareils enregistreurs l'erreur probable du résultat
doit être beaucoup moindre que dans les observations du
Savant astronome de Greenwich.
| Jusqu’aujourd’hui, l'exécution de cette entreprise a dû
étre ajournée, tant à cause de ses difficultés et des dé-
penses considérables qu’elle entraînera , que par la néces-
sité de m’adjoindre un habile mathématicien. Après en.
avoir conféré avec M. le professeur Folie, qui veut bien
S'associer à moi dans ce but, je crois que le moment ap-
Proche où je pourrai mettre la main à l’œuvre; mais
Comme diverses circonstances peuvent mettre obstacle à
mes projets, je crois devoir écrire aujourd'hui ces lignes
Pour prendre date. »
Liége, le 4 février 1869.
G. DEWALQUE.
Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, d'après
les observations d’Airy, par M. F. Folie, correspondant
de l’Académie (`).
On peut ranger en deux elasses bien distinctes les pro-
cédés d'expérience au moyen desquels les géomètres ont
cherché à déterminer la densité moyenne de la terre :
ceux dont le résultat est indépendant de la connaissance
D
(C) Account of Pendulum Experiments undertaken in the Harton
Colliery, for the purpose of determining the Mean Density of the Earth,
by G. B. Airy, Esq., Astronomer Royal. (Paros. Trans. 1856.) |
27° SÉRIE, TOME XXXNI.
v
( 390 )
de la densité superficielle, et ceux, au contraire, qui ne
permettent de calculer la densité moyenne qu’en fonction
de la densité superficielle. :
Si l’on suppose une égale précision aux observations de
l’une et de l'autre classe, ce sont naturellement celles de
la première classe dont le résultat sera le plus sûr.
La valeur de la densité moyenne, obtenue par la pre-
mière méthode, celle de la balance de torsion, est, d'après
les expériences de Cavendish, 5,448; d'après celles de
Baily, 5,660; d’après les dernières expériences de
Reich, 5,576.
La valeur obtenue par l'un des procédés de la seconde
classe est :
4,745 d’après la déviation du fil à plomb près du mont
= Schehallien, mesurée par Maskelyne, et par Hutton et
Playfair;
4,857, déduite des oscillations d’un pendule observées
sur le mont Cenis par Carlini età Bordeaux par Biot;
6,566 enfin, déduite par Airy de ses expériences sur le
` pendule à la surface et au fond de la mine de Harton.
Ce dernier chiffre s'écarte considérablement, comme ver
le voit, de tous les précédents; il est même d’une unité
_ environ plus fort que le chiffre le plus exact obtenu par
le moyen de la balance de torsion.
Et cependant les expériences ingénieuses imaginées par
Airy, et faites sous sa direction, ont été excessivement
nombreuses, et ont fourni des résultats d’une concordance
admirable, de sorte qu’il n'est pas permis de douter de
leur extrême précision. En outre, la méthode de lastro-
nome anglais est incontestablement la plus sûre entre
toutes celles qui exigent la connaissance de la SE
superficielle. Enfin, il a déterminé avec le plus grand soit
Cette densité dans toute la profondeur de la mine, et il à
EEN
( 39 )
de plus calculé la faible influence exercée par les irrégu-
larités du sol autour du point d'observation.
Tout conspire donc à faire-regarder la valeur de la den-
sıte moyenne, fournie par cette méthode, comme devant
être très-exacte, à moins qu’il ne se ‘soit glissé quelque
Imperfection dans la manière dont Airy a soumis au calcul
le résultat de ses observations.
L'écart considérable qui existe entre le chiffre d’Airy et
‘eux que Baily et Reich ont déduits d'expériences égale-
ment très-précises ne peut pas s'expliquer autrement, à
moins qu'on ne dénie toute rigueur à ces dernières.
Mon attention a été appelée sur ce point, il y a long-
lemps déjà, par un savant confrère et ami, M. le professeur
Dewalque; nous avons débattu souvent ensemble cette
srave question, et discuté en détail le remarquable travail
d'Airy. Enfin, après de mûres réflexions, nous avons conclu
que le calcul pourrait se faire avec un peu plus d’exacti-
tude Peut-être, et j'ai résolu de l’entreprendre dans les
limites Qui me sont imposées par le sujet même. -
En partant donc de toutes les données d'Airy, et en
négligeant, comme lui, l'influence de Vellipticité et de la
lation de la terre sur la pesanteur ("), j'arrive en effet
au Chiffre 6,439 , qui est de 0,127 plus faible que celui
Airy, mais cependant de 0,862 encore plus fort que
celui qu'a donné la balance de torsion.
Avant d'aborder le calcul, je vais montrer la modifica-
tion que j'ai cru devoir apporter à celui d’Airy.
_ Les observations du pendule donnent le rapport des
Intensités de la pesanteur aux points À et B.
Or, ce rapport dépend non-seulement des distances de
em
C) Cette influence n'apporte qu'une correction d’une unité sur le troi-
sième chifr, 32 5 à i > : FES SUR PP 5 .
Di
cette correction que j'ai décom la couche sphérique de cete
A en posé la P
( 392 )
ces deux points au centre de la terre, mais encore des
attractions que la couche sphérique d'épaisseur AB exerce
es S = sur ces deux points. Or,
al S 5 Airy suppose que la den-
AKTE sité de cette couche est
Ee C2 * uniforme, ou, si l’on veut,
‘ que sa densité moyenne
est égale à celle qu'il
a déterminée dans la
i j mine. Mais si cette der-
(eN „ý nière densité (2,5) est
kR Tea a o supérieure à la densité
se moyenne de la couche,
Z Eo il y aura de ce chef une
correction à apporter à la recherche de l’action de cette
couche, telle qu’elle a été faite par Airy.
Je me propose de calculer cette action en la décompo-
sant en deux parties : celle du volume AM/MBNN' que
j'appellerai V,, auquel je suppose un rayon AM’ égal à
5 milles anglais (‘), et la densité (2,5) déterminée par Airy;
-
LES sa
et celle de la portion opposée AM'MB/NN' de la couche,
que j'appellerai V,, et à laquelle je supposerai une densité
égale à la densité superficielle moyenne de la terre.
J'indiquerai en terminant une méthode qui serait encorè
un peu plus rigoureuse, et dont l'application, si l'on pos-
sédait les données suffisantes, conduirait peut-être à ul
résultat un peu différent de celui que j'ai énoncé.
AE AE M MERE
(C) Cest dans ce rayon, au delà duquel les irrégularités superficielles
n'ont qu’une influence i
provient de ces irrégularités; et c'est parce que je dois tenir compte
1
le, qu’Airy a déterminé la correction qui — {
( 395 )
Il s'agit done d’abord de calculer les attractions exercées
par V, sur les points A et B : celles-ci, à leur tour, je les
décompose en deux parties :
l. Attraction exercée par la calotte sphérique MBN sur
et B. °
IL. Attraction exercée par le cylindre MM'NN’ sur A et B.
L'attraction exercée par V, sur chacun des points À et B
étant connue, en la retranchant de l'attraction exercée sur
lun de ces points par une couche sphérique de même den-
sité, on aura évidemment Pattraction exercée sur ce point
Par le volume opposé Vo.
Soit c l'épaisseur très-faible de la couche supposée
homogène; à sa densité moyenne , à laquelle nous attri-
buerons, dans chaque cas, la valeur convenable; son attrac-
tion sur À sera nulle, et sur B elle sera Arcd(1 —2r), si l’on
fait le coefficient de l'attraction égal à l’unité (v. p. 400).
L'attraction exercée par le volume V, sur le point A
Sera, comme nous le verrons, de la forme
— 2rcs (1 — A;);
et l'attraction exercée par le volume opposé Vo sera par
Suite
205 (1 — A).
Mais pour le volume V, nous devons faire à =d, et pour
le volume Vd em dh
De sorte que l'attraction exercée par la couche sphéri-
que sur le point A sera
AS — rde (1—4) +26 (1— 2) — 2e (1— a) — 5),
Si nous désignons par z le rapport È des densités des deux
Parties de la couche. gérés
( 394 )
Nous trouverons de même pour l'attraction exercée par
le volume V, sur le point B :
2709,c (1 — 42);
s
et pour l'attraction exercée sur ce même point par le
volume V, :
Aroc (1 — 2r) — Irc (1 — 43) = rdc (1 + Ar — 4r).
De sorte que l'attraction exercée par la couche sphé-
rique sur le point B sera la somme des expressions précé-
dentes, ou
B = 2de [1 + c — Ag (1 — 0) — Aro].
Pour avoir l’action exercée sur le point B, non par la
couche rigoureùsement sphérique, mais par la couche
réelle, qui se composé du volume V, avec ses irrégularités
superficielles, et du volume Vo que nous pouvons, avec
Airy, supposer sphérique, nous aurons à ajouter à expres-
sion précédente la correction K relative aux inégalités su-
perficielles; et nous obtiendrons ainsi, pour l'attraction
exercée par la couche réelle sur le point B (”) :
B =B +K.
Airy ayant supposé c = 1, il en résulte que pour lut
l’action de la couche sur A est nulle; de sorte qu'il s'est
borné au calcul de attraction de cette couche sur B, qui
est, pour c = 1, si l'on néglige la quantité très-faible ” :
o Andie + K;
E OSE T NE
C) Nous croyons pouvoir zand l'influence que les irrégularités
_ superficielles exercen rcent sur le point
(395 )
ou, si l’on veut, au calcul de la différence des actions de la
couche sur les points A et B.
__Nous croyons, au contraire, devoir calculer séparément
l'action de cette couche sur chacun de ces deux points;
et en l’ajoutant à celle que le noyau intérieur exerce sur
chacun d'eux, nous aurons l’action totale exercée par la
terre sur le point A et sur le point B.
Certainement on serait tenté, au premier abord, de
croire que l'attraction de la couche sphérique sur le point A
est tellement insignifiante qu’elle ne peut exercer aucune
influence sur la valeur de la densité. moyenne, et cepen-
dant il n’en est pas ainsi, comme nous allons le voir.
` CALCUL DES ATTRACTIONS.
n—1 ec
Notations. OA—=R ; AB—c; Ries 5 AE—d=—c Sig F ;
aR
z, hauteur d’un point de la couche au-dessus du plan
tangent en A.
e, distance de la projection de ce point au point A.
9, son azimuth.
Expression de l'attraction d’un élément. Nous pourrons,
à cause de la symétrie de la figure autour de laxe BB’,
prendre dans chaque cas pour élément un cylindre de
rayon o, de hauteur dz, et d’une densité constante ‚situé
à une hauteur z au-dessus du point A.
La composante verticale de l'attraction exercée sur le
point A par une portion infiniment petite de ce cylindre
comprise entre les rayons p et pọ + d p et les azimuths 9 et
9 + 40 est égale à
: dopdpzdz
"weer!
~
( 396 )
et par suite la composante verticale de l'attraction de
` l'anneau d’épaisseur dp sera
gd zdz-
Top Et pt i
et celle de Pattraction du cylindre élémentaire sur le
point A :
z
2rdzdz E a a (1 Pre n SER
0
L'attraction de ce cylindre sur le point B s’obtiendra en
ee simplement z en c— z; elle sera donc :
—2rada| 1 — Le] EA ze
I ne nous reste qu’à intégrer ces deux expressions entre
les limites convenables, pour obtenir les attractions cher-
S.
Nous pourrons, dans ce calcul, négliger, à partir de la
seconde, les puissances de r, qui est égal à 0,000035 envi-
ron dan le cas qui nous occupe.
Attraction de la calotte MBN sur A.
Nous obtiendrons cette attraction en intégrant lexpres- `
sion 1) entre les limites d et c, ce qui nous donnera :
e fes
P+
Pour évaluer l'intégrale J, nous devons exprimer 2 en
= Ard [e — J].
(CIST)
fonction de z; or, par une double expression du carré de la
corde BS on obtient :
p + (c — zf = 2R (ce —z)
d’où :
p+z—2{(R—c(c—2),
en négligeant c?, ou r2, comme il est convenu; nous aurons
donc
s A ° (c—u)du
f EL V AR—eN(C—z) Ce. sf Vu
VEEN zes 2 m — 5 J
VAR) | wuz uu EA VELE 8 5 ;
0 i
L’attraction de la calotte sur A sera donc :
wies) Te US
(). Si l'on voulait calculer J rigoureusement, c'est-à-dire sans négliger
2
€, comme nous l'avons fait, on trouverait
I=% +r) /r | Viir +r(1 (+21 hs 4/70! aal
ou, en négligeant les termes en 7? ;
men 1+2r—+|- Vr(1+ ni}
Mais l'introdnetion d l'autre de ces expressions, qui sont zie
calcul numérique beaucoup plus compliqué gen o du texte , wap- ,
Porterait aucune m me RE
de la valeur de la densité me TE
Nous
Huus
Ees ik le texte
( 398 )
Attraction de la calotte MBN sur B.
Nous l’obtiendrons en intégrant l'expression 2) entre
les mêmes limites, d etc, de z, ce qui donne :
(c—z)dz Re
— 970 ——9rd(e—dJ").
É vs F+(c—z) | i
Remplaçant p par sa valeur donnée plus haut, nous
aurons :
2 (e—z}dz 3 “udu 4 Zai
J varea Va) Va Vas
_ L’attraction de la calotte sur B sera done:
ge e ‘ (2)
relie a)
. Attraction du cylindre MM’ N'N sur A. Nous la trouve-
rons en intégrant l'expression 1) entre les limites o et be
p étant le rayon du cylindre, que nous représenterons 4
par pọ; NOUS aurons ainsi : |
|
E dz (1— |: ao [a DE an)
Z
Voir
Attraction: du cylindre sur B. Celle-ci se trouvera de
même par l'intégration de I expression 2) entre les mêmes
limites : ;
fes dii ren ard (Vire ne) |
VEEG z) .
La somme des expressions (4°) et (1!) nous donnera :
(399)
l'attraction du cylindre et de la calotte, ou de V;, sur À,
qui sera égale à |
ti seed a RE
V'aR—c)|\e
ais VE aan (ren)
2rdc (4 — A),
en posant pour abréger
* nage) 1 rome
nss ( — (1+r) +- (V pit dig)
n on c
Comme Faction d’une couche sphérique de densité ò sur
le point A est nulle, l’action du volume Vo sur ce point
sera égale et de signe contraire à celle du volume V; et
par suite
l'attraction du volume V, sur À sera
—9rde (1 — 44).
Mais la densité du volume V, étant d,, et celle du vo-
lume Vo étant ðo, nous aurons à changer, dans les expres-
sions de leurs actions respectives, den à,, pour V‚, et en
do, pour Vo; faisant alors la somme de ces actions, nous
obtiendrons pour
l'attraction de la couche sphérique sur le point À :
A= ded —ar) — Lode (1 — A)
—=2rdie (1 — A) (1 =h
en posant- =.
( 400 )
La somme des expressions (2°) et (2*) nous donnera de
même
l'attraction du cylindre et de la ‘ae ‚ou de V,, sur B,
qui sera égale à
— 2e | zel Vijls [a Ee | hërë) | =
ə
aE Ae o ar
— rdc i oV. -— = (Veri Verre?) | 2
— 27 de(1 — As),
en posant pour abréger
ER re
A= VE += (Verre).
Comme l’action d’une couche sphérique de densité à sur
le point B est
2
_ kerk se(1+2r) _ ak 1+2r = Ardell 27),
(R+c} 4 +
(le signe — provenant de ce que nous avons compté
comme positives les attractions dirigées vers le haut)
l'action du volume V, sur ce point sera égale à
hr de(1—2r) + 2rde( 1—4) =—2 r de (1+ Ar 4r).
Changeant, comme plus haut, à en ò,, dans l’action du
volume V,, et en ò, dans celle du volume V,, et sonen
alors ces deux actions, nous aurons pour
l'attraction de la couche sphérique sur B:
B 2r Ae (A—as)Ard, (A+ Ar — 4r) =
—=—2#dc[1+0—a,(1— 0) —4ro].
( 401 )
En appelant K la correction due aux inégalités superfi-
cielles au point B, nous aurons pour
l'attraction de la couche réelle sur B :
Baek
Nous avons maintenant à effectuer le caleul numérique
des valeurs de A et de B
CALCUL NUMÉRIQUE.
Données. Les valeurs suivantes ont été rapportées par
Airy à l'épaisseur de la couche prise pour unité (l. c., p. 536
el 387) : c = 1 ; R = 16621,7; p= 12.
Il nous reste encore à connaître les densités ò, et ò, des
deux parties de la couche sphérique.
Pour ò,, nous devons prendre la valeur 2,50 trouvée par
Airy, quoiqu’elle n’ait été déterminée qu’aux environs
immédiats du puits dans lequel il opérait, et qu’il ne soit
Pas certain que la densité moyenne ð; de la portion de
Couche V, de 3 milles anglais de rayon, soit exactement la
même. |
Pour ò, qui est la densité superficielle moyenne du
globe terrestre, nous adopterons le chiffre 1,4, trouvé en
admettant que les mers occupent une surface environ
5 fois plus considérable que celle des continents, et que
la densité superficielle de ceux-ci est 2,5. :
Nous aurons donc :
| 1,4 dn
dB omg 080 Leem
( 402 )
Au moyen de toutes ces données, nous aurons à cal-
culer :
A=2r c (1—4) (1—0) =27U,.
B=—2 ràc [1 +0—14; (1 —c)] =— 27 U.
Vil Leen -( Te
A= yo +- s (Vray are) Ar
Calcul de n.
er
4 : ia
D'où —= 0.0043531688. n — 250,85692.
n
n= n—i
— 0:993668312. (= j= —0.9913568.
4
— = 0.001445896. 1 — A = 0.9985561.
5n
Sn
Calcul de n
Comme :
mme r — R er ro ‚ nous aurons :
V- 0.000560974.
Calcul de a.
T say (i2 =) Ar) — 0.000720927.
n 5n
( 405 )
ge à, =y pret) = 0.041255685.
d'où 4, = 0.041956610 (°).
Calcul de U, .
U=d,e(1—4,) (4 —6)—=(1—A4,) X 1,1 —1,05584775.
Calcul de à, .
SAT
bn EE 0,0000010412.
n
i re ns ;
2° ze V Saa VA p? +) —=0.041 5957972.
d'où 4, — 0.041 59484.
Calcul de U,
U= d,c[1+0— Aa (lo) — Ara]
= 3,9 — 0,0457543 — 0,0001 684 — 3,8540775.
Connaissant les valeurs ie U, et de U,, nous aurons
_ celles de
mais il est plus simple de ne pas effectuer les multiplica-
cations, à cause des réductions qui auront lieu dans la
suite di calcul.
() La valeur de A,, calculée pets la première formule donnée
plus haut (p. 397) en note, serait : 0,04189895, et d'après la seconde :
0,04188937: ; et celle de U, : 1,05591115 ou 1 „0559215.
Et la substitution de ces valeurs dans la formule qui donne la densité
: Moyenné donnerait au lieu de 6,458854 ie me) bas, p. 405) les nombres
fort peu différents 643892 ou sn
( 404 )
CALCUL DE LA DENSITÉ MOYENNE DE LA TERRE.
Avant de substituer les valeurs de A et de B, dans la
formule qui donne le rapport des intensités de la pesan-
teur aux points A et B, nous avons à ajouter à cette
dernière, la correction due aux irrégularités superficielles
au-dessus de la calotte considérée, et nous obtiendrons
B;,— B + K; cette correction, calculée avec la plus
grande exactitude par Airy, s'élève à + 0,111998 (le
signe + provenant de ce que nous comptons les attrac-
tions dirigées vers le haut comme positives).
Nous pouvons maintenant déterminer l'intensité de la
pesanteur en chacun des points À et B.
Si nous désignons par D la densité moyenne de la terre,
l'attraction qu’elle exerce sur le point A sera
4 ~
Gm zr RD + A;
et l'attraction qu’elle exerce sur le point B :
4 rRD
3 (R+ c)
7 EN
Gr =
i
= — z RD(4—4r) +B +K.
Or, les observations d’Airy lui ont donné (I. €., p. 358) :
G,
Z — 1,00005185.
Gs
Nous aurons donc en introduisant dans ce rapport
expressions précédentes de G, et de Ga, et en remplaçan
3 a
|
|
|
Te M Res de LV
( 405 )
immédiatement A par 2-U, et B par 2U; :
1,00005185 — i
RD (1—4r)—2rU, +K
Divisant les deux termes par 27, remplaçant , pour
E RD par X, et changeant les signes, nous trou-
verons
ug
1,00005185 — z 5
Klik U =
(i—4r) + UE
Substituant enfin à r, U,, Us et K, leurs valeurs données
précédemment, nous obtiendrons l'équation suivante :
X — 1,03384773 BEE
X (1 — 0,000120325) + 3,8362524?
1,00005185 —
d’où nous tirerons :
X — 1,05584775 — X. 1,00005185 (1 — 0000120325) + 3,8564513 ;
et Ee là :
X }1—1,00005183 (1—0,000120525 ) $ = 4,8902990 ;
d'où enfin :
4,8902990
__0.00006854
Et comme nous avons posé X — 3 RD, nous en dé-
duirons :
2 al |
= D—4,292556 ; d'où D= 6,438834,
2e SÉRIE, TOME XXXII.
(406) _
ou, en nous bornant à trois décimales,
; D = 6,439
pour la densité moyenne de la terre.
La valeur donnée par Airy est
D = 6,566
avec une erreur probable de + 0,0182 (voir 1. c., p. 542).
Cette dernière valeur est donc trop forte de 0,127,
étant admises toutes les données d’Airy.
Est-ce la dernière correction qu'il faille y apporter?
Comme nous l'avons dit plus haut, d,, dans notre calcul,
ne représente pas la densité moyenne au puits méme,
mais dans un rayon de trois milles anglais autour de ce
puits; de sorte que ò, pourrait différer de 2,5 (”).
Ensuite, le-calcul serait certainement plus exact encore
si l'on connaissait la densité moyenne de la couche dans
un rayon plus considérable. Enfin, il reste à vérifier l'exat
titude de la valeur 1,4 que nous avons attribuée à la den-
sité superficielle moyenne de la terre.
Ce sont là des points essentiels qu’il appartient aux
géologues de décider : alors seulement les géomètres pour”
ront conclure si la valeur 6,439 que nous avons déduitè
des observations d’Airy, pour la densité moyenne de la.
terre, doit être modifiée.
S D à dde
ignorance qui m'oblige à admettre Ja valeur moyenne déterminée par Airy
Sur la profondeur BA. —
PSN ON ek
( 407 )
Nous allons, pour terminer, rechercher quelle est lin-
fluence que pourrait exercer sur le résultat une erreur com-
mise dans la détermination de Ja densité moyenne de cha-
Cune des parties de la couche considérée; et nous verrons
qu'il est fort difficile d’avoir une grande confiance dans
l'exactitude de la valeur obtenue.
Cette difficulté tient à quatre causes :
1° La profondeur relativement assez faible de la mine ;
2 Le rayon, assez faible également, de la calotte dont
Airy a déterminé les inégalités superficielles;
5° et 4 Les erreurs dont sont affectées les densités
moyennes des deux parties de la couche.
La première cause ne pourrait être écartée; la seconde
bien, mais au prix d’un grand travail géodésique.
Nous n’examinerons ici que l'influence des deux der-
nières causes, que nous pouvons analyser sans sortir du
| „Cercle des opérations d’Air
iry-
Reprenons la valeur de X (ou 5 IRD) trouvée plus haut
(p. 405), en remplaçant c par sa valeur $ , et en représen-
tant par f le rapport $s £a trouvé par üa:
K
So ea) | — Ag)d + (1 + 42) ied — Ed
i i—f (1—4r)
Désignons par AX, la variation de X correspondante
à une variation a 0, de d,;
et par aX, celle qui correspond à une variation ad, de
à; nous trouverons
ek nk fa ectie Ai) nn a zolz fas)
—hr)
( 408 )
Pour une erreur absolue A), ou Ad, commise sur d OU
d,, nous aurons donc une erreur relative Ar ou LE com-
mise sur X; et comme nous avons trouvé
4,8903
1—f(4—2r)"
X= A, = 0,041957; ^= 0,041595;
nous en déduirons, f étant égal à 1,00005185 :
fA+as—4r)—(1— 3,)=0.085593; 1—A, + f (1— 43) —1,9165.
Les valeurs des erreurs relatives seront par suite :
= 0172 ; et a = 0,592 ad, -
Pour que la seconde soit du même ordre que la pre-
mière, il faut donc que l'erreur commise dans l'évaluation
_ de 9, soit à peu près 23 fois moindre que l’erreur commise
dans l’évaluation de ð,
Si, par exemple, d, est en erreur de 0,1 en valeur ab-
- solue, X ou D sera en erreur des 0,0047 de sa valeur;
c’est-à-dire que D sera affecté, de ce chef, d’une erreur
“absolue de 0,011 environ ;
Et si à, est en erreur de 0,005 seulement en valeur ab-
solue, X ou D sera en erreur des 0,392 de sa valeur ; C'est-
à-dire que D sera affecté, de ce chef, d’une erreur absolue
de 0,0126 environ.
Or, dans l’état actuel des connaissances géologiques,
on n'est peut-être pas encore à même, mais on le sera
sans doute bientôt, de déterminer la densité superficielle
moyenne de la terre à 0,1 près; peut-on déterminer 2,»
Quelque soin qu’on y apporte, à 0,005 près, dans une Z0n€
( 409 )
de l'étendue de celle que nous avons considérée , c'est plus
douteux ; et si même on y arrive, on voit qu'il est peu pro-
bable que la densité moyenne de la terre, déduite des ex-
périences d’Airy, et en tenant compte de toutes les modi-
fications que nous avons indiquées précédemment dans le
calcul de cette densité, puisse être déterminée à moins de
0,02 près.
1
Matériaux pour la faune belge : deuxième note (1), My-
riapodes; par M. Félix Plateau, correspondant de
l’Académie.
Plusieurs mémoires importants et quelques notices sur
les Myriapodes ont paru dans ces dix dernières années;
On a surtout senti le besoin de refaire, avec’soin , et en
S'appuyant sur des caractères plus précis, l’histoire des
espèces européennes.
Les méthodes suivies dans les ouvrages antérieurs sont,
à quelques exceptions près, si défectueuses et si incom-
plètes, qu’il est souvent impossible de se servir de ces tra-
Vaux pour arriver à la détermination exacte des espèces
Commünes de nos contrées. La preuve la plus convain-
cante de ce fait est le nombre considérable de genres nou-
veaux et d'espèces nouvelles que renferment les mémoires
récents, ainsi que la pauvreté des synonymies qu’ils citent.
auteurs, ne retrouvant nulle part de description nette
nn ien EE TE
PE ERE RE 7 f n \ Burt. DE
DU
/
(1) Voir pour 1
L’AcAD., 2 sér.t. XXIX, page 112.
( 410 )
des animaux qu’ils avaient sous les yeux, se sont vus obli-
gés de les décrire sous des noms nouveaux et de supprimer
des synonymies douteuses.
Dans une suite de mémoires publiés de 1868 à 1871,
M. le Dr Fr. Meinert, soit seul, soit en collaboration avec
M. le D" Bergsöe, a exposé, avec un soin minutieux , tous
les caractères des Myriapodes du Danemark (1).
. le Dr Ludwig Koch, parmi de bons travaux dont-il à
enrichi cette partie de la science, a fait paraître, en 1862,
une monographie du genre Lithobius qui peut servir de
modèle (2).
On me permettra de téaoigrier ici toute ma gratitude à à
ces savants qui, par le don de leurs ouvrages, m'ont rendu
la voie plus facile et mont permis de terminer enfin cette
note que la difficulté du sujet m’avait fait abandonner plu-
sieurs fois.
Je wai nullement la prétention de donner une liste com-
plète des Myriapodes de Belgique, et j'ai même omis, à des-
sein, un petit nombre d'espèces, peut-être nouvelles, que
je me réserve de décrire ultérieurement. J'espère cepen-
(1) Fr, Meinert, Danmarks Chilognather (NATURHISTORISK RES
3. R. 5. B. S. 1) Kjöbenhavn , 1868.
Fr. Meinert, Danmarks Scolopendrer og Lithobier Hr + 241).
V. Bergsöe et Fr. Meinert, Danmarks Geophiler (ibid. M S. 1}:
Fr. Meinert, Polyzonium germanicum (ibid. 5. R. 6. B. vie
- Fr. Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis. Geophili (ibid, ij R: 7.5)
1871,4 pl.
(2) Die Myriapodengattung Lithobius. Nürnberg, 1862 (2 pl.). re
la rédacti cette notice, je lis dans le journal Nature (vol. v,e
mars 1872, p. 373) que M. A Stuxberg vient de présenter à l'Académie
des sciences de Suède la partie d'un mémoire où il décrit t les
Myriapodes de ce pays.
_( 411
dant avoir contribué utilement à l'édification de la faune
belge à laquelle des naturalistes éminents ont déjà fait faire
de si grands pas.
Je termine par une courte addition à
podes terrestres.
ma liste des Iso-
CHILOPODES.
Famille LITHOBHDÉS.
Genre LITHOBIUS (Leach) (1).
1. Lithobius forficatus (Linné).
Scolopendra forficata. Linné, ns nat., édit. 15, t. 1, pars V, p. 3016.
Lithobie à tenailles. A.-M-C. Dumeril, Consid. gen. ins., p. 238,
l. LVII, fig. 5
Lithobius forcipatus. Gervais, Jan sc. nal., 2° sér., t. VII, pl. IV, fig. 1,a,
— forficatus. Gervais Atlas de zoologie, pl. LVI, fig. 1 (jeune).
T s . Koch, Syst. der Myriap., pl. IV,
gn
et dS on h 1 Rå . PAS PC PE à , pl XII,
EE m vs Keek, Myriapodengattung Lithobius,
p. 59, pl. L, fig. 9.
Très-commun dans tout le pays; se rencontre surtout sous
la mousse et l'écorce du pied des arbres; rare sous les pierres
Où il est remplacé par l'espèce suivante.
tm a NE TS EU
(1) M. de Selys Longchamps cite le genre comme indigène dans le Dic-
tionnaire géographique de la province de Liége de Ph. V n.
Brux., 1831 , P- 57 (Appendice).
(W2} : |
Déjà cité, pour la Belgique par M. Bellynek (1) et pour la
Hollande par M. Snellen van Vollenhoven (2).
2. Lithobius calcaratus (C.-L. Koch).
Lithobius calcaratus. C.-L. Koch, pres DE aa, 40 (190) 25.
— Gervais, Ins. apt, t.
“> = Ludw. Koch Minna Lithobius, p. 70,
8.5
— — Meinert, end Scol. og Lithob, p. 265.
Cette petite espèce, moins commune que le L. forficatus,
n’est cependant pas rare; on la trouve ordinairement sous les
pierres; elle est, par ce fait, plus facile à se procurer dans
les régions élevées du pays que dans les Flandres. J'en ai pris
une douzaine d'individus aux environs de Laroche et d’Houf-
falise.
5. Lithobius curtipes (C.-L. Koch).
Lithobius curtipes. C.-L. Koch, Syst. der Myr., p
— Ludwig Koch , Myriapoden LA Lithobius, p. 68,
pl. II, fig. 29.
Peu abondant, se rencontre sous la mousse , au pied des ar-
bres; dans les taillis marécageux. Environs de Gand, ete.
Famille SCOLOPENDRIDÉS.
Genre CRYPTOPS (Leach) (5).
4. Cryptops Savignyi (Leach).
Cryptops Savignyi. Gervais, Ins. apt., t. IV, p. 292, pl. XXXIX, tig. l
a, b (4). l
EE EA
(1) Résumé du cours de zoologie professé au collége de Notre-Dame de
la Paix. Namur, 1864-1865, p. 362.
(2) Dieren van Nederland (Gelede dieren). Haarlem , 4860, p. 85.
(5) Le genre est in ve par M. Bellynck.
(4) te des planches porte pirs erreur C. des jardins.
(M5)
Cryptops Savignyi. Lucas, Hist. nat. Crust. Arach. Myr., p. 546, pl. HI,
fig. 2.
zH — Snellen van Vollenhoven, Dieren van Nederland
(Gelede dieren), p. 84, pl. VIL, fig. 2.
Assez commun dans la terre des jardins, au pied des murs.
Déjà cité, pour la Hollande, par M. Snellen van Vollen-
hoven.
Troisième article des pieds de la paire anale (pedes anales)
muni en dessous de neuf dents courtes, obtuses, très-espacées;
quatrième article muni de quatre dents larges espacées, por-
tées par une crête saillante. ;
Atteint jusqu’à 4 centimètres de longueur.
5. Cryptops agilis (Meinert).
Cryptops agilis (Meinert). Danmarks Scol. og Lithob., p. 244.
Espèce nouvelle pour notre pays.
Troisième article des pieds de la paire anale munis en des-
Sous de huit dents longues, aiguës, serrées; quatrième article
Muni de cing dents non portées par une crête spéciale. |
Ten ai recueilli trois individus sous les pierres du sommet
du plateau qui domine le hameau du Pont de Bonne près
Huy.
6. Cryptops hortensis ? (Leach).
? Cryptops hortensis. Gervais, Atlas de zoologie, p. 15, pl. LVI, fig. 2.
Je ne cite qu'avec doute le C. hortensis. On rencontre abon-
damment, dans la terre de bruyère déposée en plein air et dans .
la tanée des serres du Jardin Botanique de Gand, un cryptops
qui répond assez bien aux descriptions du C. hortensis, mais
qui semble cependant différer de celui-ci par ces faits; smd la
Plaque quadrangulaire faussement appelée lèvre et qui pest
que le résultat d’une fusion des hanches, des pieds mâchoires
de la deuxième paire (Coxae coalitae pedum maxillarium
(M4)
secundi paris) (Meinert) n'offre pas d'impression, mais deux
Etac h ER EN de à met dirigé
F S 3
en arrière et que les pieds de la paire anale ont leur article
fémoral non pas inerme, mais garni d'épines plus grêles et
plus transparentes que dans les deux autres espèces.
Troisième article des pieds de la paire anale à cinq ou six
dents aiguës et courbes, quatrième article à deux dents seu-
lement.
J'ai figuré (fig. 1, 2 et 5, pl. D) les pattes de la paire anale
chez les trois espèces du pays, tant pour faire ressortir les
différences que pour appeler l'attention sur les caractéres
que l'on pourrait tirer, chez les espèces exotiques, de la
disposition et du nombre des dents de la scie qui garnit
les 3° et 4articles. C.-L. Koch a déjà indiqué, depuis long-
temps, la présence de dents serrées à la face nee
des pieds de la dernière paire de son C. sylvaticus (D). 1
est probable que cette carène dentelée existe chez tous les
. Cryplops. :
Famille GEOPHILIDES.
Genre HIMANTARIUM (C.-L. Koch).
7. Himantarium Gervaisii (Nobis).
PL 1I, fig. 4 à 40.
J'ai rencontré abondamment à Gand, dans mon jardin, à 50
ou 40 centimètres de profondeur, le long des murs, et au Jardin
“Botanique dans la terre de bruyère déposée à l'extérieur, ainsi
que dans la tannée des serres, un Géophilidé ayant de nom-
breuses affinités avee PH. subterraneum (G. subterraneus,
* RTS CAM DR ER
(1) C.-L. Koch (Panzer) Faun. Jus Germ., fase. 190, n° 19.
(A5 )
Leach), mais qui me semble en différer par des caractères
assez nets, ainsi qu’il résulte du tableau comparatif suivant
da NOR get ke i
ns lequel je wai inserit que les différences constatées :
u. subterraneum.
1. Assez grêle.
z Plaque pentagonale résultant de la
fusio es pattes må-
la deuxième paire (fausse
| lèvre fafésieurs) marquée d'une
Saillie linéaire médiane.
3. Plusieurs des wind ne dés an-
du corps ent, en oùtre
de Fe dépression poreuse ordinaire,
pressions latérales.
4 Régions épisternales et épimériemes
(pleurae) du dernier anneau pédi-
gère mii de nombreux petits |
pores.
5. Pieds de la dernière paire (pedes
anales ) faibles, plus longs que les
ve aen ceux du mâle un
peu plu
6. Nombre den wek chez la femelle :
19 à 85.
sort en pattes, chez le mâle:
Lo de la femelle : T3mm,
Longueur du mâle : 62mm,
Diamètre de la femelle : 2mm,
H. Gervaisii.
Assez l
Pas de AP linéaire médiane; une lé-
gère dépression longitudina nale.
Les gg are né se trouvent
que “sur les derniers annéaux du
rps
©
©
Régions épisternalés et épimériennes
du dernier anneau pédigère marquées
de pores peu nombreux très-gros.
Pieds de la dernière Lu forts, plus
longs que les précédents velus; ceux-
du mâle nn fois aussi de que les
avant-derni
Nombre de LA chez la femelle :
7
9 à
pr m pattes, chez le måle : 72
ien de la femelle : 44 à Le
Longueur du mâle :
: 45 à 46m
À Diamètre de la femelle : 1em,5 PSE
i Les caractères de VA. subterraneum numérotés 1, 5, 4, 5
et 6 sont d’après M. Meinert, le n° 2 d’après M. Gervais et le
catalogue du British Museum (1856
Je propose le nom d'Himaniarium PRE (1) en Phon-
DD
y L'H. Gervaisti répond, pe
ut-être, au G simples G. signalé par
Gervais comme belge et comme lui zo été envoyé par M. P.-J. Van
Beneden; mais les caractères indiqués pa
M. Gervais sont trop peu dé-
taillés et le synonyme qu'il indique (G. ‘near, CL Erhi ne permet
guère ce rapprochement.
/
( M6 )
neur de M. Paul Gervais, le savant associé de l’Académie, er
les travaux sur les Myriapodes ont beaucoup contribué à
étendre nos connaissances au sujet de ces animaux.
Il me semble utile de donner une description détaillée de
l'espèce :
Entièrement de couleur jaune brunâtre, assez large propor-
tionnellement à la longueur, rétréci en avant. :
Antennes égales à deux fois et demie la longueur de la tête,
à articles gros courts, presque sphériques, serrés; le dernier
double de l'avant-dernier. Tous les articles très-velus.
Le diamètre des deuxième et troisième articles des antennes
est triple du diamètre des pattes de la première paire.
Lame céphalique un peu plus large que longue, lame fron-
tale indistincte.
ieds mâchoires de la seconde paire n’atteignant pas, de
beaucoup, lorsqu'ils sont fléchis, le bord frontal de la tête.
Plaque résultant de la fusion des hanches des pattes mà-
choires de la deuxième paire sans saillie médiane; marquée
d'un léger sillon longitudinal. ;
Lames dorsales des anneaux du corps marquées de deux Im-
pressions longitudinales.
Stigmates ovales ne présentant rien de particulier.
Lames sternales des anneaux munies, la plupart, d’une dé-
pression elliptique centrale dont le fond est criblé de petits
pores.
Les dernières lames ventrales présentant deux D pa
latérales peu distinctes.
Pieds assez courts, les antérieurs plus gros que les posté-
rieurs. :
Régions épisternales et épimériennes du dernier anneau pê-
digère renflées, surtout chez les mâles , et marquées de pores
peu nombreux très-larges, de couleur brunâtre.
Lame sternale du dernier anneau triangulaire obtuse, Pre
fondément sillonnée.
(M7)
Pieds de la dernière paire (pedes anales) du mâle très-velus,
d'un diamètre double de celui des avant-derniers; à articles
régulièrement croissants, le dernier fusiforme sans ongle ter-
minal. Ceux de la femelle plus grêles, au contraire, que ceux
de l'avant-dernière paire, couverts de poils beaucoup moins
serres que chez le måle.
Genre SCOLIOPLANES (Bergsoë et Meinert).
8. a za m r z ri à :
(Bergsoë et Meinert).
Scolioplanes acuminatus. Bergsoë et Meinert, Danmarks Geophiler,
p. 21. å
PE — Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis,
Linotaenia subtilis. C.-L. Koch (Panzer), Faun. ins. Germ., fas-
cicule 162, n° 2.
SE rosulans. C.-L. Koch, Syst. der Myr., p. 188.
tophilus sanguineus. Gervais, Ins. apt., t. IV, p- 316.
Rare, un seul individu très-caractéristique; S'-Denis-Wes-
trem près de Gand, sous l'écorce d’un peuplier du Canada.
Genre SC HEND YLA (Bergsoë et Meinert).
9. Schendyla nemorensis (C.-L. Koch).
se nemorensis. Bergsoë et Meinert, Danmarks Geophiler, p. 25.
Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis , p. 56,
yria
ze pl. HI, fig. 31 à 33 et pl. IV, fig. 1.
Linotaenia — , C.-L. Koch (Panzer), Faun. ins. Germ., fasc. 142,
n° 4.
Assez rare, Gand, dans la terre des jardins.
( 48 )
Genre GEOPHILUS (Leach).
10. Geophilus sodalis (Bergsoë et Meinert).
Senipaeus sodalis. Bergsoë et Meinert, Danmarks Geophaler, p- 17.
Geophilus sodalis. Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis, p. 64,
pl. à 9 Z
Rare, un seul individu dans la tannée des serres, au Jardin
Botanique de Gand.
11. Geophilus longicornis (Leach).
Geophilus longicornis. gen Ins. apt., t. IV, p. 515, pl. XXXIX,
+ NS.
— hortensis. CL. den (Panzer), Faun. ins. Germ., fasti-
cule 162, n° 1.
— longicornis. C.-L. Koch se Faun ins. Germ., fasti-
. cule 4
= hortensis. Snellen van Sire pe van Nederland
(Gelede dieren), pl. VIJ
Peu rare, sous la mousse, au pied des arbres, ete.; déjà cité
pour la Hollande par M. Snellen van Vollenhoven.
12. Geophilus electricus (Linné).
? Scolopendra electrica. Linné, Syst. nat., édit. 13, t. I, pars V, P- pu
? Arthronomalus flavus. Newport (Gray), Catal Brit. Mus. (1856
p. 85.
Geophilus electricus. ar et Meinert, Danmarks Geophiler »
ir f lele, Myriapoda Musaei Hauniensis, p.84
Commun dans les jardins et à la campagne, au pied des ar-
bres. Gand, Luxembourg belge, etc,
Déjà cité pour la : Belgique par M. Bellynck (op. cit, p- 365
pour la Hollande par M. Snellen van Vollenhoven? (op- cit,
P. 84).
(419 )
CHILOGNATHES.
Famille GLOMÉRIDÉS.
Genre GLOMERIS (Latreille).
r 13. Glomeris limbata (Latreille).
ne rue Brandt, Insecta M 4 geen p. 35, fig. 2
Gery: s. apt., t. TV, p. 69, pl. XLIII, fig. i.
SS is ete a animal illustré, pl. XL,
$
—
fig. 1.
IE limbata. Snellen van Vollenhoven, ae van Nederland
(Gelede dieren), pl. VII,
Très-commune dans les provinces de Luxembourg, Liége ct
Namur, bois des environs de Spa et de Stavelot, environs de
Remouchamps.
Déjà citée, pour la Belgique, par M. Bellynek, pour la Hol-
lande, par M. Snellen van Vollenhoven.
À: côté de la G. limbata, M. Snellen van Vollenhoven indique
Encore, pour la Hollande, la G. pustulata ; je wai jamais ren-
contré cette espèce en Belgique.
14. Glomeris annulata (Brandt).
Glomeris annulata. Brandt, Mém. relatif à l'ordre des ins. Myr.‚p. 145,
sp. 5. |
— marginata. Gervais, Ann. des sc. nat., 2 sér., t. VII, p. 42.
as — Gervais, Atlas de zoologie , pl. LV, fig. 5.
A l'exemple de Brandt, je crois devoir séparer, sous le nom
de G. annulata, une espèce peu connue, ayant, il est vrai, de
nombreuses affinités avec la G. limbata, mais qui en diffère
Par une taille beaucoup moindre et par les anneaux plus
larges bordés de brun H
.
(420 )
La G.annulata paraît remplacer, dans les denai la G. lim-
bata que je n’y ai jamais observée.
Três-rare, sous la mousse, aux environs de Gand. Un seul
exemplaire, avril 1866.
Famille POLLYXÉNIDÉS.
Genre POLLY XENUS (Latreille) (4).
15. Pollyxenus lagurus (Latreille).
Jule lagure. Olivier, Encycl. Méthod., p. 417, pl. CCCLIV,
à 7.
Julus penicillatus. De Geer, Mém. ins., t. VII, p. 571, pl. XXXVI;
fig. 1à5 E
Scolopendre à pinceau. Geoffroy, Hist. ins. envir. Paris, t. IE, p- 677,
pl. XXII, fi
Pollyzenus lagurus. Gervais, Ins. apt., t. IV, p. 65, pl. nes fig. 1.
— Caii, Atlas de zoologie, pl. LV, fig. 6, a,b, €
en Plus T. Rymer Jones, Todd's Cyciopaedia, vol. HI,
p. 545, fig. 507.
Pollyzène lagure. A.-M.-C. Dumeril, Consid. gen. ins, p. 255
pl. LVI , fig. 7
Pollyxenus lagurus. C.-L. Koch, System der rois. p. 87,
pl. IV, fig. 43 à 45.
— Snellen. van Vollenhoven, Dieren van Nederland
(Gelede dieren), p. 85, pl. VIE, fig. 5.
: Le P. lagurus est probablement assez commun; mais S0n
excessive petitesse s’ oppose à ce qu'on le trouve aisément. J'ai
recueilli des individus de cette espèce aux environs de Gand,
sous l'écorce desséchée de pieux soutenant une haie.
(1) Pollyxenus, d’après C.-L. Koch nes J.-E. Gray (Catal. Brit-
. Mus), 1844. Gervais, Snellen van Vollenhoven
Polyzenus, d'après J.-E. Gray (Catal. NE Hu), 1856. Dumeril,
Gerstaecker, ete.
| | (424)
Déjà cité, pour la Hollande, par Bennet et Olivier (Wat. Ver-
handelingen der Maatsch. v. Wet. te Haarlem, t. XIV, p. 487,
n°1) et M. Snellen van Vollenhoven (op. cit., p. 85).
_ Famille POLYDESMIDÉS.
Genre POLYDESMUS (Latreille).
16. Polydesmus complanatus (Latreille) (1).
ene complanatus. Latreille, Genera crust. et insect., t. 1, p. 77.
ulus , _ De Geer, Mém. ins., t. VII, p. 586, pl. XXXVI,
fig. 23.
Polydesme aplati. A.-M.-C. Dumeril , Consid. Gen. ins., p. 258,
Pol pl. LVII, fig. 2. 7
olydesmus complanatus. C.-L. Koch, System der Myriapoden , p. 133,
pl. HI, fig. 29
EF ar Snellen van Vollenhoven , Dieren van Neder-
land (Gelede dieren), p. 86, pl. VII, fig. 6.
Commun dans tout le pays, sous les pierres et sous l'écorce
du pied des arbres. Je l'ai rencontré dans les localités sui-
vantes : Bruges (bois de Tilleghem), Mariakerke près de Gand,
Dickelvenne près ‘de Gavre, Sclayn près de Namur, Laroche,
Houffalise, '
Déjà cité, pour: la Belgique, par M. Gervais (Ins. apt., p. 96);
ku Hollande, par M. Snellen van Vollenhoven (op. cit.,
x
RL + à
(1) Le genre est cité comme belge par M. de Selys Longchamps (Dict.
- Vander Maelen, op. cit., p- 37).
2% SÉRIE, TOME XXXII. 29
(42)
Famille JULIDÉS.
Genre JULUS (Linné).
A. Dernier armeau du corps non prolongé en pointe.
17. Julus Londinensis (Leach).
Julus londinensis. C.-L. Koen (Panzer), Faun. insect. Germ., fascicule
162,
— -= Fe Tenka Chilognather, p.8, sp. 1.
Cet Jule indiqué comme très-commun par Koch en Alle-
magne et par M. Meinert en Danemark l’est également chez
nous ; on le trouve dans la terre meuble des jardins, sous les
. pierres, dans le voisinage des habitations; relativement plus
rare en pleine campagne.
18. Julus pusillus (Leach).
? Julus boleti. C.-L. Koch, Syst der Myr., p. 109.
— pusillus. Meinert, Danmarks olde p. 10, sp. 5.
Espèce probablement peu rare, mais dont je mai encore ren-
côntré que deux exemplaires, sous les pierres, dans la nef rui-
née de l’église de Damme près de Bruges.
19. Julus arhorons (Latreille).
Julus s E Lai Hist. nat. crust. ins., t. VIL, p.7
risk = nat., sér. 2, 4. VII, e ie, sp. 11 et Inse
ie elen 147.
rn en a ann p. 87, sp. 6.
Très-eommun dans les Flandres, sous l’écorce des arbres.
(435)
. B. Derni ; es
ernier anneau du corps prolongé en pointe plus ou moins longue.
20. Sulus albipes (C.-L. Koch).
Jul bi |
us albipes. C.-L. Koch (Panzer), Faun. insect. Germ., fascicule 162, -
n° 10,
T — Brandt, Mém. ins. Myr., p. 85, sp. 2.
l Pai acquis la conviction que plusieurs auteurs ont cité,
omme 7. albipes, des espèces entièrement différentes; c'est
ansi qu'on a indiqué, dans les synonymies, I. fasciatus dont
le dernier segment est terminé par une pointe aussi longue
que chez P3, terrestris , tandis qu’elle dépasse peu les valves
anales chez PI. albipes véritable.
UL albipes est, du reste, notre plus grande espèce indigène;
Sa taille (40 à 45m), Ja longueur de ses pattes et leur couleur
blanche chez les individus vivants (1) sont des caractères qui
frappent à première vue.
Assez rare; j'ai recueilli deux individus à Laroche, sous les
Pierres des bois de la rive gauche de lOurthe.
Déjà rencontré antérieurement en Belgique par M. P.-J. Van
Beneden d’après M. Gervais (Ins. apt., p. 140).
21. Julus sabulosus (Linné).
Jule à :
ule å deux cent quarante. pattes. Geoffroy, Hist. ins. envir. Paris, t. H,
p: 679, pl. XXII, fig. 5.
Julus sabulosus. = C.-L. Koch (Panzer), Faun. insect.
Germ., fasc. 162, n° 7 :
— bilineatus C.-L. Koch, ibid., fasè. 162, n°6. *
— sabulosus. - Snellen van Vollenhove:
n, Dieren van
Nederland (Gelede dieren), p. 85;
pl. VII, fig. 4.
Commun dans tout le pays, dans les endroits secs, sous la
Mousse u
in
(1) Elle; passent au brun dans l'alcool.
+ qui est, peut-être, PI. punctatus (Leach). -
(42)
Déjà cité, pour la Belgique, par M. Bellynck (op. cit., p- 362);
pour la Hollande, par M. Snellen van Vollenhoven (op. cil.,
p- 85).
22, Julus silvarum (Meinert).
Julus silvarum. ms Danmarks Chilognather, p. 15, sp. 7
— luridus h, Bidr. til Känn.om Sveriges Myriap. (d'après
en
Deux échantillons recueillis aux environs de Gand, sous
l'écorce des arbres et répondant exactement aux caractères
indiqués par M. Meinert, sauf la taille qui est plus petite; ce
sont très-probablement de jeunes individus. -
23. Julus terrestris (Linné).
Julus terrestris. C.-L. Koch (Panzer), Faun. insect. germ., fascicule 162,
— — Brandt, Tentaminum insect. Myr. Prodrom., p. 59, pl. V,
28 et 29.
F — Rymer Jones, Animal Kingdom, p. 326, fig. 145, a,b,
N’est pas rare; se rencontre sous la mousse, au pied des ar-
bres; je lai recueilli aux environs de Gand, à Bruges, à plee
Lesse.
Déjà cité, pour la Belgique, par M. Bellynck (op. cit., p- 562);
pour la Hollande, par M. Snellen van Vollenhoven (op: ĉit»
p. 85).
Il faut ajouter à cette liste deux espèces assez abon-
dantes dans les provinces de Luxembourg, de Namur et de
Liége, sous les pierres; l’une très-voisine de II. Londi- |
_ nensis et présentant à peu près les caractères de VI. luses
_ (Meinert), sauf la taille qui est à peu près double; l'autre
( 425 )
Les individus que j'ai recueillis ne répondant exacte-
ment à aucune des nombreuses diagnoses que j'ai eu l’oc-
=n de lire, je m’abstiendrai de leur donner des noms
qu'il faudrait probablement rectifier plus tard.
Genre BLANIULUS (Gervais).
24, Blaniulus guttulatus.
Blaniulus guttulatus, Gervais, Ann. sc. nat., 2me série, t. vin, pl. IV,
fig. 2.
x e Gervais, liae de ee LV, fig.
E es Gervais, Ins. apt., t. IV, p. 200, pl. nk fig. å.
Cette jolie petite espèce d’un centimètre de long, blanche et
marquée sur les côtés de points d’un rouge vif, répond à II.
des fraises (Julus fragariarum) de Lamarck (1).
L'absence totale d’yeux apparents ne permet de le con-
fondre ni avec PZ. pusillus (Leach), ni avec P7. arboreus (Latr.)
dont les jeunes individus blanchâtres ont les côtés du corps
maculés de points virguliformes d’un rouge pourpré.
Très-commun dans tout le pays, dans les plantations de frai-
siers; se retire sous terre Pere l'hiver à une dizaine de
centimètres de profondeur
Cité, pour la Belgique, par M. Bellynck (op. cit., p. 562), et
ser Gervais (Ins. apt., p. 200); ri par M. P.-J, Van
te ee
(1) Hist. nat anim. sans vertèbres. Paris, 1818, t. V. p. 56.
(4) Genre Itea de Koch.
(2) Ce numéro continue 1
( 426 )
Note additionnelle à la liste des Crustacés isopodes terrestres.
(Voy. Bull. de l'Acad., 2me série, t. XXIX, p. 112, 1870.)
Genre PHILOUGRIA (Kinahan) (1).
Je terminais le relevé que j’ai donné des Crustacés isopodes
terrestres de Belgique par ces mots : « La Philougria celer
(Kinahan ), très-commune en Angleterre, paraît ne pas exister
chez nous. »
Je suis heureux de pouvoir indiquer aujourd'hui cette es-
pèce comme appartenant à notre faune, On la rencontre dans
les environs de Gand, sous la mousse humide qui garnit le
pied des arbres dans les endroits marécageux.
11 (2). Philougria riparia (Kinahan).
Philougriaceler. Kinaban, A Review, etc., pl. XXIL, fig. 1 à 4. ‘
== fiparia. Kinahan, Nat. hist. Rev., vol. V, 1858, pl. xil,
à
an Spence Bate et Westwood, Hist. of Brit. sessile eyed
Crustacea, vol. II, p. 456.
Cette espèce est très-petite; comme les autres représentants
du genre, elle ne dépasse pas 3,5. A l'œil nu, elle est d'un
ose pâle ; à la loupe on observe de nombreuses petites taches ra
blanches. On rencontre toujours un grand nombre d'individus
réunis.
derden a
U. de t'Acad.£ Serie LS2p 427
(427)
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE Í.
Cryptops.
Fig. 1a. — Pied de la paire anale du €. Savignyi (grossi);
b. — Les neuf dents garnissant la face inférieure du troisième
ticl ;
article.
. c. — Les quatre dents garnissant l ticl
Fig. 2a. — Pied de la paire anale du C. agilis” bri
b. — Les huit dents du troisième viene
c. — Les cinq dents du quatrième art
Fig. 5a. — Pied de la paire anale du Crptgs kerdi (grossi).
b. — Les six dents du troisième articl
c. — Les deux dents du quatrième een
; PLANCHE ll.
Himantarium Gervaisii.
Fig. 1. — Une femelle de grandeur naturelle.
2. — Tête, antennes, premiers anneaux du corps du mâle vus par
dessus (grossis).
5. — Tête du bes vue par ` ner inférieure, re pattes en
4. — Les trois denied articles d'une antenne du mâle (très-
grossis).
5. — Avant-dernier et dernier anneau pédigères du mâle vus par
dessous.
- 6. — Les mêmes parties vues par la face dorsale. RE
.— Pien dè la piire anale w maga neen rde
bene enten ied pe SE dane
Go ml
IIS i
.
9. — Les mêmes parties vues par la D re
10. — Pied de la paire anale de la femelle (fortement grossi).
(498 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 6 mai 1872.
M. P. De Decker, directeur.
M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez,
Gachard, A. Borgnet, Paul Devaux, F.-A. Snellaert,
J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, Ch. Faider,
le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Ad. Mathieu,
Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, H. Con-
science, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland,
Aug. Scheler, associés; G. Nypels, Ém. dè Borchgrave,
À. Wagener, J. Heremans, correspondants.
M. Montigny, membre de la classe des sciences , assiste
` à la séance,
CORRESPONDANCE.
en
M. Polain fils remercie, au nom de sa famille, pour les
sentiments de condoléance exprimés par l’Académie lors
du décès de son père.
x 4 b » n
_— Une dépêche de M. le Ministre de l'in térieur, relative
à la comptabilité de la Compagnie, est renvoyée à la com-
mission administrative.
( 429 )
— Une seconde lettre du même haut fonctionnaire
accompagnait un ouvrage imprimé pour la Bibliothèque. |
Un envoi semblable de M. le ministre de la justice sera
mentionné, comme le précédent, au Bulletin.
Remerciments.
— L'Académie royale des sciences d'Amsterdam envoie
le programme de son concours littéraire de cette année
pour la fondation Hoefft.
— La Bibliothèque publique de la ville de Stuttgart
demande l'échange de diverses publications officielles wur-
tembergeoises avec les travaux académiques. — Accordé.
— Le comité d'organisation du Congrès international
d'anthropologie annonce l'ouverture de sa 6° session à
Bruxelles, le 22 août prochain.
— La classe reçoit, à titre d'hommage de divers mes
bres et associés, les travaux suivants, au sujét desquels
des remercîments sont votés aux auteurs:
1° Ethnographie des peuples de l’Europe avant Jésus-
Christ, par M. Steur, t. 1°"; in-8°.
Essai de commentaire de fragments cosmogoniques
de Berose, par M. F. Lenormant, in-8°.
S° Curiosités numismatiques, par M. R. Chalon, 18° ar-
ticle, in-8°, >
4e Voorouderlijke wijsheid in hagchelijke tijden, door
G. Vreede; in-S°. .
— Une notice de M. Schuermans, sur la découverte
( 450 )
d'objets étrusques en Belgique, est renvoyée à l'examen de
MM. Roulez, le baron de Witte et Wagener.
— M. F. De Potter envoie un travail intitulé : Geslacht-
boom der Artevelden in de veertiende eeuw, met een woord
over de nalatenschap van Philip Van Artevelde. — Ce tra-
vail, ainsi que la notice suivante de M. Julien Vuylsteke :
Aanteekeningen op de twee opstellen van den heer Frans
De Potter, Geslachtboom der Artevelden en Hoe en waar
overleed Philippe van Artevelde, sont renvoyés à l'examen
de MM. De Smet, Snellaert et Conscience. La classe décide
que ces notices seront examinées comme œuvres séparées
et indépendantes l’une de l’autre.
— M. Varenbergh complète sa notice intitulée : Un voyage
au treizième siècle, par une copie du texte original qui à
fait l’objet de ce travail. — MM. Steur et de Borchgrave
sont priés d’examiner ces pièces.
ÉLECTIONS.
La classe a porté son choix, en comité secret, sur les
personnes suivantes pour les places vacantes.
. Emir DE Laveceve et Guizcaume Nypeis, tOUS
deux correspondants, ont été élus membres titulaires, sauf
approbation royale, en remplacement de MM. Defacqz ct
Laforet, décédés
MM. le ehdtudiar M. p'Awras, Ministre de poit
Bruxelles; ALBeRDINGK Tawm, littérateur à Amsterdam et 3
-~ Ernest Curtius, professeur à l'Université et secrétaire _
perpétuel de l'Académie royale des sciences de Berlin, ont
( 451 )
été élus associés en remplacement de MM. Ramon de la
Sagra, Mone et Georges Grote, décédés.
La classe a appelé au nombre de ses correspondants
MM. Pierre WiLLems et Epxonp Pouzcer, tous deux pro-
fesseurs à l’Université de Louvain.
JUGEMENT DU CONCOURS DE 1872.
La classe a procédé , conformément à son règlement, au
jugement du concours de cette année.
Elle a entendu, à cet effet , la lecture des rapports sui-
vants sur les mémoires envoyés en réponse aux 1°°, 3° el
4 questions qui ont été indiquées page 129 précédente.
PREMIÈRE QUESTION.
On demande un essai sur la vie et le règne de Septime
évère.
Rapport de M. Roulez.
- « Trois mémoires avaient été envoyés en réponse à cette
question en 1870, mais le prix n’ayant pu être décerné,
question fut remise au concours pour 1872 et celte fois
elle a obtenu quatre réponses.
Le mémoire n° 4 a pour devise les mots Leptis-Ebora-
cum, c’est-à-dire le nom de deux villes, dont lune vit
naître et l’autre mourir Septime Sévère. Il se compose
d'une préface, d’une introduction, du corps de l'ouvrage
divisé en onze chapitres et d’une conclusion. La préface
rend compte du plan du mémoire et mentionne les auteurs
(452 )
anciens dans lesquels il est puisé. En première ligne
figurent naturellement Hérodien et l'abréviateur de Dion,
Xiphilin, qui est confondu erronément avec son oncle, le
patriarche de Constantinople de ce nom. Dans le dernier
chapitre du Mémoire, l’auteur revient sur ces deux histo-
riens. Il estime que la sincérité de Dion n’est pas à l'abri
de tout soupçon, tandis qu’Hérodien mérite par son impar-
tialité les grands éloges que lui décerne Photius. En con-
Séquence de ce jugement, c’est ce dernier qu’il prend prin-
cipalement et de préférence pour guide dans son récit des
événements. Or, mon rapport sur le dernier concours
avait mis les concurrents en garde contre le peu de fon-
dement de cette appréciation. D'autre part, j'avais reproché
aux concurrents de n'avoir pas suffisamment tiré parti des
inscriptions et des médailles, ces deux sources si impor-
tantes pour l’histoire du deuxième et du troisième siècle.
L'auteur ne semble même pas se douter de leur existence.
Pas une médaille, pas une inscription n’est invoquée en
témoignage par lui; car je ne tiens pas compte de l'inscrip-
tion de l'arc de triomphe de Septime Sévère empruntée à
l'ouvrage de Gaume, intitulé: Les trois Romes, d'après
lequel il mentionne les monuments élevés par cet empê-
reur dans la ville éternelle.
Dans l'introduction Pauteur ‘a cru devoir donner un
aperçu des règnes d'Antonin, de Marc-Aurèle et de Com-
mode, alléguant pour raison que Septime Sévère est né
sous le premier de ces princes, a commencé sa carrière
publique sous le second et a occupé d'importants emplois
sous le troisième. Il ne me paraît cependant pas que cette
‘introduction, assez courte d’ailleurs, jette quelque lumière
sur la vie de Septime Sévère, dont le nom n’y figure pas
_ même une seule fois.
i
i
|
|
|
|
|
'
A
|
(435 )
Le chapitre premier est consacré à la naissance et à la
jeunesse de Sévère ainsi qu’à sa carrière publique avant
son avénement à l'Empire. Cet exposé est incomplet et
contient des erreurs. Il n’en pouvait être autrement, puis-
que l’auteur était réduit aux données fournies par les his-
toriens anciens.
Je crois inutile de faire une analyse sommaire de tou
les chapitres en 'accompagnant d'observations ; je me bor-
nerai donc, pour la plupart du moins, à en indiquer les
titres : Chap. If, Pertinax et Didius Julianus. — Chap. HI,
Pescennius Niger, Clodius Albinus. — Chap. IV, Lutte
pour empire : $ 4, Mort de Didius, Sévère empereur,
$ 2, Défaite et mort de Pescennius Niger; $ 5, Défaite et
mort de Clodius Albinus. — Chap. V, Guerre d'Orient.
— Chap. VI, intérieur de l'empire : $ 4, Administration,
S 2, Plautinien. — Papinien. La transition de ce chapitre
au suivant se fait par la mention d'Ulpien qui, dit lau-
teur, « par son fanatique attachement au polythéisme se
» porta aux mesures les plus iniques contre les sectateurs
» d’une doctrine, qui est la plus haute, la divine expres-
> sion du droit et de la justice et qui assure la sécurité
» des États comme le bonheur des individus. » Mais sous
Septime Sévère, Ulpien , simple assesseur du Consilium
présidé par Papinien ne saurait avoir la responsabilité des
mesures qu’on lui reproche. — Chap. VII, Christianisme:
$ 1, Progrès, persécutions, apologies; $ 2, Cinquième persé-
cution, Tertullien. L’Aperçu historique du cl istianisme q
renferme le $1 serait sans doute à sa place dans une histoire
e l'empire romain; il paraît superflu dans une esquisse
rapide du règne d’un seul prince, auteur de la cinquième
persécution , et il y occasionne une trop grande diversion.
Dans le silence des historiens anciens qu'il a Suivi jus-
qu'ici, l'auteur prend pour guides les historiens modernes
de l'Eglise, notamment Rohrbacher et Bérault-Bereastel;
il cite aussi les Antonins de de Champagny, car il paraît
avoir ignoré l’existence de l'ouvrage plus récent du même
écrivain : Les Césars du troisième siècle, qui contient
cependant l'histoire du règne de Septime Sévère et celle
de la persécution ordonnée par ce prince. — Chap. VHI,
Expédition en Bretagne: § 1, Étendue de la domination
romaine dans lile; $ 2, Derniers exploits de Sévère..
On donnerait une idée plus juste du contenu du premier
de ces deux paragraphes en remplaçant le titre transcrit
ci-dessus par celui-ci : aperçu historique de l'établissement
de la domination romaine dans l'ile. Hauteur avance que
l'expédition de Bretagne fut décidée malgré les hésita-
tions significatives du Sénat et les murmures éclatants du
peuple, qui trouvait qu'on avait assez guerroyé. Je serais
curieux d'apprendre à quelle source il a puisé ce rensei-
gnement. Est-ce qu'au commencement du troisième siècle
le Sénat aurait encore décidé de la paix et de la guerre?
Ce tableau de la puissance romaine en Bretagne, qui
n’était nullement indispensable, a exposé l’auteur à mettre
à nu la faiblesse de ses connaissances du droit public et du
| droit civil de Rome. « L'administration de la nouvelle pro-
» vince, dit-il, ‘était confiée à un gouverneur qui, avec le
» litre de préteur ou de propréteur, exerçait l'autorité
» Suprême; il commandait l'armée et rendait la justice.
» Adrien limita le premier ce pouvoir exorbitant, traça au
» préfet des règles fixes et donna à tout l'empire une
» Organisation judiciaire uniforme. » Autant de phrases,
. Autant d'erreurs. Jamais un magistrat romain n’a gou-
_ verné en Bretagne avee le titre de préteur. Hadrien n'a
pen changé aux pouvoirs des gouverneurs des provinces:
+ OR ER A EE EA AENEAN E RE ns
É
( 455 )
les légats-propréteurs de l’empereur ont continué sous
son règne à commander l’armée et à rendre la justice. La
mesure que Fauteur prend pour une organisation judi-
ciaire uniforme donnée à tout l'empire est probablement
l'édit perpétuel rédigé par Salvius Julianus et sanctionné
par Hadrien. Mais cet édit, que nous pourrions appeler
dans le langage moderne la codification des édits des
magistrats, ne concerne aucunement l'organisation judi-
Claire, - —
Dans le récit de l'expédition de Bretagne se reproduit
Comme avérée, la version de la construction par Sévère
d'une muraille en pierre, qui y est décrite d'après lhis-
toire d'Angleterre de Lingard. — Chap. IX, Mort de
Sévère. — Chap. X, Famille impériale. Il est question
_dansce chapitre non-seulement de l'impératrice et de ses
` fils, non-seulement du règne de Caracalla, mais encore de
ceux d'Elagabale et d'Alexandre Sévère. — Chap. XI, Lit-
térature. C’est un court aperçu de l’état de la littérature
à l'époque de Septime Sévère. Enfin la conclusion offre
une récapitulation de la vie de ce prince et une apprécia-
lion de son caractère, de sa politique et de ses talents
Comme administrateur.
Le Mémoire n° 4 n’est pas très-étendu; au dire de lau-
leur lui-même, il n’offre qu’une esquisse rapide de la vie
€ du règne de Sévère. Au point de vue littéraire , il
mérite des éloges et l'emporte sur les autres mémoires
concurrents; le style en est facile, élégant et même coloré.
ais sous le rapport du fond, ik est trop arriéré pour pou-
- Voir prétendre à la palme. Sa condamnation se trouve
crite dans ce passage de mon rapport sur le concours
de 1870 : « Il est un point sur lequel personne ne devait
> se tromper : une académie a pour mission d'aider au
( 456 )
progrès des sciences et de reculer les bornes de leur
domaine; on ne pouvait donc pas espérer que la classe
couronnerait un écrit, qui, même sous une forme meil-
leure, reproduirait simplement, sans recherches nou-
velles et sans une critique plus sévère des sources, ce
que l’on trouve déjà dans les ouvrages de Lenain de
Tillemont, de Crévier et d’autres. »
Sévère mourant donna pour mot d'ordre à son armée:
Laboremus; c'est ce mot, rapporté par Spartien , qui sert
d'épigraphe au mémoire n° 2.
L'introduction est consacrée à l'indication et à l'appré-
ciation des sources ainsi qu’à la justification du plan du
mémoire. Il est sans doute de la plus haute importance
que l'auteur d’un ouvrage historique connaisse la valeur
des sources auxquelles il puise ses renseignements et, Si
son ouvrage est destiné à des lecteurs qui sont censés ne
pas posséder cette connaissance, il convient qu’il la keur
fournisse. Mais quand il s’agit d’un mémoire académique
écrit principalement pour des personnes au courant de
l’histoire littéraire, un jugement sur les historiens consultés
west pas indispensable, à moins qu’il ne soit propre à
l'auteur et basé sur des recherches nouvelles. Je n'aurais
cependant fait aucune observation à cet égard, si le mé-
moire n’eût contenu qu'une appréciation des sources, résu-
mée en quelques mots , avec renvoi aux écrits où celles-ci
sont discutées et examinées en détail. Mais j'aurais voulu
que l’auteur s'abstint de passer en revue les historiens
modernes de l'empire romain, lesquels d’ailleurs ne sont
pas des sources; il eût ainsi évité l'inconvénient de se
placer, pour les juger, sur un terrain qui n’est pas exclu-
sivement celui de la science.
nt l’ordre chronologique, l'auteur a cru «plus
oO 3
ve NN y vw vw v
néant jte its
PERRET PE SON RER EE DE mt beni denten
( 457 )
» rationnel de considérer Septime Sévère sous les trois
» faces de Phomme, du guerrier et du souverain. » —
« Comme l’homme, dit-il, se montre surtout dans le guer-
» rier et qu'il est plus naturel de remarquer les traits qui
» le caractérisent à mesure qu'ils se présentent à nous par
» les faits qui se déroulent sous nos yeux, nous aurons à
> tracer le tableau de ses guerres; à montrer le guerrier,
» le capitaine supérieur: ce sera là’ sa vie; son règne :
> parler du souverain, exposer et apprécier sa politique à
» Rome, en province; sa politique singulière à l'égard des
» Chrétiens. Dire quels hommes le guidèrent dans cette
> politique, montrer ensuite le souverain à l’œuvre, parler
» des changements qu'il opéra dans l’ordre public et privé,
» dans l’ordre administratif et judiciaire. Quelles garanties
» nouvelles n’établit-il point quant aux personnes et quant
» aux biens. Sévère toucha à tout ce qui regarde l'ordre
» administratif, il changea l’organisation de provinces,
» voulut réorganiser l’armée, mais la désorganisa ; il s’oc-
> Cupa même des intérêts matériels de l’empire et se plut
> à encourager les lettres et les arts. Voila ce qu’il fau-
» drait dire du souverain. »
Tels sont, fidèlement transcrits, les termes dans lesquels
l'auteur du mémoire expose et raisonne son plan qu'il
qualifie lui-même d’un peu singulier. Le mémoire se divise
en conséquence en deux parties, dont la première avec la
rubrique « Le Guerrier » contient sept chapitres. Fen fais
Suivre ici les titres : Chap. I, Sévère avant son avénement
à l'empire. — Chap. II, Septime Sévère proclamé empe-
_ Feur, sa lutte contre Didius Juliânus.— Chap. IH, Septime
Sévère à Rome.-—Chap. IV, Guerre entre Sévère et Niger.
— Chap. V, Guerre entre Sévère et Albin. — Chap. VI,
Guerres en Orient. — Chap- VII, Sévère en Bretagne.
28° SÉRIE, TOME XXXIII. | _ 50.
( 458 )
La seconde partie sous la rubrique « Le Souverain »
est précédée d’un préambule, sur lequel je demanderai `
la permission de faire immédiatement une observation.
Après avoir parlé de la lex imperii, par laquelle le peuple
romain avait délégué jusque-là ses droits à l'Empereur,
l’auteur s'écrie : « Sévère le premier brisa avec ces tradi-
» tions séculaires, afficha hautement la déchéance du Sénat
» et du peuple et déclara ce que ses prédécesseurs avaient
fait, mais n’avaient osé dire, en écrivant cette phrase
célèbre: Legibus soluti simus (sic) attamen legibus
vivimus (Justin, Instit. I, 47, 8) et la théorie du despo-
tisme fut établie sur le principe que le prince est au-
dessus des lois, parce que c'est lui qui fait la loi.» Je
remarquerai d’abord que les mots licet enim, qui com-
mencent la phrase prétendûment célèbre, ont été omis et
que cette omission en change complétement le sens el la
portée. Ensuite les empereurs n’avaient-ils pas été affran-
chis légalement des lois avant Sévère? Dion Cassius (1)
Faffirme par rapport à Auguste déjà et cet affranchisse-
ment est écrit en toutes lettres dans la lex regia de impe-
rio Vespasiani, dont un fragment est parvenu jusqu'à
nous et où on lit: iis legibus plebisque scitis Imp. Caesar
Vespasianus solutus sit.
Les chapitres de cette seconde partie sont au nombre de
cinq. Chap. I, Politique de Sévère. — Chap. I, Plautien.
— Chap. II, Sévère et les Chrétiens. — Chap. IV., Change-
ments opérés dans l’ordre administratif. — Chap. V, Chan-
~ gements opérés dans la jurisprudence. — Conclusion:
Il me paraît que l'auteur se fût mis beaucoup plus à
Re
vv vv y
(1). Lib. LUI, 18 et 28. Cf. L. 34, Digest., de legibus et Senatus, c*‚ 15-
( 459 )
l'aise et que son ouvrage n’eût que gagné, s’il eùt adopté
la simple division par chapitres, en laissant de côté ses
trois faces, dont deux se fusionnent en une seule.
Quelques passages et surtout la manière de l’auteur
permettent de soupçonner qu’il s’est trouvé en 1870, au
_ hombre des concurrents, mais son mémoire n’est plus du
tout le même ; il a été non-seulement corrigé, mais entière-
ment refondu; é'est un travail nouveau pour lequel ont été
mises à profil cette fois toutes les sources anciennes ainsi
que les travaux de l’érudition moderne.
L'analyse même sommaire des chapitres de l'ouvrage
me conduirait trop loin; l'indication des titres qui pré- `
cède, jointe aux détails que contient mon rapport de 1870
suffit pour donner à la classe une idée générale du sujet.
Comme mes conclusions ne seront pas entièrement favo-
rables au présent travail, je suis obligé, pour les justifier,
d'en relever les défauts plutôt que d’en louer les passages
USsIS. -
Le mémoire est très-étendu ; il comprend plus de deux
Cents pages in-folio d’une écriture serrée. Je suis d'avis
qu’il n’eût rien perdu a être un peu plus court. L'auteur
dit à la page 17 : « Deux motifs nous ont eñgagé à ne pas
» placer à la tête de notre mémoire un coup d’æil général
» sur l’état de l'empire à l'arrivée de Septime Sévère au
» trône. Dire des choses générales sur l'empire romain ,
> rien de plus facile; cela se trouve dans tous les livres
» qui traitent de cette époque et nous n’aurions eu qu'a
> jeter dans un même moule quelques textes de Gibbon,
» de de Champagny et de Merivale. » Après la lecture
de cette déclaration , j'avais espéré de ne pas rencontrer
des hors d'œuvre et des digressions, mais j'ai été trompé
dans mon attente. L'auteur semble avoir oublié qu'il
st :
écrivait pour une Académie et non pour une Revue. Ainsi,
au’ chap. HI de la 2 partie, où il avait à s'occuper de la
cinquième persécution, l'abondance des matériaux que lui
fournissaient les ouvrages sur l’histoire de l'Église l'ont
engagé dans un long préambule, qui prend presque la
moitié du chapitre. C'est à partir de là seulement qu'il
aborde son’sujet en exposant quelle était à cette époque
la disposition des esprits envers les Chrétiens et quelles
furent les causes de cette cinquième persécution. Il déclare
ensuite qu’il n’a pas à en faire l’histoire et qu'il lui suffira
de dire quelques mots des principales eruautés dont les
Chrétiens eurent à souffrir.
Les digressions sans être longues sont assez fréquentes.
Au chap. I de la 4° partie, nous en trouvons une sur la
décadence de l’éloquence sous l'empire, à l’occasion de la
mention de l’ application de Sévère à l’art oratoire ; une autre
sur la dépravation de la Société romaine, à propos de l'ar-
rivée à Rome du jeune Africain de Leptis, « qui venait y
chercher une science qu’il n’y pouvait trouver (1) » et une
troisième sur l’état du tribunat et de l’édilité sous l'em-
pire, quoique Sévère n’ait pas même géré la dernière de
ces magistratures:
Que l'auteur ait fait précéder le récit de l'avénement de
Septime Sévère, d'un coup d'œil général sur la fin du
règne de Commode et sur le règne de Pertinax , on nau-
rait qu’à len louer, mais, après des observations générales
sur l’empire romain et sur Rome sous les Antonins, ! il
entre dans des détails sur les dernières années du règne
ps
ed
(1) La science que Septime Sévère allait surtout chercher à Rome était
nt celle du droit; elle y sene un rela représentant , Me
paraît-il, dans le jurisconsulte Q. Scaevola, int l'élève.
en eee sede oee
eo
(AM)
du fils de Marc-Aurèle et sur sa mort; il consacre même
une note de seize lignes à la maîtresse de ce prince, l'af-
franchie Marcia, dont il eût suffi de mentionner le nom.
Quant à Pertinax, il ne se contente pas de retracer les -
événements de son règne de quelques mois, ainsi que sa
fin tragique, il raconte en détail sa vie et sa carrière
publique. Au lieu de se borner à remarquer, si cela en
valait la peine, que le cursus honorum de ce prince, donné
par de Champagny est incomplet et peu exact, il transcrit
en entier les huit lignes dont se compose la note de Paca-
démicien francais; il avait usé du même procédé plus haut
relativement au cursus honorum de Septime Sévère, qui
se trouve dans l’ouvrage numismatique de Cohen.
Mon rapport de 1870 exprimait le regret qu'aucune
mention spéciale n’eût été faite des généraux de Septime
Sévère, sur la carrière desquels, dans le silence de l'his-
toire, les inscriptions fournissaient peut-être quelques ren-
seignements. Pour satisfaire à ce desideratum, V'auteur du
mémoire ne s’est pas borné à consigner le cursus honorum
de quelques-uns des personnages considérables du règne
de Sévère ainsi que ceux de ses adversaires Niger et Albin,
Mais par un excès de zèle, dont on ne doit pas lui savoir
gré, il a fait le même honneur à des hommes marquants
des règnes précédents, pour autant, bien entendu, que les
. Commentaires épigraphiques de Borghesi, de Zumpt, ete.,
lui fournissaient les éléments de ces notices. Nous trou-
vons de cette manière les cursus honorum de Sulpitianus,
beau-père de Pertinax et de Pompejanus, sans parler de |
celui de l’empereur Didius Julianus lui-même, auquel est
consacrée une note de près de trente lignes.
Parmi les notes répandues avec profusion dans tout le
mémoire, il yen a qui sont pe inutiles; j'en cite-
(442)
rai deux seulement, A la page 66, l’auteur rappelle que les
magistrats, dans l'exercice de leurs fonctions, avaient droit
à certaines marques de déférence et il croit devoir les énu-
` mérer dans une note, avec citation de textes anciens à
l'appui, comme si ce détail ne se trouvait pas dans tous
les manuels d’antiquités romaines. A la page 55, voulant
parler des Romains des beaux temps de la république, il se
sert de l'expression : « le Romain des plaines de Zama »
et à propos. de cette locution, il ajoute en note: « La ba-
» taille où le grand Scipion vainquit Hannibal ne se livra
‚> pas à Zama , mais entre Kella et Narraga. Cf., l'Afrique
» ancienne, par d’Avezac, p. 187. Carthage, par Yamoske,
» p. 95 (Paris, Didot, 1844). »
On dirait que l'auteur a eu l'ambition de marcher sur
les traces des grands historiens philosophes; son ouvrage
abonde en réflexions morales, qui non-seulement n'ont
ni profondeur ni originalité, mais sont presque toujours
vulgaires et parfois naïves; j'en donnerai quelques échan-
tillons :
« (Le Sénat) avait soutenu son compétiteur (Julien)
» aussi longtemps qu'il y eut pour lui quelque chance de
» succès et ne l’abandonna que par lâcheté; car il y a
» lâcheté à abandonner des amis tombés dans la misère et
» le malheur. »
_ « Niger envoya demander à l'étranger un secours qu'il
» avait si dédaigneusement refusé; mais, avec exilé de
> Tomi, il put songer aux amis qui vous entourent aussi
» longtemps que la fortune vous favorise, mais vous aban-
» donnent du moment que le malheur est venu frapper à
» votre porte, » j ; ;
« Heureux (qui done?) si tous les princes agissaient
|» avec une même sagesse, faisant plier l'orgueil et Pambi-
o » tion devant le bien de leur peuple. »
( 445 )
« Comme si cette vertu (la chasteté) pouvait être connue
» dans l'antiquité payenne. ».
« Mais lamour est aveugle, dit le PAS A et Sévère
le fut aussi, »
L'auteur n’a pas toujours su résister à son pencho:
pour la déclamation. Exemples :
€ 1° Quand done, ô Rois, apprendrez-vous que vous
» êtes sur le trône non pour faire peser sur vos sujets le
» joug de votre autorité souveraine et mettre en pratique
» celte parole du plus grand despote qui fùt jamais «l'État
» Cest moi » mais pour agir en tout-et toujours en vue du
» plus grand bien de vos peuples. Que ne vous persuadez-
> vous que la royauté est la plus belle des choses, aussi
» longtemps qu’elle reste ce qu'elle est, mais qu'elle est
» exécrable du moment où elle s'appelle despotisme ou
» tyrannie. »
« ? Ils (les prétoriens) n'osent sortir de leur camp, les
» lâches, mais du haut de leurs remparts — à exemple
» unique dans Fhistoire du monde — ils mettent l'empire
» à Vencan. »
« Est-ce donc, ò lâches, pour vendre l’empire aux plus
» offrant, que vous portez les armes romaines? Est-ce
_> Pour aboutir à une telle ignominie que Rome s’est bat-
> tue durant des siècles? Après avoir rempli le monde de
> la gloire de son nom, après avoir produit une phalange
» de héros et s'être montrée aussi romaine par l'épée que
> par la parole, Rome que la gloire avait enivrée s’adonna
>» au vice, le Romain des plaines de Zama, où il triompha
» du plus puissant peuple d'alors, fut conduit au camp
» prétorien —vrai Lupanar—disputer l'empire du monde
> non plus par les armes, mais par une poignée d'or; el
> ce sont des Romains qui marchandent l'empire. »
( 444 )
« Vous Flavius Sulpitianus, indigne beau-père de Per-
linax, et vous surtout Marcus Didius Severus Julianus, |
descendant du plus grand jurisconsulte du règne d'Ha-
drien, vous sacrifiez la dignité romaine à vos passions
cupides et ambitieuses. Vous vous laissez entraîner par
les exhortations de deux femmes. »
« Vous Femportez Julien! la domination de l'Univers
vaut vingt-cinq mille HS par prétorien. Entrez au camp
des prétoriens avec le surnom de Commode, vous y êtes
à votre place. Mais vos passions ont dépassé vos moyens;
vous ne pouvez accomplir vos promesses; vous serez
victime de vos passions orgueilleuses. Vous n'avez
acheté l'empire que pour pouvoir vous faire égorger sur
un trône que vous avez déshonoré. Vos désirs sont
accomplis, vous êtes empereur, mais Romain vous ne
êtes plus. »
Cette dernière apostrophe laisse bien loin derrière elle
les réflexions de de Champagny sur le même événement ;
elle tient de Pamplification de rhétorique; elle jure d'ail-
leurs avec ce qui précède et ce qui suit, et fait songer au
purpureus assuitur pannus d'Horace. à
L'auteur nous prévient que, le temps lui ayant manquè
Pour revoir ce qui avait été écrit par le copiste, nous ren-
contrerons peut-être dans son texte de nombreuses incor-
rections. Maisoutre les fautes de copiste, nous avons encore
trouvé un bon nombre de locutions vicieuses, telles que :
« N'eut pas de Sevère une opinion assez haute de guer-
rier; » « la victoire balance du côté de Sevère; » « che-
vauchait à cheval; » « un peuple qu’une sage république
Souverne; » « séculariser ses rivaux. » etc.
Je ne sais si l’auteur a emprunté la phrase suivante ou
_ si elle lui appartient : « Le Sénat n’était plus qu’une vieille
v vv v Vv vry ee
y y y y y
| ( 445 )
servante au service de tous les tyrans, » elle lui plait telle-
ment qu'il l'emploie deux fois; je la trouve moi de mau-
vals goût.
Je passe à un autre ordre d'observations. Les textes cités
dans le mémoire ne sont pas toujours interprétés exacte-
ment. En voici des preuves: p. 25, «il eut de beaux succès
oratoires; » Spartien ne parle pas de succès, il dit simple-
ment : publice declamavit. P. 55. « Sans lui accorder cepen-
dant, quoi qu’en dise Spartien , le droit de se faire précéder
de fasces cum securibus; » le mot fasces ne figure même
pas dans le texte de l'historien. P. 84. « Julien avait né-
gligé la justice comme il avait négligé toute administra-
tion (Spart. Jul. 4). Il n’y a pas un mot de cette négligence
dans toute la vie de cet empereur par Spartien ; on ne doit
Pas perdre de vue d’ailleurs que son règne n’a duré que
deux mois. P. 91. « Sans demander l'autorisation du Sénat,
il quitta Rome après trente jours de résidence dans la
Capitale (Spart. Sev. 8.); » l'historien ne parle aucunement
de l'autorisation du Sénat. P. 103. « La vengeance est
indigne d’un prince, elle ne révèle qu’une âme basse et
VÉnale; » c’est la traduction libre d’un passage de Juvénal
(Sat. XII, 189), dans lequel cependant on chercherait
vainement l'idée de vénalité, qui n’a rien de commun avec
la Yengeance.
Je ferai encore une dernière remarqne. Au chap. F, il
est dit que Sévère ne resta pas longtemps avocat du fisc,
Son oncle, ancien personnage consulaire, lui ayant fait
Obtenir bientôt le laticlave. Mais cette distinction n’était
aucunement incompatible avec la charge en question ; elle
n’a done pas dû obliger Sévère à renoncer à celle-ci.
À la fin du chap. IV de la deuxième partie, l’auteur nous
: déclare que ce chapitre est incomplet, qu’à l’aide des notes
3 ..
( 446 )
qu’il a recueillies, il pourrait lui donner encore de longs
développements, et qu’il en est de même de la note sur la
bataille de Lyon. Il promet l'envoi d'un supplément, sl
l’Académie couronne son mémoire. Je ne pense pas que
dans les conditions où se présente le concours, la classe
puisse accepter le supplément promis. Mais comme de
laveu du concurrent son travail est incomplet; comme en
` putre il résulte de mes observations qu’il est susceptible de
recevoir de notables améliorations et qu’il pourrait diffici-
lement être imprimé dans son état actuel, j'estime qu'il
n'y a pas lieu de lui-accorder le prix.
La, réponse n° 3 porte pour épigraphe ces paroles de
Montesquieu : « Il avait de grandes qualités ; mais la dou-
ceur, cette première vertu des princes, lui manquait. »
Le manuscrit se compose de cinq pages et demie du formal
in-octavo. Les-ouvrages cité torités sont : le Dic-
tionnaire historique de l'abbé de Feller et l’ Histoire romaine
racontée aux enfants par M. Lamé Fleury. Cette réponse
est évidemment l’œuvre d’un mauvais plaisant; c'est tout
ce que j'en dirai. Ri
La devise du mémoire n° 4 est la phrase suivante pat
laquelle: M. Amédée Thierry caractérise Sévère : « Peu
d'empereurs ont montré une individualité plus forte el
laissé dans l’histoire de Rome une trace plus profonde. »
Dans une note placée en tête du manuscrit, l'auteur
déclare qu'une maladie l'a empêché d’en soigner, comme
il l'aurait désiré, le fond et la forme, que le temps lui à
manqué pour copier son mémoire en entier, qu'il n'a pu
tirer parti , même dans les pages envoyées au concours, de
tous les matériaux qu'il avait recueillis, qwenfin la prê-
face, le chapitre sur la politique de Sévère et celui sur le
‘droit civil ne son! pas encore rédigés, Un délai de huit
e
( 447 )
jours, ajoute-t-il, lui suffirait pour compléter son mémoire
et un délai d’un mois lui permettrait d'envoyer à l’Acadé-
mie un ma it nouveau complet et entièrement remanié
Quant au style et quant au fond.
L'art. 55 de notre règlement, en excluant du concours
les mémoires remis après le terme prescrit, interdit vir-
luellement d'accorder des délais. La classe m'aurait donc
p accéder au désir du concurrent. Elle doit le regretter
“autant plus, que les parties et les fragments de mémoire
qui lui ont été envoyés sont de nature à faire bien augurer
de l'ensemble. Si Pérudition de l’auteur du mémoire n° 4
est plus sobre que celle de l’auteur du mémoire n° 2, ses
recherches n’ont pas été moins vastes. Le manuscrit porte
la même devise que le n° 5 du concours de 1870; c'est un
des motifs qui me font supposer, qu'il sont tous les deux
e la même personne. En tout cas je n’hésite pas à appli-
quer à Pun le jugement favorable que j'ai porté de l’autre.
| Mais comme les lacunes de ce mémoire n° 4 sont trop nom-
Feuses et trop considérables pour qu'il puisse concourir
avec des chances de succès, j'ai cru pouvoir me dispenser
de analyser et de faire des observations de détail.
Il résulte de mes conclusions sur chacun des mémoires
en particulier que, dans mon opinion, la classe ne-doit pas
cerner encore cette année la médaille d’or. Mais si,
comme je l'espère, elle remet une troisième fois la ques-
tion au concours, elle peut s'attendre à recevoir enfin des
Feponses qui mériteront ses suffrages. J'ai fait remarquer
Plus haut que deux des concurrents s'étaient livrés à de
longues et pénibles recherches; elles les ont probablement
empèchés de commencer en temps utile la rédaction de
_ leurs mémoires. L'un d'eux cependant aurait eu probable-
Ment achevé son travail, s’il n'avait perdu son temps à
rois nr EE RES
Per
des accessoires et à des minuties. J’estime que l’Académie
doit des encouragements à leurs persévérants et louables
efforts et je proposerais volontiers à la classe de décerner
une médaille d'argent à celui des deux qui, grâce peut-être
à la maladie de son rival, a approché le plus du but, je
veux dire à l’auteur du mémoire n° 2, si pour aceepler
cette récompense, ilne devaitse faire connaître et s exclure
par là du nouveau concours.
Rapport de M. Wagener.
« Je me rallie de tout point aux conclusions formulées
par M. Roulez, et comme ces conclusions me paraissent
très-bien motivées, je crois inutile de les appuyer à mon
tour par de nouvelles considérations. Je me permettra! setl-
lement d'insister sur un détail, qui du reste a déjà été tou-
ché par notre savant confrère. Si l’auteur du mémoire n° 2,
qui semble avoir déjà concouru en 1870, voulait une troi-
sième fois, comme je l'espère, prendre part à la lutte, je
Pengagerais fortement à renoncer, d’uné manière complète,
à ce ton déclamatoire qui dépare les meilleures parties de
son travail. Ce que l’Académie demande, comme M. Roulez
l'a fait remarquer, c’est une étude principalement destinée
aux savants, et dont l’ordre, la clarté et la critique doivent
constituer les seuls ornements. Le ton déclamatoire, qu
n'est de mise nulle part, est intolérable dans un ae
d'érudition. Je crois donc que l’auteur du mémoire N 2
agirait sagement en se débarassant, autant que possible, e
ce style emphatique et outré qu'il doit probablement à une
imitation peu heureuse des ouvrages de de Champag®y- s : i
e
— +
nnn nennen
( 449 )
Rapport de M, Félix Nète.
« Les quatre mémoires envoyés en réponse à la pre-
mière question sont d’une valeur si différente, qu'ils ne
comportent pas un parallèle. Malheureusement il n’en est
pas un seul auquel la classe puisse décerner la récompense
promise pour le sujet d’histoire romaine remis au concours
depuis deux ans. Je partage à cet égard l'avis de M. Roulez
dans le rapport qu’il vient de lire à titre de premier com-
missaire, et j'ai la satisfaction d’entendre que c'est aussi
l'opinion de notre honorable confrère chargé de la même
tàche, M. Aug. Wagener.
Sans parler d’une narration sommaire (n°.5) qui serait
écartée sur-le-champ comme indigne d’une seconde lecture,
on aurait à signaler un tableau du règne de Septime Sé-
vère (n° 4) bien concu dans son ensemble, esquissé avec
une élégance soutenue, mais se renfermant dans le cercle
des renseignements acquis depuis assez longtemps à la
science, :
On aurait à louer aussi les premières ébauches d'un écrit
savant (n° 4) qui révèle l'entente des recherches de haute
érudition et qui a dû être puisé aux meilleures sources :
mais le volumineux manuscrit ne renferme autre chose
que cinq ou six chapitres rapidement annotés d'un on-
vrage considérable , dont il nous manque le plan tracé de
la main de Fauteur. , ;
Le mémoire n° 2 est seul, par son étendue et son €X6-
cution , dans les conditions du concours, ainsi que l'a re-
connu M. Roulez. L'érudition du concurrent s’est déployée
à l'aise, et même surabondamment , sur le plus grand
| ( 450 ) |
nombre des questions curieuses d'histoire, de géographie
et d'antiquités, ressortant du sujet. Il n’a pas négligé de
noter, en chaque endroit, l'opinion des: critiques de nos
jours, qu’il a recherchée dans des recueils scientifiques
d'une véritable autorité, Il a profité des lumières répan-
dues sur plus d'un point obscur ou controversé, dans des
publications spéciales d’épigraphie et d'archéologie, par des
savants tels que Henzen, Borghesi, Léon Renier, ete. Quel-
quefois il s'est appuyé sur des notices fort rares, sur des
monographies et sur des répertoires que les bibliothèques
de notre pays ne possèdent pas : on en inférerait qu’il n'y
est parvenu que par des recherches qu'il aurait faites en
personne à l'étranger. i
Mais l’auteur n’a pu partout mettre à profit cette masse
de renseignements spéciaux, indiqués minutieusement dans
ses notes. Il n’a pas réussi, sur toute époque, à mettre
pleinement en lumière les événements du règne de Sévère
qui n’ont pas encore ‘trouvé place dans les principaux
livres sur l’histoire des Césars. Il lui est arrivé de s'arrêter
à quelques particularités d’un intérêt secondaire au détri-
ment des faits sur lesquels il lui eût été avantageux d'in-
sister. $
Des chapitres entiers, fort importants, tels que ceux qui
concernent l'administration et la jurisprudence à l'époque
de Sévère, ne présentent, dans le mémoire n° 2, qu'une
rédaction inachevée. Dans cette dernière partie, le mémoire
aurait besoin d’une révision approfondie et presque com-
plète, comme il aurait besoin, en beaucoup d’autres pas-
sages, de retouches et de retranchements,
Le nouvel historien de Sévère n’a pu se défendre de
multiplier les réflexions et les maximes en bien des endroits
où l’on peut en contester Pä-propos et la justesse : trop-
( 454 )
souvent il interrompt ses narrations par une réflexion
philosophique, ou bien il les termine par un trait senten-
cieux. :
Si les recherches de l’auteur ont été considérables, on
regrette que, faute de temps sans doute, il n’en ait pas tiré
meilleur parti : on voudrait qu'il en eût présenté les résul-
tats avec plus d'ordre et plus d'enchaînement. D'autre
part, son style est inégal et souvent incorrect.
En résumé, il est impossible de livrer sur-le-champ à la
publicité le fruit non assez mûri d’un travail opiniâtre et
consciencieux , méritoire à beaucoup d'égards. Non-seule-
ment l'écrivain mest point parvenu à terminer convena-
blement sa tâche prise en elle-même, mais encore il a
laissé trop d’imperfections dans la forme d’un bout à l'autre
de son ouvrage.
Pour reconnaître l’estime due à ses remarquables efforts,
je propose à la classe , d'accord avec nos deux honorables
confrères, de voter la médaille d’argent en faveur du plus
heureux des concurrents. >
La classe a adopté les conclusions du rapport de
M. Roulez, auxquelles ont souscrit MM. Wagener et Félix
Nève.
( 452 )
TROISIÈME QUESTION.
Li
Apprécier le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas (1).
Rapport de M., le baron Kervyn de Lettenhore.
« Un mois ne s’était pas écoulé depuis la mort de Marie-
Thérèse, lorsque sous les voûtes de Sainte-Gudule, en pré-
sence d’une foule profondément émue, son oraison funèbre
fut prononcée le 25 décembre 1780. L'orateur sacré chargé
de lui rendre ce dernier hommage était l’un des premiers
membres de notre Compagnie, l'abbé de Nélis, et il ne
. manqua point, en énumérant les titres de l’Impératrice à la
reconnaissance publique, de rappeler la création de l’Aca-
_démie : « L'Europe, disait-il, l’a vue encourager les lettres
» et les arts par des ¿isbljasaiienis utiles faits pour en con-
» server et propager le fruit. Elle s’honorait en honorant
» les savants : approbation qui peut tout sur des âmes sen-
» sibles à la gloire, lorsqu'elle descend du trône. »
L'Académie ne pouvait célébrer sa fête jubilaire sans
rendre hommage à la mémoire de son illustre fondatrice.
Peut-être est-il à regretter qu ‘elle n’ait point inserit dans le
programme l'éloge de Marie-Thérèse, puisque cette forme,
sans exclure l’impartialité, imposait davantage l'élévation
de la pensée et la noblesse du style; peut-être, en se bor-
nant à réclamer une appréciation de son règne, a-t-elle
tracé la limite trop étroite d’uné étude qui semble de-
mander à la statistique ses principaux éléments.
Mais, quelles que puissent être à ce égard les réserves
qui ont été déjà exprimées par d'honorables membres de
en
(1) Voir Bulletin de février dernier, page 129, pour l’énumération des
mémoires reçus.
R ATEN
eeens
| (455 )
“la classe, on ne saurait faire un reproche aux concurrents
de s'être inclinés devant les termes mêmes du programme.
Nous aurons done à examiner quels sont les travaux les
plus consciencieux, quelles sont les recherches les plus
persévérantes auxquelles cette question a donné lieu; nous
ne croyons pas toutefois devoir en séparer le mérite de la
Composition et de la rédaction, puisque ce mérite relève,
avant tout, des compagnies chargées de conserver les saines
traditions littéraires.
Deux mémoires nous sont parvenus :
Le n° 4 est écrit en francais, le n° 2 en flamand; ils ont
Fun et l’autre environ la même étendue, et les nombreux
Chapitres qui se succèdent embrassent à peu près les
mêmes matières.
Dans le n° 1, la première partie est consacrée à la sou-
veraine et à ses ministres; la seconde aux institutions
Parmi lesquelles l’auteur range tour à tour le pouvoir exé-
_Cutif, les institutions provinciales et communales, l’ordre
judiciaire, l’ordre ecclésiastique, les administrations finan-
cières, l’instruction publique et les établissements mili-
taires. La troisième partie a pour objet l'examen des
réformes introduites par l’Impératrice dans les conseils
Provinciaux et communaux, dans les finances, dans la
législation, dans le culte, dans l’enseignement, dans les
Sciences et dans l’armée. Suit un appendice destiné à faire
Connaître le caractère et les mœurs des habitants ainsi
que les règles et les usages qui président à la vie maté-
rielle. |
Le n° 2, plus complet que le n° 1, renferme 41 chapi-
tres. Le premier chapitre nous met en présence de Marie-
hérèse et de ses ministres; les chapitres H et V s’occupent
des relations des Pays-Bas avec les pays- étrangers. Les
2%° SÉRIE, TOME XXXIIL 51
( 454 )
chapitres VI à VIII nous initient aux détails assez com--
pliqués de l'administration intérieure. Le chapitre IX,
l’un des plus importants du mémoire, étudie dans chaque
province ce qui formait les véritables institutions natio-
nales. Dans les chapitres suivants, l’auteur passe successi-
vement en revue les questions financières, les affaires
ecclésiastiques, l'enseignement à tous ses degrés, la
situation des arts et des lettres, la bienfaisance publique,
l’industrie, l’agriculture et les divers pouvoirs judiciaires.
Sous tous les rapports, le n° 2 est supérieur au n° 1.11
est vrai que l’auteur du n° 4 fait précéder son mémoire
d’une assez longue liste d'ouvrages relatifs à Marie-Thérèse,
parmi lesquels on s'étonne de rencontrer les annuaires
des départements de la Lys et de l’Escaut, mais tout ré-
vèle dans le cours de l'ouvrage une extrême précipitation
à réunir des documents mal combinés et mal digérés.
L'auteur du n° 2, plus attentif, plus circonspect, a pesé
avec soin la valeur des pièces qu’il a eues sous les yeux et
parmi celles-ci ‘il en est un assez grand nombre qu il a
tirées des précieuses collections des archives générales du
royaume.
U y a aussi entre ces deux mémoires une notable diffé-
rence. D'une part, l’auteur du n°4, injuste pour Marie-
Thérèse, qu’il peint disposée à la vengeance et portée à la
dissimulation comme si elle était de l'école de Louis XI (1),
s’est inspiré des idées de Voltaire et de Diderot, liées, selon
lui, à l'éternel honneur de la France (2). D'autre part, l'au-
TT
(1) « Marie-Thérè PART CE 1 ; elle était nn peu de l'école de ce
> maître-roi Louis XI. La é étrangère à sà poli-
» tique. » » (Mém. n° 4, pp. 45 et 19.
(2) « Ci T. at - Shen quelque
OI RAR
( 455 )
teur du n° 2 reproduit, en appréciant le règne de Marie-
Thérèse, le jugement que nos pères en ont porté, juge-
ment conforme à nos traditions nationales, qui, en
proclamant les vertus de l'Impératrice , a néanmoins dé-
ploré, à plus d'une reprise, des tentatives malheureuses
. dont l'exemple égara et perdit Joseph IL.
Le style du mémoire n° 2 est empreint d’une simplicité
_ digne d'éloges; je me bornerai à citer quelques lignes de
la conclusion :
« Au dix-huitième siècle, c'est-à-dire à une époque où
Von admettait que tous les pouvoirs étaient réunis dans
la main du souverain, se développèrent d’autres prin-
cipes qui devaient répandre l'anarchie dans toute l’Eu-
rope. De là, des conflits qui depuis des siècles étaient
résolus en Belgique; de là, de longues discussions sur
la forme des gouvernements et la base des États, qui
eussent dû rester étrangers à un pays dont les institu-
tions opposaient une barrière au pouvoir absolu.
» Nos lois, consacrées par une longue suite de siècles ,
aSsuraient le maintien de nos libertés publiques : leur
révision était superflue et n’était demandée par per-
sonne. En Belgique, comme en Angleterre, elles étaient
» le fruit d'une longue expérience et à ce titre entourées
> du respect de tous. Les théories propagées en France
> et en Allemagne étaient done sans objet dans un pays
> Qui avait traversé toutes les épreuves. Nos populations,
» hostiles à la centralisation , étaient résolues à conserver
—
v
v- vu v vY vyv v v
v v
» sorte ce mouvement social; ce sera sa gloire la plus pure que d’avoir
» donné un corps à des théories que le génie des Voltaire, des Diderot ,
» des d’Alembert a précisées et revêtues d'une forme impérissable. »
(Mém. ne 4, p. 11.)
( 456 )
à nos provinces et à nos communes le bienfait de leurs
vieilles institutions marquées du sceau du sentiment
national. Elles croyaient que le premier devoir du gou-
vernement était de s’y conformer et de les protéger. La
Belgique sentait profondément le besoin de résister à
des principes nouveaux qui devaient bientôt ruiner la
maison d'Autriche elle-même. Combien n'eût-il pas été
plus sage d'écouter et de développer le sentiment natio-
nal au lieu de chercher à Faffaiblir! Si le gouverne-
ment autrichien, fidèle à son rôle naturel de conserva-
tion, au lieu de se poser en réformateur politique et
religieux, s'était borné à faire disparaître des abus in-
contestés , s’il s'était seulement appliqué à rétablir lor-
dre là où régnait le désordre, si ses soins avaient été
réservés aux intérêts matériels du pays, jamais les Pays-
Bas n’eussent possédé une administration plus féconde
en bienfaits, et c'eût été la plus belle page de notre his-
toire. » :
Dans le n° 4, au contraire, nous rencontrons trop
souvent le mauvais goût, emphase, la négligence, par-
fois même lincorrection; il serait aisé de citer bien des
phrases qui trouveraient mieux leur place dans la polé-
mique de la presse ou dans des communications familières
que dans un travail soumis dans une circonstance solen-
nelle à l'approbation de la première compagnie savante du
pays. Les images auxquelles l’auteur a recours sont vul-
gaires et de plus inexactes. C'est ainsi qu’à la première
page de son mémoire, il nous dit qu’il y a dans toute œuvre
trois choses : l’ouvrier, ses instruments et son travail.
L'ouvrier, c'est Marie-Thérèse; les instruments, ce sont les
institutions; le travail, ce sont les réformes. C'est nous
vvd ee ve u ey
ves Y Y y OV ee y
-~ donner immédiatement une fausse idée du tableau qu'il
x
: ( 457 )
esquisse. Sans nous arrêter à distinguer dans les actes du
règne de Marie-Thérèse ce qu’elle fit et ce qu’elle laissa
faire, nous devons bien reconnaitre que les institutions ne
lui servirent guère d'instruments dans les réformes qu’elle
entreprit, mais que le plus souvent ce fut contre ces insti-
tutions mêmes que ces réformes furent dirigées.
Ce qui fit la grandeur de Marie-Thérèse, ce qui fit la
popularité de son règne, c'est que, malgré les mauvaises
mesures dont on accusa ses ministres et à raison du bien
qu'on rapporta toujours à sa propre initiative, il n’y eut
Jamais qu’une voix pour proclamer son sincère et loyal
désir d'assurer le bonheur de ses peuples. Peu de chose
manqua à son administration pour qu’elle fût saluée d'une
acclamation unanime comme exempte de défaillances et
de fautes. Il Jui eût Sufi d’avoir vécu quelques années
Plus tôt et d’avoir pu ainsi se dérober à la triste influence
des théories qui, en 1780, avaient déjà creusé de toutes
Parts l’abime qu’allait ouvrir la Révolution.
estime qu’il y a lieu de décerner le prix à l’auteur du
Mémoire n° 2, portant pour épigraphe les mots : Maria-
Theresia gehört zu, etc. »
Rapport de M. 3. J. De Smet.
' « Un des principaux bienfaits que la Belgique doit à
Marie-Thérèse est à coup sûr la création de notre Acadé-
mie, qui fit sortir peu à peu de la torpeur, où il gémissait
depuis si longtemps, un pays renommé autrefois par ses
Savants, ses littérateurs et ses artistes. D'autres que nous
pourront dire que cette création est même une des gloires de
( 458 )
Pimpératrice-reine. Nous allons célébrer l’année jubilaire
d’une institution chère à nos cœurs et restée debout après
tant de révolutions ;il était bien juste que le Gouvernement
de Marie-Thérèse en Belgique fût proposé comme une
question au concours de l’année.
D'après le mémoire n° 2, que nous avons sous les yeux,
l’auteur ne nous paraît pas novice dans les luttes académi-
ques; il a voulu traiter le sujet dans toute son étendue et wa
négligé aucune source imprimée ou conservée encore dans
les archives de Vienne et de notre pays: il a même eu le
bonheur singulier d'écrire à une époque où l'on venait de
publier des recueils de documents du plus haut prix dans la
matière, tels que lelivre de M. le chev. A. von Arneth: Maria
Theresia und Joseph II. En parcourant le mémoire avec
soin, nous n’avons trouvé aucun fai que l’auteur ait omis,
mais quelques-uns, en petit nombre, il est vrai, qu ’il aurait
pu omettre sans inconvénient, et, surtout, quelques noms
_ de savants ou d'artistes qu’on sera peut-être étonné de voir
placés si haut parmi leurs rivaux.
Au nombre des statuaires on compte Van Poucke el
Godecharles, qui n’appartenaient pas à l’époque de Marie-
Thérèse, ni Redouté, Herreynset Ducq, peintres d’un temps
bien postérieur.
En général, le chapitre des beaux-arts laisse : à désirer
pour le fond comme pour la forme, ainsi a celui ri
sciences.
Le concurrent pense, et nous le eroyons comme lui, que
l'Académie ne demande pas un panégyrique de Marie-
Thérèse, mais la célébration du jubilé ne devait-elle pas
faire aboni dans quelques faits des circonstances atté- -
nuantes? L'Impératrice, dit le concurrent (page 30), agis-
sait souvent avec irrésolution dans ses négociations avec les
5
Al
è
( 459 )
puissances étrangères et y perdait souvent les voies, parce
qu'elle leur portait rancune. S'il s'agit des puissances ma-
ritimes qui insultaient à son autorité par le traité honteux
des Barrières et ruinaient le commerce de ses sujets par
la fermeture de l’'Escaut, comment blàmera-t-on son
mécontentement contre elle (p. 50)?
Pour l’intérieur, comme elle le disait elle-mêm®, les
résolutions qu’elle prenait émanaient d’un plan longtemps
arrêté, d'un calcul fait avec soin et exécutées avec une
volonté de fer. Deux principes la guidaient : le bien-être de
ses sujets et son autorité absolue. Ses fautes avaient toutes
leur origine en ce dernier point; de là ses empiétements
sur le pouvoir spirituel et la scandaleuse expulsion de deux
membres des états de Flandre, par suite de leur opposition
à la loi tout à fait inconstitutionnelle du subside fixe.
Nous croyons que le mémoire mérite la médaille d’or,
mais le style doit être sévèrement revu.
L'auteur du n° 4 nous paraît évidemment inférieur à
Pautre;-son érudition étant de seconde main, il n’a pu s'en
rendre maître.
Nous sommes heureux de voir que notre opinion, qui
décerne la médaille d’or au n° 2, est entièrement conforme
à celle de M. le baron Kervyn de Lettenhove. »
L 2
Rapport de M. Alph, Wauters.
« Appelé à me prononcer, après mes deux honorables
collègues, sur le mérite relatif des mémoires en réponse à
la question concernant le règne de Marie-Thérèse, je dois
exprimer le regret de ne pouvoir en aucune façon par-
tager leur manière de voir. Empruntant à un célèbre his-
torien de l'antiquité les paroles qu’il met dans la bouche
( 460 )
de Caton d’Utique, je me vois forcé de dire : Longè alia
mihi mens est (« tout autre est mon opinion ») (f). Et
comme ce n’est pas un caprice , une question personnelle,
mais un ensemble de, motifs très-sérieux qui m'ont in-
fluencé, la classe me permettra de développer mon opi-
nion; je ne désespère pas de la justifier et de prouver que
le mémoire n° 4 est digne de la médaille d'or et de lim-
pression dans les publications de notre Académie. Le mé-
moire n° 2 ne mérite, d’après moi, que la seconde place;
on pourrait lui accorder une mention honorable.
Les deux mémoires sont à peu près égaux en étendue;
je puis ajouter que l’un ne cède guère à l'autre en érudi-
tion, car les deux auteurs ont également compulsé, outre
les meilleurs ouvrages publiés dans le pays et à l'étranger,
le riche dépôt des Archives du royaume, source inépui-
sable de documents de la plus haute importance pour
l'histoire du dix-huitième siècle. Mais là s'arrête la res-
semblance. Autant le mémoire n° 1 est coloré, concis,
méthodique, autant il donne une grande et favorable idée
du règne de Marie-Thérèse, dont il blàme cependant,
mais dans une juste mesure, certains actes et certaines
tendances, autant lautre mémoire est incolore, diffus,
systématiquement opposé à la plupart des grandes ré-
formes qui furent opérées par notre illustre fondatrice,
presque constamment® hostile aux vues essentielles des
hommes éminents qui ont administré l'Empire, et en par-
ticulier la Belgique, pendant le règne de Marie-Thérèse,
le plus éclatant, sans contredit, de l'existence de la mo-
narchie autrichienne.
E auteur du mémoire n° 1 a-t-il bien positivement Com-
TASTE E
zi EE (1) Salluste, De Catilinae conjuratione , c. 52.
n
=
(461 )
paré Marie-Thérèse à Louis XI, a-t-il voulu rabaisser
cette grande princesse ? Ses propres paroles vous expri-
meront ma pensée mieux que je ne pourrais le faire : je
interprète pas, je reproduis :
=»
D
»
>
»
»
v + v v
>
»
»
»
>
« Marie-Thérèse avait beaucoup de jugement et une:
mémoire fort heureuse : deux qualités précieuses quand
on occupe le pouvoir. Elle en avait une autre, moins
estimable, mais nón moins utile aux gouvernants :
elle savait dissimuler. Elle était un peu de l’école de ce
maître-roi Louis XI qui aimait à répéter : Qui nescit
dissimulare nescit regnare; à preuve l'affaire de Fal-
liance avec la France et les incidents relatifs au partage
de la Pologne. Nulle souveraine n’a possédé à un si
haut degré le talent de plaire. Conservant, alors même
qu'elle était le moins disposée à l'enjouement, une phy-
Slonomie riante et gracieuse; ayant toujours, de l'aveu
même de son critique Podewils, des manières aisées et
Prévenantes; écoutant avec patience et bonté tous les
sollieiteurs qui, à certains moments, formaient presque
légion, Marie-Thérèse devait être et a été excessivement
SYmpathique à ses sujets.
» Avait-elle tous les défauts que Podewils étale si com-
Plaisamment dans sa Relation du 18 janvier 1747 (1), et
que, d'après lui, elle aurait eu l'adresse de dérober à
tous les regards dans les six premières années de son
règne? Était-elle si vindicative, si ambitieuse , si en-
nemie de la contradiction qu'il s’est plu à le dire? — H
faut faire, sans doute, la part de la passion qui est visi-
ble dans le portrait qu'a tracé de l'Impératrice l'ambas-
ne oo ET PMP
(1) Voir Bulletins de la commission royale d'histoire, 2° série, tome If,
Page 250.
( 462 ) :
sadeur prussien. Il y a certainement de l’exagération
dans certains traits, le récit des ambassadeurs véni-
tiens, dont le caractère personnel nous garantit lim-
partialité, en fait foi. Il mest pas vrai, par exemple, que
Impératrice waurait été bienveillante et généreuse que
par ostentation ; il mest pasvrai non plus qu’elle n'aurait
jamais éprouvé aucune répugnance pour la guerre.
correspondance avec son fils Joseph est faite avec trop
de bon sens et dénote trop de cœur pour que nous
ajoutions foi aux assertions de Podewils. La souveraine
qui, dans le secret de lintimité, et alors que personne
n’est là pour l'entendre, écrit à son fils : « Il faut faire
le bien et convaincre le monde par là, mais jamais le
dire, cette femme n'est pas aussi hypocrite que veut
bien le dire le ministre prussien » (1).
Je m’arrête ici, ce portrait n’est certes pas une satire,
l'écrivain ne porte son jugement qu'avec circonspection et
en s’entourant de tout ce qui peut l'éclairer. H rappelle
les attaques dirigées contre l’Impératrice, mais en ayant
soin de faire apprécier la valeur des témoignages et il re-
trace, je puis le dire, les grandes qualités de la princesse
avec une élégance de style que l'on ne rencontre pas frè-
quemment dans les mémoires envoyés aux concours. À I
fin de son travail, l'auteur du mémoire n° 2 a également
consacré quelques mots à PImpératrice; dans Vappréci?-
tion, fort courte, qu’il fait du caractère de Marie-Thérèse,
il la traite de princesse irrésolue et pas trop franche (eene
besluitelooze en niet zeer openhartige vorstin) (2). Un pen
;
(4) Pages 13 à 14 dù manuscrit.
(2) Page 220 du manuscrit.
v y Y vey
MONS VV vyu y v
( 465 )
dissimulée, soit; mais manquant de décision, elle, si
ferme, si opiniàtre dans ses desseins : le reproche me
semble singulier.
Dans le mémoire n° 1, l’auteur conclut en ces termes :
» Les sympathies des esprits libéraux de notre temps
» doivent être acquises aux gouvernements intelligents
» qui marchent d’un pas ferme dans la voie du progrès.
» Le gouvernement de Marie-Thérèse a été de ceux-là.
» Il nous voulait du bien, il nous en a fait (1). »
Tout autres sont les idées de son concurrent. I loue
Marie-Thérèse, mais il blàme plusieurs des grands actes
de son règne les plus généralement approuvés. Il va plus
loin : il rejette en quelque sorte sur elle la responsabilité
des malheurs du règne de son fils. Après avoir parlé des
concessions faites aux acatholiques du temps de l’'Impéra-
trice, il ajoute : « L'indulgence de Marie-Thérèse pour les
cultes étrangers fut le précurseur de Pédit de tolérance
promulgué plus tard par Joseph Il. L'intervention de
Plmpératrice dans les affaires religieuses et les nouvelles
tendances de ses hommes d’État, tous ces faits auxquels
elle avait participé dans une si large mesure, eurent sur
son fils une influence qu’elle regrette fréquemment dans
sa correspondance avec la marquise d’Herzelles. Si Jo-
seph Il est devenu un fils ingrat et un homme indiffé-
rent (besingeloos), comme elle le nomme dansses lettres,
elle devait s’attribuer à elle-même ces suites fàcheuses
Pour une mère aimante et tendre comme elle l'était, et
son imprévoyance en fut la principale cause (2). »
(1) Page 106 du manuscrit.
(2) Page 108 du manuscrit.
( 464 )
Ainsi, les défauts de Joseph IL sont imputables aux
fautes politiques de l’Impératrice, et, en particulier, aux.
principes de tolérance qu’elle manifesta aux Pays-Bas. La
conclusion me semble singulière, pour ne pas dire davan-
tage.
L'auteur du mémoire n° 2 n’a aucune sympathie pour
les hommes qui entouraient Marie-Thérèse, le prince
Charles de Lorraine excepté, auquel un hommage complet
est rendu pour sa constante modération , sa bienveillance
sans égale; mais Kaunitz, Cobenzl, De Nény, etc., sont
fortement blämés : Le règne a été glorieux et prospère, les
réformes dans les finances ont été heureuses et fécondes,
Pimpulsion donnée à l’industrie et au commerce a été éner-
gique et salutaire; mais pourquoi ne pas s'être arrêté là,
pourquoi être sorti du cadre des intérêts matériels (de
stoffelyke belangen) (1)? Oui, le mot y est, les intérèls ma-
tériels. Ceux-là seuls auraient dû préoccuper le gouverne-
ment autrichien; sa grande faute, nous autres nous dirions
son vrai titre de gloire, est donc d’avoir songé aux be-
soins de l'instruction publique, des sciences, des lettres et
des arts. Mais les ministres de notre fondatrice étaient, les
uns, comme de Nény, des disciples de Van Espen; les au-
tres des impies, imbus des malheureuses maximes des
philosophes français et allemands!
« Toutes ces personnes, dit l’anteur du mémoire n° 2,
» n'avaient qu'un but, une tendance, un dessein. Elles
> portaient un dévouement illimité à la maison d’Aatriche,
> dont elles désiraient étendre la puissance, dont elles
» rêvaient la grandeur et la gloire; elles nourrissaient une
TN S
(1) Page 224 du manuscrit. `
`
( 465 )
» défiance aveugle à l'égard de l'Allemagne et des prin-
» cipes qui y dominaient; elles étaient dévouées à lá
» France et à ses projets; elles vivaient dans l’incrédulité
» ou l'indifférence au point de vue religieux; oui, elles
» prenaient souvent une attitude hostile à l'Église (1). »
Cobenzl, en particulier, est peu ménagé. On le repré-
sente comme aimant l'argent et, à l'appui de cette accu-
sation, on allègue qu’à son arrivée dans le pays, il reçut des
stats de Flandre 1,000 pistoles au lieu de vin d'honneur;
on aurait dù ajouter que c'était là, non une innovation, mais
un usage adopté depuis longtemps. De Konigsegg, Harrach
en avaient profité avant Cobenzl, comme l'attestent les
documents mêmes auxquels l'écrivain a puisé. Quand on
cite un fait, il ne faut pas en tronquer la signification.
« Emportement et imprévoyance , dit-on encore; ces
» défauts, qui doivent être étrangers à un bon administra-
» leur, étaient sans contredit le partage de Cobenzl. Par
» ses procédés, il donna naissance à la lutte qui s'engagea
» entre le clergé et le gouvernement des Pays-Bas. Disons
» toute notre pensée : il était l’ami de Kaunitz, et ce fut
» en vain que des plaintes parvinrent contre lui à l’Impé-
» ratrice. Cobenzl persista dans sa manière de faire (2). »:
Pour achever le portrait de l'homme d'État à qui notre
corps doit sa naissance et dont le souvenir doit être res-
tate nd ete
(1) Page 13 du manuscrit.
(2) Drift en onvoorzigtigheid, gebreken die den goeden bestuurder
moeten vremd zyn, waren zonder tegenspraak die van Cobenzl. Hy was
telykheid en het bestuur van Maria-Theresia te wege bragt; zeggen wy
alles : hy was de vriend van Kaunitz, en vruchteloos werden alle klagten
Over hem aan de koningin overgebragt. Cobenzl bleef volharden in zyne
handelwyze. (Page 63 du manuscrit.) :
( 466 )
pecté parmi nous, l’auteur emprunte à un Allemand éeri-
vant en français cette phrase malencontreuse : « Les cor-
» respondances de Cobenzl nous donnent parfaitement un
> tableau malheureusement très-comique de la méthode
» de gouvernement suivi par cet homme d'État dans les
» rapports de l’État avec l'Église, » et il trouve si belle
celle phrase ridicule qu’il la répète deux fois dans la même
page (1). Comique, la correspondance de Cobenzl et la ma-
nière de traiter les affaires? Ah! qu’on les blâme ou qu'on
les approuve, les travaux de Cobenzl ne sont pas de ceux
dont on rit. A quelque opinion qu’on appartienne, on doit
admirer le labeur prodigieux auquel s'est voué pendant
dix-sept ans cet homme remarquable, le plus capable, le
plus actif des ministres qui ont gouverné la Belgique au
dix-huitième siècle. Cobenzl avait de grands défauts, il est
vrai, mais il possédait l'intelligence, la persévérance,
l'énergie, sans lesquelles on ne fait pas sortir un peuple
d'un état léthargique, pareil à celui dans lequel notre
pays était plongé à l’avénement de Marie-Thérèse.
L'auteur du mémoire n° 2, consacrant trois lignes à
peine au prince de Stahremberg, qui gouverna la Bel-
gique pendant dix années, se borne à en dire qu’il tait
Valter ego de Cobenzl ‚ avec plus de modération et moins
d'imprévoyance. L'auteur du mémoire n° 4 est plus expli-
it
CHE;
« Si Cobenzl mourut trop tôt pour sa gloire et pour
» notre pays, les Belges eurent du moins la. consolation
» de le voir remplacé par un homme qui partageait ses
» idées et qui, soucieux comme lui des intérêts de la Bel-
wter ene en WE
us te
ee
(1) Page 65 du manuscrit.
( 467 )
» gique, étendit et développa les principes auxquels elle
» devait sa nouvelle prospérité.
» Kaunitz avait jeté les yeux sur le prince de Stahrem-
» berg pour compléter l’œuvre de Cobenzl. Il fut bien
» inspiré. Stahremberg fut un autre Cobenzl , aussi ferme
» devant les adversaires des réformes, aussi empressé
> à la recherche des moyens qui pouvaient l'assurer,
» tout en sauvegardant, ceci n’est jamais oublié par les
» ministres autrichiens, les droits et les prérogatives de
» la couronne impériale.
» Les objets sur lesquels Stahremberg concentra plus
» particulièrement ses efforts sont relatifs à l’état civil,
» à l'enseignement, aux arts et aux lettres. C’est lui qui
» fit ériger en Académie, en 1772, la Société littéraire
» fondée par Cobenzl; qui preserivit pour la tenue des re-
» gistres de l’état civil des règles presque conformes à
» celles qwa consacrées le code Napoléon, qui ouvrit au
» public la Bibliothèque de Bourgogne, qui fit décréter la
» sécularisation de l’enseignement et réorganisa complé-
> tement l’enseignement reeel après la suppression
> de l'ordre des jésuites en 1775.
Voilà deux appréciations bien différentes. L'Académie
S'étonnera-t-elle que je donne la préférence à la seconde ?
Après une brillante introduction de quelques pages, in-
troduction offrant un tableau résumé des événements du
règne et écrit dans ce style brillant et nourri de faits et
d'idées dont j'ai cité quelques exemples , l'auteur du mé-
moire ne 4 „aborde le fond même de la question. Dans trois
parti distinctes et coordonnées, il s'occupe :
1° De la souveraine et de ses collaborateurs ; |
9 Des institutions telles qu’elles existaient à l'avéne-
ment de mers ;
( 468 )
5° Des réformes, c'est-à-dire des changements apportés
à ces institutions par Marie-Thérèse.
Chacune de ces parties se subdivise en chapitres, el
chacun de ces derniers en sections. L’anteur procède par-
tout et toujours avec méthode, puisant aux meilleures
sources manuscrites et imprimées, soumettant les ren-
seignements qu’il a recueillis à une saine critique, les
résumant de manière à se faire lire, sachant sacrifier les
détails oiseux, et cependant toujours intéressant et in-
structif. Il serait facile, sans doute, d'y relever quelques
erreurs de détail, quelques fautes secondaires, échappéés à
l'attention de l'écrivain, provenant de la nécessité de finir
un travail aussi considérable dans un temps déterminé;
mais l’œuvre, considérée dans son ensemble, étudiée dans
sės détails, ma paru très-remarquable au point de vue
littéraire et scientifique , riche en outre en données not-
velles et parfaitement présentées, digne, comme je Vai dit
en commençant, du laurier académique.
Le mémoire n° 2 présente une seule suite de chapitres
dont l’agencement ne me semble pas heureux. Ainsi un
chapitre, n° 22, est consacré à l'administration des postes,
et un autre, le chapitre 40, au notariat, de même que la
jurisprudence et les tribunaux forment le chapitre 36,
placé entre le chapitre 35, consacré à la noblesse, aux
armoiries et aux chapitres nobles, et le chapitre 37, inti-
tulé Police, et où il est question du prévôt général de
l'hôtel, du drossard de Brabant et de la jointe criminelle
de Namur. Il est vrai que le chapitre du notariat ne
consiste qu’en sept lignes, où l'on ne signale aucun fait
. Curieux , et que l'état de la jurisprudence et des tribu-
naux est étudié dans treize pages seulement. Par contre,
auteur s'étend outre mesure sur l’état des lettres et des
| ( 469 )
arts et consacre près de cinq pages à l’'énumération des
Ouvrages d'histoire qui ont été imprimés du temps de
Marie-Thérèse, ouvrages dont un grand nombre sont
d'une médiocrité désespérante. Je suis donc fondé à dire
qu'il pèche par la méthode.
Nous avons vu le jugement défavorable que l’auteur du
mémoire n° 2 porte sur les ministres de Marie-Thérèse.
Ce jugement est basé sur les grandes réformes qui s’ac-
complirent à cette époque et parmi lesquels il faut placer :
les mesures prises pour arrêter l'accroissement des biens
de mainmorte, les modifications introduites dans l'in-
Struction publique ‚ la suppression de l'ordre des jé-
Suites, etc. Ces mesures, les concurrents ont usé de leur
droit, de tout temps reconnu par l’Académie, en les ap-
Prouvant ou en les condamnant, mais où ce droit s’arrête
et ce qui motive l’un des reproches que j'ai à adresser à
l'auteur du mémoire n° 2, c'est qu’il considère toutes ces
réformes comme le produit des idées philosophiques et sur-
lout des idées françaises, qui se propageaient alors en Eu-
rope. Sans doute, la Belgique est un pays essentiellement
religieux, et ce caractère, il en était plus fortement que
Jamais empreint au dix-huitième siècle, mais ce qui n’est
Pas moins vrai, c'est que, à toutes les époques, nos popula-
tions, nos communes, nos cours de justice ont, pied à pied,
défendu l'indépendance du pouvoir civil. Nos archives
abondent à cet égard en détails pleins d'intérêt et sur les-
quels je m’arrêterai à peine, car ce serait répéter ce que
tout le monde sait.
Pédit sur les acquisitions de biens de mainmorte,
qu'est-ce autre chose que le renouvellement des mesures
prises du temps de Guy de Dampierre, de Charles le
Téméraire de Charles-Quint, renouvellement qui était
° SÉRIE, TOME XXXIII. 32
( 470 )
devenu d’autant plus nécessaire que, déjà en 1740, ve
marquez cette date, le Conseil de Brabant se plaignait
des acquisitions illicites faites par les corporations reli- -
gieuses et posait en fait que la presque totalité des biens
immeubles, à la campagne, leur appartenait. La limitation
du nombre des établissements monastiques et des religieux
qui y pouvaient être admis, avait toujours appartenu à
l'État et avait toujours été exercé par lui; ces établisse-
ments ne pouvaient même se fonder, à Bruxelles en parti-
culier, que du consentement de l'autorité locale, et ce
consentement fut mainte fois refusé ou donné avec répu-
- gnance. Une interdiction absolue d'en établir encore fut
même portée aux Pays-Bas dans les dernières années du
règne de la pieuse Isabelle. Les reproches d'irréligion
adressés au gouvernement de Marie-Thérèse sont dont
exagérés.
Sans doute ‚des idées nouvelles se sont- ineroduaites en
Belgique au dix-huitième sièele et ont agi sur les ten-
dances de nos gouvernants. Et comment eù- aurait-il
été autrement? Il n’est pas possible d'élever autour de
notre pays un mur qui le défende contre les doctrines prê-
chées ou répandues à l'étranger. Quoi qu’on fasse, nos pro-
vinces, entourées par de grands peuples, subiront toujours,
jusqu'à un certain point, l'influence des littératures du
dehors. Quel remède opposer à cet état de choses? Faut-il
immobiliser notre intelligence, repousser tout contact avec
nos voisins, ne communier qu'avec le passé; mais Cé
ai la mort du pays et le signal d’une complète déca-
_ dence.
Nous ajouterons de ds: ces réformes, stigmatisées par
l'auteur du mémoire n° 2, ces doctrines nouvelles répañ-
— dues d'une part, par Leibnitz et son école, et, d'autre
.
Aaaa ÉnREEs
( 471 )
part, par les philosophes vand ont-elles été si désas-
treuses? Sans doute, le pays a subi de grands maux, il a
Passé par de rudes épreuves; mais n’en est-il pas sorti
triomphant? Aimons notre passé, étudions-le avec ardeur,
mais n’en désirons pas le retour. Il éxistait chez nous
de belles institutions, il y avait fréquemment de nobles
aspirations, mais les abus aussi étaient nombreux, et ce
m'est pas sans péine que nous avons renoncé à la dîme et
au servage, à la division dés personnes en ordres, aux pré-
rogatives féodales et seigneuriales; au morcellement des
juridictions et des coutumes, aux idées d’intolérance, pour
en arriver à légalité des personnes devant la loi et aux
autres conquêtes de la société moderne.
Le règne de Marie-Thérèse est remarquable surtout
Parce qu’il a ouvert pour la Belgique une ère nouvelle de
Prospérité et de grandeur, et c'est avec fierté que nous
allons célébrer l'anniversaire de la fondation de l’Académie,
Parce que cetté fondation fut l’un des épisodes les plus
Caractéristiques de l’époque. En méconnaitre le véritable
Caractère, c’est, à mes yeux, manquer de sens historique
et aller complétement à l'encontre des intentions de la
pagnie: Je ne puis donc, pour les motifs les plus
graves, accorder mon approbation au mémoire n° 2; tou-
tefois, comme l’auteur s'est livré à un travail considérable,
je sérais d’avis de lui accorder une mention honorable. »
En présence de la dissidence d'opinion qui s’est mani-
festée entre ses rapporteurs, la classe a décidé de ne pas
accorder de ge aux mémoires présentés. ,
$
ee |
(472)
QUATRIÈME QUESTION.
-Donner la théorie économique du capital et du travail (1).
Rapport de M. Ch, Faider.
« Six mémoires avaient été envoyés en réponse à cette
question.
Le mémoire n° 4 avec cette ge Honneur au
travail, respect au capital, est une petite note de 7 */2 pages
in-8°, qui ferait à peine le sujet d’un article de journal :
il est évident qe une réponse, dans ces conditions, n a rien
de sérieux.
Le mémoire n° 4 porte cette épigraphe :
In necessariis unitas ,
In dubiis libertas ,
ln omnibus charitas.
Ce travail a 87 pages petit in-4° : il est purement
théorique et ne touche que superficiellement la théorie
du capital et du travail. Je laisse à celui de mes Con-
frères-rapporteurs qui enseigne l'économie politique ee
qui est plus compétent que moi, le soin d'apprécier la
valeur scientifique du travail : j'y rencontre des idées gé-
nérales assez exactement indiquées. Mais ce qui me frappe,
Cest que l'œuvre produite ne répond ni au vœu de la
classe ni aux intentions que j'avais en posant la question:
à ce point de vue, je n’y rencontre ni méthode spéciale ni
style convenable. Il faut, dans l'écrit demandé, le sens pra-
tique, la simplicité, les faits et démonstrations : tout cela
manque; j'y vois souvent des déclamations; je n'y ren-
ee En ee
(1) Voir, pour l'énumération de ces mémoires, page 150 du tome
De XXXII de Bulletins, 2e série.
tee ee RE EE ee ENOR ABE
( 475 )
contre pas le résumé saisissable par les esprits simples et
par les masses populaires. Je voulais un petit cours de
morale économique, dont plusieurs modèles existent,
propre aux classes ouvrières de notre pays, en rapport
avec notre législation de liberté, avec notre vraie situation _
industrielle et économique.
Dans ce mémoire, le croirait-on, le mot grève n’est écrit
qu'une seule fois, le mot coalition n’est pas écrit une seule
fois: cependant la liberté consacrée des coalitions expliqne
la liberté des grèves; cette situation crée des’principes pra-
tiques et nouveaux, modifie les relations économiques des
chefs d'industrie et des travailleurs, rend nécessaires des
vues, des instructions et des écrits empreints des nou-
velles doctrines. Cela n’a pas été compris par le concur-
rent dont j'examine le travail; il ne se doute pas que les
classes auxquelles l’ouvrage était surtout destiné doivent
être éclairées sur les coalitions et les grèves; il aurait dû
offrir non-seulement une théorie des droits qui découlent
de la liberté, mais un exposé clair et chiffré des résultats
qu'elle produit, des dangers de suggestions passionnées,
de la nécessité de rapports spontanés et raisonnés entre
les chefs et les travailleurs.
Bien d’autres lacunes encore peuvent être signalées tou-
Chant les questions et les formes de salaires, les modes
d'épargne, de prévoyance et de coopération, l'instruction et
Péducation industrielles, la moralisation par les sentiments
religieux et les saines doctrines.
En un mot : la question posée et la condition particu-
lière que la classe a indiquée, au milieu de l'anarchie des
doctrines actuelles et des manifestations bruyantes et
vaines qui surgissent, auraient dù inspirer à l'auteur du
mémoire toute autre chose que ce qu’il a composé.
( 474 )
Je ne pense pas que cet écrivain estimable et plein de
bons sentiments mérite un prix.
Je me rallie parfaitement à l'appréciation de M. Thonis-
sen sur le n° 2. Le mémoire ne répond ni aux intentions
- de la classe, ni aux vues de Fauteur de la question.
J'adopte les conclusions de M. Thonissen sur le n°3.
Ce mémoire est plus faible encore que le précédent.
Pour autant que je puis me permettre de juger les deux
mémoires flamands 5 et 6, je me rallie à l'appréciation bien
motivée de nion habile confrère M. de Laveleye : il est
évident que le mémoire 6 est insuffisant, que le mémoire 5
est incomplet. Celui-ci est vigoureusement pensé et écrit,
mais est-il écrit avec cette simplicité propre à le rendre
populaire s’il était complet? Répond-il, sous ce rapport
spécial, au vœu du programme? Il me semble que non.
Je désire attirer l'attention de mes deux co-rapporteurs
flamands sur ce point essentiel. — Le talent que montre
l’auteur du n° 5, qui pourra profiter des observations de
M. de Laveleye, doit faire espérer qu’un nouvel effort
assurera la réussite de l'écrivain et me fait désirer que la
question soit maintenue au programme. »
Rapport de M. Thonissen.
« Mémoire n° 2, portant la devise : Faites la lumière
dans votre esprit et vous connaîtrez mieux vos intérêts
véritables.
Ce mémoire se compose de cinq chapitres portant les
titres suivants: Le capital, Le travail, Alliance obligée du
| x niv et du travail, Producteurs et consommaleurs,
LA
À Tieten ear y pu
|
á
( 475 ) : |
Amélioration matérielle, morale et intellectuelle de lhu-
manité. ae
Sous chacun de ces titres, l'auteur indique, d'une ma-
nière généralement exacte, les principes qui découlent de
la natare des choses et que les travaux des économistes
modernes ont mis à labri de toute contestation sérieuse.
Mais ce n’est pas là, selon nous, le but que l’Académie s’est
proposé d'atteindre. Elle n’a pas cherché à se procurer une
analyse plus ou moins complète de quelques doctrines
qu'on rencontre dans tous les manuels d'économie poli-
tique : elle a voulu doter la littérature nationale d'un écrit
. lucide et substantiel, opposant le langage de la justice, de
la raison et de la vérité aux erreurs nouvelles qu'on répand
dans les classes inférieures. Pour remplir convenablement
cette tâche, l’auteur ne devait pas se borner à dire quel-
ques mots de ce qu'il appelle « les inconséquences dites
» socialistes. » Il devait rencontrer et combattre les doc-
trines du socialisme d'aujourd'hui, qui n'est plus tout à
fait le socialisme de 1848. On peut lui reprocher encore de
-ne pas avoir emprunté à la statistique. les chiffres irrécu-
sables qu’elle fournit en foule à ceux qui, au lieu de se
contenter d’aspirations plus ou moins généreuses, étudient
les faits et en déduisent les conséquences irrécusables.
Le peu d'étendue de son travail suffirait seule, au besoin,
pour démontrer qu’il a incomplétement accompli sa tâche.
Son manuscrit ne fournirait pas trente-deux pages in-8°
d’une impression ordinaire. Sans doute, la concision, loin
d'être un défaut, est une qualité précieuse, surtout dans
les écrits destinés à une propagande populaire; mais,
d'autre part, entre la concision et la suppression des dé-
tails indispensables, la distance est grande. 4y
Eu somme, quoique le mémoire ne soit pas compléte-
+
| ( 476 )
ment dépourvu de mérite, je pense qu’il n'y a pas lieu de
lui décerner le prix.
Mémoire n° 5, portant la devise: Je n’impose rien;
je ne propose rien: f expose.
J'émets le même jugement sur le mémoire portant le
n° 5. Les trois chapitres dont il se compose — le travail,
le capital, les rapports du travail et du capital — ne sont,
eux aussi, qu’une analyse plus ou moins exacte des opinions
professées par les économistes. Le petit nombre de faits
que l’auteur y ajoute, de même que les exemples qu'il
emprunte aux annales de l’industrie belge, sont dépourvus
d'importance. Il combat quelques erreurs du socialisme
contemporain, notamment en ce qui concerne le salaire
de l'ouvrier, le profit du chef d'industrie et l'intérêt des
capitaux; il fait ressortir les conséquences funestes des
grèves : mais, ici encore, on ne trouve aucun fait nouveau, |
aucun enseighement déduit de la statistique nationale,
aucun rapprochement ayant échappé aux auteurs des nom-
breux manuels d'économie politique. J'ajouterai que le
style laisse souvent beaucoup à désirer.
A l'égard des mémoires portant les n° 1 et 4, je me
rallie pleinement à l'opinion émise par mon honorable el
savant confrère M. Failler. Le premier ne forme tout au
plus qu'un médiocre article de journal. Le second, man-
quant à la fois de méthode et de style, aborde à peine
quelques faces de l'important problème dont la ‘classe
voulait obtenir une solution complète , mise à la portée des
(477)
familles ouvrières. L’auteur se montre constamment animé
de sentiments louables, mais l’œuvre est loin de réunir les
qualités scientifiques et fittéraires que l’Académie est en
droit d'exiger.
A l'égard de la valeur scientifique et littéraire des deux
mémoires flamands, portant les n° 5 et 6, j'adopte les
conclusions de mes deux honorables confrères. De même
que M. Faider, j’exprime le vœu que la question soit main-
tenue au concours, afin de fournir à l’auteur du n° 5, qui
se distingue par des qualités sérieuses, le moyen de rem-
porter la palme académique. » |
Rapport de M. De Lareleye.
« La question mise au concours par l’Académie, sur les.
lapports du capital et du travail, est peut-être la plus im-
portante de toutes celles que soulève l'organisation actuelle
de la société. C’est elle qui, sous le nom de « Question
Sociale » agite les masses profondes de la classe ouvrière
et qui aboutit d’une part à des insurrections et à la guerre
Civile, d'autre part, à ces formidables luttes industrielles *
dont les grèves et les coalitions sont les armes, parfois
aussi meurtrières que celles qui ensanglantent les rues de
Itës,
nos cités
Cette question grandira probablement encore et occu-
pera tonte la fin de notre siècle auquel elle prépare, suivant
“toute apparence, des crises plus redoutables et plus géné-
rales que celles que nous avons vues se produire déjà. Nul
Sujet n'est donc plus opportun, plus digne des recherches
de nos économistes, et j'ajouterai que nulle part on ne
( 478 )
peut mieux l’étudier qu’en Belgique, parce que le capital
et le travail y jouissent d’une liberté complète, et aussi
` parce que l'industrie s’y exerce sous toutes les formes el
peut être très-appréciée dans tous ses détails, gràce aux
faits nombreux publiés par nos statistiques.
Nous pouvions done espérer recevoir quelques travaux
étendus, complets, dans le genre de ceux que l'Institut
de France a parfois la bonne fortune de couronner. Je le
dis à regret, cette espérance, à mon avis, ne s'est point
réalisée. Aucun des six mémoires ne me semble mériter
le prix.
Le n° 1 — épigraphe : Fe au travail — est une
simple note de 7 pages, rédigée à la hâte et qui ne peut
arrêter notre attention.
Pour les mémoires n° 2 et 3, je ne puis que me rallier
aux conclusions parfaitement motivées de M. Thonissen,
déjà admises par M. Faider.
= Le n° 4 — épigraphe : In necessariis unitas — n'est pas
_ sans mérite, mais C'est plutôt un petit traité, un manuel
_ d'économie politique où toutes les questions sont successi-
vement abordées ; il en résulte que celle qui devrait uni-
quement occuper l’auteur n’est qu’effleurée.
* Le mémoire n°5, en flamand — épigraphe : « De Aca-
demie vraagt dat het werk eenvoudig geschreven zy, in
‘€ bereik van al de klassen der Maatschappy, » — mérite
que nous l’examinions plus attentivement. — Ce travail a
des qualités très-remarquables. Il expose les lois écono-
miques avec une lucidité merveilleuse et une méthode
toute scientifique; on dirait un chapitre de Riccardo. Je -
ne connais aujourd'hui que M. Cernuschi qui ait traité
_ les questions économiques avec une logique aussi serrée
~ — et des déductions aussi rigoureuses, L'auteur manie les
LS eender iedee ati
( 479 )
formules de la science économique comme un mathémati-
cien celles de l'algèbre ou de la géométrie. La langue em-
ployée est aussi excellente. L'auteur s'est abstenu, avec
raison, de ces expressions vagues, de ces locutions ambi-
tieuses et mal définies qui jettent tant d’obseurité dans les
écrits de beaucoup d’économistes modernes, et qui donnent
lieu à des querelles de mots. Il ne se sert que des
termes les plus usuels, de ceux même que l'ouvrier em-
ploie tous les jours. Et néanmoins je crois que pour appré-
cier tout le mérite de ce travail et pour en saisir la
force, il faut avoir approfondi ces questions comme l’au-
leur l’a fait lui-même. Les non-initiés comprendraient bien
les mots , mais l’idée même leur échapperait, — parce que
l'exposition est trop sèche « trop décharnée, » si j'ose
m'exprimer ainsi. La méthode des sciences exactes ne con-
vient pas aux sciences morales et politiques, où il faut tenir
Compte des faits humains, des tendances, des passions, des
sentiments de l’homme, être libre et variable.
n autre défaut plus grave, c'est que l’auteur a consacré
tont l'effort de sa rigoureuse dialectique sur un seul point,
la loi de l'offre et de la demande appliquée au salaire.
Cest bien là, en effet, le fond de la question et il faut
Savoir gré au mémoire n° 5 de l'avoir traitée avec des dé-
veloppements si lumineux, mais tous les autres points que
Soulevait la question sont négligés. Ainsi le côté moral et
juridique du problème n’est point touché.
En résumé, ce mémoire est un travail très-remarquable,
mais très-incomplet. L'auteur avait en main une arme
de premier ordre, une sûreté d'investigation , et une puis-
Sance de déduction rare, mais il n’en fait qu'un usage
restreint. — Ces pages formeraient un chapitre qui frap-
perait certainement tout lecteur compétent; qui mériterait
( 480 )
même d’être publié, mais qui ne répond pas, me semble-
t-il, au programme. Si l’auteur, abordant l’examen des
faits et des conditions sociales comme il a commencé à le
faire à propos de l'enquête anglaise sur les Trade-Unions,
s’il employait ses incontestables aptitudes à traiter, dans
toute sa largeur, la grande question qu'il n’a fait qu’abor- -
der, il arriverait probablement à composer une œuvre qui
marquerait dans la littérature néerlandaise gt dans la litté-
rature économique.
e n° 6, sans épigraphe — en flamand, — renferme
à peine plus de développements que le n° 4. Il pose la
question ; il ne la traite pas. »
Conformément aux conclusions de ses trois rapporteurs,
la classe a décidé de ne pas accorder la récompense pro-
mise.
La classe a décidé, en dernier lieu, de s'occuper, dans
la séance du mois de juin, de la remise au concours des
différentes questions qui ont provoqué des réponses cette
année.
.
(481 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 2 = 1872.
M. Én. Fétis, directeur.
M. Ap. QueTELET , secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, L. Gallait, G. Geefs, A. Van
Hasselt, J. Geefs, F. De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Ed. De
Busscher, J. Portaels, Alph. Balat, Aug. Payen, le chev.
L. de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, Julien
Leclercq, E. Slingeneyer, A. Robert, F.-A. Gevaert,
Ch. Bosselet, membres; Éd. De Biefve, F. Stappaerts,
Correspondants.
M. R. Chalon, membre de la classe des lettres, et
Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assis-
lent à la séance.
CORRESPONDANCE.
Une dépêche ministérielle du 5 avril dernier, relative au
mode de comptabilité de l'Académie, est renvoyée à la
Commission administrative.
— M, le Ministre de l'intérieur, par lettre du 25 avril
dernier, demande si la section permanente des grands con-
cours de composition musicale n’a pas à donner à M. G. De
Mol, lauréat de 1871, d’autres instructions de voyage
( 482 )
que celles mentionnées à l’art. 24 du règlement du
6 mars 1849.
Avant de s’occuper de l’objet de cette dépêche, la ques-
tion préalable de la reconstitution de la section permanente
est posée. La classe désigne MM. Gevaert, le chevalier de
Burbure et Bosselet pour composer cette section et les prie,
en conséquence, d'examiner la demande de M. le Ministre.
— Le même haut fonctionnaire communique, bg
demande d'examen, une requête du sieur Dieltiens, lauréat
du grand concours d'architecture de 1871, ainsi qu’une
missive de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers, dez
mandant la majoration de la pension de voyage accordée
aux lauréats.
La classe constitue en commission , pour l'examen des
questions concernant lesdites pièces, MM. Gevaert, Alvin,
Éd. Fétis, Dé Keyser, Gallait, G. Geefs, Simonis, Portaels,
Balat, Franck et Robert.
— La Société d'art et d'antiquités de la haute Souabe,
à Ulm, envoie ses derniers travaux. — Remerciments-
— M. Éd. Fétis a remis, depuis la dernière séance, la fin
du manuscrit de son rapport pour lé livre commémoratif
du jubilé. |
ÉLECTION.
M. Alvin est réélu membre de la commission adminis-
trative pour l'exercice 1872-1873.
|
|
|
|
|
|
|
|
Pe E OAN
5 È
( 483 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Steur (Ch.). — Ethnographie des peuples de l'Europe avant
Jésus-Christ, tome 1e. Bruxelles, 1872; in-8°.
Chalon (R.). — Curiosités numismatiques, 18° article.
Bruxelles, in-8°.
Schuermans (H.). — Sceau du roi Childerie I". Bruxelles,
1872; in-8°. -
Henry (L). — Précis de chimie générale élémentaire.
2™ édition, tome II. Louvain, 1872; in-8°.— Untersuchungen
über die Glycerinderivate; — Ueber Darstellung von Pro-
Pargyläther. Berlin; 2 broch. in-8°. ;
De Bruyn (l'abbé H™). — Archéologie religieuse appliquée
à nos monuments nationaux, tome I“. Bruxelles, 1869 ; in-8°.
Commission royale pour la publication des anciennes lois
et ordonnances de la Belgique. — Procès-verbaux des séances,
Vime volume; 2% cah. Bruxelles, 1872; in-8°.
Commissions royales d'art et d’archéologie. — Bulletin,
am année, 1 et 2, Bruxelles, 1872; in-8°.
Académie royale des beaux-arts à Anvers. — Année acadé-
mique 1871-1872. Rapport annuel. Concours annuels ; esthé-
tique et littérature générale. Anvers, 1872; 4 cah. in-8°. —
Musée de l’industrie de Belgique. — Bulletin, avril 1872.
Bruxelles ; gr. in-8°. ; :
Le Bibliophile belge, VI** année, livr. 8 à 12, VII®* année,
livr, 4. Bruxelles, 1871-1872; 2 cah. in-8°. j
Sociëté malacologique de Belgique, procès-verbal de la
Séance du 7 avril 1872. Bruxelles, 4 feuille in-8°. |
Société littéraire de l’université catholique de Louvain. —
Choix de mémoires, XI. Louvain, 1872; in-8°.
“
( 484 ) fi
L'Illustration horticole , tome XVIII, 8m à 142! livr.; tome
XIX, {re à 5e livr, Gand, 1871-1872; 6 cah. in-8°.
Annales des travaux publics de Belgique, 1* cahier,
tome XXX. Bruxelles, 1872; in-8°.
Revue de instruction publique en Belgique, XX année,
2e livr, Gand, 4879 ; in-8°.
Causeries d'un octogénaire, 7% livr., avril 1872. Liége;
in-12. l
Société malacologique de Belgique. — Procès-verbal de la
séance du'5 mai 4872. Bruxelles; in-8°. ia a a
Vreede (G.-W.). — Voorouderlijke wijsheid in hagchelijke
tijden. Utrecht , 1872; in-8°. :
Société philomatique de Paris.— Bulletins, tome VII”, jan-
vier-déeembre 1871. Paris; in-8°.
Société d'anthropologie de Paris. — Bulletins, tome VI"
(2"° série), 4°% fascicule. Paris, 1871 ; in-8°.
Société de géographie de Paris. — Bulletin , février et mars
1872. Paris; 2 broch. in-8°. ;
Lenormant (François). — Essai de commentaires des frag-
~ ments cosmogoniques de Bérose. Paris, 1872; in-8°. :
Eichhoff (F.-G.). — Hymnes du Rig-Véda imités en vers
latins. Paris, 1872; in-8°.
Tarry (H.). — Sur l’origine des aurores polaires. — Sur
les courants magnétiques observés dans les fils télégraphiques
pendant l'aurore boréale du 4 février 1872. — Sur l'établisse-
ment d’une station météorologique dans le Sahara algérien.
— Le pôle au Sahara ‚ note sur un déplacement de laxe y
restre. — Aurore boréale du 9 novembre 1871; observations
faites à Brest. In-4° et in-8°. -
De Mortillet (Gabriel). — Géologie du tunnel de Fréjus ou
percée du mont Cénis. Anvers, 1872; in-8°,
Tommasi (D.). — Sur une combinaison de bioxyde de
chrome et de dichromate potassique. Paris, 1872; in-4°.
( 485 )
Mannheim (A.). — Généralisations du théorème de Meus-
nier; — Détermination de la liaison géométrique qui existe
entre les éléments de la courbure de deux nappes de la sur-
face des centres de courbure principaux d’une surface donnée;
— Exposé sommaire d’une théorie géométrique de la cour-
bure des surfaces ; ; — Recherches géométriques sur le contact
du troisième ordre de deux surfaces; ; — Mémoire sur les pin-
ceaux de droite et les normales. Paris; 4 cah. in-8°.
Ville de Lille. — Bulletin des décès, du 1* RER au
15 avril 1872, Lille ; 2 feuilles in-8°.
Société hoogte de France, à Paris. — Bulletin , 2"° série,
tome XXVIII, feuilles 13-19. Paris, 1870 à 1871 ; in-8°.
Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux.
— Actes, 5% série, 52me année, 1870; 5*° et 4™ trimestres.
— Séance publique du 21 mars 1872. Bordeaux; 2 cah. in-8°.
Hugo (le c" Léopold). — Les eristalloïdes complexes à
sommet étoilé. Paris, 1872; in-8°.
Société d'agriculture de Valenciennes. — Revue agricole, ete.,
24° année, tome XXVI, janv. et fév. 1872. Valenciennes;
in-8°,
Société des antiquaires de France, à Paris: — Mémoires,
tomes XXII à XXXI; — Annuaires de 1852, 1855 et 1854.
Paris; 9 vol. in-8° et 3 vol. in-12.
K. preussische Akademie der Wissenschaften zu Berlin. —
Monatsbericht, februar 1872. Berlin ; in-8°.
-Deutsche geolog. Gesellschaft zu Berit: — Zeitschrift,
XXII: Bd., 4. Heft. Berlin, 4872; i
Deutsche chemische Gesellschaft zu wle — Berichte,
Ver Jahrg. g., n° 7,8, 9. Berlin; in-8°.
Schnaase (Carl). — Geschichte der bilden Kunsten, 2" ver-
Dur und vermehrte Auflage. Dusseldorf, 1866; 4 vol.
n-8°,
Senckenbergische Naturforschende Gesellschaft zu Franck-
2e SÉRIE, TOME XXXIII. 55
( 486 )
furt AJM. — Abhandlungen, VIH: Band, 4. und 2. Heft. —
Bericht, 1871. Francfort S/M; 4 cah. in-4° et 4 cah. in-8°.
Historischer Verein fur Steiermark zu Graz. — Mitthei-
langen , XIX! Heft; — Beitrage zur kunde Steiermarkischer
Geschichtsquellen, 8° Jahrg. Gratz ; 2 vol. in-8e.
Naturhistorisch- medizinischer Verein zu Heidelberg. —
Verhandlungen, Band VI, 1. Heidelberg, 1872; in-8°.
Heidelberger Jahrbücher der Literatur, 4871 , 4.-2. Heft
Heidelberg ; 2 cah. in-8°.
aturw. Verein zu Bremen. — Abhandlungen, IH. Bd.,
1. Heft. Brême, 1872; in-8°
Archiv der Mathematik und Physik. — LIV“ Theil,
2. Heft. Greifswald, 1872; in-8°.
Universität zu Kiel. — Schriften aus dem Jahre 1870. Band
XVII. Kiel, 4871 ; in-4°.
Germanisches Museums zu Nurnberg. — Anzeiger, neue
Folge, XVIII Jahrg. Nurenberg, 1871 ; 12 cah. in-4°.
Entomologischer Verein zu Stettin. — Zeitung, 51. Jahr.,
n° 7-12, 55. Jahrg., n° 4-6. Stettin; 5 cah. in-8°
K. Statistisch-topographische Bureau zu Stuttgart. —
Württembergische Jahrbucher, 1863-1870. — Beschreibung
des oberamts Backnang 51-53 Heftes. — Jahresbericht, 1835-
186%. — Die resultate der Vierzigjahrigen Beobachtungen.
Stuttgart; 17 vol. in-8°.
Magyar Tudomanyos Akademia, zu peu: — Archaeol.
közl. VIT : 2, in-4°; — Evkönyv. XIII : ‚ in-4°; — Magyav
nyelv. Szótára, V: 5, in-4°. — Magyav. x tav. XV, in-8°; —
Monum. Diplom. XIII, XIV, XV; in-8°; — Monum., Script.
XX, XXV, in-8°; — Tôrokmagyarkori tört. eml. VI, Kôt,
in-8° ; — Stat. közl. VH : 1-2, in-8°; — Nyelvtud. Ertek, XI
"i ILVI. sz. in-8°; — Termeszettud. Ert. HI-VIII, sz., in-8°;
Tarsadalmi Ert. H. IV sz., in-8°; — Philosoph. Ert. X.
Be ee Mathem. Ert. VI, VII sz., iņ-8°;— Ertesito, IV
( 487 )
evf. 15-18, V, evf. 1-9, sz., in-8°; — Almanah , 1871; in-S°.
Historicher Verein von Unle fani ynd Aschaffenburg
zu Würzburg: — Archiv, XXI. Bd., 5. Heft. Wurtzbourg,
1872 ; in-8°. |
K. Ungar. geologische Sene zu Pest. — Publications,
1871-1872. Pesth ; 4 cah. in-8
K. Akademie dep Wvo in Wien. — Sitzung der
Math.-naturw.-Classe, Jahrg. 1872, n° 10,11 , 12. Vienne;
3 feuilles in-ge. à |
Botesu (N.-St). — Proprietateae seriei armonice. Jassy;
in-8°,
K. Vitterhets historie och antiqvitels Akademien til Stock-
holm, — Antiqvarisk tijdskrift, 5% delen , 2°* Häftet ; — Ma-
nadsblad , 1872, n° 4-5, Stockholm; 5 cah. in-8°.
Société impériale de botanique, à Saint-Pétersbourg. —
Publications, tome I, Bulletin, 1. Saint-Pétersbourg, 1871;
in-8° (en rusBe ).
Fries (Elias). — Icones sen Hemenomyeetum, fase. 1-6.
Stockholm, 1872; 6 cah. in-4
R. comitato péblagice d Talia, nel Firenze. — Bollettino
n° 1e 2. Florence, 1872; in-8
Pirala (Antonio). _ Historia de la guerra civil. Madrid,
1868-1874; 6 vol. in-8°.
Almanaque náutico para 1875, calculado de órden she
Superioridad en el observatorio de Mariná de San Formin 0.
» 1871; in-8°.
Anthopological Institute of London. — Journal, vol. i
n° 5. Londres, 1872; in-8°.
Chemical FAT of London. de serie 2, vol. X,
februarv-a 72. Londres; 5 cah. in-8
4 Eat lieser made at the Royal Observatory
of Edinburgh , vol. XIII. Édimbourg, 1871; in-4°. n wii
Asiatic Society of Bengal. — Proceedings, 18
( 488 )
et XIII; 41872, n° I; — Journal, part. Il, n° IV, 1871; —
Bibliotheca indica. New series; n° 242-245. Calcutta; 4 cah.
in-8° et 4 cah. in-4°.
Geological Survey of Canada, at Montreal. — Rapport
des opérations de 4866 à 1869. Montréal ; in-8°.
Royal Society of Edinburgh. — Transactions, vol, XXVI,
parts 2, 5; — Proceedings, session 1870-1871. Édimbourg;
2 cah. in-4° et 4 cah. in-8°.
The american Journal of Science and Arts, Third Series ,
vol. HI, n° 15-16. New-Haven, 1872; 2 broch. in-8°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1872. — Ne 6.
mm de `
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 4” juin 1872.
M. J.-B. »'Omauius n’HazLoy, directeur, président de.
l'Académie.
M. Ap. Qvererer, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. B.-C. Du Mortier, J.-S. Stas, L. de
Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps,
le vicomte Du Bus, H. Nyst, Melsens, Gluge, J. Liagre,
F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet, M. Gloesener,
E. Candèze , F. Donny, Steichen, Éd. Dupont , Éd. Morren,
membres; E. Lamarle, E. Catalan, Ph. Gilbert, A. Bel-
lynck, associés; Éd. Mailly, J. De Tilly et Éd. Van Be-
neden, correspondants.
. 2% SÉRIE, TOME XXXII. 34
( 490 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’intérieur transmet, pour la biblio-
thèque de la Compagnie, un exemplaire de l'ouvrage mti-
tulé : Almanaque nautico para 1875 , etc. — Remerciments.
— M. N. Hoffmeyer, directeur de l’Institut météorolo-
gique du Danemark, annonce la création récente de cel
établissement à Copenhague et demande l'échange de
publications. — Accepté.
— La Société royale de Londres et l'Observatoire d'Al-
tona remercient pour l'envoi des derniers travaux publiés
par l’Académie.
— M. le capitaine d'infanterie Verstraete demande le
dépôt d’un billet cacheté. — Accepté.
— M. P. Vertriest, de Somergem, communique des ren-
seignements sur les orages du commencement de l’année,
observés dans cette localité.
— M. Malaise, correspondant de la classe, envoie ses
observations faites à Gembloux, le 21 avril dernier, Sur
l’état de la végétation.
— M. L.-G. de Koninck fait hommage d’un exemplaire
de la première partie de ses Nouvelles recherches sur les
animaux fossiles du terrain carbonifère de la Belgique;
( 491 )
travail publié dans le tome XXXIX des Mémoires in-4° des
membres.
Il est également offert, de la part de l’Académie royale
des sciences de Stockholm, un exemplaire de l'ouvrage
publié par M. Elias Fries, associé de la Compagnie, et por-
tant pour titre : Icones selectae Hymenomycetum; 6 cah.
in-4°
M. Franz von Kobell, secrétaire de la classe physico-
mathématique de l’Académie royale des sciences de Munich
et délégué de cette Académie au centième anniversaire
de la Compagnie, a offert , renfermé dans un riche écrin,
un fragment de la pierre météorique tombée à Mauerkir-
Chen le 20 novembre 1768. A ce don étaient jointes les
brochures suivantes dont il est l’auteur :
1° Die Mineraliensammlung des Bayerischen-Staals ;
in-8°;
2 Nekrolog : K.-F.-P. von Martius, Ch-E-H. von
Meyer, K.-A. von Steinheil, John F.-W. Herschel, etc.;
4 broch. in-&.
M. Miller, secrétaire pour l'étranger de la Société royale
de Londres et également délégué au centième anniver-
- Saire, a offert un exemplaire de ses ouvrages suivants :
.. 1° A treatise on eryenllographes Cambridge et Lon-
dres, 1839; volume in-8°;
a A tract on crystallography; Cambridge et Londres,
1863 ; vol. in-8°;
5 On the cr aren aphic method of Grassmann ; Cam-
bridge, 1868; broch. in-8°.
M. Parlatore, associé et délégué du musée de physique et
d'histoire naturelle de Florence, a aussi offert, à l'occasion
`
( 492 )
du jubilé, un ouvrage de sa composition, avec planches,
intitulé : Le specie dei cotoni, in-4° avec portefeuille in-
folio; enfin M. le professeur Lyman , délégué de l'Université.
de Cambridge (États-Unis), a adressé quelques ouvrages
relatif à cet Établissement.
Des remerciments ont été votés aux auteurs de ces diffé-
rents dons.
— M. de Selys Longchamps annonce , dans les termes
suivants, la mort de M. Michel Ghaye, son collaborateur
pour l'observation des phénomènes périodiques des plantes
et des animaux
« Le 12 mai dernier est mort à Waremme, à l’âge de
cinquante-neuf ans, M. Michel Ghaye, commissaire voyer,
que je m'étais associé depuis 1841 pour l'observation des
phénomènes périodiques du règne animal et du règne vé-
gétal , et qui continua à faire ces observations jusqu’à cette
année. Ce modeste et utile fonctionnaire, fils d’un ouvrier,
était doué d’une aptitude extraordinaire pour l'étude des
sciences mathématiques, de sorte qu'après avoir obtenu
en 1829 le diplôme d'instituteur primaire, il se mit lui-
même au courant des matières nécessaires pour devenir
géomètre juré, puis commissaire voyer. Pendant une de
ses tournées, il observa un- phénomène assez rare, la
phosphorescence de la neige; l'Académie voulut bien pu-
blier dans ses Bulletins la note qu’il lui adressa à ce sujet.
Je dépose sur le bureau, pour les archives de l’Académie,
le discours que j'ai eu l'honneur de prononcer le 14 mai
sur la tombe de M. Michel Ghaye, lequel fut mon ami
d'enfance et dont la perte est pour moi irréparable après
“nee années d’amicales relations. »
( 493 )
— Les manuscrits suivants feront l’objet d’un examen :
1° Prodrome d'une monographie générale des Roses,
par M. F. Crépin, conservateur au Musée royal d'histoire
naturelle de Ponpe (Commissaires : MM. Du Mortier
et Morren);
2 Mémoire sur la propriété de la série harmonique,
par M. N-St. Botesu, conducteur de 1"° classe des ponts
et chaussées à lassy (Roumanie). (Commissaires : MM. Ca-
talan et Gilbert.)
CONCOURS.
La classe prend acte de la réception d’un mémoire en
réponse à la question de la température de l'espace, in-
scrite au programme de concours pour celte année. Ce
mémoire a pour devise : En physique, la critique est
facile, mieux faire (est) difficile. — Les commissaires
seront nommés après le terme fatal, qui expirera le 4° août
proehain.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
ne |
Note additionnelle sur la mesure des distances de Vénus au
soleil, de centre en centre, pendant les passages de la
Planète, par J.-C. Houzeau, membre de l’Académie:
J'ai eu l'honneur de présenter à la classe, dans la séance
d'octobre 1871, une Note qui a été insérée aux Bulletins ,
( 494 )
sur une certaine modification de l’héliomètre, propre à
donner les distances de Vénus au soleil, de centre en cen-
tre, pendant les passages de la planète. Il m'avait paru
d'une haute importance d’éliminér des mesures destinées
à fournir la parallaxe, les demi-diamètres des deux astres.
L'erreur probable de ces demi-diamètres égale, si elle ne
surpasse point, la fraction de seconde d'incertitude qui
reste sur la parallaxe du soleil. Comment donc obtenir
celte dernière avec plus d’exactitude qu'dutrefois, si ces
demi-diamètres interviennent? Or l'héliomètre que j'ai
proposé, armé de deux portions d'objectif de foyers dif-
férents, donnant par conséquent sous un même oculaire
des grossissements inégaux , permet de ramener le soleil
et Vénus aux mêmes dimensions apparentes, et par suile
d'en superposer les disques centre sur centre.
Cette proposition a soulevé toutefois certaines objec-
tions de la part de divers astronomes. Les plus impor-
tantes de ces critiques sont renfermées dans une lettre
que M. Airy, le directeur de l'Observatoire de Greenwich,
m'a fait l'honneur de m'adresser à ce sujet. M. Airy fait
remarquer qu'il est insuffisant, pour assurer à l'instrument
une direction constante par rapport au soleil, de maintenir
la petite image de cet astre dans un carré de fils. En effet,
on ne profite alors que du petit grossissement, qui re
donne pas à l’image assez d’étendue pour assurer, même
à quelques secondes, la direction absolue du pointé.
Mais si la petite image est insuffisante dans ce but, et
si Pon perd en exactitude, en l'employant à cet objet, ce
qu'on gagne en commodité , rien n’empêche de recourir
-à la grande i image , et Fobjection est levée. Il est bien vrai
qu'on ne pourrait pas, en pratique, tenir cette grande
(45)
image dans un carré de fils, comme je l'avais proposé
pour la petite : sous un fort grossissement les bords n’en
Sont pas simultanément dans le champ. Mais comme je
vais le montrer, on pourra aisément la maintenir entre les
deux fils parallèles MN et PO, normaux à la direction du
mouvement diurne , et c’est là tout ce qui est exigé. En
face des deux croisées de fil A et B, on placera à cet effet
deux petits oculaires fixes, qui permettront de vérifier le
pointé à tout instant. Dans les instruments de grandes
le zel
Ne
dimensions généralement employés aux observations déli-
cates, la distance de ces oculaires permettrait de faire usage
Simultanément des deux yeux, comme pour les lunettes
binocles. Il n’est pas nécessaire d’ailleurs de s'occuper con-
Slamment de ce pointé. Struve I nous dit que le mouve-
ment d'horlogerie adapté au grand réfracteur de Dorpat
maintenait une étoile sous le fil pendant plusieurs minutes,
(496)
avant qu'il fût possible d'apercevoir le moindre écart.
Ainsi dans les instruments bien construits, il suffirait de
vérifier ce pointé de temps à autre, comme on vérifie une
lunette de repère.
Si cependant on tenait, pour surcroît de garantie, à
l'examen constant de ce pointé, on pourrait, par un
miroir embrassant une moitié du champ, rejeter les images
à angle droit, et placer à l’oculaire binocle un seçond
observateur, dont la seule occupation serait de maintenir
la direction de l'instrument. L'autre observateur, visant
directement, opérerait la coïncidence du disque de Vent
et de la petite image du soleil.
D'autres remarques qui m'ont été adressées portaient
sur la difficulté de déterminer le zéro de la vis micromé-
trique. Cette difficulté, à mes yeux, n'est pas réelle. Un
carré de fils n’a pas, dit-on, de point de centre, marqué
physiquement, et sous lequel on pourrait amener la coïn-
cidence de deux images d'étoile , ce qui donnerait le zéro
de la vis immédiatement. Mais prenant le soleil lui-même,
ou un signal ayant à peu près la même dimension angu-
laire, on bissectera la petite image d'abord par le fil MN
au point A, puis par le fil PQ au point B. La moyenne des
deux lectures de la vis micrométrique sera évidemment le
centre (ou le zéro). Cette détermination peut d’ailleurs se
faire à loisir, et avec toute la précision désirable.
“Si j'insiste sur le moyen que j'ai proposé, c'est unique-
ment parce que lhéliomètre à grossissements inégaux
permettrait de prendre des distances directement de centre
en centre. C'est ce qu'aucun autre instrument ne peut
faire. Faut-il, pour quelques diffienltés de détail, plus
apparentes que réelles, négliger cet incontestable avan-
|
|
À
( 497 )
tage? Sans doute la superposition des images ne peut
s'exécuter utilement qu'avec certaines précautions, telles
d'abord que le maintien de l'axe du télescope vers le centre
du soleil. Je ne prétends pas suggérer toutes ces précau-
tions dans une simple indication spéculative. Mais en pré-
sence de l'importance que me paraît avoir le principe, ce
ne Sont pas ces détails qui devraient rebuter. Si Frauen-
hofer, avant de.construire son premier héliomètre, s'était
borné à le décrire, n’aurait-on pas exagéré les difficultés
de scier un objectif achromatique en deux parties, et de
Conduire un mouvement micrométrique placé si loin de
l'observateur ? Cependant ces difficultés n'avaient au fond
rien de sérieux. Un héliomètre à deux objectifs de foyers
Inégaux a-t-il done quelque chose de plus étrange qu’un
héliomètre à deux objectifs pareils entre eux ?
Sur l'éclipse de lune du 22 mai 1872; note par Ernest
Quetelet , membre de l’Académie.
L'éclipse a été observée à Bruxelles, et quoique ce phé-
nomène offre peu de précision sous le rapport de la déter-
mination du temps, je crois cependant devoir donner les
nombres qui ont été obtenus. Deux étoiles de grandeur À
et 41, qui étaient occultées par la lune le même soir, Ont
été également observés.
M. Ern. Quetelet observait dans la tourelle de l'ouest à
Péquatorial et M. Hooreman sur la terrasse avec la lunette
Dollond.
L'éclipse n'a été que d'environ 5 du diamètre lunaire ;
( 498 )
la lune a pénétré dans le cône d’ombre par son extrémité
sud et aucune tache remarquable n’a été éclipsée. Voici les
valeurs obtenues en temps sidéral de Bruxelles.
E. QUETELET. C. HOOREMAN.
Immersion de &’ Scorpii. . . 143b 52m24s3 15 51m2157
— @® Scorpii... 14 17 37,6 14 17 41,0
Commencement de l'éclipse . 15 0 57,2 F
Immersion de o’ Scorpii. . . == 14 59 29,2
— @? Scorpii. . . 15 26 48,6 15 26 468
Fis de FOODS. 16 16 54,5 a
Les étoiles étaient faibles près du bord de la lune.
Sur une objection proposée par M. Catalan; par Philippe
Gilbert, associé de l’Académie.
En terminant son rapport sur mon mémoire, relatif à
l'existence de la dérivée dans les fonctions continues,
M. Catalan wa proposé d'examiner ce que devient, pour
des valeurs indéfiniment croissantes de n, la fonction de
x définie, pour les valeurs de x comprises entre 0 et 1,
par l'équation
n
(1) ie (2x) sin
( 499 )
LE NAE o , . # . , i
«La dérivée de y étant indéterminée pour x =>
n?
DT... 2, il semble, dit M. Catalan, que la fonction-
SE limite doive présenter l’indétermination de la dérivée
» pour une infinité de valeurs de x comprises dans le plus
» petit intervalle, et si d’ailleurs cette fonction-limite est
» Continue, nous aurons là un fait inconciliable avec la
» théorie de M. Gilbert. »
D'une manière générale, il se pourrait qu’il me fût im-
possible de répondre à une difficulté de cette espèce, sans
qu'il en résultât aucune présomption contre la théorie
exposée : car la définition de la fonction choisie comme
exemple pourrait ne pas se prêter facilement à l'étude de
ses propriétés.
Mais au reste, dans le cas actuel, la solution est très-
Simple et s’est offerte à mon esprit dès le premier instant.
La fonction-limite existe, elle est parfaitement continue,
et sa dérivée est finie et déterminée pour toutes les valeurs
de x depuis x — 0 jusqu'à x = 1.
En effet, posons
l
x) — x sin —.
g (x) z
L'équation (1) se mettra sous la forme
= (x Jk nk | JE (x se
SP |A jn HA jet
nin À n In à nin 5 njn
Or, si Fon divise en n partieségalesla portion de l'axe des x
comprise entre les absĉisses x — 1 et x, la somme des
aires des rectangles qui ont pour bases ces divisions + et
pour hauteurs les ordonnées correspondantes de la courbe
Y = q(x), sera expFimée par le second membre de l’'équa-
tion précédente. La limite de cette somme, c'est-à-dire |
( 500 )
l'intégrale de g(x)dx prise entre les limites x —1 chr, Den
one la fonction -limite que nous cherchons. Désignons
encore celle-ci par y; il viendra, en are enne > pa r
sous le signe
; f: va ,
9 y= zsin— dz;
(2) : z
ri
et comme la fonction sous le signe F est finie, déterminée,
continue entre les limites de l’ intégration , il est clair que
la fonction y sera elle-même finie, déterminée, et con-
tinue par rapport à æ. Quant à sa dérivée, on en
2 en appliquant à l'équation (2) un théoreme
connu. On
! x— |) sin 2
a o e ) 5E
Bien loin done que cette dérivée soit généralement m-
déterminée, elle est rigoureusement finie et déterminée
pour toutes les valeurs de x comprises dans l'intervalle
proposé (0, 1). Ainsi, la fonction choisie par M. Catalan
confirme le théorème général. À
On s'explique facilement, au reste, comment il se fait que;
la courbe (1) présentant une tangente indéterminée pour
toutes les valeurs de x de la forme x —*, (i entier) la
courbe (2) n'admet plus aucune tangente indéterminée.
Si Fon cherche, en effet, l'écart qui existe, pour la première
courbe, entre les directions-limites des sécantes pour cha-
cune de ces valeurs de x; en d’autres termes, la différence
entre la limite des plus grandes valeurs et la limite de
~ plus petites valeurs du rapport, lassque Ax tend vers
__ zéro, on trouvera sans difficulté que cette différence est
( 501 )
égale à. Elle converge donc vers zéro lorsque n devient
infini. Ainsi, à mesure que nous attribuons à n des valeurs
de plus en plus grandes, les points de la courbe (1) pour
lesquels la sécante oscille indéfiniment se resserrent bien
de plus, en plus, mais en même temps l'amplitude des
oscillations diminue et tend vers zéro, tellement que dans
la courbe-limite (2) la tangente est partout entièrement
déterminée.
_— Si l’on voulait étudier la courbe définie par l’équa-
tion (2), on pourrait mettre son équation sous la forme -
x—1 x 3
1 1
y W sin A dz + f: sin < dz,
z 3
ou, en posant z —
fee sin udu a udu
On a en.
sin udu sinu cos 1 sin udu
— a a — — ae à
us Uu? Qu 9 i
et par suite
g
* 2.
sin udu CE rr E sin udu
sin +08 tg Le
n 2 1x 2 1e + 2: u
Ta o
I Pe à
| L ne 1 X 1 Fr à sin udu
8 ~= — sin- + — COS——— — + — varie 4
+ zi 2 re PE TSA u
.
( 502 )
Ainsi l’ordonnée de la courbe (2) s'exprimerait, en fonc-
tion de x, au moyen de la transcendante
u
F sin udu
u.
o
Réponse de M. Eugène Catalan.
L'ingénieuse démonstration imaginée par M. Gilbert
dissipe les doutes que son mémoire m'avait laissés. Il me
paraît bien remarquable qu’une courbe présentant, dans _
un intervalle déterminé, un nombre indéfiniment grand
oscillations, ait pour limite une ligne qui en soit com-
plétement dépourvue. Loin de prévoir ce résultat, je m'at-
tendais plutôt à ce que la fonction-limite , ox), fût indé-
terminée. Cette petite discussion, amicale autant que
scientifique, n’aura done pas été inutile.
Note sur un paratonnerre foudroyé à Wetteren; pat
. M. Gloesener, membre de l'Académie, et le père Maas,
professeur de sciences économiques au Collége de Melle.
Le jeudi 25 mai 1872, dans l'après-midi , un orage for-
midable a éclaté sur importante commune de Wetteren.
- Dans un très-court espace de temps, la foudre y a f rappé deux
arbres et atteint l’église. Cette belle et nouvelle église , que
l'on croyait avoir mise à l'abri des effets redoutables des
décharges électriques par l'installation d'un paratonnerre,
1 D 0iD 0
PARATONNERRE: FOUDROYÉ DE L'EGLISE DE WETTEREN. _
B
TIA,
TAR
=
t 5 + ue S:
FRE 4 A A j RSA LS
TRE nes à 3 Bet Ee jo dE i i hu T
LE, ar CE re 2e TE In E re Ar Paie Je STAR NEE ONE ie ON EE EER Njet AD OENE et ne
( 505 )
aété bien près de trouver la cause de sa destruction dans
ce qui devait la préserver. Et, en effet, personne n'ignore
que mieux vaut l’absence de tout appareil conducteur de
l'électricité que de s’entourer d’un instrument mal condi-
tionné qui attire le fluide sans lui ménager un écoulement -
facile et sûr. Tel nous paraît être le paratonnerre qui a été
atteint par la foudre le 23 mai dernier et que nous sommes
allés examiner sur les lieux, où nous avons recueilli les
renseignements suivants :
Pendant l'orage, quelques habitants de la localité ont
observé de longues gerbes lumineuses (aigrettes) aux
pointes des tiges verticales du paratonnerre ; bientôt s’est
fait entendre un coup terrible , et l’on a constaté que le con-
ducteur horizontal qui règne au sommet du toit était brisé
en deux endroits, n° 2 et 5. Apres une inspection minu-
tieuse du mouvement, l'on a remarqué que la pierre sur
laquelle la tige descendante du clocher vient reposer en
n° 1 était écrasée, et qu’en cheminant le long de la tige,
le fluide a fondu une certaine quantité de plomb employé
dans la construction de la tour. Voilà les phénomènes, mais
Comment se sont-ils produits. On ne peut se livrer ici qu’à
des conjectures; nous donnons, comme la plus probable,
l'explication que voici :
Observons d’abord que le conducteur en fer du faîte du
toit n’est, non-seulement pas d’une seule pièce , mais que
les différentes parties n’ont pas même été brasées ou sou-
dées. On a rapproché les parties bout à bout et maintenues
Ensemble par un écrou.
Nous croyons que la foudre aura atteint la tige verticale
€, placée sur le chœur du temple, qu’arrivée au point de
jonction avec le conducteur horizontal en o, elle se sera divi-
sée pour prendre deux directions opposées, l’une à gauche
( 504 )
où elle a rencontré un obstacle dans une solution de conti-
nuité au point 5 dont elle a brisé l’écrou , et qu'elle se sera
écoulée ensuite dans le sol au puits. Si elle a respecté
lécrou 4, placé à hauteur d'homme du sol, c'est que là le
contact était suffisamment établi ; dans sa marche à droite,
le fluide a rencontré le même obstacle et y a produit le
même phénomène en lançant au loin les fragments de
l’écrou. Il eût été intéressant de constater l’état d'oxyda-
tion intérieure de ces écrous, mais aucun fragment n’a pu
en être trouvé. Mais que peut être devenue cette portion
de fluide qui s’est dirigée vers la droite? Ou bien elle s'est
déchargée par les tiges verticales b et a dans l’athmosphère,
ou bien s’est écoulée par le bâtiment que la pluie avait rendu
bon conducteur; mais avant d’aller se perdre, elle s'est
amusée à briser la pierre qui sert de support à la tige a.
Cette communication, si imparfaite qu’elle soit, aura
pour bon résultat, nous l’espérons, d'attirer l'attention sur
les dangers auxquels on expose les constructions en cher-
chant à les protéger contre le feu du ciel par des paraton-
nerres vicieux et imparfaits.
Sur une nouvelle exploration des cavernes d'Engis; par
E. Dupont, membre de l’Académie.
Depuis plusieurs années, je me promettais de faire
des recherches dans les cavernes d'Engis illustrées par
les recherches de Schmerling. On sait que ce sont ces
cavernes qui, en fournissant des ossements humains,
et notamment un crâne devenu classique, permirent à
notre célèbre compatriote d'affirmer la haute antiquité de
[RES pe
( 505 )
l'homme. On éleva longtemps des doutes sur l'exactitude
de sa conclusion , c'est-à-dire sur la simultanéité de Pen-
fouissement de ces ossements de notre espèce avec les
ossements du mammouth, du rhinocéros, de lUrsus
speleus et d’autres espèces aujourd’hui éteintes.
Ces doutes avaient beaucoup diminué durant les der-
nières années, mais il m’a paru qu’une nouvelle explora-
tion de cette caverne pourrait vider définitivement la
question et qu’il importait du reste de chercher à définir
exactement les conditions des dépôts et de leur contenu,
en y employant les méthodes d'observation en usage aujour-
Chui.
Il y avait lieu de croire que, depuis les fouilles de
Schmerling, ces souterrains n’avaient pas été visités par
des explorateurs. Ils sont presque inaccessibles (1). Placés
les uns à côté des autres au nombre de trois, ils s'ouvrent
sur la paroi verticale d’un ravin débouchant dans la vallée
des Awirs non loin d'Engis. Pour y atteindre, on doit fixer
une corde au sommet de l’escarpement et se laisser glisser
obliquement le long des rochers sur une longueur d'à peu
près 15 mètres, alors qu’un précipice profond de non
moins de 30 mètres se trouve au-devant.
La première caverne est profonde de 16 à 17 mètres sur
5 mètres environ de largeur et une hauteur de 6 mètres
à l'entrée. - '
Schmerling l'avait complétement fouillée. On n'y à plus
rencontré que le radius d’un jeune blaireau et un fragment
de mâchoire du Felis spelæa. « Les espèces recueillies
Se,
(1) Recherches sur les cavernes de la province de Liége, 1855, t. T,
Pp. 50. í
2% SÉRIE, TOME XXXIII. 55
&
( 506 ) |
» dans cette caverne , dit notre illustre compatriote, sont :
» une dent incisive, une vertèbre dorsale et une phalange
» d'homme, quelques restes d'ours, d’hyène, de chevalet
» de ruminants, plusieurs silex de forme triangulaire. »
| (Ibid., p. 50.)
Une trentaine d’éelats de silex ont été recueillis récem-
ment dans les terres déjà explorées. La nature de ces silex
est la même que celle des silex taillés des âges du mam-
mouth et du renne découverts dans les cavernes de la
province de Namur. Ils ne proviennent ni du Hainaut ni
de la province de Liége, mais, comme ceux des cavernes
de la Lesse, ils doivent provenir de la Champagne.
Une saillie de rocher permet d’arriver à une seconde
caverne, moins large, moins haute et moins profonde. Le
jour y pénètre cependant de manière à l’éclairer à peu près
complétement, sauf dans une petite galerie latérale qui est
comme un appendice de la caverne. Une sorte d’arcade
naturelle la divise en deux parties parallèlement à l'entrée.
C'est dans cette seconde caverne que Schmerling à
découvert les ossements humains qu’il a décrits et nous
Jui réservons, à son exemple, le nom de caverne d'Engis.
Schmerling y avait laissé le moyen de vérifier ses obser-
vations. Des lambeaux de couches étaient restés intacts ,
ainsi que des morceaux de brèches auxquels adhéraient
encore à découvert un cubitus humain, des ossements
d'animaux et des silex taillés. Ils y avaient évidemment été
conservés à dessein.
On pouvait encore distinguer nettement, dans les
couches de la caverne, deux niveaux ossifères superposés.
L'inférieur recouvrait un sable argileux et des lambeaux
d’une nappe plus argileuse le séparaient du premier niveau.
Celui-ci était, dans les parties laissées en place, formé de
( 507)
pierres anguleuses ou un peu roulées et d’une terre jaunà-
tre, le tout relié par des infiltrations calcaires.
La planche I représente la disposition horizontale des
cavernes d'Engis et de la coupe géologique de la seconde
de ces cavernes. |
On a découvert dans le second niveau ossifère une dent
de rhinocéros et des ossements rongés par un carnassier
de la taille de l'hyène.
La comparaison de ces ossements avec ceux qui ont
été trouvés dans les repaires bien constatés de ce car-
_ hassier dans la province de Namur ne laisse pas de doute
sur espèce dont on voit les traces des dents à Engis,
quoique l'exploration de ces lambeaux de couches m'ait pas
fourni d'ossements d’hyènes. Mais Schmerling cite des
ossements de ce carnassier (ibid, t. I, pp. 65 et 70) et les
terres qu’il avait explorées en renfermaient plusieurs dents.
Le premier niveau ossifère contenait dans ses parties
intactes :
Un cubitus humain;
Ursus spelaeus, deux incisives et une seconde molaire supérieure;
Rhinoceros...., une molaire inférieure;
Sus scrofa, une molaire; :
Equus caballus , une incisive, trois molaires inférieures, six mo-
laires supérieures ;
Cervus tarandus , fragments d'un bois et d’un canon;
Cervus elaphus, un trochanter et la diaphyse d’un tibia;
Bos primigemus , deux molaires.
Un certain nombre d'ossements ont aussi été recueillis
dans les déblais de la première exploration. Ils complètent
cependant peu la liste des espèces, telle qu'on peut la
dresser en relevant dans l'ouvrage de Schmerling les
espèces qu'il y indique dans la description de ses types.
(508 )
Voici la liste dressée par ce moyen. Un astérisque a été
placé devant les espèces dont on a dits récemment
des restes dans la caverne.
* Ossements humains. Lepus... ?.
Hérisson. * Mammouth.
aupe. * Rhinocéros
Ursus priscus. * Sanglier.
Blaireau. * Cheval.
Putois * Renne
Chien Cerf. :
Loup. Cerf d'Irlande ?.
* Hyène. * Bouquetin ?.
* Chat. : * Urus.
Campagnol.
On a également découvert dans les couches intactes
vingt-cinq à trente silex taillés, notamment ceux figurés
pl. IE, fig. 2 et 5; pl. II, fig. 2. D'autres, plus nom-
breux, se trouvaient dans les anciens déblais; tels sont
ceux représentés pl. IT, fig. 4 ; pl. HT, fig. 4; pl. IV, fig. 1,
2 et 3.
Des fragments d’une poterie grossière se trouvaient
dans les terres remaniées et dans le premier niveau ossi-
fère.
Schmerling y a trouvé un os appointé (ibid, t. IL,
p. 177) qu'il figure (t. I, pl. XXXVI, fig. 7), et deux
dents de requins (ibid., p. 175) probablement tertiaires,
comme celles que j'ai recueillies dans la caverne de Cha-
leux où elles avaient été apportées par l’homme de l'âge
du renne. La dent figurée dans les recherches sur les
cavernes de la province de Liége (t. II, pl. XXXVII, fig. ard
est une dent de Lamna.
Une troisième caverne s'ouvre à la suite des précé-
|
Mae
/
Š
;
( 509 )
dentes. « Elle ma fourni, dit Schmerling, des ossements
» gisant dans la même terre que celle des cavernes voi-
» sines, mais moins nombreux que dans la seconde. »
(Lid, t. I, p. 52.)
La nouvelle exploration de la caverne d’Engis confirme
done en tout point les observations de Schmerling sur
l'antiquité des ossements humains qu'il y a découverts.
La contemporanéité de l'homme avec la faune de âge du
mammouth y est aussi bien démontrée que la coexistence
de l'homme et de la faune de l’âge du renne la été dans
le trou du Frontal à Furfooz. re
Les dépôts de la caverne d'Engis sont le limon stratifié
où fluvial qui occupe dans la série des couches quater-
naires une position bien définie. Il est normalement placé,
comme on sait, entre le dépôt fluvial de cailloux roulés
et l’argile-à-blocaux. I correspond à l’Ergeron des brique-
tiers du Hainaut.
C'est dans ce dépôt aussi qu'on découvre principale-
ment les restes de la faune de l'âge du mammouth tant à
l'extérieur que dans nos cavernes. Il a notamment fourni
les riches trouvailles faites dans le trou du Sureau à Mon-
aigle, dans le trou Magrite à Pont-à-Lesse et dans les
Cavernes de Goyet.
La présence de deux espèces perdues, Rhinoceros et
Ursus speleus dans le limon stratifié que j'ai fait ex-
ploiter dans la caverne d'Engis, indique non moins bien
l'âge de ce limon et confirme les données stratigraphiques.
Les silex taillés se rapprochent par leur forme de ceux
du trou du Sureau et du trou Magrite. Ge sont les formes
les plus anciennes trouvées dans les cavernes de la pro-
vince de Namur. Leurs correspondants dans le Périgord
seraient les silex de Moustier.
( 510 )
Si nous cherchons aussi à interpréter la présence de ces
ossements et des restes de l’industrie humaine dans la
seconde caverne.d'Engis, nous verrons que la présence
d’ossements rongés par l’hyène dans le niveau ossifère
inférieur et l'absence de silex taillés ou de tout autre
indice de la présence de l’homme dans ce niveau, démon-
trent que la caverne servit d’abord de refuge à l'hyène.
Les silex taillés, au milieu des ossements d'animaux,
dans le niveau ossifère supérieur, démontrent, d’un autre
côté, que la caverne fut ensuite fréquentée par l'homme.
Mais il n’est pas aussi facile de fixer la cause de la présence
des restes des trois squelettes humains trouvés par Schmer-
ling et que la prévoyancé de l'illustre explorateur a permis,
par la conservation d’un cubitus en place, de rapporter au
niveau ossifère supérieur.
Cependant, on pourrait admettre, en raisonnant par
analogie avec la station de Furfooz, que la première Ca-
verne d'Engis fut l'habitation de la peuplade et que la
_ seconde caverne fut sa sépulture. Cette interprétation est
- Conjecturale, mais elle a au moins l’avantage de rentrer
dans l’ensemble des éléments coordonnés que j'ai réunis
dans les cavernes de la province de Namur.
Foi:
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Ech apprax. de Jem ponr Imire
€ avernes da Engis.
Bull de l'Acad. 2° serre, t.XXXUI. BEM:
Silex taillés recueillis dans la deuxieme Caverne d'Engis.
Bull de l'Acad. 2° serre, t. XXXI. PLII.
Victor Lefebvrer del.
Silex tailles recueillis dans la deuxième’ Caverne d'Engis.
PI IV.
XZT.
P,
Pull de l Acad. 2° sere, t. X
ngis.
eme Caverne d'E
dans la deuxi
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ex taillés recuei
il
S
(511)
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 10 juin 1872.
M. P. De Decker, directeur.
M. Ap. QUETELET, secrétaire ETE
Sont présents : MM. C. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez,
P. Gachard, A. Borgnet, Paul Devaux, F.-A. Snellaert,
J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte,Ch. Faider,
le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Th. Juste,
Félix Nève, Alph. Wauters, H. Conscience, M. Ém. De
Laveleye, G. Nypels, membres; Ém. de Borchgrave , J. He-
remans , correspondants.
. L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, el
M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assistent à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’intérieur adresse une expédition de
l'arrêté royal du 27 avril dernier, nommant MM. Maus,
Donny, De Decker, De Laveleye et Thonissen membres
du jury pour la collation du prix de 10,000 francs insti-
tué par le docteur Guinard.
— Le même haut fonctionnaire transmet, au nom de
( 5142 )
l’auteur, ouvrage en six volumes intitulé : Historia de la
guerra civil, par M. D. Antonio Pirala. — Des remerci-
ments ont été adressés pour cet hommage.
— La classe a encore reçu de M. le Ministre de l’inté-
rieur une expédition de l'arrêté royal du 21 mai dernier,
approuvant l'élection de MM. De Laveleye et Nypels comme
membres titulaires.
MM. De Laveleye et Nypels remercient par écrit pour
la distinction dont ils ont été l’objet.
Des remerciments semblables sont transmis par MM. le
chevalier d’Antas, Alberdingk-Thym et E. Curtius, élus
associés , ainsi que par MM. P. Willems et Edm. Poullet,
élus correspondants.
— M. G.-H. Crets, ancien professeur à l'athénée royal
de Hasselt, adresse le chronogramme suivant au sujet du
jubilé : aCaDeMIa beLgIl saeCULarla IneUnt JUbILa.
— M. Gachard transmet, pour être déposés dans la
bibliothèque de l’Académie, les ouvrages que la Commis-
sion royale d'histoire a reçus en don depuis son dernier
envoi.
— M. Cruts, de Bruxelles, offre, à l’occasion du jubilé,
un document manuscrit relatif à la fondation de l'Aca--
démie. — M. Alph. Wauters veut bien se charger de
l'examen de cette pièce.
— La Société historique de Gratz, la Société des Anti-
quaires de France, la Bibliothèque royale de Stuttgart
offrent divers ouvrages qui seront placés dans la biblio-
sans inscription au Bulletin de la séance.
( 513 )
ia Une notice de M. H. Schuermans intitulée : Inscrip-
lons trouvées en Belgique, sera examinée par MM. le
baron de Witte, Wagener et Félix Nève.
Le La classe a recu, à titre d'hommage, les ouvrages
Suivants de ses associés :
A De M. Egger, la 5° année de l'Annuaire de lasso-
Cialion pour Vencouragement des études grecques en
France; un vol. in-8” ;
2 De M. Wolowski, les ouvrages intitulés : L'or et
l'argent; vol. in-8°. — La liquidation sociale, in-8°. —
Discussion du projet relatif à la dénonciation du traité de
Commerce de 1860, avec l'Angleterre, in-8°;
5° De M. G. Eichhoff, Hymnes du Rig-Véda, imités en
vers latins. Paris, 1872; in-8°. | j
Des remerciments ont été votés aux auteurs de ces
ons.
RAPPORTS.
Découverte d'objets étrusques faite en Belgique; note par
. H. Schuermans.
Rapport de M, Roulez.
€ La note adressée à l'Académie par M. le conseiller
Schuermans a pour but d'annoncer la découverte à Eygen-
bilsen, au nord de Tongres, d'un tombeau dans lequel on
à trouvé divers objets, notamment un bandeau estampé
êt très-mince en or, un seau cylindrique et une œnochôé
I
( 5414 )
en bronze. L'auteur est d'avis que ces objets sont de
fabrique étrusque. Son opinion est vraisemblable si, comme
il le déclare, le bandeau d’or ressemble à celui qui a été
découvert, il y a quelques années, dans les environs de
Saarbück et que Gerhard a reconnu comme étrusque (1).
Mais en l'absence de dessins, je ne puis ni la confirmer ni
linfirmer,.
Selon M. Schuermans, cette découverte « tend à com-
prendre notre Belgique dans le rayonnement de l'in-
fluence étrusque, si nettement définie par ces deux
passages : Tuscorum, ante romanum imperium, late
terra marique opes patuere (Liv. V, 55); Signa Tusca-
nica, per terras dispersa, quae in Etruria factitata non
est dubium (Pran., XXXIV, 16). » Or, dans le premier
de ces textes , Tite-Live rapporte qwavant qu'il fût ques-
tion de l'empire romain, les Étrusques avaient étendu
au loin leur domination en Italie et sur les deux mers
qui baignent ce pays, et dans le second passage Pline
avance que les statues d’un style particulier, dit étrusque ,
qui se trouvent dispersées dans diverses contrées, ont été
certainement faites en Étrurie. J'avoue done ne pas Com-
vv vee y
prendre ce que le savant antiquaire entend par l'influence -
étrusque en Belgique. Il ne songe sans doute pas à la
soumission des Belges aux Étrusques, ni même peut-être
à l'influence exercée par les œuvres artistiques de ce
he sur l’art dans notre pays; c'est ce que feraient
croire cependant les textes anciens transcrits ci-dessus.
Tandis que Gerhard conjecture que les objets d'ar
—
(1) Jahrbücher des Ver. fur Alterthumsf. im, Rheinl., XXII; p- 151
ed IV, Vet VL
s
isa
( 515 )
étfusque trouvés dans la contrée arrosée par la Moselle y
ont été apportés par un Romain du temps de l'empire,
amateur d'antiquités, l’auteur de la note suppose que ceux
que l’on a déterrés près de Tongres sont arrivés dans le
pays par la voie du commerce, à une époque « où les
» habitants d’origine gauloise de la Belgique n’avaient pas
» encore été refoulés vers le midi par les Éburons d'ori-
» gine germanique. » Je préfère, jusqu’à preuves con-
traires , l'hypothèse de l’archéologue allemand.
- Jai ae de proposer à la classe d’ordonner l'im-
pression dans son Bulletin de la note de M. Schuermans. »
Happort de M. Wagener.
« La note de M. Schuermans comprend deux parties,
dont Pane est consacrée à la description sommaire d’un
(rain nombre d'objets trouvés dans un tombeau à Eygen-
bilsen, tandis que l’autre est destinée à prouver l'impor-
lance de celte découverte au point de vue de la solution
des problèmes relatifs au premier âge du fer ainsi qu'aux
origines de notre histoire.
Comme je n’ai pas vu les objets en question et que la
note de M. Schuermans n’est pas accompagnée de dessins,
il mest impossible de me prononcer sur le point de savoir
Si le bandeau, le seau cylindrique et l'œnochôé décou-
_ Verts à Erscubilen sont en réalité de fabrique étrusque ,
nomme l’affirme le savant archéologue liégeois. Toutefois,
je suis d'accord avec M. Roulez pour considérer cette
aflirmation comme probable. Des objets étrusques ayant
| clé trouvés en assez grand nombre dans cette partie de
( 516 )
l'Allemagne qui est comprise entre la Nahe et la Saar, on
ne peut pas, ce semble , regarder comme invraisemblable
a priori la présence dans les environs de Tongres d'objets
analogues.
Mais il m’est impossible de me rallier aux conclusions
de M. Schuermans en ce qui concerne l’époque à laquelle
ces objets auraient été importés en Belgique. M. Schuer-
mans s'appuie sur un texte de César (De bello gall., 1, 1)
pour prouver que les Belges repoussaient les commer-
cants étrangers comme agents de démoralisation, et il
infère de là que les bronzes étrusques d’Eygenbilsen ont
dû être introduits en Belgique € à un moment où les
habitants d'origine gauloise de la Belgique n'avaient pas
_ encore été refoulés vers le midi par les Éburons d'origine
germanique qui, du temps de César, oecupaient le lieu
où ces bronzes ont été découverts. »
Je ferai remarquer tout d’abord que César, qui dit au
sujet des Nerviens (l. c., IL, 16) « qu’ils n’ont aucun
rapport avec les commerçants étrangers (nullum aditum
esse ad eos mercatoribus) , se borne à affirmer, pour ce qui
regarde les Belges en général , « que leurs relations avec
les marchands sont très-rares (minimeque ad eos saepe
mercalores commeant ).
- Ensuite les Nerviens eux-mêmes établissaient une grande
différence entre leur nation et le reste des Belges, aux-
quels ‘ils reprochaient de s'être livrés aux Romains et
d'avoir renoncé an courage de leurs pères.
On n’a donc pas le droit d'appliquer à tous les Belges
indistinctement ce que César dit en particulier des Ner-
viens. —
D'un autre côté , les objets découverts à Eygenbilsen
_ wy ont-ils pas été apportés postérieurement à César? Je
Le
E
(CHF)
ne vois pas ce qui pourrait s'opposer à cette conjecture,
car ce n'est pas, à coup sûr, la circonstance mentionnée
par M. Schuermans, à savoir que le seau cylindrique qu'il
décrit dans sa note « est formé par le retour d’une plaque
de bronze rivée sur elle-même. » En effet la rivure wex-
clut pas la soudure et l’on sait que ces deux procédés ont
été parfois employés simultanément. La date de l'invention
de la soudure n’a done rien de commun avec la détermi-
nation de l’époque à laquelle les objets d'Eygenbilsen ont
été fabriqués ou importés en Belgique. -
Je ne puis pas me rallier davantage aux idées de
M. Schuermans, lorsqu'il dit que la découverte faite en
Belgique d’un certain nombre de bronzes étrusques tend à
rendre vraisemblable l’origine étrusque de la plupart des
objets en bronze trouvés au nord des Alpes. J'avoue même
que je ne comprends pas très-bien cette partie de largu-
mentation du savant antiquaire.
_ Quant aux textes de Tite-Live et de Pline, relevés
par M. Roulez, ils n’ont évidemment pas la portée que
leur attribue M. Schuermans. D'ailleurs n’y a-t-il pas une
certaine exagération à parler du rayonnement de l'in-
fluence étrusque en Belgique, à propos de certains objets
étrusques découverts sur notre sol ? La présence en Bel-
_gique d'un certain nombre de vases chinois démontre-
t-elle le rayonnement dans notre pays de l'influence
chinoise? i sen
Mais quoi qu'il en soit de ces conclusions, à mon avis
un peu hasardées , je suis d'accord avee M. Roulez pour
Proposer à la classe l'insertion dans son Bulletin de Finté-
Fessante communication de M. Schuermans. »
(518)
Rapport de M. le baron de Witte.
« La note de M. le conseiller Schuermans a été exa-
minée avec soin par MM. Roulez et Wagener et j'ai peu de
choses à ajouter à leurs rapports dont j'accepte les con-
clusions. Il est certain que sans avoir vu les objets trouvés
à Eygenbilsen , on ne peut pas avoir une opinion arrêtée
sur la question de leur origine. Toutefois, loin de con-
tester l'opinion de l’auteur que ces objets sont de fabrique
étrusque , je suis porté à la regarder comme très-vraisem-
blable. Ce n’est pas la première fois que l’on trouve au
nord des Alpes des bronzes, des bijoux d’or, des poteries
qui ont été reconnus comme appartenant à l’art étrusque.
Ces objets ont pu être apportés dans nos contrées par des
Romains riches qui vivaient à l’époque de l'Empire; mais
on aurait tort de conclure de ces sortes de découvertes que *
les Étrusques ont eu des relations commerciales avec les
Belges ou avec les Gaulois à une époque antérieure à la
conquête.
Dans le passage de Tite-Live (V, 35) cité par l'auteur,
il n'est pas question des œuvres d'art, mais de la grande
puissance des Étrusques qui s'étendait sur terre el sur
mer, comme le fait observer mon savant confrère et ami,
M. Roulez. Cette puissance, on le sait, reçut un rude
échec, en l’an 474 avant notre ère, à la bataille navale de
Cumes où Hiéron I°", roi de Syracuse, remporta une Vic-
toire signalée sur les Étrusques et anéantit presque en-
tièrement leur marine. _
On pourrait eroire, d'après la manière dont le savant
antiquaire liégeois parle, dans sa note, des philippes de
i
$
3
d
CBTB )
Macédoine, que’ c'était une monnaie d'argent ; il est bon de
dire que les philippes sont des pièces d’or qui ont servi
de prototype à une immense quantité de monnaies de
fabrique barbare, répandues sur tout le sol de la Gaule et
dans bien d’autres contrées.
Je prie l'Académie, d'accord avec MM. Roulez et Wa-
gener, d'ordonner la publication dans son Bulletin de la
note de M. le conseiller Schuermans. »
Conformément aux conclusions de ses trois rapporteurs,
la classe a décidé l'impression de la notice de M. H. Schuer-
mans dans les Bulletins.
De Rederijkerskamer « MARIA TER EERE » te Gent, door
Frans De Potter.
Rapport de M. Snellaert.
« Les pays flamands se sont distingués depuis un temps
immémorial par leur esprit d'association. Environnés de
Püissants voisins, qui les dominent par le fait de l'organi-
sation sociale, ils ont trouvé dans cet esprit l'énergie
- Capable de- vaincre les difficultés. Ces pays existaient
= avant tout par la gilde, par la corporation. La gilde, cet
antique tabernacle de l'esprit et de la langue nationale,
restait inaltérée, encore alors que des hommes puissants
par la position ou par les talents fléchissaient la tête de-
vant l’éclat des honneurs. Sous la maison de Bourgogne,
si fatale à tout ce qui était flamand, on voit un phénomène
digne de remarque au plus haut degré. En habile Bn,
le nouveau maître, voulant diriger l'opinion publique,
suivit le courant général; c'est même sous le régime bour-
guignon que la plus intéressante des réunions prit un
essor vraiment prodigieux, essor encouragé par la partici-
pation du duc lui-même — l'association des arbalétriers, .
le noyau de la force militaire. Les nouvelles annexions des
provinces venant en aide , les sociétés accouraient de loin
pour se disputer la palme. Comme luttes durant ordinai-
rement plusieurs jours, on songeait à en remplir le plus
agréablement les heures perdues. On appela, à cet effet,
les spciétés de,rhétorique qui, dès le commencement du
quinzième siècle, s'étaient considérablement multipliées.
Les réunions des arbalétriers s’égayèrent aux jeux scéni-
ques, aux récitations de spirituels refrains ou à des chants
accompagnés de musique. A cette époque, la Flandre et le
Brabant ressemblaient à une vaste vallée riante de frai-
cheur. Mais la réunion cadette, qui, au début, se prêtait
complaisamment aux réjouissances de son aînée, la de-
vanca bientôt, dominant l'opinion publique dans toutes
. les occasions.
Maximilien et son fils Philippe le Beau, amis de la
langue des Flamands, montrèrent beaucoup d'intérêt pour
la prospérité des chambres de rhétorique, les représen-
tants exclusifs des belles-lettres à cette époque dans les
pays thiois. Philippe convoqua , en 4492 , à Malines, toutes
les chambres de rhétorique des Pays-Bas thiois afin de
faire confirmer un arrêt par lequel il venait de créer une
chambre centrale sous la direction d’Arturs, son chape-
lain. Le règlement était fortement empreint du caractère
_ religieux qui exerça une influence sur son installation. La
réforme sociale et religieuse commençait à poindre alors
aussi bien dans les Pays-Bas qu’en Allemagne. Les cham-
(521 )
bres de rhétorique devinrent autant de centres de discus-
sion communiquant , sous formes de moralités, d’esbatte-
ments, chansons ou ballades , aux masses les plus subtiles ,
des arguments de théologie et de philosophie. Avant le
milieu du seizième siècle, la grande majorité des chambres
de rhétorique étaient déjà gagnées à la réforme. Aussi,
plus tard, partout où le duc de Parme introduisit le régime
espagnol, il ferma les chambres; et quand l'arrêt fut
révoqué , il était si limité que la littérature ne se trouva
plus à même de se mouvoir. D'ailleurs la plupart des
rhétoriciens échappés au bücher ou à l’échafaud avaient
abandonné le pays. Pendant la trêve quelques sociétés
se relevèrent ; mais l'institution ne montra plus qu’un pâle
reflet de l'éclat qu’elle projetait jadis. Quelques -unes
renoncèrent aux exercices littéraires et scéniques pour se
retirer dans la dévotion, se contentant du nom humble de
confrérie d'église. Des quatre sociétés de rhétorique qui,
au milieu du seizième siècle, brillèrent à Gand, deux
seulement reparurent après la terrible tempête qui avait
englouti l'immense trésor national. La Fontaine, le centre
des idées protestantes à Gand, reprit ses occupations
littéraires et scéniques; l’autre, « Maria ter eere, » Se
retira dans sa chapelle de l'église Saint-Jacques, dont elle
t, jusqu’au jour actuel, une des plus prospères con-
eres.
C'est l’histoire de cette dernière société de rhétorique
que M. De Potter nous présente, écrite en grande partie
sur les pièces conservées aux archives de l'église prémen-
tionnée. M. Blommaert, correspondant de l'Académie, avait
déjà utilisé ces documents pour son histoire des chambres
de rhétorique de Gand , mais comme il avait pour but
Zee SÉRIE, TOME XXXIII. AE 56
(522)
spécial de mettre en relief le caractère littéraire de ces
institutions, il se contenta seulement de les mentionner.
L'auteur du mémoire actuel a surtout pour but de démon-
trer l’organisation d’une chambre de rhétorique.
Le travail de M. De Potter est basé sur les documents
suivants que l’auteur communique :
° La lettre confirmative de reconnaissance de la
Société par les échevins et le conseil de la ville de Gand,
datée du 14 août 1478;
2° Une requête présentée, conjointement avec les trois
autres Chambres de rhétorique de la ville, en 1532, afin
d'obtenir de la commune une pension annuelle au même
degré que les quatre sociétés armées de la ville;
5° Le règlement modifié du 20 août 1535 ;
4 Le supplément au règlement de 1535 fait, en 1537,
en faveur de la chapelle de la Société à l’église Saint-Jac-
ques, afin de prévenir la décadence de la Société; ;
Le procès contre la chambre-chef Balsembloem, con-
cernant la nomination d’un membre de cette dernière
société pour un supérieur de la chambre Maria ter eere,
jugé vers 1555 ;
6° Un arrêt échevinal de 1510 concernant les orne-
ments sur la manche du frac, que le sociétaire portait
lors des cérémonies ;
7° Un arrêt échevinal de 1517 t traitant du même sujet
à propos d'un différend surgi entre les membres de la
„Société.
Outre ces documents, l'auteur communique l'inventaire
des objets de valeur que la Société possédait en 1557, et
une liste, à peu près complète, des doyens de Maria ter
eere de 1318 i jusqu'à 1845.
Le mémoire est divisé en trois parties. La première
examine l’organisation de la Société ; la deuxième traite du
personnel et des attributs de chaque membre ; la troisième
est un aperçu de l’histoire de Maria ter eere depuis qu’elle
à cessé de s'occuper de littérature. ;
L'auteur a tiré bon parti des documents qu'il a eus en
mäins. Cependant deux observations ne seraient pas hors
de place : Il n’est pas indifférent de savoir si le document
Concernant le procès contre la Balsembloem, que je viens
de citer sous le n° 5, est en rapport direct avec les lettres
du 18 janvier 1307 et du 7 octobre 1507, citées par Blom-
maert dans son travail Beknopte geschiedenis der Kamers
van Rhetorica te Gent.
L'autre point que je désire relever est d’un intérêt plus
Sénéral : Si je ne me trompe, l’auteur ne cite que deux
facteurs de Maria ter eere, — le chroniqueur Marc van
Vaernewijek et Jan de Hane , qui, en 1565, auraient fermé
la série des facteurs de la Société. Il est à regretter qu’à
côté de la liste des doyens l’auteur n’ait pas été assez
heureux pour donner une liste plus ou moins étendue
de facteurs. En effet la connaissance des noms des poëtes
en titre des sociétés permettrait de discuter, sinon de
Constater, la paternité de maint poëme qui vagabonde
avec l’anonyme sur le front.
_ Quoi qu'il en soit, nous nous plaisons à exprimer notre
satisfaction à l'autéur. En faisant connaître une chambre
de rhétorique spécialement dans ses transformations , il a
rendu un service réel à l’histoire générale de ces sociétés,
qui laisse encore à désirer, malgré les travaux publiés sur
ce sujet jusqu'à ces derniers jours. Aussi sommes-nous
convaincu qu’il y a ample moisson à faire-pour celte his-
»
x
{Z
( 524 )
toire dans les archives des églises d'Anvers, de Bruges,
de Bruxelles, de Louvain, de Malines, etc.
Je propose de publier le travail de M. De Potter dans les
Bulletins de l'Académie. »
Conformément aux conclusions de ce rapport, aux-
quelles a souscrit M. H. Conscience , second commissaire ,
la classe a décidé l'impression du travail de M. Frans de
Potter dans les Bulletins.
CONCOURS.
La classe s’est occupée de son programme de concours
pour 1874.
Elle a maintenu, pour le concours de 1875, les ques-
tions suivantes, qui ont déjà été publiés en 1871.
PREMIÈRE QUESTION.
Faire l'appréciation du talent de Chastellain, de son
influence, de ses idées politiques et de ses tendances litté-
raires.
DEUXIÈME QUESTION.
Traiter l'histoire politique de la Flandre depuis 1305
jusqu’à l'avénement de la maison de Bourgogne (1582),
en s’attachant principalement aux modifications qu'ont
subies, à cette époque, les institutions générales du comié
et les institutions particulières de ses grandes communes.
(525)
TROISIÈME QUESTION.
On demande une appréciation du règne de Charles le
Téméraire et des projets que ce prince avait conçus dans
l'intérêt de la maison de Bourgogne.
QUATRIÈME QUESTION.
Quels seraient, en Belgique, les avantages et les incon-
vénients du libre exercice des professions libérales?
CINQUIÈME QUESTION.
Expliquer le phénomène historique de la conservalion
de notre caractère national à travers toutes les domina-
tions étrangères.
Le prix de chacune de ces questions sera une médaille
d'or de la valeur de six cents francs.
Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de
l’Académie ont droit à cent exemplaires de leur travail. Ils
ont, en outre, la faculté d’en faire tirer un plus grand
nombre, en payant à l'imprimeur une indemnité de quatre
centimes par feuille.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour-
ront être rédigés en français, en flamand ou en latin; ils
devront être adressés, francs de port, avant le 4% février
1875, à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les
citations et demande, à cet effet, que les auteurs indi-
_quent les éditions et les pages des livres qu'ils citeront.
On n’admettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage,
( 526 )
ils y inscriront seulement une devise, qu’ils répéteront
dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse.
Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne
pourra leur être accordé.
Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux
dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière
que ce soit, seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les
auteurs pourront en faire prendre des copies à leurs frais,
en s'adressant , à cet effet, au secretaire perpétuel.
— Pour le concours de 187 4, la classe adopte les ques-
tions suivantes :
PREMIÈRE QUESTION.
On demande un essai sur la vie et le règne de Septime
vere.
DEUXIËME QUESTION:
Exposer avec détail la philosophie de saint Anselme de
Cantorbéry; en faire connaître les sources; en apprécier la
valeur et en montrer l'influence dans l’histoire des idées.
TRONIÈNE QUESTION.
Donner la théorie ri des rapports du capital
et du travail.
_ L'Académie désire que Pou ouvrage soit d'un style simple,
à la portée de toutes les classes de la société.
«
(527 )
QUATRIÈME QUESTION.
Faire l’histoire de la philologie thyoise jusqu'à la fin
du seizième siècle.
Les prix des première et deuxième questions sera une
médaille d’or de la valeur de six cents francs; il est porté
à mille francs pour les troisième et quatrième.
Les formalités à observer par les concurrents sont les
mêmes que celles qui ont été indiquées pour le concours
de 1875. Le terme fatal pour la remise des mémoires
expirera le 1° février 1874.
——
— La classe rappelle que la deuxième période sexennale
du concours institué par le baron de Stassart pour une
question d'histoire nationale, a été ouverte par la ques-
tion suivante :
Exposer quels étaient, à l’époque de invasion française
en 1794, les principes constitutionnels communs à nos
diverses provinces et ceux par lesquels elles différaient
entre elles.
Le prix habituel de trois mille francs sera réservé à la
solution de cette question.
Les concurrents auront à se conformer aux edatia
et aux règles des concours de la classe. L'époque du terme
fatal, qui expirait le 1° février 1871, a été prorogée je
qu’au der février 1875.
(528)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Découverte d'objets étrusques faite en Belgique; note par
MH: Schuermans, conseiller à la cour d'appel de
Liége.
On a trouvé au nord des Alpes un certain nombre
d'objets en bronze, ayant, par toute l'Europe, la plus
grande ressemblance les uns avec les autres, et pouvant,
_ en effet, être ramenés à des types communs.
L'âge des objets en question est ce qu’on nomme le.
« premier âge de fer (1), » c’est-à-dire, pour l'Europe
centrale, plusieurs siècles avant l'ère chrétienne.
Cette date résulterait des circonstances suivantes, révé-
lées par des découvertes nombreuses et abondantes (6,000
objets à Hallstatt seul) :
1° Le zinc, en des proportions dénotant une intention
évidente, se montre dans les bronzes romains dès la fin de
la République : or aucun des objets du « premier âge de
fer, » ne contient de zinc, autrement que comme impu-
reté accidentelle. (Analyses de M. de Fellenberg et autres.)
2 La soudure a été inventée par Glaucus de Chios, ce
1 mentionne Hérodote; elle était done, sinon univer-
(1) On réagit aujourd’hui , et peut-être non sans raison, contre la divi-
sion d'àges de pierre, de e, de fer, et les nombreuses subdivisions
de ceux-ci; c'est done seulement par énonciation que cette ae de
« premier âge de fer » est ici employée
( 529)
sellement connue , an moins très-répandue, au cinquième
siècle avant l’ère chrétienne : or généralement les objets en
Question ne portent point de traces de soudure; tout y est
fait par rivure, même les réparations.
5° Les philigpes de Macédoine étaient une monnaie
courante très-répandue depuis le quatrième siècle avant
Jésus-Christ : or les sépultures du « premier âge du fer »
wont pas produit le moindre objet d'argent, monnaie ou
métal, etc., etc.
Les congrès internationaux des sciences préhistoriques
se sont occupés de l’origine des objets « du premier âge
du fer, » question en ce moment même discutée avec
beaucoup de vivacité par les savants de l'Allemagne ( Aus
w Weerth, Der Grabfund von Wald-Algesheim, Bonn,
1870; Lindenschmit, HE vol. des Alerthümer unserer
heidnischen Vorzeit, Mayence, 1871, etc.).
Quatre opinions principales sont en présence :
La première fait honneur de ces objets à l’industrie
locale : ici celtique, là gaélique ou irique, ailleurs ger-
manique, etc.; la deuxième en attribue l'importance aux
Phéniciens; la troisième les fait venir d'Asie; la qua-
trième ramène tous les produits de cette catégorie à l’art
étrusque.
H. Martin (Wilde pour l'Irlande, Franks pour l'Angle-
terre, Schreiber pour l'Allemagne, ete.); Nilsson; Wor-
saae; et enfin von Sacken, Lindenschmit et Desor sont
respectivement les principaux champions de ces quatre
thèses
La dernière, semble-t-il, vient de trouver une confir-
Mation éclatante par une découverte faite récemment sur
notre sol et qui tend à comprendre notre Belgique dans le
rayonnement de l'influence étrusque si nettement définie
*
( 350 )
par ces deux passages : Tuscorum, ante romanum impe-
rium, late terra marique opes patuere (Liv., V, 55). Signa
tuscanica, per terras dispersa, quae in Etruria factitala
non est dubium (Prin., XXXIV, 16).
A Eygenbilsen, au nord de Tongres, il a été trouvé,
en 1874, une sépulture à crémation, contenant notam-
ment : ; i
1° Un bandeau estampé, en or, très-mince, mais très-
pur, qui paraît avoir été appliqué sur un autre objet.
Un bandeau analogue, provenant du pays rhénan, a été,
sans hésitation , déclaré étrusque par Gerhard (Jahrbücher
de Bonn, XXIII, p. 120, pl. IV).
M. Aus m’ Weerth, de Bonn, est allé à Bruxelles voir
les objets de la trouvaille d'Eygenbilsen ; il émet l'avis que
ce bandeau d'or a orné un casque étrusque; il a laissé
voir à ce sujet un projet de restitution, assez plausible,
du bandeau d’or et des différents accessoires étudiés par
Gerhard; cette idée est néanmoins combattue par Linden-
schmit. ;
2 Un seau cylindrique, en bronze, à douze côtes hori-
zontales et parallèles, repoussées à l’aide du marteau (de
même qu’une sorte de « grecque, » dans la partie du
fond); le cylindre est formé par le retour de la plaque
de bronze, rivée sur elle-même. Le seau a deux anses
mobiles.
Le caractère étrusque de cet objet est bien déterminé
encore par la découverte aux environs de Bologne de
plusieurs seaux identiques, dont un contenant des vases
peints à figures noires (l'âge en est connu : septième au
quatrième siècle avant Jésus-Christ. Voyez de Meester de
Ravestein, Musée de Ravestein , Catalogue descriptif, À;
Pp. 81). Cette découverte est mentionnée par von Sacken,
(551 )
dans sa description de la nécropole de Hallstatt (Vienne,
1868).
3° Une cenochoé, en bronze, dont le bec, en forme de
proue (schnabelförmige, disent les Allemands), et dont
lanse, avec spirales doubles et palmettes, a une forme
typique en Étrurie. (Voyez plusieurs vases du magnifique
musée rapporté d'Italie par M. de Meester. Voyez aussi
Mus. etrusc. Gregor., pl. LVII, ete.).
On remarque sur ce vase, à la partie supérieure du
goulot, deux unicornes affrontés, qui ont leur impor-
tance dans la discussion, comme points de comparaison
avec d’autres objets étrusques, notamment du musée de
Ravestein.
Tels sont les principaux objets de la trouvaille d'Eygen-
bilsen, trouvaille étrusque pure, dont les dessins seront
publiés prochainement par le Bulletin des Commissions
royales d'art et d'archéologie.
Si ces objets sont arrivés à Eygenbilsen par la voie du
_ Commerce, il faudra nécessairement les placer en regard
du texte de César qui (Bell. gall., I, 1) applique aux Belges
en général ce que, plus loin (IH, 45), il dit plus spécia-
lement des Nerviens, à savoir qu'ils repoussaient les com-
merçants étrangers, comme des agents de démoralisation.
U y aurait donc lieu de fixer la date de l'importation
des bronzes étrusques d'Eygenbilsen à un moment où les
babitants d’origine gauloise de la Belgique n'avaient pas
encore été refoulés vers le Midi par les Éburons d'origine
Sermanique qui, du temps de César, occupaient le lieu
où ces bronzes ont été découverts : on doit se borner à
indiquer ici ce jalon important pour notre chronologie
( 532 )
De Rederijkerskamer « Maria TER EERE,» te Gent, door
Frans De Potter.
Onder de rederijkerskamers, welke vroeger te Gent
bloeiden, schijnt die, bekend onder den naam van Maria
ter eere, gedurende een groot getal jaren naast de Fon-
teine de voornaamste geweest te zijn, gelijk zij ook met
deze, tot den huidigen dag, ten minste als godsdienstig
gilde, in stand bleef.
De geschiedenis der gilden, in ’t bijzonde? derzulke,
welke de veredeling van hart en geest beoogden , is geene
der geringste bijdragen tot de kennis van de zeden des
voorgeslachts. De gilden toch roepen de schoonste , aange-
naamste herinneringen op uit het leven des volks, dat
gedurende verscheidene eeuwen, de glansrijkste uit zijn
verleden , geheel en gansch door hunnen geest beheerscht
werd. Fier en naijverig op hunne rechten en privilegiën ,
gaven zij 't voorbeeld van trouw en gehechtheid aan de
instelling, die slechts door vreemden invloed gehinderd of
bedreigd, zelden of nooit ten gevolge van lauwheid of
plichtverzuim, te lijden had. Men besefte het volkomen :
het gilde was de macht, het pronksieraad, de trots der
voorspoedige gemeente.
In zijne Beknopte geschiedenis der Kamers van Rheto-
rica te Gent, uitgegeven ten jare 1858, wijdde Pa. BLow-
MAERT een Zestal bladzijden aan de Kamer Maria ter
en eere, volgens de weinige oorkonden, die hem in de hand
( 535 )
waren gevallen. Onder de bijlagen, op de 44 bladzijde,
gaf hij eene korte lijst van stukken, bewaard in °t archief
der S'-Jacobskerk te Gent, waar gemeld gilde zijne kapel
had. Wij hebben die registers, rentebrieven , schepenen-
vonnissen enz. nog alle in goeden staat teruggevonden
benevens een tot heden onvermeld gebleven perkamenten
Ordonnancieboek, dat de namen inhoudt der leden van
-de XVe en van een deel der XVI: eeuw, en een zeker
getal resolutiën des bestuurs, aanteekening der dood-
schulden, enz. Met behulp van deze en andere stukken,
uit het archief van de gemeente en van den voorma-
ligen Raad van Vlaanderen, is deze schets samengesteld.
Zij bevat, meenen wij, nagenoeg al het merkwaardige, dat
over Maria ter eere aan te boeken is.
Dat het gilde reeds vóor het jaar 1478 in wezen was (4),
blijkt uit den bekrachtigingsbrief, door de schepenen van
Gent in dat jaar verleend. Ook schijnt eene oudere akte
dan gemelde brief te bestaan, althans Ep. pe BUSSCHER,
archivaris van Gent, verzekert in zijn belangrijk werk
over de Gentsche schilders, dat het gilde in St-Jacobskerk
pes
(1) Kervyn VAN \ VOLKAERSDEKE ar tn sur l'élat des monuments
Silde, is de datum, door het plooien des perkaments, eenigszins uit-
gesleten, doch niet zooveel, dat men lang zou twijfelen; op den rug
echter heeft, in de XVIIe eeuw, iemand bij vergissing het jaartal 1448
_ Besteld, en dit werd nageschreven op eene daarbij liggende copie van
de vorige eeuw. Het echte jaartal der bekrachtiging staat goed op het
Perkamenten Ordonnantieboek der XV: eeuw.
(554 ) |
werd ingesteld door de rederijkerskamer van S*-Agnete,
bijgenaamd de Boomloose Mande, den 21 October 1470.
De daartoe betrekkelijke akte is ons niet onder ’t oog
„gekomen. .
Wij deelen hier, op onze beurt , de akte van 4478 mede,
de copie bij Brommarrt, vooral in de namen der toenma-
lige gildebestuurders , niet vrij van drukfeilen gebleven,
en daarbij eenige regelen uitgelaten zijnde :
« Allen den ghonen, die dese presente lettren zullen
zien of hooren lezen, scepenen ende raed vander stede
van Ghend, saluut. Doen te wetene dat bij ons commen
ende ghecompareert zijn Jacop Uten Berghe, als-dekin,
Jan Welbegaerne , Gillis Mannaert, Jacop Matthijs, Pieter
Liwe, Lieven de Scoonere, Joos Vuustman , Joos de Steen-
weerpere, Jan van Laerbeke, Claeis Neyt, Gheeraerd
Baers, Cornelis Lievins ende Lievin de Keystere, als pro-
viserers vanden gheselscepe vander Retorijcke, te kennen
ghevende, dat zij zekeren tijt voorleden upghestelt ende
ghehouden hebben tzelve gheselscip ter eeren van Godt
van hemelrijcke ende vander weerder maghet Marie, ziere
ghebenedider moeder, ten aultare van onser Vrauwen
achter den hooghen choor in sent Jacops kercke binnen
deser voors. stede, omme aldaer te doen doene ende con-
tinuerene zekere godlicke diensten, naer al hueren ver-
moghene, twelk zij niet goedelicx zouden connen noch
moghen doen, noch continueren, het en ware dat zij daer
up hadden ons consent, ons te dien fine overghevende
zeker pointen ende articlen, omme die ghemindert, ghe-
meerdert ende verandert te werdene, alzo ons duncken
zoude daer toe behoorende, so eist dat wij, ghehoort de
bede ende supplicatie vanden voors. deken ende provi-
(855) `
serers, ghevisenteert de pointen ende articlen voorscreven,
ende daerup gheledt alzoo thehoorde, ghemeret 00€ dat
Wij altijts gheneghen zijn, alst recht es, ter augmentacien
vanden godlijken dienste, gheconsenteert ende ghewille-
kuert hebben, consenteren ende willekueren bij desen,
tvoors. broederscip of gheselscip van nu voort an onder-
houden te werdene in der vormen ende manieren naervol-
ghende.
» Eerst zo wien ghelieven zal in dit gheselscip of broc-
derscip te commene ende ontfaen te zijne, werdt ghe-
houden te ghevene eenen groten tzijnen incommene, ende
voort alle jare eenen groten, ter reparacien vander cappelle
ende aultare voors. ; ende onderhoudene vanden godlic-
ken dienste, die men daer inne doet, ende boven dien
hem te stellene te dootghelde tziere ghelieften, emmer te
twalef groten ten minsten, dies zal men, tzelve dootghelt
Ontfanghen zijnde, doen doen over zijne ziele ende over
alle zielen , eene messe van requiem , daer de deken ende
proviserers ghehouden werden te zijne met hueren habiten,
ele up de verbuerte van eenen groten.
» Item dat omme tzelve gheselscip te regierne, zijn
zullen, alzoot gheweest hebben, een dekin ende twalef
Proviserers, goede eerbare lieden wezende, ghelije men
dat tot noch toe onderhouden heeft.
» Item zullen alle jare huerlieder kuere doen ende ver-
nieuwen van eenen nieuwen deken ende twalef proviserers,
up Onser Vrouwen dach van Kersavond, in deser maniere,
te wetene, dat de proviserers, die afgaen zullen, ghehouden
werden thueren afgane bij hemlieden ende thueren rade
le nemene twee of drie vanden notabelsten van den voor-
seiden broederscepe, omme bij haerlieden rade ende advise
te kiesene eenen dekin, die nutteliext ende prouffeliext
( 536 )
zijn zal; er die der meester menichte ghenought, zal
dekin daon ende ghestelt zijn , voor de toecommende
jaerscare, ende de dekin ende proviserers, afgaende, zullen
. wepelen, twee jaer vanden zelven dienste, up dadt hem-
lieden ghelieft, al worden zij eer daertoe ghecoren.
». Item ele oud proviserere, ten afgane van zijnen
dienste, zal ghehouden ende verbonden zijn te kiesene
enen nieuwen proviserer in zijne stede, ende bij also dat de
nieuwe proviserer in eenighen ghebreke ware van boeten,
of in eenighe andere zaken, den broederscepe anclevende,
dat zoude instaen ende goetdoen doude proviserere, diene
ghecoren zoude hebben. |
» Item gheen dekin en zal moghen tzijnen afgane
twoorseide broederscip tachter laten, hij en zal dueghdelic
ende souffisantelic doen blijcken dat hij datte ghehanghen
ende verleyt heeft ten orbuere, prouffijte ende reparacie
van den aultare, bij weteng ende advise van den provise-
rers, ende zal dan ooe den nieuwen dekin leveringhe doen
van den juweelen, den voorseiden aultare toebehoorende ,
die hij onder hem ghehadt zal hebben, ter presentie van
drie of viere vanden notablen vanden voorseiden broeder-
scepe, of vanden ontfanghere vander kercken.
» Item ele van den voorseiden dekin ende proviserers
zal ghehouden zijn een habijt te maken, van zulken coluere
als de meeste menichte van hemlieden overeendragen sal,
metter devise of livreye vanden voorseiden broederscepe,
die zij eerstwaerf an hebben zullen, thuerlieder messe up
Onser Vrauwen dach in maerte, up de verbuerte van twee
scelle groten, ten prouffijte van den voorseiden aultare,
het en ware dat eenich van hemlieden een habijt hadde
van aeg coluere, zo goet ende versch wezende als
hij daer mede wel behoorde te ontstane, daer toe hij
ENE nié irt ard
OEREN AR A TR ciné dues vre + tien
AN MS RS naines
( 537 )
ontfaen zijn zoude met te betalene twalef groten, ten
prouflijte als boven.
> Item waert zo, dat deser stede eenighe feeste toe-
_quame, ende dat wij of onse naercommeren in wette
begheerden, dat men ghenouchte voortstelde ende maecte,
het ware van spele te spelene, figueren te toeghene, of
andersins, so zoude ende zal de voorseide dekin met zijnen
proviserers ghehouden zijn de zelve begheerte te vulcom-
mene, naer al hueren vermoghene, ende bij also dat de
zelve dekin of proviserers dies in ghebreke waren, ende
dat zij daer af ondanc, cost of scade hadden, dat datte
commen zoude ten laste ende coste van den ghonen, daer
tgebrek an zijn zoude, elc zijn advenant. Waert ooc zo dat
In andere plaetsen of feesten eenighe prijsen upghehan-
Shen worden van esbatementen, ende dat de meeste
menichte van den eede van advise ware, daer naer te doene,
So zoude de minste menichte moeten volghen.
_» [tem waert zo dat omme tonderhouden vander Reto-
rijcke, gheordonneert worde te spelene waghen spele of
Slaende spelen, daer af zullen dekin ende proviserers last
nemen, die te bereedene, up zulcke ordonnancie, als zij
onderlinghe overeendraghen ende maken zullen. Bet voort
talmen dese jeghewoordeghe ordonnancie den ghemeenen
gheselscepe lesen up den dach vander kuere, eer zij huere
kuere uutgheven zullen, naer deerste gherechte vander
maeltijt, ten fijne dat de ghone, die dekin ende provise-
rers zijn zullen, tinhouden vander zelver ordonnancie
weten moghen, ende die also onderhouden de toecom-
mende jaerscare, zonder eenighe weygheringhe daer jeghen
tẹ makene, omme den voors. dekin ende proviserers ende
huerlieder naeommers, die dekin en proviserers zijn zul-
len, tvoorseide gheselscip te onderhoudene en regierne
° SÉRIE, TOME XXXII. 37
( 558 )
naer den uitwijsene vanden bovenghescreven articelen
ende ordonnancien, emmer totter tijt ende also langhe alst
ons of onse naercommeren in wette ghelieven zal, ende
. toot onsen of huerlieder wedersegghen.
» Ghegheven onder den zeghel van zaken der voorseide
stede van Ghend, den 44" dach van ougstmaend int jaer
ons Heeren duust vier hondert acht ende seventich (1). »
Het doel des genootschaps, gelijk men ziet, was twee-
ledig: in de eerste plaats de verheffing van den godsdienst;
in de tweede, de beoefening der rederijkerskunst. In de
dagen „ dat kerkelijke plechtigheden werden opgeluisterd
door vertoogen, aan de gewijde geschiedenis ontleend,
was de kunst van den godsdienst onafscheidelijk.
Bovenstaande verordeningen werden herhaaldelijk ver-
nieuwd en volledigd. Zoo kennen wij er eene van 6 October
1508, waarbij het magistraat van Gent bepaalde, dat geen
broeder van Maria ter eere ’t recht had de bediening van
deken of proviseerder te weigeren , bijaldien hij door eene
wettelijke kiezing tot eene dezer waardigheden geroepen
was. Verscheidene vonnissen werden later in den zin dezer
beslissing gegeven.
In 1352 richtten de vier te Gent bestaande rederijkers-
kameren zich tot de schepenen, met verzoek om, gelij
_de vier schuttersgilden, eenen jaarlijkschen onderstand uit
de gemeentekasse te bekomen. De vraag werd hun den
2 Oogst deszelfden jaars ingewilligd ; elke kamer zou voor-
taan eene som van 5 pond groote ontvangen, mits de
ne en PT
(1) Oorspronkelijk stuk, op perkament, met een deel van den schepe-
nenzegel in groen was. — ania der St-Jacobskerk,
a NN U
RAT PS SPSS
( 399 )
voorwaarden , door hen zelven vastgesteld , en in de onder-
staande akte uitgedrukt :
« Allen den ghoonen, die dese presente lettren zullen
zien oft hooren lesen, scepenen ende raedt vander stede
van Ghent, saluut. Met kennessen der waerheden doen te
wetene, dat wij, ghezien ende ghehoort tvertooch, ons bij
supplicatien ghedaen ende overghegheven bij den prince
met zijnen rade van der helegher Drijvuldicheyt, ghenaemt
de Fonteyne, metten anderen drie dekenen ende provi-
serers, te wetene van sente Baerbelen, tsente Pieters,
van sente Agneeten, tsente Jans, ende Marie theeren,
(sente Jacobs, tsamen representerende de vier cameren
van rethorijcken ende de conste van dien, binnen deser
stede, inhoudende in effecte, hoe dat zij vele ende divers-
sche jaren tot hiertoe de selve rethorijeke in payse ende
ee AE OPER en PEN E 1° _ 3 à.
costen , mits dat inde selve cameren van rhetorijcke vele
scamele ghezellen zijn, ende dat zij, mits dat dese stede cs
de hooftstede van Vlaenderen, le fact inde rhetorisi
van anderen steden feestoyeren ende de eere deser stede
alzo hewaren moeten, daertoe dat zij tot hiertoe gheen
voordeel ghehadt en hadden, nochtans dat zij supplianten
int fait van rhetorijcken dese voors. stede representeren ,
alzo wel als de goede mannen vanden ghulden vanden vier
boghen int fait vander scutterijen, uuten welcken inde
andere steden van Vlaendren, als Brugghe, Ypre, Auden-
aerde, Dendermonde, Vuerne, ja Axele, Eecloo, ende
diverssche andere rapassen, den guldens vander retho-
rijcken, aldaer onderhouden, ghegheven werdt zekere pen-
cioen ter verlichtinge vanden rethorisienen , omme. dat de
zelve gulden te bat onderhouden zouden moghen werden,
( 540 )
biddende mits dien de voorn.supplianten, dat dit ghemerct,
ons believen zoude willen hemlieden ende elcken van-
den voorn. vier cameren te voorsiene van redelicken pen-
cioene, ten fijne dat de edele conste van rhetorijcken deser
stede te heerlickere zoude moghen onderhouden wesen,
omme dat de ghesellen, de zelve anthierende ende bemin-
nende, tsamen zouden moghen vergaderen ende wat voor- .
deels hebben omme te moghen verblijdene, ende de selve
conste te vertooghene ende leerne, gelije dat de viere
andere guldens vanden boghe deser stede alle zondaghe
vergaderen metten wijne, hemlieden daertoe jaerliex van
deser stede daertoe verleendt, de selve supplianten zouden
hemlieden daervooren ende in remuneracien van dien ver-
binden ende verobligieren, dat zij thuerlieder coste zullen
doen vertooghen acht waghenspelen tsiaers, omme tvole
ende insetenen deser voors. stede te verblijdene, twelcke
werdt eleke camere twee spelen; voorts in incomsten van
princen ofte princessen doen vertooghen zulcke figueren
ende spelen, als daertoe dienen ende behooren zullen,
alleenlie mits bij-der selver stede als dan dooghende ende
betaelende den cost van den uutstellene vanden scilderien,
ten selven figueren ende spelen dienende ende behouvende
metten uutstellene van, dien. Al tweleke gheconsidereert
ende overghemerct bij ons, seepenen voorn., anghezien
ooc de groote ende zware costen, die de selve stede altijts
heeft moeten dooghen alsmen vanden voors. supplianten
te doene ghehadt heeft, ten inkomsten van princen, prin-
cessen, int maken. van paysen ende andere tryumphen,
ghedaen binnen deser stede ende anderssins, hebben over
ende inden name vander voorz. stede elcke vanden voors.
vier cameren van rhetorijcke, bijzondere, toegheleit ende
gheordonneert, legghen toe ende ordonneren mits desen,
linnea ane ve
PR PEN ES
seeden id Rat: LS
( 541 )
jaerlicx vander voorn. stede goede te hebbene, haelene
ende ontfane, ende toecommende tresoriers van diere, de
somme van drie ponden groten, dats tsamen twaelf ponden
groten telcken sente Jansmesse mids zomers, daer of
deerste jaer wesen zal tsente Jansmesse midszomers XV“
driendertich eerstcommende, ende alzo voorts van jare te
jire, ende al ditte up de condicien ende verbant bij den
selven supplianten ghedaen van de voorn. waghenspe-
len , vertooghen vanden figueren ende spelen inde voorn.
incomsten ; ooc tmaken van paysen ende andere tryum-
phen, ende ten.vermanene van scepenen te doene ende
vulcommene thuerlieder coste, als noot werd, ende zij dies
vermaent wesen zullen, mits alleenlic bij der selver stede
dooghende ende betaelende tuutstellen ende scilderien
vanden voorn. figueren, inder manieren boven verhaelt;
insghelijex ooc van hemlieden ende elc huerer te reghelne
ende doene inde beroupen van spelen up prijs ofte up
rekeninghe , zoot ons oft onsen naercommers believen zal,
ende hemlieden gheordonneert wesen zal. Ende voorts,
dat deen camere van hemlieden telcken toecommenden
Sacraments daghen thuerl. coste doen vertoogen zullen
eene figuere voor tscepenenhuus, dats elcke vanden vier
cameren ten vier jaren eene, alzo altijts ommegaende bij
ordenen ende ghebuerten, zonder van dien ende eleken
pointe voorscreven zonderlinghe in gebreke te blivene up
de correctie van scepenen ende tot huerlieder wederrou-
pene. Ghegheven in kennessen der waerheden onder den
zeghele van saken der voorn. stede van Ghent, den twees-
ten in Ougste XV° twee ende dertich (4). »
ROUE nn Se ME AR SR
(1) Oorspronkelijk stuk , op perkament; het zegel ontbreekt. — Archief
St-Jacobskerk.
t
, ( 542 )
Den 25 Augusti 1535 werd door het stadsmagistraat, op
de bede van de bestuurders der kamer, een nieuw regle-
ment verleend , hoofdzakelijk tot regeling van de plichten
en rechten der dekens en proviseerders, nopens de alge-
meene vergaderingen, het gildekleed, het altaar, enz. In
dit stuk, hier volgende, komt het privilege te voorschijn,
dat deschepenen den 8 Februari 1536 ook den anderen rede-
rijkerskamers der stad Gent schijnen gegeven te hebben,
en volgens hetwelk geen broeder van Maria ter eere, de
betrekking van medebestuurder waarnemende, gehouden
__was in eenig ander gilde der stad als zoodanig te dienen ,
uitgezonderd bij ’t groot gilde van den voet- en handboog,
en van de busse :
« Allen den ghoonen, die dese presente lettren zulien
zien oft hooren lesen , hoochbailliu, scepenen ende raedt
vander stede van Ghent, saluut. Met kennessen der waer-
heden doen te wetene dat wij, ghesien ende ghevisiteert
hebbende tovergheven ende vertooch, voor onslieden bij
supplicatien in ghescrifte ghedaen bij Lieven vander Brug-
ghen, als dekin, Gillis vanden Vivere, Pieter vander Piet,
Gheeraert van Wettere, Lieven vanden Abeele, Willem
Alaert, Hendrik Bruynhals, Jan vander Mote, Lieven
Rateveldt, Lieven vander Heyen, Fransois de Meyere , ‘
Hendrik de Bisscop, over hemlieden ende den meerderen
deel vanden guldebroeders, proviserers vanden gulde van
Maria theeren twelcke men ouderhoudt in sente Jacobs
keercke binnen deser stede, innehoudende hoe dat zij zijn
eene vanden vier cameren van der edeler conste van retho-
rijcken, de welcke men hanteert ende onderhoudende es
ter eeren van Gode van hemelrijcke ende Maria zijnder
_ _ghebenedijder moeder, inde selve keercke, ende met hem-
t
( 545 )
lieden ghevoucht meer andere goede mannen , guldebroe-
ders vanden voors. gulde, beminnende de selve conste der
rethorijcken, wesende eene zoo langhe ghifte ende gracie
vanden heleghen Gheest, al eist zo, dat huerlieder voor-
ders, dekin ende proviserers in dien tijt vanden sel-
ven gheselscepe up zekeren tijt voorleden vercreghen
hadden an scepenen de voorsaten ende hemlieden ver-
leent, gheoctroyeert ende gheconfirmeert waren zekere
pointen ende artielen, bij hemlieden aldaer versocht ende
begheert, maer den inhoudene van drie beseghelde brieven
van confirmatien, onder de supplianten rustende, den
eenen van daten XHH** in Ougste duust vier bondert acht
ende tseventich, den anderen van den dertichsten Novem-
bris vijftien hondert viere, ende den derden duust vijf-
hondert zeventiene, nochtans de selve brieven ende con-
firmacien van verbande wel oversien ende bij hemlieden
supplianten ghevisiteert ghezijn hebbende, met rijpheden
van rade bevinden daer inne zekere faulten, ghebreken
ende verzwijmtheden van eeneghen pointen ende articlen,
den selven gulde wel van noode wesende ten onderhoude
vanden goddelicken dienste ende der hantieringhe vander
voorn. edeler consten van rethorijcken, hier naer ghespe-
cifiert.
» Eerst, dat men van nu voort an de kuere vanden nieu-
wen proviserers houden zal op onser liever vrouwen avont
in Septembre, tsachternoens ten tween hueren , sdekens
huuse, ofte tot sulcker plaetsen, daert den deken believen
sal, omme te gane in de heere van Gode van hemelrijcke
ende Maria zijnder ghebenedijde moedere, der supplianten
lieve ende weerde patronesse, te doene verspereye ende
lof inde cappelle vanden selven gulde, daermen den nieu-
wen eedt uutelesen sal; ende de ghecoorne persoonen die
Ne
(544)
sullen zelve moeten dienen, zonder yemant el in zijne stede
te stellene, ofte ten ware dat yement scepenen waer yes:
keure oft van ghedeele.
» Item voorts, dat de nieuwe ghecoorne proviserers
vergaderen zullen tsanderdaechs up onser vrauwen dach,
smorghens, te sulcker plaetsen ende teender zekere huere, _
daer zij bij den cnape ofte van zijnen weghe ghedachvaert _
zijn zullen, ele up de boete van twintich grooten, ten
waer daer yement van hemlieden openbare nootz.... hadde,
ofte uuter stede ware, omme aldaer bij hemlieden metter
meester menichte te kiesene eenen nieuwen dekin, die
_hemlieden nutteliext dineken zal omme de toecommende
jaerschare met hemlieden te dienen , ende zo wat persoon
_daeraf meest keuren hebben zal, die moet dat jaer dekin .
wesen, de welcke ghecoorne dekin ghehouden wert ten
selven daghe ter messe van feesten te commene, ten thien
hueren , met zijnen nieuwen proviserers, ele up de boete
van Label grooten , ende den deken dobbel boete, ende
van daer niet te scheedene, zonder consent van den ouden
dekin.
» Item werden: de selve dekin ende proviserers metten
ouden dekin ende proviserers (ghehouden) tsamen te gane
in ordonnancien naer de selve messe, ten tanneele , metten
anderen drie cameren van rethorijcken, ende aldaer ter
maeltijt tsnoenens ende snavonts, gheldende ghelijcke
costen vander maeltijt, in verlichtinghen vanden zelven
gulde ende gheselscepe.
, » Item dat van nu voortan een dekin niet langhere
dienen en zal dan twee jaren, up dat hem belieft, ende
dat ele afgaende dekin ende proviserere naer huerlieder
afgaen zullen hebben eene wepelinghe van vier jaren, eer
S vanden voorn. gulde zouden moghen dienen.
( 545 )
» Item dat ele dekin ende nieuwe proviserere alle jaeren
ghehouden werdt te makene een nieuwe abijt, metter
devijse vanden voorn. gulde, van zulcken coluere, als de
dekin van drien colueren hemlieden uutegheven zal, ende
up zule coluer vanden drien, als zij onderlinghe metter
meester menichte sluuten ende accorderen zullen , welcke
voorn. abijten zijlieden annedoen zullen moeten up sente
Barbelendach, omme daer mede te gaene in de ordon-
nancie ghelijc de andere drie cameren, ele up de boete van
vier scellinghen grooten, welcke abijten zij sullen ver-
moghen af te legghene, ende niet meer te draghene,
indient hemlieden niet en belieft, dan tot up sente Agnee-
tendach, ende telcker reyse, als zij metten abijten ghe-
.dachvaert zullen wesen, up suleke boete, als de dekin
believen zal, niet excederende de twintich grooten; ne-
maer zullen ghehouden zijn naer onser vrauwen dach,
lichtmesse alle zondaghen metten abijte ter messe te
commene , tot huerlieder afgaen, up de boete, zonder dat .
zij vermoghen zullen de voors. devijse ofte blomme up
eeneghe lappen te draghene, up de correctie vanden
deken ende proviserers; ende 20 wie eenich habijt hadde
van ghelijeken coluere, dat hem dochte zo goet ende versch
wesende van lakene, zule persoon es ghehouden zijn abijt.
te bringhene veertien daghen te vooren bij deken ende
proviserers, omme bij hemlieden ghevisiteert te werdene,
oft hyer mede ontstaen mochte ende passeren, mits daer
vooren betalende voor zulc een oudt abijt, ten afgane,
thulpen der maeltijt, twaelf grooten. Ende indien tselve
abijt niet goet ghenouch bevonden en wierde, zoude
moeten een abijt maken, ghelijc zijne medeghesellen.
» Item de dekin ende proviserere, die tvoorn. gulde
dient, die wert van nu voortan onghehouden eeneghe
( 546 Y
andere gulden te dienene, ofte ten waer dat hij in een
ander gulde eerst diende, uuteghesteken de groote gulden
van mijnen heere sente Jooris, doude gulde van sente
Sebastiaen ende sente Antheunis, ende dat men hem
stelde binnen zijndere jaerschare in andre gulden ten
dienste als dekin ofte proviserere, zoude van dien voorbij
gaen, ende onghehouden zijn te dienene, ghelije ende in
alder manieren dat de andere cameren van rethorijcken
huerlieder medebroeders hebben.
» Item waert bij den ghevalle, dat de cappellaen ende
de enape waren vanden advise, te makene elc een nieuwe
abijt van ghelijken coluere, zo werden zij deken ende
proviserers ghehouden elcken te ghevene, boven huer-
lieder pencioene, thulpen haerlieder nieuwe abijten , ele
zes grooten, up dat zij een abijt maken, ende niet anders.
_» Item, dat ele persoon ende proviserere, naer sijn
afgaen, betalen sal alle de costen, de gulde voorn. ancle-
vende, de welcke zij ter causen van dien sculdich zijn
sullen, binnen veertien daghen , ende de ghone, die danaf
in ghebreke waere vander betalinghe te doene, dat zoude
wesen up huerlieder executie.
» Biddende de voorn. supplianten over hemlieden ende
huerlieder naercommers int selve gulde wesende, hemlie-
den alle de voorn. pointen ende articlen, ende ele van
dien zonderlinghe, bij ons gheconsenteert, gheoctroyeert
ende gheconfirmeert te werdene, so eist dat wij, ghene-
ghen wesende ter bede ende begheerte vanden voorn. sup-
plianten, ende bevindende de selve pointen ende articlen
goet ende deuchdelic wesende, hebben hemlieden inde
qualiteit alsboven, de selve ende ele van dien bijsonder
gheconsenteert, gheoctroyeert ende ghecontirmeert bij
desen, omme int voors. gulde alzo van nu voort an onder-
(347) |
houden te werdene, zonder eenich belet ofte molestatie te
contrarien, alle de voorn. drie oude confirmatiën in huerl.
andere articlen blivende in wesene bij... Dies reservere-
ren wij tonswaert de interpretacie van deser confirmacie
ende voort meer taugmenteren ende minderen van dien.
Ghegheven in kennessen der waerheden onder den zeghele
van saken der voors. stede van Ghent den vive ende
twintichsten van Ougste int jaer duust vijfhondert vive ende
dertich (1). »
Dit stuk is, gelijk men ziet, niet zonder belang voor de
kennis der oude gildegebruiken. Wat in onze dagen onder
de verschillige rederijkerskringen eener zelfde plaats
schier onuitvoerbaar wordt geacht, was in dien tijd niet
alleen eene mogelijkheid, maar bovendien, als ’t ware,
eene oefening. Wij bedoelen de onderlinge overeenkomst,
de volkomene eendracht, de verbroedering zelfs der
gilden, die al hetzelfde doel beoogden; waar het eene feest
vierde, verschenen ook de andere kringen, en deden el-
kaar op den voortdurenden bloei en voorspoed een goed
bescheid. Geene der gewone plechtigheden van eene der
kamers, hetzij die in de kerk of in de gildezaal plaats
vonden, of zij werden door de zustermaatschappijen bijge-
Woond. Verheven trek van het karakter des volks, dat
niet alleen door staatkundige banden, maar tevens door
die van kunst en vroomheid éen bleef.
De akte van 1535 doet ons mede een voortreffelijk
middel kennen om het gilde op spaarzame , behoedzame
(1) Oorspronkelijk stuk, op perkament; het zegel ontbreekt. — Archief _
van St-jacobskerk. aen
( 548 )
wijze te besturen, détré het tegen ondergang door
plichtverzuim of onbedachtheid te bewaren : ieder aftre-
dend bestuur was gehouden, de gildelasten aan te zui-
veren. Zoo toch kan de toekomst des genootschaps, onder _
geldelijk opzicht, niet in gevaar worden gebracht. Bespa-
ring, daarentegen, was niet verboden, en het overschie-
tende geld mocht niet aen drinkgelagen worden besteed.
Nog meenen wij uit de nieuwe verordening te mogen
opmaken, dat de kapelaan en knaap op denzelfden rang
‘stonden. Beide toch waren bezoldigd. Maar ook de factor,
de spreker, de dichter der rederijkers genoot eene jaar-
wedde, en van dezen wordt geen woord in de reglementen
gezegd. Schatte men zijne bediening, zijn talent te hoog,
dan dat men ’t zou gewaagd hebben die aan de minste
bepaling te onderschikken? — Wij zullen de gelegenheid
hebben op den factor terug te komen.
De vrijstelling van dienst in andere gilden, verleend
aan hen, die in Maria ter eere deel maakten van ’t be-
stuur, gif nu en dan van wege andere genootschappen
aanleiding tot geschillen, die door de schepenen moesten
beslecht worden ; ja tot processen, in welke de Raad van
Vlaanderen moest tusschenkomen. Gewagen wij hier van
een, dat onze kamer omtrent het midden der XVI° eeuw
tegen de Balsembloem had uit te staan, en waarin ook de
andere red ingen der stad betrokken waren.
Een afgaande bestuurder van Maria ter eere had geko-
zen, om hem op te volgen, zekeren David Serarents, die,
reeds dezelfde betrekking waarnam bij de Balsembloem.
Daar ook de bestuurleden van dit genootschap, gelijk die
van de andere rederijkerskamers, ’t voorrecht van dienst-
vrijdom in andere kringen genoten, werd de eisch natuur-
> een bevonden, en aan ’t oordeel van °t ma-
r
en
Á
:
( 549 ) |
gistraat, nadien van den rechter, onderworpen. Na de beide
partijen tot het bewijs van de gegrondheid hunner eischen
te hebben toegelaten (1), gaf de Raad van Vlaanderen het
volgende gewijsde :
« Ghezien tdifferent, hanghende bij memorie int advijs
vanden hove tusschen Dierick de Backere, prince souve-
rain vanden Naeme Jesus, gheseyt de Balseme, onderhou-
den binnen den Princenhove deser stede van Ghent,
Eduaert Martins ende Dierick Schotte, over hemlieden en
vervanghende heurlieder medeghesellen in eede, originaele
heeschers ende verzouckers van provisie ter eender zijde,
ende Lieven van Hulse, prince vander Drienvuldicheyt,
Adriaen de Wulf, deken van Sinte Barbele, Arent Nutinck,
deken van Sinte Agneeten, ende Jan vanden Thessele,
deken van Marie theeren, representerende de vier came-
ren van retorijcque der voors. stede, wederlegghers van
provisie ter andere, gheresen ter causen dat de heesschers
onlanex ghedaen hadden zegghen, dat onlancx proces ende
ghedinghe gheresen was ‘hier int hof tusschen hemlieden
dvijs vanden hove, tusschen
ndon
nucu
(1) « Ghesien tproces hanghende int a
vide S « 2 miet: va ‘à
naeme Jhesus, gheseyt de Balseme, Eduwaert Martins, Dierick Scotte
ende andere ghuldebroeders vander zelver Balseme, heesschers….
procureur van Vlaenderen medeghevoucht ter eender zijde, ende Pieter de
Martelaere, proviseur afghegaen vanden gulde van Maria ter eeren, met-
schers van ghelijken te doene indient hemlieden goet dunct. »
© (Sententien ende appointementen interlocutoire. Juli 1553-Juli 1557,
bl. 560v. — Raad van Vlaanderen.)
( 550 )
als heesschers ende reformanten, ende deselve vérweer-
ders als gheïnthemeerde betrocken met scepenen vander
Keure in Ghent, ghed. over dat eenen Pieter Maertelaere,
suppoost vande Camere van Rethorijcke van Marie ter eeren
hem zekeren tijt te vooren vervoordert hadde te denom-
mereúe omme in de voors. camere te dienen, ende Daniel
S'arents, suppoost vande voors. Balseme, contrarie der
princelijke institutie ende privilegie van den zelver Bal-
seme, hemlieden van wijlent salegher memorien Philips
den Coninck verleent ende gheoetroyeert bijder K. Maj.
jeghewordich daernaer gheconfirmeert, in welcke zaecke
soe verre gheprocedeert was, als dat de voors. Daniel
S’arents metter adjonctie van de heesschers, heesch maec-
kende, ghedient hadden van griefven ende redenen van
betreck, ende nu stont omme bij de verweerders tand”°
ende solutie te ghevene ten principale, ende hoe wel midts
der voors. litispendentie ende betrecke, de zelve verweer-
ders nyet en behoorden tattempterene in prejudicien vande
voors. notoire red° ende princelijcke concessie, daer over
onder andere de heesschers ghegheven es expres previle-
gie, dat negheene persoon, dienende int gulde ofte broe-
derscap vanden naeme Jhesus, gheseyt de Balseme, be-
dwijngelick en zijn te moeten dienen in eeneghe andere
camere oft gulden, emmers nyet ingestelt bij princelicke
institutie, oft inde zelve eeneghe last te moeten draghén,
hadden hemlieden nochtans vervoordert te doene ter con-
trarien, ende nyet jeghenstaende de voors. litispendentie
van desen hove, die van den gulde van Sinte Agneele,
een vande voorn. vier cameren, hadde doen dienen eenen
Gillis van Hecke, eenen vande XV ouderlinghen vanden
voorn. princelicken gulde vanden Balseme, hemlieden
vanterende elek int zijne, tzelve in toecommenden tijden
(331 )
noch meer te doene, directelick contrarie dér prohibitie
begrepen in de voors. institutie ende der contirmatie
vande K. Mt, jeghenwordich daernaer ghevolcht, daerbij
expresselick bevolen ende ghelast staet vande voors.
majesteyt weghe, alle officiers ende justiciers, dat zij ele
int zijne, over alle zijne landen, de voorn. vanden Balseme
houden, doen ende laeten ghebruucken vande voors.
heurl. privilegien ende concessien, zonder hemlieden daer
inne eenich belet of onghebruuck te doene, teleken up de
boete van twintich Philips gulden, in partie tzijnen prouf-
fijte, ende in partie ten prouffijte vanden dienst vanden
zelven gulde, in zulcker wijs, dat indien daer inne nyet
voorsien en ware bij justicie, de voorn. heesschers be-
dwonghen zouden zijn tvoors. gulde vanden Balseme ende
den goddelijcken dienst van oudts int zelve gulde gheor-
donneert bij den heesschers ende hemlieden voorzaten
altijts theurl. coste ende priveen laste altijts gheconti-
nueert, te abandonnerene ende laeten vaerene, in preju-
dicie van heurl. voors vrijheyt ende lijberteyt, danof zij
ende heurl. oudders altijts gheuseert hadden, ter welcker
Causen ende omme in toecommenden tijden daer inne te
voorziene, hadden zij heeschers dies voorseyt, in den hove
bij requeste te kennen ghegheven, daer up gheordonneert
Was tverzouck je doene in jugemente, twelcke zij hees-
schers ghedaen hadden, ende bijdien ende meer andere
redenen, in heurl. memorien begrepen, verzocht ende
ghetendeert ten fine dat bij maniere van provisie de voors.
verweerders elck int zijne gheinterdiceert soude wesen
te kiesen, nemene ofte bedwijnghene eeneghe suppoosten
van de voors. Balseme, omme te dienene in eeneghe vande
voors. vier cameren, ende heurl. te laetene vrij ende on-
ghemolesteert, midsgaders oock de voorn. Gillis, indien hij
( 552 )
van heurlieder vors. vrijheyt verzochte ende begeerde te
useren ende ghebruucken, ende dat bij den hove te dien
fine alle electien, die de voorn. vier cameren zouden
willen doen, ghehauden zauden wesen in staete ende sur-
ceance, de voorn. heesschers sustinerende ter contrarien,
seggende te noterene zijnde naer rechte, dat alle privile-
gien uute, extinct ende te nyente zijn, alsmen den ter-
mijn van thien jaeren in ghebrecke es danof te userene,
twelcke ghesupponeert es warachtich dat tgulde vande
Dryvuldicheyt es een schoone, edele ende vermaert gulde,
ghefondeert ende inneghestelt over hondert vijftich jaeren
ende tijts meer, bij princelicke institutie vande predeces-
seurs vande K. Mt, graven van Vlaenderen, hebbende ende
vermoghende tzelve gulden vele ende diversche prerogati-
ven, preheminentien, statuten ende gheapprobeerde or-
donnancien, ende onder andere, dat alle de gone, wesende
onder de voors. gulde, ghehouden ende schuldich zijn te
dienen als deken ofte ghildebroeders, zoe wanneer zij
daertoe ghecozen ofte ghemaent zijn, ende dat van dezelve
rechten ende preheminentien, prerogativen, statuten ende
ordonnancien oick vermochten tuserene, zoe zij van allen
ouden tijden ende immemorialen gheuseert hadden, de
vors. andere drie cameren van rethoricke, als membre
oft leden wesende vanden voors. princelijcken gulden
vande voors. heleghe Drievuldicheyt, gheseyt de Fonteine,
volghende welcken alzoe Pieter de Maertelaere, wesende
in tvoors. gulden van Maria ter eeren, ende afgaende pro-
viseur, in zijn ghesach ghecoren hadde eenen Daniel S’ae-
rents, wesende ooick van tzelve gulde, omme aldaer te
dienen als provisor, ende dat den zelven S’aerents ghelast
ende bevolen was, den zelven dienst taccepterene ende
_ anveerdene, die tzelve refuseerde, zoe rees daeromme tus-
he DE eni ee A 0
(2899; }
chen den zelven Maertelaere metter adionctie van deselve
verweerders, als heesschers ter eender zijde, proces ende -
ghedinghe voor scepenen vander keure deser stede van
Ghent, in heurl. ghebannen vierschaere, alwaer hendelin-
ghe, partie ghehoirt, zoe verre gheprocedeert hadde ghe-,
weest naer dien de voorn. scepenen wel ende ter verbaele
ghebleken was vande voors. redtie, preheminentie, prero-
gativen, statuten ende ordonnancien vande verweerders,
behoirlick gheconfirmeert, dat de voors. S’haerents ghe-
Condempneert wiert den dyenst taccepterene ende anveer-
dene, vanden welcken wijsdom de voorn. S'haerents metten
voorn. heesschers hier int hof betreck ghedaen hadden,
danof de zaecke alsnoch was aldaer hanghende onghede-
Cideert, ende alzoe bij middelen tijde den deken van
tvoors. gulde van sinte Agneete, wesende een vande vier
Cameren vande rethorijcke deser stede, overleden was
deser werelt, zoe hadden de ghuldebroeders vanden sel-
“en ghulde, tsinnen vergadert zijnde, eenen nyeuwen
deken ghecoren, den voors. Gillis van Hecke, wesende
heurl. medebroedere in tvoors. gulde, die tzelve officie
ende dienst voluntairelick ende ghewillichlick gheanveert
ende gheaccepteert hadde, ende jeghenwordelick bedie-
nende es, ende tzelfs begeerde te bedienen ende exerce-
rene, zoe dat de verweerders daerbij den voorn. Gillis
geen grief, schade noch interest, noch injurie ghedaen en
hebben, maer alleenlick daer inne gheuseert van heurl.
redemptie ende vermoghen , nemende de verweerders bij
dier ende meer andere redenen, van heurl. weghe ghede-
duceert conclusien, dat de voors. provisie bij den hees-
schers verzocht, niet gheschien en zoude, maer ontseyt (2)
ende die gherejecteert werden elek vande gene persiste-
_ Yme SÉRIE, TOME XXXIII. 58
(554 )
rende bij zijnen verzoucke, ende wederlegh, finen ende
conclusien dien aengaende ghenomen , maeckende ele an-
deren heesch van costen.
» Ghesien dexploicte lettren vanden munimente by par-
tien overgheleyt dacten van den hove, zonderlynghe van
advijse, ende al dat meer diende ghevisiteert te zijne met
rijphede van rade.
» (Hof, uutende zijn advies, ordonneert de voorn. we-
derlegghers gheduerende de litispendentie ten principaele,
nyement meer te kyesene noch te stellene inden eedt
vande voors. vier cameren, vanden ghuene, die in den eedt
zijn vanden voors. gulde vanden naeme Jhesus, gheseyt
de Balseme, dan die te vreden zullen zijn tzelve taccepte-
rene, volghende den consente vanden voors. heersschers.
» Ende statueert de costen van desen vervolghe totter
diffinitive (1). »
Bij besluit der schepenen van 41 December 1537 werden
nieuwe bepalingen gemaakt ten voordeele der gildekapel,
tot welker onderhoud de aftredende bestuurders verplicht
werden bij te dragen. Deze verordening staat geschreven
ten voete dergene van 1535, bovenmedegedeeld :
« Item scepenen vander kuere voorn., ghehoor} tver-
tooch, hemlieden bij supplianten ghedaen bij Gillis Baer-
voel, als dekin ter tijt van nu, met zijnen proviserers
vanden gulde van Maria theeren , over hemlieden ende den
ed
(1) Sententien ende appointementen interlocutoire, nde 1534 tot
; enig 1554 (0.5) — - Archief van den Raad van Vlaandere
ne ee aa
( 555 )
meerderen deel vanden ghemeenen guldebroeders daer
omme vergadert gheweest hebbende, inhoudende hoe dat
zij tsamen ende eendrachtelic gheaccordeert hadden ten
fijne dat tvoors. gulde niet te nyenten gaen noch des-
trueren en zoude, dat van nu voortan de deken ende
proviserers vanden voorn. gulde, nu zijnde ende namaels
wesen zullen, thuerlieder afgane, ter hulpen der reparacie
ende onderhoudene van huerlieder aultaer, elc van hem-
lieden toelegghen zullen den zelven aultaer tot twaelf
groten eens, twelcke bedraghen sal tsamen elex jaers der-
tien scellingen grooten, ende datte boven allen ordinairen
oncosten ende extraordinaire costen, die zij ende elc
huerer ghedoocht zullen hebben ter causen van huerl.
dienste, de welcke dertien scellinghen groten elc nieu
dekin , ancommen zijnde, verhaelen ende recouvreren sal,
ende hem ghehouden wert up te legghene de afgaende
dekin, van welcker somme ende administracie vanden
voorn. altaer elc dekin van nu voortan ghelast bliven
zoude zijnen proviserers goede deuchdelicke rekeninghe te
doene, telcken drie maenden binnen zijder jaerschaere, bij
al welcken tvoorn: gulde prospereren ende vermeerdert
werden zoude, ende den dienst Godts ende de rethorijcke
verheven zijn, biddende ons scepenen voornt. hemlieden
Supplicatie over hemlieden ende huerl. naercommers al
tselve te willen accorderen ende confirmeren. Ende wij,
ghehoort tselve versouc ende begheerte, mits dat tselve `
ons redelic ende huerbuerlie dinet , omme ende uuten re-
denen voorscreven,hebben den supplianten al tselve gheac-
Cordeert ende gheconfirmeert bij desen, omme datte alsoo
van nu voorts onderhouden ende gheachtervolcht te wer-
dene, boven den voorgaenden confirmacien, zonder eenich
+
( 556 )
belet ter contrarien. Actum den elfsten dach in Decem-
bre XV° zevenendertich (1). »
Vermelden wij hier nog de schepenenakte van 12 Sep-
tember 1560, waarbij de vroeger genomene beslissing
opzichtens de doodschulden en boeten (bestemd, gelijk wij
weten, tot onderhoud des altaars) opnieuw werd uitgevaar-
digd, en die voorts beveelt, dat elk lid op de feestelijke
dagen gehouden was zijn gelag te betalen, de mannen
acht, de vrouwen vier grooten ieder. Dit was een prijs
(verklaarden de schepenen,) « voor welke lieden van eeren
niet en zouden laeten bij te commene, » en waardoor ook
« verschuwet werden alle deghone, die den gulde niet
» machtig en zijn duecht, eere noch bijstant te doen. »
Deken en proviscerders werden eindelijk verplicht, bij
hun aftreden goede rekening over de boeten en dood-
schulden over te leggen (2). :
IL.
Nu wij de inrichting kennen, willen wij nader kennis
maken met de leden der broederschap en -hunne oefe-
ningen.
De eigenlijke hoofdman was de Deken, door de keus
zijner gezellen aangeduid. Gelijk op de plechtigheden o
’t gilde, was ieder lid, op boet, verplicht aan de kiezing
voor den deken deel te nemen. Het was een dag van
dpd
_ der St-Jacobske
+ (2) Archief der St.-Jacobskerk.
(1) Oorspronkelijk stuk op perkament; ’t zegel ontbreekt. — Archief
rk.
re
Med his EE
B (ME).
vreugde , die doorgaans-met een banketeindigde. Nog in
de tweede helft der XVHe eeuw was elke deken op de
octaaf van ’t H. Sacrament gehouden zijne medeleden uit
te noodigen op een banket, « op het alderbeste », zonder
evenwel den drank te moeten leveren. Het doel dezer
bijeenkomst was: tweeledig : vooreerst « om alsoo onder
malcanderen fray ende vroyelijk te wesen » ; en verders
Om « aftelegghen alle gheschillen », die de leden ver-
deelen mochten. —
Wie niet kwam, verbeurde een pond was voor de kapel,
tenzij geldige redenen voor zijne afwezigheid waren in te
roepen. De deken mocht de geestelijken der parochiekerk
ten bankette uitnoodigen, doch geene andere priesters,
vreemd aan de broederschap, zonder den oorlof zijner
gezellen.
Behalve het dekenfeest, vierde men in de XV* en XVI°
eeuw ook den eersten Meidag, alsmede den dag des gil-
depatroons en van de patronen der drie andere kafners.
Het blijkt uit de rekening van 1556-57 dat Maria ter eere,
op S'“-Agnetedag, « int gheheele vergaderd, » zeven kan-
nen wijn te drinken kreeg. —’t Was waarschijnlijk bij die
gelegenheden , dat het feestvierend gilde door de met hem
bevriende kringen de geschenken werden opgedragen,
Van welke sommige rekeningen der XVI eeuw reppen.
De algemeene vergaderingen der broederschap hadden
nu eens in ’t naburige S'-Janshuis, gelijk ten jare 1551, dan
in eene herberg plaats. Het Cleen Wulfken, op de Vrijdags-
markt, diende in 1564, en vroeger, tot plaats van het
Sildefestijn, hetwelk ook weleens in den Ketele werd
gehouden.
Reeds in 1478, dus bij de oprichting der kamer, waren
vrouwen als gildezusters aanvaard, doch wij vinden vóor
Pa
( 558 )
1560 geen gewag gemaakt van eene « vrauwenmaeltijd. »
Het gilde had ook eenen Prins; slechts éene oorkonde,
nogtans, maakt van deze waardigheid melding , namelijk
de rekening van 1558.
De Factor of dichter, gelast met het opstellen der feest-
redenen en spelen, het schrijven en de verdeeling der
rollen (1), genoot aanvankelijk eene jaarlijksche vereering
van 5 schellingen groote, welke in 1556, te beginnen met
Mark van VaERNEwvycK, den bekenden chroniekschrijver
en dichter, tot het dubbel dier som werd gebracht. Van
Vaernewycx bleef in deze betrekking slechts éen jaar,
want in ’t volgende staat hij aangeboekt als proviseerder.
Evenals bij de aanstelling van den deken, was ’ feest
bij die van den factor. Eene heerlijke gelegenheid, voor-
waar! om eene « prouve » te leveren van zijn talent als
dichter en redenaar.
Wij zagen hooger, dat de kapelaan en knaap, wat het _
habijt betreft, op éene lijn waren gesteld. Dit verwondert
niet langer, als men weet, dat de bediening van knaap,
door een der leden uitgeoefend, geenszins als iets verne-
derends werd beschouwd. Zeide men van den factor, dat
hij « de (heere bewaerde » van het genootschap (2), van
den knaap was ’t zeker, dat hem eene groote zorg voor de
belangen der kamer was opgedragen. Tot een bewijs, dat
het knaapschap niet onaanzienlijk werd geacht, diene de
omstandigheid, dat het van 1558 tot 1565 werd waarge-
nomen door den factor Lieven van DER Venne. Het is
Ra hete Meier ir puni ATEN
(1) « Betaelt Lieven vander Venne voor tschrijven , maken en rollieren
der loven, schijnewijnen ende presentatie we spijzen, 10 sch. gr.
(Gi ilderekening. y
(2) Gilderekening van 1558 en 1559.
„
ee PRIS St NS
( 559 )
waar, dat dezen in laastgemeld jaar, wij weten niet om
welke reden, eene en andere betrekking door het gilde
werd ontzeid.
| De derde en laatstbekende factor van Maria ter eere
| was Jan pe Hane (1565). Ongelukkiglijk behelst het gilde-
archief geen enkel vers, dat ons over hunne kunst van
dichten kan laten oordeelen.
De Kapelaan schijnt geen vast inkomen te hebben
genoten. In de gilderekening van 1356-57 staat hij genoemd
met 6 schellingen, voor zijn pensioen, en dan nog 24 schel-
lingen, vermoedelijk uit hoofde van bijzondere kerkdiens-
ten. Het volgende jaar werd hem, uitwijzens de rekening,
17 schellingen 4 deniers groote betaald.
Aanvankelijk schijnt het getal proviseerders, die met
den Deken, Prins, Factor en Kapelaan de vereeniging
bestuurden, tusschen acht en twaalf te hebben bedragen.
Wij weten reeds , dat zij bij hun aftreden eenen opvolger
mochten kiezen. Trad een hunner in den echt, er werd
hem een geschenk opgedragen, dat doorgaans uit « tinne-
werck » en wijn bestond. LIEVEN VAN DER RIVIERE, een
Gentsch kunstenaar der XVI? eeuw, medebroeder van
Maria ter eere, werk in 1356 gelast blazoenen te schil-
deren op tinnen schotels, den proviseerder Pieter de Somere
aan te bieden.
Eene uitzondering werd gemaakt, twee jaren nadien,
voor Mark van VAERNEWYCK, die ter gelegenheid zijns
huwelijks met Livina Hallins (Alijns?) door het gilde ver-
eerd werd met een zilveren kopje (1), hoewel de toestand
en
(1) « Item ghesconken den voorn. VAERNEWISCK in zijnder brulocht, een
zelveren copkin, daervooren betaelt XXI s. VI d. gr. »
. (Gilderekening van 1558-1559.)
_
( 560 )
der gildekasse destijds niet gunstig was; maar men wilde
erkentelijk zijn jegens den gewezen factor, die den 5
Februari 1557 (o. s.) het altaar der broederschap verrijkt
had met eene jaarlijksche rent van 40 schellingen groote.
Het Ordonnancieboek van 1484, ’t oudste register, dat
het gilde bezit, houdt de lijst in der leden, die in de XV°
en in het begin der XVI? eeuw bij Maria ter eere werden
aanvaard. Hiermede zijn wij eenigszins in staat gesteld den —
burgerlijken rang van het genootschap te meten. Naar het
ons voorkomt, waren ’t meest begoede poorters, handel-
of neringdoende ingezetenen en kunstenaren , die zich in
onze rederijkerskamer lieten inschrijven. Noemen wij hier,
behalve de hooger reeds bekend gemaakte namen, ADRIAAN
Seys, ANDRIES van Mare en Girtis GauséLins, schilders;
CORNELIS DE Suer, beeldsnijder, JAN van DEN VALLEGATE,
verlichter en boekschrijver ; Cornezis Hont, zangmeester
des keizers, enz. — Ook personen buiten Gent werden als
leden aanvaard, zooals Jan van der Spoore, te Antwerpen,
Jan Dierman, Jan Pierszune en Maria Scapers, alle drie
te Otene, Pieter Rommelins, kanunnik en cantor van
Zubureh (?), Cornelis van Ghistele, praeri van S'-Nicolaas
te Veurne, en anderen.
Het stond den leden vrij , bij eed. aanvaarding in de
broederschap zulke doodschuld te onderteekenen , als hun
beliefde, geven wij eenige voorbeelden. — Barbara de
Wilde, echtgenoote van Lauwerijs Speelman, teekende in
voor eenen dubbelen dukaat, om metdie som een zilveren
“juweel te doen vervaardigen. Boudewijn Sturtewaghene
beloofde eene ton keite. — Joris Ghijselins bezette Maria
ter eere « alle de librarie, die hij binnen zijnen huuse
heeft. » — Katelijne de Cleercq gaf eene zilveren schaal,
die sij echter tot aan haren dood mocht blij res gebruiken,
ht ine
ir EREN et
(561 )
doch waarvan het gilde zich telkenmale mocht bedienen
«alst heere van doen heeft. » — Jacob Damman, lid eener
addellijke familie van aanzien, stelde voor doodschuld
= Cene ton Clauwaerts, en Pieter Fiers « zijnen besten
habijte, dat achter hem bliven » zou.
In de XVI° eeuw waren twee soorten van leden :
« beminders » en « vertooghers » (1). De eersten mogen
als bescherm-, de andere als werkende leden beschouwd
worden. Het Ordonnancieboek behelst, na verschillige
namen, de vermelding : « kwam int gilden als bemindere. »
. doris Ghijselins, onder andere, werd ten jare 1576 aan-
vaard « als bemindere, behoudens absent van dienste, nu
ende ten eeuwigen daghe. » Twee mannen, naaste bloed-
verwanten van personnages, die in de geschiedenis van
hunnen tijd eene aanzienlijke rol te Gent vervulden
behoorden mede tot dit slag van leden : jonker Antoon
Triest, zoon van Nicoldas, en jonker Jan van Hembijze,
Zoon van Bussaard, deze laatste te onderscheiden van.
zijnen neef en naamgenoot (zoon van Willem), van wien
Van Meteren getuigt, dat hij waseen « onervaeren, geld-
gierig, stout en’streng » man, de gezel van den niet min
beruchten heer van Rijhove.
Het was den rederijkeren niet verboden, van de eene
kamer tot de andere over te gaan, hoewel dergelijke voor-
beelden zich maar zelden voordeden. Alleenlijk waren zij,
in zulk geval, verplicht, de doodschuld te kwijten bij het
gilde, waar zij hun ontslag gaven. Het Jaarregister van
Gent over 1507-1509 (2 deel, bl. 72") maakt ons bekend
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2 p $
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(1) « ru Criecke, f Joos, es ghecommen int gilde als vertoogher. »
(Einde er XVIe of heen der XVII eeuw.)
%
( 562 )
met eene beslissing, door de schepenen der stad nopens
den overgang van de eene naar de andere broederschap
genomen :
_« Kennelic zij allen lieden dat gheselscap van Marien
theeren, in S' Jacopskercke binnen Gend , over hemlieden
ende vervanghende dander drie vanden rethorijken binnen
der selver stede, over een zij, ter causen van Janne vanden
Plassche ende gheselschiept van den name Jesus, gheseyl
de Balseme, over andere, zijn bij tusschen sprekene van
ons, her Gillijs vanden Eechoute, presbiter, ende meestre
Jacopt de Hont, veraccoordeert van al sulcke questie ende
ghescille van ghedinghe als tusschen hemlieden gheweest
es, ter causen van dat de voorn. vanden Balseme anghe-
nomen hadden den voors. Jan vanden Plassche jeghen
gheselschepe vanden voorn. von Marie theeren , ende es
tappoyntement onder andere, dat de voorn. Jan vanden
Plassche blijven sal int voorn. gheselschap, sonder tcon-
sent vander voors. vier ghuldene, ende ele van hemlieden
blijft in zijndre hoocheyt, vrijhede, als hemlieden ver- -
leenet es. Actum den XV* in Sporkele XV°VIIL. »
Wat bij de leden van Maria ter eere vooral het voor-
werp eener ongemeene zorg schijnt geweest te zijn, is het
graekeed marie zij in optochten , zooals inhalings-
‚stoeten, gi gangen, verbroeder ingsfeesten
en speelreizen naar dader plaatsen, pronkten. De bestuur-
ders der overige stadsgilden van Gent hadden het recht,
de mouw hunner staatsiekerels te voorzien van gebor-
_ duurde « lelyen metter wortelen,» en de eed van Maria
ter eere volgde eerstgenoemde hierin ten jare 1509 na.
| en 2e schutters van S*-Joris, fier op hun privilege, bekloegen
( 565 )
zich wegens deze aanmatiging bij de schepenen, die den
21 November 1509 onzen rederijkers verbood nog met
dergelijke « parure » te verschijnen. Het jaar nadien,
evenwel, vroegen laatstgenoemden aan het magistraat
oorlof, om eveneens den lelietak op de mouw te mogen
dragen, te midden van achttien M, die den naam van
hunne patrones verbeeldden. De vraag werd ingewilligd,
onder nadrukkelijk beding, dat aan den vorm, de lengte
of schikking der leliën, in den toestemmingsbrief duidelijk
bepaald, geene de minste verandering mocht worden toe-
gebracht. Ziehier den bedoelden schepenenbrief, voor de
eerste maal in zijn geheel medegedeeld :
« Allen den ghonen etc. Scepenen ende Raed van de stede
van Ghendt, ghesien ende ghevisiteert de oetmoedeghe
supplicatie onslieden ghexybeert ende overghegheven bij
dekin ende proviserers vanden gheselscepe ende ghulde
van Marien theeren in sente Jacops keercke, als eene van-
den vier cameren ende vander edelder aerte ende conste
van rethorijcken binnen deser stede, omme volghende den
andren drie cameren der eeren der zelvere ende der edelder
Consten te moghen draghene den tac van eender lelye up
haerlieder mauwe, zonder eeneghe prejudieie oft vermin-
dertheden vander blomme ende lelye vanden ouden ghulde
van mijnen heere sente Jooris, zo tzelve ghulde bij onslie-
den inde possessie ghestelt ende ghewijst es, volghende der
acten dies mencioen makende, ende ten fijne alle broe-
derlicke minne ende eendracht onderhouden ende an alle
zijden ghevoedt te werdene, ende te scuwene alle twisten
ende ghescillen , die nu oft naermaels rijsen mochten, so
eyst dat bij goeder delibéracien van rade, daerup ghehadt,
wij den zelven ghulde ende gheselscepe van Marien theeren
>
( 564 )
tsente Jacops gheconfirmeert , gheoctroyeert ende ghecon=
senteert hebben over hemlieden, huerlieder naercommers
naer tadveu ende consent vanden voornoemden auden
ghulde van sente Jooris, tguent dat hier naer volght, te
wetene : dat zij van nu voort an, ghelijc alle de andere
gheselscepen, zullen moghen dragten eenen lelijen tac up
de mauwe van huerlieder kerels, staende ende spruutende
met zijnen loveren uut eender herte, up tzelve herte ghe-
screven : Rethorica, ende boven der herte up deen zijde van
den tacke eene Æ, ende an dander zijde een schelpe met
eenen stocke van sente Jacop, hanghende an een loof kin,
tsamen dweers ghecoppelt met een rollekene, daerinne
ghescreven staende : Marien theeren , den zelven tac met
zijnen loveren boven met twee lelije botten, tusschen
den zelven twee botten eene opene lelije, daar uut spruu-
tende tbeelde van Marien, den zelven tac lanc metter beel-
den commende tot aen den naet vander mauwe ende
herte tsamen een vierendeel van eender helle, ende
dézelve huerlieder mauwe bezayende met lettren vander
AL, tot achtiene , niet min, maer meer, up de panden van
huerlieder kerels ende eldre, indient hemlieden belieft,
zonder den zelven tac te moghen veranderne in lijngden,
breedden metter devijsen oft anderssins in eenegher wijs,
emmers in der vormen ende manieren zo daude ghulde
van sente Jooris eenen ghelijeken patroon over hemlieden
rustende hebben, zij dekin ende huerlieder naercommers,
ghuldebroeders vanden zelven ghulde van Marien theeren,
hemlieden verbindende ter contrarien niet te gane, doen
-~ oft laten gane in eenegher manieren, hemlieden ende
huerlieder naercommers daer inne condampneerende, van
. welcken onsen ottroye eonfirmacie, consente ende con-
dempnacie, zijlieden vanden gulden versochten onse opene
(565) - ”
lettren, die hemlieden gheconsenteert waren, te wetene
dese jeghewordeghe…. Actum den X°" dach van Wede-
maent a° XV° ende tiene (1). »
Ten spijte van die stellige verbintenis, door Maria ter
eere jegens ’t oud en machtig S'-Jorisgilde aangegaan; had
Jacob de Meyer, volder en bestuurlid onzer kamer, in 1 513
andere lelietakken op de mouw gedragen dan waarop hij
recht had. De voetboogschutters, even naijverig op hun
privilege als welk ander gilde, teekenden deswege bij de
schepenen protest aan , en brachten hunne grief vóor den
Raad van Vlaanderen. De uitspraak kon niet twijfelachtig
zijn : de bestuurder van Maria ter eere werd veroordeeld
om de ongeoorloofde lelietakken van de mouw zijns kerels
-te doen verdwijnen « ende die, in reparatiën vanden con-
tracte ende gulde (van S'-Joris), te bringhene ende latene
up den (eer sivolgenden) zondag, ter messen in de capelle
van S* Jooris. »
Eenige jaren nadien ontstond onder de broeders der
kamer zelve nopens het dragen der lelietakken een geschil,
dat wij ook meenen te moeten doen kennen. Enkele leden
namelijk hadden, zich grondende op verouderde verorde-
ningen, den lelietak met het naamcijfer van de gilde-
patrones niet op de mouw, maar op de slip der kerels
doen borduren, en tevens verwaarloosd de verbroederings-
feesten met de andere rederijkerskamers bij te wonen. De
deken en de meerderheid der leden, zich houdende aan de
jongste verordeningen, als voordeeligst aan °t genootschap, -
(1) Oorspronkelijk stuk, op nine met Li dar sga in Aeg |
Was. — Archief der Ste-Jacobskerke.
( 566 ) |
wendden zich tot de schepenen van Gent, met verzoek,
over het geschil uitspraak te doen. De beslissing , geheel in
den zin van het bestuur, luidde als volgt :
« Allen denghonen die dese presente letteren zullen
sien oft hooren lesen, scépenen ende Raed vander stede
van Ghendt, saluut, met kennessen der waerhede. Doen te
wetene dat naer de questie, different ende gheschil voor
ons upstaende ende gheroert in Cameren, tusschen Jan
de Mets, dekin in desen tijt vanden gheselschepe ende
gulde van Marien theeren, in sente Jacops kercke, met-
gaders den meesten deel vanden supposten ende gulde-
broeders vanden zelven gulde, als eene vande vier Cameren
vander edelder aerte ende conste van Rethorijcken binnen
deser stede, ten eender zijde, ende Jan de Rouck, Jacob
Boelins ende huere complicen, totten ghetale van achte
ofte neghene ghuldebroeders ende nu ter tijt proviserers
vander voorn. ghulde, ter andere, spruutende ende toe-
commende uut causen, dat de voorn. dekin met zijnen
adherenten versochte den voors. Jan de Rouck, Jacop
Boelins ende huere complicen bedwonghen ende ghecon-
dempneert te werdene , als proviserers dese jaerschare , up
huerlieder mauwe te draghene de blomme van borduere
ofte lelijetack, besayt met achtiene letteren Æ, zo tselve
uut crachte van zekere letteren van ordonnancie van Sce-
penen den voorsaten, in daten vanden tiensten in Wede-
maendt XV" ende tiene, alhier te wette gheexhibeert, oynt
zindert wel gheuseert ende onderhouden hadde gheweest,
ende boven dien ooc dat zij vulcommen ende onderhouden
zouden de broederlicke jonste, conversacie, minne ende
eendrachtichede metten anderen drie cameren van Retho-
___rijcke binnen deser stede, ende volghende dien te presen-
( 567 )
terene den wijn, te lovene, ende andere solempniteyten te
onderhoudene ter eeren van ele vanden voorn. drie Came-
_ ren van Rethorijeken, up huerlieder dach vander kuere,
zoomen ooc tzelve zekeren termijn van jaren gheobser veert
hadde ende ghelijk ele vanden zelven drie cameren hemlie-
den ende huerlieder gulde jaerliex deden ; daer jeghens de
zelve Jan de Rouck, Jacop Boelins, met huere complicen ,
hemlieden opposerende, zeyden dat zij dies onghehouden
_ zijn moesten, emmers nopende den draghene vanden lelie-
tack upde mauwe , ghemerct dat zij de meeste menichte
waren vanden proviserers ende eedt vander voorn. gulde,
die thuerlieder incommene int voornoemde gulde niet
voerdere verbonden en waren dan naer dinhouden vanden
_ouden confirmacien, dewelcke bij expresse verclaersde ,
dat men tselve draghen zoude onder an den naet vander
sleppe van huerlieder keerels, daer buten zij niet gaan en
wilden als in de andere naervolghende contrarie ordon-
nancie niet gheaccordeert hebbende, noch ooc van ghe-
lijeken in dandere costen ofte boeten , diemen useerde te
doene ende stellene ten daghe vander kuere van elc vanden
voorn. drie anderen cameren van Rhetorijeken int loven
ende anderssins, hoewel zij in de presentacie vanden wijne
wel te vreden waren naer doude coustume, ende hendelic
zo dat ele van den voorn. partien met meer redenen daer toe
allegierende , bleven ende persisteerden in huerlieder voor-
gaende conelusien. Ghesien ooc de letteren ende ordon-
nancien bijden voorn. dekin ter verifficacie van zijnen -
voortstelle overgheleyt, ende anmeerekende dat de voorn.
vier cameren van Rethorijcken ter eeren van deser steden —
onderhouden ende gheinstitueert zijn , dat die ooc elcan-
deren eere ende bijstant bij presentacien ende anderssins
( 568 )
behoeren te doene, dweleke niet en behoert vermindert
te zijne. Ende boven dien dat de andere voorn. drie
cameren useren ende ghecostumeert zijn huerlieder bor-
duere te draghene boven up huerlieder mauwe, ende niet
ondere ande sleppen. Wy, over ende inden name vander
voors. stede, up al dies in dese sake behoert gheconsi-
dereert te zijne, ghelet hebbende, by rijphede van rade,
hebben ghewijst ende ghecondempneerdt, wijsen ende
condempneren bij desen den voorn. Jan de Rouck, Jacop .
Boelins ende huere complicen, proviserers nu ter tijt
vander voorn. gulde van Marien theeren, nietjeghenstaende
huerlieder opposicie, te draghene up huerlieder mauwe
den lelijetack ende blomme van borduere, zule alst inde
voorn. ordonnancie vanden jare XV" tiene verclaerst staet;
ende boven dien, ooc te onderhoudene ter feeste ende
ghecostumeerde daghen van ele vanden voorn. anderen
drie Cameren, de presentacie vanden wijne, de maniere
van lovene ende andere solempniteyten , zulc ende in alder
manieren alst int leste voorledene jaer ghedaen ende
gheuseert es gheweest, zonder eeneghe veranderinghe.
Behoudens ende wel verstaende, dat van alle andere
pointen ende articlen van laste, ofte anderssins indien
daer eeneghe zijn bij die vand. voorn. ghulde van nieux
upghestelt, buten huerlieder confirmacien ende ordon-
` nancien, alzo verre als die bij ons of onse voorzaten in
wette niet gheoctroyeert ende gheconfirmeert en zijn, de
_ voorn. ghuldebroeders van Marien theeren daerin niet
verbonden en zijn ofte bliven die te moeten onderhoudene,
_ten zij bij huerlieder goeden wille ende consente ofte alzo
_langhe alst hemlieden goedt dijncken zal. Ghegheven in
En kennessen der waerheden, onder den seghele van saken
ET"
Ze Ee
( 569 )
der voors. stede van Ghendt, den xvii” dach van Lauwe,
int jaer duust vijfhondert ende zeventiene » (1).
Men treft van de meerbesprokene parure van Maria
ter eere eene prachtige afbeelding aan, in kleurdruk,
in SERRURES Vaderlandsch Museum , naer eene gemelden
geleerde toebehoorende schildering op perkament, van de
XVI eeuw. Dit blazoen was ook geschilderd op den achter-
sten omslag van ’t oudstbewaarde Rekeningboek van
't gilde (2), doch is aldaar nu geheel uitgesleten.
Thans een woord over de spelen.
Te dezen opzichte leert ons de bevatt der
Gentsche schepenen, van 1478, waartoe Maria ter eere
jegens de gemeente gehouden was. De stadsrekeningen
van Gent maken melding van verscheidene vertooningen,
door de leden onzer kamer bij openbare plechtigheden
op de straat gegeven, zooals, onder andere, ten jare 1508,
ter gelegenheid der feestelijke intrede van keizer Maximi-
liaan (3); nog datzelfde jaar ter vereering van de huwe-
(1) Medegedeeld door Serrure, Vaderlandsch Museum, 1, 445-445. —
Het oorspronkelijk stuk berust ten stadhuize van Gent.
(2) Ziehier den titel van dit register, loopende van 1557 tot 1749 :
Rob x PA P pes 7 1_@.1:: L ET 7 r 217
Onse live Vrouwe theeren, onderhouden in de prochiale kercke van
s dacht, eet Ghendt, en een van ze vier cameren van Reto-
Í ogenden Godt ende de alderh. Maghet
ende Moeder Godt Maria, waerin dat ideren deken moet zijn rekeninghe
doen ten afgane van zijne lwee jaren, — In-4° met perkamenten omslag.
(3) « Item betaelt Jan de Mets, als deken hen ghulde van Marien
theeren, ter causen vander figuere, die zij toochden ter blijder incomste
van der K. M., XXXIX sc. ud. gr. » (Stadsrekening , 1508-1509.) `
me SÉRIE, TOME XXXIII. 39
+
( 570 )
lijksbelofte tusschen hertog Karel en de dochter van den
koning van Engeland, en ’t jaar nadien, bij de uitroeping
van den vrede, gesloten tusschen Duitschland, Engeland
en Frankrijk (1). Deze laatste maal had de gemeente, onder
de vier kamers, prijzen uitgeloofd voor het beste toepas-
selijk spel. Sente Agnete won den eersten, S” Barbara
den tweeden, de Fonteine den derden, en Maria ter eere
den vierden prijs.
Het spel in de kerk had plaats op de dagen dat het
gilde, of een der andere rederijkerskamers, zijn patroons-
feest vierde : O.-L.-Vrouw-Ontvangenis-, S'-Barbara-,
S'-Agneta- en H.-Drievuldigheidsdag. In 1556 speelde
Maria ter eere voor de Fonteine, schuilende onder `t
beschermschap der H. Drievuldigheid, in de kerk van
‘-Nicolaas. Vier spelers namen aan dit vertoog deel. Van
eenen anderen kant kwamen de gezellen der overige
kamers de broeders van Maria ter eere nuen dan met
hun spel genoegen doen (2).
Wij hebben weinig meldingen gevonden van spelen uit
louter vermaak. Deze hadden slechts plaats bij elke ver-
nieuwing der raden, en op het bruiloftfeest eens mede-
broeders. _
Maria ter eere nam ook deel aan landjuweelen , door
schutters- of rederijkerskringen van andere plaatsen
roepen. Zoo zien wij het genootschap in 1485 naar
(1) « Item betaelt den deken van Maria theeren tsente Jacops, Over _
vierden prijs van dat zij insghelijex ter causen voorn. ghespeelt ende
hebben… xn s. ini d, gr. » . (Id., 1508-1509.)
(2) « Item betaelt als de lieden van der Mande speelden, van wijne,
hemlieden ghesconcken up de stellinghe, als zijlieden ghespeelt had-
den, x g. vid. p.» (Gilderekening van 1558.)
ERP dd FEE RS CE ei ET or
( 571 )
Sluis trekken, en met den eersten lauwer terugkeeren (4).
Ten jare 1555 verschenen de vier Gentsche rederijkers-
kamers op een landjuweel te Wervik, terwijl Maria ter
eere in 1558 (2) en in 1565 zich naar Winkel begaf,
denkelijk om er de processie met « eenen love » op te
luisteren. De gilderekeningen maken voorts gewag van
L « festieren » van de boden der rederijkers van Hond-
schote, Ronse (1557); Kortrijk (1560) ; Poperinge, Meche-
len, Oudenburg (1561) en Brussel (1565) : een bewijs, dat
onze kamer ook buiten de stad en het graafschap genoeg-
zaam bekend was.
Niet altijd speelden de broeders van Maria ter eere met
hun eigen kostuum : uitwijzens de gilderekeningen, werd
dit in 4556 gehuurd. Datzelfde jaar bezigde men op de
stelling, voor de « figure » op H.-Sacramentsdag, « ker-
petten en tapijtserije. »
Gelijk alle middeleeuwsche gilden hield onze kamer er
ook eenen nar of zot op na, wiens geschilderde marot ten
jare 1558 vernieuwd werd.
In alle tijden toonde Maria ter eere eene bijzondere
(1) « Item ghegheven ten bevele van scepenen den gheselscepe van
den gulde van sente Barbelen, sente Pieters, ende van onser Vrauwen
van sent Jacops, thulpen van dat zij trocken omme esbatementen ten
schietspele, upghestelt ter Sluus, elkx xx schell. grot. Aaen ue in
Mey LXXXVI. » (St SRE van 1483-86, bl. 41°.)
» [tem die van Onser Vrauwen St Jacops over den uppersten per van
den esbatemente, xxx s. gr. » (Id. van 1485-1486.)
(2) « Item betaelt Mr Symoen Fiers, over de personayge brieven voor
tgheheele jaer , te wetene vanden drie schijnckwijnen, de presentacie van
` der spijsen om tvertooch te Wijnckele, ende omme beede de bruloften,
te wetene van Thomaes de Vos, dekin, ende Marck van Vaernewijc,
onsen facteur, dwelcke loopen ten ghetale bet dan Lxv1 personayge brie-
ven, mis. nm d. gr. » . (Gilderekening van 1558-1559.)
( 572 )
zorg voor hare kapel en de opluistering der goddelijke
diensten. Ziehier eenige aanteekeningen uit het Rekenboek
nopens het voornaamste, wat ten behoeve der kapel in de
XVI° eeuw werd uitgegeven.
De schilder en medebroeder AnDRIES van Mare (1) ver-
vaardigde in 1564 een tafereel, het jaer nadien eenige
afbeeldingen van den H. Geest, en in 1566 een Lieve Vrou-
webeeld. De kapel was ook voorzien van geschilderde
ramen, « siegen met paneelen », « pilaren , daer de prop-
pen in staen », een geschilderd altaar, enz. Op de feeste-
lijke dagen werd ze behangen met « bloemen en kruid. »
Bij de oprichting der kamer, in 1470, diende het altaar -
den Zondag ook voor de tapijtwevers, uit welken hoofde
eerstgenoemde er nu en dan geene eigene misse had. Door
bemiddeling van de geestelijkheid en kerkmeesters der
S'-Jacobsparochie kocht Maria ter eere « de nerringhe
uut der cappelle », met last, dat de kamer op hare kosten
het gestoelte, en een geschilderd vensterraam, de Roede
van Jesse voorstellende, beide ’t eigendom der genoemde
nering, zou overbrengen in de naastbijzijnde kapel, die
voortaan den tapijtwevers zou toebehooren (2).
De beeldstormers, die te Gent zoo menig merkwaardig
kunstgewrocht vernietigden, lieten niets ongedeerd van
hetgeen in deze kapel voorhanden was. Gelukkiglijk had
_ het bestuur zorg gehad, ’t een en ’t ander tegen vernie-
ling te beschutten. Wij lezen in de gilderekening van
1566-67 : « Item eerst betaelt up den donderdach als men
begonste te brekene, als doen wesende den xx" Au-
wedden
(1) Deze kunstenaar woonde op den S*-Elizabeth- of LE
@) Memorieboek van Gent, Ie deel.
:
( 973 )
-gustij XV°LXVI, soe nam ic se om den anliaët te
weerene, de Jaian af te doene van den aultaer, met
andere beelden, die in onze macht waeren af te
oene….. » Zoo iced de gebeeldhouwde altaartafel dat
jaar gered , om toch bij de tweede beeldenbraak in 1578
verbrijzeld te worden (1). Dat er in 1566 wezenlijk ver-
nieling i in de kapel gepleegd werd, blijkt uit de gildreke-
ning van dat j jaar , die ons meldt, dat de schilder WILLEM
GHEERAERTS (GHEEroLFs?) gelast werd een nieuw glas-
Venster te maken; dat de voormelde « siegen met panee-
len » werden gebroken, en de beelden van O. L. Vrouw
en van twee profeten « die de hoofden af waren, »
moesten hersteld worden. — Na den tweeden beeldenstorm
werd de gebeeldhouwde altaartafel vervangen door een
schilderstuk (2). Dit had plaats ten jare 1588, wanneer de
geheele kapel werd hermaakt. De pastoor van S'-Jacobs-
kerk schonk het gilde te dier gelegenheid de som van
20 schellingen, ten behoeve van een nieuw geschilderd
vensterraam.
Maria ter eere schynt niet in het lot te hebben gedeeld
der andere broederschappen, welke (zoo wij ’t wel hebben)
bij besluit des magistraats van 1580 afgeschaft, en wier
inkomsten aan stads behoeftigen afgestaan werden. Hoewel
er eene leemte in de rekeningen onzer kamer bestaat van
1578 tot 1585, en dan voorts van 1589 tot 1612, leveren
de stadsrekeningen het bewijs, dat het gilde nog in 1584,
te gelijk met de drie andere kamers, den jaarlijkschen
(1) Wij meenen dit te mogen vooruitzetten, rem volgens de
rekeningen van 1588, een nieuw altaar werd in aanbesteding gelegd.
(2) « Item betaelt voor een tafereel staende up den se in de zelve
Capelle, xii s. UH gr. » (Gilderekening van 1585-88.)
z
: ( 574 )
onderstand van 12 pond genoot (1), terwijl de verder mede-
gedeelde inventaris der kerkjuweelen laat zien, dat de
broederschap nog in 1586 aan de herstelling haars altaars
dacht. Mogelijk zijn de vermiste gilderekeningen op een
nog niet teruggevonden register ingeschreven.
Wij sluiten dit gedeelte onzer verhandeling met den
gemelden inventaris der juweelen van Maria ter eere, in `t
midden der XVI° eeuw, en op zijde eenige aantekeningen
dragende, die ons leeren op welke wijze de meeste dezer
stuks verdwenen zijn :
Inventaris van allen den juweelen, toebehoorende ende anneclevende
den gulde van Maria THEEREN, de welcke Gillis Ghijselins, als
dekin, metgaders zijn medeproviserers, heeft doen stellen ende
maken int jaer Ons Heeren duyst vijf hondert zeven ende vijftich.
Alvooren so heeft tvn. gulden ellef zelve- Zn margine : Deze blommen
ren blommen, met haren toebehoorten , zijn vercocht ze ding
eghende... ; was pag
jegenwordich aen gn
1584.
Item noch een zelveren hecsele om den Dit hecsele es vercocht uut
enape te draghene, weghende in zelvere crachte ende bij consente
zeven oncen ende acht ingelschen. van mijnheeren scepenen
altaer van Marien ter hee-
ren , ter somme van II lib.
xv s. gr. (1586).
ltem eene schoone zelveren monstrantie,
sluutende in eene custode van ledere
weghende… Le À
(1) In 1584 voor de laatste maal. Sedertdien, zegt BLommAERT, maken
de stadsrekeningen nog driemaal gewag van redr rijkersspelen op ’t sche-
, niet door EES maar door enkele liefhebbers.
gr nij ee”
(575)
Item noch eene scoone root damasten vane.
Noch eenen hameren (?) p"... n°... (pater nòs-
ter?) met eenen zelveren teeckene daer
an hanghende,
ice twee saatn gordijnen i
twee blauwe,
twee gheluwe ende twee roode.
Item een witte cosule.
Item drije corporael bussen
Item een wit aultaer cleed.
Item een passie cleed.
Item twee sticxkins gauden lakens.
Item eenen tenen stoop mette devijse van
en gulden. j
Item eenen kilckt, boven van zelvere.
Noch eene dwale met blauwe strijpen.
Item een aulteer cleed van gulden laekene. |
Item noch een aultaer cleed van Turexsche,
of schilderi
. .
Versleten ende te nyenten.
Verloren.
Es vercocht.
Vercocht bij Bontijnck.
rije.
I
em twee cosulen, deene van étés lae- Verdacht bij Bontijnek.
kene, ende dander van roode camelotte.
ltem twee gheeruselen, deene met zwarten
fluweelen berdekens, ende dander met
_roode camelotten berdekens.
Noch een vasten gheerusele.
Item zeven aultaer candelaers.
Item een ghelaesen ghyole, met helich=
_ domme, besleghen met zelvere , liggende
root fluweelen cussen.
Item een lade, daer ons Heeren hooft in
staet.
Item drije metalen beckenen. `
echene
ka]
Drije rooden cuskins van camelotte.
Een gere bert.
n schoon nieuwe blasoen.
sde à discant bouck.
Vercocht bij Bentijnck,
den Ketel, Doochpoort.
Ghebroken.
Yercocht bij Bontijnck.
Deen ghebroken.
in
( 576 )
Eenen conformatie bouck, ghebonden in 5
berders.
Eenen rooden couffre, slutende met eenen Het slot verloren
maelslote, daer de spelen inne ligghen.
Noch eenen ouden couffre, met diverssche Ghebroken ende bij Bontijnck
pluysinghe, dienende totten spelen , die ghehaelt uuter kercken.
staet in de kercke, bij ons Heeren graf.
Twee latoenen ketenen ende een roede van Vercocht bij Bontijnck. -
mel om een fonteyne = es
pij vaste. Ghesloten.
Verloren
en sa Ts dE hi
i
5
i
id
À
}
J
Šena ae.
Een ijseren busse, slutende met twee slue-
tels, daermen tjaerghelt inne haelt.
Een motalen monstrantie,
Zesse schildekens, die men hanght an de
tortsen shelichs Sacramentsdaghe.
Twee ghescilderde plateelen, om de. voors.
tortsen
: rtsen.
Een corporael busse van cypresse.
_ Twee blusschers om de tortsen.
Een yvooren paes,
Eene leere, slutende met een slote. Versleten ofte ghebroken.
« Dit naervolghende zijn de nieuwe juweelen, die ghe-
maect waren ter blijder incomste van de K. M' ende den ;
prince, zijnen zone, conijnck van Spaengen, de welcke |
_ghebuerde op den xı" Wedemaent XV°XLIX, ende deghone
| die vandén gulde van Maria theeren es, van den viere
` Cameren van rethorijcken ten kavele ghevallen zijn
~ jeghens dander drije guldens, die bij Gillis Ghijselins,
dekin int voors. jaer gheweest , nu afghegaen. Dominicus
Sesoyen, nu jeghenwoordigh dekin up dezen inventaris op
den xxv° Novembris XV*XLIX in handen ghedelivreert
zijn.
“Eerst drije standaerden van zijde, eenen
~ metter wapene van deK. M*. ghelu coluer,
FRE M à à ‘+. €. K FER Æ
d ? LAS
(377)
wapene van den prince van Spaengnen,
Vlaenderen, van gheluwe zijde, met riad
zijden frijngen.
ltem twee balsamen, eenen metter wapene
van Vlaenderen , van gheluwe zijde, ende
den anderen metter wapene van Ghend,
van zwarte zijde.
ltem noch zeven zijden roexkins, te wetene
een root, een blau, een ghelu, een groen,
moreyt, een oraenge ende een wit.
Item drije zijden eni een wit, een
Item twee mear ‚een van gheluwe
zijde, metter wapene van oud Vlaenderen,
ende eenen metter wapene van Brugghe.
Item een stick blau sluyere
ltem een stick ghestrijpt sluyere.
Item een leeus hooft, met zijden clauwen.
Een bisscops mijtere.
Twee mutsen met baerden.
Eenen arautsrock.
Item de voorn. Gillis Ghijselins, als deken
veren schale, weghende vijf oncen ende
viere inghelschen.
em noch een selveren scale, die ic, Kaerle
Haerdy, hebbe doen maken in mijn leste
jaer XV<LXII, weghende vu onsen.
HI.
Van begrippen en zeden,
Een verloren.
Een verloren.
Verloren,
Wij meenen deze schets van de geschiedenis der rede-
rijkerskamer te moeten’ volledigen door een beknopt over-,
zicht te geven van ’t bestaan der broed
eere, sedert den tijd, dat zij, ten gevolge der wijziging
- de geestesbeweging der
erschap Maria ter
( 578 )
XVI: eeuw bewerkt, nog enkel een godsdienstig doelwit
begon na te streven (1).
Het getal proviseerders, aanvankelijk van acht tot
twaalf, werd in de XVH” eeuw op achttien gebracht.
De tin bij den deken werd krachtens beslissing
van 22 September 1727 afgeschaft, ten einde geene aanlei-
ding te geven tot buitensporigheden. Er werd vastge-
steld, dat voortaan in de algemeene vergaderingen ieder
lid zijn gelag zou betalen. Joris Tollens, deken in 1739,
stelde dit jaer opnieuw voor om op de octaaf van 't
H. Sacrament eene « hartelycke ende vriendelycke mael-
tydt » te houden, op de boete van 8 stuivers voor elken
afwezige, zonder eenige verschooning. Het bedrag der boe-
ten zou tenzelfden dage verteerd worden. Dit voorstel werd
aangenomen, en de gildemaaltijd bleef in zwang tot 1756,
wanneer zij met algemeene stemmen werd afgeschaft. .
‚Im de XVII? en XVIII eeuw kozen de gildezusters eene
dekenin, welke waardigheid doorgaans aan de echtgenoote
des dekens werd opgedragen. In 1725 ontmoeten wij gok
eene koninginne van de gans (2).
De afgestorvene leden der broederschap werden met
plechtigheid begraven. In den rouwstoet, in welken al de `
tot dienst verplichte leden verschijnen moesten , werden
de banier , en sedert 1652 twee zilveren kandelaars van 1
gilde gedragen.
EA anr ee
(1) Slechts eenmaal, in de XVII: eeuw, schijnen de ige
te maken van een vertoog; althans wij lezen in die va z
1696 : « Item betaelt over cleene muniteyten, te weten, kn
- Vande eruydewageniers, cnape van St Joséph, de groene kleeren, a
| ende clauwieren, xt sch. u gr.» — En nog is het onzeker, of met die
8 amar tene ete tooneelvoorstelling wordt bedoeld.
5 an Verne pens het ganzefeest, onze Geschiedenis ekaia
( 579 )
Nog in dien tijd werden ieden aanvaard, die, mits eene
buitengewone gift, vrijstelling bekwamen van dienst.
à de beeldstormerij werden de kerkelijke oefeningen
met meer plechtigheid dan te voren gevierd; de missen _
werden in muziek gezongen, en aangekondigd door
beiaardspel (1). |
Barbara Spillebaut, echtgenoote van Thomas Goossens,
bezette der broederschap in 1714 eene jaarlijksche gezon-
gen mis op 15 Augusti, en Frans Blanchy en zijne
vrouw Catharina d'Hauwe, in 1757, eene gelijke mis op
2 Februari.
Verscheidene geestelijke voordeelen werden den gilde-
leden, voor het bezoek aan de kapel, verleend, onder
andere door den Bisschop van Gent, den 8 Februari 1686,
en door Paus Innocentius, den 12 Juni 1694. Laatstge-
melde aflaat was, mits voldoening der gestelde voorwaar-
den, door de leden te verdienen ten dage hunner intrede
in de broederschap, op den dag van O.-L.-Vrouw-Hemel-
Vaart, op vier andere door den Bisschop van Gent te bepa-
len feestdagen, of door deelneming aan de processiën, de
begrafenis der leden, °t vergezellen van *t H. Sacrament
aan de zieke medebroeders, en andere liefdadige werken.
— In 1684 werd, zoo wij reeds weten, het tweehonderd-
jarig, in 1754 het tweehonderdvijftig-, en in 1791 het
driehonderjarig jubelfeest der instelling gevierd.
In de processiën werden in de XVII? en XVIII: eeuw,
behalve het blazoen, zilveren bloemen gedragen, eene
eer, voor welke de proviseerders iets ten behoeve der
(1) Dit is : slaan op de klokken, gelijk nog heden iu sommige dorpen
van West-Vlaanderen, op kermistijd, geschiedt. Het is ons niet bekend,
dat er op S'-Jacobstoren vroeger een klokkenspel zou geweest zijn.
( 580 )
kapel betalen moesten. De zorg voor de bidplaats ver-
flauwde nooit. In 1626 werd eene nieuwe vaan gemaakt
van wit damast en zijde, voorzien van een medaillon,
_ geschilderd door Jan Sranius. Het oud altaar werd in
650 verkocht aan den pastoor van Knesselare; toen
werd voor de som van 30 pond groote een tapijt voor de
kapel gekocht, voorzien van verscheidene zinnebeeldige
figuren (1). Een nieuwe standaard van O.-L. Vrouw werd
gekocht in 1657, in welk jaar ook een prachtig altaar-
kleed werd geborduurd. Eindelijk kwam de broederschap
ten jare 1721 in bezit van eenen derden standaard, met
geschilderd medaillon van Lerrar.
e schoone schilderij boven ’t altaar, welke men er
heden nog aantreft, is een werk van Jan van CLEEF, die
er de som van 56 pond groote voor ontving (2). Zij stelt
de Hemelvaart van Maria voor.
Servaas Manrurus, die tal van kerken en kloosters à in
Vlaanderen met zijne gewrochten verrijkte, leverde in
1689 eene gebeeldhouwde nis (3), en in 1706 eenen ge-
sneden voet om de ciborie op te plaatsen (4).
(1) « Petro den schilder over ’t maken der schilderijkens, dienende
voor de tapijten. (Gilderekening.)
(2) « Item raak aen JOANNES DE Creer, over een nieu schilderije
Maria ter ceren, ende het accomoderen van het oude stuck , 36 lib. »
ldrekening van 1675-1679
(3) « Item betaelt aen Servaes Maniutus over de bestedingbe ende het
heuverwerck van het maeken van een verdiep in de capelle van onze Lieve
Vrouwe ter heere 1688-90.
me gilderekening zegt, dat toen de Lou en het altaar werden
ve
mie « pe pesait aen MasiLtus, p beeldesuije, over het maecken van
taer staet, en aen jeuf vrouw
Keravont c over vergulden. 1p. 1 sch. » (1703-1707)
UC a
En FALEN CS |
( 581 )
De wanden der kapel werden ten jare 1675 behangen
| met gouden leêr.
| Ziehier, overigens, eenen tweeden inventaris van de
E kapelsieraden, die der broederschap in 4741 toebe-
-hoorden :
Vier koperen verzilverde kandelaren, eene schotel,
twee ampullen, vijf paar halve potjens, van hetzelfde
metaal, een met zilver beslagen kruis, voorzien van drie
zilveren schilden; eene zilveren kroon voor Maria; een
dito schepter, kroon en wereldbol; negen gouden ringen ;
vijf zilvéren lampen (waaronder er 2 in 1710 gejond door
Paul van der Bilt); zeven kleederen voor ’t Lieve Vrou-
= Webeeld , waaronder drie geborduurde; een groote zilveren
7 kandelaar; zeven paar zilveren bloemtakken; twee paar
= takken met groen gemengd; zeven paar kleinere takken,
_ Vier kleine tapijten ; vier stukken gouden leër enz., enz.
Tegenwoordig telt de broederschap van Maria ter eere
in ’t geheel 44 leden, van beide geslachten. Nog wordt
_ op elken zaterdag aan haar altaar eene misse en lof gezon-
_gen, en de feestelijke octaaf van 8 September eindigt met .
eene processie. Het genootschap, men moet het zeggen,
heeft bloeiender tijden beleefd, ook in deze eeuw, dan
tegenwoordig. Vergelijkt men, bij voorbeeld, de rekening
van 1825 tot 1828 met die dezer- laatste jaren, dan
bemerkt men een echt aanzienlijk verschil (1). De oorzaak
van dit verval wordt geweten aan de menigte der tegen-
_ woordig bestaande kerkelijke broederschappen, die elkan-
der beletten ontwikkeling te nemen.
Em a
(1) In 1803 bedroeg de jaarlijksche ontvangst de som van 78 P. 9 sch.
Courant; — in 1806, 240 pond 14 schell.; — in 1825, ruim 1,117 gulden;
— in 1850, ongeveer 540 francs; — in 1869, 126 fr. 26 c'.
( 582 )
Lijst der bekende set van ’t gilde :
MARIA TER EERE.
PR Rt erv ape ee ede wter ds
Pieter de Groote. ....... 1484
ande Mets, Ee LS 1507
Anselm de Cop... .+ ...:. 1520
Pe Ees Wee enk dens ete te +
Gillis Baervoel. 050 556
Jan: van Bamime . : :,. ...: 1558
Jan van den Thessele . . . .. 1554
Gillis Ghijselijns + 1007
Thomas de Vos in. 1559
Karel Baerdy. vo. 1
Jon Daunat: es 1562
Goosen van der Wijck. 1565
BRR REECE a ee 1568
- Lieven Wieryne. . . . .... 1569
Laurens van der Crayen 1573
Feu van de E Aij 1575
n Bontin: 4 1579
eik vanden ai 1584
WE We dE
veraard van Deele . . . . .. 1628
Jan de Knibbere . . . . .... 1630
Jacob de Keysere. . . . : .. ` 1655
Jacob d'Hondt: NoE AN 1645
Joost Bauwens. : . : :. : .!. 1646
Willem de Beer . . .: .. <: 1650
Pieter d'Hasé;…. zv 2° ie 098
Cornelis de Vroe. . 1650
Gillis d'Hurtere . . . : .. .. 1661
Frans van der Vynet . . . .. 1666
Philip de Vroe... ..... … 1669
Bartel van der Vynct . . . .. 1675
Philip de Groote... . . . .. 1679
n Sostis. Lim ee 1682
Paul Huybrecht ........ 1684
Pieter van Damme. . . . . .- 1686
EEND. cer 1688
Jacob Sauvage. .....--» 1690
Jan de Lodder. .. ...... 1692
Willem Heyse... ..-:-- 1694
Christiaan de Wans . 1696
Pieter de Vleeschouwer. . - -
Gillis Poppe . ...:.:.:: 00
n Neerincx;
FRET ln ER TE
PRES CERN RMS LE ES ET EME EN
Philip Jacob de Graet . 7
Pieter Vercauter. . . .. . . . 177
Frans Hess... aaien 1779
Frans de sus Fast 1776
Frans Bekaert... . . . .. 1782
P. F Verre A re 1785
doppenset ese 805
L. van den Byvanghe ..... 1805
Joost-Lieven Goethals. . : . . 809
PE un 1811
PCA BUG ue 1814
Frans van Beerlere . , . . .. 1817
PR DORE oer A 1820
VERENOrWME LS iii 1825
Ferdinand Job, i.e. 1825
F. J. Bogaert-Declercq 1828
À. J. Lancksweert. . ., . , .. 1854
z J. ré at r ee 1857
MRE n 1840
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CG Career. iedee 1845
%
( 584)
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Senice du 6 juin 1872.
M. Ép. Féris, directeur.
M. Ap. QuETELET , secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geefs, A. Van Hasselt,
H. Vieuxtemps, Jos. Geefs, F. De Braekeleer ,C.-A. Fraikin,
Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le chev. L. de -
Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq,
E. Slingeneyer , A. Robert, F.-A. Gevaert , Ch. Bosselet,
membre; Éd. De Biefve, correspondant.
M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’intérieur envoie divers ouvrages
pour la bibliothèque de la Compagnie. — Remerchmen? ;
et inscription des titres au Bulletin.
— La classe reçoit également, comme hommage de la
part de deux de ses associés, les travaux suivants :
1° Geschichte der bildenden Künste (4 vol. in-8°), par
M. Charles Schnaase ;
EN TARA zis
EKET ess peer ag rm a
( 585 )
2 La Vénus de Milo, par M. Félix Ravaisson; in-8°.
Remerciments.
— M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de la
Commission de la Biographie nationale, un exemplaire de
la première partie du tome IV° (Charles II — Cotty) de ce
recueil, qui vient de paraître.
CONCOURS.
D’après les conditions du programme de cette année, le
terme fatal pour la remise des mémoires en réponse aux
questions littéraires expirait le 1° juin.
Aucun mémoire n’est parvenu.
oo Muu emmen
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
pri royale des sciences, des lettres et des beaux-arts
e Belgique. — Biographie nationale, tome IV®*, 1" La
| nie H — Cotty). Bruxelles, 1872; in-8°.
De Koninck (L.-G.). — Nouvelles recherches sur les ani-
maux fossiles du terrain carbonifère de Belgique. 1" partie.
Bruxelles, 1872; in-4°. |
2me SÉRIE, TOME XXXII. 40
( 586 )
Henry (L.).— Untersuchungen über die Glycerinderivate, V. :
Berlin; in-8°.
Nyst (H.) et Mourlon (M.). — Note sur le gîte fossilifère
d'Aeltre (FL. or.). Bruxelles , 4871 ; in-8°.
Mourlon (Michel). — Esquisse géologique sur le Maroc.
Bruxelles, 1871 ; in-8°.
Janssens E.). — Annuaire de la mortalité. 10° année.
Bruxelles, 1872; in-8°.
… Thielens (Armand). — Notice sur quelques plantes rares ou
_ nouvelles de la flore belge. In-8°.
De Wilde (P.). — Traité élémentaire de chimie générale et
descriptive. Tome 1%. Chimie générale. Bruxelles, 1872; "+
in-12.
Bernardin. — Nomenclature usuelle de 550 fibres textiles.
Gand, 1872; in-8°; — Classification des huiles et des prune
végétales. Gand , 1871 ; in-8°.
De Gehautheete de Tervarent (le chev. ). — Inventaire général
et analytique des archives de la ville et de l'église primaire de
Saint-Nicolas (Waes). Bruxelles, 1872; gr. in-8°.
Van Maldeghem (R.-J.). — Trésor musical, musique reli-
gieuse, 8° année. es 1872; in-4°. (Envoi du Ministère. )
Revue de Belgique, Ame année, 4° à 6° livr. Bruxelles,
1872; 5 cah. in-8°.
Musée de l’industrie de Belgique. — enne mai 1872.
Bruxelles; in-8°.
L'Abeille, 18% année, Ave à Gee livr. Bruxelles, 1872;
5 cah. in-8°. _
Chronique de l’industrie, vol. 1, n™ 9 à 21. Bruxelles,
1872; 15 feuilles in-4°.
Bulletin des archives d'A nvers , tome IV, 1° et dernière
_ livr.; tome Vee, tre livr. Anvers, 1872; 2 cah. in-8°.
Journal des Beaux-Arts , XIVme année, n° 6 à 41. Saint-
- - Nicolas, 1872; 6 feuilles in-4°.
EEE Re MORE RER De es SE Er en vie Sl deg ie PAM E a a n E
os
( 587 )
Société d’'Émulation de Bruges. — Annales, 5° série,
tome XVIIe, n° 1 et 2. Bruges, 1872; in-8°.
Société des mélophiles de Hasselt. — Bulletin de la section
littéraire, 8% vol. Hasselt, 1871 ; in-8°.
Société entomologique de Belgique. — Compte rendu de
l'assemblée générale du 6 avril 1872. Bruxelles; in-8°.
Société royale de botanique de Belgique. — rare
tome IX. Bruxelles, 1870-1871 ; 5 cah. in-8°.
L'Illustration horticole, tome XIX, 4° et 5%° livr. Gand;
in-8°.
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin |
3me série, tome VI, n° 5 et 4. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°.
Société royale de pharmacie à Bruxelles. — Bulletin,
#8" année, n° 4 à 6. Bruxelles, 1872 ; 5 cah. in-8°.
Écho ET et pharmaceutique belge, III™ année, n™ 4 et
5. Bruxelles, 1872; 2 cah. in-8°.
Annales de médecine vétérinaire, 21% année, n°° 4à 6,
avril à juin. Bruxelles, 4872; 5 cah. in-8°.
La Presse médicale belge , 24™ année, n°* 14 à 26. Bretelles,
1872; 15 feuilles in-4°.
% Scalpel, 94m: année, n°° 40 à 52. Liége, 1872; 15 feuilles
in-4
L'Écho vétérinaire, 2» année, n” 1, 2, 5. Liége, 1872;
5 cah. in-8°.
. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 28° année,
avril à juin. Anvers, 4872; 5 cah. in- -8°. -
Annales dé la Société médico-chirurgicale de Liége ;
41% année, avril à juin. Liége, 1872; 5 cah. in-8°.
Pimentel (Henriques). — Onderwijs der wiskunde. La Haye,
1872; petit iù-12.
Wolowski (Léon).— L'or et l'argent. Paris, 1870; 1 vol. in-8°;
— La liquidation sociale. Paris, 1871 ; in-8°; — Discussion du
projet relatif à la dénonciation du traité de commerce de 1860
avec l'Angleterre. Paris, 1872; in-8°.
( 588 )
Ravaisson (Félix). — La Vénus de Milo. Paris, 1871; in-8°.
Association pour l’éncouragement des études grecques en
France. — Annuaire, bee année, 1871. Paris, 1871, in-8°.
Houdoy (J.). — Chapitres de l'histoire de Lille. Lille, 1872;
gr. in-8°.
Delesse et De Lapparent. — Revue de géologie pour les
années 1868 et 1869, VIH. Paris, 1872; in-8°.
Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus heb-
domadaires des séances, tome LXXIV, nes 44 à 26. Paris,
1872; 15 cah. in-4°.
Revue britannique, mars, avril et mai, Paris, 1872; 5 cah.
in-8°. i
Revue hebdomadaire de chinita zee année, n% 25 à 59.
Paris; 17 cah. in-8°.
Journal 221 OTN, 1872, tome IF, n°° 156-168. Paris:
15 broch. in-8°.
Archives de médecine navale, 1872, n! 4, 5, 6. Paris;
5 cah. in-8°.
Société linnéenne de ‘Normandie, à Caen. — Bulletin,
zme série, Ar, me, Zee et Ame volumes, années 1865 à 1869.
Caen; 4 vol. in-8°. -
Bulletin scientifique du département du Nord, à Lille,
4me année, n° 4. Lille, 1872; broch. in-8°.
Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome VI,
n° 4. Lille, 1872; in-8°.
Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l'homme,
VHI” année, 2° série, tome IHI. Toulouse; in-8°.
. Société d'agriculture de Valenciennes. — Revue agricole,
mars et avril 1872. Valenciennes; in-8°.
Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin. — Sit-
zungs-Berichte im Jahre 1871. Berlin, 1871 ; in-8°.
Naturwissenschaftlicher Verein in Carlsruhe. — Verhand-
jagen , V. Heft. Carlsruhe, 1871 ; in-8°.
Justus Perthes’ geographische Anstalt zu Gotha. — Mit-
( 589 )
theilungen, 18. Band, V, VI; — D mot ie n° 52. Gotha,
3 cah. in-4°.
Naturhistorisches Landes-Museums von Kärnten, zu Kla-
genfurt. — Jahrbuch, Xr Heft. Klagenfurt, 1872; in-8°.
Von Kobell (Franz). — Die Mineraliensammlung des Baye-
rischen Staates. Munich, 1872; in-8°; — Nekrolog. : K.-F.-P.
von Martius; Ch. E.-H. von Meyer; K.-A. von Steinheil; John .
F.-W. Herschel. Munich , 1872; 4 cah. in-8.
nnen in Neisse. — Siebzehnter Bericht. Neisse;
1872; in-8
Ph dane -medecin. Gesellschaft in Würzburg. — Verhand-
lungen, neue Folge, IL. Band, 4. Ben Wurtzbourg, 1872;
in-8°,
Société nnbriile des naturalistes à Moscou. — Bulletin,
1871, n% 5 et 4. Moscou, 1872; in-8°.
Société royale des sciences à Upsal. — Novà acta, seriei
tertiae, vol. VIII, fasc. I. Upsal, 1871; in-#; — Bulletin
météorologique mensuel de l'Observatoire de l'université,
vol. I, n° 4-12; vol. H, n° 7-12; vol. HI, n° 1-6, 7-12.
Upsal , 1869-1871 ; 4 cah. in-4°.
Parlatore (Filippo). — Le specië dei cotoni. Florence,
1866; in-4° avec portefeuille in-folio.
Miller (W.-H.).— A tract on crystallography. — A ntt
on crystallography. — On the erystallographie method of
Grassmann. Cambridge et Londres; 3 vol. in-8°.
Royal asiatic Society of Great Britain and Ireland, at
London. — Journal, new Series, vol. V, part 2. Londres,
1871 ; in-8°.
Ro val institution of Great Britain at London. — Procec-
dings, vol. VI, parts 5-4, n° 54-35. Londres, 1871 ; 2 cah. in-8°.
Geological Society of London. — The À sn) journal,
- n° 410. Londres, 1871 ; in-8°.
Statistical Society of London. — Journal, march, 1872,
vol. XXXV, part 1. Londres; in-8°.
( 590 )
Zoological Society of London. — Transactions, vol. VHI,
pÀrt 1. In-4°; — Proceedings for the year 1871. In-8°.
Meteorological Society of London. — Quarterly journal,
1872, april. Londres; in-8°.
Sociely of antiquaries of London. — re Re second
series, vol. V, n° 5. Londres; in-8°,
The Mechanic’s Magazine, vol. 96, n°* 2479 à 2489. Lon-
dres, 1872; 11 doubles feuilles in-4°.
The Academy, n% 45 à 51. Londres, 1872; 7 feuilles in-4°.
Nature, vol. VI, n°193 à 138. Londres, 1872 ; 16 cah. in-4°.
Harvard University at Cambridge (U. S.). — Forty-Sixtieth
annual report, 1870-1871. In-8°; — A catalogue of the Oflicers
and Students for 1871-1872. Cambridge; in-12.
Fin pu Tome XXXIII DE LA 2% SÉRIE.
BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
TABLES ALPHABÉTIQUES
DU TOME TRENTE-TROISIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE.
1872.
TABLE DES AUTEURS.
A.
Académie royale des beaux-arts de Berlin. — Envoi du programme de
son exposition de 1872, 556
Académie royale des sciences d'Amsterdam. — Envoi du Roga de
son concours littéraire de 1872 pour la fondation Hoefft,
.
Acar. — Dépôt de ses observations sur la floraison faites à Anvers en.
Administration communale de Bruges.— Hommage d'ouvrage, 555.
Alberdingk Thym. — Élu associé de la classe des lettres, 45; remerci-
ments, 512. :
Alvin (L.). — Élu directeur de la classe des beaux-arts pour 1875, 85;
remerciments, ibid. ; communication au sujet de la per centrale des
artistes, 84; état des recettes et des dépenses de cette institution pen-
dant l'année 1871, 160; quelques mots touchant era du droit
de conquête aux monuments de l’art, 265; nommé membre de la com-
mission pour l'examen des questions concernant le voyage des lauréats
des concours de es 482; réélu membre de la commission adminis-
trative, ibid.
`
592 TABLE DES AUTEURS.
Antas (le et M. d'). — Élu associé de la classe des lettres, 450 ; remer-
Ciments
Argelander s . — Célébration de son 50e anniversaire de doctoral, 170.
Association britannique pour l'avancement des sciences: — Annonce
- que sa réunion de 1872 aura lieu à Brighton, au mois d’août, 358.
B.
Balat (Alph.). — Nommé membre de la commission pour l'examen des
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 482.
Basevi (A.). — Élu associé de la classe des beaux-arts, ! 85; remerciments,
159; hommage d'ouvrages, ibid; accuse réception de son diplôme, 262.
anis — Communique ses observations zoologiques faites à Melle-
En à épôt de ses eee sur l'état de la végétation à
e le 21 mars et le 21 avril 1872, : 299
"he publique de Stuttgart. — poem l'échange de pue
429.
tions
Boë (Ad. de). — Dépôt du gens de ses observations météorologiques
faites à Anvers en 1871, 171.
_ Borchgrave (Ém. de). — ie pour une note de M. Varenbergh
_ concernant les relations extérieures de la Flandre au moyen âge, 129 ;
rapport sur cette note, 242; commissaire pour la notice de M. Varen-
bergh, intitulée : Ug ding au XIIIe siècle, 228, 450; lecture de son
rapport sur ce travail, 334.
_Boset (A.). — Dépôt rl billet cacheté , 558.
Bosselet (Ch. ). — Élu membre titulaire de la classe des beaux-arts, 82;
approbation royale de cette élection, 138; remercîments, 159; nommé
membre de la section permanente du jury du grand concours de com-
position musicale, 482.
Botesu (N.-S$1.). — Présente un mémoire sur la propriété de la série er
ique, 495.
Brachet (4.). — Présente un mémoire sur un nouveau réfracteur binocu-
- laire destiné aux observations sidérales, 500; pa de verbal de M. Du-
prez sur ce travail, 575.
Briart (Alph. ). — Notice sur la iti out coquilliers
dans le terrain houiller du Hainaut, 2; rapports de MM. Dewalque et
8.
-~ Burbure (le chev. L. de). — Nommé membre de la section permanente
du) jury du grand concours de composition musicale, 482.
TABLE DES AUTEURS, 595
C
Candèze (E.). — Commissaire pour la note de M. F. Plateau concernant
les Myriapodes de Belgique, 300 ; rapport sur ce travail, 57
Catalan (E.). — Rapports de MM. Liagre et Gilbert sur son mémoire
concernant quelques produits indéfinis, 4,'5; commissaire pour le mé-
moire de M. Saltel concernant certains systèmes de courbes géomé-
triques, 95; adhère au rapport de M. Gilbert sur ce travail, 574;
adhère au rapport de M. Gilbert sur une note de M. Orloff concernant
les équations différentielles ane 106; théorème de géométrie,
107; commissaire pour le mémoire de M. Gilbert sur l'existence de la
dérivée dans les fonctions continues, 171 ; rapport sur ce travail, 560;
commissaire pour le mémoire de M. Mansion concernant les solutions
singulières de l'équation Ay’? + By + C = 0, 500; commissaire pour
le mémoire de M. Botesu sur la propriété de la série harmonique , 495;
réponse à la note de M. Gilbert, intitulée : Sur une objection proposée
par M. Catalan, 502.
Cavalier (J.). — Communique ses observations météorologiques faites à
Ostende en 1871 et les résumés de mars et avril 1872, 2, 299, 559.
Cercle artistique des aa ged rhénanes. — Fait connaître l'époque de
ses expositions mensuelles, 1
Chalon (R.). — Commissaire pour + mémoire de M. De Smet sur kand
Hainaut, sire de Beaumont, 54; lecture de son rapport sur ce travail,
252; hommage d'o ouvrage, 429.
„Christ. — C i étéorologi faites à Chimai
Cocheteux (Ch). — Dépôt d’un billet cacheté , 299.
échevinal de Dinant.— Envoi d’une circulaire annonçant le projet
ever, dans cette ville, un monument à la mémoire de Wiertz, 159.
Coprs has d'anthropologie. — Le comité d'organisation
la Ge session adresse le programme de sa réunion, 358, 429.
Toini a ). — Commissaire pour la notice de M. De Potter, intitulée :
De Rederijkerskamer « Maria ter eere » te Gent, 228; adhésion au
rapport de M. Snellaert sur ce travail, 524; commissaire pour la recti-
fication présentée ar M. De Potter à sa notice intitulée : Hoe en waar
overleed aen van, Artevelde? 228; lecture de son rapport sur ce
travail, ssaire pour la notice de M. De Potter concernant la
généalogie e P au XIVe siècle, 430; commissaire pour la
notice de M. Vuylsteke, intitulée : Aanteekeningen op de twee opstellen
van den heer Frans De Potter , geslachtboom der Artevelden en Hoe en
waar overleed Philip Van Artevelde, i
594% TABLE DES. AUTEURS.
Cornet. — Notice sur la position stratigraphique des lits coquilliers dans
le terrain houiller du Hainaut, 21 ; rapports de MM. Dewalque et d’Oma-
lius sur ce travail, 6, 8
Craco (Aug). — Envoi due brochure , en réponse à la question de
concours concernant les rapports du capital et du travail, 252
Crépin (F.). — Présente un mémoire intitulé : Prodrome d'une mono-
graphie générale na Roses, 495
Crets (G-H.). — Envoi ze chronogramme composé à l'occasion du
jubilé de l’Académie, 512
ruts (G.). — Hommage das nt manuscrit , à l’occasion du jubilé
de l’Académie, 512,
Curtius (Ern.).— Élu associé de la classe des lettres, 450 ; remerciments,
512.
D.
Davreux (P.). — Présente une note sur les minéraux belges, 92; rapports
de MM. Dewalque et Donny sur cette note, 310, 512; impression, 324.
ue + de end — he ercie la classe des lettres comme directeur, 55;
u jury du concours Guinard , 511.
Dans (Bug). - — Panos de sa mort, 52.
Delbeeu; e un mémoire relatif à des recherches sur la mesure
des sensations de lumière et de fatigue, 559.
ian nd (G.). — Rapport sur la notice de MM. Briart et Cornet concer-
a position stratigraphique des lits coquilliers dans le terrain.
Kuia du Hainaut, 6; discours prononcé aux funérailles de M. Spring,
95; rapport sur le mémoire de M. Havrez concernant l’a bsorption des
sels métalliques par la laine mordancée, 175; rapport verbal sur la
nouvelle rédaction du mémoire de M. Malaise concernant le terrain silu-
ni du centre de la Belgique, 500; rapport sur la troisième note de
M. L.-L. de Koninck et P. Davreux concernant les minéraux belges,
310; ouverture d'un billet cacheté, 588.
Dieltjens. — Envoi à l'Académie, par M. le Ministre de l’intérieur, de Sa
requête demandant que la pension de voyage accordée aux lauréats des
cours d'architecture soil majorée,
Donny (Fr.). — Commissaire pour une note de MM. L.-L. de Koninck et
Sien Marquiit, nue : rs l'action ga porone de gege sur la
ette note, 104;
rapport sur la rectification à la Brive de MM. TE de Fos et Mar-
quart concernant la Bryonicine , 6; rapport sur la notice de M. Swarts
concernant les dérivés par addition de l'acide itaconique et de ses
TABLE DES AUTEURS. 595
. isomères, 11 ; commissaire pour une note de MM. Lois de Koninck
el P. Ds à sur les minéraux belges, 92; adhésion au rapport de
- M. Dewalque sur cette note , 312; annonce que la notice de M. Tommasi
concernant l'action de l'iodure plombique sur quelques acétates mé-
talliques a déjà été publiée, 104; rapport sur le mémoire de M. Havrez
concernant l'absorption des sels métalliques par la sry mordançée,
173; nommé membre du jury du concours Guinard, ÿ
“al Ber — Sur une nouvelle exploration des cavernes | d'Engis, 504.
ez (Fr.). — Commissaire pour sad note de M. Van der Mensbrugghe
concernant un fait remarquable qu’on observe au contact de certains
liquides de tensions superficielles es dires, 92; adbère au rap-
port de M. Plateau sur cette note, 172; présente son rapport pour le
Livre commémoratif, 226; commissaire pour le mémoire de M. Brachet
$
3
ncern
tions sidérales, 300; rapport verbal sur ce travail,
E.
Egger (E.). — Hommage d'ouvrage, 513.
Eichhoff (G.). — Hommage d'ouvrage, 515.
P.
Faider (Ch). — Hommage d'ouvrages, 53; commissaire pour les mémoires
de concours concernant les rapports du capital et du travail, 150; rap-
port sur ces travaux, 472.
Fétis (Éd.). — He à la classe des beaux-arts de voter des remerci-
ments à M. Gallait, directeur sortant , 85; lecture de son rapport sur
les travaux de la classe des beaux-arts depuis sa création, 83, 162;
dépôt de ce rapport, 337, 482; lecture du rapport de la commission
ja Ares d’un a destiné aux expositions triennales, 557;
nommé membre de la commission pour Fem des questions concer-
nant He voyage des lauréats des concours de Rome, 482.
Folie (F.). — Présente une notice intitulée : Sur LE “calcul de la densité
moyenne de la terre , d’après les observat ions d'Airy, 171; rapports de
MM. Liagre et Gilbert sur cette note, 369, 571; impression, 589.
Franck- (J.). — Nommé membre de la comm mmission pour l'examen des
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 482.
_ Fries (Elias). - — Remereie pour son élection si é,
596 TABLE DES AUTEURS.
NN m“
G.
Gachard (P.). — Jeanne la Folle et Charles-Quint, 2 partie, 56; ;
envois d'ouvrages, 128, 512; voyage de Paul Ier en Belgique en 1782,
à :
Gallait(L.). — icati jet de sa conversa tion avec le Roi, le
jour de lan, 81; remercie la che des beaux-arts comme directeur
sortant, 85; élu membre du comité directeur de la Caisse centrale des |
artistes, 161; proposition faite au comité de la Caisse, ibid. ; communi- |
ee Le sujet T un pange pour les ezponitions Wiener ze beaux-
ns
zesti0
E
„Coneernant le voyage des lauréats des concours de Boie: 482.
Geefs (G.). — Nommé membre de la commission pour l'examen des ques-
tions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 482.
Gevaert (Aug). — Élu membre titulaire de la classe des beaux-arts, 82;
‘approbation royale de cette élection, 158; remerciments, 159; nommé
membre de la section permanente du jury du grand concours de com-
position musicale, 482; id, de la commission pour l'examen des ques-
tions ane le voyage des lauréats des concours de Rome, ibid.
Ghaye (M.). — Annonce de sa m
Gier (Ph). — Adhésion au rapport de M. Liagre sur le mémoire de |
Catalan concernant quelques produits indéfinis, 5; commissaire pour à
|
1
zt AN 4
le mémoire de M. Saltel concernant certains systèmes de courbes géo-
métriques, 95; rapport sur ce travail, 574; rapport sur la note de
M. Orloff Gaeren: les équations différentielles réciproques, 105; sur
l'emploi des imaginaires dans la recherche des différentielles d'ordre
quelconque, 108; hom Rd d'ouvrage , 170; commissaire pour la note
de M. Folie concernant le calcul de la densité de la terre, 171; rapport .
sur cette note, 371 ; rose un mémoire sur l'existence de la is
dans les fonctions continues, 171 ; rapports de MM. Catalan et Steichen
sur Ce travail, 560, 568; commissaire pour le mémoire de M. Mansion
concernant les solutions singulières de l'équation Ay’? + By + C=0,
500; commissaire pour le mémoire de M. Botesu sur la propriété de la
série harmo PRE 495; sur une objection proposée par M. Catalan, #
Gloesener (M.). — Sur une nouvelle boussole magnétique ou plutôt ie-
tro-magnéti , son importaùce dans les observations magnétiques et
surtout dans celles faites sur mer, 321 ; note sur un paratonnerre fou-
~ droyé à Wetteren, 502.
Gluge (Th. = Élu directeur de la classe des sciences pour 1873, 3;
remercîments , ibid. ; commissaire pour le mémoire de M. P.-J. Van
neden sur les diodes ss Belgique et leurs parasites, 171;
lecture de son rapport sur ce trava ‚ 500 ; commissaire pour la note de
M. Éd. Robin sur les moyens de ln hens plus saine, 171;
propose le dépôt de cette note aux archives
Gounod (Ch.). — Élu associé de la classe re eee 83; remerci-
ments
Granville (A.- B). — Annonce de sa mort, 298.
Haus (J.-J). — Remercie la classe des lettres comme directeur sortant,
ni
Havrez (P.). — Rapport de MM. Donny, Melsens et Dewalque sur son
mémoire concernant l'absorption des sels métalliques par la laine mor-
dancée, 175.
Henry (L.). — Hommages d'ouvrages , 2, 559; communique une note sur
des traces d'aurore boréale aperçues à Louvain le 10-11 avril 1872, 539.
Hoffmeyer (N). — Annonce la création récente d'un Institut ne:
gique à Copenhague, 490.
Houzeau (J.-C). — Du calcul rapide des phases lunaires, à l'usage des
personnes qui s'occupent d'études historiques, 197; note additionnelle
Sur la mesure des distances de Vénus au Soleil, de centre en centre,
pendant les passages de la planète , 495.
= L
_Institut royal géologique de Hongrie, à Pesth. — Demande l'échange de
publications, 558.
K.
Kervyn de Lettenhove (le baron). — Présente le tome II des Poésies de
Froissart et le tome XIV des Chroniques du même auteur, 55; com-
missaire pour le mémoire de M. De Smet sur Jean de Hainaut , sire de
Beaumont, 54; lecture de son rapport sur ce travail, 252; commissair
pour une notice de M. Varenbergh concernant les relations extérieures
de la Flandre au moyen âge, 129; rapport sur sp Anr wl com-
micceaîre nanr lac
TABLE DES AUTEURS. 597
8
598 TABLE DES AUTEURS.
Thérèse aux Pays-Bas, 130; rapport sur ces travaux, 553, 452; une
lettre de Symier au duc d'Anjou, 142.
Keyser (N. De). — Nommé membre de la commission pour l'examen des
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome,
482,
Kobell (Fr. von). — Hommage d'un fragment de pierre météorique et de
plusieurs ouvrages, 491.
Koehne (baron B. de). — Hommage d'ouvrages, 81.
Koninck (Laurent de). — Rapport sur la notice de M. Swarts concernant
les dérivés par addition de l’acide itaconique et de ses isomères, 8; pré-
sente son rapport pour le Livre commémoratif, 226 ; rapport verbal sur
la nouvelle rédaction du mémoire de M. Malaise concernant le terrain
silurien du centre de la Belgique, 300; hommage d'ouvrage , 490.
Koninck (Lucien de). — Présente une note intitulée : De l’action du per-
chlorure de phosphore sur la nitronaphtaline, 3; rapports de MM. Mel-
ens et
st A 6; présente une note sur les minéraux belges, 92; rap-
ports de MM. Dewalque et Domy, sur cette note, 310, 312; impres-
sion, 5 g
L.
Laforet (N.-J.). — Hommage d'ouvrage, 53; annonce se sa mort, 127;
discours prononcé à ses funérailles par M. Thonissen,
Lanszweert. — Dépôt de ses observations sur les règnes sa et animal
faites à Ostende en 1871, 171.
Laveleye (E. De). — Commissaire pour les mémoires de concours concer-
nant les rapports du capital et du travail, 130; rapport sur ces mémoires,
477; élu membre titulaire de zien classe des lettres, 450; remercîments ,
512; approbation royale de son élection , ibid; nommé membre du jury
du concours Guinard, 511.
Leclercq (D.). — Communique $es observations météorologiques faites à
Liége en 1871,2; renseignements sur l'aurore boréale du 4 février 1872,
5.
Lenormant ge — Hommages d'ouvrages, 53, 429; présentation d'un
: La légende de Sémiramis, 54; pure de MM. Rou-
ler: Postes et Nève sur ce travail, 255, 239, 2
Liagre (J.). — Rapport sur le mémoire de M. thin contéenant quelques
produits in 4; commissaire pour la note de M. Folie concernant
~ le calcul de la densité de Ia terre, 171 ; rapport sur cette note, 569; com-
>
À
TABLE DES AUTEURS. 3 599
missaire pour le mémoire de M. Mailly, intitulé : Tableau de l’astro-
nomie dans l'hémisphère austral et dans Finde; 171; adhésion au rap-
port de M. Eru. Quetelet sur ce travail, 305; commissaire pour la note
de M. Meerens concernant la aotation musicale et le diapason, 171; rap-
rt sur celté note,
Limnander (baron A CM. ). — Élu membre titulaire de la classe des beaux-
arts, 82; approbation royale de cette élection, 158; remercîments, 262.
mans. — Envoi d'ouvrages, 17
Lyman (Th. ). — Hommage ce 492.
Mm.
Maas (R. P.). — Note sur un paratonnerre foudroyé à Wetteren, 502.
Mailly (Éd. ). — Présente un mémoire intitulé : Tableau de l'aitrosiise
dans l'hémisphère austral et dans l’Inde, 171; rapports de MM. Ern.
Quetelet, Liagre et Montigny sur ce travail, 501, 505; présente son
rapport pour le ref commémoratif , 226.
„Malaise (C.). — Hommage d'ouvrage, 170; dépôt de ses observations
botaniques es i Gembloux le 21 mars et le 21 avril 1872, $
490 ; rapport verbal de MM. d'Omalius, de Koninck et Dewalque sur
son mémoire concernant le terrain silurien du centre de la Belgique,
500.
i Mansion (P.}. — Présente un mémoire intitulé : rer aa sur les solu-
tions singulières ` Merom Ay? +BB +C=0,
Marquart (P.). — Présente une note intitulée : De l'action du perchlorure
de phosphore sur gi nitronaphtaline , 5; rapports de MM. Melsens et
Donny sur cette note, 104; impression. ' 122; rapports de MM. Melsenñs et
Donny sur la rectification à sa notice sur la Bryonicine, 5,6.
Maury (M.-F.). — Hommage d'ouvrage , 299.
Maus (H.). — Nommé membre du jury pour le concours Guinard, 511.
Meerens (Ch.). — Nomination de commissaires pour l'examen, au point
de vue mathématique, de sa note sur la notation musicale et le
diapason , 171 ; rapports de MM. Liagre et De Tilly sur cette note, 305,
307.
- Melsens (L.). — Commissaire pour. une note de MM. L.-L. de Koninck et
P. Marquart, intitulée : De l'action du perchlorure de phosphore sur la
nitronaphtaline, 5; rapport sur cette note, 104; rapport sur la rectifica-
tion à la notice de MM. L.-L. de Koninck et P. Marquart concernant la
Bryonicine, 5; rapport sur Ja notice de M. Swarts concernant les dérivés
i
600 3 TABLE DES AUTEURS.
par addition de l'acide itaconique et de ses isomères, 13; hommage
d'ouvrage, 92; DR pour une note de MM. Lucien de Koninck
et P. Davreux sur les minéraux belges , 92; rapport sur lé mémoire de
M. Havrez concernant l mie rd = métalliques par la laine mor-
dancée, 175; présente une note sur la température de l'espace, 559.
i )- — Hommage d’ ouvrages, 491.
Ministre de la justice (M. le). — Envoi d'ouvrage, 429.
Ministre de l'intérieur (M. le). — Nomination du jury de la cinquième
période du concours quinquennal des sciences ae 2 sg Putzêys
nommé snopa de ce jury, 91; envois d'ouvrages, 55 159, 227,
298, » 429, 490, SH, ; M. d'Omalius nommé RE de
re pour 1872, 91, 128, 158; approbation royale de l'élection
de M. Éd. Morren comme sais titulaire, 91 ; dépêche concernant la
liquidation d’un subside de id francs elende à abe les prix de
concours de 1871, à bid; MM. Gevaert
Bosselet et Limnander comme membres titulaires, 158; buste du com-
mandeur de Nieuport, 159; résultat du concours quinquennal des
sciences morales et politiques, 227; concours Guinard, 298, 333; jury
de ce concours, 511 ; annonce que le Palais Ducal sera mis à la dispo-
sition de l'Académie lors du jubilé, 536; dépêche relative à la compla-
bilité de la Compagnie, 428, 481; demande d'instructions de voyage
pour M. De Mol, lauréat du grand concours de composition musicale de
497 t M. envoi gnoe regue de M. Dieltjens et d'une missive de
ane la p nencian de vovace
accordée aux artik des grands côncours de Kane soit majorée, 482;
approbation royale de dien de MM. de Laveleye et Nypels comme
membres titulaires, 5
Montigny (Ch). — Caan pour le mémoire de M. Mailly, intitulé :
Tableau de l'astronomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, 171;
adhésion au rapport de M. Ern. Quetelet sur ce travail, 505; commissaire
pour la note de M. Melsens sur la température de l'espace, 559.
Morren (Éd.). — Approbation royale de son élection de membre ne
2, 91; remercie pour son élection, 2; hommage d'ouvrage, 92;
-Sente son rapport pour le Livre co ommémoratif, 226; commissaire et à
le mémoire de M. Crépin, intitulé : Prodrome Pie monographie gé-
Roses, 493.
Mortier (B. Du). — Commissaire pour le mémoire de M. Crépin, intitulé :
. Prodrome d'une se ès générale des Roses, 495.
ineens kit al
+
TABLE DES AUTEURS. 601
N.
__Nève (Félix). — Commissaire pour le mémoire de M. Lenormant, intitulé :
La légende de Sémiramis, 54 ; rapport sur ce travail, 240 ; commissaire
pour les mémoires de concours concernant Septime Sévère, 129; rap-
port sur ces travaux, 449 ; commissaire pour la notice de M. Schuermans,
intitulée : Inscriptions trouvées en Belgique , 515.
els (G.). — Ho
+
mmage d'ouvrage, 353; élu membre titulaire, 450;
-remercîments , 512; approbation ak de son élection , ibid.
0.
Omalius a. y (J.-B.-J. d'). — Adhésion au rapport de M. Dewalque
Ze sur lan de MM. Briart et Cornet concernant la position stratigra-
D … phique de s coquilliers dans le terrain houiller du Hainaut, 8; nomm
président de l’Académie pour 1872,91, 128, 158; rapport verbal sur fa
nouvelle rédaction du mémoire de M. Malaise concernant le terrain
SE.
silurien du Mt de la Belgique, 500.
Orloff. — Note sur les équations différentielles stat 113; rapports
| = de MM. Gilbert et Catalan sur cette note, 105,
| Owen (R). — Hommage d'ouvrage , 170.
Ee : P.
den
| Parlatore (Ph.). — Remercie pour son élection d’associé de la classe des
sciences, 2; hommage d'ouvrages, 491.
=. Perard (L). — ere ses observations météorologiques faites à
_ : Liége en 1871, 2.
| _ Pirala (D.-A.). — Hommage d'ouvrage, 512.
Plateau (F.). — Remercie pour son élection de correspondant de la classe
résente une note intitulée : Matériaux pour la Faune
Longchamps et Candèze sur cette note, 5
| | Plateau (J.). — Commissaire pour la note
L. cogcernant un fait remarquable qu’on observe au contact de certains
| liquides de tensions ser très-différentes , 92; rapport sur cette
note, 172; commissaire pour la note de M. Melsens sur la température
espace , 359; has pour le mémoire de M. Del Ibæuf concer-
4l
ps SÉRIE, TOME XXXII.
602 TABLE DES AUTEURS.
nant des recherches sur la mesure des sensations de lumière et de
atigue, 359; sur la mesure des sensations physiques, et sur la loi qui
lie l'intensité de ces sensations à l'intensité de la cause excitante, 376.
_Polain (fils). — Remercie pour les sentiments de condoléance exprimés
par l’Académie lors du décès de son père
Polain (M.-L.). — Communique son rot pour le Livre commémo-
ratif, 260; annonce de sa mort, 552,
Portaels (J.). — Nommé SEE e la commission pour l'examen des
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rom e, 482.
er De). — Présente une notice intitulée : De tn.
aria ter eere » te Gent, 228 ; rapports de MM. Snellaert et Conscience
sur ce travail, 519, 524; impression, 532; présente une rectification à
sa notice intitulée : Hoe en waar overleed Philip Van Artevelde? 228;
nn des rapports de MM. De Smet, Snellaert et Conscience sur
ce travail, 354 ; présente un pisi intitulé : Geslachtboom der Arte-
wg in de XI Vie eeuw, etc
Poullet (Edm.). — Élu idd sx la classe des lettres, 451; remer-
ciments, 512.
Pulzeys. — Nommé membre du jury du concours an des
sciences naturelles, 91.
Q.
Quetelet (Ad.). — Présente ses observations des phénomènes périodiques
faites à Bruxelles en 1871, 2; hommage d'ouvrage, 5, 80; communi-
cation verbale sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 151; présente
son rapport pour le Livre commémoratif, 226, 260; co ommunique l'état
359; note complémentaire sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 512
sur arne boréale du 10 au 11 avril 1872, 575,
Quetelet (Ern.). — Commissaire pour le mémoire de M. Mailly, intitulé :
sde de l'astronomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, 171;
rt sur ce travail, 501 ; note sur l'aurore boréale du 4 février 1872,
zen T; commissaire pour la pd de M. Melsens sur la température de
l'espace, 359; sur l’éclipse de lune du 22 mai 1872, 497.
R. s
Ravaisson (F.). — Hommage d'ouvrage , 585.
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome,
Robert (Alex.). — Nommé membre de la commission pour se
2
TABLE DES AUTEURS. 603
è Robin (Ed.). — Présente une note sur les moyens de rendre la vieillesse
> plus saine, 171 ; dépôt de cette note aux archives, 312.
Roulez (J.j. — Commissaire pour le mémoire de M. Lenormant, intitulé :
La légende de Sémiramis, 54; rapport sur ce travail, tee commissaire
pour les mémoires de concours concernant Septime Sé ‚129; rap-
port sur ces travaux, 431; commissaire pour la notice de M. Schuer-
mans concernant la découverte d'objets étrusques en porem 450;
rapport sur ce travail, 513.
S.
Saltel (L.). — Présente une nouvelle rédaction de ses Études sur certains
systèmes de courbes géométriques, 92; rapports de MM. Gilbert et
Catalan sur ce travail, 574,
Schnaase (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 584.
Schuermans (H.). — Présente une notice intitulée : Découverte d'objets
étrusques faite e en Belgique, 429; rapports de MM. Roulez, koar et
De Witte sur ce travail, 515, 515, 518; heit 528; présente une
notice intitulée : Inscriptions trouvées en Belgique,
SA (Th). — Commissaire pour le mémoire de k Delbœuf concer-
nt la mesure des sensations de lumière et de fatigue, 359.
She Longchamps (le baron Edm. de). — Communication au sujet de la
mort de M. Spring, 101 ; commissaire pour le mémoire de M. P.-J. Van
Beneden sur les chauves-souris de Belgique et leurs parasites, 171;
lecture de son rapport sur ce travail, 300; dépôt de ses observations sur
l’état de la végétation à Liége le 21 mars et Je 21 avril 1872, 299, 559;
commissaire pour la note de M. F. Plateau concernant les Myriapodes
de Belgique, 300; rapport sur cette note, 573; annonce la mort de
M. Michel pau , 492. ;
Serrure(C.-Ph.). — Annonce de sa mort, 532.
Simonis (Eug.). — Nommé membre de la commission pour rexa
age des lauréats des concours de Rome, 482.
de 100 francs à la Caisse
-+
men des
questions concernant le voy
Siret (Ad.). — Hommage d'ouvrage, 160; don
des artistes, ibid.
Smet (J.-J. De). — Présente un mémoire sur Jean de Hainaut, sire de Beau-
mont, 34; lecture des rapports de MM. Kervyn de mere Chalon
notice
et Wauters sur ce travail, 252; commissaire pour u
feger de la Pres au
rs pour les
604 TABLE DES AUTEURS.
Bas, 130; rapport sur ces mémoires, 535, 457; commissaire pour Ja
rectification présentée par M. De Potter à son travail intitulé : Hoe en
waar overleed Philip Van Artevelde? 228; lecture de son rapport sur
ce travail, g commissaire pour la notice de M. De Potter concernant
la généalogie des d’Artevelde au XIV: siècle, 450; commissaire Br
la notice de i J. Vuylsteke, intitulée : Aanteekeningen op de tw
opstellen van den heer Frans De Potter, Geslachtboom der ens
en Hoe en waar overleed Philip Van Artevelde, ibid.
Snellaert (J.-J.). — Commissaire pour la notice de M. De Potter, intitulée :
De Rederijkerskamer « Maria ter eere » te Gent, 228; rapport sur ce
travail, 519; commissaire pour la rectification présentée par M.
Potter à son travail intitulé: Hoe en waar overleed Philip Van pe
velde? 228; lecture de son TR sur ce traväil, 534; annonce que son
rapport pour le Livre commémoratif est terminé, 260; commissaire
pour la note de M. De Potter concernant la généalogie des d’Artevelde
au XIVe siècle, 450 ; commissaire pour la notice de M. Vuylsteke, inti-
tulée : rep A op de twee opstellen van den heer De Potter,
ac der Artevelden en Hoe en waar overleed Philip Van
LE ibid.
Société havraise d'études diverses. — Communique son programme de
concours pour 1872
Spring (Ant.). — Rommago d'ouvrage, 2; annonce de sa mort, 90 ; com-
münication à ce sujet par M. de Selys Longchamps , 101 ; discours pro-
noncé à ses funérailles par M. Dewalque , 95.
Stas (J.-S.). — Réélu membre de la commission administrative, 560.
Steichen (M). — Commissaire pour le mémoire de M. Gilbert ere
l'existence de la dérivée dans les fonctions continues, 171; adhère a
kar de M. Catalan sur ee travail, 568.
Steur (Ch.). — Commissaire pour la notice de M. feeen intitulée :
a voyage au XIIIe siècle, 228, 430; lecture de son rapport sur ce tra-
vail, 554; hommage d'ouvrage, 429.
Swarts (Th.). — Note sur les dérivés par addition de l'acide itaconique et
de ses isomères, en rapports de MM. de Koninck , Donny et Melsens sur
cette note, 8, 11,
T.
Thonissen (J.-J.}.— Commissaire pour le mémoire de M. Lenormant, inti-
tulé : La légende de Sémiramis , 54; rapport sur ce travail, 239; élu di-
recteur de la classe des lettres pour 1873, 55; remercîiments, ibid.; com-
o missaire pour les mémoires de concours concernant les rapports rts du
2 TABLE DES AUTEURS. 605
capital et du travail, 130; rapport sur ces mémoires, 474; discours pro-
noncé aux funrailies de M. Laforet, 229; nommé membre du jury du
concours Guinard, 5
Tilly (J.-M. De). — dn pour la note de M. Meerens concernant
la notation musicale et le diapason, 171; j rapport s sud ce travail, 507;
présente son rapport pour le Livre cam. a
Tommasi. — Dépôt aux archives de son travail concernant l'action de
l’iodure plombique sur quelques acétates métalliques, 104.
x.
Van Beneden ( (Éd.). — Note sur la structure des Grégarines, 210.
Van Beneden (PJ). — Sur l'existence du Gypaëte dans nos contrées,
d’après des ossements découverts par Schmerling dans les cavernes des
environs de Liége, 16; présentation d'un mémoire sur les chauves-
souris de bead et leurs parasites, 171; lecture des rapports de
MM. de Selys Longchamps et Gluge sur ce mémoire, 500; notice sur le
même sujet, 207; présentation de son rapport Sr le Livr ~-
moratif, 226; commissaire pour la note de M. F. Plateau Ria
Myriapodes de Belgique, 500; rapport sur cette note, 572; sur la décou-
verte d'un homard fossile dans l'argile de Rupelmonde, 316. :
Van der Mensbrugghe (G.). — Présente une note intitulée : Sur un fait
remarquable qu'on observe au contact de certains liquides de tensions
superficielles três-différentes, 92; rapports de MM. Plateau et Duprez
sur cette note, 172; impression, 225.
Van de Weyer (S.). — Allocution de M. le directeur de la classe des let-
tres, au sujet de sa présente à la séance du 8 avril 1872, 351; remerci-
ments , 552. .
Van Eename. — ae du buste de M. le baron J. de Saint-Genois, 128.
Van Lokeren (A). — Hommage d'ouvrage,
Varenbergh (E.). — Se une note bias: Épisodes des relations
242; impression, ; présen
XIIIe siècle, 228; lecture des gneis ts de MM. Steur et de Borchgrave
sur cette notie
Verstraete. — wa Ean billet cacheté, 490.
. Vertriest (P.). — Présente le résumé des observations météorologiques
faites en février et mars 1872 dan Somergem, 559; communique des ren-
606 _ TABLE DES AUTEURS.
bordant sur les orages du commencement de 1872, observés dans
la même localité, 490.
Vreede (G.). — Rage a ouvrage , 429.
Vuylsteke (J.). — Présente: une notice intitulée : PE a Eu op de
twee opstellen van den heer Frans De Potter, Geslachtbodm der Arte-
velden en Hoe en waar overleed Philip van Artevelde, 450.
W.
Wagener (Aug.). — Commissaire pour les mémoires de concours concer-
nant Septime Sévère , 129; rapport sur ces travaux, 448; commissaire
pour la notice de M. ans concernant la découverte d'objets
étrusques en Belgique, 430; rapport sur ce travail, 515; commissaire
pour la notice de M. Schuermans pre : Inscriptions trouvées en
Belgique, 513
Wauters A. `. == em pour le mémoire de M. De Smet sur Jean
re sire de Beaumont, 54; lecture de son rapport sur ce travail,
; hommage Sur 128; commissaire pour les mémoires de
concours concernant le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas, 150;
rapport sur ces tra , 335, 459; commissaire pour l'examen d’un
document manuscrit eue par M. Cruts, 512.
Willems (P.).— Élu correspondant de la classe des lettres, 451; remerci-
ments, 512.
Witte (le ie J. de). — Commissaire pour la note de M. Schuermans
concernant la découverte d'objets étrusques en Belgique, 450; rapport
Sur celte note, 518; commissaire pour la notice de M. Schuermans
intitulée : Inscriptions trouvées en Belgique, 313.
Wolowski (L.). — Hommage d'ouvrages , 515.
er ” lé AE EEn ES
£
TABLE DES MATIÈRES.
A.
Académie. — Réception du jour de Pan, au Palais, 81; subside de
5,000 francs pour majorer les prix de concours de 1 871, 91; mesures et
faits divers concer ga le jubilé centenaire, 226, 260, 265, 298, 555,
556,357, 558, 482, 512; décision au sujet de l'assemblée générale des
trois classes, 262.,
Archéologie. — Présentation d'une note intitulée : Découverte d'objets
er faite en Belgique, par M. Schuermans, 429; rapports de
MM. Rou ‚ Wagener et de Witte sur cette note, 515, 515, 518;
impress j
dits — Voir Commission pour l'édification d'un local destiné
aux expositions triennales.
Arrêtés royaux et ministériels. — Approbation ee de l'élection de
M. Éd me membre titulaire, 2, 91; é royal nommant
les membres chargés de juger la cinquième sisi re concours quin-
quennal des sciences naturelles, 2; M. Putzeys nommé membre de ce
jury, 91 ; M. d'Omalius nommé président de l'Académie pour 1872, 94,
128, 158; oo royale de l'élection de MM. Gevaert, Bosselet
et er à ne membres titulaires, 158; arrêté royal ouvrant
le concours hanen 298, 555; jury de ce concours , St f ; approbation
royale de l'élection de MM. De Laveleye et Nypels comme membres
5
1
Astronomie. — Présentation d'un mémoire intitulé : Tableau de lastro-
nomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, par M. Ed, Mailly, 171;
- rapports de MM. Ern. Quetelet , Liagre et Montigny sur ce travail, 501,
503; du calcul rapide des phases lunaires, à l'usage des personnes qui
s'occupent d'études historiques, par M. J.-C. Houzeau, 197 ; note addi-
tionnelle sur la mesure des distances de Vénus au soleil, de centre en
centre, pendant les passages de la planète, par le même, 495; sur
l'éclipse de lune du 22 mai 1872, par M. Ern. Quetelet, 497.
B.
Bibliographie. — Voir Histoire de l'art.
Billets cachetés. — Dépôt d'un billet cacheté par M. Cocheteux, 299;
Boset, 558; par M. PRESS 490; ouverture d'un billet
cacheté de M. Dewalque,
608 TABLE DES MATIÈRES.
Botanique. — Présentation d'un mémoire mere: Prodrome d'u une mono-
graphie générale des Roses, par M. Cré
Bustes se académiciens décédés. = Ravoï, set M. Nen Eename, du buste
le Saint-Genois, 128; demande de M. le Ministre de l’intérieur au
ae buste du commandeur de Nieuport, 159.
c.
Caisse centrale des artistes belges. — M. Alvin annonce qu'il vient de
recevoir une somme de 1,000 francs au profit de la caisse, 84; don de
100 francs fait par M. Siret, rek état général des recettes et des dé-
penses de l’année 1871, ibid. allait élu membre du comité-direc-
teur, 161 ; proposition de M. Cu de faire au profit de, la caisse, lors
du ged une exposition d'œuvres d'artistes de la classe des beaux-
arts, à
himie. -- geen tation d’une note intitulée : De l'action du perchlorure
de phosphore sur la nitronaphtaline, par MM. L.-L. de Koninck et Paul
impression, 122; rapports de MM. Melsens et Donny sur le travail de
MM. Lucien de Koninck et P. Marquart, intitulé : Rectification à la notice
sur la Bryonicine, 5, 6; note sur les dérivés par addition de Facide
ilaconique et de ses isomères , par M. Swarts ‚st; rapports de MM. de
Koninck , Donny et Melsens sur ce travail ‚8, 11, 13; M. Donny annonce
qu’une notice de M. Tommasi, intitulée : Action de l'iodure plombique
sur quelques acétates métalliques, a déjà paru dans une revue scienti-
» 104; rapport de MM. Donny, Melsens et Dewalque sur un mê-
moire de M. P. Havrez concernant l'absorption des sels métalliques par
la laine mordancée, 173.
Classe des beaux-arts. — Lecture, par M. Ed. Fétis, de son rapport sur
les travaux de la classe depuis sa création en 1845, 85, 162. ;
Commission administrative. — Dépêche ministérielle relative à la comp-
tabilité académique, 428
Commission de la Mogreshie zie — Présentation, à la classe des
beaux-arts, d'un exemplaire de la première partie du tome IV de la
hie,
p
Commission pour. la publication des œuvres des grands écrivains du
_ pays. — Présentation à la classe des lettres, par M. le baron Kervyn de
Lettenhove, du tome III des Poésies de Froissart et du tome XIV des
A . Chroniques du même auteur, 55.
ER r fifioation: var local destiné aux expositions tr trien-
7
D. K
TABLE DES MATIÈRES. 609
290; rapport présenté par M. Éd. Félis et dépôt des plans de l'édifice,
331.
Commission ro: ef d'histoire. — - Envois Den pour la Bibliothèque
de Se , 128, 512; homm classe des lettres, par
Wau na fo [Ide la Table mb des chartes, ete., 128.
Concours akibe (Grand). — Requête du sieur Dieltiens deman-
dant que la pension de voyage accordée aux lauréats soit majorée, 482;
commission nommée pour r l'examen de cette requête, ibid.
Concours de composition musicale (Grand). — Demande d'instructions
de voyage pour M. De Mol, lauréat «du concours de 1871, par M. le
Ministre de l'intérieur, 481; nomination de la section permanente du
jury de ce concours, 432
Concours de la classe des beaux-arts. — Résultat du concours de 1872,
Concours de la classe des lettres. — Mémoires reçus pour le concours de
1872,54, 129, 252; rapports de MM. Roulez, Wagener et Nève sur les
mémoires concernant Septime Sévère, 451, 448, 449; rapports de
MM. Kervyn de Eens. De Smet e Tigi sur les mémoires con-
cernant | s, 452,457, 1, #9; ; rapports
„de MM. Rs Thonissen et De arriere sur he res Concernant
les LEP du capital et du travail, 472, 474, pi programme de
co rs pour 1875 et 1874, 524, 526. .
es de la classe des sciences. — Programmme pour 1875 , 13; ques-
tions pour 1874, 15, 103 ; décision au sujet du mémoire de M. Malaise
couronné en 1869, 300 ; mémoire reçu en réponse à la question de la
température de l'espace , 495.
Concours de Stassart pour une question d'histoire nationale. — Pro-
gramme de la deuxième période sexennale de ce concours, 527.
Concours Guinard. — Arrêté royal ouvrant ce concours, 298, 555; jury
de ce concours, 298, 555, 511.
Concours quinquennal des sciences morales et politiques. — Résultat de
ce concours, 227.
D.
Discours. — Discours prononcé par M. Dewalque aux funérailles de
M. Spring, 95; discours prononcé par M. Thonissen aux funérailles de
Mgr. N.-J. Laforet, 229.
Dons. — Ouvrages, par M. Spring , 2; par M. Heny, 2, 559; par M. Ad.
Quetelet, 5, 80; par M. le Ministre de l'intérieur, 55, 81, 159, 227, 298,
553, 429, 490, 511, 584; par MM. Cb. Faider, Kervyn de Lettenhove,
Aug. Scheler et Laforet, 55; par M. Lenormant, 53,429; par M. le baron
610 TABLE DES MATIÈRES.
de Koehne, 81 ; par MM. Éd. Morren et Melsens , 92; par M. Wauters,
- - 128; par M. Basevi, 159 ; par M. Siret, 160; par MM. Loomans, Gilbert,
Malaise et Owen , 170; par M. Van Lokeren, 228 ; par M. Maury, 299;
par M. Nypels, 555; par administration communale de Bruges, ibid. ;
ar M. le Ministre de Ja justice, 429; par MM. Steur, Chalon et Vreede,
Wolowski et Eichboff, 515; par M. Schnaase, 584; par M. Ravaisson,
E. 1
Élections et nominations. — Approbation royale de l'élection de M. Éd. |
Morren comme membre titulaire, 2, 91 ; remerciments de M. Ed. Morren:
pour son élection de membre, de M. F. Plateau pour son élection de
correspondant et de M. Parlatore pour son élection d’associé, 2; nomi- _
nation du jury chargé de juger la cinquième -e du concours
quinquennal des sciences naturelles, ibid. ; M. Putzeys nommé membre
de ce jury, 91; M. Gluge élu directeur de la classe des scienees pour
1873, 5; M. Thonissen élu directeur de la classe des lettres poúr 1875,
; MM. Gevaert, Ch. Bosselet et Limnander élus membres titulaires
de la classe des beaux-arts, 82; approbation royale de ces élections,
; MM. Ch. Gounod et Basevi élus associés de la classe des beaux-
arts, 85; remercîments de en ze vaert, Bosselet, Gounod et Basevi
pour leur élection, 158; M vin élu directeur de la classe des
beaux-arts pour 1875, 83; E es nommé président de l’Aca-
démie pour 1872, 91 , 128, 158; remerciments de M. E. Fries pour son
élection d'associé de la classe des sciences, 92; élection d'un comité
de trois membres de la classe des lettres, pour le choix des candida-
tures aux zak vacantes dans cette classe, 150; M. Gallait élu membre
du recteur de la Caisse centrale des artistes belges, 161;
remercions de M. Limnander pour son pre 262; nomination du
ury du concours Guinard, 298, 555, ; MM. Stas et Alvin réélus
ae de la Commission enne 560, 482 ; MM. E. De Lave-
leye et G. ‘Nypels élus membres titulaires de la classe des lettres ,
450; approbation royale de ces élections, 512; MM. le chevalier d’Antas,
Alberdingk Thym et Ern. Curtius élus associés de la classe des lettres;
MM, P. Willems et Edm. Poullet élus correspondants de la même classe, -
wei nominaiion de la eren À nas du jury du arand con-
_ d'une requête du sieur demandant que la pension de voyage
nor hrs des grands concours dits ts prix de Rome, soit
X
TABLE DES MATIÈRES. EE
majorée, ibid. ; remerciments de MM. De Laveleye, Nypels, d’Antas,
: Alberdingk Thym, Curtius, Willems et Poullet pour leur élection , 512.
Épigraphie. — Présentation d’une notice intitulée : ne pe trouvées
cen Pi par M. Schuermans, 515
G.
Géologie et minéralogie. — Présentation, par MM. Lucien de Koninck et
P. Davreux, d’une troisième note sur les men ea 92 ; rapports
de MM. Dewalque et Donny sur cette note, 510, 312 ; impression, 524;
décision au sujet du mémoire de M. Malaise de le terrain silu-
rien du centre de la Belgique, 500. — Voir Mathématiques pures et
appliquées.
\
H.
Histoire. — Présentation, par M. De Smet, d'un mémoire sur Jean de
Hainaut, sire de Beaumont, 54; lecture des rapports de MM. le baron
EK Kervyn de Lettenhove, Chalon et Wauters sur ce travail, 252; Jeanne
— la Folle et Charles-Quint a an par M. Gachard, 56; présen-
tation , par M. Varenberg ne notice intitulée : Episodes d es rela-
tions extérieures de la deg au moyen àge; rapports diplomatiques
avec pa sous Philippe le Hardi (1584-1404), 129; rapports de
E MM. De Smet, Kervyn de Lettenhove et de Borchgrave sur ce travail,
e 241 , 242; impression, 245; voyage de Paul ler en Belgique, en 1782;
3 notice par M, Gachard, 151; une lettre de Symier au duc d'Anjou, par
M. le baron Kervyn de Lettenhove, 142; présentation, par M. Fr. De
Potter, d'une rectification à sa notice intitulée : Hoe en waar overleed
Philip ps Artevelde? 228; lecture des rapports de MM. De Smet,
Snellaert et Conscience sur ce travail, 554; présentation, par M. Varen-
bergh, pen notice intitulée : Un voyage au XIIIe siècle, 228, 450;
lecture des rapports de MM. Steur et de Borchgrave sur ce travail, 554;
rin d’une notice sur la généalogie des d’Artevelde, par M. Fr.
De Potter, 430 ; présentation , par M. Vuylsteke, sissen notice intitulée :
en op de twee opstellen van den heer Frans De Potter,
Geslachtboom der Artevelden- en Hoe en waar ren Philip Van
test ibid.; rapports de MM. Roulez, Wagener et Nève sur les
ncours concernant Septime Sévère , 451, 448, 449;
or de MM. Kervyn de Lettenhove, De Smet et Wauters sur les
mémo: concou ernant le règne de Marie-Thérèse aux
RE PR — Voir Astronomie
612 TABLE DES MATIÈRES.
Histoire de l'art. — Quelques mots touchant. l'application du droit de
conquête aux monuments de l’art, par M. L. Alvin, 265.
Histoire littéraire. — Présentation d’une note intitulée : De Rederij-
kerskamer « Maria ter eere » te Gent, par M. De Potter, 228; rapports
de MM. Snellaert et Conscience sur cette note, 519, 524; impression, 552.
M.
Mathématiques pures et appliquées. — Rapports de MM. Liagre et Gilbert
sur le mémoire de M. Catalan, intitulé : Nes sur Keet ee
duits indéfinis, 4,5; présentation, par M. Salt n
de ses Études sur certains systèmes de courbes géométriques, 92; rap-
ports de MM. Gilbert et Catalan sur ce travail, 374; note sur les équa-
tions différentielles réciproques, par M. Orloff, 115; rapports de MM. Gil-
bert et Catalan sur cette note, 105, 106; théorème de géométrie, par
107 ; sur l'emploi des imaginaires dans la recherche des dif-
férentielles d'ordre quelconque, par M. Gilbert, 108 ; arr d'une
notice intitulée : Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, d’après
les observations d’Airy, par M. Folie, 171; rapports de MM. Liagre el
ilbert sur cette nòte, 569, 571 ; impression, 589; présentation d’un mé-
moire concernant l'existence de la dérivée dans les fonctions continues,
par M. sagas 171 ; rapports de MM. Catalan et Steichen sur ce mé-
moire, ; nomination de commissaires pour l'examen d’une note
de M. Pape concernant la notation musicale simplifiée et le diapason,
171; rapports de MM. Liagre et De Tilly sur cette note, 505, 307; pré-
sentation d’une note intitulée : Remarques sur les solutions singulières
de l'équation : Ay?+By+ C—0, par M. P. Mansion, 300; présenta-
tion d’un mémoire sur la propriété de la série harmonique, par M. Bo-
tesu, 495; sur une objection proposée par M. Catalan, par M. Ph. Gilbert,
498; réponse de M. Catalan, 502. _
Météorologie et physique du globe. — maitres de MM. Ad. et
Ern. Quetelet et D. Leclercq sur l'aurore boréale du 4 février 1872,
151, 177, 299, 512; sur une nouvelle boussole magnétique ou plutôt
.électro-magnétique, son importance dans les observations magnétiques
et surtout dans celles faites sur mer, par M. Gloesener, 321; communi-
cations de MM. Henry et Ad. Quetelet sur l'aurore boréale du 10 au 11
avril 1872, 559, 375; M. Vertriest communique des renseignements
sur les orages amen à Somergem en 1872, 490.
Musique. — Voir athématiques pures et write
Mythologie Been, — Présentation , par M. Lenormant, d’un mémoire
intitulé : La légende de Sémiramis, 54; rapports de MM. Roulez, Tho-
7 eu, 255, 259,
f
OU PRE NDE Se NE Lee en
TABLE DES MATIÈRES. 615
N.
Nécrolo ogie, -— Annonce de la mort de M. Defacqz, 52; de M. Spring, 90;
M. Thonissen, 229; annonce de la mort de M. A.-B Granville, 298;
M. Polain, 552; de M. Serrure, ibid;; remerciments de M. Polain fils
pour les sentiments de condoléance exprimés par l’Académie lors du
décès de son père, 428; annonce de Ja mort de M. Michel Ghaye, 492.
o.
Ouvrages présentés. — En janvier, 84;en février, 162; en mars, 291; en
avril, 551 ; en mai, 485; en juin , 585.
P.
dans le terrain houiller du Hainaut,
rapports de MM. Dewalque et d'Omalius sur ce on 6,8; sur l’exis-
sd oa Gypočtė dan nos émis, d'après des ossements découverts
Dar de Liége, par M. P.-J. Van
Beneden, 16; sur la découverte d’un Homard fossile dans l'argile de
Rupelmonde, par le même, 516; une nouvelle exploration des
cavernes d'Engis, par M. Éd. Dupont, 5
Phénomènes périodiques. — Documents ee par MM. Ad. Quetelet,
_ Cavalier et Bernardin, 2, 299, 559; par MM. D. Leclercq, Pérard et
Christ, 2; par MM. Acar, Lanszweert et De Boë, 171; par M. de Selys
Longchamps, 299, 559 ; par M. Malaise, 299, 490, par M. P. Vertriest,
559,
Paléontologie. — Notice sur la position RP des lits coquilliers
pa 21
5
Physiologie. — Présentation d'une note sur les moyens de rendre la
vieillesse plus saine, par M. Éd. Robin; 171 ; dépôt de cette note aux
archives, 312. — Voir Physique.
Physique. — Présentation, par M. Van der Mensbruggbhe, d’une note pré-
liminaire sur un fait remarquable qu'on observe au contact de certains
liquides de tensions superficielles très-différentes, 92; rapports de
MM. J. Plateau et Duprez sur cette note, 172; impression , 225 ; ; présen-
ation d’un mémoire sur un nouveau noter binoculaire destiné aux
observations sidérales, par M. A. Brachet, 500; rapport verbal de
i
61% TABLE DES MATIÈRES.
M. Duprez sur ce mémoire, 575; présentation d’une note sur la tempé-
rature de l’espace, par M. Melsens, 559; présentation d’un mémoire
sur la mesure des sensations de lumière et de fatigue, par M. Delbœuf,
ibid.; sur la mesure des sensations physiques, et sur la loi qui lie
l'intensité de ces sensations à l'intensité de la cause excitante, par
M. J. Plateau, 576 ; note sur un paratonnerre foudroyé à aan par
MM. Gloesener et Maas, 502,
Publications académiques. — Présentation de l'Annuaire pour 1872, 5,
80; dépôt de différents rapports. pour le Livre “wapen du jubilé, ,
226, 260, 557, 482; demandes d'échange , 299, 558, 429, 490
R.
Rapports. — Rapports de MM. Liagre et Gilbert sur le mémoire de
M. Catalan, intitulé : Recherches sur quelques T indéfinis, 4, 5 ;
de MM. Melsens et Donny sur le travail de MM. Lucien de Koninck et
P. Marquart, intitulé: Rectification à la notice sur = bryonicine, 5,6;
de MM. Dewalque et d'Omalius sur la notice de MM. Briart et Cornet
Concernant la position stratigraphique des lits pre dans le terrain
houiller du Hainaut, 6, 8; de MM. de Koninck, Donny et Melsens
la note de M. Swirls concernant les pre par addition de fe
itaconique et de ses isomères, 8, tH, M. Donny annonce qu'une :
notice de M. Tommasi, intitulée : Action i Piore plombique sur quel- |
ques acétates métalliques, a déjà paru dans une revue scientifique,
104; rapports de MM. Melsens ct Donny sur une note de MM. Lucien de
Koninck et P. Marquart Concernant l’action du perchlorure de phos-
phore sur la nitronaphtaline , ibid. ; rapports de MM. Gilbert et Catalan
sur une note de M. Orloff concernant les équations différentielles réci-
proques, 105, 106; de MM. J. Plateau et Duprez sur une note de
M. Van der Mensbrugghe concernant un mi remarquable qu’on observe
y
Havrez concernant l'absorption des sels métalliques par la
laine EEN 175; lecture des rapports de MM. le baron Kervyn de
: Lettenhove, Chalon et Wauters sur le mémoire de M. De Smet concer-
nant Jean de Hainaut , sire de Beaumont, 232 ; rapports de MM Roulez ,
: issen el Nève sur le mémoire de M. Fr. Lenormant, intitulé : La
„légende de Sémiramis, 255, 259, 240; de MM. De Smet, Kervyn de
Lettenhove et de Borchgrave sur la notice de M. Varenbergh concer-
nant un épisode des relations extérieures de la Flandre au moyen âge,
241 ,242; lecture des rapports de MM. de Selys Longchamps et m
z-
*
TABLE DES MATIÈRES. 615
sur le mémoire de M. P.-J. Van Beneden ecrire les chauves-souris
de Belgique et leurs FEIEN 500; de MM. d'Omalius, de Koninek et
Dewalque sur le mémoire de M. Malaise PR (i terrain PR ;
du centre de la enn ibid. ; rapports de n. Quetelet,
et Montigny sur le mémoire de M. Mailly, Sa Talent de pu
nomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, 501, 503; de MM. Liagre
et De Tilly sur la notice de M. Meerens concernant le diapason et la
notation musicale in 05, 507; de MM. Dewalque et Donny sur
une note de M cien de Koninek et P. Davreux concernant les
minéraux belges, an sn ; rapport verha 5 M. ga sur une note
de M. Éd la vieillesse plus saine,
512; lecture des rapports de MM. De Smet, mc et Conscience sur
la note rectificative de M. De Potter à son eu concernant le lieu de
décès de Philippe Van Artevelde, 554; lecture des rapperts de MM. Steur
et de Borchgrave sur une note de M. Varenbergb, intitulée : Un voyage
au XIIIe siècle, ibid., rapports de MM. Catalan et Steichen- sur le
mémoire de M. Gilbert concernant l'existence de la dérivée dans les
ss gs Es eh 3; Ps NM: ingre et Sas sur la note
deM. F rre, 569 ,
371; de MM. P.-J. Van Beneden, de Selys p E S et an sur
le mémoire de M. F. Plateau concernant les Myriapodes de Belgique,
572, 575; de MM. Gilbert et Catalan sur la nouvelle rédaction du
mémoire de M. Saltel concernant les courbes géométriques, 374; rap-
port verbal de M. Duprez sur une note de M. Brachet concernant un
réfracteur binoculaire, 575; rapports de MM. Roulez, Wagener et Nève
sur les mémoires de concours concernant Septime Sévère, 451 , 448,
449; de MM. le baron Kervyn, De Smet et Wauters sur les mémoires
de concours concernant le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas, 452, -
457, 459; de MM. Faider , Thonissen et De Laveleye sur les mémoires
de concours concernant les rapports du capital et du travail, 472, 474,
417; de MM, Roulez, Wagener et de Witte sur la notice de M. Schuer-
mans concernant la découverte d'objets étrusques en Belgique, 515,
515, 518; de MM. Snellaert et Conscience sur la note de M. De Potter,
intitulée : De Rederijkerskamer « Maria ter eere » te Gent, 519, 524.
S
se i
Sciences morales et politiques — Rapports de MM. Faider, Thonissen et
De Laveleye sur les mémoires de € concours concernant les rapports du
Capital et du travail, 472, 474, 477. — Voir Concours Guinard. `
616 TABLE DES MATIÈRES.
\
: : i 2
Technologie. — Voir Chimie.
Z. .
Zoologie. — Présentation d'ùn mémoire sur les chauves-souris de Bel-
gique et leurs parasites, par M. P.-J. Van Beneden, 171; notice sur
ce sujet, par le même, 207; lecture des rapports de MM. de Selys Long-
champs et Gluge sur le mémoire, 500;'note sur la structure des Gré-
garines, par M. Éd. Van Beneden, 210 ; présentation d’une note intitulée :
Matériaux pour la faune belge : M yriapodes, par M. F. Plateau, 299;
rapports de MM. P.-J. Van Beneden, de Selys en et Candèze
sur ce travail, 572, 575; impression, 409.
ERRATA
Page 241, ligne 4, Bier de : Flandre du moyen âge, lisez : Flandre au
moyen
Ha 361, ligne 3, a remontant, au lieu de : nous, lisez :
— 497, ligne 5, en remontant, au lieu de : menten en: gas
— 518, ligne 41, au lieu de : poteries, lisez : : poter